L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1946, Hongrie, république Bruno Teissier 1946, Hongrie, république Bruno Teissier

1er février : en Hongrie, c’est le Jour du souvenir de la République

C’est anniversaire de la loi de 1946 qui abolissait la monarchie pour la remplacer par une république. La journée du 1er février 1946 symbolisait une véritable aspiration démocratique qui sera très vite déçue comme ont été déçues les espoirs de 1848, de 1918, de 1989… à chaque fois un régime autocratique reprend le dessus. Le dernier en date a été insaturé par Viktor Orban.

 

La Hongrie dont le dirigeant, Viktor Orban, a constitué un empire médiatique hégémonique totalement à ses ordres, est-elle encore une république ? Dans un pays où l’opposition n’a aucun moyen d’atteindre l’ensemble de la population, aucune fenêtre pour s’exprimer, les élections sont totalement inéquitables. C’est dans ce pays autocratique que l’on célèbre chaque 1er février, le Jour du souvenir de la République (A köztársaság emléknapja). Cette journée commémorative (non fériée) a été instaurée en 2006, lors du 60e anniversaire de l’article I de la loi de 1946 sur la forme de l’État hongrois. Cet article abolissait la monarchie, qui jusque-là n’avait fonctionné que sous forme de régence, pour la remplacer par une république.

La journée du 1er février 1946 symbolisait une véritable aspiration démocratique qui sera très vite déçue car la Hongrie est devenue en 1949 une République populaire dominée par un Pari communiste qui a vite supprimé toute démocratie. L’esprit républicain et démocratique a resurgi en 1989 avec la chute du Rideau de fer et la fin de l’emprise de Moscou sur le pays. Mais cette fois encore, cette démocratie va glisser vers un autoritarisme conservateur dont Viktor Orban est l’instaurateur, lequel a réinstauré un tropisme russe. La république en Hongrie est-elle vouée à déboucher sur l’autoritarisme ? Celle de 1946 n’était que la deuxième. Une première république avait été instaurée en 1918, sous forme de soviets. Mais elle fut renversée dans la violence avant qu’on ait pu la voir fonctionner, pour être remplacée par le régime autoritaire d’extrême droite du maréchal Horthy, lequel s’était imposé comme le régent d’une monarchie sans monarque. Triste destinée pour un pays dont l’esprit républicain remonte au moins à la révolution du 15 mars 1848. Une révolution avortée.

Le choix des armoiries de la Hongrie est très symbolique : Kossuth, le révolutionnaire de 1848 avait remplacé la couronne par une couronne de laurier. Les « armoiries de Kossuth » ont été utilisées par l’éphémère république de 1918-1919, puis par ceux qui ont tenté, en vain, de renverser le régime communiste en 1956. En 1990, le parti libéral proposa de reprendre ce symbole mais la majorité du Parlement opta pour un blason à nouveau surmonté de la fameuse couronne de Saint-Étienne. Peut-on être une authentique république quand on est à ce point attaché à la symbolique royale ? Doit-on s’étonner que la Hongrie soit à nouveau une autocratie ?

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 janvier 2024

Timbre de 1946 célébrant l’instauration de la république

Une pièce de 1947, avec le blason de la IIe République (celui de Kossuth) et une pièce de 1995 avec le blason surmonté de la couronne de saint Étienne.

 
Lire la suite
1963, 1964, Kenya, indépendance, république, 12 décembre Bruno Teissier 1963, 1964, Kenya, indépendance, république, 12 décembre Bruno Teissier

12 décembre : la fête nationale du Kenya

Le Kenya fête aujourd’hui le 60e anniversaire de son indépendance, obtenue le 12 décembre 1963, mais la fête nationale du Kenya fait d’abord référence à l’adoption, un an plus tard, le 12 décembre 1964 d’un régime républicain, c’est pour cela que le 12 décembre est appelé le Jour de la République (Jamhuri Day).

 

Le Kenya fête aujourd’hui le 60e anniversaire de son indépendance (Uhuru Day), obtenue le 12 décembre 1963, mais la fête nationale du Kenya fait d’abord référence à l’adoption, un an plus tard, d’un régime républicain. Cet anniversaire est appelé le Jour de la République (Sikukuu ya Jamhuri en swahili ou Republic Day).

Le pays était une colonie britannique depuis le XIXe siècle. La lutte pour l’indépendance du Kenya avait commencé après la Seconde Guerre mondiale. L’un des événements les plus importants de cette période a été le soulèvement des Mau Mau qui a débuté en 1952. Le pays a finalement obtenu son autonomie le 1er juin 1963 (jour de Mdaraka), puis l’indépendance le 12 décembre suivant mais tout en demeurant sous la couronne anglaise. Le Kenya a ensuite rompu avec l’ancienne puissance coloniale enlevant une république, avec l'investiture de Jomo Kenyatta comme président le 12 décembre 1964.

Le Jour de Jamhuri est marqué par une grande parade militaire, la Parade des couleurs de l’armée nationale au stade Nyayo qui débute à 11h30, après une inspection des troupes par le président du Kenya, William Ruto, lequel est aussi commandant en chef des armées. Après que la bénédiction des drapeaux par un évêque anglican, un évêque catholique et un Kadhi musulman, le président remet officiellement les couleurs à deux porte-drapeaux. qui les reçoivent à genoux. C’est aussi la journée de distribution de médailles civiles et militaires.

C’est la fête, la journée est fériée et chômée. Les musées et parcs nationaux sont ouverts gratuitement pour l’occasion. C’est aussi le coup d’envoi des fêtes de Noël.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 décembre 2023

 

Uhuru Kenyatta, le président de 2013 à 2022 et fils du premier président du pays, salue les haut gradés avant le défilé militaire de la fête nationale, en 2021 (photo Standard)

Le président William Ruto inspecte la garde d'honneur au stade Nyayo lors des célébrations du 58e Jamhuri Day du Kenya, le 12 décembre 2022.

Lire la suite
1923, Turquie, république, 29 octobre Bruno Teissier 1923, Turquie, république, 29 octobre Bruno Teissier

29 octobre : la république de Turquie fête son centenaire

Cela fait plusieurs années que Recep Tayyip Erdoğan prépare cet événement. La célébration de ce centenaire de la république turque a été un des enjeux de la dernière présidentielle, en mai dernier. Son ambition était d’être celui qui présiderait l’événement : annoncer « le siècle de la Turquie » (le slogan de ce 29-Octobre). Au début du XXe siècle, la Turquie a failli disparaître. Aujourd’hui, c’est un pays qui compte, même si c’est souvent pour le pire (dernièrement son soutien au Hamas). Erdogan à vendu à ses électeurs une Turquie puissance mondiale, c’est ce que les Turcs célèbrent chaque 29 octobre.

