L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
15 juin : dans de nombreux pays, c'est la fête des pères
C’est la fête des pères en France, mais aussi au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Grèce, aux États-Unis, au Canada… et dans quelque 70 pays du monde.
C’est la fête des pères en France, mais aussi au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Grèce, aux États-Unis, au Canada… et dans quelque 70 pays au monde. En revanche, en Belgique, comme dans d’autres pays, c’était dimanche dernier.
Si les Romains célébraient déjà les pères (mais seuls ceux qui étaient décédés), c’est au Moyen Âge que l’usage de célébrer tous les pères à travers saint Joseph, père putatif de Jésus, se généralise. Cela dit, la fête telle que nous la connaissons aujourd’hui naît aux États-Unis en 1910 et est proclamée fête officielle par le président Lyndon Johnson, en 1966.
En France, c’est en 1952 que la fête est adoptée sous l’influence d’une marque de briquets, Flaminaire, inventeur du premier briquet à gaz. Ses concepteurs décident de créer une journée dédiée aux pères lors de laquelle il était suggéré de leur offrir un briquet ! Depuis, la fête est célébrée tous les ans le 3e dimanche de juin mais, à la différence de la fête des mères, aucun décret n’est venu l’institutionnaliser.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 juin 2025
14 juin : Trump s’offre un beau défilé militaire pour son anniversaire
La date du 14 juin 2025 marque les 250 ans de la création de l’armée de terre américaine et elle coïncide avec son 79e anniversaire du président Trump. La fête promet d’être à la hauteur de la mégalomanie de son promoteur.
La date du 14 juin 2025 marque les 250 ans de la création de l’armée de terre américaine et elle coïncide avec le 79e anniversaire du président Trump. Jusque-là, le 14 juin était connu comme la Journée du drapeau, une simple commémoration. L’armée de terre américaine (US Army) a été fondée le 14 juin 1775, un peu plus d’un an avant que les États-Unis d’Amérique ne déclarent leur indépendance, le 4 juillet 1776. Ainsi débute une année de commémorations qui mèneront au 4 juillet 2026.
Cette année, Donald Trump a décidé d’organiser un défilé militaire digne ce celui auquel il avait assisté à Paris, le 14 juillet 2017. Un de ses rivaux, Vladimir Poutine a organisé le 9 mai dernier un grand défilé sur la place Rouge comme les Russes savent les faire. Symbole de virilisme, Trump se devait d’avoir le sien et qui plus est pour son propre anniversaire.
Lors de son premier mandat il avait eu quelques velléités en ce sens mais on lui avait opposé le coût d’une telle fête. À présent qu’il s’est octroyé les pleins pouvoirs, qui serait en mesure de lui refuser quoi que ce soit ? Le Pentagone prévoit donc 6 600 soldats, 50 avions et 150 véhicules pour cette parade qui sera accompagnée, selon une porte-parole de l’armée, Heather Hagan, d’un feu d’artifice « spectaculaire » et de célébrations tout au long de la journée au National Mall, vaste esplanade au cœur de la capitale fédérale américaine. Le défilé doit rappeler, avec des figurants et de l’équipement, la guerre d’indépendance américaine, la guerre de Sécession, mais aussi les deux guerres mondiales, la guerre du Vietnam et les conflits plus récents (Irak, Afghanistan). Des militaires en activité ainsi que des élèves des écoles militaires américaines participeront aux démonstrations. À la fin de la parade, Donald Trump se verra remettre un drapeau américain par des parachutistes de l'armée. Après quoi, le feu d'artifice sera tiré aux alentours de 21h45. Aux États-Unis, un tel spectacle est rare : le dernier défilé militaire remonte à 1991, pour la fin de la guerre du Golfe.
Le président républicain, qui est aussi le commandant en chef de l’armée américaine, a complètement remanié le commandement militaire du pays. Après l’avoir quelque peu mal traité, Trump est en pleine opération de séduction auprès de l’armée. Il vient de la faire intervenir en Californie, en toute illégalité, contre un imaginaire « ennemi de l’intérieur ». Tout le monde n’est pas dupe : le général Mark Milley, chef d’état-major des forces armées américaines lors du premier mandant de Trump, le qualifie à juste titre de « fasciste jusqu’au bout des ongles ».
Des appels ont été émis à manifester le jour même du défilé, en protestation contre ce qui est perçu comme une démonstration de pouvoir autoritaire. Quelque 2 000 manifestations sous le slogan “No Kings” (pas de roi) se déroulent à travers le pays. Mais Donald Trump a promis « une réponse très forte » en cas de perturbations de la parade qu’il s’offre en guise d’anniversaire.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 juin 2025
13 juin : Journée Internationale de sensibilisation à l'albinisme
S'ajoutant aux souffrances et aux handicaps liés à la maladie génitale qui les touchent, les albinos sont souvent mis au ban de la société, voire persécutés en raison de croyances liées à la sorcellerie. Depuis 2015, cette journée internationale, créée par l’ONU, cherche à mettre fin à ces pratiques.
Noir à la peau blanche. Il ne fait pas bon être né albinos sur le territoire africain. S'ajoutant aux souffrances et aux handicaps liés à la maladie génitale qui les touchent, ils sont mis au ban voire persécutés en raison de croyances liées à la sorcellerie. Depuis 2015, la Journée internationale de sensibilisation à l'albinisme, créée par l’ONU, le 13 juin, cherche à mettre fin à ces pratiques. La date du 13 juin a été choisie car ce jour-là en 2013, les Nations Unies ont adopté leur première résolution sur l'albinisme.
« Revendiquer nos droits : Protéger notre peau, préserver nos vies" » est le thème de la journée de 2025. Le thème 2025 souligne le besoin urgent de prévenir le cancer de la peau chez les personnes atteintes d'albinisme par la sensibilisation, le dépistage et l'accès à la crème solaire.
Dans certains pays, elles ont récemment été étiquetées « COVID-19 », dans le but de les transformer en boucs émissaires pour la pandémie. Cette ultérieure tentative de discrimination vient s’ajouter aux assassinats, aux attaques, aux brimades et à la stigmatisation déshumanisante déjà perpétrés contre elles.
L'albinisme est une maladie rare, non transmissible et héréditaire qui existe dans le monde entier, indépendamment de l'appartenance ethnique ou du genre. L'albinisme est dû à une absence de pigmentation (mélamine) sur les cheveux, la peau et les yeux (albinisme oculo-cutané), et il n'existe aucun remède à l'heure actuelle.
En Europe et en Amérique du Nord, 1 personne sur 20 000 souffre de cette maladie. Les estimations de l’OMS oscillent entre 1 cas sur 5 000 et 1 cas sur 15 000 en Afrique subsaharienne, où cette condition est plus répandue. En Afrique, dans certains pays, les personnes atteintes d’albinisme sont en danger de mort.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 juin 2025
photo de Babar Ali (Pixabay)
12 juin : le Jour de la Russie, fête paradoxale, pur produit de la propagande
La Journée de la Russie commémore le jour où la Russie a proclamé sa souveraineté et précipité la disparition de l’URSS. Autrement dit, elle célèbre ce que Poutine qualifie de « plus grande catastrophe géopolitique du siècle ». Avoir fait du 12 juin une fête à la gloire de la Russie éternelle témoigne de la force de la propagande du régime.
C’est une fête totalement paradoxale qui se déroule aujourd’hui en Russie. La Journée de la Russie (День России) est une invention récente. Ce jour férié commémore le jour où la Russie a déclaré que, désormais, ses lois primaient sur les lois soviétiques. Certains en parlent même comme du “Jour de l’indépendance” (vis à vis de l’URSS).
