L’Almanach international

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1998, Royaume-Uni, Irlande, 10 avril Bruno Teissier 1998, Royaume-Uni, Irlande, 10 avril Bruno Teissier

10 avril : les 25 ans de l'accord du Vendredi saint

L’Irlande du Nord commémore chaque année l’accord du Vendredi saint, signé le 10 avril 1998 et qui avait mis fin à trois décennies de violences entre catholiques et protestants.  Cette année la célébration de son 25e anniversaire se fait en présence du président américain Joe Biden, qui s'identifie comme un Américain d'origine irlandaise, ainsi que de  l'ancien président Bill Clinton.

 

L’Irlande du Nord commémore chaque année l’Accord du Vendredi saint (The Good Friday Agreement), signé le 10 avril 1998. Cet accord avait mis fin à trois décennies de violences entre catholiques et protestants (1969-1998) à l’origine de la mort de quelque 3500 personnes.  Cette année la célébration de son 25e anniversaire se fait en présence du président américain Joe Biden, qui s'identifie comme un Américain d'origine irlandaise, ainsi que de  l'ancien président Bill Clinton. Tous deux sont présents à Belfast ce 10 avril 2023.

L’accord (appelé officiellement Belfast Agreement) stipulait que l'Irlande du Nord pouvait à tout moment rejoindre la République d'Irlande si la majorité des personnes des deux côtés votaient pour. L'accord a également donné à l'Irlande du Nord son propre organe politique, l'Assemblée d'Irlande du Nord, et a fondé le British Irish Council, une plate-forme pour les relations futures entre les deux pays. Les groupes paramilitaires ont reçu l'ordre de détruire leurs armes et les prisonniers accusés de crimes violents liés au conflit ont été libérés. Un référendum sur l'accord a eu lieu en mai de la même année et 94% des électeurs d'Irlande du Nord et 71% de ceux d'Irlande ont voté en sa faveur.

L’accord du Vendredi saint avait estompé la frontière entre la province britannique d’Irlande du Nord et la république d’Irlande, calmant ainsi la fureur des Irlandais qui ne supportaient plus la tutelle de Londres. La décolonisation de l’Irlande en 1921 n’avait, en effet, pas été totale puisque le Royaume-Uni a conservé le contrôle d’une province, l’Ulster, celle où les colons anglais (ou Écossais) étaient le plus nombreux. Ces derniers sont protestants alors que les Irlandais sont catholiques d’où le maintient de deux communautés distinctes et antagonistes. Les mariages mixtes étant rares et mal perçus.

Avec le Brexit, la logique aurait voulu que l’Irlande du Nord quitte totalement l’Union européenne et qu’une frontière physique soit rétablie entre les deux parties de l’Irlande puisque le Royaume-Uni quitte le marché commun. C’était rétablir la situation d’avant 1998, en pire puisqu’à l’époque les deux pays étaient dans l’UE. Raviver la guerre civile était impensable. Laisser la frontière ouverte l’était tout autant. D’où l’idée d’instaurer les contrôles entre l’Irlande du Nord et la Grande Bretagne. Ce que Boris Johnson, de mauvaise grâce, a dû finalement accepter. Les dispositions sont entrées en vigueur le 1er janvier. et en même temps, les premiers cafouillages, retard de livraison... Les protestants de la province sont furieux car Londres leur avait promis qu’il n’en serait pas ainsi. Ils se sentent trahis, coupés de leur pays.

À Dublin, on voit au contraire se réaliser un pas de plus vers la réunification de l’Irlande. Quant aux Américains, ils font pression pour que les accords du Vendredi saint ne soient pas sacrifiés sur l’autel du Brexit. Beaucoup, outre Atlantique se sentent très concernés par ce qui se passe en Ulster, à commencer par Joe Biden d’origine irlandaise, comme 33 millions d’Américains du Nord. En février 2023, des diplomates ont proposé le cadre de Windsor, qui a été accueilli avec un optimisme prudent. Selon le nouveau protocole, des contrôles auraient toujours lieu dans les ports d'Irlande du Nord, mais uniquement pour les marchandises qui se dirigent vers l'Irlande ou d'autres pays européens.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 avril 2023

 

L'accord a été signé le Vendredi saint (d'où son nom), le 10 avril 1998 par le Premier ministre britannique de l'époque, Tony Blair, le secrétaire d'État pour l'Irlande du Nord Mo Mowlam, le Taoiseach irlandais Bertie Ahern et le ministre irlandais des Affaires étrangères, David Andrews. Il a été approuvé par les électeurs d'Irlande du Nord et de la République lors de deux référendums qui se sont tenus le 22 mai 1998, avant d'entrer en vigueur le 2 décembre 1999.

