L’Almanach international

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Italie, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier Italie, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier

9 mars : la bénédiction des automobiles

Depuis les années 1930, une bénédiction des voitures est organisée pour la Sainte-Françoise Romaine, patronne des automobilistes, même si celle-ci n’est plus que symbolique en raison des restrictions de circulation dans le centre de Rome.

 

Autrefois, le 9 mars, un curieux embouteillage se produisait via Teatro di Marcello, à Rome, près du Colisée. Mais, aujourd’hui avec les restriction de circulation dans le centre de Rome, seules quelques voitures bénéficiant d'une autorisation spéciale sont bénies de manière symbolique pour rappeler la cérémonie d’antan. Depuis les années 1930, une bénédiction des voitures est organisée le jour de la Saint-Françoise Romaine, devant l’église du même nom où repose les restes de la sainte. En 1925, la Sainte fut déclarée protectrice des automobilistes. Ses restes sont conservés au le Forum Romain, dans la crypte de la Basilique qui lui est dédiée. Elle est considérée comme la protectrice des automobilistes car la légende raconte que tout au long de sa vie, le chemin de la Sainte fut toujours éclairé par un ange. 

Francesca Romana était une femme de la noblesse romaine qui vécu au XIVe siècle et consacra sa vie aux pauvres. Elle a aussi fondé la congrégation des oblates de saint Benoît pour les dames de sa conditions souhaitant s’adonner à la prière et aux bonnes œuvres. Le couvent, situé via del Mare, fait chaque anné « portes ouvertes » pour l’occasion.

Jadis les animaux de trait et leur conducteurs étaient béni le 17 janvier (c’est d’ailleurs toujours le cas), avec l’apparition des véhicules à moteur, ­l’Église se devait de leur trouver un saint protecteur, saint Christophe, patron des voyageurs, arboré par de nombreux automobilistes, n’ayant en réalité jamais existé. 

 En France, des paroisses, notamment celles qui sont consacrées à saint Christophe, organisent des bénédictions d’automobiles, elles ont généralement lieu en été. Aucune n’a le succès de celle qui se déroulerait chaque 9 mars et le dimanche qui suit, dans la capitale italienne.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 mars 2024

 
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1861, Italie, 13 février Bruno Teissier 1861, Italie, 13 février Bruno Teissier

13 février : la mémoire occultée des Italiens du sud

Le 13 février 1861, François II, le dernier roi des Deux-Siciles capitulait devant les troupes du roi de Piémont-Sardaigne, lancé à la conquête de la péninsule pour créer l’Italie. L’histoire officielle et scolaire a glorifié le Risorgimento, occultant totalement ceux qui à l’époque étaient dans le mauvais camp, les Sudistes. Aujourd’hui, les frustrations politiques au sud de l’Italie font resurgir la mémoire.

 

Le 13 février 1861, François II, le dernier roi des Deux-Siciles capitulait devant les troupes du roi de Piémont-Sardaigne, lancé à la conquête de la péninsule pour créer l’Italie. Pour épargner sa capitale, le jeune François de Bourbon avait quitté Naples avec la partie des troupes qui lui était encore fidèle pour se réfugier à Gaète avec son épouse Sophie et une partie de sa cour. Le terrible siège de la forteresse a duré plus de trois mois. Sa capitulation entraînait la disparition de l’État des Deux-Siciles et la création d’un royaume d’Italie, proclamé le 17 mars 1861.

Rejetés par la majeure partie de la population, pour leur autoritarisme et leur conservatisme, les Bourbons de Naples ont été avant tout victimes de leur incapacité à moderniser leur royaume, ce qui explique la facilité avec laquelle Garibaldi a pris leur capitale. Un siècle et demi plus tard, les souvenirs se brouillent et une certaine nostalgie s’est installée. Les Méridionaux ont le sentiment d’avoir été les oubliés de l’unification de l’Italie. L’histoire officielle et scolaire a glorifié le Risorgimento, occultant totalement ceux qui à l’époque étaient dans le mauvais camp, les Sudistes. Aujourd’hui, la forteresse de Gaète est devenue un lieu de mémoire, on s’y réunit chaque année le 13 février, L'événement bénéficie même du patronage de la municipalité de Gaète. Un Mur de la mémoire est en train d’être constitué. Sur chaque brique est gravé le nom d’un village ou d’une ville où se seraient déroulés d’atroces massacres perpétrés par les troupes nordistes.

Régulièrement, des militants du Mouvement néobourbonien tentent de faire adopter une Journée de la mémoire des Méridionaux morts lors de l’Unification italienne (Giornata dellaMemoria per le vittime meridionali dell'unità d'Italia). Le texte a été présenté aux Conseils des régions du Sud – les Abruzzes, la Basilicate, la Campanie, les Pouilles et la Sicile – au Conseil municipal de Naples, à la Chambre et au Sénat de la République, avec à chaque fois, le 13 février comme date préconisée pour cette célébration officielle. Récemment, le mouvement méridionaliste a été largement récupéré par le mouvement 5 Étoiles (Movimento 5 Stelle ou M5S), dont, il faut le noter, la carte électorale depuis 2018 coïncide presque exactement avec le territoire de l’ancien royaume des Deux-Siciles.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 février 2024

 

La reine Marie, l'héroïne de Gaète, 1863 (Königlich Bayrischer Privatbesitz)

Le comportement héroïque de la jeune reine Marie-Sophie, la sœur de Sissi, pendant le siège de Gaète, est resté dans les mémoires.

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1797, Italie, drapeau, 7 janvier Bruno Teissier 1797, Italie, drapeau, 7 janvier Bruno Teissier

7 janvier : l’Italie fête son drapeau tricolore

L’évènement est récent, la Fête du Tricolore a été célébrée pour la première fois en 1997 à Reggio Emilia à l’occasion du bicentenaire de son adoption. C’est en effet, le 7 janvier 1797 que la très éphémère république Cispadane, puis du futur royaume d’Italie.

 

L’évènement est récent, la Fête du Tricolore (Festa del Tricolore) a été célébrée pour la première fois en 1997 sous le nom de Jour du drapeau national (Giornata Nazionale della Bandiera) à Reggio Emilia à l’occasion du bicentenaire de son adoption. C’est en effet, le 7 janvier 1797 que la très éphémère république Cispadane, créée par Napoléon lors de sa conquête de la péninsule, a adopté le drapeau qui sera plus tard celui de l’Italie. Ce n’était pas sa toute première apparition, puis que ce drapeau calqué sur celui de la France révolutionnaire a été arboré dès 1789 par des soutiens italiens de ce qui se passait alors en France.

Le drapeau tricolore fut montré pour la première fois à l'étranger, en 1797, à Vienne par le représentant de la République cispadane, le comte Ferdinando Marescalchi, après le traité de Campo Formio. Considéré comme un symbole révolutionnaire, il fut critiqué et a même suscité des menaces d'attentats contre la résidence du diplomate. Il aurait pu disparaître avec la fin de la petite république, le 29 juillet 1797, si Carlo Alberto, roi de Sardaigne, n’avait compris que ce drapeau tricolore, avec les armoiries de Savoie, était le meilleur symbole de l’unité nationale pour lutter contre l’Autriche et faire naître l’Italie. C’est donc sous cette bannière que s’est fait le Risorgimento.

Le drapeau actuel, dépouillé de toutes armoiries a été adopté par la république en juin 1946, il sera confirmée plus tard dans l'article 12 de la Constitution sans que sa couleur précise ne soit notée. Ce n’est qu’en 2006 qu’une commission parlementaire finit par établir le codage des couleurs avec les codes Pantone suivants : vert fougère (17-6153 TCX), blanc brillant (11-0601 TCX) et rouge écarlate (18-1662 TCX).

À Reggio Emilia, sur la place Pramolini, la cérémonie débute à 10h., en en présence du maire, Luca Vecchi, ainsi que des autorités civiles et militaires. Les honneurs militaires sont rendus aux autorités, avant la levée du drapeau et le chant de l'hymne national. Après le discours du maire (à 10h45), le soir un concert est donné dans la Salle du Tricolore, attenante du Musée du Tricolore.

Ce dimanche 7 janvier 2024, pour la Fête du Tricolore , la relève de la garde d'honneur sous forme "solennelle" se déroule à partir de 15h sur la Piazza del Quirinale, avec le déploiement et le défilé du Régiment de Cuirassiers et la Fanfare du IV Carabinieri.

