L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1919, Lettonie, victoire, 11 novembre Bruno Teissier 1919, Lettonie, victoire, 11 novembre Bruno Teissier

11 novembre : les Lettons célèbrent le jour de Lacplésis

Chaque 11 novembre, les Lettons commémorent une victoire qui a permis à leur pays d’exister et qui n’a rien à voir avec le 11-Novembre célébré en France ou en Belgique. La bataille a eu lieu en 1919 et a décidé du sort du pays. Assorti d’une référence mythologique, la victoire lettone est célébrée chaque année.

 

Chaque 11 novembre, les Lettons commémorent une victoire qui a permis à leur pays d’exister et qui n’a rien à voir avec le 11-Novembre célébré en France ou en Belgique.

La bataille s’est achevée le 11 novembre 1919, soit un an jour pour jour après la fin de la Grande Guerre en Europe occidentale. Elle a opposé une milice composée d’Allemands et de Russes menée par un aventurier du nom de Bermondt-Avalov et forte de 45 000 hommes, à un embryon d’armée nationale lettonne rassemblant 32 000 personnes, soit toutes les bonnes volontés, y compris des femmes et des enfants, pour défendre un pays en train de naître. Dans le camp des défenseurs, tous n’étaient pas lettons, loin delà, mais tous souhaitaient échapper à la domination russe ou allemande, car ils avaient vécu l’une et l’autre.

L'armée lettone lança son attaque contre les Bermontiens le 3 novembre e,t après plusieurs jours combats acharnés sur les rives de la Daugava, est parvenu à chasser les troupes bermontiennes de Riga le 11 novembre 1919. Ce sera le début de la débandade pour l’armée de mercenaires qui va vite se disperser. Cette formidable victoire des Lettons, remporté après celle de la bataille de Cēsu, le 22 juin précédent, a écarté à la fois le danger allemand et les prétentions russes. Au cours de ce conflit (appelé Bermontiade), la Lettonie a perdu 743 soldats, dont 57 officiers. Ils reposent dans le cimetière des Frères à Riga. Leurs tombes sont fleuries chaque 11 novembre.

Quand la Lettonie a proclamé son indépendance, le 18 novembre 1918, elle était sous domination allemande depuis  septembre 1917. Le régime du tsar était tombé en février 1917, et les bolcheviques incitaient les tirailleurs lettons à déposer les armes. L’Allemagne en a profité pour prendre le contrôle des provinces baltes de l’Empire russe où vivait, à l’époque, une minorité allemande influente car propriétaire de grands domaines et qui espérait un rattachement de la région à l’Allemagne. La défaite allemande et l'armistice qui s'ensuivit, le 11 novembre 1918, ont modifié complètement la donne. Des partis politiques lettons se sont réunis le 17 novembre à Riga, toujours occupée par les troupes allemandes, ils ont formé un comité national annoncé comme le seul pouvoir légal en Lettonie jusqu'à l'élection d'une assemblée constituante. Karlis Ulmanis, leader de l'Union paysanne, est élu chef du gouvernement ; le 18 novembre 1918 ce comité déclare solennellement l'indépendance de l'État de Lettonie (ou Latvie à l'époque). Une souveraineté et une indépendance restée longtemps très virtuelle. En effet, un mois plus tard, le 17 décembre, des Lettons bolchéviques proclament une République soviétique de Lettonie présidée par Pēteris Stučka qui installe son gouvernement à Valka car les Germano-baltes occupent toujours le pays. Ces derniers sont finalement chassés de Riga en janvier 1919 et le gouvernement d’Ulmanis doit se réfugier à Liepāja, en Courlande, un port qui échappe aux bolcheviques. Le gouvernement letton qui a très peu de troupes, se résigne à faire appel aux Allemands. Ceux-ci reprennent le contrôle de Riga en avril 1919, les bolcheviques se réfugient en Russie ou sont massacrés. Mais, ils se retournent ensuite contre le gouvernement letton qui doit se réfugier sur un bateau allié mouillant au large de Liepāja. La défaite de l’Allemagne étant actée et le traité de Versailles ratifié le 23 juin, les vainqueurs de la Première Guerre mondiale imposent le rétablissement dans ses fonctions du gouvernement letton provisoire et demandent un arrêt des combats. Coupé de l’Allemagne vaincue, le général allemand (Rüdiger von der Goltz) décide alors de se mettre au service de l’armée des Russes blancs qui combattent les bolcheviques. Pour cela, il met en place des milices composées d’Allemands qui ont refusé la défaite  (les fameux corps francs) avec des soldats qui refusent la défaite. Une armée russo-allemande, dirigée le colonel Pavel Bermondt, se constitue et déferle sur le pays depuis la Courlande. De son côté, le gouvernement letton est parvenu à constituer une armée de volontaires, épaulée par  l'artillerie navale britannique et française postée au large de Riga. Le 11 novembre 1919, ils réussirent à libérer Pārdaugava  et à provoquer la débandade des mercenaires de l'armée de Bermondt. Le sort du nouveau pays s’est décidé sur les rives de la Daugava. C’est ce que les Lettons célèbrent chaque 11 novembre sur le quai du 11-Novembre, à Riga. Il faudra toutefois attendre le 11 août 1920 pour que cette guerre d’indépendance lettonne prenne fin.

