L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
25 novembre : le jour où la Voïvodine est devenue serbe
Il y a un peu plus d’un siècle la Voïvodine était rattachée au Royaume de Serbie lequel, s’intègrera très vite dans un royaume de Yougoslavie. Elle fait, aujourd’hui, partie de la Serbie, ce qui, au regard de l’Histoire, n’avait rien de naturel tant cette région est une mosaïque de peuples slaves (Serbes, Slovaques, Ruthènes…) ou non slaves : Hongrois, Roumains…
Il y a un peu plus d’un siècle la Voïvodine était rattachée au Royaume de Serbie, lequel s’intégrera très vite dans un royaume de Yougoslavie. Elle fait aujourd’hui partie de la Serbie, ce qui, au regard de l’Histoire, n’avait rien de naturel tant cette région est une mosaïque de peuples slaves (Serbes, Slovaques, Ruthènes…) ou non slaves : Hongrois, Roumains, Allemands… la région qui au cours des siècles n’avait jamais été serbe, aurait très bien pu revenir à la Hongrie (mais celle-ci était dans le camp des vaincus) ou partagée avec la Roumanie. La Serbie a profité de l’élan de l’union des Slaves du Sud qui allait former la Yougoslavie, avec l’encouragement des vainqueurs de la Grande Guerre qui s’achevait, notamment des Français qui occupaient la région avec les Serbes.
Le 25 décembre 1918, dans le cadre du démantèlement de l’Empire austro-hongrois, qui avait capitulé le 3 novembre, une Grande Assemblée nationale regroupait des représentants du Banat, de la Bačka et de la Baranja. Elle était composée de 578 délégués Serbes, 84 Bunjevci, 62 Slovaques, 21 Ruthènes, six Allemands, trois Šokci, deux Croates et un Hongrois. Ce qui ne reflétait pas du tout la composition ethnique de cette province hongroise où les Serbes représentaient un bon tiers de la population, les Hongrois un quart, les Allemands un cinquième... Cette assemblée, réunie à Novi Sad, dans le Grand Hôtel Mayer (aujourd’hui Sloboda) décidait de rattacher à la Serbie l’intégralité de la Voïvodine (Vojvodina - Војводина), son nom depuis 1848. À Belgrade, quelque jours plus tard, le 1er décembre 1918, le régent, le futur roi Aleksandar Krađorđević, proclamait la création du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, qui fut rebaptisé Royaume de Yougoslavie en 1929. Le régime communiste offrira ensuite à la Voïvodine une autonomie politique, statut qu’elle a, en principe, conservé au sein de la république de Serbie.
C’est cet événement qui est célébré aujourd’hui par Journée de la Voïvodine (Дан Војводине / Dan Vojvodine), une fête provinciale instaurée en 2018 à l’occasion du centenaire de la décision de la Grande Assemblée. Jusque-là, on se contentait d’un simple dépôt de gerbes au pied de la plaque commémorative située près du bâtiment de la « Vojvođanska banka » sur la place Slobode. Cette année, 2025, le 25 novembre est marqué par l'ouverture d’un Musée de l’Unification à Novi Sad.
Cette célébration, qui est avant tout le fait des Serbes, se déroule dans un climat politique particulièrement tendu. Depuis l’effondrement mortel de l’auvent de la gare de Novi Sad, le 1er novembre 2024, la Serbie toute entière se soulève contre la corruption meurtrière du régime du président Vučić et pour le respect de l’État de droit.
Quand a été instaurée cette journée de la Voïvodine, on a aussi prévu des dates pour les minorités ethniques de la province. Pour les Hongrois, il s'agit du 20 août, date de la canonisation du roi Saint Étienne ; pour les Slovaques, du 10 août et des fêtes nationales slovaques ; pour les Croates, du 16 octobre, date de naissance de Ban Jelačić ; pour les Roumains, du 1er décembre, date de la proclamation de l’unification de la Roumanie ; et pour les Ruthènes, la date du début de l’installation à Ruski Krstur.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 novembre 2025
La Grande Assemblée, le 25 novembre 1918, œuvre d’Anastas Bocarić (1864-1944).
16 novembre : jour de deuil en Allemagne
Cette journée des soldats morts au combat, le Volkstrauertag, a élargi son champ pour commémorer les victimes de la guerre, de la tyrannie et du terrorisme en général.
En Allemagne, c’est la Journée nationale de deuil (Volkstrauertag).
Ce jour des souvenirs a été célébré en Allemagne de 1922 à 1934 en février ou en mars (précisément le cinquième dimanche avant Pâques). À l'origine, c’était les soldats allemands tués pendant la Première Guerre mondiale qui étaient commémorés. En 1934, sous les nazis, sur décision de Joseph Goebbels, le 14 novembre a été rebaptisé “Jour du souvenir des héros” et a bien sûr complètement changé de sens. Puis, en 1939, Hitler déplaça ce jour du souvenir au 16 mars, anniversaire de la réintroduction du service militaire obligatoire en 1935.
À partir de 1946, une journée de deuil national a été remise en place, toujours en février ou mars. C’est au début des années 1950, qu’il est fixé l’avant-dernier dimanche avant le premier de l’Avent, qui est sa date actuelle, qui tombe aujourd’hui. La RDA commémorait les victimes du fascisme, c’est-à-dire avant tout les résistants communistes, plutôt que les soldats tombés à la guerre comme en RFA. Depuis 1987, le Volkstrauertag a élargi son champ pour commémorer les victimes de la guerre, de la tyrannie et du terrorisme en général. Sans oublier les soldats allemands morts dans les missions étrangères de la Bundeswehr.
Ce dimanche de deuil ne doit pas être confondu avec le Dimanche des morts (Totensonntag), fête religieuse qui sera célébrée dimanche prochain, 23 novembre.
Les prochaines dates : 15 novembre 2026, 14 novembre 2027, 19 novembre 2028, 18 novembre 2029…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 novembre 2025
Célébration du Volkstrauertag dans les ruines de l'église Saint-Alban, Cologne (photo : Raimond Spekking)
9 novembre : jour de deuil au Royaume-uni
Les Britanniques commémorent ce dimanche, leurs morts à la guerre. C’est le Jour du souvenir (Remembrance Day).
Au Royaume-uni, c’est le Jour du souvenir (Remembrance Day) .
Le Remembrance Sunday, son autre appellation, était autrefois célébré le 11 novembre. Afin de supprimer un jour férié, il a été déplacé au le dimanche le plus proche de l’anniversaire de l’armistice de 1918. Ce jour-là, en présence du premier ministre ainsi que d’anciens combattants, le roi, en principe, dépose un bouquet de coquelicots au cénotaphe du Whitehall à Londres.
Des coquelicots artificiels bien sûr (car ce n’est pas la saison). Ils sont appelés coquelicots du souvenir (Remembrance Poppy) et sont vendus par l'association des anciens combattants de la Royal British Legion. Le coquelicot (poppy, en anglais ) fait référence au poème In Flanders Fields du Canadien John McCrae, évoquant les champs de Flandre rougi au sang des soldats de la Première Guerre mondiale. À Londres, les bâtiments publics seront illuminés en rouge pendant la nuit de ce dimanche.
Les prochaines date : 8 novembre 2026, 14 novembre 2027…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 novembre 2025
Dépôts de gerbes par des parlementaires lors de la cérémonie du Souvenir au Cénotaphe de Whitehall, à Londres, en 2010. (Photo : Sergent Dan Harmer, RLC/MOD)
9 novembre : le jour du destin des Allemands
Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombait, amorçant la fin de la Guerre froide. Une date idéale pour célébrer un pays réconcilié, mais impossible d’en faire la fête nationale de l’Allemagne réunifiée… car le 9 novembre évoque d’autres journées, plus sombres pour certaines. Cette date demeure aujourd’hui encore très chargée de sens et de visions antagonistes aussi bien de l’Histoire allemande que de l’actualité internationale.
Il y a 36 ans, le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombait mettant fin à 50 années d’antagonisme entre les deux Allemagnes et amorçant la fin de la Guerre froide. L’évènement s’est produit vers 19 heures, à quelques heures près, l’Allemagne aurait pu célébrer chaque 10 novembre son unité retrouvée, mais l’histoire en a voulu autrement. La voilà assignée au 9 novembre, date qui n’est pas devenue la fête nationale que certains auraient souhaitée car elle est bien trop chargée d’histoire.