En 1990, alors que l’URSS était confrontée à une série de déclarations de souveraineté, notamment celles des républiques baltes, la Russie proclamait la sienne le 12 juin 1990. Ce coup de pied de l’âne, de la part de la plus importante des républiques, n’a fait que précipiter la fin de l’URSS, dissoute le 25 décembre 1991.
L'année suivante, le 12 juin 1991, la Russie (la RSFSR) a organisé sa première élection présidentielle, remportée par Boris Eltsine. En 1994, ce dernier a déclaré le 12 juin fête nationale sous l’appellation de Jour de l’adoption de la déclaration de souveraineté de la RSFSR, devenue ensuite la Fête de la Souveraineté de la Fédération de Russie (День суверенитета РФ). Puis finalement sur l’ordre de Vladimir Poutine, simplement le Jour de la Russie. Le paradoxe, c’est de voir les Russes et le premier d'entre eux Vladimir Poutine fêter un vote et une date qui a engagé le processus de désintégration de l'URSS. Alors que ce même Vladimir Poutine a qualifié la disparition de l’URSS de « plus grande catastrophe géopolitique du siècle », le 25 avril 2005, dans une adresse а l’Assemblée fédérale. En 2020, il a même fait noter dans la constitution russe que la Fédération de Russie s’inscrivait dans la continuité de l’URSS. Celle-la même dont on célèbre aujourd’hui la mise à mort ! On touche là toute l’ambiguïté d’un régime qui a totalement réhabilité le stalinisme, jusque dans les pratiques consistant à réécrire l’histoire, à éliminer les opposants, à étouffer toute contestation et bien sûr à intervenir militairement chez les pays « frères » qui lui résistent !
La veille du 12 juin 2017, l’opposant russe Alexeï Navalny, avait appelé à une manifestation d'ampleur dans toute la Russie pour le 12 juin. Celle-ci aura lieu, ce qui lui valut d’être emprisonné pour quelques semaines, mais il lui sera interdit de se présenter à l'élection présidentielle (on le sait, la démocratie n’a pas cours en Russie). La mobilisation des déçus du régime était chaque année, le 12 juin, plus importante. Dès l’année suivante, 4000 policiers ont été déployés pour l’occasion dans la capitale russe, des arrestations préventives ont été opérées les jours précédents dans les milieux d’opposition. Ce qui n’empêcha pas de grandes manifestations contre le président Poutine. D’ordinaire, un rassemblement se formait place Pouchkine et un défilé descendait l’avenue Sakharov… Mais, depuis cette époque, le régime s’est considérablement durci. Navalny est mort au goulag en février 2024. Aujourd’hui, il n’est plus question de mobilisation de masse ni même de la moindre contestation individuelle. Poutine a totalement endossé le totalitarisme de l’ère soviétique.
Le régime et les médias entretiennent le flou complet sur la véritable signification de cette Journée de la Russie (12 июня День России) qui est avant tout, une occasion de plus de célébrer la grandeur de la Russie éternelle.
Les plus grandes célébrations ont lieu dans la capitale sur la Place Rouge à 17h00 avec un grand concert qui se termine par un feu d'artifice. De nombreux divertissements musicaux, théâtraux, sportifs sont organisés dans tous les quartiers de Moscou et les villes de provinces ainsi qu’en Biélorussie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 juin 2025
11 juin : honneur à Kamehameha fondateur du royaume d'Hawaï
Le 11 juin est férié chaque année à Hawaï en souvenir du roi Kamehameha, le chef qui a unifié l’archipel et s’est montré comme un habile diplomate. C’est lui a fondé le royaume d’Hawaï en 1810.
Le 11 juin est férié chaque année à Hawaï en souvenir du roi Kamehameha, le chef qui a unifié l’archipel et s’est montré comme un habile diplomate. C’est lui a fondé le royaume d’Hawaï en 1810 en s’imposant sur l’ensemble des îles. Il a su en préserver l’indépendance en jouant sur les rivalités des puissances frayant dans la région à l’époque, les Russes, les Américains et les Français. Cet équilibre durera le temps de quelques règnes jusqu’à la disparition du royaume en 1894 et l’annexion de la fragile république par les États-Unis en 1898. Il faudra encore attendre un peu plus d’un demi-siècle pour que cette colonie américaine ne devienne un État américain.
Cette célébration du 11 juin ne date que de 1872, elle est le fait du roi Kamehameha V, arrière-petit fils du fondateur de la dynastie. Cette fête est marquée par la grande parade annuelle est annulée, ainsi que les trois jours de fête prévus, jusqu’au week-end (carnavals, foires, courses à pied, courses de chevaux et de vélo…). On se contentera de la traditionnelle cérémonie de drapage des statues du roi avec des chaînes de fleurs (lei). Il y a quatre statues sur l’île, un autre à Las Vegas et le sixième à Washington, DC. Toutes font l’objet, chaque 11 juin, d’une cérémonie en l’honneur de celui que l’on qualifie de « Napoléon du Pacifique ».
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 juin 2025
Le 11 juin célèbre la naissance du roi Kamehameha, dont la date exacte est cependant inconnue. On suppose juste qu’il serait né en 1758, car il est question dans la tradition du passage d’une comète remarquable l’année de sa naissance, cette année-là c’était celle de Halley.
La statue de Kamehameha à Honolulu couverte de lei, chaînes de fleurs
10 juin : la fête nationale du Portugal célèbre un poète
Le 10 juin est certainement la fête la plus importante au Portugal, après le 25 avril. C’est tout un peuple qui célèbre son appartenance à la culture lusitanienne, dans le pays même ainsi qu’au sein des communautés portugaises installées à l’étranger. Cette année, le 10-Juin participe aux célébrations du 500e anniversaire de la naissance de Luís de Camões.
Le 10-Juin est certainement la fête la plus importante au Portugal, après le 25 avril, une fête qui se décline en plusieurs volets. Tout un peuple célèbre d’abord son appartenance à la culture lusitanienne, dans le pays même mais aussi au sein des communautés portugaises installées à l’étranger (un tiers de la population tout de même !). C’est la langue portugaise qui est mise à l’honneur aujourd’hui. Mais cette date, le Dia de Portugal, de Camões e das Comunidades Portuguesas, est surtout pour les Portugais le jour anniversaire de la mort de Luis de Camões, un 10 juin 1580, poète et dramaturge, auteur des Lusiades, épopée qui raconte les conquêtes du Portugal. Si on ne fête pas l’anniversaire la naissance du poète, c’est que la date est inconnue. On sait juste qu’il avait environ 55 ans à son décès. En 2025, il aurait donc 500 ans !
Le 10 juin a d’abord été la fête de Lisbonne, dès 1910. La date est devenue la fête nationale du Portugal à partir de 1933 sous le nom de « Jour de la race » (dia da raça). C’est en 1977, seulement, qu’elle a pris son appellation actuelle.
Les célébrations officielles du 10 juin ont commencé hier à l'Université de Coimbra, où se déroule la cérémonie d'ouverture des célébrations du 500e anniversaire de la naissance de Luís de Camões que l’on suppose né en 1525.
Ce matin, la levée du drapeau national, qui marque habituellement le début des célébrations du 10 juin, a lieu, symboliquement, au mémorial aux victimes des incendies de forêt de 2017, à côté de l'Estrada Nacional 236-1, en présence du chef de l'État.
Le programme de Marcelo Rebelo de Sousa comprend ensuite une messe dédiée aux victimes des incendies et une visite à l'exposition des ressources et capacités militaires des forces armées portugaises, à Figueiró dos Vinhos.
Ce soir, à Castanheira de Pera, le président de la République reçoit les salutations du corps diplomatique accrédité au Portugal, à Praia das Rocas, à Castanheira de Pera, où est donné un concert de l'Orchestre léger de l'Armée, ouvert à la population.
