L’Almanach international

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1964, Brésil, Coup d'état militaire, 31 mars Bruno Teissier 1964, Brésil, Coup d'état militaire, 31 mars Bruno Teissier

31 mars : des marches du silence en souvenir des victimes de la dictature brésilienne de 1964

Il y a 60 ans l’armée prenait le pouvoir au Brésil pour instaurer une dictature qui dura deux décennies et fit sa cohorte de victimes auxquelles de nombreux Brésiliens entendent rendre hommage, en dépit du renoncement du président Lula à toute commémoration, de crainte d’une réaction des nostalgiques de la dictature.

 

« Sans mémoire, il n’y a pas d’avenir  », c’était le mot d’ordre de la campagne de sensibilisation, dans le cadre du 60e anniversaire du putsch qui a instauré une terrible dictature au Brésil. À la demande du président Lula, tout a été annulé. Mais, la société civile a pris le relais de l’hommage aux victimes du pouvoir militaire.

Ce week-end, le Brésil marque le 60e anniversaire du coup d'État militaire du 31 mars/ 1er avril 1964 qui a renversé le président  João Goulart, élu démocratiquement en 1961. La dictature militaire d’extrême droite durera 21 ans. Ce régime autoritaire est à l’origine de la mort de plusieurs centaines d’opposants politiques et de milliers d’Amérindiens, déplacés de force. Des dizaines de milliers de personnes ont été détenues, une grande partie d'entre elles a été torturée. Quelque 10 000 Brésiliens ont été forcés de s'exiler…

Les militaires ont lâché le pouvoir en 1985, sans aucune épuration dans leurs rangs. La loi d’amnistie de 1978 qui les protège de toute poursuite n’a jamais été abolie. Une partie d’entre eux, en particulier les haut gradés qui ont commencé leur carrière sous la dictature, restent nostalgiques de cette époque où ils avaient tout pouvoir. Dans les milieux proches de l’ancien président Bolsonaro (lui-même ancien officier), le putsch du 31 mars est désigné comme la « révolution de 1964 ». Comme en Argentine ou au Chili, dans les milieux conservateurs, prévaut l’idée que le pays aurait été sauvé du péril communiste.

Est-ce la peur d’un nouveau coup d’État militaire qui a incité le président Lula à interdire à son gouvernement toute commémoration ? Il a aussi renoncé au projet de musée de la mémoire et des droits de l’homme, centré sur la dictature, il n’a pas rétabli la Commission spéciale pour les morts et disparus politique que Jair Bolsonaro avait, bien sûr, supprimée. Lula a-t-il été traumatisé par la tentative de coup d’État de janvier 2023, quand des milliers de militants d’extrême droite, acquis à la cause de Bolsonao, sont venus s’agacer les institutions de Brasilia ?

Pas de commémoration gouvernementale, mais des marches dans tout le pays à la mémoire des victimes.

Ce 31 mars, à São Paulo, se déroule  la quatrième édition de la Marche du Silence (Caminhada do Silêncio). Elle commence à 16 heures, devant l'ancien siège du DOI-Codi (un centre de torture dépendant de l’armée), transformé en commissariat de police, au sud de São Paulo. Les manifestants se rendent ensuite au Monument en hommage aux morts et disparus politiques, dans le parc d'Ibirapuera. Le lieu où les membres des familles des victimes de la dictature allument des bougies, déposent des fleurs et récitent des prières à ceux qui ont été assassinés par les forces publiques. Le thème de cette année est « Pour que tu n'oublies pas / Pour que ça ne continue plus » (“Para que você não esqueça / Para que não continue mais”).