Cette victoire obtenue à l’arraché, en dépit d’une disproportion des forces ( 20 canons lettons contre 100 canons pour Bermondt, trois avions lettons contre 100 pour les Germano-Russes…) est appelée le Jour de Lāčplēsis (Lāčplēša diena). Ce jour est célébré chaque 11 novembre depuis 1920. Le nom de ce jour commémoratif vient du héros guerrier légendaire.

Lāčplēsis ("Le tueur d'ours") est un poème épique d’Andrejs Pumpurs, écrit entre 1872 et 1887 sur la base de légendes locales. Il se déroule du temps des croisades allemandes en Livonie au XIIIe siècle (la noble balto-germanique en tire son origine) et raconte l'histoire du héros mythique Lāčplēsis "le tueur d'ours". À une époque où chacune des nations qui émergeait en Europe orientale devait avoir son épopée, Lāčplēsis est a été considérée comme l’’épopée nationale lettone, comme le Kalevala des Finlandais. La guerre contre les troupes germano-allemande a été comparée à la bataille entre Lāčplēsis et le chevalier noir. La victoire décisive des Lettons s'est produite le 11 novembre au bord de la rivière Daugava, comme dans l'épopée et depuis lors, on l'appelle le Jour de Lāčplēsis. Lāčplēsis est aussi le titre d’un film réalisé en 1930, considéré comme le premier grand film letton. Il établit des parallèles entre le monde mythique de Lāčplēsis et la guerre d'indépendance lettone.

À l’époque soviétique, la pièce de théâtre Ouguns et Nakts évoquait cet épisode, elle s’insérait dans la propagande soviétique qui voulait montrer la bataille entre les Lettons et les Allemands. Mais la société lettone a petit à petit identifié les Soviétiques aux croisés. En 1988, l'opéra rock Lāčplēsis a été joué plus de 40 fois, devenant ainsi l'un des tournants du troisième réveil national letton. Utilisant le récit mythologique, il dépeint l'occupation de la Lettonie, le travail du KGB, la russification, la destruction du christianisme en Lettonie, etc. Car si ce pays a proclamé son indépendance en 1918, il l’a perdu de 1940 à 1991 par son intégration de force à l’URSS.

La Journée Lāčplēš, réinstaurée en 1988, cultive « l’esprit des combattants de la liberté de tous les temps ». Elle est aussi appelée la Journée du souvenir (Piemiņas diena) depuis 1990. À 16 heures, c’est l’allumage traditionnel des bougies commémoratives au cimetière des Frères (Brāļu kapi), à Riga, suivi d'une procession aux flambeaux jusqu’au Monument de la Liberté, où se déroule une cérémonie.

