L’Almanach international

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1947, Pakistan, 14 août, indépendance Bruno Teissier 1947, Pakistan, 14 août, indépendance Bruno Teissier

14 août : l'invention du Pakistan il y a 78 ans

Ce jour de fête nationale est férié. C’est l’anniversaire de l’indépendance de 1947 qui permit à la fois de chasser les Anglais et de se séparer de l’Inde (qui fête l’événement le 15 août) au nom de l’islam.

 

Le jour de l’Indépendance (یوم استقلال) est férié, il débute par un lever de drapeau au Parlement, les discours télévisés du président et du premier ministre, puis par la relève de la garde au mausolée de Mohammed Ali Jinnah, le père de la nation pakistanaise. 

Le drapeau national est partout, jusque dans l’habillement vert et blanc que certains citoyens s’appliquent à arborer en ce jour de fête nationale qui est l’anniversaire de l’indépendance de 1947. Celle-ci permit à la fois de chasser les Anglais et, au nom de l’islam, de se séparer de l’Inde (laquelle fête l’événement le 15 août). 

Cet après-midi sera l’occasion de faire voler des cerfs-volants en famille. Ce soir, on fera brûler des bougies dans les rues. À Lahore, la journée se terminera par un feu d’artifice. Une journée de fête qui permet d’oublier pendant quelques heures les problèmes du pays, ses contradictions identitaires, sa mauvaise image internationale, notamment en raison du soutien pakistanais apporté ces dernières années aux talibans afghans... un soutien qui aujourd’hui se retourne contre lui.

Mohammed Ali Jinnah a milité contre le colonialisme anglais aux côtés des hindous. Mais, dans les États indiens sous tutelle britannique, les musulmans étaient souvent perçus par les hindous comme des intrus et traités comme des citoyens de seconde zone. D’où l’idée de leur inventer un État séparé. Au grand dam de Gandhi et Nehru, Jinnah a fini, en 1939 par se rallier à cette idée en cherchant appui auprès de Londres qui, en 1947, parrainera la partition de son ancien empire. A-t-il réussi son pari ? Au Pakistan, il est désigné comme le père de la nation pour avoir œuvré à la création du pays. Mais sur le demi-milliard de musulmans d’Asie du sud, seuls 180 millions vivent aujourd’hui au Pakistan. Les musulmans de l’Inde qui sont aussi nombreux, lui reprochent amèrement la partition de 1947. Les 500 millions de musulmans d’Asie du sud auraient actuellement une tout autre influence face aux 800 millions d’hindous s’ils n’avaient pas été répartis en deux, puis trois États (avec le Bangladesh) séparés.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 août 2025

 
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1947, Pakistan, drapeau, 11 août Bruno Teissier 1947, Pakistan, drapeau, 11 août Bruno Teissier

11 août : le Pakistan célèbre son drapeau

Le Jour du drapeau au Pakistan est observé le 11 août car c’est l’anniversaire de son adoption.

 

Le Jour du drapeau au Pakistan (پرچم کا دن) est observé le 11 août car ce jour-là en 1947, le premier Premier ministre, Liaquat Ali Khan, a présenté le drapeau national du Pakistan à l'Assemblée constituante du Pakistan qui l’a officiellement adopté. C’était quatre jours avant que le Pakistan déclare son indépendance.

Le drapeau national du Pakistan a été conçu par Ameer-ud-din Kidwai. C’est un champ vert avec un croissant de lune blanc et une étoile à cinq rayons en son centre, et une bande blanche verticale du côté mât. La couleur verte représente l'islam, la couleur blanche représente les minorités religieuses. Le croissant et l'étoile sont respectivement les symboles du progrès et de la lumière. Le drapeau dans son ensemble symbolise l'engagement du pays envers l'islam et, en principe, les droits des minorités religieuses.

Le drapeau du Pakistan est inspiré du drapeau de la All-India Muslim League, un parti politique qui existait dans l'Empire britannique des Indes. Ce parti a lutté pour la partition de l'Inde britannique et l'établissement d'un État-nation séparé à majorité musulmane. Le drapeau de la All-India Muslim League, créé en 1906, à son tour, en s'inspirant de ceux du sultanat de Delhi, de l'Empire ottoman et de l'Empire moghol.

Le drapeau national du Pakistan est hissé le jour de l'indépendance, le jour du Pakistan (14 août) et l'anniversaire de Quaid-e-Azam (25 décembre). Il est mis en berne lors des anniversaires de la mort de Quaid-e-Azam (11 septembre), Allama Iqbal (21 avril) et Liaquat Ali Khan (16 octobre). Il est également hissé chaque matin dans de nombreuses écoles, édifices gouvernementaux et bureaux au son de l'hymne national.