 

Cela fait plusieurs années que Recep Tayyip Erdoğan prépare cet événement. La célébration de ce centenaire de la république turque a été l’un des enjeux de la dernière présidentielle, en mai dernier. Son ambition était d’être celui qui présiderait l’événement : annoncer « le siècle de la Turquie » (le slogan de ce 29-Octobre), celui qui débute demain et fera de la Turquie une grande puissance.

Compte tenu de la situation internationale,  la célébration ne sera pas beaucoup plus spectaculaire que les autres 29-Octobre, car la date est célébrée chaque année comme Fête de la République (Cumhuriyet Bayrami). La plupart des festivités ont été annulées. Seuls subsistent les feux d’artifice à Istanbul, Ankara et Izmir, ainsi qu’un spectacle de drones Bayraktar sur le Bosphore, vitrine des succès technologiques de la Turquie. Ainsi que, ce soir à 19h, une marche aux flambeaux en l’honneur du centenaire de la République dans les rues d’Istanbul.

Les yeux du monde sont rivés sur Gaza, Recep Tayyip Erdoğan n’aura pas l’exposition médiatique qu’il espérait, malgrès sa prise de position en faveur du Hamas, tout en levant son veto à l’entrée de la Suède dans l’OTAN, afin de monter la puissance politique de la Turquie, un pays à cheval sur deux mondes. Après cette déclaration, les cérémonies du centenaire risquent d’être perçues comme la suite des manifestations de soutien au Hamas organisée par l’AKP, beaucoup plus que comme l’heure de gloire d’une puissance émergente.

Recep Tayyip Erdoğan, qui est au centre des commémorations, avait promis, en 2011,  que la Turquie figurerait parmi les dix premières puissances mondiales en termes de PIB. Le pays n’est aujourd’hui que le dix-neuvième. Et surtout, en termes de PIB par habitant, on est encore très loin du compte. La chute de la livre turque a provoqué un effondrement du pouvoir d’achat… voyant que sa “Vision 2023” ne serait pas atteint Erdoğan avoue à présent des horizons plus lointain :  2053 (anniversaire de la prise de Constantinople) ou encore 2071 (le millénaire de l’arrivée des Turcs en Anatolie).

Le 29-Octobre est un jour férié qui commémore la fondation de la république en 1923 sur les ruines de l’Empire ottoman. Cette république existait déjà depuis la convocation d’une Grande Assemblée en 1920 par le général Mustapha Kemal mais elle n’était pas reconnue par  le Sultan et les dirigeants ottomans. C’est la fin de la guerre, qui s’est conclue par une victoire turque, en 1922, et le traité de Lausanne qui lui est très favorable, en 1923, qui permettront à Mustafa Kémal, dit Ghazi » (le Victorieux), d’abolir le sultanat et de proclamer officiellement la république, le 29 octobre 1923. Il en est devenu le premier président. Plus tard, fort de son pouvoir absolu, il sera surnommé Atatürk.

Vainqueur des dernières présidentielles, Tayyip Erdogan est au pouvoir depuis 20 ans et le sera encore pour près de cinq ans. Son ambition est de s’imposer dans les mémoires comme l’autre leader, après Kemal, qui aura marqué la Turquie. Aujourd’hui, le pays est divisé, la moitié de la Turquie a voté pour lui, mais son parti l’AKP a perdu la majorité absolue. L’autre moitié le déteste vraiment. À ce jour, la deuxième force politique du pays n'est autre que le Parti républicain du peuple (CHP), le parti fondé par Mustafa Kemal lui-même, que Kemal Kilicdaroglu, le candidat malheureux à l'élection présidentielle de mai dernier, continue de diriger.

Les deux leaders charismatiques s’opposent sur bien des points. Mustafa Kemal a procédé à une occidentalisation et à une sécularisation à marche forcée de cette Turquie nouvellement fondée. En 1924, il a aboli le califat, l'autorité islamique de l'Empire ottoman et fait fermer les écoles coraniques, remplacées par des écoles républicaines. La charia est également abandonnée au profit du droit positif… La politique ismalo-conservatrice d’Erdogan est à l’opposé de celle de Kemal. Il a favorisé le voile des femmes, interdit par Atatürk, le budget du Diyanet, qui nomme les imams et gère les mosquées, a explosé sous ses gouvernements. Erdogan se voit en leader du monde islamique et cherche à se concilier les opinions publiques du monde arabes, d’où sa prise de position en faveur du Hamas, après l’attaque terroriste du 7 octobre. Il partage néanmoins avec Mustapha Kemal, une vision ethnique de la Turquie, la négation des minorités et celle du génocide arménien. Il partage surtout un souci de puissance. Le régime du 29 octobre 1923 est né d’une victoire militaire, celle de la guerre d’indépendance turque (1919-1922) menée par Mustafa Kemal contre les puissances alliées d’occupation et l’armée du sultan. En mai 2023, c’est avant tout un leader régional que les électeurs ont élu. Au début du XXe siècle, la Turquie a failli disparaître. Aujourd’hui, c’est un pays qui compte, même si c’est souvent pour le pire (Syrie, Haut-Karabagh, Libye, le Hamas, les Loup gris…). Erdogan à vendu à ses électeurs une Turquie puissance mondiale, c’est ce que les Turcs célèbrent chaque 29 octobre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Lire la suite
1957, Tunisie, république, 25 juillet Bruno Teissier 1957, Tunisie, république, 25 juillet Bruno Teissier

25 juillet : la Tunisie célèbre son régime républicain et enterre sa démocratie

En Tunisie, c’est le Jour de la République. Le pays qui commémore l’abolition de la monarchie en 1957, mais aussi la l’anniversaire prise totale du pouvoir par le président Kaïs Saïed, lequel avait profité du 25 juillet, en 2021, pour suspendre la démocratie. Sans les libertés publiques, peut-on encore parler de république ?

 

Le 25 juillet est férié en Tunisie pour commémorer l’instauration de la république et l’abdication du roi de Tunisie en 1957. C’est le Jour de la République (يد الجمهورية). Cette date est aussi l’anniversaire du coup de force du président Kaïs Saïed en 2021 dont la prise totale du pouvoir est symboliquement confirmée par référendum du 25 juillet 2022.