Ce même jour, les associations de Combat et d'Armes de la Ville de Vittorio Veneto, à l'occasion de son 227e anniversaire, célèbrent elles aussi la Fête Tricolore. La cérémonie se déroule ce dimanche, à 11 heures au sanctuaire des Drapeaux, sur la Piazza Foro Boario. La levée solennelle du drapeau est suivie d'un discours à cette occasion.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 janvier 2024

 

Le Président de la République Sergio Mattarella lors de son entrée dans la Sala del Tricolore à l'occasion du 220e anniversaire de la naissance du Premier Tricolore, en 2017. (source : quirinale.it)

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Italie, Superstitions Bruno Teissier Italie, Superstitions Bruno Teissier

17 novembre : un vendredi porte-malheur en Italie

En Italie, le vendredi 17 a la réputation d’être un jour maléfique. Et, c’est bien pire quand, comme cette année, il tombe en novembre !

 

En Italie, le vendredi 17 a la réputation d’être un jour maléfique. Et, c’est bien pire quand, il tombe en novembre !

Déjà le vendredi, jour présumé de la mort de Jésus, n’est pas une date très favorable. Quant au nombre 17, il a si mauvaise réputation que dans les avions Alitalia, il n’y avait pas de rangée 17. En Italie, certains immeubles n'ont pas de 17e étage, des hôtels n'ont pas de chambre 17. Jadis, lorsque Renault avait commercialisé sa R17, pour l'exporter en Italie, il avait fallu la rebaptiser "Renault 177”… Cette superstition est typiquement italienne, en particulier napolitaine. Le vendredi 17 des Italiens est l’équivalent du vendredi 13 dans le monde anglo-saxon ou du mardi 13 des Espagnols et des Grecs.

Déjà dans la Grèce antique, les pythagoriciens méprisaient le nombre 17 car il était placé entre le 16 et le 18, deux nombres considérés comme la pure représentation des quadrilatères 4 × 4 et 3 × 6. Au Moyen Âge, on lui reprochait autre chose. En chiffres romains XVII, il était souvent confondu avec VIXI,  (« j”ai vécu » , autrement dit, « je suis mort » en latin) qui était écrit sur les pierres tombales. Un chiffre de malheur donc. On raconte aussi que le Déluge aurait commencé le 17 du deuxième mois (Genèse, 7-11).

Le pire des jours serait le vendredi 17 novembre, puisque novembre est le mois des morts. De quoi développer une poussée d’heptacaidecaphobie (la phobie du 17). Rassurons-nous, cela ne tombe pas si souvent, après ce 17 novembre 2023, le prochain est prévu en 2028, puis en 2034, 2045, 2051, 2056, 2062, 2073, 2079, 2084, 2090…

Dans la smorfia (la Grimace napolitaine), un jeu né à Naples où la population démunie vit dans l'espoir de gagner au loto, le nombre 17 est, bien sûr, particulièrement maléfique.

Dans la Kabbale hébraïque, toutefois, le 17 est un nombre propice, puisqu'il est le résultat de la somme de la valeur numérique des lettres têt (9) + waw (6) + bêth (2), qui lues dans cet ordre donnent le mot tôv "bien, bien". Pour la tradition mystique du judaïsme, 17 est en effet un nombre qui parle d'harmonie, d'équilibre et de réalisation spirituelle. Par ailleurs, le Talmud évoque les dix-sept bénédictions de la loi juive. Les Dix Commandements de Dieu ont été donnés en 17 versets. Dans le christianisme, le nombre 17 est aussi considéré comme un symbole de protection permettant de surmonter les obstacles ou difficultés. Dans l'islam les prières quotidiennes sont composées de dix-sept gestes liturgiques et dix-sept mots composent l'appel à la prière… Quand religions s’en mêlent, chaque symbole peut être retourné. Tout cela n’est que croyance ou superstition, ce qui d’ailleurs est à peu près la même chose.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 novembre 2023

 

Young Frankenstein, Marty Feldman

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1953, Italie, 5 novembre Bruno Teissier 1953, Italie, 5 novembre Bruno Teissier

5 novembre :  les derniers martyrs du Risorgimento

Il y a 70 ans, les 5 et 6 novembre 1953, six personnes décédaient à Trieste sous les balles de l’armée britannique lors de manifestations en faveur du rattachement de cette ville à l’Italie. La mémoire des « Ragazzi del 53 » (les garçons de 1953) est célébrée à chaque anniversaire comme celle des derniers martyrs de l’unité italienne.

 

Il y a 70 ans, les 5 et 6 novembre 1953, six personnes décédaient à Trieste sous les balles de l’armée britannique lors de manifestations en faveur du rattachement de cette ville à l’Italie.

À l’issue de la Seconde guerre mondiale, l’Italie qui s’était alliée à l’Allemagne nazie s’est vue amputée de plusieurs territoires en faveur de la Yougoslavie, pays dont les partisans avaient lutté contre le nazisme. Le sort d’une région restait en discussion. Le Traité de Paris, en 1947, avait créé un Territoire libre de Trieste (FTL), un territoire indépendant sous l’égide de l’ONU, destiné à faire tampon entre l’Italie, encore faible et isolée, et la Yougoslavie, dirigée par Tito prêt à envahir l’ensemble du territoire en balance. Jusqu’en 1918, Trieste a été une grande cité cosmopolite austro-hongroise dont la population est principalement italienne et slave. Les deux États voisins étaient en mesure de revendiquer ce port qui fut le débouché maritime de l’Autriche. Ce sont les troupes Tito qui ont chassé l’armée allemande de la ville en 1945. Les Triestin ont un mauvais souvenir de ces combats de rue et des quarantes jours d’occupation yougoslave sous forme de revanche à deux décennies de pouvoir fasciste italien qui persécuta les Slaves.

Le 3 novembre 1953, à Trieste, à l'occasion de l'anniversaire de l'annexion de la ville au Royaume d'Italie en 1918, le maire Gianni Bartoli a contrevenu à l'interdiction d’arborer le drapeau tricolore italien sur l'hôtel de ville. Des officiers anglais, au nom de l’ONU, sont immédiatement intervenus pour l'enlever et le réquisitionner. Le lendemain, des manifestations improvisées ont revendiqué le caractère italien de la ville. Elles ont été aussitôt violemment réprimées par la police municipale, dirigée par les Anglais. Le 5 novembre, les étudiants proclament la grève générale et manifestent. Une voiture de police reçoit des jets de pierres, la situation dégénère dans l’église San Antonio. Un officier anglais ouvre le feu et la police suit son exemple : Piero Addobbati et Antonio Zavadil meurent, tandis que des dizaines d'autres garçons sont blessés. Les traces de balles resteront visibles sur deux côtés de l'église jusqu'à sa rénovation en 2012.

Le 6 novembre, la ville est traversée par une foule immense, déterminée à s'attaquer à tous les symboles de l'occupation anglaise : des voitures et des motos de police sont incendiées, ainsi que le siège du « Front pour l'indépendance du territoire libre de Trieste ». Les manifestants arrivent surla place de l’Unité italienne et tentent d'attaquer le bâtiment de la Préfecture, siège de la police civile : les policiers réagissent en tirant à nouveau sur la foule, blessant des dizaines de personnes et tuant Francesco Paglia, Leonardo Manzi, Saverio Montano et Erminio Bassa. 

Ces événements vont obliger la diplomatie à trouver une solution : onze mois plus tard, en 1954, le mémorandum de Londres Territoire libre de Trieste est divisé entre une zone A (qui comprend Trieste), attribuée à l'administration civile italienne, et la zone B, attribuée à l'administration civile yougoslave. Trieste revenant à l’Italie (le 26 octobre 1954), cet épisode est perçu comme le dernier d’un Risorgimento qui a occupé l’Italie pendant plus d’un siècle. La mémoire des « Ragazzi del 53 » (les garçons de 1953) est célébrée à chaque anniversaire comme celle des derniers martyrs de l’unité italienne. L’épisode est d’autant plus douloureux que l’Italie a perdu en 1945 des territoires acquis dans les années 1920. La zone B est aujourd’hui partagée entre la Slovénie et la Croatie. Cette dernière a également hérité d’autres portions italiennes du littoral adriatique (Rijeka, Zadar…).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 novembre 2023

 

extrait de La Tribuna illustrada, 15 novembre 1953

Affrontements entre pro-italiens et indépendantistes devant le siège du Mouvement autonome julien (MAG), le 5 novembre 1953.