Ce même jour, une marche quitte Rio de Janeiro en direction de Juiz de Fora, vers Minas Gerais. C’est la Marche pour la démocratie (marcha pela democracia) ou la « marche inversée » ou , car, il entreprend le parcours en sens inverse des troupes dirigées par le général Olympio Mourão Filho, commandant de la 4e région militaire, qui avaient quitté le Minas Gerais pour se diriger vers Rio, pour renverser le régime constitutionnel. Ce 31 mars 2024, les caravanes quittent Cinelândia, au centre de Rio, pour aller à la rencontre de la famille de l'ancien président, João Goulart, mort en 1976, en exil, sans avoir revu le Brésil. Cette marche fera un arrêt symbolique à Petrópolis, où se trouvait la « Casa da Morte » (un centre clandestin de torture et d'assassinat). Un autre centre de torture existait à Parelheiros, dans le sud de São Paulo, il est appelé aujourd’hui, la ferme du 31 mars (Fazenda 31 de Março).

À Salvador de Bahia, la marche du silence aura lieu dimanche 1er avril, elle partira à 17 heures, de Piedade à Campo da Pólvora, où se trouve le Monument aux Bahiens morts et disparus sous la dictature.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 mars 2024

 
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1973, Chili, Coup d'état militaire Bruno Teissier 1973, Chili, Coup d'état militaire Bruno Teissier

11 septembre : 50 ans après, les Chiliens ne sont toujours pas guéris du régime de Pinochet

Un demi-siècle est passé et le Chili ne parvient toujours pas à tourner la page du coup d’État qui a mis brutalement un terme à son régime démocratique. 11 septembre 1973 Les commandants en chef des armées et celui de la police lancent une insurrection, sous la direction du général Augusto Pinochet et le soutien de Washington.

 

Un demi-siècle est passé et le Chili ne parvient toujours pas à tourner la page du coup d’État qui a mis brutalement un terme à son régime démocratique. Le 11 septembre 1973,  les commandants en chef des armées et celui de la police lançaient une insurrection, sous la direction du général Augusto Pinochet et avec l’appui de Washington. Le ­palais présidentiel de la Moneda était encerclé et bombardé. Vers 13 h 30, le président Salvador Allende se ­suicidait. Candidat de l’Unité ­populaire – coalition de gauche regroupant, en particulier, le Parti socialiste, dont il est membre, et le Parti communiste –, Allende était arrivé en tête de l’élection ­présidentielle chilienne, qui ne comprennait qu’un seul tour, avec 36,6 % des voix. Trois ans plus tard, lors des élections législatives de mars 1973, son soutien populaire s’était renforcé puisqu’il obtenait ‘4% des voix. Sa figure de leader s’était également consolidée à l’international, surtout après son discours aux Nations unies en 1972, ce qui lui valait l’animosité du président Nixon et de son secrétaire d’État, Henry Kissinger, qui ont tous deux œuvré au renversement de la démocratie chilienne.

Le général Pinochet sa junte resteront au pouvoir jusqu’en 1990. Durant ces seize années de dictature, les forces armées et la police politique ont torturé des dizaines de milliers de personnes, en assassinent plus de 3 200 (soit autant que les victimes d’un autre 11-Septembre, celui qui a frappé les États-Unis en 2001). Des centaines de ­milliers de personnes seront contraintes à l’exil. 

Le Chili a hérité de cette terrible époque une constitution qu’il n’est pas encore parvenu à remplacer en dépit des efforts du président actuel, le socialiste Gabriel Boric. Celui-ci a été élu en mars 2022 avec 56% des suffrages face au candidat d’extrême droite Antonio Kast. Ce dernier, un nostalgique de la dictature de Pinochet, développe un discours totalement négationniste en ce qui concerne les crimes du régime issu du putsch de 1973. Il a tout de même obtenu 44% des voix, c’est dire combien est divisée la population chilienne face à la mémoire du coup d’État du 11 septembre 1973, que l’on commémore aujourd’hui, et de la dictature qui s’est ensuivie. Non seulement l’extrême droite pinochétiste, mais également des députés de droite ont refusé de participer aux commémorations du 11-Septembre organisées par le gouvernement du président Boric.