Chaque 11-Novembre, les habitants sont invités à allumer des bougies sur les murs du château de Riga en l'honneur des défenseurs de la Lettonie. Cette année, l’association "Vos amis" fera fondre les bougies restantes pour en faire des bougies de tranchée pour les soldats défenseurs de l'Ukraine. Les habitants de Riga pourront faire don de bougies, c'est-à-dire des restes de bougies à la paraffine ou des bougies neuves, au point de don de l'association "Tavi draugi", sur le front de mer du 11-Novembre, le soir de la journée de Lāčplėš.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 novembre 2023

 

Photo Ernests Dinka, chancellerie de la Saeima

Lāčplēsis (le Tueur d’ours) représenté sur le Monument de la Liberté, à Riga

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1919, Afghanistan, indépendance, 19 août Bruno Teissier 1919, Afghanistan, indépendance, 19 août Bruno Teissier

19 août : la fête nationale de l’Afghanistan

Les Afghans célèbrent leur indépendance. La prise de pouvoir des talibans, il y a deux ans, sur l’ensemble du pays, n’a rien changé à la fête de l’indépendance qui commémore l’abolition du protectorat britannique en 1919.

 

Chaque 19 août, les Afghans célèbrent leur indépendance. La prise de pouvoir des talibans, il y a deux ans, sur l’ensemble du pays, n’a pas changé l’esprit de la fête de l’indépendance (د افغانستان د خپلواکۍ ورځ). Le ministère du Travail  vient de décider que, pour l’occasion, la journée du 28 Zamri (selon le calendrier local) serait fériée.

Il ne s’agit pas de fêter la déroute des États-Unis, en 2021, mais de commémorer le traité de Rawalpindi qui reconnaissait l'indépendance de l'Afghanistan, à l’issue de la troisième guerre anglo-afghane. Le protectorat britannique était aboli et l’indépendance était formellement proclamée le 19 août 1919. Le royaume d’Afghanistan était alors dirigé par Ghazi Amanullah Khan.

En 2021, quatre jours après la prise de Kaboul par les talibans, lors des rassemblements de la fête de l'indépendance afghane à Jalalabad et dans d'autres villes les 18 et 19 août, les talibans ont tué trois personnes et blessé plus d'une douzaine d'autres pour avoir enlevé les drapeaux talibans et affiché les drapeaux afghans tricolores à la place. Ces velléités d’indépendance ne s’est pas renouvelée en 2022.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 août 2023

 

Ghazi Amanullah Khan, le héros de l’indépendance

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1919, Chine, Taïwan, manifestation politique Bruno Teissier 1919, Chine, Taïwan, manifestation politique Bruno Teissier

4 mai : place Tien an Men, la jeunesse manifeste contre les pouvoirs

Le 4 mai 1919, 3 000 étudiants manifestent à devant la porte Tien an Men à Pékin. Ils protestent conte les conditions imposées à la Chine par le traité de Versailles… une date mythique en Chine. Les étudiants qui se sont fait massacrer le 4 juin 1989, étaient inspiré par l’esprit du 4 mai.

 

