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1943, Pologne, Seconde Guerre mondiale, Shoah, 19 avril Bruno Teissier 1943, Pologne, Seconde Guerre mondiale, Shoah, 19 avril Bruno Teissier

19 avril : la mémoire de l’insurrection du ghetto de Varsovie

Il y a 80 ans, plusieurs centaines de juifs du ghetto de Varsovie se soulevaient contre les occupants nazis, préférant mourir les armes à la main plutôt que gazés dans le camp d’extermination de Treblin­ka… Ce soulèvement est considéré comme étant l'acte de résistance juive pendant la Shoah le plus connu et le plus commémoré.

 

Comme chaque année, en dépit de relations plutôt froides entre les deux pays, une délégation israélienne accompagne le président polonais pour déposer une gerbe devant le monument érigé à la gloire des héros du ghetto. Cette année, alors qu’on célèbre le 80e anniversaire de l’insurrection du ghetto de Varsovie (80. rocznica powstania getta warszawskiego), Israël entame une normalisation de ses relations avec la Pologne. Les deux pays vont à nouveau échanger des ambassadeurs (lequel étaient absents depuis 2021). Aujourd’hui, des fêtes, des expositions, des concerts, des représentations théâtrales, des conférences scientifiques, des ateliers et des promenades sont au programme.

Le musée du Ghetto de Varsovie (WGM), entre autres organise un concert de l'orchestre symphonique polono-israélien le 19 avril au Grand Théâtre - Opéra National. Le concert a eu lieu sous le patronage du président Andrzej Duda. L'orchestre, composé de jeunes musiciens de l'Académie de musique et de danse de Jérusalem et de l'Université de musique Fryderyk Chopin, est dirigé par Anna Sułkowska-Migoń (lauréate cette année du "Polityka's Passport"). Pendant le concert, la 8e Symphonie op. 53 "Fleurs polonaises". Les auteurs de l'ouvrage sont Mieczysław Weinberg et Julian Tuwim. Une pièce composée spécialement pour cette occasion par Elżbieta Sikora sera également présentée. Le WGM a également préparé l'exposition "Mémoire 1943" à Kordegarda - la galerie du Centre national de la culture (30 mars - 10 mai).

Il n’y a plus de témoins directs (le dernier combattant du ghetto de Varsovie, Simha Rotem est décédé le 22 décembre 2018 à l'âge de 94 ans), on évoque le courage de ces hommes face à leurs bourreaux et finalement à la mort. Le 19 avril 1943, plusieurs centaines de juifs du ghetto de Varsovie se soulevaient contre les occupants nazis, préférant mourir les armes à la main plutôt que gazés dans le camp d’extermination de Treblin­ka. À cette époque, ils n’étaient plus que 60 000 dans la capitale polonaise contre 450 000 en 1940. Cette insurrection de près d’un mois, sans moyens et sans véritable espoir, aboutira à la destruction totale du ghetto et à la mort quasi-totale de ses derniers occupants.

À Paris, le Réseau d'actions contre l'antisémitisme et tous les racismes (RAAR) et de nombreuses associations et personnalités dont Memorial 98, a rendu hommage aux résistants du ghetto, le dimanche 16 à 14 30 h sur la place de l'Hôtel de Ville de Paris.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 avril 2021

 
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Le monument érigé à la gloire des héros du ghetto de Varsovie

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1961, Cuba, Bataille célèbre, 17 avril Bruno Teissier 1961, Cuba, Bataille célèbre, 17 avril Bruno Teissier

17 avril : Cuba célèbre l’anniversaire de la victoire de la baie des Cochons

On célèbre le 62e anniversaire de la tentative d’invasion américaine de l’île de Cuba, par la baie des Cochons. Le vainqueur Fidel Castro, qui a su mobiliser les Cubains, y a gagné un prestige considérable. Le résultat de l’initiative malheureuse des États-Unis, c’est l’ancrage de Cuba dans le camp soviétique et aujourd’hui prorusse. Cuba a pris le parti de Moscou et non de Kiev, pourtant un parallèle pouvait être fait entre l’agression que Cuba a subi en 1961 et celle de l’Ukraine en 2022.

 

À Cuba on célèbre chaque année l’Anniversaire de la victoire de la baie des Cochons (Aniversario de la victoria de la Playa Girón) avec un gala commémoratif organisé sous le patronage du président cubain Miguel Díaz-Canel. Le Musée Mémorial Playa Girón de la municipalité Ciénaga de Zapata de Matanzas a préparé une nouvelle exposition pour ce 62e anniversaire de la victoire qui est un jour férié à Cuba.

En avril 1961, les autorités américaines organisaient un débarquement d’exilés cubains armés afin de renverser le régime cubain de Fidel Castro. Au Guatemala, la CIA a lancé une opération pour recruter des exilés cubains pour envahir Cuba. Plus de 1 300 volontaires se sont présentés, dont beaucoup n'avaient aucune expérience militaire. Tout commence, le 15 avril 1961, par un bombardement aérien des bases aériennes cubaines qui précède le débarquement de 1 500 exilés cubains à partir de bateaux amarrés dans la Baie des Cochons (une zone peu peuplée et peu surveillée du sud ouest de l’île). L'attaque est d’abord considérée comme un succès, car les assaillants ont rapidement contrôlé les positions de la baie et de Playa Girón. Mais dès que la nouvelle lui est parvenue, Fidel Castro a mobilisé massivement des troupes pour contenir l'invasion. Après plus de 60 heures de combats, l'armée cubaine a anéanti l'avance des combattants contre-révolutionnaires. 114 des combattants exilés cubains sont morts et plus de 1 200 ont été arrêtés. Le 17 avril, la défaite était complète pour les Américains. La rébellion contre le régime de La Havane n’a pas eu lieu, au contraire le prestige de Fidel Castro sort renforcé. En revanche, c’est un désastre médiatique considérable pour le président Kennedy et les États-Unis. 

L’objectif était de renverser un régime susceptible de devenir un satellite de l’URSS à 144 km des côtes de Floride. Cela aura l’effet inverse. En réaction, aussitôt après l’attaque, Fidel Castro qualifie pour la première fois sa révolution de socialiste. Un pacte d'alliance avec l'Union soviétique de Nikita Krouchtchev sera scellé. Et, très vite, 43 000 soldats soviétiques s’installent à Cuba, pour protéger l’île et soutenir le Fidel Castro, lequel restera au pouvoir bien au-delà de l’existence de l’URSS. Il est mort en 2016, peu après avoir céder le pouvoir à son frère Raúl Castro. Lequel a annoncé hier, 16  avril 2021, son retrait du pouvoir, lors du 8e congrès du Parti communiste cubain. Il a passé le relais Miguel Díaz-Canel, nouveau premier secrétaire du parti. La veille de la commémoration, le 17 avril 2021, du 60e Aniversario de la fallida invasión de Bahía de Cochinos, une page s’est tournée.

À Miami, on célèbre également le souvenir des victimes de cette opération désastreuse. Samedi matin, une cérémonie aura lieu au pied du monument à l'Armée de l'Air de Libération de la Brigade 2506, à Little Havana quartier de Miami où vit la communauté cubaine toujours très revancharde. Le gouverneur de Floride, le républicain Ron DeSantis, qui sera l'un des orateurs, des membres du Congrès de Floride, devraient y assister ainsi que des survivants octogénaires de la Brigade 2506, le groupe de combattants cubains ayant participé à l'échec de l'invasion de la Baie des Cochons (ou de la Playa Girón).

Ce 62e anniversaire cubain coïncide également avec le 77e anniversaire de la fête de l'indépendance syrienne. Les deux régimes ont organisé des célébrations communes à Damas.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 avril 2023

 

À Cuba la victoire “de la baie des Cochons” est connue comme celle “de la Playa Girón”. Le timbre de gauche commémore la proclamation du caractère socialiste de la révolution cubaine. Le résultat de l’initiative malheureuse des États-Unis, c’est l’ancrage de Cuba dans le camp soviétique et aujourd’hui prorusse. Cuba a pris le parti de Moscou et non de Kiev, pourtant un parallèle pouvait être fait entre l’agression que Cuba a subi en 1961 et celle de l’Ukraine en 2022.

