L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1990, Érythrée, Guerre d'indépendance, 10 février Bruno Teissier 1990, Érythrée, Guerre d'indépendance, 10 février Bruno Teissier

10 février : l’Érythrée célèbre l’offensive victorieuse qui a permis son indépendance

Le 10 février, le FPLE prenait la ville de Massawa. Cette victoire sera décisive pour l’accession à l’indépendance de l’Érythrée. Elle est célébrée chaque année, le 10 février, sous le nom de Journée Fenkil. Mais cette journée patriotique sert grandement à la propagande du régime autoritaire érythréen. Car si l’Érythrée a gagné son indépendance, les Érythréens n’ont pas pour autant conquis leur liberté. Leur dictateur est un des plus oppressifs du continent.

 

L’Érythrée, ancienne colonie italienne, avait été associée à l’Éthiopie pour ne former qu’un seul État. Mais Adis Abeba ayant bafoué son autonomie, une guerre d’indépendance a débuté en 1961. En 1988, le Front de populaire de libération érythréen (FPLE) prend Afabet, où se trouvaient les quartiers généraux de l'armée éthiopienne au nord-est de l'Érythrée, forçant le retrait de l'Éthiopie vers les plaines de l'ouest. Le FPLE progressait ensuite vers Keren, deuxième ville d'Érythrée. Ayant perdu le soutien de l’URSS, l’armée éthiopienne se trouvait affaiblie et le FPLE, soutenu par d'autres forces rebelles éthiopiennes, poursuivit son avancée vers les positions éthiopiennes. Le 8 février 1990, les forces du FPLE lançaient une offensive contre l'armée éthiopienne près de la ville de Massawa, c’est l’opération Fenkil (ou deuxième bataille de Massawa). Le 10 février, le FPLE prenaient la ville. Cette victoire sera décisive. Elle est célébrée chaque année, le 10 février, sous le nom de Journée Fenkil (Fenkil ፈንቅል).

Plus de 40 000 soldats éthiopiens ont été tués, capturés ou blessés ; 80 chars ont été capturés et 30 autres chars incendiés ; et la force navale éthiopienne fut anéantie. La libération de Massawa, ville portuaire de la mer Rouge, a eu une importance stratégique dans la lutte pour l'indépendance car elle a entraîné la fermeture de la principale artère de transport de la logistique et de l'armement de l'armée éthiopienne en Érythrée. Plus de 300 officiers militaires de haut et de bas rang, dont le général de brigade Tilahun Kilfe, le général de brigade Ali Haji Abdulahi et le capitaine Tsegaye Mekonen, ont été faits prisonniers au cours de cette bataille rapide et décisive. Le dictateur éthiopien sera renversé en mai 1991 ce qui met fin à la guerre et l’indépendance de l’Érythrée sera acquise le 27 avril 1993.

Le 10-Février est en Érythrée une journée patriotique qui sert grandement à la propagande du régime autoritaire érythréen. Car si l’Érythrée a gagné son indépendance, les Érythréens n’ont pas pour autant conquis leur liberté. En 1987, Isaias Afwerki s’était imposé comme le chef du FPLE ; sera le premier président de la république à l’indépendance… 37 ans plus trad, il est toujours au pouvoir. Son régime est un des plus répressifs au monde.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 février 2024

Le mémorial, composé de trois chars d’assaut, de l’opération Fenkil.

 
Lire la suite
1947, Italie, 10 février, massacre Bruno Teissier 1947, Italie, 10 février, massacre Bruno Teissier

10 février : la Journée du souvenir du massacre des italiens d’Istrie

La Giornata del ricordo, instaurée en 2004, invite à se souvenir des victimes italiennes des massacres opérés par les forces yougoslaves entre septembre 1943 et mai 1945. La plupart ont été jetées dans les foibe, ces cavités naturelles du littoral adriatique, parfois encore vivantes…

 

La Giornata del ricordo (le Jour du souvenir) instaurée en 2004, invite à se souvenir des victimes italiennes des massacres opérés en Istrie et alentours par les forces yougoslaves entre septembre 1943 et mai 1945. La plupart ont été jetés dans les foibe, ces cavités naturelles du littoral adriatique, parfois encore vivantes. Ainsi ont péri quelque 1500 à 2000 personnes, selon les historiens ; 10 000, selon les organisations de rapatriés italiens. Ces opérations de nettoyage ethnique n’ont vraiment cessé qu’au début de 1947. La date du 10 février est celle du traité de paix signé à Paris entre la Yougoslavie et l’Italie, en 1947. Le souvenir est très vif en Italie, où de nombreuses associations cultivent cette mémoire. On oublie souvent que des atrocités ont été commises par les deux camps, notamment par les troupes italiennes qui pratiquèrent parfois une stratégie de la «terre brûlée» inspirée des méthodes allemandes. 