Bien sûr, il ne s’agit pas de la manifestation à laquelle on pense qui est commémorée aujourd’hui mais celle du 4 mai 1919. Ce jour-là, quelque 3 000 étudiants manifestaient à Pékin, devant la porte Tien an Men. Ils protestaient contre les conditions imposées à la Chine par le traité de Versailles qui avantageaient le Japon. Ce mouvement traduit l'émergence en Chine d'une conscience patriotique opposée aux Occidentaux comme aux Japonais. C’est pour cela que cette manifestation a toujours été commémorée par le pouvoir chinois. Mais, c’est aussi le premier mouvement de la jeunesse chinoise moderne. Ils protestaient aussi, et surtout, contre le pouvoir des mandarins et l’oppression des femmes. Ils considéraient l'armée qui dirigeait la Chine comme des dictateurs corrompus qui n'avaient pas réussi à protéger la patrie chinoise.  Les manifestations qui s’étaient prolongées par des grèves massives, en juin 1919, avaient fini par faire céder le pouvoir. Le gouvernement Beiyang avait ordonné à ses représentants en France de refuser de signer le traité de Versailles, de licencier les fonctionnaires que les manifestants jugeaient particulièrement corrompus et de libérer tous les étudiants emprisonnés. Le mouvement du 4 Mai (五四运动) est resté ancré dans la mémoire chinoise.

Il est commémoré chaque année en république populaire de Chine, où depuis 1949, le 4 mai est la Fête de la Jeunesse (青年节). À cette occasion, les jeunes de 14 à 28 ans ont une demi-journée de congé. Évidemment, c’est une jeunesse docile qui est célébrée, pas celle qui se soulève. Pour le 70e anniversaire, en 1989, se souvenant du Mouvement du 4 mai, des milliers d’étudiants ont manifesté sur la même place Tien an Men qu’ils ont occupé pendant un mois dans le but de faire bouger les choses en direction de la démocratie. En réponse, le gouvernement chinois instaura la loi martiale et fit intervenir l'armée. La révolte finira en bain de sang. C’était un 4 juin (une date qu’il est, bien sûr, absolument interdit de commémorer).

Le 4 mai est aussi célébré à Taïwan, où c'est la Fête de la Littérature (文藝節).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Œuvre de Liang Yulong (1976) pour célébrer le mouvement du 4 mai

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4 mai 1989, un mois avant le massacre du 4 juin

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1919, Inde, marine, mer Bruno Teissier 1919, Inde, marine, mer Bruno Teissier

5 avril : la journée nationale de la mer en Inde

L’Inde qui n’a jamais été une puissance maritime, au cours de sa longue histoire, ambitionne aujourd’hui de le devenir à partir de son immense littoral de plus de 7500 km. Cette journée nationale maritime commémore le voyage du premier navire commercial indien ayant mis les voiles de Bombay à Londres. C’était en 1919, un 5 avril.

 

C’est sa marine civile que l’Union indienne célèbre aujourd’hui pour la 60e fois. Le National Maritime Day commémore le voyage inaugural du premier navire commercial indien de Bombay à Londres. C’était en 1919, un 5 avril que le SS Loyalty, de Scindia Steam Navigation Company Ltd, a mis les voiles. C'était la première compagnie maritime à grande échelle entièrement détenue par des Indiens. Ce fut un moment historique pour navigation indienne car à cette époque les routes maritimes étaient sous le contrôle des Britanniques.

À l’époque Raj britannique, la marine indienne a été dissoute et remplacée par la Royal Navy britannique. Cependant, les constructeurs navals indiens ont continué à construire des navires pour la Royal Navy comme le HMS Hindostan , le HMS Ceylon , le HMS Asia , le HMS Cornwallis et le HMS Minden . Entre 1736 et 1821, le chantier naval de Bombay a produit 159 navires de plus de 100 tonnes, dont 15 navires de plus de 1 000 tonnes.

C’est en 1964 que cette Journée nationale maritime a été instaurée, en souvenir notamment de Shivaji, le fondateur de l'Empire maratha, qui avait entretenu une marine sous la direction de Kanhoji Angre, luttant avec succès contre les intérêts navals portugais, hollandais et britanniques sur la côte indienne, tout en empêchant l'Empire moghol de commercer avec l'Europe. Cela dit, excepté le très ancien Empire cholas, qui reliait au XIe siècle l’Inde du Sud à l’Asie du Sud-Est jusqu’à l’Indonésie, l’Inde n’a jamais été au cours de son histoire une puissance maritime. L’Inde possède un immense littoral de 7517 km et aujourd’hui, la 16e plus grande industrie maritime, il y a 12 ports majeurs et quelque 200 ports de moindre importance. Aujourd’hui, le gouvernement nationaliste de Narendra Modi, commence à comprendre que dans le cadre géopolitique de l’Indo-Pacifique, développer la puissance navale indienne est plus pertinent que jamais.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 avril 2023