Un royaume de Tunisie avait existé du 20 mars 1956 au 25 juillet 1957.  Lamine Bey, le dernier monarque était l’ultime héritier d’une longue lignée de bey de la dynastie des Husseinites fondée en 1705. Ainsi s’interrompait une monarchie vieille de plus de deux siècles et demi. Suite à sa destitution, les biens du roi ont été confisqués et ont servi à régler la dette de l'État tunisien. Ce dernier bey avait pris le titre de roi, comme au Maroc où le dernier sultan était, à la même époque, devenu le premier roi du Maroc. En Tunisie, le souverain s’était montré trop conciliant avec le colonisateur français, ce qui l’avait rendu très impopulaire, à l’inverse de Mohamed V du Maroc qui avait tenu tête à Paris et avait été perçu comme le héros de l’indépendance. En Tunisie, ce rôle a été joué par Habib Bourguiba qui a pesé en faveur de la république. Le 25 juillet est aussi l’anniversaire du début de son premier mandat, en 1957.

La monarchie a été abolie, c’est le régime républicain qui s’est imposé mais celui-ci n’a guère fonctionné de manière démocratique. Habib Bourguiba s’est incrusté pendant 30 ans au pouvoir. Réélu à chaque fois par des scrutins non démocratiques, il a été finalement nommé « président à vie », en 1975. Son successeur, Zine el-Abidine Ben Ali a régné d’une main de fer pendant 23 ans. Ce dernier a été renversé en 2011 pour laisser place à une transition démocratique qui a vu se succéder plusieurs présidents : Fouad Mbazâa, Moncef Marzouki, Béji Caïd Essebsi et Kaïs Saïed.

Le 25 juillet est aussi l’anniversaire de l’assassinat de Mohamed Brahmi, député de l'Assemblée nationale constituante (ANC) et fondateur du Mouvement populaire. Celui-ci a été tué le 25 juillet 2013 devant son domicile.

C’est le 25 juillet 2021 que le président Kaïs Saïed a décidé de geler les travaux du Parlement et de s'octroyer le pouvoir exécutif dans sa totalité, confisquant en même temps le pouvoir du gouvernement.

Le 25 juillet 2022, le président Kaïs Saïed fait approuver par référendum un nouveau régime destiné à instaurer son pouvoir personnel. La Tunisie va-t-elle retourner un régime du type de celui de Ben Ali, la coloration islamique en plus ? Une majorité écrasante (92%) a voté en faveur du projet du président Kaïs Saïed, mais avec seulement… 27,5% de participation. Ce qui représente à peine un quart du corps électoral. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’adhésion du peuple tunisien n’est pas au rendez-vous. Le Jour de la République 2021 est désormais celui de la mort de la démocratie en Tunisie. Celle-ci était en gestation depuis 2014. Elle semble bien s’avérer mort-née.

La nouvelle constitution prévoit que « le chef de l’État, qui n’est responsable devant personne, nomme et révoque le chef de gouvernement et les ministres. Il peut soumettre au référendum tout texte législatif ou constitutionnel – sans l’intermédiaire du Parlement – et imposer une deuxième lecture à un projet de loi. Il peut également dissoudre l’Assemblée qui, par ailleurs, voit ses prérogatives réduites. Non seulement, elle n’investit plus le gouvernement mais elle ne peut le censurer que dans des conditions très restrictives. En plus d’une hyperprésidentialisation du régime, où les possibilités de destituer le président sont verrouillées, ce qui fait inévitablement penser aux régimes dictatoriaux qu’a connus la Tunisie avant sa révolution, la nouvelle Constitution élimine les articles mentionnant la neutralité et l’impartialité des forces de sécurité intérieure et de l’armée. (…) L’article 5 du texte efface ainsi la mention du caractère "civil” de l’État – que le camp moderniste avait imposée de haute lutte à la Constitution de 2014 – tout en précisant que la Tunisie fait partie de la "oumma [communauté des croyants] islamique” et que “seul l’État devra veiller à garantir les objectifs de l’islam”.» (Frédéric Bobin et Lilia Blaise, Le Monde, 23 juillet 2022.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Lire la suite
1972, Sri Lanka, république, 22 mai Bruno Teissier 1972, Sri Lanka, république, 22 mai Bruno Teissier

22 mai : le jour où Ceylan est devenu une république sous le nom de Sri Lanka

Beaucoup de Sri Lankais  regrettent que le 22 mai ne soit plus un jour férié, car ce jour de 1972 est pour eux l’anniversaire de la véritable indépendance de leur pays. Ils récusent le 4 février qui sert de fête nationale, dont ils déplorent l’imposture.

 

Beaucoup de Sri Lankais  regrettent que le 22 mai , le Jour de la République (ජනරජ දිනය), ne soit plus un jour férié, car ce jour de 1972 est pour eux l’anniversaire de la véritable indépendance de leur pays. Ils récusent le 4 février qui sert de fête nationale, dont ils déplorent l’imposture.

La colonie britannique de Ceylan a, en effet, obtenu son indépendance le 4 février 1948, mais le pays nouvellement indépendant est resté un dominion au sein de l'Empire britannique. Le monarque britannique a continué d'être le chef de l'État, le pouvoir militaire est resté aux mains des Britanniques, comme le pouvoir judiciaire puisque le Conseil privé du Royaume-Uni était la cour d'appel suprême.  Il faut attendre le 22 mai 1972 pour que Ceylan renie son statut de dominion et change de nom en proclamant la République de Sri Lanka. Cette émancipation politique à l’égard du Commonwealth est l’œuvre de la première ministre Sirimavo Bandaranaike qui fut, en 1960, la première femme dans le monde à être élue démocratiquement à la tête d'un gouvernement. Elle est revenue au pouvoir en 1970 à la tête d’une coalition de centre gauche et a entamé le processus qui a pris deux années. À partir de 1848, le Royaume-Uni, soudoyant une partie de la classe politique, a tout fait pour que la rupture n’ait pas lieu, il faudra attendre 24 ans pour que son ex-colonie se libère totalement de son emprise. L’Inde a opéré la même révolution, dès 1950 et célébre chaque 26 janvier le Republic Day par de grandes festivités.

Outre le changement de chef d’État, le nouveau régime a aussi permis la nationalisation d’immenses plantations de thé et de caoutchouc qui avait été jadis accaparées par les Anglais. Jusqu’en 1972, ces propriétés étaient restées sous leur contrôle en dépit de l’indépendance. C’est donc aussi l’indépendance économique du pays qui est célébré chaque 22 mai. Même si par la suite, le Sri Lanka s’est retrouvé sous l’influence de l’Inde et plus récemment sous la coupe de la Chine auprès de laquelle le pays est aujourd’hui dramatiquement endetté.