Chaque année, le président de la République choisit une ville pour accueillir des célébrations officielles. En 2016, elles ont eu lieu pour la première fois dans deux villes : Lisbonne et Paris. En 2017, c’était à Porto et dans les villes brésiliennes de Rio de Janeiro et de São Paulo. En 2019, elles se sont déroulées à Portalegre ainsi qu’en république du Cap-vert. En 2020, il était prévu une fête conjointe à Madère et en Afrique du Sud où vit une communauté portugaise, mais dans le contexte de la pandémie de Covid-19, on s’est contenté d’une cérémonie symbolique au monastère des Hiéronymites (Mosteiro dos Jerónimos), à Lisbonne. En 2021, le 10 juin était célébré à Funchal (capitale de Madère). En 2022, les célébrations du 10 juin avaient été organisées à Braga et à Londres au sein de la communauté portugaise vivant au royaume-Uni… En 2024, les célébrations s'étendent à la Suisse, parmi les communautés d'émigrants portugais. En 2025, le Président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa, et le Premier ministre, Luís Monténégro, se retrouvent à Stuttgart et à Munich, en Allemagne, pour célébrer la Journée du Portugal avec les communautés d'émigrants portugais.
Le Mozambique accueille, du 6 au 10 juin 2025, le deuxième congrès du 500e anniversaire de la naissance de Luís de Camões, mettant l'accent sur la relation du poète portugais avec l'océan Indien et le territoire mozambicain.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 juin 2025
#DiadePortugal
9 juin : la mémoire des pendus de Tulle
Le 9 juin 1944, la division Das Reich, après une rafle des hommes et une matinée de tri, pend 99 hommes aux balcons du quartier de Souilhac, à Tulle (Corrèze) et en déporte, 149 autres à Dachau. 101 d’entre eux ne reviendront pas.
Le 9 juin 1944, la division Das Reich, après une rafle des hommes et une matinée de tri, pend 99 hommes aux balcons du quartier de Souilhac, à Tulle (Corrèze) et en déporte, 149 autres à Dachau. 101 ne reviendront pas. Le lendemain, 10 juin, aura lieu le massacre d'Oradour qui a plus profondément encore marqué les mémoires.
Ce massacre a été ordonné par le général SS Heinz Lammerding. En 1953, celui-ci sera condamné à mort par contumace, en France, mais l'Allemagne de l'Ouest ne l'extradera jamais ni ne le jugera. Outre le massacre de Tulle, celui-ci est aussi responsable de ceux d'Oradour-sur-Glane et d’Argenton-sur-Creuse en 1944. Il est mort en 1971 à Bad Tölz, haut lieu de la culture SS, en 1971. Ses funérailles ont rassemblé plusieurs centaines d'anciens officiers nazis. Il dirigeait la division Das Reich qui avait œuvré sauvagement dans les Balkans et sur le Front de l’Est. Heinz Lammerding avait pour mission de réduire les maquis de Corrèze alors que le débarquement allié en Normandie venait juste d’avoir lieu. En fait de combattants, ses victimes ont principalement été des populations civiles.
Des tresses de fleurs sont accrochées aux balcons et aux réverbères, là où les victimes ont été suppliciées. Dans l'après-midi, comme chaque année depuis 1988, François Hollande qui a été maire de Tulle, prend part aux commémorations.
Les cérémonies d'hommage, initialement limitées au 9 juin s’étendent sur trois jours : le 7 juin, dépôt de gerbes près de la gare où furent assassinés les gardes-voies et au cimetière de Puy-Saint-Clair, où sont enterrés les maquisards tombés lors de la tentative de libération de la ville ; le 8, hommage aux membres du personnel de l'usine de la Marque victime des Allemands ; enfin, le 9 une marche silencieuse qui relie le quartier de Souilhac au monument de Cueille.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 juin 2025
8 juin : la Pentecôte de tous les chrétiens
Aujourd’hui, catholiques, protestants, orthodoxes et arméniens fêtent la Pentecôte le même jour, une célébration d’origine juive.
Cette année, catholiques, protestants, orthodoxes et arméniens fêtent la Pentecôte le même jour.
Quelques jours après l’Ascension, la Pentecôte est, à nouveau, un week-end propice aux départs mais aussi aux pèlerinages et aux fêtes votives. Au Sénégal, des milliers de pèlerins se rendent à pied de Dakar jusqu’au lieu saint de Popenguine, à 70 km au sud, qui abrite une Vierge noire. En France, le pèlerinage le plus célèbre est très certainement celui de Chartres, qui part de Notre-Dame de Paris pour rejoindre Notre-Dame de Chartres sous la houlette de l’association Notre-Dame de la Chrétienté, groupe traditionaliste reconnu par Rome.
Cinquantième jour après Pâques, la Pentecôte commémore l’envoi de l’Esprit Saint sur les apôtres, sous forme de langues de feu « dans un bruit tel que celui d’un violent coup de vent » (Ac, 2,1-4) et leur départ missionnaire pour aller évangéliser les nations dans leur langue (le Don des langues est un des dons de l’Esprit Saint). Ainsi se réalise la promesse faite par le Christ aux apôtres au moment de son ascension. Cette fête clôt le temps pascal qui dure sept semaines et dont elle est le couronnement.
À l’origine, c’est une fête agricole juive, liée à la fête de Pessah (Pâques juive) qui célèbre les moissons. Par la suite, la Pentecôte (Chavouot) a été associée, chez les juifs, à la remise du Décalogue et des premières tablettes de la loi à Moïse sur le Mont Sinaï.
Les prochaines dates sont les dimanche 24 mai 2026, dimanche 16 mai 2027…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2025
7 juin : la Croatie célèbre son appartenance à l’Occident
Cette Journée de la diplomatie croate rappelle un événement très ancien mais symbolique d’une volonté plus que millénaire des Croates d’appartenir à l’Occident.
Cette célébration croate rappelle un événement très ancien mais symbolique d’une volonté plus que millénaire des Croates d’appartenir à l’Occident. On est au IXe siècle, en 879 exactement et la frontière entre l’est et l’ouest est encore mouvante et floue. L’Empire byzantin a reculé, mais des parties de la péninsule italienne et du littoral dalmate font encore allégeance à Constantinople. D’autres regardent vers Rome. Ces deux pôles ont, aujourd’hui, perdu de leur importance mais une partie du continent regarde toujours vers l’Est (Hongrie, Serbie…), une autre vers l’Ouest. Cette polarité traverse encore certains pays, comme la Pologne ou la Roumanie.
En 879, le duc de Croatie Zdeslav est renversé par le prince Branimir qui prend sa place et règnera jusqu’en 892. C’est sous ce monarque que la Croatie a été reconnue comme indépendante en se tournant ostensiblement vers Rome. Voulant s’émanciper de Byzance, le duc Branimir écrit au pape de Rome Jean VIII. En retour, le Pape lui donne sa bénédiction ainsi qu’à tout le peuple croate. Il le confirmera dans une lettre du 7 juin 879. Ainsi la Croatie devient de jure indépendante et est officiellement reconnue, car à cette époque, c'est le Pape qui donne la légitimité internationale.
L'anniversaire de la reconnaissance historique de la Croatie est désormais célébré comme la Journée de la diplomatie croate (Dan hrvatske diplomatcije). Ce n’est pas un jour férié, sauf pour les employés du ministère des Affaires étrangères et européennes. Le chef de la diplomatie croate prononce une allocution officielle à cette occasion. Invariablement, son discours mesure le chemin parcouru par la Croatie qui a vécu dans l’ombre de la Hongrie et de la Serbie, deux pays qui aujourd’hui sont en froid avec l’Occident.
Depuis 1995, une distinction existe, l’ordre du Prince Branimir, décernée par la république de Croatie pour l'excellence dans la promotion de la Croatie dans les relations internationales.