 
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1919, 15 janvier, Bélize Bruno Teissier 1919, 15 janvier, Bélize Bruno Teissier

15 janvier : le Belize fête le père de la nation

Il s’agit de l’ancien premier ministre, Price George qui a mené le Honduras britannique à l’indépendance et l’a rebaptisé Belize.

 

Le George Price Day est un jour férié créé en 20221 au Belize, un petit pays d'Amérique centrale, pour honorer la mémoire d’un ancien Premier ministre, mort dix ans plus tôt et considéré comme le père de la nation.

Désormais, on fête donc son anniversaire. George Cadle Price est né le 15 janvier 1919 à Belize City, la capitale du Honduras britannique. Il a fait des études religieuses qui l’on conduit à Rome mais elles ont été interrompues par la Seconde guerre mondiale et il n’est pas devenu prêtre. À son retour au Honduras britannique, George Price a été le secrétaire de Robert Sidney Turton, un homme d'affaires local, puis s’est lancé en politique. En 1947, il a été élu au conseil municipal du Belize. En 1950, il participe à la formation du People's United Party (PUP), qui milite pour l'indépendance du Honduras britannique, et en devient le secrétaire adjoint, puis son chef en 1956.

En 1954, Price est élu député, puis maire de Belize City de 1956 à 1962. En 1961, Price il est nommé Premier ministre  de la colonie britannique. Immédiatement il entame des négociations en vue de l'indépendance du Honduras britannique qu’il mettra 20 ans à obtenir. Réélu en 1964, c’est lui qui mène son pays à l’indépendance (finalement obtenue en 1981) et le rebaptise Belize.

En 1984, le PUP a perdu les élections générales contre l’United Democratic Party (UDP) et George Price cède la direction du pays à Manuel Esquivel. Price a aussi perdu son siège à la Chambre des représentants ce qui l’empêche d’être élu chef officiel de l'opposition. Cependant, il est resté le leader du PUP, et il retrouve son siège à la Chambre lors des élections de 1989 ainsi que son poste de Premier ministre pour quatre ans, avant de perdre, à nouveau, les élections de 1993 au profit de son rival Esquivel. EN 1996, il quitte la tête du PUP mais est reste membre de la Chambre des représentants pendant sept ans de plus. En 2000, George Price est devenu la première personne à recevoir l'Ordre du héros national,  la plus haute distinction du Belize, pour reconnaître sa contribution à l'indépendance du Belize.

George Price est décédé le 19 septembre 2011, à l'âge de 92 ans. En tant que père de la nation, il a été honoré de funérailles nationales. En 2021, le gouvernement du Belize a fait du 15 janvier, jour anniversaire de la naissance de Price (George Price Day), un jour férié marqué par des cérémonies de dépôt de couronnes et d'autres événements commémoratifs en son honneur.

 
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1919, Malte, 7 juin, massacre Bruno Teissier 1919, Malte, 7 juin, massacre Bruno Teissier

7 juin : quand les Anglais tiraient sur des Maltais en colère

Le jour est férié à Malte en souvenir de ce jour de 1919 où les Anglais ont tiré dans la foule des manifestants qui protestaient contre l'occupation de leur pays : 4 morts, plusieurs dizaines de blessés.

 

Le jour est férié à Malte en souvenir de ce jour de 1919 où les Anglais ont tiré dans la foule des manifestants qui protestaient contre l'occupation de leur pays : 4 morts, plusieurs dizaines de blessés. Le jour est commémoré comme le Sette Giugno. Les cérémonies commémoratives se tiennent place Saint-Georges à La Valette.