Il faut toutefois noter que le régime de 1972 abandonnait l’article 29 de la constitution de 1948, spécifiant la protection des minorités. Le bouddhisme devenait religion d’État et le texte constitutionnel n’était rédigé qu’en cinghalais… autant de germes à la guerre civile que va déchirer le pays de 1983 à 2009. De plus, une nouvelle constitution, en 1978, va faire passer le Sri Lanka d’un régime parlementaire à un régime présidentiel, avec toutes les dérives autoritaires possibles auxquelles le pays n’échappera pas.

Jusqu'à la victoire militaire du 18 mai 2009 qui l'a éclipsée, le 22 mai de chaque année, tous les ministères, administrations, établissements publics et autres institutions de l'État commémoraient la fête de la République. Les chefs de département avec la participation du personnel hissaient le drapeau national et prononçaient un bref discours sur l'importance de cette Journée qui est bien oubliée aujourd’hui. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Le nouveau drapeau du Sri Lanka, adopté en 1972

Lire la suite
1931, Espagne, Démocratie, 14 avril, Catalogne, république Bruno Teissier 1931, Espagne, Démocratie, 14 avril, Catalogne, république Bruno Teissier

14 avril : la célébration d'une république espagnole ou catalane, désormais

Une nouveauté, le gouvernement de Barcelone a instauré une Journée de la République catalane, le 14 avril, date à laquelle la gauche espagnole célèbre chaque année, l’anniversaire de l’instauration de la République espagnole le 14 avril 1931. Une occasion de sortir le drapeau républicain : rouge, jaune et mauve !

 

En Espagne, les partisans de la république ne manquent pas une occasion de réclamer l’abolition de la monarchie et l’instauration d’une IIIe république. Chaque 14 avril, Jour de la République espagnole (Dia de la Republica española), l’acte militant consiste à porter une violette à la boutonnière, couleur de la révolution démocratique. Mieux, on sortira le drapeau républicain rouge, jaune et mauve. Cette année, on célèbre les 91 ans de l’instauration de la Seconde république espagnole, le 14 avril 1931. Depuis la fin de la dictature (1977), des festivités et manifestations ont lieu chaque 14 avril dans de nombreuses villes espagnoles.

La nouveauté, l’an dernier, c’est que le gouvernement de Catalogne a décidé désormais de commémorer le Jour de la République catalane (Dia de la República catalana), également le 14 avril. L’argument est que la première déclaration républicaine a été prononcée sur le sol catalan quelques heures avant la proclamation de la république espagnole. La proclamation a été faite à la mairie de Barcelone, par Lluís Companys, après une victoire électorale écrasante de l'ERC (gauche républicaine). Et elle sera confirmée le même jour par Francesc Macià, celui qui deviendra, quelques jours plus tard, le 17 avril 1931, le premier président de la Generalitat de Catalogne.

En 2022, la première célébration catalane du 14 avril, a eu lieu au Palau de la Generalitat, à Barcelone, en présence du président de la Catalogne, Pere Aragonès (ERC), et de la ministre de la Justice, Lourdes Ciuró. Ce geste avait pour but de rapeller la proclamation de la « République catalane comme État intégré de la Fédération ibérique », faite par Francesc Macià à cette date en 1931. La Gauche républicaine de Catalogne (Esquerra Republicana de Catalunya, ou ERC) est redevenue en 2019, la première force politique de Catalogne. Il n’est pas étonnant qu’elle relance le projet républicain, une autre manière d’affirmer le particularisme catalan qui s’exprime aussi chaque 11 septembre.

On le sait, beaucoup de républicains espagnols ont fui vers la France, en 1939, ayant perdu la partie face à la conquête du pouvoir par un général d’extrême droite, Francisco Franco. En France, la date du 14 avril a toujours un certain retentissement, des célébrations ont, d’ordinaire, lieu à Toulouse, Bordeaux ou Paris. Cette année, c’est à Montauban, le 15 mars 2023, profitant d’un sommet franco-espagnol qu’Emmanuel Macron et Pedro Sánchez, chef du gouvernement espagnol, se sont recueillis en se rendant ensemble sur la tombe de Manuel Azaña, dernier président de la IIe République espagnole qui avait trouvé refuge en France. Le président Macron a terminé son discours par ces mots : « Nous n’oublierons jamais les nombreux républicains espagnols qui se sont joints à la Résistance française et nous ont permis de rester libres". Car exilés en France, après avoir connu les camps de concentration et le travail forcé beaucoup de républicains espagnols s’engagèrent dans la Résistance et participèrent à la libération du pays (notamment celle de Paris) avec l’espoir d’abattre ensuite la dictature franquiste en Espagne. Mais cette espérance fut trompée.

Un gouvernement républicain espagnol en exil a survécu jusqu’en 1977. Il s’est dissous avec le retour de la démocratie en Espagne la même année, soit quelques mois après la mort du dictateur Franco. Le compromis historique avec la droite espagnole qui soutenait le régime franquiste a été le retour du roi, non celui d’Alphonse XIII qui avait fui en 1931 sans avoir abdiqué, mais l’intronisation de son petit-fils Juan Carlos, éduqué par le général Franco. La gauche espagnole qui a accepté en 1977 cet état de fait en garde une certaine amertume. La fin peu glorieuse du règne de Juan Carlos, accusé de corruption et de blanchiment d’argent n’a fait qu’alimenter ce sentiment. La justice espagnole soupçonne notamment Juan Carlos d’avoir reçu de l’Arabie saoudite 65 millions d’euros, après l’adjudication d’un contrat sur la construction d’un TGV à un consortium d’entreprises espagnoles. Juan Carlos aurait fait don de ces 65 millions à son ancienne maîtresse et l’argent aurait fini aux Bahamas.

Les scandales multiples qui ont éclaboussé la famille royale (en particulier la fille de l’ex-roi et son gendre), ont ravivé la revendication d’un retour à la république. Le régime légal instauré le 14 avril 1931, n’a été aboli que par un putsch. C’est ce que vient rappeler cette commémoration annuelle du 14 avril. Lors de l’abdication de Juan Carlos, au profit de son fils, une grande manifestation avait rassemblé plusieurs dizaines de milliers de républicains place de la Puerta del Sol, à Madrid, comme le monde la photo illustrant cet article. C’était le 2 juin 2014. Ils n’ont pas dit leur dernier mot.

