11 septembre : le Pakistan honore le père de la nation

 

Alors que la date du 11-Septembre rappelle chaque année le rôle assez trouble du Pakistan à l'égard d'Al-Qaïda, le pays commémore ce même jour la mort du fondateur du pays, Muhammad Ali Jinnah (1876-1948) disparu le 11 septembre 1948, quelques mois à peine après la création du Pakistan, intervenue le 14 août 1947. Cette fête nationale n'est pas chômée. Une cérémonie est organisée au Mazar-e-Quaid, le mausolée du Quaid-e-Azam, le « grand leader ».

Quaid-e-Azam figure depuis 1948 sur tous les billets de banque pakistanais, comme Gandhi sur ceux de l’Inde. En ce jour anniversaire de sa mort, une cérémonie, assez sobre, se déroule au mausolée du grand homme situé à Karachi. Des prières lui sont dédiées dans chaque mosquée du pays ; les chaînes de télévision ont prévu des programmes spéciaux ; des conférences sont données dans les établissements scolaires pour cultiver la mémoire de Muhammad Ali Jinnah (le Quaid), mais celle-ci a évolué avec le temps. Les Occidentaux insistent sur le comportement très laïque de ce musulman qui, dit-on, buvait de l’alcool et consommait du porc. Au Pakistan, le discours officiel le présente, au contraire, comme un pieux personnage grâce auquel les musulmans disposent d’un État nommé Pakistan (le « pays des purs»), même si beaucoup voient en lui un musulman bien trop tiède. Il est difficile de savoir comment il aurait géré le pays car il est mort de la tuberculose moins d’un an après l’indépendance du pays. L’État libéral, démocratique et laïque que Jinnah avait promis est loin d’être l’image que donne le Pakistan aujourd’hui, surtout après la dictature du général Zia-ul-Haq qui a franchement islamisé le pays dans les années 1980.

M. A. Jinnah a milité contre le colonialisme anglais aux côtés des hindous. Mais, dans les États indiens sous tutelle britannique, les musulmans étaient souvent perçus par les hindous comme des intrus et traités comme des citoyens de seconde zone. D’où l’idée de leur inventer un État séparé. Au grand dam de Gandhi et Nehru, Jinnah a fini, en 1939 par se rallier à cette idée en cherchant appui auprès de Londres qui, en 1947, parrainera la partition de son ancien empire. A-t-il réussi son pari ? Au Pakistan, il est désigné comme le père de la nation pour avoir œuvré à la création du pays. Mais sur le demi-milliard de musulmans d’Asie du sud, seuls 180 millions vivent aujourd’hui au Pakistan. Les musulmans de l’Inde qui sont aussi nombreux, lui reprochent amèrement la partition de 1947. Les 500 millions de musulmans d’Asie du sud auraient actuellement une tout autre influence face aux 800 millions d’hindous s’ils n’avaient pas été répartis sur deux, puis trois États (avec le Bangladesh) séparés. En fin de compte, bien peu aujourd’hui se réfèrent vraiment à Jinnah.

À propos des autres 11-Septembre, lire : Les 11-SEPTEMBRE, celui des Américains, des Catalans et tous les autres 

 
Ce jour est une fête nationale non chômée. Outre l’anniversaire de son décès, le grand leader est à l’origine de deux jours fériés au Pakistan : le 11 août, date de son grand discours sur la tolérance, en 1947, et le 25 décembre, le jour de sa naiss…

Ce jour est une fête nationale non chômée. Outre l’anniversaire de son décès, le grand leader est à l’origine de deux jours fériés au Pakistan : le 11 août, date de son grand discours sur la tolérance, en 1947, et le 25 décembre, le jour de sa naissance.

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