1er mars : la République neuchâteloise fête ses 175 ans

 

Les Suisses aussi ont fait la révolution, au moins ceux du canton de Neuchâtel. Ils commémorent l’évènement chaque 1er mars par un jour férié et une grande marche. La date rappelle la prise du pouvoir des républicains, le 1er mars 1848, dans une principauté sur laquelle régnait le roi de Prusse.

Cette année, pour célébrer le 175e anniversaire de l'indépendance neuchâteloise, on a le choix entre 3 départs possibles pour la Marche du 1er mars : Le Locle, qui reste le départ historique des révolutionnaires, Môtiers et Valangin. Tous les marcheurs se retrouveront à la Vue des Alpes, point d'arrivée du périple. On peut s’inscrire à cette marche traditionnelle  sur ce site : marchedupremiermars.ch. Le départ du Locle se fait à 8 h, après un discours du maire de la ville et un coup de canon qui marque de départ.

En 1815, Neuchâtel et son canton ont adhéré au pacte fédéral suisse, ce sera l'avant-dernier canton suisse à entrer dans la Confédération helvétique. Cependant, le Congrès de Vienne confirme le roi de Prusse en sa qualité de prince de Neuchâtel et en même temps à Neuchâtel son statut de canton suisse. Ce statut politique hybride est alors unique en Suisse. Si bien que la majorité de la population va très vite aspirer à un régime républicain. Une première tentative, mal préparée, a échoué en 1831 à faire tomber le prince qui gouverne au nom d’un roi lointain.

Le 24 février 1848, à Paris, trois journées de révolution ont abouti à la chute du roi Louis-Philippe et à l’instauration d’un régime républicain, la Seconde république. Deux jours plus tard, le 26 février, la nouvelle du soulèvement parisien parvient dans les montagnes neuchâteloises. Le 29 février, les républicains du Locle arborant les couleurs de la Confédération suisse, prennent le contrôle de leur ville. Puis, les villes du Val-de-Travers et de La Chaux-deFonds entrent à leur tour en révolution. Les autorités ne résistent pas. Le 1er mars 1848, les milices républicaines, dirigées par Fritz Courvoisier, entame une grande marche en direction du  Château de Neuchâtel. Ils progressent difficilement car il y a au moins un mètre de neige. Au passage le cortège prend possession de deux canons. Ils ne serviront pas, le château et le pouvoir sont pris pacifiquement. Une république est proclamée. C’est cet anniversaire qui est célébré aujourd’hui. À 21 heures, un premier gouvernement républicain dirigé par Alexis-Marie Piaget est formé, il convoquera une assemblée constituante : la Constitution sera acceptée le 30 avril 1848 et un Conseil d’Etat de sept membres est mis en place. L’unique monarchie de la Confédération helvétique est tombée en une seule journée. Le Roi Frédéric-Guillaume IV, le roi de Prusse, se contentera de vagues protestations, il est bien plus soucieux de la révolution qui a lieu au même moment à Berlin que la perte de Neuchâtel.

Le parti monarchiste tentera de reprendre le pouvoir par un coup d’État en 1856, mais sans succès. L’affaire de Neuchâtel occupera durant plusieurs mois la diplomatie suisse et même européenne et aboutira au renoncement définitif et officiel du roi de Prusse à ses prétentions sur Neuchâtel.

La grande marche n’existe que depuis 1984. Celle de 2023 est la 39e édition. Mais le 1er mars est depuis le XIXe siècle un jour férié cantonal connu comme le Jour de la Révolution Neuchâteloise ou  l’anniversaire de l’indépendance du canton de Neuchâtel. La population de la République et Canton de Neuchâtel (nom officiel depuis 1848) est chaque 1er mars invitée au port de Neuchâtel où se déroule la cérémonie officielle ; y prennent successivement la parole le président du Conseil Communal et le président du Conseil d’État. À la suite des traditionnelles salves d’artillerie, les fameux 23 coups 23 coups de canon, le vin chaud et le vin d'honneur sont servis à la population.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

La Marche du 1er mars (source : Tourisme neuchâtelois)

Gravure de l’époque (Zentralbibliotheken, Zürich)

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