Cette journée est l’occasion pour les autorités croates de rappeler que la Croatie fait pleinement partie de l’Union européenne, ce qui n’est pas le cas de la Serbie sa rivale yougoslave restée des siècles sous l’influence de Byzance puis occupée par les Turcs. La Croatie, a été intégrée à l’Empire austro-hongrois, sous tutelle hongroise. Ce qui l’a laissé sur les bas-côté de l’Occident. L’époque communiste la laisse à nouveau aux marges mais elle échappe à la tutelle russe que subit la Hongrie. Son intégration à l’UE et à l’OTAN est vécue comme un aboutissement d’un tropisme occidental qui a débuté en 879.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 juin 2025
Discours du premier ministre Andrej Plenkovic lors de la Journée de la diplomatie croate, 7 juin 2024 (photo : ministère croate des Affaires étrangères et européennes)
7 juin : la Norvège fête son indépendance
En 1905, les Norvégiens recouvraient leur indépendance après plus de quatre siècles de domination danoise, puis suédoise. C'était un 7 juin. Ce jour de mémoire marqué par la multiplication des drapeaux sur les bâtiments publics n’est pas un jour chômé en Norvège.
En 1905, les Norvégiens recouvraient leur indépendance après plus de quatre siècles de domination danoise, puis suédoise. C'était un 7 juin.
Cette date a aussi marqué l’éclipse de cette indépendance : le 7 juin 1940, la famille royale fuyait le royaume occupé par les Allemands. Ce jour-là, le roi, le prince héritier Olav et le reste du gouvernement sont montés à bord du HMS Devonshire pour l’Angleterre et ont été conduits en toute sécurité à Londres.
Et c’est, à nouveau un 7 juin, en 1945, que le roi Harald devenait à Oslo après 5 ans d'exil. Une date symbolique donc.
Le 7 juin célèbre avant tout la Dissolution de l'union avec la Suède (Unionsoppløsningen), soit la séparation des royaumes de Suède et de Norvège, gouvernés en union personnelle par la monarchie suédoise depuis 1814. Le 7 juin 1905, le Storting (parlement norvégien) proclamait que le roi de Suède cessait d’être roi de Norvège. Un référendum sera ensuite organisé, il donnera une écrasante majorité de voix (99,95 % de voix !) en faveur de la séparation complète d’avec la Suède. Un autre référendum va ensuite décider à 79% des voix que la Norvège demeurera un royaume et non une république. Le trône, mais sans aucun pouvoir, sera offert à un petit-fils du roi du Danemark. Lequel deviendra le roi Haakon VII, le grand-père de l’actuel roi de Norvège, Harald V.
Le jour de la dissolution de l'Union, le drapeau de l'État norvégien flotte sur les bâtiments publics. Les civils sont également encouragés à arborer le drapeau national. Mais, comme ce n'est pas un jour chômé, aucune grande fête n'a lieu ce jour-là.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 juin 2025
7 juin 1945, le peuple norvégien oublie sa rancœur d’avoir été lâché par son roi en 1940 et acclame Harald à son retour. Celui-ci n’avait pas choisi la date au hasard.
6-7 juin : Aïd al-Adha, la plus grande fête musulmane de l'année
Le Grand Aïd est célébré ce vendredi ou ce samedi. Les différents acteurs du monde musulman divergent sur la date, généralement pour des raisons géopolitiques ou de rivalités internes. La fête du mouton dure quatre jours et débute la veille.
Cette année, l'Aïd el-Adha (ou Aïd el-Kébir, يد الأضحى ), le Grand Aïd est célébré ce vendredi ou ce samedi dans la plupart des pays. La fête du mouton dure quatre jours et débute la veille au soir.
Dans les pays musulmans, selon la tradition, c’est le chef de famille qui est censé procéder au sacrifice du mouton sinon, un autre homme est désigné pour cela. Il est reconnaissable dans la rue au long couteau qu’il tient en main et à son tablier maculé de sang. En France, toutefois, l’abattages de moutons par des particuliers est interdit, c’est-à-dire en dehors d’abattoirs autorisés. Cette année, les Marocains se passeront de mouton afin de préserver le cheptel bien réduit après sept années de sécheresse consécutives.
L’origine religieuse de cette fête est héritée des juifs et des chrétiens, on la retrouve dans l’Ancien Testament. Pour les croyants de l'islam, il s'agit en effet de rendre hommage à la soumission d'Abraham à Dieu. Selon le récit de la Bible et du Coran, celui-ci a accepté de sacrifier son fils, avant qu’un ange ne lui substitue de justesse un mouton. Aujourd'hui, la célébration mêle une grande prière et des sacrifices traditionnels de moutons, donnant lieu à un repas de partage avec les proches et des personnes dans le besoin.
La fête est fixée selon le calendrier musulman qui suis les phases de la lune. Elle correspond au 10e jour du mois de Dhoul-Hijja. Selon le calendrier grégorien (calé sur le soleil), le Grand Aïd tombe autour du 6 juin 2025, du 26 mai 2026, du 16 mai 2027…
Le fait que la date exacte ne soit dévoilée qu’à la dernière minute, selon l’observation de la lune permet des interprétations divergentes qui entretiennent des dissensions géopolitiques, comme entre l’Algérie (l’Aïd y débutera le soir du 5 juin) et le Maroc (l’Aïd y commencera le soir du 6 juin) ou révèlent des rivalités de confréries musulmanes internes à pays. C’est le cas au Sénégal où la Coordination des Musulmans du Sénégal (CMS), a maintenu le 6 juin 2025 comme jour de célébration de la fête de Tabaski (nom local de l’Aïd). Tandis que de son côté, la Commission d’observation du croissant lunaire de Touba, après observation, a quant à elle retenu la date du 7 juin 2025.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2025
Enluminure ottomane du XVIe siècle : Gabriel arrête le bras d'Ibrahim prêt à sacrifier son fils Ismaël et lui tend un mouton.
5 juin : les Iraniens fidèles au régime célèbrent le début de la révolution islamique
Pour les partisans du régime, la révolution islamique a commencé en juin 1963 quand des émeutes contre la dictature du shah avaient conduit à l’arrestation de Khomeini, l’un des chefs de file de l'opposition religieuse. Cette arrestation a été opérée le 5 juin 1963 ou le 15 Khordad 1342 du calendrier iranien.
Officiellement, c’est le 11 février 1979 que l’ayatollah Khomeini a pris le pouvoir et proclamé l’instauration de la république islamique qui a conduit à la dictature religieuse toujours en place en Iran. Pour les partisans du régime, la révolution islamique a commencé en juin 1963 quand des émeutes contre la dictature du shah avaient conduit à l’arrestation de Khomeini, l’un des chefs de file de l'opposition religieuse. Cette arrestation a été opérée le 5 juin 1963 ou le 15 Khordad 1342 du calendrier iranien. Ce jour est resté une date sacrée du calendrier mémoriel du régime de Téhéran, au point que le nouveau système de missile sol-air conçu par l’Iran et rendu public en juin 2019, a été baptisé baptisé 15 Khordad (پانزده خرداد).
Ces protestations de juin 1963 visaient le programme réformateur de la révolution blanche voulu par le chah Mohammad Reza Pahlavi, en particulier la suppression de la féodalité dans le cadre d'une réforme agraire et l'introduction du droit de vote des femmes. L’empereur cherchait à moderniser son pays pour mieux assoir son régime. Le discours de Khomeini contre les réformes de la révolution blanche fut accompagné de manifestations violentes dans plusieurs villes.
Plus de 10 000 manifestants défilèrent le 5 juin 1963 dans les rues de Téhéran pour protester contre l'arrestation de Khomeini. Le Premier ministre Alam finit par appeler l'armée pour mater la contestation, et ne put quitter le siège du gouvernement qu'avec un véhicule blindé. l’État d’urgence fut mis en place à Téhéran. Les troupes furent envoyées dans les rues et tirèrent sur des manifestants. Il y eut des milliers de blessés et une trentaine de morts.