Le 7 juin 1986, le monument Sette Giugno a été inauguré place Saint-Georges (Place du Palais). En 1989, le Parlement maltais a déclaré cette journée comme l'une des cinq journées nationales de l'île. Le premier souvenir officiel de cette journée a eu lieu le 7 juin 1989. Malte n'a obtenu son indépendance du Royaume-Uni qu'en 1964

Le 6 juin 2021, la célébration du Sette Giugno a été récupérée par des militants d’extrême droite. Des complotistes de plusieurs pays faisant référence à la lutte pour la liberté du Sette Giugno, se sont rassemblés à Balluta Bay, sur la côte nord-est de Malte, pour affirmer que le virus de la Covid-19 n’existait pas ! Les manifestants, dont beaucoup étaient intentionnellement vêtus de jaune, se sont réunis dans le cadre du mouvement international « Stand In The Park », qui plaide pour « l'unité, la liberté et la vérité » au milieu de la pandémie de Covid-19. On pouvait voir des gens tenant des parapluies jaunes et des pancartes avec le slogan du smiley jaune affirmant « Il qu’il n’y a pas de virus, il s'agit juste de contrôler les gens ». D'autres pancartes affirmaient que les masques étaient dangereux et inefficaces. La manifestation a été jugée indécente par la majorité des observateurs eu égard à la mémoire des Maltais qui ont lutté pour la liberté.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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19 mai : la Turquie célèbre Atatürk et sa guerre de libération

Chaque année le 19 mai, la Turquie célèbre Atatürk et fête sa jeunesse sportive. Cet anniversaire rappelle la date du 19 mai 1919, considère comme le début de la guerre de libération qui a conduit à la création de la Turquie actuelle.

 

Chaque année le 19 mai, la Turquie célèbre Atatürk et fête sa jeunesse sportive. Ce jour férié rappelle la date du 19 mai 1919, que l’historiographie officielle considère comme le début de la guerre de libération qui a conduit à la création de la Turquie actuelle dont les contours n’avaient rien d’évident à l’époque. Ce pays a été construit au détriment d’autres peuples : Arméniens, Grecs, Kurdes… et au prix de terribles massacres.

L’Empire ottoman, vaincu de la Première guerre mondiale, était en effet occupé par plusieurs puissances étrangères (Anglais, Français, Italiens…). À l’Ouest les Grecs avaient proclamé le rattachement de l’Asie mineure à la Grèce. À l’Est, une République d’Arménie existait depuis déjà un an. Les Kurdes réclamaient, eux aussi, un État… la Turquie était en train d’être complètement dépecée comme l’a été l’Empire austro-hongrois à la même époque. Ce qui restait du pays était en proie à une guerre civile qui opposait l’armée du sultan aux nationalistes. Un officier en rupture avec le pouvoir du sultan, Mustapha Kemal, s’embarque alors pour le port de Samsun, sur la mer Noire où il débarque le 19 mai, il entame la reconquête du territoire qui se terminera en 1922 par une terrible guerre qui se fera notamment au détriment des Grecs et des Arméniens. Les Européens laisseront se créer une Turquie puissante dans l’espoir qu’elle ferait barrage à une URSS devenue inquiétante, en lui offrant le traité de Lausanne (1923).

Cette journée du 19 mai est commémorée officiellement depuis 1938 sous le nom Journée de commémoration d’Atatürk, de la Jeunesse et des Sports (Atatürk’ü anma Gençlik ve Spor Bayramı) et des marches accompagnent sa célébration, connue sous le nom "marche de la jeunesse" (Gençlik marşı). Les principales célébrations ont lieu à Ankara, au mausolée d’Ataturk mais aussi à Samsun où des centaines de scouts et des milliers de personnes participent à une marche au flambeau après avoir rallumé la flamme de l’indépendance. Une cérémonie a également lieu devant le monument de la République à Taksim dans la ville d’Istanbul. C’est une de ces journées qui flatte le nationalisme turc et dont raffole Recep Tayyip Erdoğan, le despote turc qui se veut l’égal d’Atatürk.