En 1938, le 9 novembre, c’était la « Nuit de cristal », le pogrom contre les juifs organisé par Goebbels. Le prétexte était l’agression d’un fonctionnaire de l’ambassade d’Allemagne à Paris par un jeune juif allemand. Mais la date de cette nuit d’enfer qui marque le début de la Shoah, n’avait pas été choisie au hasard. C’était le jour anniversaire de la tentative de putsch par Adolf Hitler, en 1923, à Munich. Et, si ce dernier avait tenté un coup de force précisément un 9 novembre, c’était parce que la république dite de Weimar, fondée le 9 novembre 1918 et honnie par l’extrême droite, fêtait ce jour-là ses 5 ans.
Le même 9 novembre 1918, Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg proclamaient en parallèle une République socialiste allemande qui ne dura que quelques mois… Une date symbolique donc, tout au long du XXe siècle.
Si on remonte un peu le temps, le 9 novembre est aussi la date de l’exécution du parlementaire allemand libéral, Robert Blum, par les contre-révolutionnaires, après l’insurrection viennoise d’octobre 1848… C’est un peu comme si une seule date racontait l’histoire récente de l’Allemagne. Cette date a été baptisée Schicksalstag, le jour du Destin ! Le gouvernement lui préféra donc le 3 octobre, date officielle de la réunification en 1990.
Finalement, la fête nationale de l’Allemagne a été fixée le 3 octobre, en référence une journée de 1990 qui n’évoque rien de fort, si ce n’est l’officialisation d’une réunification déjà en cours et réalisée à marche forcée, qui laisse un goût amer. Aujourd’hui, une partie de l’opinion est persuadée qu’une troisième voie était possible, que la RDA , dégagée de la tutelle de Moscou, si on lui en avait laissé le temps aurait pu concilier démocratie et socialisme.
Le 9 novembre n’est pas totalement occulté. La date a été choisie par le Conseil de l’Europe pour célébrer l'anniversaire du début des pogroms de masse en Europe, connus sous le nom de Kristallnacht (Nuit de cristal) ou de Novemberpogrome. C’est aujourd’hui la Journée internationale contre le fascisme et l'antisémitisme. À ne pas confondre avec la Journée internationale contre le racisme et le fascisme, marquée chaque 23 mars.
Aux États-Unis, dans les milieux conservateurs, on célèbre l’anniversaire de la chute du mur de Berlin comme une victoire sur le communisme. Dans, ce but, une Journée mondiale de la liberté (World Freedom Day) a été instaurée en 2001, mais son écho demeure limité car elle fait référence à une histoire déjà ancienne. Les mêmes se réjouissent aujourd’hui du retour de Trump au pouvoir.
À Berlin, a date du 9 novembre demeure très chargée de sens et de visions antagonistes aussi bien de l’Histoire allemande que de l’actualité internationale.
L’extrême droite tente toujours de s’approprier le 9 novembre. Le groupe d'extrême droite « Wir für Deutschland » (Nous pour l'Allemagne) qui voulait organiser une « marche du deuil pour les victimes de la politique », que les autorités berlinoises ont interdit à plusieurs reprises.
À l’autre extrémité de l’échiquier politique, on commémore à 18h , Ernst-Zinna-Weg 1, la révolution de 1918. Une veillée contre le fascisme a également lieu place de la Révolution de mars.
À 14h30, Tempelhofer Damm 227, une manifestation a pour thème : « Souvenons-nous des victimes de la Nuit de Cristal - plus jamais la guerre, plus jamais le fascisme ! » De 20h15 à 21h30, une marche commémore la même terrible nuit : Grosse Hamburger Str. 31 (AK, porte Sophienkirche) - Große Hamburger Str. - Auguststr. - Tucholskystr. - Oranienburger Str. - Krauskickstr. - Grande Hamburger Str. 27 (EK, ancien cimetière juif).
L’actualité n’est pas oubliée : à 16h, Wegelystrasse. 1 « Ne détournez pas le regard » est un événement visant à sensibiliser le public aux souffrances causées au Moyen-Orient par la guerre de Gaza. L'accent est mis sur la réconciliation entre les deux parties et sur un appel au respect des droits humains et du droit international. Les noms d'enfants israéliens et palestiniens tués pendant le conflit sont lus à haute voix.
En écho au 9 novembre 1989, des pacifistes se regroupent place de la République avec pour mots d’ordre : « Pour la liberté et la démocratie populaire – pour la paix intérieure et internationale – pour un avenir digne d'être vécu pour tous, par la mise en œuvre concrète des accords de Potsdam, parties II et III, conformément à l'article 139 de la Loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne (RFA), en procédant à la dénazification et à la démilitarisation de l'État-nation allemand au regard du droit international, ce qui n'a pas encore eu lieu, afin de conclure les traités de paix manquants avec plus de 54 nations belligérantes – dont 192 membres de l'ONU – pour la fin définitive de la Seconde Guerre mondiale, qui se poursuit encore aujourd'hui par le recours à des stratagèmes perfides et malveillants (article 24 de la Convention de La Haye) ! Par ailleurs, le débat public sur le statut juridique de l'État-nation allemand, de la RFA et de la RDA au regard du droit international se poursuit depuis 1990. » Un discours pacifiste ambigu qui ne manquera de satisfaire Moscou.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 novembre 2025
18 juillet : Mandela Day
Aujourd'hui, les Nations Unies vous invitent à consacrer 67 minutes de votre temps à aider vos semblables en hommages aux valeurs défendues par l'ancien président sud-africain pendant les 67 années de sa carrière politique (dont 27 ans passés en prison)…
Aujourd'hui, les Nations Unies vous invitent à consacrer 67 minutes de votre temps à aider vos semblables en hommage aux valeurs défendues par l'ancien président sud-africain pendant les 67 années de sa carrière politique (dont 27 ans passés en prison).
Parmi les bonnes actions prévues aujourd'hui pour le Mandela Day, un concert est organisé dans les rues du Cap à partir de midi, heure locale : 67 musiciens placés dans différents quartiers joueront pendant soixante-sept minutes.
La Journée Nelson Mandela a été créée par l’ONU en 2009, elle correspond à l’anniversaire de la naissance du leader sud-africain, né en 1918. À 8h05 précises, tous les enfants des écoles sud-africaines entonnent un chant en son honneur.
Neuf ans après sa mort, et vingt-quatre ans après la fin de son mandat de Président de la nation arc-en-ciel, le combat du prix Nobel de la Paix 1994 n’est pas terminé. La liberté a été acquise par la majorité noire, mais les inégalités sont désormais plus importantes qu’à l’époque de l’apartheid.
Alors que les Nations Unies célèbrent leur 80e anniversaire, le message intemporel de service et de progrès de Mandela continue d'inspirer. En ce jour important, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a exhorté la communauté internationale à s'inspirer de l'engagement indéfectible de Madiba en faveur de la liberté, de l'égalité et des droits humains – des principes qui demeurent plus essentiels que jamais.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 juillet 2025
25 avril : les Australiens et Néo-Zélandais se souviennent de la Grande Guerre
L’ANZAC Day est une journée très importante pour les Australiens et Néo-Zélandais, une date constitutive de leurs identités nationales, d’où la persistance et même l’amplification, depuis plus d’un siècle, des célébrations de la Grande Guerre.
À Villers-Bretonneux, petite localité de Picardie, les autorités australiennes proposent chaque année une grande cérémonie nocturne, retransmise en direct par la télévision, d’où des horaires insolites. En effet, le site du mémorial ouvre à 2h30 du matin. Un pré-programme débute à 4h, avant la fameuse cérémonie, dite du "dawn service", qui se déroule entre 5h30 et 6h30 du matin. Localement la cérémonie a accueilli jusqu’à 6000 personnes certaines années, mais ils sont 100 fois plus nombreux à la suivre sur un écran de la chaîne publique australienne (ABC) ainsi que sur France 3 Picardie.
On célèbre une victoire australienne sur les Allemands : la prise de Villers-Bretonneux, dans la nuit du 24 au 25 avril 1918. À partir de ce moment-là les troupes allemandes commencèrent à reculer, Amiens sera épargnée et on s’orienta vers la fin de la Grande Guerre.
Cette commémoration qui a pris depuis les années 2000 une grande importance, en complète une autre : la mémoire de la bataille de Gallipoli, contre l’armée ottomane, qui a débuté le 25 avril 1915 et qui fut une véritable boucherie. On estime le nombre de morts à 8 700 parmi les Australiens tués et 2 700 chez les Néo-Zélandais. Les deux formaient l’ANZAC : Australian and New Zealand Army Corps (Corps d'armée australien et néo-zélandais).
