L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

25 avril : les Australiens et Néo-Zélandais se souviennent de la Grande Guerre

L’ANZAC Day est une journée très importante pour les Australiens et Néo-Zélandais, une date constitutive de leurs identités nationales, d’où la persistance et même l’amplification, depuis plus d’un siècle, des célébrations de la Grande Guerre.

 

À Villers-Bretonneux, petite localité de Picardie, les autorités australiennes proposent chaque année une grande cérémonie nocturne, retransmise en direct par la télévision, d’où des horaires insolites. En effet, le site du mémorial ouvre à 2h30 du matin. Un pré-programme débute à 4h, avant la fameuse cérémonie, dite du "dawn service", qui se déroule entre 5h30 et 6h30 du matin. Localement la cérémonie a accueilli jusqu’à 6000 personnes certaines années, mais ils sont 100 fois plus nombreux à la suivre sur un écran de la chaîne publique australienne (ABC) ainsi que sur France 3 Picardie.

On célèbre une victoire australienne sur les Allemands : la prise de Villers-Bretonneux, dans la nuit du 24 au 25 avril 1918. À partir de ce moment-là les troupes allemandes commencèrent à reculer, Amiens sera épargnée et on s’orienta vers la fin de la Grande Guerre.

Cette commémoration qui a pris depuis les années 2000 une grande importance, en complète une autre : la mémoire de la bataille de Gallipoli, contre l’armée ottomane, qui a débuté le 25 avril 1915 et qui fut une véritable boucherie. On estime le nombre de morts à 8 700 parmi les Australiens tués et 2 700 chez les Néo-Zélandais. Les deux formaient l’ANZAC : Australian and New Zealand Army Corps (Corps d'armée australien et néo-zélandais).

Cet épisode de la campagne des Dardanelles contre les Turcs a fait des milliers de victimes sans résultat probant. Le choc a été tel que la Journée de l’ANZAC (ANZAC Day) a été célébrée dès 1916. L'esprit de l'ANZAC est devenu un élément important de l'identité nationale australienne et néo-zélandaise. Le 25 avril est un jour férié dans les deux pays. Depuis 2013, si le 25 avril tombe un week-end, le lundi est aussi férié en Australie. C’est dire l’importance de l’événement pour la nation australienne que certains disent être née ce jour-là, en 1915.

Dans les villes et villages d'Australie, des marches d'anciens combattants sont organisées pour commémorer la Journée de l'Anzac. Elles sont suivies de rassemblements entre vétérans (de la Seconde Guerre). La principale cérémonie nationale a lieu au Mémorial australien de la guerre à Canberra.

Une cérémonie se déroule également en Turquie, sur le site de la défaite de Gallipoli (Gelibolu Yarımadası), organisée par la Turquie, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. C’est le 75e anniversaire qui avait relancé les célébrations. Pour le centenaire, en 2015, le président Erdogan et le prince Charles avaient fait le déplacement.

L’Anzac Day est aussi célébré à Ypres (Belgique), à la porte de Menin. À Bullencourt (Pas-de-Calais), où on a créé un musée. À Longueval (Somme) au mémorial national néo-zélandais. Au Quenoy (Nord) également en hommage aux Néo-Zélandais. À Londres, au cénotaphe de Whitehall pour un défilé à 11h. À Auckland, devant me musée-mémorial. Ainsi qu’en Nouvelle-Calédonie, à Tahiti, aux îles Tonga… mais en référence à la Seconde Guerre mondiale. Ce samedi, 26 avril 2025, un concert est donné dans la cathédrale d’Amiens à l’occasion de l’ANZAC Day

Il est de tradition que les membres de la famille d'un soldat tué ou disparu, visitant les lieux de mémoire, fixent un coquelicot de papier ou de tissu sur la tombe ou à défaut à côté du nom gravé sur un monument.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 avril 2025

Lieu de mémoire à Sydney

Le 25 avril 1916, à Londres, le premier Anzac Day

 
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27 décembre : une commémoration patriotique en Pologne

Avant de quitter le pouvoir, l’ancienne majorité de droite nationaliste a offert aux Polonais un nouveau jour férié : la Journée nationale du soulèvement victorieux de la Grande-Pologne. Celui-ci commémore le soulèvement le soulèvement des Polonais en 1918-1919 contre l’occupation allemande.