Le pays n’a pas su solder les crimes du régime de Pinochet tourner la page. Mais peu à peu la justice fait son chemin. Elle vient de condamner ­définitivement sept anciens militaires pour l’enlèvement et l’assassinat, au lendemain du coup d’État, de Viktor Jara (1932-1973), célèbre chanteur chilien proche de Salvador ­Allende. Même un demi-siècle après, il n’est jamais trop tard.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 septembre 2023

Lire : 11-Septembre, notamment les témoignages de Eduardo Olivares Palma et de Maria Claudia Poblete

 

Fresque en mémoire de Viktor Jara, chanteur chilien assassiné trois ou quatre jours après le putsch du 11 septembre 1973 et dont les assassins n’ont finalement été condamnés qu’en 2023.

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2013, Égypte, Coup d'état militaire, 30 juin Bruno Teissier 2013, Égypte, Coup d'état militaire, 30 juin Bruno Teissier

30 juin : l'Égypte célèbre le coup d'État de 2013 qui a porté le président Sissi au pouvoir

Le 30 juin est un jour férié qui commémore le coup d'État égyptien de 2013, il y a 10 ans. Il a été créé pour rappeler les manifestations qui ont conduit au renversement du président Mohamed Morsi. Officiellement, ce jour est l’Anniversaire de la révolution du 30 Juin 2013.

 

Le 30 juin est un jour férié qui commémore le coup d'État égyptien de 2013. Il a été créé pour rappeler les manifestations qui ont conduit au renversement du président Mohamed Morsi. Officiellement, ce jour est l’Anniversaire de la révolution du 30 Juin 2013 (ثورة 30 يونيو في مصر).

Mohamed Morsi avait remporté l'élection présidentielle de 2012, rendue possible par la révolution du 25 janvier 2011. Quelques mois plus tard, il a publié une déclaration constitutionnelle qui lui accordait des pouvoirs illimités. Naturellement, l'opposition a accusé Morsi de restaurer la dictature, ce qui a finalement conduit à des manifestations de masse qui ont eu lieu entre novembre 2012 et juillet 2013. Les manifestations ont atteint leur apogée le 30 juin 2013, soit le premier anniversaire de la victoire de Morsi à la présidentielle du 30 juin 2012. Ce fut la première élection présidentielle démocratique du pays.

Après trois jours de manifestations anti-Morsi, la police, l'armée et la majorité des ministres du gouvernement ont rejoint l'opposition. Morsi a été renversé lors d'un coup d'État mené par le général Abdel Fattah el-Sisi, commandant en chef des forces armées et ministre de la Défense. Le 3 juillet, Morsi a été démis de ses fonctions et emprisonné. À la suite du coup d'État, le président de la Cour constitutionnelle suprême, Adly Mansour, a été nommé président par intérim de l'Égypte. Il ne s'est pas présenté à la présidence lors des élections suivantes, remportées par Sissi. Lequel a instauré à son tour une dictature plus sévère encore puisque de manifester, il n’en est plus du tout question aujourd’hui.

Chaque 30 juin, le président Sissi s'adresse à la nation dans un discours. Aucun discours alternatif n’est plus possible aujourd’hui dans un pays où 65 000 prisonniers politiques croupissent en prison et qui est l’un des cinq pays au monde où le nombre de condamnations à la peine de mort est le plus élevé, en concurrence avec la Chine, l’Arabie saoudite et l’Iran.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1963, Togo, assassinat, Coup d'état militaire Bruno Teissier 1963, Togo, assassinat, Coup d'état militaire Bruno Teissier

13 janvier : il y a 60 ans, Sylvanus Olympio était le premier président africain renversé et assassiné

Journée de deuil et de colère au Togo, le 13 janvier est la date du tout premier coup d’État militaire de l’histoire du continent africain. La victime est Sylvanus Olympio, président du Togo de 1961 à 1963, exécuté dans des circonstances troubles. Une affaire qui n’a jamais été élucidée. Les opposants au régime Gnassingbé profitent de cet anniversaire pour dénoncer une nouvelle fois la dictature familiale qui règne sur le Togo depuis 57 ans. Pendant plus de quatre décennies le 13 janvier a été un jour férié à la gloire du régime.