Cet épisode de la campagne des Dardanelles contre les Turcs a fait des milliers de victimes sans résultat probant. Le choc a été tel que la Journée de l’ANZAC (ANZAC Day) a été célébrée dès 1916. L'esprit de l'ANZAC est devenu un élément important de l'identité nationale australienne et néo-zélandaise. Le 25 avril est un jour férié dans les deux pays. Depuis 2013, si le 25 avril tombe un week-end, le lundi est aussi férié en Australie. C’est dire l’importance de l’événement pour la nation australienne que certains disent être née ce jour-là, en 1915.
Dans les villes et villages d'Australie, des marches d'anciens combattants sont organisées pour commémorer la Journée de l'Anzac. Elles sont suivies de rassemblements entre vétérans (de la Seconde Guerre). La principale cérémonie nationale a lieu au Mémorial australien de la guerre à Canberra.
Une cérémonie se déroule également en Turquie, sur le site de la défaite de Gallipoli (Gelibolu Yarımadası), organisée par la Turquie, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. C’est le 75e anniversaire qui avait relancé les célébrations. Pour le centenaire, en 2015, le président Erdogan et le prince Charles avaient fait le déplacement.
L’Anzac Day est aussi célébré à Ypres (Belgique), à la porte de Menin. À Bullencourt (Pas-de-Calais), où on a créé un musée. À Longueval (Somme) au mémorial national néo-zélandais. Au Quenoy (Nord) également en hommage aux Néo-Zélandais. À Londres, au cénotaphe de Whitehall pour un défilé à 11h. À Auckland, devant me musée-mémorial. Ainsi qu’en Nouvelle-Calédonie, à Tahiti, aux îles Tonga… mais en référence à la Seconde Guerre mondiale. Ce samedi, 26 avril 2025, un concert est donné dans la cathédrale d’Amiens à l’occasion de l’ANZAC Day…
Il est de tradition que les membres de la famille d'un soldat tué ou disparu, visitant les lieux de mémoire, fixent un coquelicot de papier ou de tissu sur la tombe ou à défaut à côté du nom gravé sur un monument.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 avril 2025
Lieu de mémoire à Sydney
Le 25 avril 1916, à Londres, le premier Anzac Day
27 décembre : une commémoration patriotique en Pologne
Avant de quitter le pouvoir, l’ancienne majorité de droite nationaliste a offert aux Polonais un nouveau jour férié : la Journée nationale du soulèvement victorieux de la Grande-Pologne. Celui-ci commémore le soulèvement le soulèvement des Polonais en 1918-1919 contre l’occupation allemande.
Avant de quitter le pouvoir, l’ancienne majorité de droite nationaliste a offert aux Polonais un 13e jour férié : la Journée nationale du soulèvement victorieux de la Grande-Pologne (Narodowy Dzień Pamięci Zwycięskiego Powstania Wielkopolskiego). Celui-ci commémore le soulèvement le soulèvement militaire des Polonais en 1918-1919 contre l’occupation allemande. Il ne permet toutefois pas de constituer un super pont de Noël, après le 25 et le 26 décembre, car le 27 décembre n’est pas chômé contrairement aux deux jours précédents qui le sont en Pologne.
La Grande-Pologne (Wielkopolska) n’est qu’une petite partie de la Pologne dont elle constitue, ajoute de Poznan et de Gniezno , le cœur historique le plus ancien. En 1795, lorsque la Pologne a disparu de la carte de l’Europe, partagée entre la Russie, l’Autriche et la Prusse, c’est cette dernière qui hérita de la Grande Pologne. L’Unité allemande de 1871 en fit un territoire du IIe Reich. À l’issue de la Première Guerre mondiale, la majorité de la population espérait naturellement que la région rejoindrait le nouvel État polonais prévu par la Conférence de paix de Versailles, tandis que l'Allemagne ne voulait pas s'en séparer.
C’est dans ce contexte qu’une insurrection a éclaté le 27 décembre 1918, après le discours patriotique prononcé à Poznań par le musicien et diplomate Ignacy Paderewski. La plupart des insurgés étaient des membres de l'Organisation militaire polonaise, qui combattaient l'armée régulière allemande et les unités paramilitaires irrégulières (Freikorps). À la mi-janvier 1919, les insurgés avaient pris le contrôle de la majeure partie de la province avec relativement peu de pertes. En février, l'Allemagne signa un armistice avec l'Entente et les combats cessèrent en grande partie, bien que des escarmouches occasionnelles se poursuivissent jusqu'à la signature du traité de Versailles. Grâce au succès de l'insurrection, la Grande-Pologne fut finalement incorporée à la Deuxième République polonaise.
Le 1er octobre 2021, le Sejm de la république de Pologne adoptait une loi, présentée par le président Andrzej Duda, et réclamé par les autorités locales de la Grande Pologne, établissant le 27 décembre comme jour férié (non chômé), en souvenir de cet évènement. « L’idéal de l’héroïsme polonais a repris des formes visibles. Il nous donne une puissance et une foi inépuisables en l’avenir. C'est pourquoi le souvenir du 27 décembre sera toujours vivant et sacré", écrivait le Kurier Poznański en 1919.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 décembre 2024
23 novembre : la Lituanie fête son armée
La Journée des forces armées lituaniennes est l’anniversaire de la création de l’armée, le 23 novembre 1918, soit cinq jours tout juste après la déclaration d’indépendance de la Lituanie. Depuis 2022, cette journée a pris une dimension particulière, la Lituanie étant sur la ligne de front face à une Russie menace l’Europe.
La Journée des forces armées lituaniennes (Lietuvos kariuomenės diena) est l’anniversaire de la création de l’armée, le 23 novembre 1918, soit cinq jours tout juste après la déclaration d’indépendance de la Lituanie. Cette journée prend une dimension particulière avec le contexte régional actuel, la Lituanie étant sur la ligne de front. « À l'heure où un ennemi féroce attaque et ravage l'Ukraine, nous devons clairement comprendre que notre pays est également la cible des ambitions impériales de la Russie », déclarait le président Gitanas Nausėda, le 22 novembre 2022. Un an après la situation n’a pas changé.
Les célébrations durent plusieurs jours. Cette année, le principal défilé militaire a été reporté au 25 novembre, à 12h. Il rassemblera 14 000 soldats lituaniens et des 'équipements militaires de l'armée lituanienne ainsi que des membres des forces alliées de l'OTAN. Il aura lieu sur l'avenue Konstitucijos à Vilnius. Les invités de l'événement verront plus de 100 unités d'équipement militaire : véhicules de combat d'infanterie de l'armée lituanienne "Vilkas", obusier automoteur "PzH 2000", systèmes de défense aérienne "NASAMS", véhicules blindés tout-terrain "JLTV", les chars "Abrams" des alliés des États-Unis, les véhicules de combat d'infanterie Bradley, l'obusier automoteur Paladin, les chars Leopard de l'armée allemande, les véhicules de combat d'infanterie Puma et Marder et de nombreux autres équipements militaires. En survolant l'avenue Konstitucijos, les invités et les participants de l'événement seront accueillis par des avions et des avions de combat de l'armée de l'air effectuant la mission de police aérienne de l'OTAN en Lituanie. La célébration se terminera par la chanson Kanonada composée par Marijonas Mikutavičius et offerte à l'armée lituanienne.
Comme à chaque anniversaire de l'armée, le prix Lietuvos karžygio est décerné. Il récompense des actes altruistes, nobles ou risqués.
L'armée lituanienne est née dans des conditions difficiles : la Première Guerre mondiale étant terminée, l'armée allemande se retirait des territoires de l’empire russe qu’elle occupait, mais l’Armée rouge marchait déjà sur ses traces pour tenter d’occuper le terrain. Il fallait faire vite pour ne pas retomber sous le joug des Russes. Dès 1917, au sein de l’armée russe, un syndicat des officiers lituaniens s’était constitué. Ce qui avait permis de créer rapidement des unités distinctes : un bataillon lituanien d'un millier et demi de soldats se forme à Vitebsk, un bataillon de réserve à Smolensk, un bataillon lituanien à Rovno, un bataillon Vytautas le Grand en Sibérie et d'autres. Le syndicat et les unités ont été contraints de se dissoudre après la Révolution d'Octobre, mais cela a facilité la constitution d’une armée nationale, sitôt la guerre officiellement terminée. Cette armée ne lui sera pas d’un grand secours quand Staline décidera en 1940 d’occuper les pays baltes.