 

Avant de quitter le pouvoir, l’ancienne majorité de droite nationaliste a offert aux Polonais un 13e jour férié : la Journée nationale du soulèvement victorieux de la Grande-Pologne (Narodowy Dzień Pamięci Zwycięskiego Powstania Wielkopolskiego). Celui-ci commémore le soulèvement le soulèvement militaire des Polonais en 1918-1919 contre l’occupation allemande. Il ne permet toutefois pas de constituer un super pont de Noël, après le 25 et le 26 décembre, car le 27 décembre n’est pas chômé contrairement aux deux jours précédents qui le sont en Pologne.

La Grande-Pologne (Wielkopolska) n’est qu’une petite partie de la Pologne dont elle constitue, ajoute de Poznan et de Gniezno , le cœur historique le plus ancien. En 1795, lorsque la Pologne a disparu de la carte de l’Europe, partagée entre la Russie, l’Autriche et la Prusse, c’est cette dernière qui hérita de la Grande Pologne. L’Unité allemande de 1871 en fit un territoire du IIe Reich. À l’issue de la Première Guerre mondiale, la majorité de la population espérait naturellement que la région rejoindrait le nouvel État polonais prévu par la Conférence de paix de Versailles, tandis que l'Allemagne ne voulait pas s'en séparer.

C’est dans ce contexte qu’une insurrection a éclaté le 27 décembre 1918, après le discours patriotique prononcé à Poznań par le musicien et diplomate Ignacy Paderewski. La plupart des insurgés étaient des membres de l'Organisation militaire polonaise, qui combattaient l'armée régulière allemande et les unités paramilitaires irrégulières (Freikorps). À la mi-janvier 1919, les insurgés avaient pris le contrôle de la majeure partie de la province avec relativement peu de pertes. En février, l'Allemagne signa un armistice avec l'Entente et les combats cessèrent en grande partie, bien que des escarmouches occasionnelles se poursuivissent jusqu'à la signature du traité de Versailles. Grâce au succès de l'insurrection, la Grande-Pologne fut finalement incorporée à la Deuxième République polonaise.

Le 1er octobre 2021, le Sejm de la république de Pologne adoptait une loi, présentée par le président Andrzej Duda, et réclamé par les autorités locales de la Grande Pologne, établissant le 27 décembre comme jour férié (non chômé), en souvenir de cet évènement. « L’idéal de l’héroïsme polonais a repris des formes visibles. Il nous donne une puissance et une foi inépuisables en l’avenir. C'est pourquoi le souvenir du 27 décembre sera toujours vivant et sacré", écrivait le Kurier Poznański en 1919.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 décembre 2024

 
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1918, Arménie, Azerbaïdjan, indépendance, 28 mai Bruno Teissier 1918, Arménie, Azerbaïdjan, indépendance, 28 mai Bruno Teissier

28 mai : Azerbaïdjan et Arménie célèbrent leur première indépendance

Le 28 mai 1918, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont proclamé leur indépendance le même jour et dans la même ville de Tiflis. Mais, les projets territoriaux de chacun État en formation, se chevauchaient largement. La naissance de ces nations se fera dans la violence et la frustration, par des processus de nettoyage ethnique qui, un siècle après, ne sont malheureusement pas terminés.

 

Le 28 mai 1918, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont proclamé leur indépendance le même jour, dans la même ville de Tiflis (la future Tbilissi, capitale actuelle de la Géorgie). Rien détonant, car à l’époque, les Tatars y étaient nombreux et c’était aussi la plus grande ville arménienne (après Bakou qui deviendra la capitale de l’Azerbaïdjan). Erevan était une ville secondaire, peuplée elle aussi de nombreux Tatars, que l’on appelle aujourd’hui les Azéris. C’est dire la complexité géographique et politique qui prévalait dans la région à la chute de l’Empire des tsars.

L’enjeux était de taille, car il n’y avait jamais eu d’État azéri dans l’Histoire et le dernier État arménien remontait au XIVe siècle (et n’était même pas situé dans le Caucase). Les deux États proclamé n’avait aucune référence territoriale évidente à faire valoir. La région était peuplée en taches de léopard de Géorgiens, Tatars et Arméniens, auxquels il fallait ajourer de nombreux Kurdes, des Russes, des Grecs… Le tout était compliqué par un afflux de réfugiés de l’Empire ottoman, rescapés du Génocide. Une offensive turque qui s’est soldé par la victoire arménienne de Saratrapat. Une présence militaire anglaise tentant de remplacer les Russes… La Fédération de Transcaucasie, État multiethnique, fondée en février 1918 sur les décombres de l’Empire russe,  aurait pu regrouper tous ces peuple et les faire vivre ensemble..