C’est en France que le drapeau pakistanais à croissant vert fut hissé pour la première fois à l'international le 15 août 1947, lors d'un rassemblement scout. Le 9 août, la partition de l'Inde n'était pas encore achevée lorsqu'un contingent de 135 scouts indiens est arrivé dans la ville française de Moisson (Yvelines). Les Indiens du groupe décidèrent de célébrer l'indépendance de leur pays et de hisser leur drapeau le 15 août. Les musulmans souhaitent eux aussi de hisser leur drapeau national, mais la forme originale et définitive du drapeau pakistanais n'était pas encore claire. Le drapeau pakistanais a été cousu à la machine par deux guides françaises pendant la nuit. Le tissu vert provenait du turban de Madan Mohan, un éclaireur de Shimla, tandis que le tissu blanc avait été prélevé par Inayat Ali Gardezi de sa chemise. Il a été hissé pendant la nuit du 14 au 15 août.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 août 2025

 
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27 mars : le jour où le Baloutchistan a perdu son indépendance

Le 27 mars est une journée noire pour la cause baloutche, une journée de mobilisation, de lutte pour l’indépendance d’un État qui a faillit naître, mais finalement fut absorbé par le Pakistan le 27 mars 1948.

 

Le 27 mars est une journée noire pour la cause baloutche, une journée de mobilisation. L’histoire remonte à la disparition des Indes britanniques, le Mouvement national baloutche considère que le Baloutchistan, situé aux confins de l’Afghanistan et de l’Iran, n’a pas eu sa chance de devenir un État et a été abusivement absorbée par le Pakistan. Le Baloutchistan est aujourd’hui la région la plus pauvre du pays alors qu’elle est riche en minerais et en gaz naturel. Les habitants accusent le gouvernement d’exploiter leur région et de la laisser coloniser par les entreprises chinoises auxquelles le port de Gwadar a été cédé pour devenir un étape majeure des Routes de la soie.

Depuis 77 ans, l’agitation nationaliste baloutche n’a jamais cessé. Elle s’est amplifiée récemment, avec une série d’attentats visant les forces de l’ordre pakistanaises ou les travailleurs immigrés provenant des autres régions du Pakistan et considéré comme des pions de la colonisation du territoire. En 2024, les attentats ont fait plus de 1600 morts. Le 11 mars 2025, l’Armée de libération du Baloutchistan (BLA), principal groupe séparatiste, a pris un train en otage, le Jaffar Express tombé dans une embuscade. L’opération spectaculaire s’est soldée par une soixantaine de morts.

L’intégration au Pakistan s’est faite le 27 mars 1948, une journée de triste mémoire dans le récit national baloutche. Les choses auraient pu se passer différemment car au sein des Indes britanniques, le Khanat de Kalat avait un statut d’autonomie particulier au même titre que le Sikkim ou le Bhoutan. Ce dernier est aujourd’hui un État indépendant, alors que l’État de Kalat a disparu de la carte du monde. Héritier d’un État beaucoup plus vaste, il ne couvrait en 1947, plus qu’un quart du futur Baloutchistan pakistanais.

Le Khanat de Kalat (خانات ءِ قلات), fondé en 1405, reposait sur une confédération de tribus nomades baloutches et brahuies. Il s’étendait sur l’est de l’Iran actuel, le sud de l’Afghanistan et l’ouest du Pakistan actuel. Au milieu du XVIIe siècle, il déclara son indépendance vis-à-vis des Moghols qui dominaient l’Inde et connu son apogée au XVIIIe siècle sous Mir Nasir Khan dit le Grand (1749-1794). Affaibli et diminué par ses voisins au XIXe siècle, le pays a été occupé par les Anglais à partir de 1839 et intégré aux Indes britanniques, à l’exception de sa partie occidentale qui forme la province iranienne du Sistan-Balouchistan (la frontière date de 1896). En raison du traité de 1876, Kalat jouissait d’une autonomie interne, contrairement aux autres États princiers indiens. Mais, en 1947, Ahmad Par Khan le dernier souverain de Kalat n’eut pas le soutien des Anglais. La plupart des chefs pachtounes extérieurs à son État, ayant fait allégeance au Pakistan, le Kalat se retrouvait isolé. Le souverain a désespérément demandé de l’aide aux autorités indiennes et même au roi d’Afghanistan, mais sans succès. Le 27 mars, Ahmad Par Khan se résignait à renoncer à son indépendance pour éviter une guerre, car l’armée pakistanaise avait déjà pris position dans le sud. En 1952, l'État de Kalat entrera dans l’Union des États du Baloutchistan avec trois États voisins, Kharan, Las Bela et Makran. Le khanat prit fin le 14 octobre 1955, lorsqu'il fut pleinement incorporé au Pakistan occidental.