Cette journée est dédiée à Mustapha Kemal, dit Atatürk, dont on fête aussi l’anniversaire. Il est né en 1881, mais on ne sait pas quel jour. Alors quoi de mieux que le 19 mai ? C’est ce jour-là, en 1919, qu’il est né, disait-il.

Le même jour, en Grèce, on commémore depuis 1994, la Journée du génocide grec (Γενοκτονία των Ελλήνων του Πόντου) en mémoire de la mort des quelque 350 000 Grecs pontiques massacrés par les Turcs, dans les années 1915 à 1923. Les Arméniens ont également été victimes d’un génocide orchestré par les autorités ottomanes. Ils le commémores chaque 24 avril.

 
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1919, Uruguay, vacances, 8 décembre Bruno Teissier 1919, Uruguay, vacances, 8 décembre Bruno Teissier

8 décembre : en Uruguay, la très officielle fête des plages ouvre la saison des bains de mer

En Uruguay, dans l’hémisphère sud, c’est la saison touristique estivale qui commence, elle se terminera à Pâques. Elle débute très officiellement chaque 8 décembre, avec la Fête des plages (Día de las Playas). Longtemps, la journée a été fériée, mais ce n’est plus le cas depuis quelques années.

 

En Uruguay, dans l’hémisphère sud, c’est la saison touristique estivale qui commence, elle se terminera à Pâques. Elle débute très officiellement chaque 8 décembre, avec la Fête des plages (Día de las Playas). Longtemps, la journée a été fériée, mais ce n’est plus le cas depuis quelques années.

Cette journée des plages est inscrite dans la constitution. En effet, en 1919, l’Uruguay a adopté un nouveau texte constitutionnel instaurant une séparation de l’Église et de l’État, plus stricte encore que la loi française de 1905 puisqu’elle prévoit un changement d’appellation des jours fériés d’origine religieuse. Ainsi, le 25 décembre demeure férié, mais est appelé Fête des familles ; le 6 janvier est désormais connu comme la Fête des enfants ; la semaine de Pâques est une période de congés dite Semaine du Tourisme... quant à l’Immaculée Conception, compte tenue de la saison, elle est devenue la Fête des plages.

En Amérique latine, l’Uruguay est une exception, l’Église catholique n’y a jamais eu le poids social qu’elle a dans le reste du continent. Cela dit, il ne faut pas croire que l’Église y soit totalement effacée, bien au contraire, elle a même réinvesti la sphère publique au cours des dernières décennies. Le 8 décembre, dans tout le pays, on inaugure très solennellement la saison balnéaire par une bénédiction des eaux à l’initiative des autorités catholiques. À Montevideo, vers 9 heures, une procession de fidèles conduite par l’évêque part de la cathédrale en direction de la plage où une cérémonie religieuse est organisée. En Uruguay, c’est ainsi que débute la saison des bains de mer.

Depuis quelques année, cette journée du 8 décembre est aussi l’occasion d’un grand nettoyage des 220 km de plage que compte le pays, sans compter le littoral de l’estuaire du fleuve Uruguay. Des centaines de bénévoles munis de gants en caoutchouc et de sacs en plastique passent la matinée à ramasser les déchets. Les municipalités de Montevideo et Punta del Este sont particulièrement bien organisées pour cette collecte encouragée par des ong à l’échelle mondiale. Dans certaines localités, le nettoyage se fait au cours du week-end précédant ou suivant le 8 décembre.

En Argentine, où le 8 décembre est toujours dédié à l’Immaculé Conception, la journée est toujours fériée et chômée, comme le 7 décembre offert cette année par le gouvernement. Pour ce pont de quatre jours, ce sera, on s’en doute, la ruée vers les plages.