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Fidel Castro

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Prisonniers états-uniens

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islam Bruno Teissier islam Bruno Teissier

26-27 mars : la Nuit du destin des musulmans

Cette nuit du 26 au 27 avril 2022, qui correspond à la veille du 27e jour du ramadan, est considérée comme la nuit la plus sainte de l’année dans le calendrier musulman.

 

Pour les musulmans sunnites, ce soir c’est la nuit de Laylat al-Qadr (ليلة القدر) ou Nuit du destin, une nuit de prières et de récitation du Coran.

Cette nuit du 26 au 27 mars 2025, qui correspond à la veille du 27e jour du ramadan, est considérée comme la nuit la plus sainte de l’année dans le calendrier musulman. C’est généralement un moment d’une grande dévotion religieuse et beaucoup de fidèles restent du crépuscule jusqu’à l’aube à la mosquée pour réciter les textes coraniques et prier. On dit que tous les vœux formulés durant ces quelques heures seront exaucés et tous les péchés pardonnés puisque la dévotion au cours de cette nuit équivaut à mille mois de prière ainsi que le dit la sourate Al Qadr (la destinée). C’est durant cette nuit que l’archange Gabriel aurait annoncé au Prophète avoir été choisi pour être le messager de Dieu et lui aurait alors révélé le Coran. Pour d’autres, cependant, le Coran aurait été révélé au Prophète de façon graduelle durant vingt-trois années et cette nuit marquerait, en quelque sorte, le début de cette révélation. Cette nuit s’achève lors de la "prière de l'Aube" (Alfajr) vers 5 heures du matin.

La fête est fixée selon le calendrier musulman qui suis les phases de la lune. Selon le calendrier grégorien (calé sur le soleil), Laylat al-Qadr tombe le 26 mars 2025, le 15 mars 2026, le 5 mars 2027…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2025

 
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1944, Hongrie, Shoah, Seconde Guerre mondiale, 16 avril Bruno Teissier 1944, Hongrie, Shoah, Seconde Guerre mondiale, 16 avril Bruno Teissier

16 avril : la Hongrie commémore la Shoah

Chaque année, le 16 avril, depuis 2001, la Hongrie commémore l’extermination de sa communauté juive. La date fait référence au 16 avril 1944 quand les juifs de Rhuténie (ou Subcarpathie) ont été raflés et enfermés dans des ghettos puis déportés dans les camps d'extermination.

 

Chaque année, le 16 avril, depuis 2001, la Hongrie commémore l’extermination de sa communauté juive. La date fait référence au 16 avril 1944 quand les juifs de Rhuténie (ou Subcarpathie) ont été raflés et enfermés dans des ghettos puis déportés dans les camps d'extermination.

Dans les années 1930, les dirigeants hongrois ont choisi de s'aligner sur les gouvernements fascistes d'Italie et d'Allemagne. Ainsi, à partir de 1938, le régent hongrois Miklós Horthy a adopté une série de mesures anti-juives inspirés des lois allemandes de Nuremberg. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Hongrois juifs ont été utilisés comme travailleurs forcés pour nettoyer les champs de mines, construire des aéroports et réparer les chemins de fer bombardés. Horthy, cependant, a refusé la déportation des Hongrois juifs vers les camps d'extermination. La situation a changé à partir du 19 mars 1944, lorsque les troupes allemandes ont occupé la Hongrie en réponse aux contacts de Horthy avec les Alliés dans l'espoir de négocier une reddition. 

Dès les premiers jours de l’occupation allemande, 437 000 juifs hongrois ont été enfermés dans quelque 70 ghettos. Le ministère de l'Intérieur du gouvernement hongrois contrôlé par les nazis a ensuite ordonné leur déportation vers des camps d'extermination. Le 16 avril 1944, la déportation des juifs de Ruthénie a commencé (aujourd'hui en Ukraine, la Ruthénie a été occupée par la Hongrie de 1939 à 1944). Ce n’est que quand des informations sur les horreurs d’Auschwitz sont arrivées que Horthy a arrêté les expulsions, début juillet 1944. Après la chute d’Horthy, en octobre, quelque 50 000 juifs de Budapest ont encore été déportés en novembre et décembre 1944. Le ghetto de la capitale ne sera libéré qu’en janvier 1945. On estime que 70 % des juifs hongrois n'ont pas survécu à la Shoah.

La Journée du souvenir de l'Holocauste (A holokauszt áldozatainak emléknapja ) a été instituée par le gouvernement hongrois en 2000 et a été célébrée pour la première fois le 16 avril 2001. Les commémorations se déroulent principalement dans les lycées.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 avril 2023

 
Chaussures au bord du Danube (Cipők un Dunaparton) est un mémorial installé par le sculpteur Gyula Pauer et le réalisateur Can Togay, 60 paires de chaussures et souliers, en fonte, placé à l’endroit où des juifs hongrois ont été abattus et jetés dan…

Chaussures au bord du Danube (Cipők un Dunaparton) est un mémorial installé par le sculpteur Gyula Pauer et le réalisateur Can Togay, 60 paires de chaussures et souliers, en fonte, placé à l’endroit où des juifs hongrois ont été abattus et jetés dans le Danube par les membres du Parti des Croix fléchées (fasciste) en 1944.

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1912, Corée du Nord, 15 avril, héros national Bruno Teissier 1912, Corée du Nord, 15 avril, héros national Bruno Teissier

15 avril : la Corée du Nord célèbre « l’éternel président » fondateur du pays, Kim Il-Sung

C’est le jour férié le plus important en Corée du Nord, il est suivi par deux autres jours chômés. La Corée marque l’anniversaire de Kim Il-Sung, le fondateur du régime, né le 15 avril 1912. La fête est célébrée sous le nom de Jour du soleil. C’est aussi le début du calendrier nord coréen qui est réputé commencer par la naissance de Kim Il-Sung.

 

C’est le jour férié le plus important en Corée du Nord, il est suivi par deux autres jours chômés. La Corée marque l’anniversaire de Kim Il-Sung, le fondateur du régime, né le 15 avril 1912. La fête est célébrée sous le nom de Jour du soleil ( 태양절 ). Kim Il-Sung étant le « soleil de la nation ». Son surnom, Il-Sung ( 일성 ) qui signifie « devenir le soleil » était déjà tout un programme. Il l’a adopté comme nom de guerre dès l’adolescence alors qu’il combattait, dans la clandestinité, l’occupation japonaise. Sa famille ayant fui en Mandchourie, il avait intégré les forces communistes chinoises qui s'organisaient au début des années 1930 pour combattre les Japonais. Il devient chef de guerre et gravit les grades au sein de l’Armée rouge. En septembre 1945, il débarque avec son groupe de résistants coréens à Pyongyang qui viennent de libérer les Soviétiques. C’est lui qui fonde l’Armée populaire de Corée. Quand la Corée se divisera, il deviendra le dirigeant de la Corée du Nord, un État totalitaire que préside aujourd’hui son petit-fils, Kim Jong-un.