Le Mouvement national baloutchi considère que l’État du Kalat fut indépendant du 12 août 1947 (date de sa déclaration d’indépendance) au 27 mars 1948, soit 227 jours au total. L’intégration forcée de Kalat au Pakistan a semé le mécontentement et la résistance parmi le peuple baloutche. De nombreux nationalistes baloutches ont considéré l’annexion comme une trahison de leur autonomie et une atteinte à leur identité culturelle.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 mars 2025

Le Mouvement du Baloutchistan Libre (FBM) est un parti politique dont l'objectif principal est de lutter contre le colonialisme pakistanais et iranien et de reconquérir l'indépendance et la souveraineté nationale de la nation baloutche. 

Des membres de  l'Armée de libération baloutche (بلۏچستان آجوییء لشکر ), un mouvement d’insurgés laïcs baloutches aspirent à un Baloutchistan indépendant

 
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2010, Pakistan, Baloutchistan, Culture, 2 mars Bruno Teissier 2010, Pakistan, Baloutchistan, Culture, 2 mars Bruno Teissier

2 mars : la journée de la culture baloutche

À cheval sur le Pakistan et l’Iran, le Baloutchistan s’efforce de cultiver ses traditions, ses langues... Il le fait chaque 2 mars en souvenir des victimes d’un attentat survenu lors d’une fête.

 

Les Baloutches se partagent entre l’Iran (1,5 million) et le Pakistan (6 millions), soit quelque 8 millions de personnes avec la diaspora (Afghanistan, Oman, EAU, Suède…). Ils se distinguent de la majorité des Pakistanais par leur culture persane (langues baloutche et brahui) et des autres Iraniens par leur islam sunnite. On les dit descendants des Parthes et des Mèdes.

Le Baloutchistan est un espace de la marge qui revendique son originalité et, pour certains, son indépendance perdue le 27 mars 1948. Pour célébrer leur riche culture et la transmettre aux générations futures, les Baloutches, ceux du Pakistan surtout, célèbrent la Journée nationale de la culture baloutche (بلوچ دود ءُ ربیدگ ءِ روچ .) le 2 mars. À l'occasion de cette fête, des événements culturels hauts en couleur sont organisés dans toute la région, avec de la musique traditionnelle, des danses, des foires artisanales, des stands de nourriture, des expositions, des lectures de poésie, etc.

Une telle fête avait été organisée dans l'est du Baloutchistan le 2 mars 2010 par des étudiants baloutches de l'Université Khuzdar (l'université d'ingénierie et de technologie du Baloutchistan). Ils ont été visés par une attaque à la grenade qui a coûté la vie à deux d’entre eux et blessés 24 autres. C’est depuis ce drame que le 2 mars a été baptisée Journée nationale de la culture baloutche, lors de laquelle les jeunes patriotes baloutches de divers pays, célèbrent à la fois leur culture et commémorent les martyrs cette journée.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 mars 2025

 
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1948, Pakistan, Père de la nation, 11 septembre Bruno Teissier 1948, Pakistan, Père de la nation, 11 septembre Bruno Teissier

11 septembre : le Pakistan honore le père de la nation

Le Pakistan commémore l’anniversaire de la mort du fondateur du pays, Muhammad Ali Jinnah, disparu le 11 septembre 1948, quelques mois à peine après la création du Pakistan, intervenue le 14 août 1947.

 

Alors que la date du 11-Septembre rappelle chaque année le rôle assez trouble du Pakistan à l'égard d'Al-Qaïda, le pays commémore ce même jour la mort du fondateur du pays, Muhammad Ali Jinnah (1876-1948) disparu le 11 septembre 1948, quelques mois à peine après la création du Pakistan, intervenue le 14 août 1947. Cette fête nationale n'est pas chômée. Une cérémonie est organisée au Mazar-e-Quaid, le mausolée du Quaid-e-Azam, le « grand leader ».

Quaid-e-Azam figure depuis 1948 sur tous les billets de banque pakistanais, comme Gandhi sur ceux de l’Inde. En ce jour anniversaire de sa mort, une cérémonie, assez sobre, se déroule au mausolée du grand homme situé à Karachi. Des prières lui sont dédiées dans chaque mosquée du pays ; les chaînes de télévision ont prévu des programmes spéciaux ; des conférences sont données dans les établissements scolaires pour cultiver la mémoire de Muhammad Ali Jinnah (le Quaid), mais celle-ci a évolué avec le temps. Les Occidentaux insistent sur le comportement très laïque de ce musulman qui, dit-on, buvait de l’alcool et consommait du porc. Au Pakistan, le discours officiel le présente, au contraire, comme un pieux personnage grâce auquel les musulmans disposent d’un État nommé Pakistan (le « pays des purs»), même si beaucoup voient en lui un musulman bien trop tiède. Il est difficile de savoir comment il aurait géré le pays car il est mort de la tuberculose moins d’un an après l’indépendance du pays. L’État libéral, démocratique et laïque que Jinnah avait promis est loin d’être l’image que donne le Pakistan aujourd’hui, surtout après la dictature du général Zia-ul-Haq qui a franchement islamisé le pays dans les années 1980.