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1918, Italie, 4 novembre, Première Guerre mondiale Bruno Teissier 1918, Italie, 4 novembre, Première Guerre mondiale Bruno Teissier

4 novembre : l’Italie célèbre son armée et son soldat inconnu

Le 4-Novembre commémore la victoire de l'Italie sur l'Autriche-Hongrie en 1918. C’est l’équivalent du 11-Novembre en France et en Belgique, sauf que cette journée de célébration n’est plus un jour chômé depuis 1976. Aujourd’hui, c’est plus une célébration de l’armée qu’une journée à la mémoire des morts au combat.

 

Le 4-Novembre commémore la victoire de l'Italie (en tant que membre des Alliés) sur l'Autriche-Hongrie en 1918 à l’issue de la Première Guerre mondiale. C’ette journée de mémoire est l’équivalent du 11-Novembre en France et en Belgique. Sauf qu’en Italie, cette journée de célébration n’est plus un jour chômé depuis 1976.

Sur le front italien, l’armistice entre l’Empire austro-hongrois et l’Italie a été signé le 3 novembre 1918 dans la villa Giusti, propriété du comte Welter Giusti del Giardino, à Padoue. Il est entré en vigueur le 4 novembre. Trois ans plus tard, pour honorer les sacrifices des soldats tombés pour la défense de la Patrie, on a procédé le 4 novembre 1921 à l'enterrement du « Soldat inconnu » au Sacellum de l'Altare della Patria (l’autel de la Patrie) à Rome. En 1922, par le décret royal, le 4 novembre, l’Anniversaire de la victoire, a été déclaré fête nationale.

Suspendu en 1943, le 4-Novembre a été réactivé en 1949, sous l’appellation de Journée de l’unité nationale et des forces armées (Giornata dell’Unità Nazionale e delle Forze Armate). L’unité nationale fait référence au territoire du Tyrol méridional récupéré à la faveur de la défaite de l’Autriche-Hongrie à laquelle l’Italie avait déclaré la guerre le 23 mai 1915. Mais en 1976, le 4-Novembre a été retiré de la liste des jours fériés pour n’être qu’un jour de commémoration officielle.

Aujourd’hui, la Journée des forces armées, telle qu’on l’appelle aujourd’hui, est toujours marquée par divers événements commémoratifs, comme une cérémonie solennelle de dépôt de couronnes par le président de la République à l'Altare della Patria, situé dans un monument de Rome  appelé le Vittoriano qui abrite la tombe du Soldat inconnu avec une flamme éternelle. La plupart des villes et villages organisent une cérémonie au monument aux morts, comme cela se fait en France pour le 11-Novembre. Aujourd’hui les drapeaux italien et européen flottent sur tous les bâtiments publics. Une nouveauté cette année 2023, le ministère de la Culture a instauré l'ouverture gratuite des musées nationaux et des parcs archéologiques dans tout le pays.

Chaque année, une cérémonie plus médiatisée que les autres, assortie d’un défilé militaire et d’une démonstration aérienne, se déroule dans une ville italienne. L’an dernier c’était à Bari. Cette année, c’est à Cagliari , en Sardaigne, en présence du président de la République, Sergio Mattarella et du ministre de la Défense, Guido Crosetto. L'équipe nationale de voltige aérienne se produira également à Cagliari avec les Frecce Tricolori qui s'élanceront à nouveau dans le ciel sarde après la représentation du 20 août dernier à Poetto. Un survol de la ville qui est couplé, le même jour, à celui de Rome au-dessus de l'Altare della Patria.

« Nous défendons la paix chaque jour » telle est la devise de l’armée italienne pour ce 4-Novembre, finalement très discret, mais qui est l’occasion de fêtes dans toutes les casernes de la péninsule.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 novembre 2023

 

Sergio Mattarella, président de la République italienne, devant l’autel de la patrie, le 4 novembre 2022

Les Frecce Tricolori au dessus du Vittoriano

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1946, Italie, 2 juin Bruno Teissier 1946, Italie, 2 juin Bruno Teissier

2 juin : la fête nationale de l'Italie

La date de la Festa della Repubblica italiana correspond à l’abandon de la monarchie, compromise dans le fascisme, pour un système républicain. C’est le 77e anniversaire du référendum du 2 juin 1946 qui a opéré une mutation politique qui n’est plus remise en cause aujourd’hui.

 

La date correspond à l’abandon de la monarchie, compromise dans le fascisme, pour un système républicain. Le référendum des 2 et 3 juin 1946 avait divisé l’Italie, le Sud étant resté fidèle à la monarchie, alors que le nord optait franchement pour la république. Mais la famille de Savoie, exilée jusqu’en 2003, n’a plus aujourd’hui que très peu de partisans, la république est acceptée de tous, même si tous voudraient la réformer. La première ministre Giorgia Meloni avait autrefois dit son admiration pour Mussolini, elle ne s’est jamais exprimée de la sorte sur la monarchie.

La journée de la Festa della Repubblica italiana est marquée par le dépôt d’une couronne de laurier, par le président Sergio Mattarella, sur la tombe du soldat inconnu, à l'Altare della Patria situé sur la Piazza Venezia. Puis, c’est le traditionnel défilé via dei Fori Imperiali, à Rome. Des milliers de personnalités des forces de police de la République, de la Croix-Rouge, de l'armée italienne, de la marine, de l'armée de l'air, des carabiniers , la Guardia di Finanza, le corps de police pénitentiaire, la brigade nationale des pompiers et le corps forestier de l'État, y participent. Une fête a lieu au Quirinale le palais du président de la République, pendant que la patrouille nationale d'acrobatie effectue une série de vols sur l'ensemble du territoire national, peignant le ciel avec les couleurs du drapeau.

Le parcours de la Frecce Tricolore a commencé le 18 mai avec le survol de Trente, Codogno, Milan, Turin, Aoste. Et cela a continué les jours suivants, touchant toutes les régions, les unissant dans une étreinte symbolique, en signe d'union et de solidarité. Le dernier vol, comme d'habitude, a lieu ce 2 juin 2020 au-dessus du ciel de Rome : quelques passages seront effectués lors de la cérémonie de dépôt de la couronne de laurier à l'Altare della Patria.

Pour ceux qui n’assistent pas aux cérémonies, les musées sont gratuits aujourd’hui, selon la tradition.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Italie, 21 avril Bruno Teissier Italie, 21 avril Bruno Teissier

21 avril : c'est l'anniversaire de Rome !

Rome fête son 2776e anniversaire. Pour l’occasion, les musées sont gratuits et la journée se termine par un feu d’artifice tiré depuis le Tibre. C’est le 21 avril 753 avant J.C. que Rome aurait été fondée de la main de Romulus. C’est du moins ce que l’on raconte…

 

Rome fête son 2776e anniversaire. Pour l’occasion, les musées sont gratuits et la journée se termine par un feu d’artifice tiré depuis le Tibre. On raconte, en effet, que c’est le 21 avril 753 avant J.C. que Rome aurait été fondée de la main de Romulus. C’est tout au moins la date qui a été déterminée grâce à la légende du savant Varrone et aux calculs astrologiques de Lucio Taruzio. À 16h, on peut assister à la reconstitution du Tracciato del Solco (le tracé du sillon sacré par Romulus, geste qui sera à l’origine de la création de la ville de Rome sur le Palatin) au Circo Massimo.

L’anniversaire de Rome était déjà célébré le 21 avril à l’époque de la Rome impériale et donnait lieu à de grandes festivités. La date a été ensuite oubliée pendant des siècles. Elle a resurgi sous le fascisme qui a fait du 21 avril une fête nationale appelée "Natale di Roma”. Ce décret fut annulé en 1945.

L’anniversaire de la Ville éternelle est à nouveau célébré depuis les années 1990, mais avec une arrière-pensée touristique évidente. Le moment fort est le défilé historique, avec des centaines de figurants en costume d’époque romaine, qui démarre à 11h au Circo Massimo, puis emprunte la Via del Teatro di Marcello, pour arriver Piazza Venezia entre 12h et 13h, avant de retourner Circo massimo, via le Colisée. Cette année, le 21 avril tombant un vendredi, la fête se prolongera pendant tout le week-end, avec un spectacle de son et lumière tard dans la soirée.

S’il est un monument à ne pas manquer ce jour-là, c’est le Panthéon : une fois par an, le 21 avril, jour où l'on célèbre Dies Natalis Romae, à midi, un phénomène particulier se répète : un rayon de lumière s'élargit vers la porte d'entrée faisant face au nord en la rendant complètement dégagée. L'effet avait été conçu pour illuminer l'entrée triomphale de l'empereur au Panthéon .