Ce matin, les enfants des écoles reçoivent chacun un sac de bonbons en échange d’un « merci grand-père », prononcé en s’inclinant devant le portrait du fondateur du pays. Les écoliers et étudiants se voient aussi offrir un nouvel uniforme pour l’occasion. Dans la capitale, les fleurs s’amoncellent aux pieds de la statue du grand homme, fondateur du régime totalitaire. Des défilés militaires ont lieu chaque année et le 15 avril est l’occasion de présenter au monde les armes les plus sophistiquées du pays. Ce qui entraîne inévitablement commentaires et spéculations sur les capacités de nuisance du pays. La journée se termine par un feu d’artifice. Les autorités font en sorte qu’au moins ce jour-là, de la viande et de l’alcool soient disponibles pour tous. Histoire de faire oublier pour un jour les pénuries, voire la famine, qui accable régulièrement le pays. L'État essaie de maintenir un approvisionnement stable en électricité pour la journée pour permettre aux gens de  suivre les cérémonies à la télévision

En 2020, la Corée du Nord avait annulé presque toutes les célébrations du Jour du soleil, à cause de la pandémie de Covid-19. Le numéro un nord-coréen n'avait même pas effectué de visite au Palais du Soleil de Kumsusan pour rendre hommage au fondateur. Cette année 2023, les médias nord-coréens annoncent, au contraire, une grande variété d'événements culturels et sportifs pour marquer le 111e anniversaire de la naissance de Kim Il-sung, le grand-père du dirigeant actuel Kim Jong-un. La Corée du Nord prétend ne pas avoir recensé de cas de coronavirus sur son sol, mais elle a tout de même imposé des contrôles stricts aux frontières et restreint les rassemblements ainsi que les mouvements de personnes pour conjurer l'épidémie.

1912, année de naissance de Kim Il-Sung est la première année du calendrier nord-coréen, ou de l’ère du « Juche » (autosuffisance) l’idéologie officielle du régime nord-coréen sur laquelle s’appuie du culte de la personnalité. L’année 2023 est donc l’an 111 de l’ère du Juche.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 avril 2023

 
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Image de propagande des années 1950

Image de propagande des années 1950

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1931, Espagne, Démocratie, 14 avril, Catalogne, république Bruno Teissier 1931, Espagne, Démocratie, 14 avril, Catalogne, république Bruno Teissier

14 avril : la célébration d'une république espagnole (ou catalane)

Une nouveauté, le gouvernement de Barcelone a instauré une Journée de la République catalane, le 14 avril, date à laquelle la gauche espagnole célèbre chaque année, l’anniversaire de l’instauration de la République espagnole le 14 avril 1931. Une occasion de sortir le drapeau républicain : rouge, jaune et mauve !

 

En Espagne, les partisans de la république ne manquent pas une occasion de réclamer l’abolition de la monarchie et l’instauration d’une IIIe république. Chaque 14 avril, Jour de la République espagnole (Dia de la Republica española), l’acte militant consiste à porter une violette à la boutonnière, couleur de la révolution démocratique. Mieux, on sortira le drapeau républicain rouge, jaune et mauve. Cette année, on célèbre les 91 ans de l’instauration de la Seconde république espagnole, le 14 avril 1931. Depuis la fin de la dictature (1977), des festivités et manifestations ont lieu chaque 14 avril dans de nombreuses villes espagnoles.

La nouveauté, l’an dernier, c’est que le gouvernement de Catalogne a décidé désormais de commémorer le Jour de la République catalane (Dia de la República catalana), également le 14 avril. L’argument est que la première déclaration républicaine a été prononcée sur le sol catalan quelques heures avant la proclamation de la république espagnole. La proclamation a été faite à la mairie de Barcelone, par Lluís Companys, après une victoire électorale écrasante de l'ERC (gauche républicaine). Et elle sera confirmée le même jour par Francesc Macià, celui qui deviendra, quelques jours plus tard, le 17 avril 1931, le premier président de la Generalitat de Catalogne.

En 2022, la première célébration catalane du 14 avril, a eu lieu au Palau de la Generalitat, à Barcelone, en présence du président de la Catalogne, Pere Aragonès (ERC), et de la ministre de la Justice, Lourdes Ciuró. Ce geste avait pour but de rapeller la proclamation de la « République catalane comme État intégré de la Fédération ibérique », faite par Francesc Macià à cette date en 1931. La Gauche républicaine de Catalogne (Esquerra Republicana de Catalunya, ou ERC) est redevenue en 2019, la première force politique de Catalogne. Il n’est pas étonnant qu’elle relance le projet républicain, une autre manière d’affirmer le particularisme catalan qui s’exprime aussi chaque 11 septembre.

On le sait, beaucoup de républicains espagnols ont fui vers la France, en 1939, ayant perdu la partie face à la conquête du pouvoir par un général d’extrême droite, Francisco Franco. En France, la date du 14 avril a toujours un certain retentissement, des célébrations ont, d’ordinaire, lieu à Toulouse, Bordeaux ou Paris. Cette année, c’est à Montauban, le 15 mars 2023, profitant d’un sommet franco-espagnol qu’Emmanuel Macron et Pedro Sánchez, chef du gouvernement espagnol, se sont recueillis en se rendant ensemble sur la tombe de Manuel Azaña, dernier président de la IIe République espagnole qui avait trouvé refuge en France. Le président Macron a terminé son discours par ces mots : « Nous n’oublierons jamais les nombreux républicains espagnols qui se sont joints à la Résistance française et nous ont permis de rester libres". Car exilés en France, après avoir connu les camps de concentration et le travail forcé beaucoup de républicains espagnols s’engagèrent dans la Résistance et participèrent à la libération du pays (notamment celle de Paris) avec l’espoir d’abattre ensuite la dictature franquiste en Espagne. Mais cette espérance fut trompée.

Un gouvernement républicain espagnol en exil a survécu jusqu’en 1977. Il s’est dissous avec le retour de la démocratie en Espagne la même année, soit quelques mois après la mort du dictateur Franco. Le compromis historique avec la droite espagnole qui soutenait le régime franquiste a été le retour du roi, non celui d’Alphonse XIII qui avait fui en 1931 sans avoir abdiqué, mais l’intronisation de son petit-fils Juan Carlos, éduqué par le général Franco. La gauche espagnole qui a accepté en 1977 cet état de fait en garde une certaine amertume. La fin peu glorieuse du règne de Juan Carlos, accusé de corruption et de blanchiment d’argent n’a fait qu’alimenter ce sentiment. La justice espagnole soupçonne notamment Juan Carlos d’avoir reçu de l’Arabie saoudite 65 millions d’euros, après l’adjudication d’un contrat sur la construction d’un TGV à un consortium d’entreprises espagnoles. Juan Carlos aurait fait don de ces 65 millions à son ancienne maîtresse et l’argent aurait fini aux Bahamas.

Les scandales multiples qui ont éclaboussé la famille royale (en particulier la fille de l’ex-roi et son gendre), ont ravivé la revendication d’un retour à la république. Le régime légal instauré le 14 avril 1931, n’a été aboli que par un putsch. C’est ce que vient rappeler cette commémoration annuelle du 14 avril. Lors de l’abdication de Juan Carlos, au profit de son fils, une grande manifestation avait rassemblé plusieurs dizaines de milliers de républicains place de la Puerta del Sol, à Madrid, comme le monde la photo illustrant cet article. C’était le 2 juin 2014. Ils n’ont pas dit leur dernier mot.

Selon un sondage, réalisé en 2021 auprès de 3 000 personnes dans l’ensemble du pays par l’institut d’études d’opinion 40dB, si un référendum avait lieu, 40,9 % des Espagnols voteraient en faveur d’une république, contre 34,9 % qui préféreraient le statu quo actuel de la monarchie parlementaire. Toute la différence se jouerait donc sur les 24,2 % qui annonçaient voter blanc ou qui se déclaraient sans opinion.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 avril 2023

 
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Maroc, Israël, juifs Bruno Teissier Maroc, Israël, juifs Bruno Teissier

20-21 avril : la Mimouna, une fête marocaine à la conquête du monde juif

La Mimouna est une fête juive d’origine marocaine qui marque la fin de Pessah, la Pâque juive. Cette fête de la convivialité était jadis aussi celle du vivre ensemble avec les voisins musulmans. Depuis quelques années, la Mimouna est devenue une véritable fête nationale israélienne, mais qui s’est centrée sur le monde juif.