Mais les logiques nationalistes ont pris le dessus et n’ont laissé aucune chance au jeune État dont la mort a été prononcée le 26 mai 1918. Le même jour la Géorgie proclamait son indépendance. Évidemment, les projets territoriaux de chacun des trois pays se chevauchaient largement et la naissance de ces trois États se fera dans la violence et la frustration. Les processus de nettoyage ethnique, un siècle après, ne sont toujours pas terminés. Les craintes aujourd’hui, concernent le Haut-Karabagh, assiégé et asphyxié par les Azéris depuis l’automne 2022.

La région va, en 1920, tomber sous le contrôle de Moscou (dans le cadre de l’URSS) qui a joué les peuples les uns contre les autres afin de conserver sa tutelle coloniale héritée des tsars. L’idée était de brider le peuple ayant l’identité la plus forte et la plus ancienne, en l’occurrence, les Arméniens. Ceux-ci ont tous été chassés du Nakhitchevan, exclave que Staline a attribué à l’Azerbaïdjan. De leur côté les Tatars (Azéris) sont chassés du Zanguézour, la région qui sépare le Nakhitchevan de l’Azerbaïdjan. D’où les visées actuelles de Bakou sur cette région. Le Haut-Karabagh, très majoritairement peuplé d’Arméniens, aurait pu être une exclave de l’Arménie, Staline l’a placé sous la tutelle de Bakou avec un vague statut d’autonomie.

Ce statut d’autonomie sera aboli par Bakou à la chute de l’URSS, en 1991. En réaction, les Arméniens de la république autonome du Haut-Karbagh ont pris les armes et le contrôle d’un territoire deux fois plus vaste que leur enclave et en ont chassé les Azéris. Ce statu quo a tenu qu’en 2020, année où l’Azerbaïdjan a reconquis tout son territoire, à l’exception d’une partie de l’enclave du Haut-Karabagh aujourd’hui tenue par l’Armée russe.

En 2020, Moscou a laissé les Arméniens être écrasés par les Azerbaïdjanais, mais ne souhaitait pas une victoire totale de Bakou. Le souci des Russes était conserver une présence militaire  dans le Caucase, mais jusqu’à quand ? L’agression de l’Ukraine ayant largement tournée au fiasco, la puissance russe ne joue plus son rôle de médiateur. L’inquiétude est grand au Haut-Karabagh. Le souvenir des pogroms de Bakou, en 1988, visant les Arméniens est encore vif dans les mémoires…

La date du 28 mai, célébrée chaque année à Erevan et à Bakou est très lourde de mémoire et de contentieux. Ces jours fériés arménien, le Jour de la Première République (Առաջին Հանրապետության օր), et azerbaïdjanais (İlk Respublika Günü) n'étaient pas célébrés à l'époque soviétique, ils n’ont été institués qu’après la dissolution de l'URSS. Après que deux républiques aient obtenu leur deuxième indépendance en 1991.

Des pourparlers de paix ont débuté très récemment, l’Arménie propose de reconnaître les frontières de son voisin. L’Azerbaïdjan garantira-t-elle celles de l’Arménie ? Quel est l’avenir des Arméniens du Haut-Karabagh ?

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 mai 2023

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

 

Le mémorial arménien de Saratrapat où se fête le 28 mai

Le discours du 28 mai du président azerbaïdjanais

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1918, 1949, Lituanie, 16 février, indépendance Bruno Teissier 1918, 1949, Lituanie, 16 février, indépendance Bruno Teissier

16 février : la fête nationale de la Lituanie

La Lituanie fête son indépendance, pas celle du 11 mars 1990 quand le pays s’est séparé de l’URSS, mais celle du 16 février 1918 quand le pays a échappé à l’emprise russe. Le nom officiel de cette ce jour férié est Restauration de l’État lituanien. Les puristes parlent d’une renaissance de la Lituanie…

 