Selon un sondage, réalisé en 2021 auprès de 3 000 personnes dans l’ensemble du pays par l’institut d’études d’opinion 40dB, si un référendum avait lieu, 40,9 % des Espagnols voteraient en faveur d’une république, contre 34,9 % qui préféreraient le statu quo actuel de la monarchie parlementaire. Toute la différence se jouerait donc sur les 24,2 % qui annonçaient voter blanc ou qui se déclaraient sans opinion.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 avril 2023

 
Pour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps, vous pouvez le faire sur Tipeee
Lire la suite
1793, France, république, 21 janvier, révolution, monarchie Bruno Teissier 1793, France, république, 21 janvier, révolution, monarchie Bruno Teissier

21 janvier : le Jour de la tête de veau ou la Mémoire de Louis XVI

C’est une tradition vieille de 229 ans qui est à nouveau honorée cette année, en France, celle d’organiser des banquets où l’on sert de la tête de veau, pour célébrer la décapitation de Louis XVI, le 21 janvier 1793.

 

C’est une tradition vieille de 229 ans qui est à nouveau honorée cette année en France, celle des banquets où l’on sert de la tête de veau, pour célébrer la décapitation de Louis XVI, le 21 janvier 1793.  Il existe à Paris, un Club de la Tête de Veau, qui chaque 21 janvier, organise un banquet de ce type. Le restaurant Le Coq de la Maison Blanche, à Saint-Ouen, les a accueillis pendant des décennies, avant sa fermeture, récente.  Dans plusieurs villes de province, également, la tradition de ces banquets républicains s’est poursuivie jusqu’à nos jours (interrompu seulement en 2021 pour cause de covid).

La tradition remonte à 1794, quand le citoyen Romeau proposa, pour remplacer les fêtes religieuses, d’organiser, chaque 21 janvier, des banquets servant de la tête de cochon et chaque 14 juillet, de déguster un gâteau en forme de Bastille. Le gâteau du 14 juillet n’a pas pris mais la tradition, bien française, du banquet républicain à cette date anniversaire, a survécu jusqu’à nos jours, sauf que l’on est passé au milieu du XIXe siècle du cochon au veau.  La tête de cochon, c’était celle dont était affublé Louis XVI sous la plume des caricaturistes dans les premières années de la Révolution. La mode de la tête de veau est venue plus tard, d’Angleterre. Chaque 30 janvier, à Londres, les partisans de la monarchie constitutionnelle, y festoyaient à la tête de veau, arrosée de vin rouge pour célébrer la décapitation du roi Charles Ier, le 30 janvier 1649. L’habitude avait été prise de se moquer de ceux qui se rassemblaient chaque 30 janvier pour commémorer le décès de ce roi anglais catholique adepte d’une monarchie absolue. Cette cérémonie à la mémoire de Charles Ier est toujours organisée de nos jours au Banqueting House, mais le Calf’s head Club (club de la tête de veau) de Londres, créé pour se moquer, n’existe plus. Les Français, indécrottables républicains, ont adopté le symbole de la tête de veau, s’y sont tenus et l’on même parfois adapté. L’an dernier, la Cantine de Ménilmontant, à Paris, proposait un menu Tête de veau à la sauce gribiche, couscous vapeur à déguster pour se payer la tête de Bouteflika, le président algérien encore en place le 21 janvier 2020. En provinces, des confréries de la tête de veau et des associations de libres penseurs cultivent, eux aussi, la tradition républicaine héritée de la Révolution française. 

Ces derniers acharnés de la République sont moins nombreux qu’il y a un siècle. La république est un fait acquis. Ils croisent parfois les derniers royalistes, formant un autre groupuscule, mais bien rodés pour les célébrations. Le patron du restaurant Le Coq de la Maison Blanche racontait qu’il recevait aussiles 21 janvier, des royalistes qui sortent de la messe à la cathédrale de Saint-Denis sur le coup de 13 heures… Comme chaque année, ce 230e anniversaire est en effet l’occasion pour des personnes des beaux quartiers de la capitale de faire leur incursion annuelle dans le 93, car c’est à Saint-Denis que se trouve la nécropole royale. D’autres célébrations religieuses se déroulent en divers endroits, notamment à la Chapelle expiatoire à Paris, mais aussi, vers 10h, ainsi que place de la Concorde, lieu de l’exécution du roi. À 10h, une manifestation de l’Alliance royale à Saint-Germain l’Auxerrois, l’ancienne paroisse des rois de France. Toujours à Paris, le sanctuaire du catholicisme fondamentaliste, l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, donne elle-aussi sa messe. La province participe bien sûr aux célébrations annuelles : à Toulon, ancien fief royaliste, une messe de requiem est célébrée en l’église Saint-François-de-Paule, comme chaque année. À Marseille, c’est en la basilique du Sacré-Cœur, avenue du Prado qu’une messe est dite à la demande de l'Union Royaliste Provençale (une branche de l’Action Française) et du Souvenir Bourbonien. À paris, l’Action Française organise chaque 21 janvier une marche aux flambeaux partant de l’église Saint-Roch dans le 1er arrondissement. À Poitiers, c’est en l'église Notre-Dame-la-Grande… Cette semaine, les bouchers ont eu une demande accrue de têtes de veau, un peu partout en France. Qu’en pensent "Les entêtés de la tête de veau", une association créée en Corrèze, la région où Jacques Chirac a débuté sans carrière politique ?

Mais, si vous n’aimez ni les messes en latin ni la tête de veau, et que vous êtes tout de même adepte des cérémonies groupusculaires, vous pouvez vous tout aussi bien célébrer la mémoire de Lénine, mort lui aussi un 21 janvier. À Moscou, ils sont encore quelques milliers à se rassembler près de la Place Rouge où chaque année son mausolée est fleuri. Mais, en France, les hommages se font aujourd’hui très discrets. Son souvenir s’estompe, la plaque mentionnant le domicile parisien de Lénine a été enlevée récemment de la façade de l’immeuble du 4 rue Marie-Rose, dans le 14e où il habita.

Le 21 janvier est aussi l’anniversaire de la mort de George Orwell, en 1950… « Il y a assez de causes réelles de conflits pour ne pas les accroître en encourageant les jeunes gens à se lancer des coups de pied dans les tibias au milieu de rugissements de spectateurs en furie. » écrivait-il. Il avait raison.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 janvier 2023

 
Louis XVI affublé d’une tête de cochon, une caricature de 1792

Louis XVI affublé d’un corps de cochon, une caricature de 1792

Lire la suite
1961, 1962, Tanzanie, indépendance, république, 9 décembre Bruno Teissier 1961, 1962, Tanzanie, indépendance, république, 9 décembre Bruno Teissier

9 décembre :  la Tanzanie fête avec sobriété, son indépendance et les 60 ans de sa république

L’indépendance du 9 décembre 1961, comme la république du 9 décembre 1962, célébrées aujourd’hui ne concernent en fait que le seul Tanganyika et non l’archipel de Zanzibar. Les deux entités formeront deux ans plus tard, la Tanzanie. Cela peut expliquer la mise en berne des festivités annuelles par les autorités.