 

Le 13 janvier est la date du tout premier coup d’État militaire de l’histoire du continent africain. Le premier d’une longue série qui ne s’arrête pas. La victime en a été le président du Togo, Sylvanus Olympio, mort dans des circonstances étranges le 13 janvier 1963. Des soldats qui avaient combattu en Algérie étaient venus le chercher à son domicile où ils ne trouvèrent que son épouse. Le président leur avait refusé une intégration dans l’armée togolaise. On raconte qu’ils étaient venus pour se venger. Olympio, caché, leur échappa et parvient à se réfugier dans un véhicule garé dans l’enceinte de l’ambassade américaine qui jouxte sa résidence. Le lendemain tôt le matin, le 13 janvier 1963, les soldats sont revenus on extrait le président togolais de l’ambassade des États-Unis, qui n’était pas surveillée, pour l’exécuter devant le portail… selon la version officielle.

En vérité, on ignore tous les détails du déroulé des faits et de l’identité des commanditaires supposés. La famille demande toujours d’avoir accès aux archives officielles de la France qui restent inaccessibles à ce jour. On s’explique mal, également, pourquoi les États-Unis ne l’ont pas protégé, alors que Sylvanus Olympio, en froid avec Paris était au contraire en très bons termes avec Washington. Les documents du Département d’État sur cette affaire ne sont déclassifiés qu’au compte-gouttes…

Le gouvernement français avait tout intérêt à sa disparition, on lui prêtait l’intention de quitter la zone du franc CFA et de se rapprocher du monde anglo-saxon. Sylvanus Olympio avait longtemps travaillé pour la compagnie anglo-néerlandaise Unilever. Il parlait allemand, anglais, français, portugais, yorouba. Pour le président De Gaulle et Jacques Foccart, son conseiller aux affaires africaines, ce dirigeant africain apparaissait comme totalement indomptable. N’avait-il pas déclaré à l’AFP juste après l’indépendance du Togo : « Je vais faire mon possible pour que mon pays se passe de la France. » ?

Sylvanus Olympio qui avait instauré un régime à parti unique avait été élu président en 1961 sans aucun adversaire. Plusieurs de ses opposants croupissaient en prison. Après son assassinat on a eu vite fait d’annoncer la mort d’un tyran. Certes, Olympio avait trahi la démocratie mais il avait une légitimité historique. En 1946, ce militant indépendantiste avait élu député et président pour 5 ans de la première assemblée représentative du Togo, après que son parti (le CUT Comité pour l’Unité Togolaise) a remporté la très grande majorité des sièges. En 1958, il est nommé premier ministre d’un Togo autonome, en attendant l’indépendance obtenue le 27 avril 1960.

Parmi les soldats venus le déloger et l’éliminer, figurait le sergent Étienne Eyadéma Gnassingbé. Il revendiquera son assassinat devant des journalistes français, puis se rétractera en 1992. Il est vrai qu’entre-temps, il était devenu président du Togo en renversant le successeur d’Olympio (1967). Eyadéma Gnassingbé restera 28 ans au pouvoir (jusqu’à sa mort en 2005) à la tête d’un régime de terreur qui aura malgré tout le soutient constant de la France. Son successeur n’est autre que son propre fils, Faure Gnassingbé qui se maintient au pouvoir jusqu’à aujourd’hui, de manière tout aussi autoritaire. La famille Gnassingbé règne en effet sur le pays depuis 1967.

Eyadéma Gnassingbé avait fait du 13 janvier un jour férié et chômé et décrété une Fête de libération nationale. Célébrée jusqu’en 2013, elle faisait l’objet d’un grandiose défilé civilo-militaire auquel assistaient plusieurs délégations étrangères dont la France et les États-Unis. Pour la famille Olympio et les adversaires politiques du clan Gnassingbé, le 13 janvier est un jour de deuil et de manifestations de protestation contre la dictature.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Ce timbre togolais est daté de l’indépendance, il n’était alors que Premier ministre

Ce timbre commémore une visite à Washington juste avant une rencontre avec le président De Gaulle, ce qui a beaucoup irrité Paris.