Aujourd’hui, compte tenu de la position stratégique de la Lituanie face à une Russie qui menace l’Europe, des exercices « Iron Wolf » sont organisés chaque année au printemps et en automne, ils visent à évaluer l'état de préparation au combat des bataillons appartenant à la brigade d'infanterie « Iron Wolf ». Quelque 3 600 soldats et 550 unités d'équipement militaire - chars, véhicules de combat d'infanterie, véhicules blindés, canons d'artillerie, transports de ravitaillement et administratifs - participeront à l'entraînement de deux semaines sur les terrains d’entraînement de Gaižiūnai et du général Silvestro Žukauskas et dans leurs environs. Des militaires de Lituanie et de sept autres pays de l'OTAN (Belgique, République tchèque, Allemagne, Pays-Bas, Norvège, Luxembourg et États-Unis) participent à l'exercice.
Du 13 au 21 novembre, dans toute la Lituanie, les soldats se rendent dans les écoles et lycées, où ils présentent l'armée lituanienne, la profession militaire et partagent leurs expériences personnelles. Le pays qui n’a plus de service militaire veut susciter des vocations.
Des événements festifs ont également lieu dans les autres villes de Lituanie. L’anniversaire de l’armée est également célébré dans les missions militaires étrangères, dans les quartiers généraux militaires internationaux et même, à l’étranger, là où servent des soldats lituaniens.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 novembre 2023
11 novembre : le centenaire de la Flamme du souvenir
Il y a 100 ans, le 11 novembre 1923, à 18 heures, André Maginot, ministre de la Guerre, allumait pour la première fois la Flamme du souvenir. La tombe de ce Soldat inconnu est installée à l’Arc de Triomphe depuis le 11 novembre 1920 (en 1921, elle sera déplacée sous l’Arc lui-même). La symbolique est très importante dans un pays qui a perdu 1,4 million de jeunes hommes (soit 10,5% des hommes actifs, le plus fort ratio parmi les belligérants).
Le 11 novembre 1923, à 18 heures, André Maginot, ministre de la Guerre, allumait pour la première fois la Flamme du souvenir. La tombe de ce Soldat inconnu avait été installée à l’Arc de Triomphe trois ans plus tôt, le 11 novembre 1920 (en 1921, elle sera déplacée sous l’Arc lui-même). La symbolique est très importante dans un pays qui a perdu 1,4 million de jeunes hommes (soit 10,5% des hommes français actifs, le plus fort ratio parmi tous les belligérants).
Le 11 novembre 1922, la première minute de silence en hommage aux morts de la Première Guerre mondiale était observée à Paris, devant l’Arc de Triomphe, en présence du Président Poincaré. Aujourd’hui, la France célèbre, un dernier des centenaires lié à la Grande Guerre : cela fait 100 ans que brûle la Flamme du souvenir. Elle ne s’est jamais éteinte, même pendant l’Occupation allemande de la Seconde Guerre mondiale.
La flamme jaillit de la gueule d’un canon au centre d’un faisceau d’épées déposées sur un bouclier. Cette structure en bronze, réalisée par Edgar Brandt, prône « plus jamais ça » : le feu jaillit d’un canon pour la dernière fois afin de rendre hommage aux soldats morts pour la France. Depuis 1923, la Flamme est ravivée tous les jours à 18h30. L’entretien de la flamme est assuré par le Comité de la Flamme (représentant 760 associations d'anciens combattants) ou des associations dont le civisme est reconnu. Longtemps, la cérémonie de ravivage de la Flamme a été confiée à des militaires, aujourd’hui, ouverte aux plus jeunes et de nombreux écoliers y participent.
Une tombe du Soldat inconnu britannique a été inaugurée à l’abbaye de Westminster, à Londres le même jour qu'en France. Il en existe une trentaine dans le monde, pas toutes liées à la Grande Guerre.
Le 26 août 1970, une dizaine de femmes appartenant au Mouvement de libération des femmes (MLF) ont déposé sous l'Arc de Triomphe une gerbe « à la femme du Soldat inconnu ». Certaines des banderoles arborées ce jour-là avaient pour slogan : « Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme ». Il s'agissait de la toute première action médiatique du MLF.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 novembre 2023
4 novembre : l’Italie célèbre son armée et son soldat inconnu
Le 4-Novembre commémore la victoire de l'Italie sur l'Autriche-Hongrie en 1918. C’est l’équivalent du 11-Novembre en France et en Belgique, sauf que cette journée de célébration n’est plus un jour chômé depuis 1976. Aujourd’hui, c’est plus une célébration de l’armée qu’une journée à la mémoire des morts au combat.
Le 4-Novembre commémore la victoire de l'Italie (en tant que membre des Alliés) sur l'Autriche-Hongrie en 1918 à l’issue de la Première Guerre mondiale. C’ette journée de mémoire est l’équivalent du 11-Novembre en France et en Belgique. Sauf qu’en Italie, cette journée de célébration n’est plus un jour chômé depuis 1976.
Sur le front italien, l’armistice entre l’Empire austro-hongrois et l’Italie a été signé le 3 novembre 1918 dans la villa Giusti, propriété du comte Welter Giusti del Giardino, à Padoue. Il est entré en vigueur le 4 novembre. Trois ans plus tard, pour honorer les sacrifices des soldats tombés pour la défense de la Patrie, on a procédé le 4 novembre 1921 à l'enterrement du « Soldat inconnu » au Sacellum de l'Altare della Patria (l’autel de la Patrie) à Rome. En 1922, par le décret royal, le 4 novembre, l’Anniversaire de la victoire, a été déclaré fête nationale.
Suspendu en 1943, le 4-Novembre a été réactivé en 1949, sous l’appellation de Journée de l’unité nationale et des forces armées (Giornata dell’Unità Nazionale e delle Forze Armate). L’unité nationale fait référence au territoire du Tyrol méridional récupéré à la faveur de la défaite de l’Autriche-Hongrie à laquelle l’Italie avait déclaré la guerre le 23 mai 1915. Mais en 1976, le 4-Novembre a été retiré de la liste des jours fériés pour n’être qu’un jour de commémoration officielle.
Aujourd’hui, la Journée des forces armées, telle qu’on l’appelle aujourd’hui, est toujours marquée par divers événements commémoratifs, comme une cérémonie solennelle de dépôt de couronnes par le président de la République à l'Altare della Patria, situé dans un monument de Rome appelé le Vittoriano qui abrite la tombe du Soldat inconnu avec une flamme éternelle. La plupart des villes et villages organisent une cérémonie au monument aux morts, comme cela se fait en France pour le 11-Novembre. Aujourd’hui les drapeaux italien et européen flottent sur tous les bâtiments publics. Une nouveauté cette année 2023, le ministère de la Culture a instauré l'ouverture gratuite des musées nationaux et des parcs archéologiques dans tout le pays.
Chaque année, une cérémonie plus médiatisée que les autres, assortie d’un défilé militaire et d’une démonstration aérienne, se déroule dans une ville italienne. L’an dernier c’était à Bari. Cette année, c’est à Cagliari , en Sardaigne, en présence du président de la République, Sergio Mattarella et du ministre de la Défense, Guido Crosetto. L'équipe nationale de voltige aérienne se produira également à Cagliari avec les Frecce Tricolori qui s'élanceront à nouveau dans le ciel sarde après la représentation du 20 août dernier à Poetto. Un survol de la ville qui est couplé, le même jour, à celui de Rome au-dessus de l'Altare della Patria.
« Nous défendons la paix chaque jour » telle est la devise de l’armée italienne pour ce 4-Novembre, finalement très discret, mais qui est l’occasion de fêtes dans toutes les casernes de la péninsule.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 novembre 2023
Sergio Mattarella, président de la République italienne, devant l’autel de la patrie, le 4 novembre 2022 (source : Quirinale)
Les Frecce Tricolori au dessus du Vittoriano
28 octobre : les Tchèques célèbrent leur indépendance
La République tchèque commémore la création de la Tchécoslovaquie, le 28 octobre 1918. Pour les Tchèques qui ont vécu quatre siècles sous la coupe de l’Autriche, c’est une date importante qui donne lieu à un jour férié, mais comme la Tchécoslovaquie n’existe plus, ils n’ont pas conservé cette date comme fête nationale.