La date du 15 Khordad est largement célébrée en République islamique d'Iran par un jour férié. Parmi d'autres lieux, le carrefour du 15 Khordad et la station de métro du 15 Khordad portent son nom. Par coïncidence, Khomeini mourut vingt-six ans plus tard, le 4 juin 1989, la veille du 15 Khordad.
La cérémonie qui se tient au cimetière des 15 martyrs de Khordad à Téhéran a réunissant des personnes de différents horizons, y compris des vétérans de la lutte contre le régime Pahlavi. Des discours sont prononcés, ponctués par des chansons interprétées lors de la cérémonie en commémoration des martyrs et de la révolution islamique.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 juin 2025
15 khordad (Photo :Maryam Abolbagha, Iran press)
4 juin : la Journée internationale des enfants innocents victimes d'agression
Cette journée a été instaurée en 1982 par les Nations Unies en mémoire des 14 enfants tués lors d’un raid de l’armée israélienne sur Beyrouth le 4 juin 1982… L’actualité nous offre aujourd’hui des chiffres bien plus effroyables : plus de 16 000 enfants tués à Gaza depuis le début de l’intervention israélienne.
Cette journée a été instaurée en 1982 par les Nations Unies en mémoire des 14 enfants tués lors d’un raid de l’armée israélienne sur Beyrouth le 4 juin 1982. L’État hébreu réagissait en représailles à une tentative d'assassinat contre l'ambassadeur israélien au Royaume-Uni, lequel avait été grièvement blessé.
L’actualité nous offre aujourd’hui des chiffres bien plus effroyables : plus de 50 000 enfants tués ou blessés à Gaza depuis le début de l’intervention israélienne (dont 16 000 tués) selon le site de l’UNICEF. Les 37 enfants israéliens victimes du Hamas ne sont pa non plus oubliés en cette journée du 4-Juin.
« Depuis la fin du cessez-le-feu le 18 mars, 1 309 enfants auraient été tués et 3 738 blessés. Au total, plus de 50 000 enfants ont été tués ou blessés depuis octobre 2023. Combien d’autres petites filles et petits garçons devront encore mourir ? Quelle atrocité devra encore être diffusée en direct pour que la communauté internationale se mobilise pleinement, use de son influence et prenne des mesures fortes et décisives pour mettre fin à ce massacre impitoyable d’enfants ? » (extrait du site de l’UNICEF)
Une seule frappe bien ciblée peut faire des dégâts considérables dans la population. La Défense civile de la bande de Gaza annonçait samedi 24 mai la mort de neuf enfants d'un couple de médecins palestiniens (Hamdi Al-Najjar et son épouse, Alaa Al-Najjar) tués dans un raid aérien israélien dans le sud du territoire assiégé et dévasté par la guerre.
La journée mondiale du 4 juin, si elle a pour origine des victimes palestiniennes et libanaises, se penche sur tous les conflits dans le monde. Le plus meurtrier est celui du Soudan dont le bilan sur les enfants est encore difficile à chiffrer car peu d’entre eux meurent sous les bombes mais plutôt de malnutrition, sont victimes de violences sexuelles ou enrôlés dans le conflit par les parties belligérantes.
L’Ukraine compte 7,5 millions d'enfants, eux aussi victimes de la guerre qui dévaste le pays. Nombre d'entre eux sont traumatisés, bouleversés par le décès d'un proche, tandis que d'autres ont été enlevés et déportés en Russie. Selon les données vérifiées par l’ONU, plus de 2 500 enfants ont été tués ou blessés depuis février 2022.
La Journée internationale des enfants innocents victimes d'agression (International Day of Innocent Children Victims of Aggression, اليوم الدولية لضحايا العدوان من الأطفال الأبرياء, Día internacional de los Niños Víctimas Inocentes de Aggresión, 受侵略戕害的無辜儿童国际日, est célébrée chaque année depuis le 4 juin 1983.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 juin 2025
De médecin transportent un enfant palestinien blessé à l'hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza après une frappe aérienne israélienne le 17 October 2023 (photo Fars Media Corporation)
3 juin : la journée des martyrs en Ouganda
La date fait référence à l’exécution sur un bûcher, le 3 juin 1886, de 31 jeunes gens, des pages du roi Mwanga furieux qu’ils se refusent à lui depuis qu’ils ont été convertis par des missionnaires chrétiens. Chaque 3 juin, se déroulent un pèlerinage et une commémoration très ambiguë, dans un pays où la situation des homosexuels est l’une des pires du monde. Une nouvelle loi promulguée en 2023 aggrave encore les peines encourues.
Voilà un jour férié très ambigu, à la fois une cérémonie catholique et une fête civile de l’Ouganda qui participe à la propagande anti-gay de ce pays particulièrement sévère en la matière.
La date fait référence à l’exécution, le 3 juin 1886, de 31 jeunes gens, principalement des pages du roi Mwanga, furieux qu’ils se refusent à lui depuis qu’ils ont été convertis par des missionnaires. Ce jour-là, ont été sacrifiés sur un bûcher 13 catholiques, 13 protestants et 5 non chrétiens. Ce roi homosexuel voyait ses sujets lui échapper après être passé dans les mains des missionnaires européens auxquels son prédécesseur avait ouvert les portes du puissant royaume du Buganda (futur Ouganda). Pendant sept mois, il va ordonner une série d’exécutions qui se déroulaient sur le site de Namungongo, à 15 km de Kampala. C’est là que les catholiques ont construit une basilique qui chaque 3 juin, attire plusieurs centaines de milliers de personnes venues de toute l’Afrique orientale. Elle a même été visitée par le pape Jean Paul II en 1984. Les martyrs avaient été canonisés en 1964 par Paul VI, au cours du concile Vatican II. Le plus jeune avait treize ans, il est aujourd’hui honoré comme saint Kizibo, le patron des jeunesses d’Afrique selon le Vatican. Le pape François est également venu en 2014. À Namungongo existe aussi des sanctuaires anglican et musulman (seul un gros tiers de la population ougandaise est catholique). D’ailleurs, parmi les martyrs de l’époque figure aussi quelques musulmans. C’est à Munyonyo, que les pages chrétiens du roi ont été capturés et condamnés à mort (un monument figurant quatre d’entre eux leur rend hommage) avant d’être exécuté à Namugongo.
Le grand pèlerinage de Namungongo attire chaque 3 juin plus d’un demi-million de personnes qui viennent du Kenya, du Rwanda, de Tanzanie et de tout l'Ouganda pour participer à la fête des martyrs ougandais. Beaucoup d'autres suivent la célébration à la télévision nationale.
La journée demeure un jour férié civil, exploité de manière ambiguë par un pouvoir qui, par ailleurs, réserve une des pires conditions aux homosexuels dans le monde. Comme ailleurs en Afrique, les lois qui s’appliquent en Ouganda sont directement héritées de celles de l’Angleterre du XIXe. En mars 2023, une nouvelle loi avait été votée, faisant de l’homosexualité un crime. Devant le tollé international, une nouvelle mouture de la loi a été promulguée le 29 mai 2023, précisant que le « fait d’être homosexuel » n’était pas un crime, mais que seules les relations sexuelles l’étaient. Dans la nouvelle version du texte, les parlementaires ont maintenu une disposition faisant de « l’homosexualité aggravée » un crime capital, ce qui signifie que les récidivistes pourraient être condamnés à mort. En Ouganda, la peine capitale n’est plus appliquée mais n’a jamais été abrogée. Ce qui inquiète particulièrement les organisations de défense des droits des homosexuels, c’est que selon cette nouvelle loi, quiconque « promeut sciemment l’homosexualité » encourt jusqu’à vingt ans de prison. En 2025, l’ONG Human Rights Watch dénonce un climat d’impunité aggravé et une violence institutionnalisée contre les homosexuels.