En 2012, la poste togolaise illustre les relations avec les présidents français successifs. On voit Eyadéma Gnassingbé avec De Gaulle, Mitterrand ainsi que Chirac et Faure Gnassingbé avec Sarkozy.

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1980, Guinée Bissau, Coup d'état militaire Bruno Teissier 1980, Guinée Bissau, Coup d'état militaire Bruno Teissier

14 novembre : en Guinée Bissau, on célèbre un coup d’État qui changé le cours de son histoire

Ce coup d'État du 14 novembre 1980, orchestré par le premier ministre de l’époque, João Bernardo Vieira, a abouti au renversement du président Luís Cabral, le demi-frère d’Amílcar Cabral, le mythique leader pan-africain dont les idéaux seront abandonnés.

 

Ce coup d'État du 14 novembre 1980, orchestré par le premier ministre de l’époque et ancien commandant des Forces armées, João Bernardo Vieira, a abouti au renversement du président Luís Cabral, chef du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), le parti fondé par son demi-frère Amílcar Cabral, le leader indépendantiste, assassiné peu de temps avant l’indépendance.

Ce coup d’État qui s’est déroulé sans effusion de sang, est désigné par l’historiographie officielle comme le mouvement de réajustement (Movimento Reajustador) du 14 novembre. Cette réorientation politique, célébrée par un jour férié chaque 14 novembre comme l’Aniversário do movimento de reajuste, a surtout consisté à empêcher le rapprochement de la Guinée Bissau et de l’archipel du Cap-Vert, deux anciennes colonies portugaises promises à une fusion dans un même État.

Les deux frères Cabral étaient nés d’un père guinéen et de mères cap-verdiennes. Sur le continent, on reprochait à Luís Cabral, la promotion de personnalités cap-verdiennes, récemment arrivées du Portugal, en particulier dans l’armée, dont on dénonçait le manque de légitimité. Le ressentiment envers les Cap-Verdiens est né avec le modèle de domination coloniale. En raison de l'origine socioculturelle et de l'accès à l'éducation dont pouvaient bénéficier les Cap-verdiens, ils ont collaboré activement avec le pouvoir colonial, s'étant révélés comme de précieux auxiliaires et intermédiaires entre les indigènes et les autorités coloniales dans la gestion de l'administration et dans le contrôle du travail forcé. Même en tenant compte du fait que les métis ont fourni aux mouvements nationalistes leurs meilleurs cadres, ce passé inconfortable a refait surface dès que l'élite métisse cap-verdienne a commencé à s’imposer politiquement après la conquête de l'indépendance.

À la faveur de ce coup d’êta, João Bernardo Vieira a donc pris le pouvoir  avec le titre de Président du Conseil de la Révolution de la République de Guinée-Bissau. Il abandonne l’orientation socialiste et le pan africanisme de son prédécesseur. Son régime non démocratique jusqu’en 1994, s’est terminé lui aussi par un coup d’État en 1999. Il reviendra au pouvoir par les urnes en 2005 et sera assené dans la résidence présidentielle en 2009.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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2016, Turquie, Coup d'état militaire, 15 juillet Bruno Teissier 2016, Turquie, Coup d'état militaire, 15 juillet Bruno Teissier

15 juillet : Tayyip Erdoğan tente de justifier son régime autoritaire

La Journée de la démocratie et de l'unité nationale est le plus récent des jours fériés turcs. Il a été créé pour commémorer la tentative de coup d'État en Turquie qui a eu lieu le 15 juillet 2016 et qui a permis au président Erdogan d’instaurer un régime autoritaire.