 

La Mimouna (מימונה ou ميمونة)  est une fête qui marque la fin de Pessah, la Pâque juive, au Maghreb, principalement au Maroc.

Durant les huit jours de la Pâque juive (Pessah), les juifs se privent de tous produits issus de la fermentation de cinq céréales citées dans la Torah. Ainsi pour fêter le retour des aliments interdits (notamment le pain) les juifs marocains organisaient une fête conviviale où les pâtisseries, notamment la crêpe marocaine appelée mofleta sont à l’honneur. Cette fête qui commence ce soir et qui se terminera demain, au coucher du soleil, est appelée la minouna.

Cette coutume a été instaurée par les juifs expulsés d’Espagne en 1492, arrivant dans un nouveau pays, ils ont eu besoin de se regrouper et de créer des moments de convivialités entre eux mais aussi avec leurs voisins musulmans. La règle voulait que la porte de la maison reste ouverte pendant toute la durée de la fête pour accueillir les voisins et connaissances. La Mimouna marocaine était une véritable fête du vivre ensemble. La tradition voulait que le premier pain soit apporté par les voisins musulmans car eux avaient pu le cuire avant la fin de la fête de Pessah.

Le Maroc est le seul pays musulman à avoir conservé une communauté juive, mais aujourd’hui, celle-ci n’est plus très nombreuse. La grande majorité des juifs a émigré, au cours de ces dernières décennies. Beaucoup d’entre eux se sont installés en Israël où cette tradition est de plus en plus populaire. Aujourd’hui, il n’est pas un bar ou un restaurant qui ne propose un repas festif le jour de la Mimouna à cela s’ajoute les centaines de petites fêtes organisées au parc Sacher de Jérusalem ou dans d’autres espaces de convivialités. C’est sans compter toutes celles qui se déroulent chez les particuliers de toutes origines. Depuis quelques années, la Mimouna est devenue une véritable fête nationale israélienne, preuve qu’après des décennies de mise à l’écart les sépharades ont enfin pleinement trouvé leur place en Israël. Il ne leur restera plus qu’à renouer avec la tradition de laisser leur porte ouverte pour accueillir leurs voisins musulmans. Pour cela, il reste encore du chemin à parcourir dans les têtes, mais cela finira bien par arriver.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2025

 

À l'invitation du maire d'Ashkelon (Israël), Benny Vaknin, l'ambassadeur des États-Unis, Dan Shapiro, a participé aux célébrations de la mimouna organisées par les familles Amar et Portal à Ashkelon.

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1776, États-Unis, indépendance, 12 avril Bruno Teissier 1776, États-Unis, indépendance, 12 avril Bruno Teissier

12 avril : les prémices de l’idée d’indépendance américaine

Plusieurs fêtes locales célèbrent la Révolution américaine qui a conduit à l’indépendance du 4 juillet 1776,  Halifax Resolves Day est une des plus importantes. C’est l’occasion, chaque année, de reconstitutions historiques.

 

Plusieurs fêtes locales célèbrent la Révolution américaine qui a conduit à l’indépendance du 4 juillet 1776,  Halifax Resolves Day est une des plus importantes.

La ville d'Halifax, en Caroline du Nord , est connue aux États-Unis comme le "berceau de la liberté ». Le 12 avril 1776, le quatrième congrès provincial de la Caroline du Nord y a adopté des résolutions qui, pour la première fois, appelaient à l’indépendance des colonies américaines. Trois mois plus tard la déclaration d'indépendance était adoptée, mais à la demande des déléguées de la Virginie.

À partir du printemps 1755, les treize colonies se sont d'abord rebellées en raison de leur manque de représentation à Londres et des taxes imposées par le Parlement de Grande-Bretagne. Ce n’est que peu à peu au cours du conflit que  L'idée de déclarer l'indépendance a commencé à prendre forme au fur et à mesure que le conflit s'intensifiait, ce n’était pas le projet initial.

Le Halifax Day a été un jour férié en Caroline du Nord jusque dans les années 1980. Ce n’est plus le cas, mais les autorités de la Caroline du Nord organisent chaque 12 avril divers événements pour marquer Halifax Resolves Day dans le quartier historique d'Halifax. Ils comprennent des visites des bâtiments historiques de la ville menées par des guides en costumes d'époque, des reconstitutions historiques, des démonstrations d'artisanat historique, etc.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 avril 2023

 

Reconstitution historique chaque 12 avril.

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1998, Royaume-Uni, Irlande, 10 avril Bruno Teissier 1998, Royaume-Uni, Irlande, 10 avril Bruno Teissier

10 avril : les 25 ans de l'accord du Vendredi saint

L’Irlande du Nord commémore chaque année l’accord du Vendredi saint, signé le 10 avril 1998 et qui avait mis fin à trois décennies de violences entre catholiques et protestants.  Cette année la célébration de son 25e anniversaire se fait en présence du président américain Joe Biden, qui s'identifie comme un Américain d'origine irlandaise, ainsi que de  l'ancien président Bill Clinton.

 

L’Irlande du Nord commémore chaque année l’Accord du Vendredi saint (The Good Friday Agreement), signé le 10 avril 1998. Cet accord avait mis fin à trois décennies de violences entre catholiques et protestants (1969-1998) à l’origine de la mort de quelque 3500 personnes.  Cette année la célébration de son 25e anniversaire se fait en présence du président américain Joe Biden, qui s'identifie comme un Américain d'origine irlandaise, ainsi que de  l'ancien président Bill Clinton. Tous deux sont présents à Belfast ce 10 avril 2023.

L’accord (appelé officiellement Belfast Agreement) stipulait que l'Irlande du Nord pouvait à tout moment rejoindre la République d'Irlande si la majorité des personnes des deux côtés votaient pour. L'accord a également donné à l'Irlande du Nord son propre organe politique, l'Assemblée d'Irlande du Nord, et a fondé le British Irish Council, une plate-forme pour les relations futures entre les deux pays. Les groupes paramilitaires ont reçu l'ordre de détruire leurs armes et les prisonniers accusés de crimes violents liés au conflit ont été libérés. Un référendum sur l'accord a eu lieu en mai de la même année et 94% des électeurs d'Irlande du Nord et 71% de ceux d'Irlande ont voté en sa faveur.

L’accord du Vendredi saint avait estompé la frontière entre la province britannique d’Irlande du Nord et la république d’Irlande, calmant ainsi la fureur des Irlandais qui ne supportaient plus la tutelle de Londres. La décolonisation de l’Irlande en 1921 n’avait, en effet, pas été totale puisque le Royaume-Uni a conservé le contrôle d’une province, l’Ulster, celle où les colons anglais (ou Écossais) étaient le plus nombreux. Ces derniers sont protestants alors que les Irlandais sont catholiques d’où le maintient de deux communautés distinctes et antagonistes. Les mariages mixtes étant rares et mal perçus.

Avec le Brexit, la logique aurait voulu que l’Irlande du Nord quitte totalement l’Union européenne et qu’une frontière physique soit rétablie entre les deux parties de l’Irlande puisque le Royaume-Uni quitte le marché commun. C’était rétablir la situation d’avant 1998, en pire puisqu’à l’époque les deux pays étaient dans l’UE. Raviver la guerre civile était impensable. Laisser la frontière ouverte l’était tout autant. D’où l’idée d’instaurer les contrôles entre l’Irlande du Nord et la Grande Bretagne. Ce que Boris Johnson, de mauvaise grâce, a dû finalement accepter. Les dispositions sont entrées en vigueur le 1er janvier. et en même temps, les premiers cafouillages, retard de livraison... Les protestants de la province sont furieux car Londres leur avait promis qu’il n’en serait pas ainsi. Ils se sentent trahis, coupés de leur pays.

