25 novembre : la fête de la Voïvodine

 

Il y a un peu plus d’un siècle la Voïvodine était rattachée au Royaume de Serbie, lequel s’intégrera très vite dans un royaume de Yougoslavie. Elle fait aujourd’hui partie de la Serbie, ce qui, au regard de l’Histoire, n’avait rien de naturel tant cette région est une mosaïque de peuples slaves (Serbes, Slovaques, Ruthènes…) ou non slaves : Hongrois, Roumains, Allemands… la région qui au cours des siècles n’avait jamais été serbe, aurait très bien pu revenir à la Hongrie (mais celle-ci était dans le camp des vaincus) ou partagée avec la Roumanie. La Serbie a profité de l’élan de l’union des Slaves du Sud qui allait former la Yougoslavie, avec l’encouragement des vainqueurs de la Grande Guerre qui s’achevait, notamment des Français qui occupaient la région avec les Serbes.

Le 25 décembre 1918, dans le cadre du démantèlement de l’Empire austro-hongrois, qui avait capitulé le 3 novembre, une Grande Assemblée nationale regroupait des représentants du Banat, de la Bačka et de la Baranja. Elle était composée de 578 délégués Serbes, 84 Bunjevci, 62 Slovaques, 21 Ruthènes, six Allemands, trois Šokci, deux Croates et un Hongrois. Ce qui ne reflétait pas du tout la composition ethnique de cette province hongroise où les Serbes représentaient un bon tiers de la population, les Hongrois un quart, les Allemands un cinquième... Cette assemblée, réunie à Novi Sad, dans le Grand Hôtel Mayer (aujourd’hui Sloboda) décidait de rattacher à la Serbie l’intégralité de la Voïvodine (Vojvodina - Војводина), son nom depuis 1848. À Belgrade, quelque jours plus tard, le 1er décembre 1918, le régent, le futur roi Aleksandar Krađorđević, proclamait la création du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, qui fut rebaptisé Royaume de Yougoslavie en 1929. Le régime communiste offrira ensuite à la Voïvodine une autonomie politique, statut qu’elle a, en principe, conservé au sein de la république de Serbie.

C’est cet événement qui est célébré aujourd’hui par Journée de la Voïvodine (Дан Војводине / Dan Vojvodine), une fête provinciale instaurée en 2018 à l’occasion du centenaire de la décision de la Grande Assemblée. Jusque-là, on se contentait d’un simple dépôt de gerbes au pied de la plaque commémorative située près du bâtiment de la « Vojvođanska banka » sur la place Slobode. Cette année, 2025, le 25 novembre est marqué par l'ouverture d’un Musée de l’Unification à Novi Sad.

Cette célébration, qui est avant tout le fait des Serbes, se déroule dans un climat politique particulièrement tendu. Depuis l’effondrement mortel de l’auvent de la gare de Novi Sad, le 1er novembre 2024, la Serbie toute entière se soulève contre la corruption meurtrière du régime du président Vučić et pour le respect de l’État de droit.

Quand a été instaurée cette journée de la Voïvodine, on a aussi prévu des dates pour les minorités ethniques de la province. Pour les Hongrois, il s'agit du 20 août, date de la canonisation du roi Saint Étienne ; pour les Slovaques, du 10 août et des fêtes nationales slovaques ; pour les Croates, du 16 octobre, date de naissance de Ban Jelačić ; pour les Roumains, du 1er décembre, date de la proclamation de l’unification de la Roumanie ; et pour les Ruthènes, la date du début de l’installation à Ruski Krstur.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 novembre 2025

La Grande Assemblée, le 25 novembre 1918, œuvre d’Anastas Bocarić (1864-1944).

 
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