L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1991, Suisse, Femmes, 14 juin Bruno Teissier 1991, Suisse, Femmes, 14 juin Bruno Teissier

14 juin : la grève féministe des femmes suisses

Chaque année, depuis la grande manifestation du 14 juin 1991 qui avait mis 10% de la population suisse dans la rue, les femmes suisses manifestent pour l’application de leurs droits. Il est vrai que le pays a toujours été très en retard : le droit de vote acquis en 1981 seulement et dernièrement, en 2005, l’obtention d’un congrès de maternité… Cette année, les femmes sont dans la rue pour l’égalité salariale entre homme et femmes. Un problème qui n’est pas spécifique à la Suisse, mais cette manifestation monstre des femmes n’a pas d’équivalent.

 

Chaque année, depuis 1991, les femmes suisses manifestent pour l’application de leurs droits. Le 14 juin 1981, l'égalité entre les femmes et les hommes était enfin inscrite dans la Constitution fédérale après un référendum (60% de oui, 40% de non). Cette égalité des droits fut un long combat, les femmes suisses n’avaient le droit de vote au niveau fédéral que depuis 1981 et au niveau local, certains cantons alémaniques ont même résisté jusqu’en… 1990 pour leur permettre de voter.

Dix ans après cette inscription dans la constitution, peu de choses ayant évolué, une grève des femmes a été organisée, à la date anniversaire de cette inscription, soit le 14 juin 1991. Le succès de cette action de protestation a été phénoménal : plus 500 000 personnes étaient dans les rues, soit 10% de la population du pays à l’époque !  Depuis, cette grève des femmes a lieu chaque année, le 14 juin.

Une loi sur l’égalité entre homme et femme a fini par être votée en 1996 pour faire évoluer la situation. La dépénalisation de l’avortement a été acquise en 2002 seulement. Une femme sur dix est licenciée après son congé maternité, un congé qui n'a d'ailleurs vu le jour qu'en 2005 ! (soit un demi siècle après la plupart des pays européens)… Il existe, aujourd’hui, encore une différence de salaire de l’ordre de 20% entre hommes et femmes. Pour la retraite, l’écart est même de 30% et celle-ci a été récemment fixée à 65 ans (à partir de 2025). 

Si bien que le 14 juin, les femmes ont décidé, symboliquement, de s’arrêter de travailler à 15h24. C’est pour cela que le 14 juin est appelé la Grève des femmes (Frauen streik / feministischer Streik, ou sciopero femminista e delle donne). Par esprit de consensus, propre à la Suisse, beaucoup d’entreprises ont paris l’habitude de donner leur après-midi, voire leur journée, aux femmes chaque 14 juin.

La  journée du 14-Juin, peu marquée dans les cantons ruraux de langue allemande, est quasi institutionnalisée dans les cantons urbanisés les plus importants. Durant les deux dernières semaines, la Ville de Genève, par exemple, a mis à disposition des espaces d'affichages, permettant au Collectif de la grève d’annoncer l’événement au public. Elle a en outre décidé de pavoiser le Pont du Mont-Blanc, le Palais Anna et Jean-Gabriel Eynard et le toit du Grand Théâtre le 14 juin 2023 aux couleurs de la Grève féministe (le violet) et de prendre en charge les frais d’impression des drapeaux. Les lieux suivants sont illuminés en violet les soirs des 13 et 14 juin 2023 : le Palais Anna et Jean-Gabriel Eynard, le Musée Rath, le Grand Théâtre, le phare des Pâquis, la statue de la Brise ainsi que la statue de la colombe de la paix. Ce 14 juin, également, une salle est prêtée pour les préparatifs de la manifestation et le stockage du matériel… Les villes de Lausanne, Berne, Zurich, Bâle… sont également très engagées. Lausanne a même inauguré, en 2021, une Place du 14-Juin.

Lausanne 2023 sur YouTube

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Image du SIT, syndicat interprofessionnel des travailleuses et travailleurs

Le slogan de la manif du 14 juin 2023

La conseillère Viola Amherd (veste blanche), la présidente du Conseil national, Marina Carobbio Guscetti (à droite) et la vice-présidente du Conseil national, Isabelle Moret, le 14 juin 2019

À Bâle, la manif prend l’allure d’un carnaval

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1388, Suisse, bataille célèbre Bruno Teissier 1388, Suisse, bataille célèbre Bruno Teissier

6 avril : la célébration d’une victoire suisse contre l’Autriche

Cette fête se limite au canton suisse de Glaris où la journée est fériée. Mais la date est importante pour toute la confédération. On célèbre une victoire contre les Autrichiens, à la bataille de Näfels en 1388. Par la suite, la Suisse n’a plus été harcelée par les Habsbourg et Glaris est devenu un membre de la confédération.