 

La Journée de la démocratie et de l'unité nationale (Demokrasi ve Milli Birlik Günü) est un jour férié en Turquie célébré le 15 juillet. C'est le plus récent jour férié du pays, créé pour commémorer la tentative de coup d'État qui a eu lieu le 15 juillet 2016. Suite à ce coup politique raté qui n’a guère ébranlé le régime, le président turc a opéré une très vaste purge de la fonction publique (en particulier de la justice et de l’enseignement) et de l’armée pour révoquer et le cas échéant emprisonner tous ceux qui seraient susceptibles d’être des opposants à son pouvoir personnel. Depuis cette date, la Turquie dérive vers une dictature personnelle. Les conditions dans lesquelles se dérouleront les élections présidentielles de 2023 (celles du centenaire de la République turque) permettront de savoir si on a vraiment basculé dans une dictature à la Poutine.

Officiellement, ce jour férié a été créé en souvenir des 240 civils, policiers et soldats qui ont perdu la vie lors de la folle journée du 15 juillet 2016. On ignore qui est véritablement à l’origine de cette tentative coup d’État. Le gouvernement turc accuse un milliardaire conservateur turc réfugié aux États-Unis, Fethullah Gülen, mais il n’est pas exclu que les officiers gülénistes et kémalistes mis en cause dans l’opération  ne se soient laissés piéger par les services d’Erdoğan, dans le but de trouver un prétexte pour anéantir toute l’opposition, en particulier celle des gülenistes, les principaux concurrents idéologiques de l’AKP (le parti d’Erdogan), mais aussi la gauche et les libéraux.

Une cérémonie de commémoration est organisée à Ankara devant la Grande Assemblée nationale turque, avec la participation du président et du président du Parlement. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Cérémonie officielle, à Izmir, le 15 juillet 2021

Le logo officiel du jour férié

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1964, Coup d'état militaire, 31 mars, Brésil Bruno Teissier 1964, Coup d'état militaire, 31 mars, Brésil Bruno Teissier

31 mars : le Brésil de Jair Bolsonaro nostalgique de la dictature militaire

Séance solennelle ce jeudi à l'Assemblée législative de Brasilia en l'honneur du 58e anniversaire du coup d'État militaire de 1964 dont Jair Bolsonaro est un grand admirateur.

 

À la demande du député d'État Capitão Assumção (PL), une séance solennelle a lieu ce jeudi à l'Assemblée législative de Brasilia en l'honneur du 58e anniversaire du coup d'État militaire de 1964. Rien d’étonnant quand on sait que Jair Bolsonaro, ex-capitaine chez les parachutistes et dont le gouvernement comprend plusieurs militaires parmi les ministres, est un admirateur avoué de la période de la dictature.

Le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, élu en 2018 et  a pris ses fonctions le 1er janvier 2019, avait ordonné  la commémoration du 31 mars 1964, date du coup d’État militaire qui a confisqué la démocratie pendant 21 ans. Cinq généraux se sont succédés à la tête de la junte qui a dirigé pays pendant cette période de répression, de tortures des opposants ou d’assassinats (plusieurs centaines d’entre eux ont perdu la vie). Le régime s'est durci en 1968 avec l'interdiction des manifestations, la censure et le jugement des prisonniers politiques par des tribunaux militaires. Beaucoup d’artistes et d’opposants politiques se sont exilés, comme les musiciens Gilberto Gil et Caetano Veloso, pour sauver leur vie.

En juin 2016, Jair Bolsonaro affirmait à la radio Jovem Pan"L'erreur de la dictature a été de torturer sans tuer". Lors de la séance de la Chambre des députés où a été votée en avril 2016 la destitution de la présidente Dilma Rousseff (qui fut torturée par les militaires), Bolsonaro avait dédié son vote au colonel qui était le chef du renseignement sous la dictature, accusé d'au moins six assassinats sous la torture. "À la mémoire du colonel Carlos Alberto Brilhante Ustra, la terreur de Rousseff (...), je vote oui !".

Contrairement à d'autres pays comme le Chili et l'Argentine, au Brésil, les militaires ont maintenu le contrôle total de la transition de la dictature à la redémocratisation. « À tel point que jusqu'à aujourd'hui, tout ce qui touche à la justice transitionnelle passe par les militaires, comme la Commission des morts et des disparus en 1995 et la Commission d'amnistie. Tout a dû être négocié avec les militaires.  