M. A. Jinnah a milité contre le colonialisme anglais aux côtés des hindous. Mais, dans les États indiens sous tutelle britannique, les musulmans étaient souvent perçus par les hindous comme des intrus et traités comme des citoyens de seconde zone. D’où l’idée de leur inventer un État séparé. Au grand dam de Gandhi et Nehru, Jinnah a fini, en 1939 par se rallier à cette idée en cherchant appui auprès de Londres qui, en 1947, parrainera la partition de son ancien empire. A-t-il réussi son pari ? Au Pakistan, il est désigné comme le père de la nation pour avoir œuvré à la création du pays. Mais sur le demi-milliard de musulmans d’Asie du sud, seuls 180 millions vivent aujourd’hui au Pakistan. Les musulmans de l’Inde qui sont aussi nombreux, lui reprochent amèrement la partition de 1947. Les 500 millions de musulmans d’Asie du sud auraient actuellement une tout autre influence face aux 800 millions d’hindous s’ils n’avaient pas été répartis sur deux, puis trois États (avec le Bangladesh) séparés. En fin de compte, bien peu aujourd’hui se réfèrent vraiment à Jinnah.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 septembre 2024

À propos des autres 11-Septembre, lire : Les 11-SEPTEMBRE, celui des Américains, des Catalans et tous les autres 

 
Ce jour est une fête nationale non chômée. Outre l’anniversaire de son décès, le grand leader est à l’origine de deux jours fériés au Pakistan : le 11 août, date de son grand discours sur la tolérance, en 1947, et le 25 décembre, le jour de sa naiss…

Ce jour est une fête nationale non chômée. Outre l’anniversaire de son décès, le grand leader est à l’origine de deux jours fériés au Pakistan : le 11 août, date de son grand discours sur la tolérance, en 1947, et le 25 décembre, le jour de sa naissance.

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1965, Pakistan, 6 septembre, armée, fête patriotique Bruno Teissier 1965, Pakistan, 6 septembre, armée, fête patriotique Bruno Teissier

6 septembre : journée patriotique au Pakistan célébrant la défense des frontières

La Journée de la Défense commémore le sacrifice des soldats pakistanais tombés pour défendre des frontières face à une attaque de l’Inde

 

Au Pakistan, la Journée de la Défense (یوم دفاع ) commémore le sacrifice des soldats pakistanais tombés pour la défense des frontières. La date du 6 septembre marque le jour en 1965 où les troupes indiennes ont traversé la frontière internationale pour lancer une attaque contre le Pendjab pakistanais. Le récit national veut que l’attaque fût lancée par surprise. En fait, New Delhi ripostait à l'opération pakistanaise “Grand Chelem” visant Jammu et destinée couper les communications de l'Inde avec la vallée du Cachemire, quelques jours plus tôt. Réellement prise par surprise, l’armée pakistanaise a subi de lourdes pertes mais elle est parvenue à contenir l’avancée indienne. Le 23 septembre, le Pakistan acceptait un cessez-le-feu mandaté par l'ONU. Les deux pays ont revendiqué la victoire.

Chaque année, le 6 septembre, l’armée pakistanaise présente ses derniers missiles, chars, canons, hélicoptères et armements des différents corps d’armée. La foule assiste au défilé militaire en se rendant dans des endroits spécifiques. Celui-ci est diffusé sur les chaînes de télévision nationales. Toute la journée, ces chaînes proposent des chansons martiales, des documentaires spéciaux sur le 6-Septembre 1965 et les témoignages de personnes blessées ce jour-là. La journée est hautement patriotique. Elle le sera d’autant plus cette année que règne une incertitude concernant la frontière occidentale du pays que l’Afghanistan n’a jamais reconnue.