À Dublin, on voit au contraire se réaliser un pas de plus vers la réunification de l’Irlande. Quant aux Américains, ils font pression pour que les accords du Vendredi saint ne soient pas sacrifiés sur l’autel du Brexit. Beaucoup, outre Atlantique se sentent très concernés par ce qui se passe en Ulster, à commencer par Joe Biden d’origine irlandaise, comme 33 millions d’Américains du Nord. En février 2023, des diplomates ont proposé le cadre de Windsor, qui a été accueilli avec un optimisme prudent. Selon le nouveau protocole, des contrôles auraient toujours lieu dans les ports d'Irlande du Nord, mais uniquement pour les marchandises qui se dirigent vers l'Irlande ou d'autres pays européens.

Le Vendredi saint est fêté par les chrétiens deux jours avant Pâques.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 avril 2023

 

L'accord a été signé le Vendredi saint (d'où son nom), le 10 avril 1998 par le Premier ministre britannique de l'époque, Tony Blair, le secrétaire d'État pour l'Irlande du Nord Mo Mowlam, le Taoiseach irlandais Bertie Ahern et le ministre irlandais des Affaires étrangères, David Andrews. Il a été approuvé par les électeurs d'Irlande du Nord et de la République lors de deux référendums qui se sont tenus le 22 mai 1998, avant d'entrer en vigueur le 2 décembre 1999.

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1948, Palestine, Israël, 9 avril, massacre Bruno Teissier 1948, Palestine, Israël, 9 avril, massacre Bruno Teissier

9 avril : il y a 75 ans, le massacre de Deir Yassin en Palestine

Alors qu'Israël poursuit imperturbablement sa colonisation, les Palestiniens commémorent le massacre de Deir Yassin, petit village palestinien dont la population a été tuée en 1948 par une milice d’extrême droite juive (l’Irgoun) dans le seul but de créer la terreur dans la population palestinienne et ainsi « libérer » le territoire du futur État israélien. Depuis la date du 9 avril est commémorée dans le monde arabe, elle symbolise le drame Palestinien.

 

Alors qu'Israël poursuit imperturbablement sa colonisation, que des ministres d’extrême droite du gouvernement Netanyahou annoncent l’annexion de la majorité  du territoire de la Cisjordanie, les Palestiniens commémorent le massacre de Deir Yassin, petit village palestinien dont la population a été tuée en 1948 par une milice d’extrême droite juive dans le seul but de créer la terreur dans la population palestinienne et ainsi « libérer » le territoire du futur État israélien. 

Le 9 avril 1948, alors que la Palestine était encore occupée par les Britanniques, une milice d’extrême droite juive (l’Irgoun) lançait une attaque contre un village arabe musulman qui jusque-là vivait en bons termes avec les localités environantes, y compris juives. Épaulée par la Haganah, l’armée de l’Agence juive, l’Irgoun finit par venir à bout de la résistance de ce village de quelques centaines d’habitants, ceux qui n’ont pas réussi à fuir sont exécutés, hommes, femmes, enfants, soit entre 120 et 254 victimes selon les sources. Rayer ce village de la carte s’intégrait dans le plan de « nettoyage ethnique » de la région. Aujourd’hui les traces de Deir Yassin ont complètement disparu, la localité se trouvait à 5 km de Jérusalem, sur la route de Tel Aviv. Mais, l’objectif était avant tout de semer la terreur parmi la population arabe. La nouvelle du massacre a créé un véritable choc psychologique, provoquant un mouvement de panique parmi les populations arabes, accélérant son exode. L’objectif des combattants sionistes était atteint, vider le territoire à conquérir. 

Depuis la date du 9 avril est commémorée dans le monde arabe, elle symbolise la Nakba. Le drame de Deir Yassin a été comparé à celui Oradour-sur-Glane par nombre d’éditorialistes de la presse arabe. Qui s’en souci aujourd’hui ? Il n’y a plus guère de place dans les médias pour se souvenir de la question palestinienne, hélas, complètement passée de mode. 75 ans après la création d’Israël, la question est pourtant plus épineuse que jamais.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 avril 2023

 
Timbres émis en 1965 par la poste du Pakistan.

Timbres émis en 1965 par la poste irakienne.

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1971, Roms, 8 avril, affirmation nationale Bruno Teissier 1971, Roms, 8 avril, affirmation nationale Bruno Teissier

8 avril : la Journée internationale des Roms

C’est la Journée internationale des Roms, 7 à 9 millions de personnes en Europe, soit la première minorité de l’Union européenne et 37 millions à travers le monde. Éternelles victimes de racisme et de discrimination…

 

Lors de leur premier congrès mondial, le 8 avril 1971, les Roms se sont choisi un drapeau (bleu et vert avec une roue de couleur rouge au milieu) et un hymne, Djelem, djelem. Cette « journée » rappelle cet anniversaire.

C’est la Journée internationale des Roms, lesquels représentent 7 à 9 millions de personnes en Europe, soit la première minorité de l’Union européenne et 37 millions à travers le monde. Éternelles victimes de racisme et de discrimination, ils sont les derniers nomades du continent, même si aujourd’hui la majorité d’entre eux est sédentaire. Pour ceux qui continuent à voyager, le confinement instauré dans de nombreux pays à l’époque du covid leur a rendu la vie très difficile. Beaucoup y ont perdu toute source de revenu.

On estime qu'environ 0,5 million de nomades perdirent la vie pendant la Seconde Guerre mondiale. Naît alors, dans l'après-guerre, un mouvement "identitaire" du peuple rom, qui organisa le premier Congrès mondial célébré à Londres en avril 1971. Fut ensuite fondée l'association internationale "Romani Union", reconnue par l'ONU en 1979. Les Nations unies proclamèrent, en 1990, la Journée internationale des Roms, Sintés et Gens du voyage, choisissant la date du 8 avril, en mémoire de ce premier événement fondateur. 

« Toute personne qui connaît les communautés manouches sait qu’une caravane est fragile, périssable, et qu’à la mort de son habitant, elle est détruite. Plus d’un riverain a eu l’occasion de voir, notamment lorsque l’aire d’accueil des Gens du voyage est située directement dans son quartier, ce spectacle très impressionnant d’une caravane qui brûle, avec tous les biens à l’intérieur : rien ne doit rester du passage sur terre du défunt, c’est là un trait culturel manouche (Williams 1993). C’est peu dire que les Manouches ne s’inscrivent pas dans une transmission d’un patrimoine mobilier. En brûlant volontairement tout ce qui serait susceptible de devenir patrimoine, ils transgressent violemment l’habitus français relatif à l’héritage. » Jean-Luc Poueyto in Terrain n°58

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 avril 2023

 
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1972, Tanzanie, 7 avril, assassinat Bruno Teissier 1972, Tanzanie, 7 avril, assassinat Bruno Teissier

7 avril : Zanzibar commémore l’assassinat de son premier président

Sheik Abeid Amani Karume est à la fois un héros et un dictateur. La sanglante révolution de 1964 dont il est l’un des initiateurs lui a permis de devenir président de Zanzibar. Avec l’aide de la Chine, il a redistribué les terres et fait construire nombreuses maisons. Il n’a, en revanche, pas ménagé ses opposants. Son fils qui a été élu par deux fois président au tout début du XXIe siècle, cultive sa mémoire.

 

Sheik Abeid Amani Karume est à la fois un héros et un dictateur. Fils d’une esclave originaire du Malawi, il est  arrivé à Zanzibar alors qu’il était encore un enfant. L’île était alors dominée par une classe politique arabo-persanne qui s’était imposée à l’époque où l’archipel de Zanzibar était une colonie arabe, dépendant du sultanat d’Oman et pratiquant le commerce des esclaves africains. Ce rôle plaque tournante de l’esclavage a duré jusqu’à son abolition, très tardive, en 1890, quand l’île est devenue une colonie britannique.