« Les sources montrent que l’homosexualité est courante au Buganda à la fin du XIXe siècle. La plupart des sources datent la diffusion de l’homosexualité de l’arrivée des Arabes au Buganda. (…) Les rois sur lesquels nous avons suffisamment d’informations (Mwanga, 1884-1897, Mutesa, 1856-1884 et peut-être Suna, c. 1830-1856 et Kamanya, c. 1812-c. 1830) sont bisexuels. (…) Les pages sont généralement des adolescents qui sont envoyés par leurs parents, leurs maîtres ou leurs patrons pour servir le roi. Le parrain espère que le page saura attirer la faveur du roi et en fera bénéficier son entourage. Des fils de chefs se mêlent à de jeunes esclaves dans un univers très concurrentiel et violent. Les pages n’ont pas accès aux épouses de leur maître. L’augmentation du nombre d’épouses rend le contrôle de leur fidélité problématique, malgré le recours à une violence extrême. L’homosexualité est encouragée délibérément parmi les pages pour qu’ils soient moins tentés de trahir leur maître. Ces pages royaux occupent une place fondamentale dans l’organisation politique du royaume du Buganda. C’est parmi les anciens pages que sont choisis les futurs chefs qui gouverneront le pays. » extrait d’un article de Henri Médard (auteur de Croissance et crises de la royauté du Buganda au XIXe siècle, Karthala, 2007).
La Journée des martyrs (Uganda Martyrs Day) est aussi l’occasion de commémorer le refus de la soumission à un tyran. Et l’Ouganda en a connu d’autres, hormis Mwanga dont le renversement par les Anglais a été le prétexte à la colonisation du royaume du Burganda. On se souvient de Milton Obote mais surtout du fantasque et sanguinaire Idi Amin Dada. Lequel avait aussi fait exécuter un archevêque anglican. Quant au président actuel, Yoweri Museveni…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 juin 2025
Le roi Mwanga, despote homosexuel et icône gay que les autorités ougandaises cherchent à effacer de la mémoire du pays
L'Archevêque de Kampala célèbre la fête des Saints Martyrs Innocents au sanctuaire catholique de Namugongo
2 juin : le jour où les Amérindiens sont devenus (presque) des citoyens
Voilà une célébration qui trouve difficilement sa place dans l’Amérique de Trump : la Journée de la citoyenneté amérindienne. Il y a un siècle, le 2 juin 1924, le gouvernement des États-Unis accordait enfin la citoyenneté à tous les Amérindiens, mais sans le droit de vote !
Voilà une célébration qui trouve difficilement sa place dans l’Amérique de Trump : la Journée de la citoyenneté amérindienne (American Indian Citizenship Day). Il y a cent ans, le 2 juin 1924, le gouvernement des États-Unis accordait la citoyenneté aux Amérindiens en adoptant la loi Snyder, également connue sous le nom de loi sur la citoyenneté indienne. L’an dernier le centenaire avait suscités des festivités, cette année…
Avant 1924, la constitution des États-Unis et son 14e amendement, refusait explicitement la citoyenneté américaines aux amérindiens. En 1857, la Cour suprême des États-Unis a statué dans l'affaire Dred Scott contre Sandford que les Amérindiens n'étaient pas citoyens, mais pouvaient acquérir la citoyenneté par naturalisation. Mais selon des conditions très restrictives. On continuait à exclure notamment tous ceux qui n’étaient pas contribuables parce qu’ils n’avaient pas accepté le morcellement en lots individuels des terres collectives. C’est-à-dire 92% d’entre eux. Petite avancée, en 1888, les femmes amérindiennes épousant des citoyens américains ont obtenu la citoyenneté. Les vétérans amérindiens de la Première Guerre mondiale ont obtenu la leur en 1919. Ils n’étaient qu’une poignée.
La loi sur la citoyenneté indienne de 1924 fut donc un progrès évident mais les Amérindiens restaient des citoyens de second plan puisqu’ils ne bénéficiaient pas du droit de vote ! Ils n’obtiendront qu’en 1948, soit tout de même 17 ans avant les Noirs. Et encore, celui-ci reste toujours difficile à exercer dans de nombreux États comme l’Alaska, le Dakota du Sud, le Dakota du Nord, le Montana, l’Arizona, le Nouveau-Mexique… Les Amérindiens constituent des groupes électoraux clés dans des États comme l'Arizona, l'Alaska, le Nevada, le Montana, le Michigan et le Wisconsin, pour n'en citer que quelques-uns. Les restrictions électorales ciblant ces communautés peuvent influencer considérablement les résultats électoraux.
Par exemple, dans le Montana, l'assemblée législative de l'État a adopté la loi en 2018, limitant la collecte des bulletins de vote, une méthode largement utilisée dans les communautés autochtones rurales isolées. Les tribus Assiniboine et Sioux de Fort Peck, la nation Blackfeet, les tribus confédérées Salish et Kootenai de la réserve Flathead, la tribu Crow et la communauté indienne de Fort Belknap, Western Native Voice et Montana Native Vote ont contesté cette loi devant les tribunaux. En 2020, la cour a statué dans l'affaire Western Native Voice c. Stapleton que le blocage de la collecte des bulletins de vote était inconstitutionnel. Étonnamment, quelques mois seulement après cette décision, l'assemblée législative de l'État du Montana a de nouveau restreint la collecte des bulletins de vote. Les tribus du Montana ont été contraintes de saisir à nouveau les tribunaux pour protéger les droits des électeurs autochtones. La Cour a de nouveau jugé les restrictions électorales inconstitutionnelles… La citoyenneté pleine et entière des Amérindiens est un combat de tous les jours.
À propos de l’exercice du droite de vote, Pap Ndiaye fait ce constat : « Les républicains, dans les États où ils sont majoritaires, en ont profité pour multiplier les obstacles à l'inscription sur les listes électorales, officiellement pour “lutter contre la fraude”, un argument classique depuis le XIXe siècle. En réalité, il est surtout question de limiter la participation électorale des minorités, qui penchent largement du côté démocrate. (…) Les électeurs doivent faire une dizaine de kilomètres et attendre plusieurs heures avant d'accéder aux urnes, ce qui les décourage d'autant plus que le jour du scrutin est le mardi et qu'il est parfois compliqué de s'absenter de son lieu de travail, même si l'employeur a obligation d'accorder un bref congé. En Caroline du Sud, en Arkansas, en Alabama, au Texas et ailleurs, les autorités réclament une pièce d'identité avec photo pour pouvoir voter, ce qui exclut les plus pauvres et les plus âgés qui n'ont ni passeport ni permis de conduire. On raye des listes électorales à tour de bras sous n'importe quel prétexte : une adresse inexacte, une homonymie. La possibilité de voter par correspondance est limitée. » (L’Histoire, juin 2020)
Cette commémoration du 2 juin n’est pas un jour férié officiel, la date est simplement célébrée par des événements éducatifs, des conférences, des expositions thématiques et des cérémonies. Dans les écoles et les universités, elle était une occasion d'étudier l'histoire et les traditions des peuples autochtones des États-Unis, avant que l’administration Trump ne fasse régner la terreur et interdise toutes allusions à ce type de sujet. Sur les sites des universités, les pages qui en parlaient ont été pour la plupart effacées dans la hâte début 2025.