Pour l’occasion, la cérémonie de passation de la garde a lieu à Mazar-e-Quaid, à Karachi , où les cadets de l’Académie de l’armée de l’air pakistanaise présentent la garde d'honneur et prennent la charge.  Le jour n’est pas férié, mais dans les écoles du pays les enfants organisent des manifestations patriotiques.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 septembre 2024

 
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2009, Pakistan, arbres, 18 août Bruno Teissier 2009, Pakistan, arbres, 18 août Bruno Teissier

18 août : journée nationale de la reforestation au Pakistan

C’est en 2009, que le 18 août a été déclarée Journée nationale de plantation d'arbres (NTPD) en République islamique du Pakistan. Les canicules spectaculaires et meurtrières qui affligent le pays, rendent cette journée cruciale.

 

En avril 2022, le Baloutchistan, avec 50 °C, avait été l’endroit le plus chaud du globe. Fin mai 2024, la température atteignait les 52 °C dans le Sind… Ces épisodes caniculaires devraient être récurrents, le Pakistan étant particulièrement vulnérable et se réchauffant plus vite que la moyenne mondiale

D’où le besoin impérieux de procéder à la reforestation du pays. Dix milliards d’arbres plantés avant 2023. C'était l'ambitieux projet baptisé Ten Billion Trees tsunami Programme, lancé en 2019 par l’ancien Premier ministre du Pakistan Imran Khan. Il a été atteint. Le programme Plant for Pakistan vise également à préserver les mangroves (écosystème d'arbres implantés le long des littoraux), reboiser les villes et créer plus de 5.500 emplois « verts ». Cette préoccupation est déjà ancienne. C’est en 2009, que le 18 août a été déclarée Journée nationale de plantation d'arbres (National Tree Planting Day) en République islamique du Pakistan. Ce jour-là, l'ensemble de la population pakistanaise est invité à participer à la plantation d'arbres dans tout le pays.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 août 2024

 
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2007, Pakistan, 27 décembre Bruno Teissier 2007, Pakistan, 27 décembre Bruno Teissier

27 décembre : le souvenir de Benazir Bhutto

Des dizaines de milliers de partisans sont attendus comme chaque année à Garhi Khuda Bakhsh, petite localité du Sindh (province méridionale du Pakistan) où se trouve le fastueux mausolée de la famille Bhutto…

 

Des dizaines de milliers de partisans sont attendues,  comme chaque année, à Garhi Khuda Bakhsh, petite localité du Sindh (province méridionale du Pakistan) où se trouve le fastueux mausolée de la famille Bhutto. Le bâtiment de marbre, aux allures de palais, témoigne de la puissance de cette lignée de féodaux qui a donné deux premiers ministres au pays : Zulficar Ali Bhutto, dans les années 1970, et sa fille Benazir dans les années 1980 et 1990. Le premier a été exécuté à la suite d’un coup d’État militaire, le 4 avril 1979. La seconde, première femme à avoir été élue démocratiquement dans un pays musulman, a été assassinée le 27 décembre 2007. L’ampleur des rassemblements tous les 27 décem­bre (et chaque 4 avril), montre également la puissance régionale du Parti du peuple Pakistanais, formation qui a vocation à diriger le pays. La tombe de Benazir Bhutto est recouverte de fleurs fraîches chaque jour, témoignant du culte quasi-religieux dont elle fait toujours l'objet dans le fief de la famille Bhutto au coeur du Sindh.

On a fait de Benazir Bhutto une icône féministe, un symbole de la modération en politique. Elle a été deux fois première ministre de la République islamique du Pakistan, de 1988 à 1990 et de 1993 à 1996. Toutefois, elle a aussi par deux fois démis de ses fonctions pour «corruption» et «mauvais usage» du pouvoir. Son époux, Asif Ali Zardari a aussi été poursuivi dans divers pays, notamment en France où il est accusé d'avoir proposé un accord de défense en échange de pots-de-vin. Mis en cause dans une affaire de corruption et de blanchiment d'argent, il a été arrêté en juin 2018 et est actuellement en prison et ne sera pas présent à la cérémonie du 27 décembre. Quant à l'ex-président Pervez Musharraf, qui a été inculpé en 2013 du meurtre de son ex-rivale en politique, a été déclaré fugitif et ses biens confisqués. Le 17 décembre 2019, il est condamné à mort pour haute trahison. Il est mort à Dubaï en 2023.

Le fils de Benazir et d’Asif Ali, Bilawal Bhutto Zardari a repris le flambeau, il dirige aujourd’hui le Parti du peuple pakistanais et a été député de 2018 à 2023 et même ministre des Affaires étrangères d’Avril 2022 à août 2023. Il est à présent dans l’opposition.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 décembre 2023

 
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1940, 1956, Pakistan, 23 mars, république Bruno Teissier 1940, 1956, Pakistan, 23 mars, république Bruno Teissier

23 mars : le jour où le Pakistan est devenu une république islamique

Le Jour du Pakistan commémore deux événements : la Résolution de Lahore du 23 mars 1940 et la proclamation de la république islamique du Pakistan, le 23 mars 1956.