 


C’est une fête très locale, puisqu’elle se limite au canton suisse de Glaris où la journée est fériée et chômée, mais la date est importante pour toute la confédération. On célèbre une victoire contre les Autrichiens, à la bataille de Näfels (Schlacht bei Näfels) en 1388. La fête cantonale est avant tout marquée par une double procession, la Näfelser ride.

Comme chaque premier jeudi d'avril depuis 1835 (à moins qu'il ne tombe pendant la semaine sainte), à 7h15, des personnalités locales accompagnées de musiciens, avec des tambourins, des membres du club de chant et des habitants de Glaris, certains en uniforme de l’armée suisse, partent de l'armurerie de Glaris en direction de la localité de Näfels. Au même moment, un cortège catholique, conduit par des porteurs de Croix et des porte-drapeaux, part de l'église Saint-Fridolin de Glaris également vers Näfels. Les deux processions se rejoignent à Schneisingen dans la plaine. Là, une cérémonie commence par le discours du gouverneur du canton, se poursuit par de la musique et des chants en présence du gouvernement cantonal. On célèbre également Fridolin de Säckingen, le saint protecteur du canton, à qui on attribue la victoire militaire.

Au XIVe siècle, la Suisse ne regroupait encore qu’une demi-douzaine de cantons et l’Autriche, dirigée par les Habsbourg, bataillait pour ne pas perdre le contrôle de la région.  En mars 1387, Glaris s’est déclarée libre de la tutelle autrichienne , mais les Habsbourg ne voulaient pas lâcher ce fief. Début 1388, deux armées autrichiennes ont marché sur Glaris pour l’empêcher de s’intégrer à la confédération. Le 9 avril 1388 , la principale armée autrichienne attaque Näfels. La garnison locale a tenu un moment, mais finalement a dû se retirer, laissant les Autrichiens s'emparer de la forteresse. Cependant, au lieu de tenir Näfels, l'armée autrichienne s'est répandue dans toute la vallée pour piller les fermes et les villages. Mais dans la soirée, profitant du brouillard et des chutes de neige, les Glaronais ont lancé une contre-attaque prenant les Autrichiens par surprise. Désorganisés, ces derniers ont fui vers Weesen. Alors que les soldats autrichiens se repliaient, le pont sur la Linth s'est effondré sous le poids des soldats et plusieurs centaines d’entre eux se sont noyées dans la rivière. Après cette déroute, les Autrichiens ont cessé d’attaquer la confédération helvétique.

Une année après la bataille, une trêve de 7 ans est signée entre les deux parties. De plus, à la suite de cette bataille, Glaris a obtenu un statut égal à celui des autres membres de la Confédération des VIII cantons. Pour commémorer leur victoire, les Glaronais érigèrent en 1389 une chapelle au Sendlen et institutèent une fête en l'honneur de Fridolin leur saint patron. C’est son effigie qui figure aujourd’hui encore sur le drapeau de canton de Glaris.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

La Näfelser ride (photo Samuel Truempy)

Schlacht bei Näfels, miniature de 1513 (Luzerner Schilling, Faksimile Verlag Luzern)

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1848, Suisse, fête régionale, indépendance Bruno Teissier 1848, Suisse, fête régionale, indépendance Bruno Teissier

1er mars : la République neuchâteloise fête ses 175 ans

Les habitants du canton suisse de Neuchâtel commémorent la Révolution neuchâteloise qui a permis l’indépendance du canton de Neuchâtel vis-à-vis de son souverain, le roi de Prusse, le 1er mars 1848. Le canton qui était une principauté devenait ainsi une république.

 

Les Suisses aussi ont fait la révolution, au moins ceux du canton de Neuchâtel. Ils commémorent l’évènement chaque 1er mars par un jour férié et une grande marche. La date rappelle la prise du pouvoir des républicains, le 1er mars 1848, dans une principauté sur laquelle régnait le roi de Prusse.

Cette année, pour célébrer le 175e anniversaire de l'indépendance neuchâteloise, on a le choix entre 3 départs possibles pour la Marche du 1er mars : Le Locle, qui reste le départ historique des révolutionnaires, Môtiers et Valangin. Tous les marcheurs se retrouveront à la Vue des Alpes, point d'arrivée du périple. On peut s’inscrire à cette marche traditionnelle  sur ce site : marchedupremiermars.ch. Le départ du Locle se fait à 8 h, après un discours du maire de la ville et un coup de canon qui marque de départ.