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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L’intérieur du Panthéon, un 21 avril, à midi

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1896, Éthiopie, Italie, 2 mars, Bataille célèbre Bruno Teissier 1896, Éthiopie, Italie, 2 mars, Bataille célèbre Bruno Teissier

2 mars : la victoire d’Adoua, la gloire des Africains

Le jour est férié en Éthiopie, cette fête nationale rappelle une victoire qui date de 1896. Et quelle victoire ! La première d’une nation africaine face à l’armée d’un État européen, l’Italie. Malheureusement, la célébration se déroule dans le contexte d’une guerre civile très meurtrière qui ruine l’image du pays.

 

Le jour est férié en Éthiopie, cette fête nationale rappelle une victoire qui date de 1896. Et quelle victoire ! La première d’une nation africaine face à l’armée d’un État européen, l’Italie. En pleine conquête coloniale de l’Afrique, l’évènement a eu à l’époque un vif retentissement, il mettait à mal la supériorité de l’homme blanc face à ceux que l’on désignait comme Nègres. Cette bataille d’Adoua (Adowa ou Adwa) a donné un grand prestige à l’Éthiopie (à l’époque on disait l’Abyssi­nie) et à son empereur, le négus Ménélik II. Les premiers apôtres américains du panafricanisme ont commencé à ériger ce pays en symbole ; plus tard Haïlé Sélassié, petit-fils et successeur du négus, sera leur héros. Mais aujourd’hui, pour ce Jour de la victoire d’Adoua (የዐድዋ ድል ቀን), c’est place Ménélik à Addis-Abéba que se déroule une cérémonie au pied de la statue équestre du négus victorieux à Adoua.

La bataille se déroula le 1er mars 1896, mais c’est le 2 mars 1896 au matin que le général Baratieri, à la tête des troupes italiennes, informa par télégramme le gouvernement italien de la défaite, d’où cette date retenue comme jour de fête nationale de l’Éthiopie, jour férié et chômé.

Dans la capitale Addis-Abeba, des centaines de milliers d'habitants célèbrent l’événement devant la statue de l’empereur Menelik II près de l'église Saint-Ghiorghis au cœur de la ville. d’ordinaire, cet anniversaire de la victoire est également célébré à Adwa (Adoua), dans le nord de l’Éthiopie, où la bataille s’est déroulée. Mais, cette ville se situe dans la province du Tigré. Cette région du nord est en proie à la violence entre l’ancien pouvoir du TPLF d’un côté, l’armée fédérale, des soldats érythréens et des miliciens amharas de l’autre. Le conflit a fait des centaines de milliers de morts et entraîné également des dégâts considérables (sans doute plus qu’en Ukraine). Les guerres civiles qui se déroulent depuis novembre 2020 dans le nord du pays et plus récemment dans d’autres régions, sont à l’origine d’une catastrophe humanitaire qui ternit l’image du pays et de son jeune premier ministre Abiy Ahmed sur lequel beaucoup d’espoir s’était porté.

La violence devenue endémique affecte amplement l’ambiance du 127e anniversaire de la célèbre bataille. D’autant que la célébration elle-même est rattrapée par les conflits inter-ethniques. L’an dernier, en 2022, le gouvernement avait eu l’intention de célébrer la bataille sur le pont qui porte son nom et non plus au pied de la statue de Menelik, le vainqueur des Italiens. Les réseaux sociaux se sont déchaînés. On y a vu l’influence des Oromos sur le 1er ministre (lui-même oromo) et l’objectif d’effacer la figure du négus Menelik, un Amhara.

Quatre décennies après la bataille d’Adoua, les Italiens prendront leur revanche en occupant l’Éthiopie (bataille de Maychew, 31 mars 1936), que personne ne défendra, mais pour cinq années seulement, jusqu’en 1941. D’où le prestige de l’Éthiopie auprès des Africains et de la diaspora dans le monde entier, pour avoir chassé par deux fois les Italiens.

La célébration est marquée par des défilés dans de nombreuses villes et des manifestations culturelles partout où les gens se sont rassemblés. Des performances artistiques et dramatiques sont également présentées, telles que kererto, shilela et fukera. Toutes les écoles, banques, bureaux de poste et bureaux gouvernementaux sont fermés, à l'exception des établissements de santé. Certains services de taxi et de transport en commun choisissent de ne pas fonctionner ce jour-là, et les magasins sont normalement ouverts mais la plupart ferment plus tôt que d'habitude.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er mars 2023

 
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1945, Italie, 25 avril, libération Bruno Teissier 1945, Italie, 25 avril, libération Bruno Teissier

25 avril : les Italiens fêtent l'anniversaire de la libération

Le 25 avril 1945, la résistance lançait une offensive générale qui permit de libérer Milan et Turin, de l’occupant nazi et du contrôle de ses alliés fascistes, alors que les forces alliées avançaient dans la plaine du Pô. N’empêche que la commémoration fait chaque année l’objet d’attaques de la part de la droite et de l’extrême droite… Qu’en sera-t-il aujourd’hui sous le gouvernement de Giorgia Meloni, laquelle s’est longtemps affichée comme nostalgique de l’Italie de Mussolini ?

 

Chaque année, la commémoration du 25 avril est sujette à débat. Depuis quelques années, elle fait l’objet d’attaques de la part de la droite et de l’extrême droite qui y voient un clivage inutile. Aujourd’hui, c’est la Festa Della Liberazione, le jour est férié. D’ordinaire, à Milan, a lieu un grand défilé allant de la Porta Venezia à  la piazza Duomo. Toutes les villes du nord de l’Italie font chaque année de même.

Le 25 avril 1945, la résistance lançait une offensive générale qui permit de libérer Milan et Turin, de l’occupant nazi et du contrôle de ses alliés fascistes, alors que les forces alliées avançaient dans la plaine du Pô. L’Italie était réunifiée. Depuis la chute du régime de Mussolini, le 25 juillet 1943, l’Italie était coupée en deux : un régime sous tutelle anglo-américaine au Sud ; une république fantoche repliée sur la localité de Salò et dirigée par les fascistes les plus radicaux  rassemblés autour du Duce, mais sous la tutelle de l’Allemagne nazie qui avait envahi le nord de l’Italie. Le 25 avril est fêté comme une libération à la fois du fascisme et du nazisme par toute l’Italie. 

À Rome le Président vient déposer une gerbe sur le monument du soldat inconnu. Mais certains voudraient effacer ce souvenir qui à leurs yeux valorise trop le combat de la gauche contre le fascisme, pour le remplacer par une commémoration du 18 avril 1948, premier scrutin démocratique de l’Italie (et surtout la victoire électorale de la Démocratie chrétienne face à la gauche).

On célèbre aussi le 25 avril avec des drapeaux et des chansons partisanes en commençant par Bella Ciao. Pour participer à la fête virtuelle, suivez le hashtag #iorestolibera #iorestolibero

Cette année, la situation est un peu particulière car le gouvernement italien est, depuis 22 octobre 2022, dirigé par Gorgia Meloni. Laquelle s’est longtemps affichée comme une nostalgique de l’Italie de Mussolini. Les néofascistes tentent de profiter de la situation pour saboter la fête du 25 avril. Chaque année, à l’approche du 25 avril, des symboles fascistes et même des croix gammées prolifèrent sur les murs de certaines villes (Gênes, Ferrare, Rome, Gallarate, Genzano…). Qu’en sera-t-il sous le gouvernement Meloni ?

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1600, Italie, Vatican, Catholiques, 17 février Bruno Teissier 1600, Italie, Vatican, Catholiques, 17 février Bruno Teissier

17 février : Giordano Bruno, le philosophe brûlé par l’Église et qui n’a jamais été réhabilité

Chaque 17 février, une foule se rassemble sur une petite place du centre historique de Rome, le Campo de 'Fiori pour rendre hommage à un philosophe napolitain, Giordano Bruno, qui a été brûlé vif pour hérésie, à cet endroit, le 17 février 1600 sur ordre de la Sainte Inquisition.

 

Chaque 17 février, une foule se rassemble sur une petite place du centre historique de Rome, le Campo de 'Fiori à deux pas du palais Farnèse. Chacun vient pour déposer des couronnes, des poèmes et des bougies au pied de la statue d’un homme de bronze sous son capuchon de moine. L'homme que l’on honore est le philosophe napolitain Giordano Bruno. Il a été brûlé vif pour hérésie, à cet endroit, le 17 février 1600 sur ordre de la Sainte Inquisition. Le tribunal de l’Église lui reprochait ses livres dans lesquels il prônait la cosmologie héliocentrique de Copernic et affirmait que l'univers était infini et contenait plusieurs autres mondes. Seize ans plus tard, la même accusation sera portée contre Galilée, mais ce dernier se rétractera pour avoir la vie sauve. Bruno, lui, ira jusqu’au bout de ses convictions.