 

Le Jour du Pakistan (یوم پاکستان,) commémore deux événements : la Résolution de Lahore du 23 mars 1940 et la proclamation de la république islamique du Pakistan, le 23 mars 1956. C’est un des principaux jours fériés du pays.

La résolution de Lahore (قرارداد لاہور), ou Résolution du Pakistan (قرارداد پاکستان)est une déclaration politique de la Ligue musulmane (parti défendant les intérêts des musulmans dans l’empire britannique des Indes) appelant à la création d'États indépendants pour les musulmans du nord-ouest et de l'est des Indes britanniques. Cette déclaration, faite le 23 mars 1940, est vue aujourd’hui comme l’annonce d’un Pakistan indépendant distinct du reste de l’Inde. En réalité, le projet de partition était encore flou et de faisait pas l’unanimité parmi les combattant pour l’indépendance.

Le terme de « Pakistan » a été inventé en 1933, par Choudhary Rahmat Ali un homme politique pakistanais établi à Cambridge, à partir des noms des principales nations du nord de l’Inde : Punjab, Afghania, Kashmir (Cachemire), Sindh et Balouchistan. Le « i » du milieu a été rajouté pour des raisons phonétiques. En ourdou, pâk signifie « pur » et stân , « pays », ce qui  fait du Pakistan, le « pays des purs ».

La même date, le 23 mars, a été reprise quand le Pakistan (indépendant depuis le 14 août 1947) a quitté son statut de dominion fédéral au sein de l’Empire britannique pour devenir une république, la toute première « république islamique ».

Les principales célébrations du Pakistan Day se déroulent à Islamabad : défilés militaires et civils, remises de médailles, chant, prières et dépôt de gerbes au mausolée du fondateur du Pakistan, Muhammad Ali Jinnah, ainsi qu’à celui de Muhammad Iqbal, le poète national.

Cette journée du Pakistan est aussi célébrée par la diaspora à Londres,  New York, (où une parade annuelle est organisée), au Canada…

Le Pakistan Day ( یوم پاکستان ) est aussi appelé Jour de la République ( يوم جمهوريه) ou simplement 23-Mars.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 mars 2022

 

Le Minar-e-Pakistan a été érigé à Lahore dans les années 1960 sur le site où le 23 mars 1940 a été prononcé la Résolution

La foule sous le portrait de Muhammad Ali Jinnah

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2014, Pakistan, enfants, massacre Bruno Teissier 2014, Pakistan, enfants, massacre Bruno Teissier

16 décembre : le Pakistan commémore un effroyable massacre d'enfants opéré par les talibans

La Journée à la mémoire des martyrs commémore le massacre du 16 décembre 2014 à Peshawar

 

Triste anniversaire que celui d’un massacre d’écolier, célébré chaque 16 décembre au Pakistan comme la Journée à la mémoire des martyrs. C’était, le 16 décembre  2014, six assaillants vêtus d’uniformes militaires ont pris d’assaut une école de Peshawar où 500 élèves étaient présents. Le bilan fut effroyable, au moins 141 personnes ont été tuées, dont une majorité d’enfants, et une centaine de blessées. L'assaut aura duré près de sept heures. Les assaillants sont passés de classe en classe pour abattre les enfants ou adolescents, et au moins un a fait exploser la bombe qu'il portait sur lui. Les élèves avaient entre 10 et 20 ans.

L'attaque a été revendiquée par les talibans du Tehreeh-e-Pakistan (TTP) en représailles à une offensive de l'armée pakistanaise dans le nord-ouest de l’Afghanistan. La ville de Peshawar est régulièrement martyrisée par les attaques de terroristes, qui y accèdent via les zones tribales pakistanaises (régions peuplées de Pachtounes, la même ethnie sur laquelle s’appuie le régime taliban de Kaboul). L'école est située dans les faubourgs de Peshawar, à la lisière des zones tribales que revendique l’Afghanistan.

En signe de deuil, tous les établissements scolaires du Pakistan sont fermés chaque 16 décembre pour ce Solidarity Day with the martyrs of the APS.

Aujourd’hui, le Tehreeh-e-Pakistan (TTP), avatar pakistanais des talibans, est de retour sur ses terres origines, le Waziristan, après avoir contribué à la prise du pouvoir des talibans à Kaboul. L’objectif est la destruction du Pakistan lui-même. Toute l’ambiguïté du régime d’Islamabad à l’égard des talibans depuis une vingtaine d’années s’avère aujourd’hui totalement mortifère. Le massacre du 16 décembre que l’on commémore aujourd’hui en est un des symboles. Malgré tout la prise de conscience est tardive et loin d’éteindre unanime.