En 1815, Neuchâtel et son canton ont adhéré au pacte fédéral suisse, ce sera l'avant-dernier canton suisse à entrer dans la Confédération helvétique. Cependant, le Congrès de Vienne confirme le roi de Prusse en sa qualité de prince de Neuchâtel et en même temps à Neuchâtel son statut de canton suisse. Ce statut politique hybride est alors unique en Suisse. Si bien que la majorité de la population va très vite aspirer à un régime républicain. Une première tentative, mal préparée, a échoué en 1831 à faire tomber le prince qui gouverne au nom d’un roi lointain.

Le 24 février 1848, à Paris, trois journées de révolution ont abouti à la chute du roi Louis-Philippe et à l’instauration d’un régime républicain, la Seconde république. Deux jours plus tard, le 26 février, la nouvelle du soulèvement parisien parvient dans les montagnes neuchâteloises. Le 29 février, les républicains du Locle arborant les couleurs de la Confédération suisse, prennent le contrôle de leur ville. Puis, les villes du Val-de-Travers et de La Chaux-deFonds entrent à leur tour en révolution. Les autorités ne résistent pas. Le 1er mars 1848, les milices républicaines, dirigées par Fritz Courvoisier, entame une grande marche en direction du  Château de Neuchâtel. Ils progressent difficilement car il y a au moins un mètre de neige. Au passage le cortège prend possession de deux canons. Ils ne serviront pas, le château et le pouvoir sont pris pacifiquement. Une république est proclamée. C’est cet anniversaire qui est célébré aujourd’hui. À 21 heures, un premier gouvernement républicain dirigé par Alexis-Marie Piaget est formé, il convoquera une assemblée constituante : la Constitution sera acceptée le 30 avril 1848 et un Conseil d’Etat de sept membres est mis en place. L’unique monarchie de la Confédération helvétique est tombée en une seule journée. Le Roi Frédéric-Guillaume IV, le roi de Prusse, se contentera de vagues protestations, il est bien plus soucieux de la révolution qui a lieu au même moment à Berlin que la perte de Neuchâtel.

Le parti monarchiste tentera de reprendre le pouvoir par un coup d’État en 1856, mais sans succès. L’affaire de Neuchâtel occupera durant plusieurs mois la diplomatie suisse et même européenne et aboutira au renoncement définitif et officiel du roi de Prusse à ses prétentions sur Neuchâtel.

La grande marche n’existe que depuis 1984. Celle de 2023 est la 39e édition. Mais le 1er mars est depuis le XIXe siècle un jour férié cantonal connu comme le Jour de la Révolution Neuchâteloise ou  l’anniversaire de l’indépendance du canton de Neuchâtel. La population de la République et Canton de Neuchâtel (nom officiel depuis 1848) est chaque 1er mars invitée au port de Neuchâtel où se déroule la cérémonie officielle ; y prennent successivement la parole le président du Conseil Communal et le président du Conseil d’État. À la suite des traditionnelles salves d’artillerie, les fameux 23 coups 23 coups de canon, le vin chaud et le vin d'honneur sont servis à la population.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

La Marche du 1er mars (source : Tourisme neuchâtelois)

Gravure de l’époque (Zentralbibliotheken, Zürich)

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1932, Suisse, massacre, manifestation politique, 9 novembre Bruno Teissier 1932, Suisse, massacre, manifestation politique, 9 novembre Bruno Teissier

9 novembre : il y a 90 ans, l'armée suisse tirait sur la foule des manifestants

Le 9 novembre 1932, à Genève, l’armée tirait sur une foule tentant d’empêcher un meeting d’une organisation fasciste. Les 13 morts de cette fusillade sont commémorés chaque année par la gauche genevoise.

 

Le 9 novembre 1932, l’extrême droite fasciste genevoise organisait un meeting à la salle communale de Plainpalais pour une mise en accusation publique de deux leaders de la gauche genevoise : Léon Nicole et Jacques Dicker. Pour empêcher ce meeting, une manifestation ouvrière réunit plusieurs milliers de personnes. Craignant des troubles, le Conseil d’État fait appel à l’armée qui envoie de jeunes recrues inexpérimentées encadrées par des officiers qui leur font croire qu’une révolution de type bolchevique a éclaté à Genève. Pressée par les manifestants devant l’ancien Palais des expositions (actuellement Uni-mail), l’armée tire dans la foule à 21 h 34 sans sommation, assassinant en quelques secondes 13 personnes et en blessant des dizaines d’autres… Les victimes sont surtout des passants et des curieux plus que des militants socialistes.