Le Vatican a fini par gracier Galilée, en 1992. Giordanno Bruno ne le sera pas en dépit de demandes répétées à l’approche du 400e anniversaire de son supplice. C’est le 4 février 2000, que le cardinal Poupard communique finalement la réponse du Vatican : certes, le Vatican regrette la violence employée pour faire taire le philosophe mais celui-ci ne peut en aucun cas être réhabilité, comme le furent Galilée ou Jean Hus. Selon le Vatican, les études menées sur la pensée de Giordano Bruno « ont mis en évidence qu'elle était substantiellement étrangère au message chrétien ». Au XXIe siècle, le philosophe brûlé par l’Église, il y a 423 ans, demeure dangereux pour sa trop grande liberté de pensée.

« (…) ce n'est pas hors de nous qu'il faut chercher la divinité, puisqu'elle est à nos côtés, ou plutôt en notre for intérieur, plus intimement en nous que nous ne sommes en nous-mêmes. » (Giordano Bruno,  Le Banquet des cendres).

Giordano Bruno avait parcouru l’Europe pour répandre ses idées. Tous les deux ans, il a dû  changer de pays pour éviter l’arrestation. Quitte à mourir pour ses idées, il a préféré que cela se passe à Rome, au cœur même du pouvoir de l’Église. 

Au milieu du XIXe siècle, Giordano Bruno est devenu une sorte de héros pour les anticléricaux, tout particulièrement en Italie, dans le contexte de l'unification de la péninsule à laquelle les États de l'Église faisaient obstacle. En 1889, une statue a été érigée Campo dei Fiori, à l’endroit même de son bûché, à deux pas du Vatican. On doit la statue au sculpteur Ettore Ferrari, un franc-maçon notoire et militant laïque qui, à la fin de sa vie, sera violemment attaqué par les sbires de Mussolini.

Le philosophe, un peu oublié aujourd’hui, a eu une grande notoriété, également en France à la fin du XIXe siècle, au moment où une partie des Français cherchaient à échapper à la tutelle morale de la religion. C’est en hommage au penseur italien, qu’ Augustine Fouillée-Tuilerie, l'auteure du Tour de France par deux enfants, célèbre manuel de lecture des écoles laïques de la IIIe République, avait signé cet ouvrage paru en 1877 du pseudonyme « G. Bruno ».


Maiori forsan cum peur sententiam in me fertis quam ego accipiam": "Peut-être tremblez-vous plus en prononçant cette phrase contre moi que moi en l'écoutant". Ce sont les derniers mots de Giordano Bruno, après avoir entendu la sentence de la Sainte Inquisition.

Chaque année, le 17. février à 17h, un hommage lui est rendu sur le Campo de 'Fiori, à Rome.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Le Campo dei Fiori, le 17 février

Le Campo dei Fiori, le 17 février

Le Campo dei Fiori, jour de marché

Le Campo dei Fiori, jour de marché

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1947, Italie, 10 février, massacre Bruno Teissier 1947, Italie, 10 février, massacre Bruno Teissier

10 février : la Journée du souvenir du massacre des italiens d’Istrie

La Giornata del ricordo, instaurée en 2004, invite à se souvenir des victimes italiennes des massacres opérés par les forces yougoslaves entre septembre 1943 et mai 1945. La plupart ont été jetées dans les foibe, ces cavités naturelles du littoral adriatique, parfois encore vivantes…

 

La Giornata del ricordo (le Jour du souvenir) instaurée en 2004, invite à se souvenir des victimes italiennes des massacres opérés en Istrie et alentours par les forces yougoslaves entre septembre 1943 et mai 1945. La plupart ont été jetés dans les foibe, ces cavités naturelles du littoral adriatique, parfois encore vivantes. Ainsi ont péri quelque 1500 à 2000 personnes, selon les historiens ; 10 000, selon les organisations de rapatriés italiens. Ces opérations de nettoyage ethnique n’ont vraiment cessé qu’au début de 1947. La date du 10 février est celle du traité de paix signé à Paris entre la Yougoslavie et l’Italie, en 1947. Le souvenir est très vif en Italie, où de nombreuses associations cultivent cette mémoire. On oublie souvent que des atrocités ont été commises par les deux camps, notamment par les troupes italiennes qui pratiquèrent parfois une stratégie de la «terre brûlée» inspirée des méthodes allemandes. 

Les territoires concernés : l’arrière-pays de Trieste, l’Istrie, Rijeka (Fiume), Zadar (Zara)… ont été acquis par le royaume d’Italie en 1918. 42% des habitants (celle des villes principalement) étaient italiens, 58% étaient slaves (Slovènes et Croates). La région a subi pendant deux décennies une politique d’italianisation à outrance et de racisme à l’égard des Slaves ce qui explique la violence des réactions dans les années qui ont suivi la chute du régime fasciste. Avec l’arrivée au pouvoir des communistes yougoslaves, le processus s’est inversé, les villes ont été slavisées et la population italienne, très pro-fascistes dans les années 1930 et 1940, a été massivement chassée vers la péninsule italienne.

Aujourd’hui, ces régions sont situées en Slovénie et en Croatie, les Italiens n’y représentent plus qu’une petite minorité. Les Italiens réclament des indemnités, Slovènes et Croates leur répondent en chiffrant les victimes yougoslaves du fascisme italien à plusieurs dizaines de milliers. Cette guerre des mémoires profite aux extrêmes droites des différents pays, lesquelles sont très influentes dans les deux pays. Les partis de gauche s’étaient exprimés contre l’instauration d’une telle commémoration en raison de son caractère revanchiste et profasciste.

Peu de temps après l'instauration du Jour du Souvenir en Italie, la Slovénie a décidé de créer un Jour du retour du Littoral à la patrie (Dan vrnitve Primorske k matični domovini), marqué chaque année, le 15 septembre, date d'entrée en vigueur du traité de paix avec l'Italie.

Depuis 2014, on organise, le dimanche plus proche du 10 février, une course à pied de 10 km à Rome dans le quartier de Giuliano Dalmata, appelée la Corsa del Remembrance. En Trieste, la même course est organisée depuis 2017.

La  Foiba di Basovizza à Trieste est le lieu de mémoire le plus important d'Italie concernant cette commémoration. Chaque année, une cérémonie participative et solennelle s’y déroule à partir de 10h30.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Catholiques, Italie, Espagne, Mexique, animaux Bruno Teissier Catholiques, Italie, Espagne, Mexique, animaux Bruno Teissier

17 janvier : les animaux s'invitent à l'église pour la Saint-Antoine

Animaux de la ferme, chiens, chats, oiseaux… c’est un peu l’arche de Noé qui se presse ce matin sur le parvis de l’église Sant’ Eusebio de Rome pour y être bénie chaque 17 janvier. Un peu partout dans le monde catholique, on bénit les animaux le jour de la Saint-Antoine.

 

Animaux de la ferme, chiens, chats, oiseaux, poissons rouges… c’est un peu l’arche de Noé qui se presse ce matin sur le parvis de l’église Sant’ Eusebio de Rome pour y être bénie chaque 17 janvier. En ce jour de la Saint-Antoine, les chevaux des carabiniers ainsi que les chiens de la Protection civile assistent aussi à la cérémonie qui se termine par une procession. C’est une tradition qui perdure depuis 1437, ce mardi les bénédictions ont lieu à 9h30 et 11h30 ; à 18h30, puis, ce sera la messe de Sant'Antonio Abate.

Depuis quelques années, le Vatican organise une cérémonie concurrente  une bénédiction des animaux sur la place Pie XII, après un défilé Via della Conciliazione organisé par l’Association italienne des éleveurs qui en profite pour faire connaitre ses produits.

La bénédiction de San Antón aux animaux, le 17 janvier, est très populaire en Espagne et surtout à Madrid où elle est célébrée dans l'église de San Antón, rue de Hortaleza. On s’y presse dès 9 heures le matin, accompagné de son animal. Toujours à Madrid, à cinq heures de l'après-midi, a lieu la Vueltas de San Antón, une procession qui parcourt les rues environnantes. Beaucoup d'enfants viennent avec des chiens, des chats ou des cochons d'Inde dans leurs cages. Il n'est pas rare de voir même des iguanes ou des serpents. L'une des images les plus impressionnantes est peut-être celle des faucons de la Garde civile qui, perchés sur un bâton, à l'arrière de la camionnette ouverte et les yeux découverts, regardent le panorama. Dans le cortège participe un escadron à cheval de la police municipale, les unités canines de la police municipale, nationale et de la garde civile et les chiens guides ONCE.