#APSPeshawar #PeshawarAttack

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 décembre 2022

 
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2001, Afghanistan, 9 septembre, martyrs, héros national Bruno Teissier 2001, Afghanistan, 9 septembre, martyrs, héros national Bruno Teissier

9 septembre : hommage au commandant Massoud, figure de la résistance afghane

Le 20e anniversaire anniversaire de l’assassinat du Lion du Panshir, alors que les talibans ont pris Kaboul et commence à investir le Panshir

 

Ce 9 septembre est en principe férié en Afghanistan. Mais que signifie un jour férié dans le chaos actuel ? Cette journée à la mémoire d’Ahmed Shah Massoud avait été décidée par l’ancien régime. Dans le nord du pays ses portraits ont été détruits. 

Ce chef militaire, surnommé le Lion du Panshir ( شیر پنجشی ), avait tenu tête aux Soviétiques sans quitter son fief. Il a été assassiné il y a exactement 20 ans, le 9 septembre 2001, par un attentat suicide opéré par des kamikazes d’Al-Qaida, arrivés de Belgique, déjà ! C’était une autre époque. En avril 2001, lors d’un passage en Europe, Massoud avait bien essayé d'attirer l'attention de la communauté internationale sur le danger représentait par l’organisation terroriste dirigée par Oussama Ben Laden, mais en vain. Lui-même n’aura pas l’écho des attentats du 11 septembre, seront perpétrés deux jours après son assassinat. Les deux crimes étaient incontestablement liés.

En Juin 2002, la Loya Jirga, la Grande assemblée traditionnelle, a créé un jour férié en son honneur qui sera ensuite baptisé Jour des Martyrs pour honorer toutes les personnes mortes en combattant pour l'Afghanistan, en particulier contre les Soviétiques. Ahmad Shah, dont le nom de guerre était Massoud (le chanceux), avait pris les armes après le coup d’État communiste de 1978 et s’était replié dans sa vallée natale du Panshir, à une centaine de kilomètres au nord-est de Kaboul. En dépit de neuf tentatives, l’Armée rouge n’était jamais parvenue à le déloger et à le soumettre.

Qualifié de « héros national afghan », il est surtout un héros tadjik, son ethnie d’origine. Son image est plus brouillée chez les Pachtounes, très influencés par les talibans et franchement négatives chez les Hazaras, même si sont fils espère aujourd’hui leur ralliement contre les talibans. Après le départ des Soviétiques, Massoud a fait partie de plusieurs gouvernements de coalition qui ont dirigé l’Afghanistan de 1992 à 1996. Il a notamment été ministre de la Défense. Pendant cette période, ses hommes se sont rendus coupables de pillages à Kaboul et d’exactions notamment contre la minorité chiite hazara. Ce qui a contribué au fait qu’une partie des habitants de Kaboul ont accueilli favorablement la prise du pouvoir des talibans en 1996. Les mêmes qui, aujourd’hui se félicitent de la chute d’un gouvernement corrompu et arbitraire. À l’époque Massoud s’était alors replié dans le Panshir, véritable forteresse montagneuse, où les talibans n’ont jamais pu l’atteindre. Seul le terrorisme extrême d’Al-Qaida a pu l’anéantir. C’était, il y a 20 ans jour pour jour.

Aujourd’hui, son fils unique (au côté de cinq filles), Ahmad Massoud, né en 1989,  a repris le combat sans avoir l’aura de son père. Comme lui, il a créé un Front de résistance nationale et s’est retranché dans le Panshir dans des conditions moins favorables. Avant-hier les talibans ont annoncé avoir pris la célèbre vallée. Il s’agit surtout d’un effet d’annonce pour marquer les esprits. En fait, ils n’ont investi que la capitale régionale, Bazarek (la ville natale de Massoud et celle qui abrite son mausolée), ainsi que quelques villages alentour. On ne sait pas encore ce qu’il en sera du reste de la célèbre vallée ni si le jeune commandant s’y trouve encore. La saga des Massoud n’est peut-être pas achevée.

Il y a quelques mois, la ville de Paris rendait hommage au lion du Panshir qui avait été étudiant dans cette ville et qui était un grand lecteur de Victor Hugo. Le 27 mars 2021, une allée du Commandant-Massoud a été inaugurée dans un coin des Champs-Élysées, en présence de son fils Ahmad Massoud.  

Le 9 septembre 2021, le tombeau du commandant Massoud a été profané par les talibans voir le tweet ci-dessous.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 septembre 2021

 
photo : A. A. Wiseman.         À propos du 11-Septembre.

photo : A. A. Wiseman.