Abeid Karume est entré en politique en 1954 en devenant maire de la capitale et en adhérant au parti pro britannique Afro-Shirazi, militant contre la domination arabe. Dix ans plus tard, il participe à la très sanglante révolution du 12 janvier 1964 qui renverse le dernier sultan. Karume devient alors le premier président de la république de Zanzibar. Cette révolution d’inspiration socialiste s’attaque à la classe dirigeante arabe qui contrôle toutes les terres. Certaines familles sont largement dépossédées par la redistribution des terres à la population swahilie locale. Ce sont d’ailleurs de jeunes officiers arabes, issus de familles locales humiliées et persécuté Karume, qui ont abattu le président le 7 avril 1972, mettant fin à un régime autoritaire et prochinois. Le cheikh Karume, qui avait récemment changé son titre de président de Zanzibar en président du Conseil révolutionnaire, se trouvait au siège de son parti Afro-Shirazi lorsque des hommes armés ont fait irruption dans la pièce et l'ont tué avec des mitraillettes.

Président de Zanzibar, il était aussi le vice-président de la Tanzanie dont l’île est une composante depuis que Abe Karume et Julius K. Nyerere ont fondé la Tanzanie. Ce dernier a assisté à ses funérailles et la décrété que le 7 avril serait désormais le Karume Day, un jour férié et chômé dans tout le pays, pas seulement à Zanzibar. Ce président autoritaire qui pourchassait les opposants de manière impitoyable, a aussi laissé une œuvre sociale. Il a établi un système d'éducation et de services de santé gratuits pour tous les Zanzibaris, quelle que soit leur race, leur couleur ou leur appartenance ethnique. En dehors de cela, il s'est engagé dans la construction de nombreuses maisons mises à la disposition des habitants de Zanzibar à des loyers très abordables. Karume demeure très populaire. Sa mémoire a été grandement cultivée par son fils. Son premier fils, Amani Abeid Karume, lui a succédé à la présidence pour deux mandats successifs de 2000 à 2010 obtenus démocratiquement.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 avril 2023

 
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1388, Suisse, bataille célèbre Bruno Teissier 1388, Suisse, bataille célèbre Bruno Teissier

6 avril : la célébration d’une victoire suisse contre l’Autriche

Cette fête se limite au canton suisse de Glaris où la journée est fériée. Mais la date est importante pour toute la confédération. On célèbre une victoire contre les Autrichiens, à la bataille de Näfels en 1388. Par la suite, la Suisse n’a plus été harcelée par les Habsbourg et Glaris est devenu un membre de la confédération.

 


C’est une fête très locale, puisqu’elle se limite au canton suisse de Glaris où la journée est fériée et chômée, mais la date est importante pour toute la confédération. On célèbre une victoire contre les Autrichiens, à la bataille de Näfels (Schlacht bei Näfels) en 1388. La fête cantonale est avant tout marquée par une double procession, la Näfelser ride.

Comme chaque premier jeudi d'avril depuis 1835 (à moins qu'il ne tombe pendant la semaine sainte), à 7h15, des personnalités locales accompagnées de musiciens, avec des tambourins, des membres du club de chant et des habitants de Glaris, certains en uniforme de l’armée suisse, partent de l'armurerie de Glaris en direction de la localité de Näfels. Au même moment, un cortège catholique, conduit par des porteurs de Croix et des porte-drapeaux, part de l'église Saint-Fridolin de Glaris également vers Näfels. Les deux processions se rejoignent à Schneisingen dans la plaine. Là, une cérémonie commence par le discours du gouverneur du canton, se poursuit par de la musique et des chants en présence du gouvernement cantonal. On célèbre également Fridolin de Säckingen, le saint protecteur du canton, à qui on attribue la victoire militaire.

Au XIVe siècle, la Suisse ne regroupait encore qu’une demi-douzaine de cantons et l’Autriche, dirigée par les Habsbourg, bataillait pour ne pas perdre le contrôle de la région.  En mars 1387, Glaris s’est déclarée libre de la tutelle autrichienne , mais les Habsbourg ne voulaient pas lâcher ce fief. Début 1388, deux armées autrichiennes ont marché sur Glaris pour l’empêcher de s’intégrer à la confédération. Le 9 avril 1388 , la principale armée autrichienne attaque Näfels. La garnison locale a tenu un moment, mais finalement a dû se retirer, laissant les Autrichiens s'emparer de la forteresse. Cependant, au lieu de tenir Näfels, l'armée autrichienne s'est répandue dans toute la vallée pour piller les fermes et les villages. Mais dans la soirée, profitant du brouillard et des chutes de neige, les Glaronais ont lancé une contre-attaque prenant les Autrichiens par surprise. Désorganisés, ces derniers ont fui vers Weesen. Alors que les soldats autrichiens se repliaient, le pont sur la Linth s'est effondré sous le poids des soldats et plusieurs centaines d’entre eux se sont noyées dans la rivière. Après cette déroute, les Autrichiens ont cessé d’attaquer la confédération helvétique.

Une année après la bataille, une trêve de 7 ans est signée entre les deux parties. De plus, à la suite de cette bataille, Glaris a obtenu un statut égal à celui des autres membres de la Confédération des VIII cantons. Pour commémorer leur victoire, les Glaronais érigèrent en 1389 une chapelle au Sendlen et institutèent une fête en l'honneur de Fridolin leur saint patron. C’est son effigie qui figure aujourd’hui encore sur le drapeau de canton de Glaris.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

La Näfelser ride (photo Samuel Truempy)

Schlacht bei Näfels, miniature de 1513 (Luzerner Schilling, Faksimile Verlag Luzern)

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1919, Inde, marine, mer Bruno Teissier 1919, Inde, marine, mer Bruno Teissier

5 avril : la journée nationale de la mer en Inde

L’Inde qui n’a jamais été une puissance maritime, au cours de sa longue histoire, ambitionne aujourd’hui de le devenir à partir de son immense littoral de plus de 7500 km. Cette journée nationale maritime commémore le voyage du premier navire commercial indien ayant mis les voiles de Bombay à Londres. C’était en 1919, un 5 avril.

 

C’est sa marine civile que l’Union indienne célèbre aujourd’hui pour la 60e fois. Le National Maritime Day commémore le voyage inaugural du premier navire commercial indien de Bombay à Londres. C’était en 1919, un 5 avril que le SS Loyalty, de Scindia Steam Navigation Company Ltd, a mis les voiles. C'était la première compagnie maritime à grande échelle entièrement détenue par des Indiens. Ce fut un moment historique pour navigation indienne car à cette époque les routes maritimes étaient sous le contrôle des Britanniques.

À l’époque Raj britannique, la marine indienne a été dissoute et remplacée par la Royal Navy britannique. Cependant, les constructeurs navals indiens ont continué à construire des navires pour la Royal Navy comme le HMS Hindostan , le HMS Ceylon , le HMS Asia , le HMS Cornwallis et le HMS Minden . Entre 1736 et 1821, le chantier naval de Bombay a produit 159 navires de plus de 100 tonnes, dont 15 navires de plus de 1 000 tonnes.

C’est en 1964 que cette Journée nationale maritime a été instaurée, en souvenir notamment de Shivaji, le fondateur de l'Empire maratha, qui avait entretenu une marine sous la direction de Kanhoji Angre, luttant avec succès contre les intérêts navals portugais, hollandais et britanniques sur la côte indienne, tout en empêchant l'Empire moghol de commercer avec l'Europe. Cela dit, excepté le très ancien Empire cholas, qui reliait au XIe siècle l’Inde du Sud à l’Asie du Sud-Est jusqu’à l’Indonésie, l’Inde n’a jamais été au cours de son histoire une puissance maritime. L’Inde possède un immense littoral de 7517 km et aujourd’hui, la 16e plus grande industrie maritime, il y a 12 ports majeurs et quelque 200 ports de moindre importance. Aujourd’hui, le gouvernement nationaliste de Narendra Modi, commence à comprendre que dans le cadre géopolitique de l’Indo-Pacifique, développer la puissance navale indienne est plus pertinent que jamais.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 avril 2023

 
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zoroastrisme, Iran, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier zoroastrisme, Iran, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier

2 avril : les Iraniens se mettent au vert pour une fête antéislamique

Aujourd’hui, les Iraniens renouent avec une vieille tradition, une fête de la convivialité qui ne s’insère pas dans la tradition islamique mais qui reste tolérée par les autorités, c’est Sizdah Bedar.