À Mexico, ce 17 janvier, les animaux sont bénis à l’issue de chacune des messes dans la cathédrale :  9h30, 10h30, 12h, 13h et 18h. Dans la paroisse de San Miguel Arcángel Chapultepec, le père José Luis Ávalos bénit les animaux de compagnie à l'occasion de la fête liturgique de San Antonio abad.

Antoine le Grand est aussi le fondateur de l’érémitisme qu’il pratiqua en passant sa vie dans le désert égyptien, à proximité de la mer rouge. L’ordre des Antonins, corps hospitalier créé à la fin du XIe siècle, était connu pour élever des porcs utilisés pour nourrir les malades et les affamés. C’est de là que vient peut-être ce culte des animaux pratiqué le jour de sa fête. L’autre hypothèse est la découverte de sa tombe en 561 (200 ans après sa mort) grâce à deux léopards. On dit aussi que les démons qui l’assaillaient durant ses prières apparaissaient sous la forme d’animaux sauvages.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 janvier 2022

 
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Italie, 5 janvier, Épiphanie, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier Italie, 5 janvier, Épiphanie, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier

5 janvier : les Italiens, petits et grands, attendent la Befana

Ce soir, en Italie, on conseille aux enfants laisser en évidence une chaussette, décorée de préférence, dans l’espoir que la Befana, une sorcière bienveillante, y déposera quelques bonbons et surtout des cadeaux. Une tradition en lien avec l’Épiphanie, fêtée le lendemain, et avec des cultes païens qui remontent au moins à l’époque romaine.

 

Ce soir, en Italie, on conseille aux enfants laisser en évidence une chaussette, décorée de préférence, dans l’espoir que la Befana y déposera quelques bonbons et surtout des cadeaux. Pour la remercier, on déposera près de la chaussette, une mandarine ou quelques biscuits. Autrefois, on prévoyait même une assiette de soupe. En effet, selon la légende, la Befana munie d’une hotte, à califourchon sur son balai, va de toit en toit pour distribuer des présents aux enfants en cette nuit du 5 au 6 janvier. Mais, cette gentille sorcière est aujourd’hui de plus en plus supplantée par le Père Noël.

Jusqu’aux années 1960, dans une bonne partie de l’Italie, c’était le matin de l’Épiphanie que les enfants découvraient leurs cadeaux et non le matin de Noël. Il fallait donc s’y préparer la veille, le soir du 5 janvier. Cette coutume était très présente à Rome et dans toute l’Italie centrale et septentrionale, même si dans d’autres régions, comme en Vénétie, c’était la nuit, précédant la Sainte-Lucie, le 13 décembre qui jouait ce rôle. Ou encore, celle qui précédait la Saint-Nicolas, le 7 décembre, dans les régions proches de l’Autriche… Mais la popularité mondiale du Babo Natale (le Père Noël) a eu raison de la bonne sorcière. Il est vrai que le soir du 24 décembre arrive avant celui du 5 janvier, l’impatience des enfants aidant.

La tradition a tout de même survécu. Le gros des cadeaux a déjà été offert, mais en Italie, on garde toujours quelque chose censé être déposé dans la nuit du 5 au 6 janvier, comme en Espagne, où le même jour, on raconte aux enfants que ce sont les Rois mages qui leur ont apporté des cadeaux. À Rome, règne toute une ambiance festive tout au long de la journée du 5 janvier. Autrefois, le cœur de la fête était situé autour de la piazza Sant’Eustachio, aujourd’hui, c’est place Navonne bien plus vaste que se tient le principal marché de Noël de la capitale. On y trouve des stands pour adultes et enfants, remplis de friandises, de jeux et d’objets artisanaux, en bien sûr les fameuses chaussettes à déposer le soir même, près de la cheminée si on en a une. Attention, pour les enfants qui n'ont pas été gentils, la Befana remplit les chaussettes de charbon ! Pour avoir un avant-goût de ce que l’on risque on pourra goûter ce charbon sur le marché de Noël. Il s'agit bien sûr de sucre noir comestible ou des morceaux de réglisse qui ressemble à du charbon. L'icône de la petite vieille est présente partout, dans les vitrines des magasins, les publicités… On vend des déguisements, avec les fameux balais de sorcière et même des poupées de la Befana avec les yeux qui clignotent !

L’Église a bien tenté de résister au Père Noël en racontant que c’était le Gesu Bambino (le Petit Jésus) qui apportait les cadeaux. La Befana elle-même a dû être raccrochée à une fête : l’Épiphanie (Befana est d’ailleurs une déformation populaire du nom de la fête). On raconte alors que les Rois mages, avançant sur la route de Bethléem pour offrir des cadeaux à l’Enfant Jésus, demandèrent leur chemin à une vieille femme. Alors qu’ils lui demandèrent de les guider, la vieille dame refusa. Mais rapidement, elle fut prise de remords et pour se faire pardonner, elle prépara un panier rempli de petits gâteaux et de fruits secs et parti à leur recherche. Comme elle ne retrouva jamais la caravane des Rois mages, elle s’en alla de maison en maison distribuer ses friandises aux enfants.

Des bonnes fées survolant les maisons et les champs existaient déjà dans l’Antiquité romaine, elles s’appelaient Diane, Satia ou Abundia. Leur passage célébrait la renaissance de la nature en vue du printemps. Elles survolaient les champs cultivés pour favoriser leur fertilité. Selon les cultes païens, c’est la douzième nuit après le solstice d’hiver, que la mort et la renaissance de la nature étaient célébrées à travers Mère Nature. À partir du IVe siècle l’Église a intégré tous ces cultes dans sa propre tradition. C’est ainsi que Noël et L’Épiphanie ont été placés sur le calendrier religieux. Cette nuit du 5 au 6 janvier sera la dernière de celles que l’Église appelle les Douze nuits de Noël. Et la déesse Diane est devenue la Befana. Une figure de femme moins idéalisée, il est vrai. Demain matin, à partir de 10h, aura lieu le traditionnel défilé « Viva la Befana », sur Via della Conciliazione (l’avenue qui conduit au Vatican). Des décors et des costumes colorés sont conçus chaque année par une ville différente pour représenter l’universalité de l’Épiphanie, sous forme à la fois religieuse et folklorique. Cette année c’est la ville ombrienne de Foligno, qui fera défiler de mille personnages costumés avec la célèbre Giostra della Quintana, des porte-drapeaux, des fanfares, des majorettes, des butteri, des chevaux et des décors originaux.

En provinces, il y a des variantes , comme dans la province de Grosseto, où des hommes, les befani (sur l’île d’Elbe, ils s’appellent befanotti), accompagnent les befana dans les rues des villages pour interpréter des chants traditionnels de la Maremme. À Venise, se déroule la 45e Befana Regatta, au cours de laquelle des concurrents habillés en Befana, s’affrontent à coups d’avirons sur le Canal Grande, vêtus de jupe, châle en laine, bonnet et foulard sur la tête. Dans les régions germaniques du Nord, toutefois, elle est en concurrence avec Berchta.

Même la politique s’en est mêlée. En 1928, Mussolini avait institué des célébrations autour d’une « Befana fasciste », en encourageant la distribution de cadeaux aux enfants pauvres. En 1929, dans le Tessin (Suisse) et dans les cercles de l’émigration antifasciste italienne, on a célébré un « Befana rouge » jusque dans les années 1970.

Ainsi se termine en Italie la séquence des fêtes de fin d’année. « L’Epifania tutte le feste si porta via ! »

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Aujourd’hui, sous l’influence d’Halloween, la Befana a troqué dans l’iconographie, son traditionnel fichu pour un chapeau pointu.

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1922, Italie, 28 octobre, fascisme, Extrême droite, 1944 Bruno Teissier 1922, Italie, 28 octobre, fascisme, Extrême droite, 1944 Bruno Teissier

28 octobre : le centenaire de la Marche sur Rome

Chaque année, depuis la chute du fascisme, des nostalgiques de l’État totalitaire défilent par milliers dans les rues de la ville de Predappio, la ville natale de Benito Mussolini, en Émilie-Romagne. Cette année, le centenaire de l’événement coïncide, hélas, avec la formation d’un gouvernent comprenant des héritiers politiques du régime du Duce. Aujourd’hui, pourtant, une manifestation antifasciste se déroule dans le village natal de Mussolini. On célèbre la libération du village, le 28 octobre 1944. Une date qui n’avait pas été choisie au hasard.