 

Cette année, sobriété oblige, pas de défilé militaire ni de feu d’artifice ni de fastueuse réception au Palais présidentiel, l’argent des festivités sera dépensé plus utilement. Ce n’est pas la première fois que les autorités tanzaniennes prennent ce genre de décision. Cela dit si le 9 décembre est à la fois qualifié de Fête d’indépendance (Independence Day) et de Jour de la République (Republic Day), l’importance de la date est moindre que celle du 26 avril, jour de l’unification du Tanganyika et de Zanzibar pour former la Tanzanie. Les festivités du 26 avril n’ont, quant à elles, pas été annulées.

En effet, le 9 décembre 1961, c’est le seul Tanganyika (c’est-à-dire la partie continentale du pays) qui accède à l’indépendance après avoir été une colonie allemande puis britannique.  Le processus de décolonisation avait commencé après la fin de la Seconde Guerre mondiale, lorsque le Tanganyika est devenu un territoire sous tutelle des Nations unies sous contrôle britannique. En 1954, l'Union nationale africaine du Tanganyika (TANU), le mouvement de lutte pour l’indépendance est créé avec Julius Nyerere comme leader.  La TANU remporte les élections au Conseil législatif en 1958, 1959 et à nouveau, en 1960, Nyerere devenant ministre en chef après les élections de 1960. Le 1er mai 1961, le pays obtient finalement son autonomie, suivie de l'indépendance, le 9 décembre 1961. L’année suivante, le 9 décembre 1962, la république est adoptée. On célèbre aujourd’hui le 60e anniversaire de l’événement. Julius Nyerere devient le président de la République mais du seul du Tanganyika car l’archipel de Zanzibar n’obtiendra son indépendance qu’en 1963, mais dans le cadre d’un sultanat qui ne sera renversé que l’année suivante, le 12 janvier 1964.

Le 26 avril 1964, le Tanganyika s'unira à Zanzibar. Le pays a été rebaptisé République-Unie de Tanzanie le 29 octobre de la même année. On comprend que, en fin de compte, la date du 26 avril soit plus importante que le 9 décembre pour l’ensemble du pays.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 décembre 2022

 
Lire la suite
1910, Portugal, république, 5 octobre, révolution Bruno Teissier 1910, Portugal, république, 5 octobre, révolution Bruno Teissier

5 octobre : le Portugal fête les 113 ans de sa république

La fête de la République est un jour férié qui commémore la révolution de 1910 qui reversa le roi Manuel II.

 

La fête de la République (Dia da República) est un jour férié qui commémore la révolution de 1910 qui reversa un jeune roi âgé de 21 ans, monté sur le trône deux ans plus tôt, après l’assassinat de son père et de son frère, le prince héritier. Le roi précédent avait laissé son premier ministre Franco instaurer une dictature qui provoquant de grandes tensions politiques. Ainsi le 5 octobre 1910, était mis fin à 767 ans de monarchie portugaise. Le roi Manuel II trouvera refuge au Royaume-Uni. La république, proclamée le même jour, ne durera que 16 ans. 9 présidents vont se succéder dans un climat quelque peu chaotique. Un coup d’État y mettra fin, le 28 mai 1926, pour mettre en place un régime autoritaire pour un demi-siècle.

La transition du XIXe au XXe siècle avait été particulièrement critique pour la société portugaise. Le nationalisme lusitanien était sur le point d'être soumis aux intérêts coloniaux britanniques. D'autre part, les dépenses excessives de la famille royale, le pouvoir excessif de l'église et l'instabilité politique et sociale complétaient un tableau de troubles sociaux permanents.

La dictature de João Franco, avec son incapacité à suivre l'évolution des temps et à s'adapter à la modernité, a contribué de manière décisive à un processus dramatique de décadence de la monarchie, dont les défenseurs de la république ont su en tirer le meilleur parti. Le parti républicain s'est présenté aux yeux du peuple comme le seul à disposer d'un programme capable de restaurer le prestige perdu du pays et de placer le Portugal sur la voie du progrès.

Ces circonstances ont dissuadé l'armée de combattre les quelque 2 000 soldats et marins en révolte entre le 3 et le 4 octobre 1910, ouvrant la porte à un changement de régime. La République a été proclamée le 5 octobre à 9 heures du matin depuis le balcon de la mairie de Lisbonne. Avec la République, les symboles nationaux ont été immédiatement remplacés : l'hymne national, le drapeau et la monnaie. Mais en réalité, tout avait commencé à prendre forme deux ans auparavant avec l’attentat tuant le roi et le prince héritier.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Lithographie de l'artiste Cândido da Silva représentant les événements révolutionnaires de la nuit du 3 octobre 1910 qui ont conduit à la proclamation de la République portugaise. Deux jours plus tard, le 5 octobre 1910, le jeune roi Manuel II s'exilait en Angleterre.

rep2.png
Lire la suite
1958, Irak, révolution, république, 14 juillet Bruno Teissier 1958, Irak, révolution, république, 14 juillet Bruno Teissier

14 juillet : l’Irak célèbre la chute de la monarchie

Le Jour de la république irakienne est une fête nationale qui célèbre la chute de la monarchie hachémite et l’instauration d’une république irakienne en 1958.

 

Le Jour de la république irakienne (يوم الجمهورية) est une fête nationale qui célèbre la chute de la monarchie hachémite et l’instauration d’une république irakienne. en 1958

Le 14 juillet 1958, un coup d'État renversait la monarchie hachémite . Le roi et la reine étaient tués lors de ce soulèvement dont la date n’avait pas été choisie au hasard. Cette révolution menée au son de la Marseillaise, diffusée toute la journée à la radio, avait amené Abd al-Karim Qasim au pouvoir, comme Premier ministre de la nouvelle république. De 1968 à 2005, le jour de la République irakienne a été la fête nationale officielle du pays, jusqu’à ce que le Jour de l'indépendance de l'Irak, le 3 octobre, soit instauré comme fête nationale de l'Irak.

Le 14 juillet a été déclaré Jour de la République en Irak en 2005. Une statue d'Abd al-Karim Qasim a été érigée la même année au centre de Bagdad.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Lire la suite
1918, Arménie, république, 28 mai, indépendance Bruno Teissier 1918, Arménie, république, 28 mai, indépendance Bruno Teissier

28 mai : l'Arménie commémore sa première indépendance

Ce jour férié qui commémore la création de la République d'Arménie le 28 mai 1918.

