L’Almanach international

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1917, Porto Rico, 2 mars Bruno Teissier 1917, Porto Rico, 2 mars Bruno Teissier

2 mars : le jour où les Portoricains sont devenus des citoyens américains… de seconde zone

Porto Rico n’a pas quitté son statut de colonie. Les Portoricains déplorent une citoyenneté au rabais qui ne leur permet pas de voter pour le président ni pour le Congrès. La majorité d’entre eux sont partisans d’une intégration pleine et entière dans l’union. Laquelle se fait vraiment attendre.

 

À Porto Rico, on célèbre chaque année anniversaire de la loi Jones-Shafroth qui, le 2 mars 1917, accordait aux Portoricains la citoyenneté américaine. Cette commémoration, instaurée en 2017, pour le centenaire, est appelée la Journée de la citoyenneté américaine (Día de la Ciudadanía Americana). Ce n’est un jour férié que pour les employés du secteur public et n’occasionne que des cérémonies limitées.

Pendant un peu plus de quatre siècles, Porto Rico a été une colonie espagnole. À l’issue de la guerre hispano-américaine qui s’est soldée par l’écrasement de l’Espagne par les États-Unis, Madrid a dû céder la majorité de ses colonies à ces derniers (Traité de Paris, 1898), principalement, les Philippines, Cuba, Guam et Porto Rico.

Le 2 mars 1917, les Portoricains nés le 25 avril 1898 ou après ont obtenu la citoyenneté américaine stout en conservant leur citoyenneté portoricaine. Ce qui fait qu’aujourd'hui, les Portoricains sont, de par la loi, des citoyens naturels des États-Unis. Cependant, ils ne jouissent pas de tous les droits constitutionnels. Ils ne participent pas à l’élection présidentielle. Ils ne sont pas représentés au Sénat et à la Chambre des représentants, n’ont qu’un commissaire résident au Congrès, mais sans droit de vote ! Leur accès à Medicaid est limité… les Portoricains ne sont, en effet, que des citoyens américains de seconde zone. Et c’est bien ainsi qu’ils sont traités. Ils l’ont déploré après le passage de l’ouragan Maria, qui avait ravagé l’île, le président Trump avait négligé de leur envoyé les secours adéquats.

Le Commonwealth de Porto Rico (Estado Libre Asociado de Puerto Rico) est un territoire non incorporé des États-Unis. Cela signifie qu’il est contrôlé par le gouvernement américain, mais ne fait pas partie des États-Unis. Arraché à l’Espagne en 1898, Porto Rico demeure une colonie au regard de l’ONU. Lors du référendum de 2012, 61% des Porto Rico se sont exprimés positivement pour que leur île devienne le 51e État de l’Union. Le 11 décembre 2012, l'Assemblée législative de Porto Rico a adopté une résolution demandant « au Président et au Congrès des États-Unis de répondre avec diligence à la demande du peuple de Porto Rico, et de commencer le processus pour admettre Porto Rico dans l'Union en tant qu'État ». La réponse de Washington se fait attendre.

Le décret de 2017, pris par par l'ancien gouverneur de l'époque, Ricardo Rossello, sur la célébration de la citoyenneté américaine établit que la première semaine de mars de chaque année est désormais la « Semaine de la citoyenneté américaine à Porto Rico » et que le 2 mars, le jour commémoratif de l'avènement de la citoyenneté.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er mars 2024

 
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1896, Éthiopie, Italie, 2 mars, Bataille célèbre Bruno Teissier 1896, Éthiopie, Italie, 2 mars, Bataille célèbre Bruno Teissier

2 mars : la victoire d’Adoua, la gloire des Africains

Le jour est férié en Éthiopie, cette fête nationale rappelle une victoire qui date de 1896. Et quelle victoire ! La première d’une nation africaine face à l’armée d’un État européen, l’Italie. Malheureusement, la célébration se déroule dans le contexte d’une guerre civile très meurtrière qui ruine l’image du pays.

 

Le jour est férié en Éthiopie, cette fête nationale rappelle une victoire qui date de 1896. Et quelle victoire ! La première d’une nation africaine face à l’armée d’un État européen, l’Italie. En pleine conquête coloniale de l’Afrique, l’évènement a eu à l’époque un vif retentissement, il mettait à mal la supériorité de l’homme blanc face à ceux que l’on désignait comme Nègres. Cette bataille d’Adoua (Adowa ou Adwa) a donné un grand prestige à l’Éthiopie (à l’époque on disait l’Abyssi­nie) et à son empereur, le négus Ménélik II. Les premiers apôtres américains du panafricanisme ont commencé à ériger ce pays en symbole ; plus tard Haïlé Sélassié, petit-fils et successeur du négus, sera leur héros. Mais aujourd’hui, pour ce Jour de la victoire d’Adoua (የዐድዋ ድል ቀን), c’est place Ménélik à Addis-Abéba que se déroule une cérémonie au pied de la statue équestre du négus victorieux à Adoua.