La République tchèque commémore par un jour férié la création de la Tchécoslovaquie, le 28 octobre 1918, sur les décombres de l’Empire austro-hongrois dont la dissolution interviendra trois jours plus tard. La Bohême et la Moravie qui constituent (avec une petite portion de la Silésie), la Tchéquie actuelle, vivaient sous la coupe des Habsbourg depuis 1526. Antérieurement, le Royaume de Bohême avait eu un passé glorieux du XIIIe au XVe siècles. C’est dire l’importance de cette indépendance obtenue après quatre siècles vécus sous la tutelle de l’Autriche.
Le 28 octobre est aujourd’hui célébré comme le Jour de la création de l’État tchécoslovaque indépendant (Den vzniku samostatného československého státu). Chaque 28 octobre, une importante cérémonie, avec défilé militaire, se déroule au Mémorial national de Vítkov, lieu d’un fait d’armes important du XVe siècle contre les armées catholiques. Après une minute de silence, une gerbe est déposée sur la tombe du soldat inconnu.
Le président et les principaux membres du gouvernement se rendent ensuite dans le parc du château de Lány, non loin de Prague, sur la tombe de Tomáš Masaryk pour un dépôt de fleurs. Tomáš Garrigue Masaryk a été le premier président de la Tchécoslovaquie, élu le 14 novembre 1918, réélu en 1920… Il a dirigé le pays jusqu'au 14 décembre 1935. Sa figure symbolise la Tchécoslovaquie indépendante de Vienne, de Berlin et de Moscou. À Brno, une cérémonie se déroule au pied de sa statue.
Une réception est donnée au château de Prague, résidence du président de la République, Les personnalités du pays sont invitées salle Vladislav à une cérémonie de remise de décorations (I'Ordre du Lion blanc, la plus haute décoration d'État , mais aussi de l'Ordre de Tomáš Garrigue Masaryk, la Médaille de l'héroïsme et la Médaille du mérite). Devant le château, place Hradcany, se déroule la cérémonie de prestation de serment des membres de l'armée de la République tchèque.
La Slovaquie qui n’a pas eu la même histoire, ne célèbre pas cet anniversaire. Elle a choisi, au contraire, pour fête nationale, l’anniversaire de la disparition de la Tchécoslovaquie, le 1er janvier 1993. Il existe néanmoins une discrète« journée du souvenir » célébrant chaque 30 octobre, l'anniversaire de l'adhésion officielle des Slovaques à la Tchécoslovaquie.
Le 28 octobre 1918, à Genève, une délégation du Comité national dirigée par Karel Kramář entamait des négociations avec le représentant de la résistance étrangère anti-autrichienne, Edvard Beneš, sur la création et la forme d'un État tchécoslovaque indépendant. Entre autres choses, ils sont parvenus à un accord selon lequel le nouvel État serait une république (une monarchie avait également été envisagée ), Masaryk deviendrait président et Kramář serait le premier ministre. La nouvelle de la reconnaissance par l'Autriche-Hongrie des conditions de paix s'est répandue. Les conditions comprenaient notamment la reconnaissance de l'autonomie des peuples d'Autriche-Hongrie, que le peuple a interprété comme une reconnaissance de l'indépendance. Cette nouvelle a donné lieu à des manifestations de joie spontanées au cours desquelles la population a détruit les symboles de l'Autriche-Hongrie. Le prêtre Isidor Zahradník s'est adressé à la foule sur la place Venceslas, près du monument à Saint-Venceslas et a proclamé un État tchécoslovaque indépendant. Dans la soirée du 28 octobre, le Comité national a promulgué des premières lois, celle prévoyant la création d'un État tchécoslovaque indépendant et la proclamation du Comité national du « Peuple tchécoslovaque ». Les deux documents ont été signés par Antonín Švehla, Alois Rašín, Jiří Stříbrný, Vavro Šrobár et František Soukup, des personnalités qui seront appelés plus tard « Les hommes du 28 octobre ». Le même jour, quatre représentants ont été ajoutés au Comité National ; mais les représentants des Allemands et des Hongrois n’ont pas été invités.
Dès 1919, le 28 octobre a été célébré comme la fête nationale du nouvel État. À l’époque de l’occupation nazie, la fête nationale a été abolie, mais la journée a été celle de grandes manifestations de résistance, vivement réprimées par les Allemands. Le 28 octobre 1939, deux personnes ont été tuées et quinze blessées lors de la manifestation. Parmi les morts se trouvait l'étudiant en médecine Jan Opletal , dont les funérailles, tenues le 15 novembre, devinrent un prétexte pour de nouvelles protestations contre l'occupation, auxquelles les Allemands répondirent le 17 novembre 1939 en fermant les universités tchèques . Après la Seconde Guerre mondiale, la fête nationale a été célébrée jusqu'en 1951, date à laquelle son nom a été changé par les autorités communistes en Journée de la nationalisation du patrimoine. À nouveau en 1988 et 1989, le 28 octobre a été l’occasion de grandes manifestations contre la dictature. La fête nationale a été rétablie en 1990 et a été célébrée jusqu’en 1992.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 octobre 2023
Prague, le 28 octobre 1918
28 mai : Azerbaïdjan et Arménie célèbrent leur première indépendance
Le 28 mai 1918, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont proclamé leur indépendance le même jour et dans la même ville de Tiflis. Mais, les projets territoriaux de chacun État en formation, se chevauchaient largement. La naissance de ces nations se fera dans la violence et la frustration, par des processus de nettoyage ethnique qui, un siècle après, ne sont malheureusement pas terminés.
Le 28 mai 1918, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont proclamé leur indépendance le même jour, dans la même ville de Tiflis (la future Tbilissi, capitale actuelle de la Géorgie). Rien détonant, car à l’époque, les Tatars y étaient nombreux et c’était aussi la plus grande ville arménienne (après Bakou qui deviendra la capitale de l’Azerbaïdjan). Erevan était une ville secondaire, peuplée elle aussi de nombreux Tatars, que l’on appelle aujourd’hui les Azéris. C’est dire la complexité géographique et politique qui prévalait dans la région à la chute de l’Empire des tsars.
L’enjeux était de taille, car il n’y avait jamais eu d’État azéri dans l’Histoire et le dernier État arménien remontait au XIVe siècle (et n’était même pas situé dans le Caucase). Les deux États proclamé n’avait aucune référence territoriale évidente à faire valoir. La région était peuplée en taches de léopard de Géorgiens, Tatars et Arméniens, auxquels il fallait ajourer de nombreux Kurdes, des Russes, des Grecs… Le tout était compliqué par un afflux de réfugiés de l’Empire ottoman, rescapés du Génocide. Une offensive turque qui s’est soldé par la victoire arménienne de Saratrapat. Une présence militaire anglaise tentant de remplacer les Russes… La Fédération de Transcaucasie, État multiethnique, fondée en février 1918 sur les décombres de l’Empire russe, aurait pu regrouper tous ces peuple et les faire vivre ensemble..
Mais les logiques nationalistes ont pris le dessus et n’ont laissé aucune chance au jeune État dont la mort a été prononcée le 26 mai 1918. Le même jour la Géorgie proclamait son indépendance. Évidemment, les projets territoriaux de chacun des trois pays se chevauchaient largement et la naissance de ces trois États se fera dans la violence et la frustration. Les processus de nettoyage ethnique, un siècle après, ne sont toujours pas terminés. Les craintes aujourd’hui, concernent le Haut-Karabagh, assiégé et asphyxié par les Azéris depuis l’automne 2022.
La région va, en 1920, tomber sous le contrôle de Moscou (dans le cadre de l’URSS) qui a joué les peuples les uns contre les autres afin de conserver sa tutelle coloniale héritée des tsars. L’idée était de brider le peuple ayant l’identité la plus forte et la plus ancienne, en l’occurrence, les Arméniens. Ceux-ci ont tous été chassés du Nakhitchevan, exclave que Staline a attribué à l’Azerbaïdjan. De leur côté les Tatars (Azéris) sont chassés du Zanguézour, la région qui sépare le Nakhitchevan de l’Azerbaïdjan. D’où les visées actuelles de Bakou sur cette région. Le Haut-Karabagh, très majoritairement peuplé d’Arméniens, aurait pu être une exclave de l’Arménie, Staline l’a placé sous la tutelle de Bakou avec un vague statut d’autonomie.