 

Aujourd’hui, les Iraniens renouent avec une vielle tradition, une fête de la convivialité qui ne s’insère pas dans la tradition islamique mais qui reste tolérée par les autorités, c’est Sizdah Bedar (سیزده بدر).

Le temps d’un jour férié, les Iraniens ont chaque année l’habitude de se retrouver pour un pique-nique, souvent agrémenté de musique, de danse ou de jeux de toutes sortes, une tradition qui provient des religions antéislamiques. Nous sommes le treizième et dernier jour des festivités de Norouz, (le nouvel an iranien qui est tombé le 20 mars cette année), la fête de Sizdah Bedar (littéralement « Treize dehors ») est célébrée en plein air et en famille.

À la fin de la journée, les sabzeh (lentilles) cultivées pour le Haft Sin (cérémonie du 1er jour) qui ont germé et symboliquement recueilli toute la maladie et la malchance de l’année écoulée, sont jetées dans l’eau courante pour exorciser les démons de la maisonnée. Pour cette raison, il n’est pas recommandé aujourd’hui de toucher les sabzeh de quelqu’un d’autre, au risque de voir la malchance recueillie par les graines germées s’abattre sur soi ! Cette fête n’a rien à voir avec l’islam, elle trouve son origine dans les racines zoroastriennes de l’Iran et dans l’envie de conjurer le mauvais sort lié au chiffre 13. Les anciens Perses pensaient que les 12 constellations du zodiaque contrôlaient les mois de l’année et que ciel et terre tombaient ensuite dans le chaos. Sizdah Bedar est un moyen d’y échapper en sortant ce 13e jour et en faisant tout pour ne pas donner prise à la malchance.

Ce 2 avril est un jour férié en Iran, sous le nom de Jour de la nature. Les parcs publics et les sites de loisirs sont traditionnellement envahis. Chaque famille plante sa petite tente pour passer la journée dans un parc ou à la campagne.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er avril 2023

 

À Ispahan

Les traditionnels sabzeh en vente partout

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1955, Chypre, Guerre de libération, 1er avril Bruno Teissier 1955, Chypre, Guerre de libération, 1er avril Bruno Teissier

1er avril : Chypre commémore son combat anticolonial

La fête nationale chypriote ne célèbre pas l’indépendance acquise en 1960 (1er octobre) mais, le début de la lutte armée, le 1er avril 1955, contre les Britanniques qui occupaient l’île. C’est le Jour de l’EOKA.

 

La fête nationale chypriote (εθνική εορτή της Κύπρου) ne célèbre pas l’indépendance acquise le 1er octobre 1960 mais le début de la lutte armée, en 1955, contre les Britanniques qui occupaient l’île depuis 1878.

Très symboliquement, c’est le 25 mars qui avait été initialement choisi pour lancer le soulèvement contre les Anglais mais la pleine lune rendant difficile l’opération, celle-ci fut ainsi repoussée à la nuit du 31 mars au 1er avril. À minuit, plusieurs explosions se sont fait entendre, elles visaient des cibles symbolisant la présence de Londres. Le chef militaire de cette lutte était George Grivas, alias Digenis, et son leader politique, l’archevêque Makarios. Son organisation était l’EOKA (Εθνική Οργάνωσις Κυπρίων Αγωνιστών). Les Chypriotes turcs qui, au départ étaient plutôt indifférents, ont été enrôlés pour maintenir l’ordre ce qui n’a pas arrangé les relations entre les deux communautés. Il faudra quatre années de combats et de guérilla de la part des Chypriotes grecs pour obtenir un semblant d’indépendance, toujours sous le regard des Anglais et des Turcs…

L’île de Chypre a vécu sous présence étrangère à partir de 1191, occupée successivement par les Francs, les Vénitiens, les Ottomans et enfin par les Anglais en 1878, quand les Ottomans, défaits en Crimée, ont été contraints de céder l’île aux Anglais pour payer leurs dettes.

L’espoir des Chypriotes grecs, comme des Grecs eux-mêmes, était l’union de Chypre à la Grèce (l’Énosis, ἔνωσις). En 1950, l’Église de Chypre avait organisé un référendum ou 96% de votants (parmi lesquels de nombreux Chypriotes turcs) se sont exprimés en faveur de cette union, mais les Anglais qui tenaient l’île n’ont rien voulu savoir. Pour un certain nombre de patriotes chypriotes grecs, seule la lutte armée pouvait donc permettre d’atteindre l’objectif de la réunification à la Grèce. C’est avec cette idée et cet objectif que s’est organisé l’EOKA dont on cultive aujourd’hui la mémoire.

En ce Jour de l’EOKA (Ημέρα της ΕΟΚΑ), le président Níkos Christodoulídis assiste à une célébration religieuse, ce matin, en la cathédrale Ayios Ioannis de l'archevêché. Il participe ensuite à un service commémoratif au cimetière pour déposer une gerbe en l'honneur des combattants qui y sont enterrés.

Aujourd’hui, les magasins et les entreprises sont fermés pour la plupart. Outre l’office religieux, des événements spéciaux ont lieu dans les écoles afin que les enfants soient sensibilisés à la lutte de l'île pour la liberté.

Chypre, on le sait, est divisée depuis 1974. Au sud, on célèbre l’action de patriotes. Au nord, au contraire, on raconte aux enfants que les commandos de l’EOKA étaient des terroristes. La mémoire de l’île, plus que jamais, est profondément cloisonnée.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 mars 2023

 

Tombes de combattants de l'EOKA, au cimetière de la prison centrale de Nicosie, enterrés par les Britanniques pendant la lutte de libération de 1955-1959 pour la libération de Chypre. (Photo : Lapost)

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Écoliers célébrant la journée de l’EOKA

Le monument de la lutte EOKA (1955-1959) à Avgorou. (Photo : Dimitri Svetsikas)

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Bruno Teissier Bruno Teissier

31 mars : Bakou  commémore le « génocide azerbaïdjanais »

Cette journée a été instaurée le 26 mars 1998, à l’occasion du 80e anniversaire des Journées de mars qui font référence aux affrontements interethniques ayant eu lieu entre le 30 mars et le 2 avril 1918.

 

Cette Journée du génocide azerbaïdjanais (azerbaycan soyqırımı günü)  a été instaurée le 26 mars 1998, à l’occasion du 80e anniversaire des « Journées de mars » qui font référence aux affrontements interethniques ayant eu lieu entre le 30 mars et le 2 avril 1918 et qui ont causé le massacre de quelque 12000 personnes à Bakou, sans distinction d'âge et de sexe, principalement des musulmans qu’à l’époque on désignait comme Tatars. Ils ont été tués par des forces russes et arméniennes dans le cadre d’une bataille pour le contrôle des champs pétrolifères de Bakou et de ses environs.

Cette commémoration s’inscrit dans une concurrence mémorielle avec les Arméniens qui, eux aussi, cherchent à faire reconnaître un génocide, mais d’une tout autre ampleur : les autorités azerbaïdjanaises dénoncent la mort d’environ 30 000 personnes lors de ces massacres de mars-avril 1918 à Bakou, si on prend aussi en compte les victimes des villages alentours. Le génocide arménien a concerné entre 1,2 et 1,5 million de personnes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1976, Israël, Palestine, 30 mars Bruno Teissier 1976, Israël, Palestine, 30 mars Bruno Teissier

30 mars : la 47e Journée de la terre des Palestiniens

Le 30 mars commémore une grève générale des Israéliens d’origine arabe (20% de la population d’Israël), en 1976, pour dénoncer un vaste plan d’expropriations de terres en Galilée. Depuis l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir en Israël, la situation est très tendue en Palestine, en particulier pour cette Journée de la terre.