Depuis 1986, la Constitution interdit à l'armée de s'ingérer dans les affaires publiques. En 2019, Bolsonaro avait demandé au ministère de la Défense d’organiser des fêtes de commémoration dans les casernes.   Cela ne se produira pas cette année. L’an dernier dans une crise d'autoritarisme le président paranoïaque a renvoyé son ministre de la Défense, ce qui a entraîné la démission des trois principaux chefs militaires du Brésil, trois généraux à la tête de l'armée de terre, de l'armée de l'air et de la marine, le 29 mars 2021, ce qui ne s’était jamais vu… En campagne pour les élections d’octobre 2022, Jair Bolsonaro qui les années précédentes avait évoqué l’idée d’un nouveau coup d’État militaire, va plutôt faire profil bas. Les sondages ne lui sont pas très favorables face à Lula, son adversaire de gauche. Il a toutefois choisi un militaire comme candidat à la vice-présidence, son nouveau ministre de la Défense, Walter Souza Braga Netto, un nostalgique lui aussi du golpe de 1964.

Ce 31 mars 2022, l’heure est au recueillement, les opposants à Bolsonaro organisent des marches du silence (Caminhada do Silêncio), dans plusieurs villes du Brésil. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 mars 2022

 

Le 31 mars 1964, l’armée brésilienne renversait João Goulart, le président élu en 1961

Les cinq généraux qui se sont succédés à la tête de la junte

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1980, Suriname, Coup d'état militaire, 25 février Bruno Teissier 1980, Suriname, Coup d'état militaire, 25 février Bruno Teissier

25 février : au Suriname, on commémore un coup d'État militaire

Au Suriname, c’est la Journée de la libération et de l’innovation (Day of Liberation and Innovation), curieuse appellation pour l’anniversaire d’un coup d’État militaire, le putsch du 25 février 1980

 

Au Suriname, c’est la Journée de la libération et de l’innovation  (Day of Liberation and Innovation), curieuse appellation pour l’anniversaire d’un coup d’État militaire.

Ce jour férié commémore le putsch du 25 février 1980, généralement appelé le coup d'État des sergents ( De Sergeantencoup ), lorsqu'un groupe de 16 sergents des Forces armées surinamaises (SKM) dirigées par Dési Bouterse a renversé le gouvernement du Premier ministre Henck Arron. Certes, il était reproché à ce dernier sa corruption et le trucage des élections de 1977, mais le régime militaire instauré par la junte a été marqué par la disparition de la liberté de presse, l’interdiction des partis politiques, des exécutions d’opposants, et même un couvre-feu le soir afin de bien contrôler la population. Bouterse a pris la tête de la junte et aligné le pays sur l’URSS. Le 25 février est devenu la fête nationale du Suriname. Son régime s’est terminé sur une guerre civile… La démocratie sera finalement rétablie en 1991.

L’ancien dictateur s’est présenté aux élections. En 2010, il a été élu et a dirigé le pays durant deux mandats, jusqu’en 2020. Sa politique le rend très populaire : il rend l’école publique gratuite, augmente le salaire minimum et introduit la gratuité des soins médicaux pour les moins de 16 ans et les plus de 60 ans… Le 25 février, n’est plus fête nationale, mais est toujours férié et célébré comme le Jour de la révolution. Ce n’est qu’en 2018 qu’il est devenu le Day of Liberation and Innovation.

Finalement, le 29 novembre 2019, Dési Bouterse est condamné à 20 ans de prison par un tribunal militaire surinamais pour les meurtres de 15 opposants politiques appelés « Massacres de décembre » (1982). Il a fait appel de cette condamnation, mais l’audience a été reportée en raison de la pandémie due au coronavirus… Dési Bouterse, n’est pas encore en prison mais il n’est plus au pouvoir. Que va devenir la commémoration du 25 février ? En 2021, elle est toujours dans la liste des jours fériés officiels. Peu n’importe l’objet, on est dans les Caraïbes, toujours prêt à faire la fête.

 
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