La Lituanie fête son indépendance, pas celle du 11 mars 1990 quand le pays s’est séparé de l’URSS, mais celle du 16 février 1918 quand le pays a échappé à l’emprise russe. Le nom officiel de ce jour férié est L’anniversaire de la restauration de l’État lituanien (Lietuvos valstybės atkūrimo diena). La Lituanie est le seul pays balte à pouvoir affirmer cela car il a existé, jadis, un État Lituanien médiéval, apparu en 1253 qui dura jusqu’en 1385. Plus tard, la Lituanie et la Pologne ont vécu en symbiose, formant un État commun durant plusieurs siècles. Elles ont disparu ensemble, en 1795, et ont recouvré leur indépendance la même année, en 1918. Pour la Lituanie, l’indépendance a été reconnue par la Russie le 16 février 1920 (deux ans après sa proclamation) mais sera anéantie le 15 juin 1940 par l’armée soviétique qui occupera le pays et y demeurera pendant 50 ans (jusqu’en 1990).

Chaque 16 février, après un hissé de drapeau, un défilé de jeunes est organisé dans la capitale. Tout le monde est invité à le rejoindre à 10 heures sur la place de la Cathédrale de Vilnius. Les jeunes marchent ensuite jusqu’au cimetière Rasų, où ils rendent hommage à la mémoire des signataires en lisant l’Acte d’indépendance de 1918. Un autre événement traditionnel a lieu dans la rue Pilies devant la Maison des signataires. En soirée (dès 17 heures) il y aura des bûchers de la liberté sur l’avenue Gedimino à Vilnius. Ils sont allumés très officiellement par des personnes désignées comme méritantes aux yeux des autorités.

C’est aussi symboliquement, un 16 février, en 1949, que divers mouvements de résistance à l’occupation soviétique se sont rassemblés sous la conduite du général Jonas Žemaitis. Ce chef de la résistance lituanienne œuvrera dans la clandestinité jusqu’à son arrestation en 1953, suite à une trahison. Il sera condamné à mort et exécuté le 26 novembre 1954 à la prison de Boutyrka, à Moscou. Les discours officiels du 16 février lui font toujours une petite place.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1918, Roumanie, unification du pays, 1er décembre Bruno Teissier 1918, Roumanie, unification du pays, 1er décembre Bruno Teissier

1er décembre : la fête nationale roumaine, une célébration de la Grande Roumanie

Le 1er décembre est aussi connu en Roumanie comme le Jour de l’Union. Cette date rappelle que le 1er décembre 1918 les représentants des Roumains et des Saxons de Transylvanie adoptent la proclamation d'Alba Iulia d'union avec le Royaume de Roumanie. C’est une exaltation de la Grande Roumanie.

 

Avec la chute du régime communiste de Ceauçescu, en 1989, il n’était plus possible de célébrer le 23 août comme l’avait fait le pouvoir communiste pendant un demi-siècle. Il n’était pas question non plus de revenir à la fête antérieure, celle du 10 mai qui rappelait une monarchie qui s’est avérée trop complaisante à l’égard du fascisme. Certains avaient proposé le 22 décembre, date du renversement du dictateur communiste, mais  l’exécution sommaire du couple Ceauçescu, trois jours plus tard, avait rendu la date peu glorieuse et l’option ne fut pas retenue.

On le sait, le choix s’est donc porté sur le 1er décembre, connu comme le Jour de l’Union (Ziua Unirii). Cette date rappelle que le 1er décembre 1918 les représentants des Roumains et des Saxons de Transylvanie adoptent la proclamation d'Alba Iulia d'union avec le Royaume de Roumanie. On parle alors de la Grande Union (Marea Unire) venue compléter celle du 24 janvier 1859, dite Petite Union quand la réunion des principautés médiévales de Valachie et Moldavie avait permis de créer la Roumanie. En 1990, la Grande Journée de l'Union a été déclarée Fête nationale avec le statut de jour férié et chômé. Sans que ce soit dit à l’époque, le changement de date avait aussi pour objet de couper l’herbe sous le pied de la minorité hongroise en Roumanie et de Budapest où l’on recommençait à évoquer une remise en question du rattachement de la Transylvanie à la Roumanie dans sa totalité. À l’inverse, cette date du 1er décembre qui se réfère à une Roumanie plus grande qu’elle ne l’est aujourd’hui, a aussi pour but d’évoquer le sort du nord de la Moldavie, la Bessarabie détachée du reste du pays par Moscou en 1940, et qui n’a pas été restitué à la Roumanie.