Les territoires concernés : l’arrière-pays de Trieste, l’Istrie, Rijeka (Fiume), Zadar (Zara)… ont été acquis par le royaume d’Italie en 1918. 42% des habitants (celle des villes principalement) étaient italiens, 58% étaient slaves (Slovènes et Croates). La région a subi pendant deux décennies une politique d’italianisation à outrance et de racisme à l’égard des Slaves ce qui explique la violence des réactions dans les années qui ont suivi la chute du régime fasciste. Avec l’arrivée au pouvoir des communistes yougoslaves, le processus s’est inversé, les villes ont été slavisées et la population italienne, très pro-fascistes dans les années 1930 et 1940, a été massivement chassée vers la péninsule italienne.

Aujourd’hui, ces régions sont situées en Slovénie et en Croatie, les Italiens n’y représentent plus qu’une petite minorité. Les Italiens réclament des indemnités, Slovènes et Croates leur répondent en chiffrant les victimes yougoslaves du fascisme italien à plusieurs dizaines de milliers. Cette guerre des mémoires profite aux extrêmes droites des différents pays, lesquelles sont très influentes dans les deux pays. Les partis de gauche s’étaient exprimés contre l’instauration d’une telle commémoration en raison de son caractère revanchiste et profasciste.

Peu de temps après l'instauration du Jour du Souvenir en Italie, la Slovénie a décidé de créer un Jour du retour du Littoral à la patrie (Dan vrnitve Primorske k matični domovini), marqué chaque année, le 15 septembre, date d'entrée en vigueur du traité de paix avec l'Italie.

Depuis 2014, on organise, le dimanche plus proche du 10 février, une course à pied de 10 km à Rome dans le quartier de Giuliano Dalmata, appelée la Corsa del Remembrance. En Trieste, la même course est organisée depuis 2017.

La  Foiba di Basovizza à Trieste est le lieu de mémoire le plus important d'Italie concernant cette commémoration. Chaque année, une cérémonie participative et solennelle s’y déroule à partir de 10h30.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Lire la suite

10 février : le naufrage de Saint Paul, fête religieuse et nationale à Malte

Les Maltais sont convaincus que l’apôtre Paul a fait naufrage près de leur archipel et qu’il a évangélisé leur pays, la commémoration de l’événement est un jour férié et chômé.

 

Les Maltais sont convaincus que l’apôtre Paul a fait naufrage près de leur archipel (et non au large des côtes croates comme l’affirment les historiens) et qu’il a évangélisé les îles. Cet événement est considéré comme l'un des plus grands moments de l'histoire de Malte au point que la Fête du naufrage de Saint Paul (San Pawl Nawfragu) a été déclarée jour férié officiel. La célébration principale a lieu, bien sûr, en l'église du Naufrage de Saint-Paul à La Valette, la capitale de Malte, avec deux messes successives à 7h et 8h suivi d’une grande procession. Chaque 10 février, l’effigie en bois de l'apôtre Paul (une statue du XVIIe siècle) défile dans les rues de la ville, sous les applaudissements du public et les confettis lancés des fenêtres.  À 12h00, c’est le tir des canons de la batterie de salut pour commémorer la fête du naufrage de St Paul (Feast of St. Paul's Shipwreck). Après la cérémonie religieuse, la procession prend vite l’allure d’un véritable carnaval parcourant la capitale.

En effet, selon la légende, saint Paul (Paul de Tarse) aurait fait naufrage à Malte, en l’an 60. Il venait de passer deux années en prison à Césarée, siège de l’autorité romaine en Palestine et naviguait vers Rome pour être jugé (comme citoyen romain), en compagnie d’autres prisonniers. Une terrible tempête se déchaîna qui laissa penser à l’équipage aussi bien qu’aux prisonniers que le naufrage était inévitable et son issue fatale. Mais Paul les rassura et leur dit : « Vous sortirez tous sains et saufs de ce naufrage. Cette nuit, un ange m’est apparu et m’a dit : « Paul, tu n’as rien à craindre ; il faut que tu comparaisses devant l’empereur romain. Et Dieu sauvera tous tes compagnons » » De fait, les 276 occupants du bateau parvinrent à rejoindre la côte maltaise sans dommage, selon les promesses de l’ange ! Trois mois plus tard, Paul était embarqué sur un autre bateau vers Rome où il devait être jugé puis décapité.

Le passage de Paul à Malte, s’il fut bref, a laissé de nombreuses traces et on lui attribue plusieurs miracles. Ainsi, accueilli à Mdina, dans le palais du gouverneur romain Publius, il guérit miraculeusement le père de ce dernier de la dysenterie. Publius se convertit et devient le premier évêque catholique de Malte. Mais Paul prêcha aussi l’Évangile à une population qui affluait, intriguée par cet homme, tout à la fois faiseur de miracles et ardent prédicateur !

De nos jours, la figure de saint Paul hante encore l’archipel, à commencer par l’imposante statue du saint, érigée en 1845 sur la côte même où le bateau échoua. Patron de Malte bien sûr et de différentes paroisses de l’île, on visite les catacombes qui portent son nom mais qui datent des IVe et Ve siècles tout près de la grotte où il séjourna durant trois mois. Légende ou pas, il est avéré que Malte fut la première colonie romaine à se convertir au christianisme.

Pour suivre les fêtes religieuses, partout dans le monde, consulter l’Almanach des fêtes religieuses

 
Lire la suite