La bataille se déroula le 1er mars 1896, mais c’est le 2 mars 1896 au matin que le général Baratieri, à la tête des troupes italiennes, informa par télégramme le gouvernement italien de la défaite, d’où cette date retenue comme jour de fête nationale de l’Éthiopie, jour férié et chômé.

Dans la capitale Addis-Abeba, des centaines de milliers d'habitants célèbrent l’événement devant la statue de l’empereur Menelik II près de l'église Saint-Ghiorghis au cœur de la ville. d’ordinaire, cet anniversaire de la victoire est également célébré à Adwa (Adoua), dans le nord de l’Éthiopie, où la bataille s’est déroulée. Mais, cette ville se situe dans la province du Tigré. Cette région du nord est en proie à la violence entre l’ancien pouvoir du TPLF d’un côté, l’armée fédérale, des soldats érythréens et des miliciens amharas de l’autre. Le conflit a fait des centaines de milliers de morts et entraîné également des dégâts considérables (sans doute plus qu’en Ukraine). Les guerres civiles qui se déroulent depuis novembre 2020 dans le nord du pays et plus récemment dans d’autres régions, sont à l’origine d’une catastrophe humanitaire qui ternit l’image du pays et de son jeune premier ministre Abiy Ahmed sur lequel beaucoup d’espoir s’était porté.

La violence devenue endémique affecte amplement l’ambiance du 127e anniversaire de la célèbre bataille. D’autant que la célébration elle-même est rattrapée par les conflits inter-ethniques. L’an dernier, en 2022, le gouvernement avait eu l’intention de célébrer la bataille sur le pont qui porte son nom et non plus au pied de la statue de Menelik, le vainqueur des Italiens. Les réseaux sociaux se sont déchaînés. On y a vu l’influence des Oromos sur le 1er ministre (lui-même oromo) et l’objectif d’effacer la figure du négus Menelik, un Amhara.

Quatre décennies après la bataille d’Adoua, les Italiens prendront leur revanche en occupant l’Éthiopie (bataille de Maychew, 31 mars 1936), que personne ne défendra, mais pour cinq années seulement, jusqu’en 1941. D’où le prestige de l’Éthiopie auprès des Africains et de la diaspora dans le monde entier, pour avoir chassé par deux fois les Italiens.

La célébration est marquée par des défilés dans de nombreuses villes et des manifestations culturelles partout où les gens se sont rassemblés. Des performances artistiques et dramatiques sont également présentées, telles que kererto, shilela et fukera. Toutes les écoles, banques, bureaux de poste et bureaux gouvernementaux sont fermés, à l'exception des établissements de santé. Certains services de taxi et de transport en commun choisissent de ne pas fonctionner ce jour-là, et les magasins sont normalement ouverts mais la plupart ferment plus tôt que d'habitude.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er mars 2023

 
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1962, Birmanie, Armée, agriculture, 2 mars Bruno Teissier 1962, Birmanie, Armée, agriculture, 2 mars Bruno Teissier

2 mars : la Birmanie en guerre fête ses agriculteurs

La Journée des paysans est un jour férié dont la date n’a rien à voir avec l’agriculture. Elle a été choisie par le général Ne Win pour célébrer le coup d’État qui l’a porté au pouvoir, le 2 mars 1962, il y a 60 ans aujourd’hui.

 

Le 2 mars est férié en Birmanie (Myanmar, selon le régime militaire), c’est la Journée des paysans (မြန်မာနိုင်ငံတွင် တောင်သူလယ်သမားနေ့). La date n’a rien à voir avec l’agriculture. Elle a été choisie en 1965 par le général Ne Win pour célébrer le coup d’État qui l’a porté au pouvoir, le 2 mars 1962. Il y a donc 60 ans, jour pour jour. Si on lui sait gré de s’être intéressé aux deux tiers de ses compatriotes qui travaillent dans l’agriculture, la production de riz principalement, et notamment d’avoir réalisé une réforme agraire en leur faveur, cette date évoque aussi la confiscation de la démocratie et la tutelle de l’armée sur le pays. Cette date est un bien triste anniversaire quand on sait que l’armée n’a jamais vraiment quitté le pouvoir et que craignant d’en être écarté le 1er février 2021, elle a repris ferment le contrôle du pays au prix d’une guerre civile et de milliers de morts.

Ne Win, le général socialiste, dont on commémore donc aussi la prise de pouvoir a été lui-même renversé par un autre coup d’État militaire, en 1988, après 26 ans de règne, mais sans pour autant disparaître de la scène politique. La journée des agriculteurs anciennement célébrée le 1er janvier et qu’il avait déplacé au 2 mars, lui a survécu. C’est toujours un jour férié et chômé officiel que célèbre aujourd’hui la junte au pouvoir pour tenter de donner au pays un semblant de normalité.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Billet de 20 kyats (1958) Union Bank of Burma, signé par San Lin

Enveloppe 1er jour d’un timbre émis le 2 mars 1969

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