Bucarest s’est donc préparée pour le traditionnel défilé de l'armée sous l'Arc de Triomphe, qui réunit cette année la plus ample participation des militaires des pays alliés. « Après deux ans de pandémie, cette fois-ci il n'y a pas de restrictions pour le public. Qui plus est, le défilé présente, en première, les nouvelles acquisitions en matière de technique militaire moderne dont l'Armée Roumaine vient d'être dotée. Somme toute, des militaires roumains, 150 militaires étrangers - belges, français, macédoniens, moldaves, portugais, américains et néerlandais et autres soldats représentants les pays alliés, présents dans les structures de l'OTAN établies sur le territoire de la Roumanie, auxquels s'ajouteront 25 moyens techniques, y compris des aéronefs de combat venus du Canada, d'Italie, d'Espagne et des États-Unis » (Radio Romania)

D’autres célébrations importantes ont également lieu à Alba Iulia, la ville où a été forgée la Grande Union : cérémonies militaires et des dépôts de couronnes auront lieu aux statues des personnalités ayant marqué la Grande Union. Ici, la célébration a commencé dès le 30 novembre, jour de la Saint-André, jour férié où l’on fête le patron de la Roumanie avec un festival consacré aux traditions roumaines. 

Alba Iulia célèbre également le centenaire du couronnement du roi Ferdinand Ier, en 1922, à l'endroit même où en l'an 1600, le prince valaque Michel le Brave réalisait la toute première et très éphémère, union des trois principautés roumaines.

La guerre en Ukraine oblige, le défilé militaire d’Alba Iulia réunit cette année quelque 850 soldats et de la technique militaire terrestre, ainsi que des hélicoptères et des avions F-16. C'est ici que défilent des militaires français faisant partie du Groupement tactique de l'OTAN déployé à Cincu, au département de Brasov (centre).

Dans les rues de la capitale comme dans celle des autres villes, le public peut profiter des feux d’artifice et des illuminations, des concerts et de plats traditionnels, tels que les saucisses aux haricots, servis chaud sur les trottoirs pour se réchauffer en ce premier jour de décembre. Pour les frileux un programme spécial est prévu à la télé.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 novembre 2022

Mise à jour 2024 : cette année, les élections législatives ont lieu le jour de la fête nationale. L’engagement de la Roumanie dans l’OTAN fait partie des enjeux de ce scrutin, alors que le premier tour de la présidentielle, dimanche dernier, a mis en tête un candidat prorusse hostile à l’alliance avec l’Occident.

 
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1918, Arménie, république, 28 mai, indépendance Bruno Teissier 1918, Arménie, république, 28 mai, indépendance Bruno Teissier

28 mai : l'Arménie commémore sa première indépendance

Ce jour férié qui commémore la création de la République d'Arménie le 28 mai 1918.

 

Le Jour de la Première République (Առաջին Հանրապետության օր) est un jour férié qui commémore la création de la République d'Arménie le 28 mai 1918.

À la suite de la révolution de février 1917 en Russie, un Commissariat de Transcaucasie est créé (novembre 1917). Il décide de réunir une assemblée générale (Sejm) et de proclamer l'indépendance. Finalement, la République fédérative démocratique transcaucasienne a été proclamée en février 1918. Mais, elle a existé pendant trois mois.

Finalement, le 28 mai 1918, le Conseil national arménien proclame l'indépendance de l'Arménie. La République d'Arménie fut le premier État arménien moderne depuis la chute du Royaume arménien de Cilicie en 1375. Malheureusement, cette république nouvellement indépendante n'a pas existé longtemps. En 1920, elle est envahie par l'Armée rouge soviétique.

Ce premier jour de la République en Arménie coïncide avec celui de la république d’Azerbaïdjan, proclamé le même jour et célébré par un jour férié. Ces jours fériés arménien et azerbaïdjanais n'étaient pas célébrés à l'époque soviétique, ils ont été institués qu’après la dissolution de l'URSS. Les deux républiques ont obtenu leur deuxième indépendance en 1991.