À propos du 11-Septembre.

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1947, 1949, Inde, Pakistan, 5 février, Cachemire Bruno Teissier 1947, 1949, Inde, Pakistan, 5 février, Cachemire Bruno Teissier

5 février : le Pakistan se mobilise pour le Cachemire

Le jour est férié aujourd’hui au Pakistan, c’est la Journée de solidarité avec le Cachemire, un point chaud de la région, partagé par le Pakistan, l’Inde et même la Chine.

 

Le jour est férié aujourd’hui au Pakistan, le 5 février est la Journée de solidarité avec le Cachemire ( یوم یکجہتی کشمیر ). À cette occasion, le Premier ministre Imran Khan s’adresse à l’Assemblée législative de Muzaffarabad pour exprimer son soutien au peuple opprimé du Cachemire. Des chaînes humaines seront formées aux points de Kohala, Mangla, Holar et Azad Pattan reliant le Pakistan et l’Azad Kashmir. À Lahore, les citoyens forment une chaîne humaine à D-Chowk pour exprimer leur solidarité avec leurs frères cachemiris opprimés. Une minute de silence est observée à 10h00 dans tout le pays.

Le problème remonte à l’indépendance des deux pays donc, à la partition des Indes anglaises, en août 1947. Le maharadjah de l’époque, un hindou, régnait sur une population à 75% musulmane. Son idée était de ne rejoindre ni l’Inde ni le Pakistan mais de proclamer l’indépendance du Cachemire, ce qu’il fit. Il rêvait de faire de ce petit pays de 10 millions d’habitants, au milieu des montagnes, avec un potentiel touristique évident, la « Suisse du sous-continent ». On ne l’a pas laissé faire, le Cachemire a été attaqué à la fois par des commandos pakistanais et des bataillons indiens. En octobre, le souverain se voit contraint de demander assistance à l’Inde. Le Pakistan ne renonce pas pour autant. La guerre dure jusqu’au cessez-le-feu du 1er janvier 1949. La ligne de front n’a pas bougé depuis.

Le Pakistan occupe une partie du Cachemire qu’il désigne comme l’Azad Kashmir (« Cachemire libre ») et que les Indiens appellent POK (Pakistan Occupied Kashmir). Quant au reste du Cachemire, il a été intégré à l’Union indienne, sous le nom de Jammu-et-Cachemire (on lui a adjoint des régions non musulmanes afin de réduire la proportion des musulmans qui n’est plus que des deux tiers aujourd’hui) mais avec un statut spécial d’autonomie. Ce statut lui a été brutalement retiré en le 5 août 2019 par le gouvernement ultranationaliste de l’Inde. Le pays vit des deux côtés de la ligne de 1949, sous régime militaire. Ce qui n’empêche pas le terrorisme de se développer. Le Cachemire est un point chaud de la région. Une petite partie de l’ancien État princier du Cachemire est même occupée aujourd’hui par l’armée chinoise. Ce petit pays qui rêvait d’être un petit État neutre et touristique est aujourd’hui l’épicentre de toutes les tensions dans la région.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 février 2021

 
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1947, Pakistan, 11 août Bruno Teissier 1947, Pakistan, 11 août Bruno Teissier

11 août : comment peut-on être chrétien au Pakistan ?

La date de cette Journée nationale des minorités, le 11 août, fait référence à un discours prononcé le 11 août 1947, trois jours avant l’indépendance du pays, Muhammad Ali Jinnah, le père de la nation…

 

Le gouvernement voulait prouver que c’est possible dans ce pays où plus de 90% de la population sont musulmans. En 2009, Shahabaz Bhatti, le ministre des Minorités a créé une Journée nationale des minorités visant à reconnaître le rôle important qu’elles ont joué dans la construction nationale et à prévenir leur persécution. Le ministre, catholique, a été assassiné en 2011 par des extrémistes musulmans, mais sa politique a été reprise par ses successeurs. Mais, pas sûr que le nouveau président la poursuive... En mars 2012, des élus non musulmans sont entrés au Sénat, une première depuis 1974.

Dans un discours prononcé le 11 août 1947, trois jours avant l’indépendance du pays, Muhammad Ali Jinnah, le père de la nation pakistanaise, avait jeté les bases d’une société moderne et tolérante, offrant des droits égaux à chaque citoyen quelque soit sa religion, sa caste, son sexe. Un projet politique bien oublié à l’époque de la dictature militaire, pro-américaine, de Zia Hu-Haq (1978-1988) lequel a fait du Pakistan une république islamique et promulgué en 1986, une loi sur le blasphème qui a fait de nombreuses victimes, notamment parmi les minorités, mais pas seulement.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 août 2020

 
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