 

Le Jour de la Première République (Առաջին Հանրապետության օր) est un jour férié qui commémore la création de la République d'Arménie le 28 mai 1918.

À la suite de la révolution de février 1917 en Russie, un Commissariat de Transcaucasie est créé (novembre 1917). Il décide de réunir une assemblée générale (Sejm) et de proclamer l'indépendance. Finalement, la République fédérative démocratique transcaucasienne a été proclamée en février 1918. Mais, elle a existé pendant trois mois.

Finalement, le 28 mai 1918, le Conseil national arménien proclame l'indépendance de l'Arménie. La République d'Arménie fut le premier État arménien moderne depuis la chute du Royaume arménien de Cilicie en 1375. Malheureusement, cette république nouvellement indépendante n'a pas existé longtemps. En 1920, elle est envahie par l'Armée rouge soviétique.

Ce premier jour de la République en Arménie coïncide avec celui de la république d’Azerbaïdjan, proclamé le même jour et célébré par un jour férié. Ces jours fériés arménien et azerbaïdjanais n'étaient pas célébrés à l'époque soviétique, ils ont été institués qu’après la dissolution de l'URSS. Les deux républiques ont obtenu leur deuxième indépendance en 1991.

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

 
Lire la suite
1940, 1956, Pakistan, 23 mars, république Bruno Teissier 1940, 1956, Pakistan, 23 mars, république Bruno Teissier

23 mars : le jour où le Pakistan est devenu une république islamique

Le Jour du Pakistan commémore deux événements : la Résolution de Lahore du 23 mars 1940 et la proclamation de la république islamique du Pakistan, le 23 mars 1956.

 

Le Jour du Pakistan (یوم پاکستان,) commémore deux événements : la Résolution de Lahore du 23 mars 1940 et la proclamation de la république islamique du Pakistan, le 23 mars 1956. C’est un des principaux jours fériés du pays.

La résolution de Lahore (قرارداد لاہور), ou Résolution du Pakistan (قرارداد پاکستان)est une déclaration politique de la Ligue musulmane (parti défendant les intérêts des musulmans dans l’empire britannique des Indes) appelant à la création d'États indépendants pour les musulmans du nord-ouest et de l'est des Indes britanniques. Cette déclaration, faite le 23 mars 1940, est vue aujourd’hui comme l’annonce d’un Pakistan indépendant distinct du reste de l’Inde. En réalité, le projet de partition était encore flou et de faisait pas l’unanimité parmi les combattant pour l’indépendance.

Le terme de « Pakistan » a été inventé en 1933, par Choudhary Rahmat Ali un homme politique pakistanais établi à Cambridge, à partir des noms des principales nations du nord de l’Inde : Punjab, Afghania, Kashmir (Cachemire), Sindh et Balouchistan. Le « i » du milieu a été rajouté pour des raisons phonétiques. En ourdou, pâk signifie « pur » et stân , « pays », ce qui  fait du Pakistan, le « pays des purs ».

La même date, le 23 mars, a été reprise quand le Pakistan (indépendant depuis le 14 août 1947) a quitté son statut de dominion fédéral au sein de l’Empire britannique pour devenir une république, la toute première « république islamique ».

Les principales célébrations du Pakistan Day se déroulent à Islamabad : défilés militaires et civils, remises de médailles, chant, prières et dépôt de gerbes au mausolée du fondateur du Pakistan, Muhammad Ali Jinnah, ainsi qu’à celui de Muhammad Iqbal, le poète national.

Cette journée du Pakistan est aussi célébrée par la diaspora à Londres,  New York, (où une parade annuelle est organisée), au Canada…

Le Pakistan Day ( یوم پاکستان ) est aussi appelé Jour de la République ( يوم جمهوريه ) ou simplement 23-Mars.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Le Minar-e-Pakistan a été érigé à Lahore dans les années 1960 sur le site où le 23 mars 1940 a été prononcé la Résolution

La foule sous le portrait de Muhammad Ali Jinnah

Lire la suite
1968, 1992, Maurice, république, 12 mars, indépendance Bruno Teissier 1968, 1992, Maurice, république, 12 mars, indépendance Bruno Teissier

12 mars : la fête nationale de Maurice, les 30 ans de sa république

Cette fête marque deux événements clés de l’histoire récente du pays qui ont eu lieu un 12 mars : l’indépendance de la Grande-Bretagne en 1968 et l’accession à la république en 1992. Il y a donc 30 ans aujourd’hui.

 

L’île Maurice célèbre sa fête nationale, ce 12 mars, dans des conditions particulières en raison du covid. Comme en 2020 et 2021, l’essentiel des festivités a été annulé. Cette année encore, on se limitera à une levée du drapeau pour marquer le 54e anniversaire de l’indépendance et le 30e anniversaire de la République, ce samedi 12 mars 2021 à la State House, Le Réduit. Pas de défilé sur le Champ-de-Mars ni de feu d’artifice en soirée.

Après plus d’un siècle de domination hollandaise (1598-1710), puis un siècle de présence française (1710-1810) et un siècle et demi d’occupation britannique, l'île Maurice a acquis son indépendance le 12 mars 1968. Ce fut l’aboutissement d'un long processus évoqué dès 1959 et engagé en 1965, par la conférence constitutionnelle de Lancaster House qui prévoyait le désengagement progressif des Britanniques de l'île.

Le départ des Anglais a toutefois laissé un goût amer. Déjà, ils avaient séparé les Seychelles pour en faire une colonie spécifique qui est devenue indépendante de son côté. Mais, trois avant l’indépendance de Maurice, ils ont aussi soustrait l’archipel des Chagos pour louer une des îles, Diego-Garcia, aux États-Unis pour en faire une base militaire. Ceci après en avoir chassé la totalité de sa population.

Le 12 mars célèbre l’indépendance, en 1968, suite au scrutin du 7 août 1967. Ce jour-là, à Port-Louis, la capitale, le drapeau quadricolore (rouge, bleu, jaune et vert) était hissé pour la première fois, au Champ de Mars, en remplacement de l'Union Jack. Ce geste est répété tous les ans à la même date. Les 11 et 12 mars sont des jours fériés à Maurice. L’ONU a reconnu et admis l’île Maurice dans ses rangs, un mois plus tard. Cette date rappelle aussi la transformation du régime en une république, le 12 mars 1992, en remplacement de la monarchie constitutionnelle, la reine Elizabeth II était le chef d’État. Le pays est toujours membre du Commonwealth et a rejoint la Francophonie en 1993. Le 12 mars à Maurice est aussi l’occasion d’honorer le père de l’indépendance, Sir Seewoosagur Ramgoolam.