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 mai 2022

 
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1918, Arménie, bataille célèbre, 26 mai Bruno Teissier 1918, Arménie, bataille célèbre, 26 mai Bruno Teissier

26 mai : les Arméniens célèbrent la victoire de Sardarapat qui permit l’existence d’une république d’Arménie

L’issue de cette bataille de Sardarapat aurait été différente, il est fort probable qu’il n’existerait pas aujourd’hui une petite république d’Arménie aux confins de l’Anatolie et du Caucase.

 

L’issue de cette bataille de Sardarapat (Սարդարապատի ճակատամարտ) aurait été différente, il est fort probable qu’il n’existerait pas aujourd’hui une petite république d’Arménie aux confins de l’Anatolie et du Caucase.

La Révolution d’Octobre en 1917, a entraîné un désengagement des troupes russes qui ont quitté les territoires qu’elles occupaient en Arménie occidentale après la déroute des Ottomans. Profitant de cette nouvelle situation, les autorités turques ont décidé de lancer une offensive pour reprendre non seulement l'Arménie occidentale, mais aussi l'Arménie orientale et même toute la Transcaucasie, que la Russie avait intégré à son empire un siècle plus tôt.

Violant l'accord de cessez-le-feu signé avec les Russes en 1917, les troupes turques ont donc attaqué et occupé Yerznka, Erzurum, Sarighamish, Kars et, le 15 mai, Alexandropol (aujourd’hui Gyumri). Les Arméniens reculaient sous la pression d'une armée turque de 100 000 hommes dirigée par Vehib Pacha. Leurs 20 000 soldats et officiers arméniens n’étaient armés que de vieux fusils et mitrailleuses de l'armée russe. La bataille a duré 9 jours du 21 au 28 mai 1918. Les Turcs finirent par être repoussés par les Arméniens qui jouaient leur survie. L’Arménie orientale était le refuge de nombreux survivants du génocide de 1915. Il est probable qu’une occupation de toute la Transcausie par les armées turques aurait provoqué l’anéantissement du peuple arménien.

La victoire de Sardarapat (ou Sardarabad) a une énorme signification pour l'Arménie. La population arménienne dans la partie nord de la vallée de l'Ararat a été sauvée du génocide turc, une partie importante de l'Arménie orientale a été sauvée de la conquête turque et les conditions ont été créées pour la création d’un État arménien : le 28 mai 1918, la République d'Arménie était proclamée.

Le 26 mai 1918, une journée du souvenir a été instituée en l'honneur de la victoire à la bataille de Sardarapat et de la défaite de l'armée turque.  La bataille héroïque de Sardarapat est souvent appelée "Avarayr du XXe siècle".

Chaque année, le 26 mai, une cérémonie se déroule au mémorial construit en 1968 pour le 50e anniversaire de la bataille. En 2014, la rue menant au mémorial de Sardarapat a été baptisée Mosves Silikyan, et celle rue menant du village d'Araks au musée de Sardarapat porte le nom de Daniel Bek-Pirumyan, autre acteur majeur de la victoire, avec Tovmas Nazarbekyan.

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 mai 2022

 

Mémorial dédié à la victoire arménienne à la bataille de Sardarapat à Nos Armavic (Sardarapat) près d’Araks , en Arménie

Commémoration

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1918, Roumanie, Moldavie, URSS, 27 mars Bruno Teissier 1918, Roumanie, Moldavie, URSS, 27 mars Bruno Teissier

27 mars : le Jour de l'union de la Bessarabie avec la Roumanie

La république de Moldavie en occupe la majeure partie de la Bessarabie. Ce territoire majoritairement roumanophone a appartenu à la Roumanie mais a été confisqué par l’URSS…

 

La Roumanie célèbre le Jour de l'union de la Bessarabie avec la Roumanie (Ziua Unirii Besarabiei cu Romania). Cette célébration est récente (2017) et correspond à l’air du temps, l’émancipation des peuples, même si Moscou y verra inévitablement l’une de ces humiliations que soi-disant l’Occident lui impose. Alors qu’il ne s’agit là que de la liberté des peuples. Le 27 mars commémore le jour de 1918 où le parlement bessarabien a voté l’union du pays avec le Royaume de Roumanie. La date est celle du calendrier julien, elle a glissé d’un calendrier à l’autre sans modification.

