14 novembre : en Guinée Bissau, on célèbre un coup d’État qui changé le cours de son histoire

 

Ce coup d'État du 14 novembre 1980, orchestré par le premier ministre de l’époque et ancien commandant des Forces armées, João Bernardo Vieira, a abouti au renversement du président Luís Cabral, chef du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), le parti fondé par son demi-frère Amílcar Cabral, le leader indépendantiste, assassiné peu de temps avant l’indépendance.

Ce coup d’État qui s’est déroulé sans effusion de sang, est désigné par l’historiographie officielle comme le mouvement de réajustement (Movimento Reajustador) du 14 novembre. Cette réorientation politique, célébrée par un jour férié chaque 14 novembre comme l’Aniversário do movimento de reajuste, a surtout consisté à empêcher le rapprochement de la Guinée Bissau et de l’archipel du Cap-Vert, deux anciennes colonies portugaises promises à une fusion dans un même État.

Les deux frères Cabral étaient nés d’un père guinéen et de mères cap-verdiennes. Sur le continent, on reprochait à Luís Cabral, la promotion de personnalités cap-verdiennes, récemment arrivées du Portugal, en particulier dans l’armée, dont on dénonçait le manque de légitimité. Le ressentiment envers les Cap-Verdiens est né avec le modèle de domination coloniale. En raison de l'origine socioculturelle et de l'accès à l'éducation dont pouvaient bénéficier les Cap-verdiens, ils ont collaboré activement avec le pouvoir colonial, s'étant révélés comme de précieux auxiliaires et intermédiaires entre les indigènes et les autorités coloniales dans la gestion de l'administration et dans le contrôle du travail forcé. Même en tenant compte du fait que les métis ont fourni aux mouvements nationalistes leurs meilleurs cadres, ce passé inconfortable a refait surface dès que l'élite métisse cap-verdienne a commencé à s’imposer politiquement après la conquête de l'indépendance.

À la faveur de ce coup d’êta, João Bernardo Vieira a donc pris le pouvoir  avec le titre de Président du Conseil de la Révolution de la République de Guinée-Bissau. Il abandonne l’orientation socialiste et le pan africanisme de son prédécesseur. Son régime non démocratique jusqu’en 1994, s’est terminé lui aussi par un coup d’État en 1999. Il reviendra au pouvoir par les urnes en 2005 et sera assené dans la résidence présidentielle en 2009.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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