 

La journée est d’abord celle des Israéliens d’origine arabe (20% de la population d’Israël) qui sont très loin d’avoir tous les droits dont disposent leurs concitoyens juifs. En mars 1976, un vaste plan d’expropriations de terres en Galilée, dont une partie appartenait à des Arabes, venait d’être publié. Ce n’était pas la première fois depuis 1948, que des terres arabes étaient confisquées pour établir ou agrandir des colonies juives, mais  cette fois les villages du nord de la Galilée avaient décidé de réagir. Une grève générale était annoncée pour le 30 mars. Les pressions sur les organisateurs ont été telles que la grève a dégénéré en manifestations qui se sont heurtées à l’armée déployée dans la région pour l’occasion.  L’armée a tiré : le bilan est de 6 morts, tous arabes, et de plusieurs centaines de blessés. Si l’évènement a fait date, sous le nom de massacre de Sakhnin, c’est que c’était la première fois que les Arabes israéliens que l’on croyait résignés, manifestaient de manière aussi déterminée et coordonnées. Ce massacre est commémoré chaque année le 30 mars, comme la Journée de la Terre (يوم الأرض,), une journée généralement de haute tension où l’on déplore le plus souvent des morts et des blessés parmi les manifestants, ce qui renforce son caractère commémoratif d’année en année. Aujourd’hui, plus de 600 000 Israéliens vivent dans des colonies exclusivement juives à Jérusalem/Al-Qods Est et en Cisjordanie occupée. L’ensemble des Palestiniens, et théoriquement du monde arabe, se montre solidaire (ce qui est de moins en moins vrai à l’heure où Israël tisse des liens étroits avec de nombreux pays de la région). Les Israéliens vivant aux abords de la bande de Gaza s’attentent à recevoir quelques roquettes, des précautions sont prises pour l’occasion. Depuis l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir en Israël, en décembre dernier, la situation est particulièrement tendue en Palestine, en particulier pour cette Journée de la terre.

Du côté de Gaza, on célèbre le quatrième anniversaire de la Grande marche du retour. Ce mouvement de protestation qui avait débuté le 30 mars 2018, demandait le droit au retour des réfugiés palestiniens sur les terres qu’ils ont quittées en 1948 à la création d’Israël ainsi que l’allègement du blocus imposé à l’enclave depuis une quinzaine d’années. À Ramallah et dans d’autres villes palestiniennes des festivités sont organisées. C’est aussi le cas de quelques villes européennes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 mars 2023

 
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1911, Chine, Taïwan, martyrs, 29 mars Bruno Teissier 1911, Chine, Taïwan, martyrs, 29 mars Bruno Teissier

29 mars : Taïwan célèbre sa jeunesse

La Journée de la jeunesse fait référence au deuxième soulèvement de Guangzhou contre la dynastie Qing, en 1911.

 

Cette Journée de la jeunesse (台湾青年节) de la République de Chine (autrement dit, Taïwan), est aussi connue sous le nom de Journée commémorative des martyrs révolutionnaires (台湾革命烈士纪念日).

Cette journée fait référence au deuxième soulèvement de Guangzhou contre la dynastie Qing qui, en réalité, s'est produit le 27 avril 1911. Il était dirigé par Huang Xing, un chef révolutionnaire qui devint plus tard le premier commandant en chef de l'armée de Taïwan. La plupart des rebelles étaient des jeunes de divers milieux sociaux. Ils ont compris qu'ils étaient en infériorité numérique, mais ils sont quand même allés au combat. La plupart d'entre eux ont été tués lors du soulèvement, qui s'est terminé de manière désastreuse. Seuls 72 corps ont été identifiés. Ils sont appelés les 72 martyrs. Les morts ont été enterrés dans une fosse commune sous un monticule de fleurs jaunes. Une nouvelle tentative aboutira en octobre 1911 à la fondation de la République chinoise en Chine méridionale.

À l'origine, Taïwan célébrait sa Journée de la jeunesse à la même date que la République populaire de Chine, c’est-à-dire le 4 mai, pour commémorer le mouvement du 4 mai 1919. Mais en 1954, Taïpeh a voulu se démarquer de Pékin et la date a été déplacée 29 mars, car 29e jour du 3e mois du calendrier chinois. De fait aujourd’hui, on célèbre cette journée le 29e jour du 3e mois du calendrier grégorien. En 2011, à l’occasion du centenaire de l’événement, des membres du Kuomingtang avaient demandé que l’on place cette commémoration le 27 avril, date du véritable anniversaire. La question reste en débat. D’autant que certains proposent de rebaptiser la Journée 228, Journée de la jeunesse de Taïwan.

Il y a 80 ans, le 29 mars 1943, la Ligue de la jeunesse du Kuomintang tenait son premier congrès national. Elle estima que les actes des martyrs de Huanghuagang (du nom du cimetière de Canton où ils sont inhumés) avaient plus de valeur que ceux du mouvement du 4 mai (date récupérée par les communistes pour les besoins de leur propagande). C’est pour cela que le 29 mars sera désigné comme la Journée de la jeunesse.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

La tombe des 72, à Huanghuagang (cimetière de Canton)

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1959, Chine, Tibet, 28 mars Bruno Teissier 1959, Chine, Tibet, 28 mars Bruno Teissier

28 mars : Journée de l'émancipation des serfs au Tibet

La commémoration est controversée et participe pleinement à la propagande chinoise dont le but est de justifier l’occupation du Tibet par la Chine. N’empêche qu’en réprimant le soulèvement du Tibet en 1959, au prix de 87 000 morts et l’exil de 100 000 Tibétains, le gouvernement de Pékin a pris le contrôle d’un territoire autonome qui vivait encore à l’époque du servage.

 

La commémoration est controversée et participe pleinement à la propagande chinoise dont le but est de justifier l’occupation du Tibet par la Chine. N’empêche qu’en réprimant le soulèvement du Tibet en 1959, au prix de 87 000 morts et l’exil de 100 000 Tibétains, le gouvernement de Pékin a pris le contrôle d’un territoire autonome qui vivait encore à l’époque du servage : 90% de la population travaillaient de manière contrainte au profit d’une petite élite. Cette réalité est souvent occultée. Le Tibet a perdu sa liberté (sa langue et sa culture sont menacées) en tombant totalement sous la coupe du gouvernement chinois, mais la grande majorité de la population a vu son statut social s’améliorer, même si c’est pour se retrouver gouverné par une dictature communiste réprimant sans pitié la moindre incartade politique.

La date du 28 mars est en fait l’anniversaire de la dissolution du gouvernement tibétain en 1959. Le choix de cette date a été vécu comme une provocation par les Tibétains en exil. L’abolition du servage a été, en fait, décidée que le 17 juillet 1959. Le choix de 2009 pour lancer cette commémoration était stratégique, c’était l’année du cinquantenaire des événement de 1959. Il s’agissait de justifier aux yeux du monde, la présence chinoise au Tibet. Ce territoire est stratégique pour la Chine, notamment pour le contrôle des ressources en eau d’une grande partie de l’Asie du Sud.

La Journée de la libération des serfs au Tibet (農奴解放日) est un élément important de la propagande chinoise. Elle s’inscrit toutefois parmi les dates anniversaires de l’abolition de l’esclavage dans les différentes parties du monde.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 mars 2023

 
Le drapeau de la Chine face au palais du Potala au cœur de Lhassa

Le drapeau de la Chine face au palais du Potala au cœur de Lhassa

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