La Bessarabie est située entre les fleuves Dniepr et Prout. Aujourd’hui la petite république de Moldavie occupe la majeure partie de son territoire. La région est majoritairement peuplée de Roumains, elle faisait partie jadis de la principauté de Moldavie, dont seule la moitié sud a formé la Roumanie dès la création du pays en s’associant à la Valachie. Car à l’époque la Bessarabie était occupée par la Russie qui l’a annexé à l’Empire en 1912. La Révolution russe parmi à certains peuples, les Finlandais, les Polonais… et les Moldaves à échapper à l’emprise russe. Le 2 décembre 1917 (ancien calendrier), le parlement nouvellement créé de Bessarabie a proclamé la République démocratique moldave au sein de la Russie. Le  24 janvier 1918, la Moldavie a déclaré son indépendance de la Russie. Enfin, le 27 mars 1918, le parlement moldave vote l'unification avec la Roumanie. L'union a été officiellement reconnue par les puissances européennes après la fin de la Première Guerre mondiale.

La Russie n’a jamais accepté cette perte. Suite au pacte scellé avec Hitler (pacte secret Ribbentrop-Molotov), Staline impose à la Roumanie de rétrocéder la région à l’URSS en juin 1940. La région est réinvestie par la Roumanie en juillet 1941 à la faveur l’offensive allemande contre l’URSS, puis reconquise par Moscou en août 1944. Finalement, la République socialiste soviétique de Moldavie obtient son indépendance en 1991 à la faveur de la disparition de l’URSS, mais sans avoir le droit de se rattacher à la Roumanie. Pour éviter cela la Russie entretient depuis 1992, une occupation militaire dans une république fantoche de Transnistrie, selon une stratégie qui a ensuite été utilisé par Moscou en Géorgie puis en Ukraine : les soi-disant républiques du Donbass.

Le projet de commémoration de l'union de la Bessarabie avec la Roumanie a été lancé par Eugen Tomac, alors député du Parti du mouvement populaire. En octobre 2015, le Sénat de Roumanie a adopté à l'unanimité la Journée de l'union de la Bessarabie avec la Roumanie. Cependant, il a fallu environ un an et demi pour que la fête soit adoptée par la Chambre des députés. Le 27 mars 2017, la fête a été promulguée par le président Klaus Iohannis, devenant officielle.

La Journée de l'Union de la Bessarabie avec la Roumanie est marquée par des événements culturels, artistiques et scientifiques organisés par les autorités nationales et locales, les ONG et les institutions culturelles en Roumanie et à l'étranger. Le drapeau national de la Roumanie flotte dans tout le pays à l'occasion de la fête.

La journée est bien sûr officieusement célébrée par une partie des habitants de la république de Moldavie, ceux qui soutiennent l'unification des pays roumains, ainsi que par diverses organisations roumaines travaillant en Moldavie, comme l'Institut culturel roumain.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 mars 2022

 

Les députés bessarabiens

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1918, Géorgie, 26 août, indépendance Bruno Teissier 1918, Géorgie, 26 août, indépendance Bruno Teissier

26 mai : la Géorgie célèbre son indépendance malgré l'occupation russe de deux de ses provinces

Chaque 26 mai, la Géorgie célèbre le Jour de l’indépendance, en souvenir de l'adoption, le 26 mai 1918, de l'acte d'indépendance, qui a créé la première république démocratique de Géorgie, après un siècle de domination russe.

 

Chaque 26 mai, la Géorgie célèbre le Jour de l’indépendance  (დამოუკიდებლობის დღე ), en souvenir de l'adoption, le 26 mai 1918, de l'acte d'indépendance qui a créé la première république démocratique de Géorgie, après un siècle de domination russe. Cette date est celle la fête nationale géorgienne. Sa célébration fut interdite de 1922 à 1991.