 

Triste coïncidence, alors que vient de se former le gouvernement italien le plus à droite depuis 1946, un cabinet dont une partie des membres a milité jadis au MSI, le parti des héritiers du fascisme, l’Italie commémore le centenaire de la marche sur Rome du 28 octobre 1922 qui a porté le fascisme au pouvoir.

Aujourd’hui, pourtant, c’est une manifestation antifasciste qui se déroule dans le village natal de Mussolini. On célèbre la libération de Predappio, le 28 octobre 1944. Une date qui n’avait pas été choisie au hasard.

Chaque année, depuis la chute du fascisme, des nostalgiques de l’État totalitaire défilent par milliers dans les rues de la ville de Predappio, la ville natale de Benito Mussolini, en Émilie-Romagne.

Dimanche, des centaines d'autobus venus toute la péninsule vont converger vers la petite ville de 6 000 habitants, avec à leur bord des skinheads à tête rasée et des hommes de tous âges abordant une chemise noire. On se rassemble devant la maison natale du Duce et l’ancien siège du parti fasciste. Un temps fort est la visite de la crypte où se trouve la tombe de Mussolini. Celle-ci est visitée chaque année par quelque 100 000 personnes au grand désespoir des habitants de la petite ville qui d’ordinaire votent majoritairement à gauche.

Comme chaque année, à Predappio, pour l’anniversaire de la marche sur Rome (anniversario della marcia su Roma), les slogans fusent, les propos xénophobes ou fustigeant la démocratie s’expriment sans complexe lors de ce pèlerinage des nostalgiques de l'Italie fasciste. En 2017, aux termes d'un débat très âpre, le Parlement a adopté une nouvelle législation contre l'apologie du fascisme. Le parti Fratelli d'Italia de la nouvelle première ministre, Giorgia Meloni reste prudent dans ses discours, mais arbore toujours la flamme tricolore, symbole hérité du Mouvement social italien , les parties fondées par Giorgio Almirante et d'autres anciens représentants du Parti fasciste de Mussolini. Comme lors de l’anniversaire du Duce, le 31 juillet dernier, les organisateurs de la manifestation ont demandé de remplacer le salut fasciste par une "main sur le cœur", plus neutre politiquement.

La piteuse expédition du 28 octobre 1922, sous une pluie battante, n’aurait peut-être abouti à rien si le roi Emmanuel III n’avait pas refusé de signer l’état d’urgence demandé par le gouvernement libéral que Mussolini cherchait à intimider, et offert ensuite le pouvoir aux fascistes.

Le travail de mémoire sur cette époque n’est pas terminé, loin de là. Un électeur un quatre a voté pour Fratelli d’Italia, la formation d’extrême droite qui arrive pour la première fois au pouvoir depuis l’instauration de la république en 1946. Sa cheffe, Giorgia Meloni ne compte pas modifier le symbole de son parti et il a fallu de multiples protestations pour que le banquet prévu aujourd’hui à Piacenza pour célébrer la marche sur Rome soit finalement annulé à la dernière minute, en dépit de dizaines de réservations venues de toute l’Italie.

Mise a jour 31 octobre 2022 : En dépit des recommandations des organisateurs, une partie des participants à la commémoration de la marche sur Rome, organisée par l’extrême droite, le 30 octobre à Predappio, a bien fait le salut fasciste.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Frères d’Italie, le parti qui domine le gouvernement italien formé cette semaine à Rome. Un électeur un quatre a voté pour cette formation d’extrême droite qui arrive pour la première fois au pouvoir.

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1944, Italie, 2 octobre, massacre, Seconde Guerre mondiale Bruno Teissier 1944, Italie, 2 octobre, massacre, Seconde Guerre mondiale Bruno Teissier

2 octobre : la mémoire de Marzabotto

L'Italie commémore son Oradour-sur-Glane. Il y a 78 ans, plus de 800 villageois de la localité de Mazabotto, dans la région de Bologne, étaient massacrés par des soldats allemands et Italiens. Parmi les victimes, plus de deux cent d’enfants…

 

L'Italie commémore son Oradour-sur-Glane. Il y a 78 ans, du 29 septembre au 3 octobre 1944, plus de 800 villageois de la localité de Mazabotto, dans la région de Bologne, étaient massacrés par des soldats allemands et Italiens. Parmi les victimes, plus de deux cent d’enfants…

Triste épilogue :

Le chef du commando SS, l’Autrichien Walter Reder réussit à se réfugier en Bavière et fut arrêté par les Américains et extradé en 1948 en Italie sous l’accusation de crimes de guerre. Jugé en 1951, il fut condamné à la perpétuité par le Tribunal de Bologne, à accomplir au pénitencier de Gaeta. Le gouvernement autrichien réussit à obtenir sa libération du criminel de guerre le 24 janvier 1985. Reder fut remis en liberté grâce à une lettre envoyée aux habitants de Marzabotto en décembre 1984 dans laquelle il exprimait un profond repentir et regret de son geste. Immédiatement transféré à Vienne, il fut reçu avec les honneurs militaires par le ministre de la Défense autrichien de l’époque ce qui provoquera un scandale international. D’autant plus que Reder reviendra aussitôt sur les excuses adressées au peuple italien qu’il n’avait prononcées – selon ses propres dires – que par opportunisme politique. Il est mort à Vienne en 1991.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Italie, États-Unis, 19 septembre Bruno Teissier Italie, États-Unis, 19 septembre Bruno Teissier

19 septembre : New York et Naples célèbrent la San Gennaro

Une grande parade se déroule dans les rues de New York pour la San Gennaro (Saint-Janvier), le saint patron de Naples et de tous les Napolitains de par le monde. À Naples, on procession et espère la perpétuation du miracle.

 

Une grande parade se déroule dans les rues de New York pour la San Gennaro (Saint-Janvier), le saint patron de Naples et de tous les Napolitains de par le monde. En particulier, la communauté italienne de la Grande Pomme. La fête dure une dizaine de jours (elle a débuté jeudi et se poursuivra jusqu'au 25 septembre) et attire près d’un million de personnes dans le quartier italien du lower Manhattan. Cette année, c’est la 96e édition, elle culmine comme chaque année le jour de la fête du saint, le 19 septembre. La parade se déroule sur Mulberry street entre Canal et Houston streets. À 18h, une messe est dite en l’église du Most Precious Blood, 113 Baxter street.

À Naples, les célébrations s’ouvrent le 18 septembre avec la traditionnelle procession qui va de l’église de San Lorenzo Maggiore à la cathédrale et avec l’allumage de la lampe votive sur la place de la cathédrale. C’est dans cette église que se trouvent les reliques de saint Janvier. Le 19 septembre, pour la fête du saint, on attend dans une grande ferveur, le miracle de la liquéfaction de son sang, lequel est précieusement conservé dans une fiole. Sa manifestation varie d’une année à l’autre... Si la liquéfaction est rapide du sang, c’est gage de prospérité et bonheur pour Naples, mais le pire est à attende si elle tarde à se produire voire n’a pas lieu du tout, ce qui arrive parfois...

Vers 9h45, après une première messe, le cardinal Crescenzio Sepe ouvrira le coffre-fort contenant le reliquaire avec l’ampoule de sang, puis l’ampoule et le buste seront portés en procession jusqu’à l'autel principal de la cathédrale où le cardinal présidera la célébration eucharistique solennelle et, à la fin, si la liquéfaction désirée du sang du martyr a lieu, elle annonce l’événement. L’ampoule est offerte à la vénération du public de 16h à 18h30.

Autres miracles, cette année, la via Duomo sera illuminée chaque soir (jusqu’au 22 septembre) et la plupart des musées de Naples seront ouverts gratuitement pour la journée du 19 septembre.

Le site internet de l’événement new-yorkais

La célébration est retransmise en direct à la télévision et en streaming par Canale 21 et Telecapri et peut être suivie sur le portail de l'Archidiocèse

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Italie, catholiques Bruno Teissier Italie, catholiques Bruno Teissier

30 avril : à Naples, la liquéfaction du sang de San Gennaro va-t-elle se produire ?

Les Napolitains attendent aujourd’hui que le sang de leur saint patron, conservé dans deux ampoules, se liquéfie. Si rien ne se produit, cela annonce des jours sombres pour la cité…

 

Les Napolitains attendent aujourd’hui que le sang de leur saint patron, conservé dans deux ampoules, se liquéfie. Si rien ne se produit, cela annonce des jours sombres pour la cité.