Aucun soldat ne sera poursuivi, en revanche, le lendemain, Nicole et six autres socialistes sont arrêtés, rendus responsables de ces événements puis écroués à Saint-Antoine. En mai 1933, à l'indignation générale de l'opinion publique, Léon Nicole sera condamné par une cour d'assises fédérale à 6 mois de prison. Une fois relâché, Léon Nicole a repris la direction du parti socialiste genevois et est devenu président du Conseil d'Etat le 1er décembre 1933. Genève a connu le premier gouvernement à majorité de gauche en Suisse. Celui durera jusqu’en 1936.

En 2016, le gouvernement genevois demande la réhabilitation nationale des sept condamnés : Léon Nicole, Auguste Millasson, Francis-Auguste Lebet, Jules Daviet, Albert Wütrich, Francis Baeriswyl et Edmond Isaak par une cour d'assises fédérale le 3 juin 1933 à 6 mois de prison. Ces personnes avaient été défendues par Jacques Dicker, l'arrière grand-père de l'écrivain Joël Dicker. Cette réhabilitation sera refusée par Berne en 2019. Un refus qui n'empêche pas une partie des Genevois de perpétuer leur devoir de mémoire, à chaque date anniversaire.

Cette année, pour les 90 ans du drame, e comité intersyndical et des organisations politiques organisent une cérémonie en leur hommage en réitérant le mot d’ordre « Plus jamais ça ! » La cérémonie commence à 18h devant la Pierre du 9 novembre, en face d’Uni-Mail. Une exposition et une conférence marquent aussi l’événement.

La pierre commémorative a été installée en 1982, pour le cinquantenaire de l’évènement. Elle est régulièrement vandalisée, preuve que les tensions qui ont divisé Genève dans les années 1930, en très le Parti socialiste et l’Union nationale de Georges Oltramare, ne sont pas totalement éteintes.

Aux lendemains de la fusillade du 9 novembre, craignant une remise en cause de l’ordre établi, les autorités procèderont en Suisse à plus de 200 arrestations dans les milieux ouvriers. Des troupes seront mobilisées dans les cantons de Genève, Vaud, Berne et Zürich. Les distributions de tracts et manifestations seront interdites dans la plupart des villes du pays. Les journaux ouvriers seront empêchés de publication, d’autres soumis à relecture. Le drame reste une date charnière de le l’histoire politique de la Suisse.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1291, Suisse, 1er août Bruno Teissier 1291, Suisse, 1er août Bruno Teissier

1er août : la Suisse fête ses 731 ans

La Suisse fête ses 731 ans : ce soir, pas le moindre village qui n’ait allumé son feu de joie, organisé ses défilés d’enfants avec des lampions, décorés de la croix suisse cela va de soi…

 

C’est la fête nationale helvétique. Ce soir, pas le moindre village qui n’ait allumé son feu de joie, organisé ses défilés d’enfants avec des lampions, décorés de la croix suisse cela va de soi. Les rebords des fenêtres sont illuminés de bougies, comme un 8 décembre à Lyon. Parmi les manifestations traditionnelles : les fameuses fondues géantes accueillant parfois jusqu’à 3000 convives ; les traditionnels brunchs à la ferme et les nombreux feux d’artifice, comme celui de Genève, bien que cette année, de nombreux cantons interdisent l’utilisation d’engins pyrotechniques en raison de la sécheresse. Il en est de même des feux de joie en forêt.

Un discours sur les valeurs éternelles de la Suisse s’impose. Sa teneur varie beaucoup en fonction des étiquettes politiques, mais en cette journée de fête nationale de la Suisse, il prend souvent des accents populistes. D’années en années, l’extrême droite s’applique à des provocations verbales, chaque fois un peu plus médiatisées.