Ce statut d’autonomie sera aboli par Bakou à la chute de l’URSS, en 1991. En réaction, les Arméniens de la république autonome du Haut-Karbagh ont pris les armes et le contrôle d’un territoire deux fois plus vaste que leur enclave et en ont chassé les Azéris. Ce statu quo a tenu qu’en 2020, année où l’Azerbaïdjan a reconquis tout son territoire, à l’exception d’une partie de l’enclave du Haut-Karabagh aujourd’hui tenue par l’Armée russe.
En 2020, Moscou a laissé les Arméniens être écrasés par les Azerbaïdjanais, mais ne souhaitait pas une victoire totale de Bakou. Le souci des Russes était conserver une présence militaire dans le Caucase, mais jusqu’à quand ? L’agression de l’Ukraine ayant largement tournée au fiasco, la puissance russe ne joue plus son rôle de médiateur. L’inquiétude est grand au Haut-Karabagh. Le souvenir des pogroms de Bakou, en 1988, visant les Arméniens est encore vif dans les mémoires…
La date du 28 mai, célébrée chaque année à Erevan et à Bakou est très lourde de mémoire et de contentieux. Ces jours fériés arménien, le Jour de la Première République (Առաջին Հանրապետության օր), et azerbaïdjanais (İlk Respublika Günü) n'étaient pas célébrés à l'époque soviétique, ils n’ont été institués qu’après la dissolution de l'URSS. Après que deux républiques aient obtenu leur deuxième indépendance en 1991.
Des pourparlers de paix ont débuté très récemment, l’Arménie propose de reconnaître les frontières de son voisin. L’Azerbaïdjan garantira-t-elle celles de l’Arménie ? Quel est l’avenir des Arméniens du Haut-Karabagh ?
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 mai 2023
Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian
Le mémorial arménien de Saratrapat où se fête le 28 mai
Le discours du 28 mai du président azerbaïdjanais
16 février : la fête nationale de la Lituanie
La Lituanie fête son indépendance, pas celle du 11 mars 1990 quand le pays s’est séparé de l’URSS, mais celle du 16 février 1918 quand le pays a échappé à l’emprise russe. Le nom officiel de cette ce jour férié est Restauration de l’État lituanien. Les puristes parlent d’une renaissance de la Lituanie…
La Lituanie fête son indépendance, pas celle du 11 mars 1990 quand le pays s’est séparé de l’URSS, mais celle du 16 février 1918 quand le pays a échappé à l’emprise russe. Le nom officiel de ce jour férié est L’anniversaire de la restauration de l’État lituanien (Lietuvos valstybės atkūrimo diena). La Lituanie est le seul pays balte à pouvoir affirmer cela car il a existé, jadis, un État Lituanien médiéval, apparu en 1253 qui dura jusqu’en 1385. Plus tard, la Lituanie et la Pologne ont vécu en symbiose, formant un État commun durant plusieurs siècles. Elles ont disparu ensemble, en 1795, et ont recouvré leur indépendance la même année, en 1918. Pour la Lituanie, l’indépendance a été reconnue par la Russie le 16 février 1920 (deux ans après sa proclamation) mais sera anéantie le 15 juin 1940 par l’armée soviétique qui occupera le pays et y demeurera pendant 50 ans (jusqu’en 1990).
Chaque 16 février, après un hissé de drapeau, un défilé de jeunes est organisé dans la capitale. Tout le monde est invité à le rejoindre à 10 heures sur la place de la Cathédrale de Vilnius. Les jeunes marchent ensuite jusqu’au cimetière Rasų, où ils rendent hommage à la mémoire des signataires en lisant l’Acte d’indépendance de 1918. Un autre événement traditionnel a lieu dans la rue Pilies devant la Maison des signataires. En soirée (dès 17 heures) il y aura des bûchers de la liberté sur l’avenue Gedimino à Vilnius. Ils sont allumés très officiellement par des personnes désignées comme méritantes aux yeux des autorités.
C’est aussi symboliquement, un 16 février, en 1949, que divers mouvements de résistance à l’occupation soviétique se sont rassemblés sous la conduite du général Jonas Žemaitis. Ce chef de la résistance lituanienne œuvrera dans la clandestinité jusqu’à son arrestation en 1953, suite à une trahison. Il sera condamné à mort et exécuté le 26 novembre 1954 à la prison de Boutyrka, à Moscou. Les discours officiels du 16 février lui font toujours une petite place.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
1er décembre : la fête nationale roumaine, une célébration de la Grande Roumanie
Le 1er décembre est aussi connu en Roumanie comme le Jour de l’Union. Cette date rappelle que le 1er décembre 1918 les représentants des Roumains et des Saxons de Transylvanie adoptent la proclamation d'Alba Iulia d'union avec le Royaume de Roumanie. C’est une exaltation de la Grande Roumanie.
Après la chute du régime communiste de Ceauçescu, en 1989, il n’était plus possible de célébrer le 23 août comme l’avait fait le pouvoir communiste pendant un demi-siècle. Il n’était pas question non plus de revenir à la fête antérieure, celle du 10 mai qui rappelait une monarchie qui s’est avérée trop complaisante à l’égard du fascisme. Certains avaient proposé le 22 décembre, date du renversement du dictateur communiste, mais l’exécution sommaire du couple Ceauçescu, trois jours plus tard, avait rendu la date peu glorieuse et l’option ne fut pas retenue.
On le sait, le choix s’est donc porté sur le 1er décembre, connu comme le Jour de l’Union (Ziua Unirii). Cette date rappelle que le 1er décembre 1918 les représentants des Roumains et des Saxons de Transylvanie adoptent la proclamation d'Alba Iulia d'union avec le Royaume de Roumanie. On parle alors de la Grande Union (Marea Unire) venue compléter celle du 24 janvier 1859, dite Petite Union quand la réunion des principautés médiévales de Valachie et Moldavie avait permis de créer la Roumanie. En 1990, la Grande Journée de l'Union a été déclarée Fête nationale avec le statut de jour férié et chômé. Sans que ce soit dit à l’époque, le changement de date avait aussi pour objet de couper l’herbe sous le pied de la minorité hongroise en Roumanie et de Budapest où l’on recommençait à évoquer une remise en question du rattachement de la Transylvanie à la Roumanie dans sa totalité. À l’inverse, cette date du 1er décembre qui se réfère à une Roumanie plus grande qu’elle ne l’est aujourd’hui, a aussi pour but d’évoquer le sort du nord de la Moldavie, la Bessarabie détachée du reste du pays par Moscou en 1940, et qui n’a pas été restitué à la Roumanie.
Bucarest s’est donc préparée pour le traditionnel défilé de l'armée sous l'Arc de Triomphe, qui réunit cette année la plus ample participation des militaires des pays alliés. « Après deux ans de pandémie, cette fois-ci il n'y a pas de restrictions pour le public. Qui plus est, le défilé présente, en première, les nouvelles acquisitions en matière de technique militaire moderne dont l'Armée Roumaine vient d'être dotée. Somme toute, des militaires roumains, 150 militaires étrangers - belges, français, macédoniens, moldaves, portugais, américains et néerlandais et autres soldats représentants les pays alliés, présents dans les structures de l'OTAN établies sur le territoire de la Roumanie, auxquels s'ajouteront 25 moyens techniques, y compris des aéronefs de combat venus du Canada, d'Italie, d'Espagne et des États-Unis » (Radio Romania)
D’autres célébrations importantes ont également lieu à Alba Iulia, la ville où a été forgée la Grande Union : cérémonies militaires et des dépôts de couronnes auront lieu aux statues des personnalités ayant marqué la Grande Union. Ici, la célébration a commencé dès le 30 novembre, jour de la Saint-André, jour férié où l’on fête le patron de la Roumanie avec un festival consacré aux traditions roumaines.
Alba Iulia célèbre également le centenaire du couronnement du roi Ferdinand Ier, en 1922, à l'endroit même où en l'an 1600, le prince valaque Michel le Brave réalisait la toute première et très éphémère, union des trois principautés roumaines.
La guerre en Ukraine oblige, le défilé militaire d’Alba Iulia réunit cette année quelque 850 soldats et de la technique militaire terrestre, ainsi que des hélicoptères et des avions F-16. C'est ici que défilent des militaires français faisant partie du Groupement tactique de l'OTAN déployé à Cincu, au département de Brasov (centre).