Évêque de Bénévent, une ville au nord-est de Naples, Gennaro (Janvier en français) aurait été décapité en 305 lors des grandes persécutions ordonnées sous le règne de l’empereur Dioclétien. Son sang aurait alors été recueilli et conservé par un fidèle dans deux ampoules. C’est quelques années après, lors du transfert de la dépouille du saint vers les catacombes de Capodimonte que le sang se serait liquéfié pour la première fois, c’est ce premier miracle que l’on commémore aujourd’hui, comme chaque samedi avant le premier dimanche de mai.

Le 19 septembre, date de son martyr, a lieu la cérémonie la plus importante au Duomo, la cathédrale de Naples. Des milliers de fidèles se pressent dans la cathédrale et sur son parvis tandis que l’archevêque de Naples brandit le reliquaire qui abrite les ampoules contenant le sang du saint. Au cours des ostentations, le sang peut se liquéfier, voire entrer en ébullition, changer de couleur ou de volume. L’émoi est grand et les fidèles dans un état parfois proche de la transe ! Lors de son passage à Naples, en 2015, Le pape François s’est plié à la tradition et le sang s’est liquéfié à moitié, un demi-miracle donc qui a fait dire au pape, philosophe : « le saint nous aime seulement à moitié. Nous devons tous un peu nous convertir, pour qu’il nous aime davantage !  »

À ce jour, l’Église ne s’est toujours pas prononcée sur le caractère miraculeux du phénomène susceptible de se produire trois par an (la troisième, le 16 décembre), préférant le qualifier d’événement prodigieux.

Pour suivre les fêtes religieuses et traditionnelles, partout dans le monde, consulter l’Almanach des fêtes religieuses

 
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1929, Vatican, Italie, France, Fondation du pays, 1858 Bruno Teissier 1929, Vatican, Italie, France, Fondation du pays, 1858 Bruno Teissier

11 février :  une fête civile au Vatican et religieuse en France

Pour les catholiques, c’est anniversaire de l’apparition de Notre-Dame de Lourdes (1858) et celle des accords de Latran (1929) qui accordent au Pape la souveraineté sur l’État de la Cité du Vatican.

 

Pour les catholiques, c’est anniversaire de l’apparition de Notre-Dame de Lourdes (1858) et celle des accords de Latran (1929) qui accordent au Pape la souveraineté sur l’État de la Cité du Vatican. Jusque-là, le Pape, qui avait perdu ses vastes États en 1870, se considérait comme prisonnier de l’État italien. En contrepartie, le catholicisme devint religion d’État en Italie.

La Cité du Vatican n'a pas beaucoup de jours fériés qui ne soient pas des fêtes religieuses. Depuis 2018, il existe deux jours fériés de ce type : l’Anniversaire du traité du Latran (Anniversario dei Patti lateranensi) et l’anniversaire de l’élection du pape François, le 13 mars.

La question romaine a été résolue en 1929, à l’époque de la dictature de Mussolini. Le 11 février 1929, le Premier ministre Benito Mussolini et le cardinal secrétaire d'État Pietro Gasparri (au nom du pape Pie XI) ont signé un ensemble d'accords au palais du Latran. C’est ce traité qui a reconnu la Cité du Vatican comme un État souverain. Le 11 février est un jour férié civil du petit État qui célèbre surtout des fêtes religieuses. 

Sans aucun rapport avec la naissance de l’État du Vatican, en 1993, Jean-Paul II a fait du 11 février la Journée mondiale des malades, un jour qui est aussi la fête de Notre-Dame de Lourdes. Depuis, le 11 février 1858, date de la première apparition de la Vierge à Bernadette Soubirous, la grotte puis le sanctuaire construit à proximité ne désemplissent pas et l’on attend aujourd’hui encore plus de 30 000 pèlerins venus des quatre coins du monde pour une guérison, une grâce ou pour la simple découverte d’un lieu de pèlerinage connu dans le monde entier. Lourdes, c’est un peu la Mecque des catholiques, troisième lieu de pèlerinage le plus visité au monde après le Vatican et Notre-Dame de Guadalupe à Mexico (chaque 12 décembre). 

 
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1943, Italie, Extrême droite, 28 avril Bruno Teissier 1943, Italie, Extrême droite, 28 avril Bruno Teissier

28 avril : pèlerinage fasciste à Predappio, petite ville d'Émilie-Romagne

C'est l'anniversaire de l'exécution de Mussolini, en 1945. Les nostalgique affluent en masse chaque année à Predappio, en Émilie-Romagne, devant la maison natale de Mussolini ou dans a crypte où repose le corps du dictateur italien…

 

C'est l'anniversaire de l'exécution de Mussolini, en 1945. Chaque année, les nostalgiques du fascisme affluent en masse à Predappio, en Émilie-Romagne, devant la maison natale de Mussolini ou dans la crypte où repose le corps du dictateur italien, ouverte exceptionnellement quelques jours par an. Ces deux lieux sont les étapes obligatoires du pèlerinage des néofascistes en chemise noire. Cette année les mesures sanitaires perturbent ces célébrations annuelles de l’extrême droite italienne.

Lorsqu'il a compris qu'il avait perdu la guerre, Benito Mussolini a d'abord tenté de se réfugier en Suisse et de négocier sa reddition, en vain. Le 27 avril 1945, il a été capturé par une unité de partisans communistes à Dongo, près du lac de Côme. Et avec lui, son amante Clara Petacci et d'autres chefs fascistes. Le lendemain, ils ont tous été exécutés dans la ville de Giulino di Mezzegra, sans que l'on sache très clairement qui a donné l'ordre, et les corps ont été transportés par camion à Milan et exposés sur la place de Loreto, soumis à toutes sortes d'outrages et d'humiliations de la part de la foule. Ils ont ensuite été suspendus la tête en bas au chapiteau d'une station-service, à l’endroit même où, quelques mois plus tôt, 15 partisans avaient été pendus.

Quelques jours plus tard, on décide d'enterrer les cadavres dans une tombe anonyme au cimetière Musocco de Milan. Et ils y sont restés jusqu'à ce que dans la nuit du 23 au 24 avril 1946, trois militants néo-fascistes localisent la tombe, volent les dépouilles mortelles et les conservent pendant plusieurs mois, avec le soutien de prêtres catholiques de Milan. Les restes n'ont été retrouvés qu'en août, à Pavie, puis il a été décidé de les cacher dans un lieu inconnu, même de la famille. En fait, dans un couvent des capucins au Cerro Maggiore, à une vingtaine de kilomètres de Milan.

Ils y sont restés onze ans, jusqu'à ce que le Premier ministre chrétien-démocrate Adone Zoli, ayant besoin du vote des élus néo-fascistes du MSI, autorise le transfert des restes de Mussolini dans sa ville natale de Predappio. Cela devait se faire dans la discrétion, mais ce 31 aout 1957, des journalistes et des militants néo-fascistes en chemises noires étaient tout de même présents à la cérémonie funéraire au cours de laquelle il a été inhumé dans une crypte. Les dépouilles mortelles de sa femme Rachele et de leurs quatre enfants y ont inhumées par la suite.

Cette année, l'Association nationale Arditi d'Italie (Anai), un groupuscule de l’ultra droite, organise la commémoration de la mort de Benito Mussolini à Predappio ce dimanche 2 mai à 11 heures. Toutefois, en raison de la réglementation anti Covid, il n’y aura pas de procession de la Piazza Sant'Antonio au cimetière de San Cassiano. Ce pèlerinage fasciste se produit trois fois par an, pour la commémoration de la naissance (29 juillet) et de la mort de Mussolini (28 avril), ainsi que pour l'anniversaire de la Marche sur Rome (28 octobre).

Déplorant que sa ville soit vue comme le symbole de la nostalgie fasciste, le précédent maire de la ville, un élu de gauche, a lancé la construction d’un musée dans sa commune pour montrer aux visiteurs le vrai visage du fascisme pour ne pas laisser le terrain aux nostalgiques du régime. Ce musée du fascisme sera le premier du genre en Italie. Le lieu choisi est on ne peut plus symbolique : un grand bâtiment de 2000 m² qui abritait le siège du parti de Benito Mussolini à Predappio. Une ville nouvelle édifiée sur ordre du dictateur dans les années 1920, autour de sa maison natale. Cependant, le nouveau maire, divers droite, élu en 2019, fait traîner le projet.

 
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