Une indépendance qui pourtant ne dure pas : le 25 février 1921, la Géorgie a été conquise par l’Armée rouge et sera un peu plus tard intégrée à l’URSS, et le restera jusqu’en… 1991. Le 31 mars 1991, un référendum sur la base de l'Acte d'indépendance du 26 mai 1918, décidait à nouveau de l’indépendance du pays. La petite Géorgie ne sera pas débarrassée des Russes pour autant. L’armée russe, sans que les autres nations européennes n’y trouvent à redire, occupe aujourd’hui l'Abkhazie dont Moscou a provoqué la sécession en 1993. Quinze ans plus tard, c’est au tour de l’Ossétie du Sud de subir le même sort. Mal inspiré, le président français Sarkozy qui présidait alors l’Union européenne, s’est déplacé en personne à Moscou pour permettre à Poutine de transformer sa victoire militaire sur la Géorgie en une victoire politique. Depuis le 26 août 2008, la situation est bloquée. Ces deux territoires échappent totalement à la tutelle de la Géorgie. C’est donc un pays largement amputé qui célèbre aujourd’hui son indépendance.

En 2021, la Géorgie célèbre également le 100e anniversaire de l'occupation soviétique mais tout en fêtant les 30 ans du rétablissement de l'indépendance du pays (au printemps 1991). La célébration du jour de l'indépendance se déroule sur la place de la Liberté dans la capitale géorgienne de Tbilissi fermée pendant six jours pour les festivités. L’an dernier tout avait été annulé pour cause de pandémie, on va se rattraper cette année.

Les célébrations de la fête nationale en Géorgie sont traditionnellement marquées par des discours et des cérémonies politiques, des levées du drapeau national, des concerts et des festivals, des foires et des expositions et à d'autres événements publics célébrant la riche histoire et la culture du pays. Une célébration particulièrement importante, avec plus de 20 délégations de haut niveau présentes, avait eu lieu en 2018 à l'occasion du centenaire de l'indépendance. L’Arménie et l’Azerbaïdjan célèbrent le même anniversaire de l’indépendance le 28 mai.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 mai 2021

 
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Allemagne, 1919, Socialisme, Communisme, révolution Bruno Teissier Allemagne, 1919, Socialisme, Communisme, révolution Bruno Teissier

15 janvier : hommage à Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht

Comme chaque année, le dimanche qui précède l’anniversaire de l’assassinat de Rosa Luxemburg, plusieurs milliers de personnes, un œillet rouge à la main, se pressent dans le cimetière de Friedrichsfeldeen à Berlin, pour lui rendre hommage, ainsi qu’à Karl Liebknecht, l’autre socialiste révolutionnaire assassiné le même jour.

 

Comme chaque année, le dimanche qui précède l’anniversaire de l’assassinat de Rosa Luxemburg, plusieurs milliers de personnes, un œillet rouge à la main, se pressent dans le cimetière de Friedrichsfeldeen à Berlin (le cimetière socialiste), pour lui rendre hommage, ainsi qu’à Karl Liebknecht, l’autre socialiste révolutionnaire assassiné le même jour. Inutile de chercher un fleuriste, pendant plusieurs jours, des dizaines de vendeurs à la sauvette de cette fleur symbole des luttes ouvrières, attendent les militants dès la sortie de la station de métro Lichtenberg. La gauche française y envoie chaque année des représentants qui y rencontrent les Allemands de Die Linke, ainsi que d’autres membres de la gauche de la gauche en Europe.

Le matin du 15 janvier 1919, des miliciens d’extrême droite sont venus chercher Rosa Luxemburg à son domicile pour la conduire à l’hôtel Eden où elle doit être interrogée. En sortant de l’hôtel, ils l’ont assommé d’un coup de crosse de fusil et embarqué. Dans la voiture, l’un des hommes lui a tiré une balle dans la tête. Son corps est jeté au fond du Landwehrkanal. Il ne sera retrouvé que quatre mois plus tard.

La RDA a disparu avec la chute du mur de Berlin, pas les célébrations qui y étaient organisées, notamment la coutume de déposer des fleurs au Mémorial du socialisme de Friedrichsfeldeen (Berlin) en l’honneur de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht assassinés par des miliciens d’extrême-droite, le 15 janvier 1919, alors qu’ils tentaient d’instaurer une république soviétique allemande.

Le cimetière central de Friedrichsfelde est situé Gudrunstraße 20, 10365  Berlin - site internet -

Si vous avez raté le grand rassemblement de ce dimanche, rendez-vous le 15 janvier, à 18 heures, place Olof Palm, pour une procession jusqu’au mémorial de Tiergarten.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, janvier 2020

Timbre-poste émis en 1949, pour le 30e anniversaire de leur mort dans la zone d’occupation soviétique de l’Allemagne

 
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