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1998, Pakistan, nucléaire, 28 mai Bruno Teissier 1998, Pakistan, nucléaire, 28 mai Bruno Teissier

28 mai : le Pakistan célèbre le jour où il est devenu une puissance nucléaire

Journée de la grandeur ou Youm-e-Takbir, au Pakistan commémore les essais nucléaires de 1998 qui ont fait du Pakistan le septième pays à posséder des armes nucléaires et le premier du monde musulman.

 

C’était le 28 mai 1998, sur la base de Chagai, au Balouchistan, le gouvernement pakistanais dirigé par Nawaz Sharif, procédait à cinq essais nucléaires réussis. Le Pakistan répondait ainsi à une deuxième série d’explosions nucléaires opérée par l’Inde les 11 et 13 mai. Le Pakistan essuya quelques protestations, très formelles, de la par des Occidentaux. Étonnement, le pays n’a fait l’objet d’aucune sanction ni entraves depuis la mise en route de son programme nucléaire dans les années 1970. On ne peut pas dire que ce pays, qui a servi de refuge à Ben Laden, soit beaucoup plus rassurant pour les intérêts occidentaux que l’Iran. Ni que son opinion publique soient beaucoup plus tolérante à l’égard des modes de pensée autres qu’islamiste. Toujours est-il qu’il a été aidé techniquement par la Chine et financièrement par l’Arabie saoudite, autre protégé des États-Unis. Le but était de contrer l’Inde, qui était plutôt une cliente de l’URSS. Le Pakistan fut un outil des États-Unis dans sa lutte contre le communisme, d’où l’indulgence de Washington. Sauf qu’en 1998, l’URSS avait disparue depuis longtemps et que toute manière l’Inde n’a jamais été un satellite de Moscou et n’a jamais menacé l’Occident. Il a fallu le 11-Septembre pour que les Américains comprennent leur erreur. Un peu tard.

Le 28 mai 1998, le Pakistan est devenu la première puissance nucléaire du monde islamique et la septième au monde après les États-Unis, la Fédération de Russie (héritière de l’Union soviétique), la Grande-Bretagne, la France, la Chine et l'Inde. C’est cet événement majeur que les Pakistanais célèbrent chaque 28 mai par un cri de guerre : Youm-e-Takbir !  C’est aujourd’hui la Journée de la grandeur ou  Youm-e-Takbir ( یوم تکبیر‎ ) au Pakistan. Une occasion pour des discours patriotiques, des menaces à l’égard des voisins, des défilés militaires, remises de médailles… Chaque année, c’est l’occasion de rendre hommage à Abdul Qadeer Khan, le scientifique honoré du titre de « père de la bombe pakistanaise ». Quant au premier ministre de l’époque,  Nawaz Sharif, emprisonné un temps pour corruption, il est célébré par les membres de son parti, la Ligue musulmane, dans l’opposition depuis 2018. S’il est l’auteur des essais, il n’est n’est pas l’initiateur du programme nucléaire pakistanais. Celui-ci a été lancé par Zulfiqar Ali Bhutto après la défaite de 1971 face à son voisin et surtout en réaction au programme nucléaire de l’Inde dont le premier essai remonte à 1974. Au lendemain du 28 mai 1998, les responsables iraniens se sont tournés vers la France pour qu’elle poursuive son aide à un programme nucléaire qu’elle avait initiée. En vain, on sait avec quelle véhémence les États-Unis se sont opposés à une telle idée, à laquelle de toute manière la France n’aurait pas cédé tant que ce pays demeure une théocratie. Le programme nucléaire du Pakistan, pays dont la connivence avec le terrorisme islamiste n’est plus à démontrer, n’a jamais été l’objet d’un débat international si on le compare à celui qui hystérise le monde à propos de l’Iran. Depuis la région s’est dotée d’une autre puissance nucléaire, en toute discrétion et dans l’illégalité, celle d’Israël. Un autre non sujet de l’actualité internationale.

 
En vignette, apparaissent Abdul Qadeer Khan, le père de la bombe et Nawaz Sharif, l’auteur des essais

En vignette, apparaissent Abdul Qadeer Khan, le père de la bombe et Nawaz Sharif, l’auteur des essais

Des militantes de la Ligue musulmane rendant hommage à Nawaz Sharif, l’auteur des essais nucléaires

Des militantes de la Ligue musulmane rendant hommage à Nawaz Sharif, l’auteur des essais nucléaires

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