Dans les rues de la capitale comme dans celle des autres villes, le public peut profiter des feux d’artifice et des illuminations, des concerts et de plats traditionnels, tels que les saucisses aux haricots, servis chaud sur les trottoirs pour se réchauffer en ce premier jour de décembre. Pour les frileux un programme spécial est prévu à la télé.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 novembre 2022
Mise à jour 2024 : cette année, les élections législatives ont lieu le jour de la fête nationale. L’engagement de la Roumanie dans l’OTAN fait partie des enjeux de ce scrutin, alors que le premier tour de la présidentielle, dimanche dernier, a mis en tête un candidat prorusse hostile à l’alliance avec l’Occident.
11 novembre : une minute de silence en hommage aux 18 millions de morts de la Grande Guerre
Le 11 novembre 1922, il y a 100 ans tout juste, la première minute de silence en hommage aux morts de la Première Guerre mondiale était observée à Paris devant l’Arc de Triomphe, en présence du Président Poincaré.
Le 11 novembre 1922, il y a 100 ans tout juste, la première minute de silence en hommage aux morts de la Première Guerre mondiale était observée à Paris devant l’Arc de Triomphe, en présence du président Poincaré. Le 11 novembre était pour la première fois un jour férié en France, il avait été déclaré officiellement « fête nationale » le 24 octobre 1922, suite à une décision émanant du Parlement. Les trois années précédentes, on avait seulement célébré l’anniversaire de la victoire en sonnant les cloches et en tirant le canon.
L’idée d’un instant de silence serait une idée exprimée par Edward George Poney dans une lettre au journal London Evening News, ce journaliste australien s’indignait du caractère bruyant des commémorations et ne proposait pas moins de 5 minutes de silence pour rendre hommage aux morts de la Grande Guerre. L’idée sera reprise, en 1919, par les autorités britanniques, mais réduites à 2 minutes. En effet, depuis 1919, deux minutes de silence sont observées aux Royaume-uni, à 11 heures précise, chaque 11 novembre.
L’idée d’honorer un soldat inconnu a été lancée le 20 novembre 1916, au moment de la bataille de Verdun. Le 8 novembre 1920, une loi a été votée pour qu’un hommage soit rendu aux restes d’un soldat non identifié "mort au champ d’honneur". Représentant anonyme de la foule des "poilus", le Soldat inconnu été inhumé le 28 janvier 1921 sous la voûte de l’Arc de Triomphe à Paris. Le 11 novembre 1923, le ministre de la Guerre et des Pensions, André Maginot, allumait pour la première fois une flamme du souvenir. Depuis, elle est ravivée tous les soirs à 18h30.
Le 11 novembre célèbre l’anniversaire de la capitulation allemande le 11 novembre 1918 qui met un terme à la Première Guerre mondiale. Ce jour-là, à 5h15, la signature du document scelle la défaite allemande face aux Alliés. C’est à 11 heures que le cessez-le-feu a pris effet, les généraux Alliés et Allemands se réunissant à bord du wagon-restaurant du train d’État-major du maréchal Foch, en forêt de Compiègne, dans la clairière de Rethondes.
Dans un esprit de revanche, le jour symbolique du 11-Novembre avait été choisi en 1942 par Hitler pour envahir le sud de la France, la France dite libre, suite au débarquement des troupes franco-américaines en Afrique du Nord.
Depuis 2012, tous les morts pour la France qu’ils soient civils ou militaires sont désormais honorés le 11 novembre. Ce texte permet de rendre hommage à tous ceux qui ont péri au cours d’opérations extérieures (OPEX). Le 11-Novembre est ainsi comparé au Memorial Day américain qui honore l’ensemble des militaires américains morts dans toutes les guerres.
Un article de l'Almanach international, 10 novembre 2022
28 mai : l'Arménie commémore sa première indépendance
Ce jour férié qui commémore la création de la République d'Arménie le 28 mai 1918.
Le Jour de la Première République (Առաջին Հանրապետության օր) est un jour férié qui commémore la création de la République d'Arménie le 28 mai 1918.
À la suite de la révolution de février 1917 en Russie, un Commissariat de Transcaucasie est créé (novembre 1917). Il décide de réunir une assemblée générale (Sejm) et de proclamer l'indépendance. Finalement, la République fédérative démocratique transcaucasienne a été proclamée en février 1918. Mais, elle a existé pendant trois mois.
Finalement, le 28 mai 1918, le Conseil national arménien proclame l'indépendance de l'Arménie. La République d'Arménie fut le premier État arménien moderne depuis la chute du Royaume arménien de Cilicie en 1375. Malheureusement, cette république nouvellement indépendante n'a pas existé longtemps. En 1920, elle est envahie par l'Armée rouge soviétique.
Ce premier jour de la République en Arménie coïncide avec celui de la république d’Azerbaïdjan, proclamé le même jour et célébré par un jour férié. Ces jours fériés arménien et azerbaïdjanais n'étaient pas célébrés à l'époque soviétique, ils ont été institués qu’après la dissolution de l'URSS. Les deux républiques ont obtenu leur deuxième indépendance en 1991.
Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 mai 2022
26 mai : les Arméniens célèbrent la victoire de Sardarapat qui permit l’existence d’une république d’Arménie
L’issue de cette bataille de Sardarapat aurait été différente, il est fort probable qu’il n’existerait pas aujourd’hui une petite république d’Arménie aux confins de l’Anatolie et du Caucase.
L’issue de cette bataille de Sardarapat (Սարդարապատի ճակատամարտ) aurait été différente, il est fort probable qu’il n’existerait pas aujourd’hui une petite république d’Arménie aux confins de l’Anatolie et du Caucase.
La Révolution d’Octobre en 1917, a entraîné un désengagement des troupes russes qui ont quitté les territoires qu’elles occupaient en Arménie occidentale après la déroute des Ottomans. Profitant de cette nouvelle situation, les autorités turques ont décidé de lancer une offensive pour reprendre non seulement l'Arménie occidentale, mais aussi l'Arménie orientale et même toute la Transcaucasie, que la Russie avait intégré à son empire un siècle plus tôt.
Violant l'accord de cessez-le-feu signé avec les Russes en 1917, les troupes turques ont donc attaqué et occupé Yerznka, Erzurum, Sarighamish, Kars et, le 15 mai, Alexandropol (aujourd’hui Gyumri). Les Arméniens reculaient sous la pression d'une armée turque de 100 000 hommes dirigée par Vehib Pacha. Leurs 20 000 soldats et officiers arméniens n’étaient armés que de vieux fusils et mitrailleuses de l'armée russe. La bataille a duré 9 jours du 21 au 28 mai 1918. Les Turcs finirent par être repoussés par les Arméniens qui jouaient leur survie. L’Arménie orientale était le refuge de nombreux survivants du génocide de 1915. Il est probable qu’une occupation de toute la Transcausie par les armées turques aurait provoqué l’anéantissement du peuple arménien.
La victoire de Sardarapat (ou Sardarabad) a une énorme signification pour l'Arménie. La population arménienne dans la partie nord de la vallée de l'Ararat a été sauvée du génocide turc, une partie importante de l'Arménie orientale a été sauvée de la conquête turque et les conditions ont été créées pour la création d’un État arménien : le 28 mai 1918, la République d'Arménie était proclamée.
Le 26 mai 1918, une journée du souvenir a été instituée en l'honneur de la victoire à la bataille de Sardarapat et de la défaite de l'armée turque. La bataille héroïque de Sardarapat est souvent appelée "Avarayr du XXe siècle".
Chaque année, le 26 mai, une cérémonie se déroule au mémorial construit en 1968 pour le 50e anniversaire de la bataille. En 2014, la rue menant au mémorial de Sardarapat a été baptisée Mosves Silikyan, et celle rue menant du village d'Araks au musée de Sardarapat porte le nom de Daniel Bek-Pirumyan, autre acteur majeur de la victoire, avec Tovmas Nazarbekyan.
Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 mai 2022
Mémorial dédié à la victoire arménienne à la bataille de Sardarapat à Nos Armavic (Sardarapat) près d’Araks , en Arménie
Commémoration
27 mars : le Jour de l'union de la Bessarabie avec la Roumanie
La république de Moldavie en occupe la majeure partie de la Bessarabie. Ce territoire majoritairement roumanophone a appartenu à la Roumanie mais a été confisqué par l’URSS…
La Roumanie célèbre le Jour de l'union de la Bessarabie avec la Roumanie (Ziua Unirii Besarabiei cu Romania). Cette célébration est récente (2017) et correspond à l’air du temps, l’émancipation des peuples, même si Moscou y verra inévitablement l’une de ces humiliations que soi-disant l’Occident lui impose. Alors qu’il ne s’agit là que de la liberté des peuples. Le 27 mars commémore le jour de 1918 où le parlement bessarabien a voté l’union du pays avec le Royaume de Roumanie. La date est celle du calendrier julien, elle a glissé d’un calendrier à l’autre sans modification.