Ce samedi 12 mars 2022, on déplore le décès de Karl Offmann qui fut président de la république de Maurice entre le 25 février 2002 et le 1ᵉʳ octobre 2003. Ses funérailles auront lieu demain, dimanche 13 mars.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 mars 2022

 
Maurice.png
Lire la suite
1970, Guyana, république, 23 février Bruno Teissier 1970, Guyana, république, 23 février Bruno Teissier

23 février : un carnaval pour célébrer la république du Guyana

Aujourd’hui, c’est Mash Day, un carnaval qui célèbre le jour où le Guyana est devenu une république. C’était le 23 février 1970, quatre ans après son indépendance.

 

Aujourd’hui, c’est Mash Day, un abrégé de Mashramani, le nom d’un carnaval qui célèbre le jour où le Guyana est devenu une république. C’était le 23 février 1970, quatre ans après son indépendance.

C’est terme d’une langue amérindienne, l’arawak, qui a été choisi pour baptiser cette fête annuelle : mashramani signifie "célébration après un travail coopératif ». La fête a été inventée dans la ville de Mackenzie par une association locale. La première célébration de Mashramani avait été si réussie que le festival a été organisé l’année suivante dans la capitale nationale, Georgetown. Le président de la république, Forbes Burnham l'a entériné et le Jour de la République est devenu une fête nationale et un jour férié.

Depuis plus d’un demi-siècle, Mash Day est la fête annuelle la plus importante en Guyana. Elle a très vite pris l’allure d’un véritable carnaval qui implique tous les groupes ethniques guyanais. On organise des concours de costumes excentriques, des défilés de chars, des démonstrations de groupes de danse acrobatique… aux sons d’orchestres qui cultivent l’héritage africain de l’ancienne Guyane britannique : calypso, soca, chutney-scoa  et musique de chutney. 

Les groupes mash descendent dans les rues pour mettre en valeur la diversité guyanaise dans leurs costumes et créer spectacles flamboyants. Ce « défilé des groupes », très attendu, est le point culminant des festivités. Chaque année, des milliers de personnes se rassemblent le long du parcours de la parade qui traverse la capitale, pour apercevoir les fêtards parés de leurs costumes exubérants.

 
Lire la suite
1961, 1962, Tanzanie, 9 décembre, république, indépendance Bruno Teissier 1961, 1962, Tanzanie, 9 décembre, république, indépendance Bruno Teissier

9 décembre : la Tanzanie fête ses 60 ans d’indépendance

C’est le Jour de l'Indépendance (du Tanganyika en 1961) et le Jour de la République (en 1962)

 

En réalité, ce n’est pas tout à fait vrai car la Tanzanie n’a été créée qu’en 1964, après l’indépendance de l’archipel de Zanzibar, en 1963, et son union avec le Tanganyika, le 26 avril 1964. Aujourd’hui, le Jour de l’indépendance (Indepedence Day) ne célèbre que celle du Tanganyika, c’est-à-dire la partie continentale du pays qui fut une colonie portugaise, omanaise, allemande puis, finalement anglaise. Contrairement à Zanzibar où se sont déroulée une révolution et une guerre civile meurtrière, l’indépendance du Tangayika s’est faite assez pacifiquement même si une lutte politique fut nécessaire. Celle-ci a été menée par Julius Nyerere à l’origine de l'Union nationale africaine du Tanganyika (TANU), le parti qui a lutté pour l’indépendance. Celle-ci a été obtenue tardivement, le 9 novembre 1961, il y a 60 ans jour pour jour. À cette date une bonne partie de l’Afrique était déjà décolonisée. Un an après, à nouveau le 9 décembre, la République du Tanganyika était créée. Ce jour est aussi le Jour de la République (Republic Day).

La célébration du Jour de l'Indépendance et du Jour de la République sont généralement marqués par des défilés et des fêtes colorées, des concerts folkloriques… La fête avait toutefois été annulée en 2020, en raison de la pandémie et les fonds affectés à l’achat d’équipements hospitaliers. Cette année, pour le 60e anniversaire, la fête se déroulera à Dodoma, la capitale, et surtout au stade Uhuru, de Dar es Salaam, la principale ville, où des dirigeants locaux et internationaux honoreront l'occasion.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 décembre 2021

 

La fête d’indépendance aux couleurs du parti au pouvoir

Lire la suite
1924, Mongolie, 26 novembre, république Bruno Teissier 1924, Mongolie, 26 novembre, république Bruno Teissier

26 novembre : curieuse de fête en Mongolie

C’est le Jour de la République, un jour à la gloire du pays, son drapeau, son hymne. Les festivités se déroulent sur la place Sukhbaartar, le Lénine mongol. On offre du thé au lait à tout le monde, bien chaud, car en cette fin novembre, les températures sont très largement négatives…

 

Cette fête, autrefois appelée fête de l’indépendance, n’est plus fériée depuis 2011, remplacée par le 29 décembre, mais la fête a été conservée comme Jour de la République. C’est un jour à la gloire du pays, de son drapeau, de son hymne. Les festivités se déroulent sur la place Sukhbaartar, le Lénine mongol. Des étudiants venus de tout le pays sont en costume traditionnel. On offre du thé au lait à tout le monde, bien chaud, car en cette fin novembre, les températures sont très largement négatives… mais que commémore-t-on en ce Jour de la république ?

Le 26 novembre 1924, la Mongolie adoptait une nouvelle constitution qui faisait d’elle un pays communiste, concrètement le premier État satellite de la future URSS. Les autorités ont attendu la mort du souverain, Bogdo Khan, qui était en même temps chef religieux. Devenant une « république populaire », le lamaïsme y est bientôt interdit, les terres et troupeaux collectivisés et de purges en purges, ses élites complètement asservies par le grand voisin russe. Ce régime n’a survécu que quelques semaines à la disparition de l’URSS. En 1992, une nouvelle constitution, démocratique cette fois, a été adoptée ; mais ce changement de régime n’a donné naissance à aucune fête nationale, ce sont les journées du 11-12 juillet (le Naadam) et du 26 novembre qui ont été conservées comme jours fériés.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 novembre 2021

 
Pour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps. Vous pouvez le faire sur Tipeee

Pour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps. Vous pouvez le faire sur Tipeee

Lire la suite