Le lieu le plus officiel est une simple prairie, située au bord du lac des Quatre-Cantons, le Grütli, où est censé avoir été conclu, en 1291, le pacte fondateur de ce qui deviendra, plus tard, la Suisse. Pour échapper à aux Habsbourg, trois communautés montagnardes, les vallées d’Uni, d’Unterwald et de Schwytz, ont conclu une alliance afin de préserver leur liberté. C’est le troisième de ces cantons, dit primitifs, qui donnera son nom à la Suisse. Un quatrième viendra s'associer, Obwald, puis les villes alentour : Lucerne, Zurich, Zoug, puis Berne et ainsi de suite... Le noyau de ce qui deviendra, en 1848, la Confédération helvétique, est né. Cette prairie de Grütli voit défiler quelque 100 000 visiteurs par an, mais c’est l’après-midi du 1er août que l’affluence est la plus grande. Toutefois, cette année, c’est sur les Jeunes-Rives à Neuchâtel que le président de la Confédération Ignazio Cassis prononcera son discours.

Longtemps bon enfant, cette fête est maintenant sous haute surveillance policière. En 2005, la présidente avait été chahutée par plusieurs centaines de skinheads, il faut désormais s’inscrire à l’avance et montrer un carton d’invitation avant de s’embarquer pour la prairie, accessible en bateau. Depuis la tuerie d’Utoeya en Norvège, les services secrets suisses sont sur les dents. Le 1er août est la seule fête civile du pays, elle est célébrée depuis 1899, mais n’est fériée dans toute la Suisse que depuis 1994.

 
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Suisse, 2 janvier, fête populaire, Liechtenstein Bruno Teissier Suisse, 2 janvier, fête populaire, Liechtenstein Bruno Teissier

2 janvier : Berchtoldstag, un carnaval païen de la Suisse alémanique

Berchtoldstag, ce jour férié de la Suisse alémanique, est célébré avec des défilés de masques qui prennent des allures de carnaval.

 

Le 2 janvier est férié dans 14 des 26 cantons suisses, il est chômé dans 7 d’entre eux, des cantons alémaniques principalement (Zurich, Soleure, Schaffhouse, Obwald, Lucerne, Glaris, Fribourg), où Berchtoldstag est particulièrement fêté.  Le jour de Berchtold est célébré avec des défilés de masques qui prennent des allures de carnaval, des repas de fêtes dans des brasseries, des danses et des chants folkloriques. Les noix sont associées au Berchtoldstag, elles sont utilisées pour les jeux et consommées lors d'un « festin de noix ».

Officiellement, on fait remonter cette fête à un hommage à Berchtold V, duc de Zähringen. Selon la légende, en 1191, celui-ci fonda la ville de Berne et lui donna ce nom d'ours car c’était le premier animal qu'il venait de tuer à la chasse.

En réalité, c’est une fête totalement païenne germanique, antérieure au christianisme, qui est célébré par le Berchtoldstag. Les festivité font, en fait, référence à Berchta, la déesse celte de la végétation et de la fertilité. Celle-ci possède des noms différents selon les régions : Berchta, Perchta, Berta, Holda, Frau Holle. C’est la déesse de l’hiver. Dans le folklore bavarois, autrichien et suisse, on raconte que Perchta erre dans les campagnes durant l’hiver. Lorsqu’arrive la douzième nuit de la fête de Yule (21 décembre), elle entre dans les chaumières. Là, elle sait d’emblée si les enfants et les jeunes se sont bien conduits pendant l’année écoulée et s’ils ont bien travaillé. Si c’est le cas, elle leur offre une pièce d’argent. Cette sorte de sorcière rappelle la Befana des Italiens qui distribuera des cadeaux aux enfants dans la nuit du 5 janvier.

Selon les cantons et les dialectes, le « jour de Bertha » porte un nom différent : Berchtoldstag, Bechtelstag, Bechtle, Bechtelistag, Berchtelistag, Berchtelistag, Bärzelistag… Ce jour est également férié et chômé au Liechtenstein. Mais d’autres régions préfère fête Berchta le 6 janvier, comme la Befana, son homologue italienne qui surgit dans la nuit du 5 au 6.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, le 1er janvier 2022

 

Dans une rue de Bâle, un 2 janvier

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1796, Suisse Bruno Teissier 1796, Suisse Bruno Teissier

20 septembre : Jour de jeûne fédéral suisse

 

C’est certainement une des rares fêtes populaires dont le point de départ est une privation même si beaucoup de Suisses l’ont oublié ! Elle est célébrée aujourd’hui dans l’ensemble des cantons suisses, à l’exception du canton de Genève qui l’a commémorée, cette année, le 10 septembre. La tradition voudrait que l’on ne mange ni ne boive ce jour-là, à l’exception d’une tarte aux pruneaux à midi mais, dans la pratique, ce jour est fêté comme un autre et l’on ne se refuse rien !