Le 20 janvier 2025, le président Trump a publié un décret intitulé « Protection du sens et de la valeur de la citoyenneté par le sol », qui vise à retirer la citoyenneté aux enfants nés aux États-Unis de parents qui ne sont ni citoyens ni résidents permanents légaux. Ce décret, publié par le président parmi de nombreuses autres mesures anti-immigration, se concentre sur la clause de citoyenneté du quatorzième amendement de la Constitution, qui garantit la citoyenneté par le sol. Elle ne concerne pas les Amérindiens, pour le moment…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er juin 2025
Le président Calvin Coolidge pose avec quatre Osage, à la Maison Blanche après la signature de l'Indian Citizenship Act, 1924.
1er juin : la célébration du Débarquement qui fit de Genève une ville suisse
Le Débarquement du 1er juin est, au même titre que l’Escalade, une fête nationale genevoise. Elle commémore l’arrivé en barque de trois contingents armés suisses, le 1er juin 1814, préfigurant l'entrée de Genève dans la Confédération helvétique.
Le Débarquement du 1er juin est, au même titre que l'Escalade, une fête nationale genevoise. Elle commémore le débarquement des contingents confédérés au Port-Noir, le 1er juin 1814, préfigurant l'entrée de Genève dans la Confédération helvétique.
Genève qui avait été pendant deux siècles une république indépendante a été annexée en 1798 par la république française et réduite au statut de simple préfecture du département français du Léman. La déroute de l’armée française en Russie, puis en Allemagne, écrasée à la Bataille de Leipzig (octobre 1813), a affaibli la France. L’Autriche et d’autres se sont retournés contre elle. Les Autrichiens qui traversaient la Suisse, libèrent Genève de la tutelle française et la ville retrouve sa souveraineté le 31 décembre 1813.
Quelques mois plus tard, le 1er juin 1814 en gage d’amitié, arrivent Fribourgeois, Soleurois et Lucernois, les troupes dites « confédérées », débarquent au Port-Noir. Ne pouvant arriver par voie terrestre, car des contingents français occupaient encore certains territoires entre Nyon, et Genève, ils arrivent en barque sur le lac. Cet événement entérine l’entrée de Genève dans la Confédération helvétique. Mais, il faudra tout de même attendre le 19 mai 1815 pour que la Cité de Calvin devienne le 22e canton suisse. Ce fut un mariage de raison, la ville de se voyait pas continuer à demeure une minuscule république indépendante au cœur de l’Europe. Les cantons catholiques ont vue cette intégration de la cité calviniste avec méfiance, mais la richesse et la puissance de la ville francophone ne pouvait de renforcer la confédération. Ce sera le cas.
C’est donc pour célébrer ce moment historique qu’est organisée, chaque année, la cérémonie du 1er juin. Les autorités politiques genevoises, accompagnées des Vieux-Grenadiers genevois, fribourgeois et soleurois, assistent à diverses démonstrations. Une couronne de fleurs est déposée sur la colonne commémorative située au Port-Noir. Le lieu est aujourd’hui un port de plaisance situé sur la commune de Cologny. La fête est l’occasion d’un défilé des sociétés patriotiques en costume d’époque. La cérémonie qui appartient au folklore local débute à 17h45 précise, le 1er juin.
Le site de la société de la Restauration et du 1er juin qui organise chaque année cette cérémonie : https://www.1erjuin.ch/
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 mai 2025
31 mai : la Pologne fête ses cigognes
À la veille d’un scrutin décisif pour l’avenir de l’Europe, et l’écologie, la Pologne célèbre la Journée de la cigogne blanche, un oiseau symbole de la campagne polonaise qui en accueille une sur cinq dans le monde
À la veille d’un scrutin décisif pour l’avenir de l’Europe, la Pologne célèbre la Journée de la cigogne blanche (Dzień Bociana Białego), une fête créée en 2003 par la Société polonaise des amis de la nature pro Natura.
Les cigognes blanches (Ciconia ciconia) sont un symbole indissociable de la campagne polonaise. La Pologne est le bastion européen de la cigogne blanche. On estime qu'environ 50 000 couples de cigognes nichent dans ce pays, soit 20% de l’effectif mondial. Leur fief polonais se situe en Warmie et en Mazurie, deux régions du nord-est où subsistent encore de nombreuses zones humides et petits cours d’eaux non domestiqués, ainsi que des prairies qui sont les espaces d’alimentation des cigognes. Car si ces dernières ne fréquentent plus de nombreuses régions de France, d’Allemagne, du Benelux ou de Scandinavie, c’est en raison de la disparition de ces espaces pour laisser place à des zones cultivées de manière industrielle. Les engrais et insecticides utilisés à outrance, comme les lignes électriques sont également des pièges mortels pour ces grands oiseaux. Les questions écologiques sont l’un des grands enjeux du second tour des élections présidentielle du 1er juin, en Pologne, un pays où le Pacte vert pour l'Europe (Green Deal) proposé par la Commission européenne a suscité de la colère dans les campagnes polonaises, lesquelles votent de plus en plus pour des partis conservateurs et anti-européens.
La cigogne blanche est l'une des plus anciennes espèces synanthropiques (vivant à proximité des habitations humaines), considérée par certains comme porteuse de chance et annonçant l'arrivée du printemps. Leur arrivée en Pologne se fait au moins de mars. C’est d’ailleurs le 25 mars que la Lituanie voisine fête les cigognes (gandrų festivalis). Elles repartent en septembre, parfois dès la fin août.
La France n’a pas de journée nationale de la cigogne, toutefois en Alsace, à Kintzheim, le parc Cigoland propose depuis 1974, une fête de la cigogne. Au bord de l’Atlantique du côté de Rochefort, c’est tous les deux ans, la prochaine en 2026.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 mai 2025
Cigogne blanche (photo : Mindaugas Urbonas)
30 mai : en mémoire des victimes de l’attentat de Lod
Le 30 mai 1972, des terroristes japonais ont ouvert le feu sur des touristes dans une salle de l’aéroport de Lod, en Israël. La plupart des victimes de cet attentat pro-palestinien étaient portoricaines. Porto Rico cultivent leur mémoire.
Le 30 mai 1972, trois terroristes japonais, ayant caché leurs armes dans des étuis à violon ont ouvert le feu sur des touristes attendant leurs bagages dans une salle de l’aéroport de Lod (aujourd’hui appelé Ben Gourion), le plus important d’Israël. Parmi eux se trouvait un groupe de Portoricains impatients de se rendre en pèlerinage en Terre sainte. Cet attentat terroriste lâche a fait soixante-dix-huit blessés et vingt-six morts, dont dix-sept Portoricains, 8 Israéliens et un Canadien.
C’est à Porto Rico que se tient la principale cérémonie du souvenir. Chaque année, le 30 mai, Jour du souvenir du massacre de Los (Día de Recordación de la Masacre de Lod), le gouvernement Portoricain organise une cérémonie à la mémoire des victimes. Elle se déroule au modeste mémorial établi devant le Parlement de Porto Rico, non loin de celui qui commémore la Shoah.
Les trois auteurs (Kōzō Okamoto, Tsuyoshi Okudaira et Yasuyuki Yasuda), qui appartenaient à l’Armée rouge japonaise, avaient été formés au Liban, dans la plaine de la Bekaa. L’attentat a été planifié par Wadi Haddad, chef des opérations extérieures du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), avec la contribution d’Okamoto, le seul survivant de l’opération terroriste. Ce dernier a été emprisonné en Israël pendant 15 ans puis relâché dans le cadre d’un échange de prisonniers avec le FPLP. Le Liban lui a accordé l’asile.