La Bessarabie est située entre les fleuves Dniepr et Prout. Aujourd’hui la petite république de Moldavie occupe la majeure partie de son territoire. La région est majoritairement peuplée de Roumains, elle faisait partie jadis de la principauté de Moldavie, dont seule la moitié sud a formé la Roumanie dès la création du pays en s’associant à la Valachie. Car à l’époque la Bessarabie était occupée par la Russie qui l’a annexé à l’Empire en 1912. La Révolution russe parmi à certains peuples, les Finlandais, les Polonais… et les Moldaves à échapper à l’emprise russe. Le 2 décembre 1917 (ancien calendrier), le parlement nouvellement créé de Bessarabie a proclamé la République démocratique moldave au sein de la Russie. Le 24 janvier 1918, la Moldavie a déclaré son indépendance de la Russie. Enfin, le 27 mars 1918, le parlement moldave vote l'unification avec la Roumanie. L'union a été officiellement reconnue par les puissances européennes après la fin de la Première Guerre mondiale.
La Russie n’a jamais accepté cette perte. Suite au pacte scellé avec Hitler (pacte secret Ribbentrop-Molotov), Staline impose à la Roumanie de rétrocéder la région à l’URSS en juin 1940. La région est réinvestie par la Roumanie en juillet 1941 à la faveur l’offensive allemande contre l’URSS, puis reconquise par Moscou en août 1944. Finalement, la République socialiste soviétique de Moldavie obtient son indépendance en 1991 à la faveur de la disparition de l’URSS, mais sans avoir le droit de se rattacher à la Roumanie. Pour éviter cela la Russie entretient depuis 1992, une occupation militaire dans une république fantoche de Transnistrie, selon une stratégie qui a ensuite été utilisé par Moscou en Géorgie puis en Ukraine : les soi-disant républiques du Donbass.
Le projet de commémoration de l'union de la Bessarabie avec la Roumanie a été lancé par Eugen Tomac, alors député du Parti du mouvement populaire. En octobre 2015, le Sénat de Roumanie a adopté à l'unanimité la Journée de l'union de la Bessarabie avec la Roumanie. Cependant, il a fallu environ un an et demi pour que la fête soit adoptée par la Chambre des députés. Le 27 mars 2017, la fête a été promulguée par le président Klaus Iohannis, devenant officielle.
La Journée de l'Union de la Bessarabie avec la Roumanie est marquée par des événements culturels, artistiques et scientifiques organisés par les autorités nationales et locales, les ONG et les institutions culturelles en Roumanie et à l'étranger. Le drapeau national de la Roumanie flotte dans tout le pays à l'occasion de la fête.
La journée est bien sûr officieusement célébrée par une partie des habitants de la république de Moldavie, ceux qui soutiennent l'unification des pays roumains, ainsi que par diverses organisations roumaines travaillant en Moldavie, comme l'Institut culturel roumain.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 mars 2022
Les députés bessarabiens
26 mai : la Géorgie célèbre son indépendance malgré l'occupation russe de deux de ses provinces
Chaque 26 mai, la Géorgie célèbre le Jour de l’indépendance, en souvenir de l'adoption, le 26 mai 1918, de l'acte d'indépendance, qui a créé la première république démocratique de Géorgie, après un siècle de domination russe.
Chaque 26 mai, la Géorgie célèbre le Jour de l’indépendance (დამოუკიდებლობის დღე ), en souvenir de l'adoption, le 26 mai 1918, de l'acte d'indépendance qui a créé la première république démocratique de Géorgie, après un siècle de domination russe. Cette date est celle la fête nationale géorgienne. Sa célébration fut interdite de 1922 à 1991.
Une indépendance qui pourtant ne dure pas : le 25 février 1921, la Géorgie a été conquise par l’Armée rouge et sera un peu plus tard intégrée à l’URSS, et le restera jusqu’en… 1991. Le 31 mars 1991, un référendum sur la base de l'Acte d'indépendance du 26 mai 1918, décidait à nouveau de l’indépendance du pays. La petite Géorgie ne sera pas débarrassée des Russes pour autant. L’armée russe, sans que les autres nations européennes n’y trouvent à redire, occupe aujourd’hui l'Abkhazie dont Moscou a provoqué la sécession en 1993. Quinze ans plus tard, c’est au tour de l’Ossétie du Sud de subir le même sort. Mal inspiré, le président français Sarkozy qui présidait alors l’Union européenne, s’est déplacé en personne à Moscou pour permettre à Poutine de transformer sa victoire militaire sur la Géorgie en une victoire politique. Depuis le 26 août 2008, la situation est bloquée. Ces deux territoires échappent totalement à la tutelle de la Géorgie. C’est donc un pays largement amputé qui célèbre aujourd’hui son indépendance.
En 2021, la Géorgie célèbre également le 100e anniversaire de l'occupation soviétique mais tout en fêtant les 30 ans du rétablissement de l'indépendance du pays (au printemps 1991). La célébration du jour de l'indépendance se déroule sur la place de la Liberté dans la capitale géorgienne de Tbilissi fermée pendant six jours pour les festivités. L’an dernier tout avait été annulé pour cause de pandémie, on va se rattraper cette année.
Les célébrations de la fête nationale en Géorgie sont traditionnellement marquées par des discours et des cérémonies politiques, des levées du drapeau national, des concerts et des festivals, des foires et des expositions et à d'autres événements publics célébrant la riche histoire et la culture du pays. Une célébration particulièrement importante, avec plus de 20 délégations de haut niveau présentes, avait eu lieu en 2018 à l'occasion du centenaire de l'indépendance. L’Arménie et l’Azerbaïdjan célèbrent le même anniversaire de l’indépendance le 28 mai.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 mai 2021
15 janvier : hommage à Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht
Comme chaque année, le dimanche qui précède l’anniversaire de l’assassinat de Rosa Luxemburg, plusieurs milliers de personnes, un œillet rouge à la main, se pressent dans le cimetière de Friedrichsfeldeen à Berlin, pour lui rendre hommage, ainsi qu’à Karl Liebknecht, l’autre socialiste révolutionnaire assassiné le même jour.
Comme chaque année, le dimanche qui précède l’anniversaire de l’assassinat de Rosa Luxemburg, plusieurs milliers de personnes, un œillet rouge à la main, se pressent dans le cimetière de Friedrichsfeldeen à Berlin (le cimetière socialiste), pour lui rendre hommage, ainsi qu’à Karl Liebknecht, l’autre socialiste révolutionnaire assassiné le même jour. Inutile de chercher un fleuriste, pendant plusieurs jours, des dizaines de vendeurs à la sauvette de cette fleur symbole des luttes ouvrières, attendent les militants dès la sortie de la station de métro Lichtenberg. La gauche française y envoie chaque année des représentants qui y rencontrent les Allemands de Die Linke, ainsi que d’autres membres de la gauche de la gauche en Europe.
Le matin du 15 janvier 1919, des miliciens d’extrême droite sont venus chercher Rosa Luxemburg à son domicile pour la conduire à l’hôtel Eden où elle doit être interrogée. En sortant de l’hôtel, ils l’ont assommé d’un coup de crosse de fusil et embarqué. Dans la voiture, l’un des hommes lui a tiré une balle dans la tête. Son corps est jeté au fond du Landwehrkanal. Il ne sera retrouvé que quatre mois plus tard.
La RDA a disparu avec la chute du mur de Berlin, pas les célébrations qui y étaient organisées, notamment la coutume de déposer des fleurs au Mémorial du socialisme de Friedrichsfeldeen (Berlin) en l’honneur de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht assassinés par des miliciens d’extrême-droite, le 15 janvier 1919, alors qu’ils tentaient d’instaurer une république soviétique allemande.
Le cimetière central de Friedrichsfelde est situé Gudrunstraße 20, 10365 Berlin - site internet -
Si vous avez raté le grand rassemblement de ce dimanche, rendez-vous le 15 janvier, à 18 heures, place Olof Palm, pour une procession jusqu’au mémorial de Tiergarten.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, janvier 2020
Timbre-poste émis en 1949, pour le 30e anniversaire de leur mort dans la zone d’occupation soviétique de l’Allemagne