La pratique des jours de jeûne et de pénitence remonte au Moyen Âge à l’époque où maladies et épidémies, menaces de guerres, cataclysmes naturels rendaient l’avenir très sombre. Les autorités recommandaient alors de faire pénitence pour s’attirer les bonnes grâces du Ciel.

Dès 1639, la Diète protestante décrète l’introduction d’un jour de jeûne annuel, la Diète catholique fait de même en 1643, mais le premier jeûne fédéral n’est célébré dans toute la Suisse que le 8 septembre 1796. Il jouera un rôle important dans le nouvel État confédéral, né en 1848, permettant de consolider une paix religieuse et sociale encore fragiles.

En 1832, le Jeûne fédéral avait été décrété "jour d'Action de grâces, de pénitence et de prière pour toute la Confédération suisse", sur proposition du canton d'Argovie. La date est fixée au 3e dimanche de septembre. Vaud, Jura et Neuchâtel ont ajouté le lundi de congé. Les Genevois, eux, célèbrent leur diète le jeudi.

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1602, Suisse, fête populaire, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier 1602, Suisse, fête populaire, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier

8 décembre : l'Escalade, la grande fête des Genevois

À Genève (Suisse) où le week-end est consacré à la célébration de l’Escalade, un fait historique glorifiant la résistance de la ville face à une puissance étrangère au XVIIe siècle.

 

Chaque 8 décembre, le vieux Lyon s’illumine (c’est la fête des Lumières). Cette année, la date de cette tradition coïncide avec celle de Genève (Suisse) où le week-end est consacré à la célébration de l’Escalade, un fait historique glorifiant la résistance de la ville face à une puissance étrangère.

C’est un peu carnaval ce 8 décembre à Genève qui va voir défiler en un imposant cortège de près de 1 000 participants en costumes d’époque représentant les divers personnages ou métiers d’antan ainsi qu’une cinquantaine de hallebardiers, membres de la Compagnie de 1602 (société historique), pilier de l’événement. Toute la journée ainsi que demain, spectacles de rue, marchés, scènes musicales animent la vieille ville mais le point fort de la soirée reste la retraite aux flambeaux qui s’achève par un immense feu de joie. Dans les foyers, la coutume est de confectionner des marmites en chocolat, frappées de l’écusson genevois et remplies de légumes en massepain, que l’on va casser en prononçant la phrase rituelle : « Qu’ainsi périssent les ennemis de la République ! »

Un cortège illuminé prendra le départ ce samedi à 19h45 à la Rue de l’Evêché 1, où sont vendus des lampions dès 18h30 à celles et ceux qui souhaitent participer.

En 1602, Genève, république riche et prospère, attire la convoitise des Savoyards. Charles-Emmanuel 1er, projette de faire de Genève sa capitale au Nord des Alpes et de lutter contre le calvinisme avec l'appui du pape Clément VIII, malgré « une paix jurée et rejurée ». Ainsi, la nuit du 11 au 12 décembre 1602, la plus sombre de l'année selon le calendrier Julien en vigueur à l’époque, une troupe de 2000 soldats débarque par surprise. Arrivés à Plainpalais les mercenaires escaladent les murailles qui entourent la ville. C'est pourquoi la commémoration porte le nom de l’Escalade. En 1603, le traité de Saint-Julien marquera la fin des hostilités. Les cours européennes appuient ce processus de paix. Genève bénéficie entre autres du soutien du roi de France Henri IV qui venait de signer l'Édit de Nantes, de la cour d'Angleterre, et du duc de Wurtemberg.

417 ans après, la cité continue de célébrer cet événement pendant tout un week-end, le plus proche du 12 décembre (la date fut conservée malgré l’adoption en 1701 du calendrier Grégorien). La fête de l'Escalade donne un nouveau visage à la ville, entre cortèges, traditions et feux de joie. la fête a débuté dès le vendredi soir par un cortège hommage aux victimes de la Vieille-Ville à Saint Gervais et se termine le dimanche, avec le grand cortège avec 800 participants costumés. Déguisements, marmites en chocolat et chants du Cé qu'è lainô font partie de cette fête qui permet la rencontre entre les générations.

De nombreux récits soulignent le courage de la Mère Royaume, qui ébouillante un Savoyard de sa marmite de soupe. En son hommage, depuis 1881, des marmites en chocolat, décorées de l'écusson genevois, sont vendues et dégustées chaque année à cette période.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 décembre 2019

 
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