On était cinq ans après la guerre des Six-Jours, Jérusalem-Est, la Cisjordanie, le Golan et Gaza étaient, depuis, occupés par Israël. Le terrorisme propalestinien ensanglantait les aéroports depuis déjà plusieurs années. La Fraction Armée rouge japonaise, active depuis 1970, réalisait à Lod son attentat le plus spectaculaire. Quant au FPLP, il avait déjà à son actif plusieurs détournement d’avion et de nombreuses victimes. Plusieurs de ses membres participeront au massacre des JO de Munich, la même année.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 mai 2025
29 mai : l’Indonésie rend hommage aux personnes âgées
Comme le Japon, l’Indonésie a instauré une Journée nationale des personnes âgées afin de leur exprimer gratitude et respect. Mais il s’agit aussi de sensibiliser le public à leurs problèmes spécifiques.
Comme le Japon, l’Indonésie a instauré une Journée nationale des personnes âgées (Hari Lanjut Usia Nasional) afin de leur exprimer gratitude et respect. Mais il s’agit aussi de sensibiliser le public à leurs problèmes spécifiques. Le vieillissement de la société indonésienne n’est pas aussi avancé que celui du Japon où près de 30% de la population a plus de 65 ans. En 2025, seuls 12% des Indonésiens ont plus plus de 60 ans (âge pivot déterminé par la loi de 1998), mais ils seront 20% en 2045, selon les données de l'Agence centrale des statistiques (BPS). Le slogan de cette année est « Personnes âgées heureuses, Indonésie prospère ».
Cette journée a été instaurée par le président Suharto en 1996. Elle commémore l'ouverture de la première réunion plénière du Comité d'enquête pour les travaux préparatoires à l'indépendance. Le Dr Radjiman Wediodiningrat, alors âgé de 66 ans, présidait ce comité. Cette date a donc été choisie pour souligner la possibilité pour les personnes âgées de participer activement à la vie publique et politique, en tirant parti de leur vaste expérience.
À l’échelle internationale, les personnes âgées ont une journée mondiale, le 1er octobre, adoptée en 1990 par l’ONU.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 mai 2025
28 mai : la Namibie commémore le premier génocide du XXe siècle
En janvier 1904, des Héréros lancèrent une attaque surprise, tuant quelque 150 colons allemands qui leur avaient volé leurs terres et occupé leur pays. Les autorités allemandes ont répliqué avec une telle violence que la Namibie a été le théâtre du premier génocide du XXe siècle. Celui est commémoré ce 28 mai. Génocide et colonialisme sont intimement mêlés, le drame de Gaza en témoigne aujourd’hui.
En 2024, le gouvernement namibien a décidé de commémorer chaque 28 mai, la campagne d'extermination ethnique menée par le gouvernement colonial allemand contre les populations Héréros (ou Ovahereros) et Namas. Ce qui est considéré comme le premier génocide du XXe siècle, s'est déroulé entre 1904 et 1908. Ce 28 mai 2025, est la première commémoration officielle de l’extermination de près de 80 % du peuple Nama et de 50% des Ovahereros, soit quelque 100000 morts. Le pays est aujourd’hui le moins densément peuplé d’Afrique (le 2e dans le monde). Le drame de la Namibie, ce ne sont pas seulement les massacres, mais aussi la répartition des terres faite à cette époque qui a engendré une pauvreté nationale dont le pays a souffert tout au long du XXe siècle.
Après un débat de plusieurs années, l’Allemagne a fini, en 2021 par reconnaître sa « responsabilité morale » dans les massacres, mais elle a évité de présenter des excuses officielles pour éviter se devoir réclamer des indemnisations. Elle s'est toutefois engagée à verser plus d'un milliard d'euros d'aide au développement sur 30 ans, promesse rejetée par la Namibie. Les négociations se poursuivent… Les descendants des victimes demandent notamment à Berlin de racheter les terres encore occupées par des descendants des colons et et de les leur céder.
En 1884, l'Empire allemand a colonisé le territoire de l'actuelle Namibie en la baptisant Deutsch-Südwestafrika (Afrique du Sud-Ouest allemande). Le projet était d’en faire un territoire à prédominance blanche, où les colons posséderaient la majeure partie des terres, tandis que les autochtones vivraient dans des réserves.
Les colons furent encouragés à confisquer terres et bétail aux peuples autochtones, Nama et Héréro principalement, et à les réduire en esclavage. Ceux-ci résistèrent pendant des années à l'occupation européenne. Un jour de janvier 1904, les Héréros lancent une attaque surprise, tuant quelque 150 colons allemands, principalement des fermiers. Des troupes allemandes (Schutztruppen) arrivent en force pour rétablir l'ordre dans la colonie rebelle, une véritable guerre est déclarée. Le 11 août 1904, les Héréros sont finalement écrasés à la bataille décisive de Waterberg. Entre 3 000 et 5 000 combattants héréros périssent au combat, mais l’objectif est de les éliminer pour récupérer la totalité de leurs terres. En octobre 1904, le général Lothar von Trotha, chargé de réprimer la rébellion des Héréros, ordonne leur élimination totale, y compris les femmes et les enfants. À la même époque, les Namas se révoltent eux aussi contre les Allemands et subissent un sort similaire.
Les autorités coloniales établissent cinq camps de concentration : Shark Island, Windhoek, Swakopmund, Karibib et Okahandja. Les prisonniers y sont soumis au travail forcé ; nombre d'entre eux meurent de malnutrition, de faim, d'épuisement, de blessures graves et de maladie. Ils sont également utilisés pour des expériences médicales… Cette politique d’extermination systématique (le terme de génocide n’existait pas encore) des Héréros a créé un précédent qui a inspiré Hitler dans sa politique contre les juifs et autre non-aryens.
La date choisie pour commémorer ce génocide namibien reste contestée par les descendants des rescapés. C’était le jour de 1907 où les autorités allemandes ont ordonné la fermeture des camps de concentration à la suite de critiques internationales concernant les conditions brutales et les taux de mortalité élevés. Car la fermeture des camps de concentration ne mit pas fin aux souffrances des Hereros survivants ; ils furent contraints de travailler comme ouvriers agricoles pour les colons allemands et n'avaient pas le droit de posséder des terres ou du bétail.
Les populations concernées auraient préféré commémorer la date du 12 avril, anniversaire d’un premier massacre commis en 1893 contre des Namas du village de Witbooi, faisant 88 morts (10 hommes et 78 femmes et enfants). En 1904, les Namas comprirent la véritable intention des Schutztruppen allemands, ils s’allièrent aux Ovahereros contre le régime colonial. L'ordre d'extermination contre les Namas sera émis le 22 avril 1905. Celui de l’extermination des Héréros avait été émis par Von Trotha, le 2 octobre 1904, une date qui est commémorée chaque année localement et qui aurait put être celle de la Journée nationale.
Cette toute première cérémonie de la commémoration du génocide (Genocide Remembrance Day) se déroule dans les jardins du parlement de Windhoek, la capitale de la Namibie, avec une minute de silence et une veillée aux chandelles.
Le 28 mai a été déclarée jour férié national en Namibie et des membres de la communauté diplomatique sont attendus à l'événement, où la présidente Netumbo Nandi-Ndaitwah prononcera un discours liminaire. Les commémorations auront ensuite lieu chaque année pour marquer « le début d'un cheminement national vers la guérison », a déclaré le gouvernement. Elles « constituent un moment de réflexion et de deuil national », a-t-elle ajouté. Beaucoup regrettent toutefois le manque de concertation et le peu de présence des chefs traditionnels et de descendants des victimes à cette commémoration. Des appels au boycott ont même été lancés et des cérémonies locales alternatives organisées sur les sites des massacres.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 mai 2025
PS : On peut noter qu’au début de la présence allemande, la colonie était dirigée par un certain Heinrich Göring (le père du futur bras droit de Hitler). Il a quitté son poste avant que ne s’enclenche le génocide, mais il est le premier à avoir réclamé des troupes pour mater des autochtones jugés trop peu dociles.
Mémorial du génocide à Windhoek (2016)
Prisonniers des tribus Héréro et Nama pendant la guerre de 1904