 
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Punta del Este, la célèbre station balnéaire uruguayenne

Punta del Este, la célèbre station balnéaire uruguayenne

Une équipe de bénévoles pour le nettoyage des plagesPour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps. Vous pouvez le faire sur Tipeee

Une équipe de bénévoles pour le nettoyage des plages

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1919, Ukraine, 22 janvier Bruno Teissier 1919, Ukraine, 22 janvier Bruno Teissier

22 janvier : le jour de la « réunification » de l'Ukraine

Le 22 janvier n’est pas un jour férié, seulement un jour de célébration officielle et populaire, instauré en 1999 par le président Koutchma. Mais cette fête de la réunification (День Соборності) n’est pas sans ambiguïté, notamment parce qu’à la date de référence, la Crimée n’appartenait pas à l’Ukraine. 

 

Le 22 janvier n’est pas un jour férié, seulement un jour de célébration officielle et populaire, instauré en 1999 par le président Koutchma. Mais, ce Jour de la réunification (День Соборності) n’est pas sans ambiguïté, notamment parce qu’à la date de référence (1919), la Crimée n’appartenait pas à l’Ukraine. 

À Paris, chaque 22 janvier, la statue de Taras Chevtchenko, le grand poète national ukrainien, située dans le square Taras Chevtchenko, boulevard Saint-Germain dans le 6e arrondissement) fait elle l’objet d’un dépôt de gerbe.  

L’Ukraine fête chaque 22 janvier sa « réunification ». La célébration officielle s'est souvent déroulée ces dernières années, dans des conditions difficiles : en 2015, c'était une journée sanglante du conflit opposant Kiev à Moscou à propos du nord-est de l'Ukraine. Ce 22 janvier 2015, plusieurs dizaines de personnes, dont beaucoup de civils, perdaient la vie à l'occasion de la prise de l'aéroport de Donetsk par les forces russes. En 2014, de violentes manifestations antigouvernementales secouaient la capitale ukrainienne. Précédemment, en 2011, les partisans du président Viktor Yanukovich se rassemblaient sur la Place de l’Indépendance (Maidan Nezalezhnosti) et ceux de l’ex-premier ministre Yulia Tymoshenko sur la Place Sainte-Sophie... Les occasions de célébrer l’unité n’ont pas été si fréquentes ces dernières années. Même si les derniers 22 janvier ont été plus sereins.

La date du 22 janvier est dans l'esprit des Ukrainiens depuis longtemps. Déjà en 1990, alors que l'URSS était moribonde, une manifestation de masse spectaculaire avait étonné le monde entier. Pour favoriser son succès, elle s’était déroulée la veille, soit le 21 janvier qui tombait un dimanche. Ce jour-là plusieurs centaines de milliers de personnes s’étaient don- nées la main, formant une chaîne humaine de près de 500 km entre Kiev et Lviv (Lvov), en Ukraine orientale. Même si cette manifestation n'a pas concerné le Donbass (en Ukraine orien- tale), le symbole a fonctionné. Il s'agissait de montrer l'unité des Ukrainiens, au sein d'une URSS prête à éclater, en somme de préparer l'indépendance imminente (elle aura lieu en décembre 1991). 

Le 22 janvier fait référence aux années 1918 et 1919. À cette date, en 1918, était officiellement confirmée l'indépendance de l'Ukraine. Mais, la Journée de l’Unité commémore avant tout celle du 22 janvier 1919 qui vit, sur la place Sainte-Sophie de Kiev, les représentants de la République nationale ukrainienne (Укра- їнська Народня Республіка) et ceux de la République nationale ukrainienne de l’Ouest (Західно-Українська Народна Республика) signer l’Acte d’unification (Акт Злуки). Un acte symbolique qui finalement ne débouchera sur rien, les deux gouvernements continuant à fonctionner séparément. Le pays était en pleine guerre civile. L'Armée Rouge y affrontait les troupes tsaristes (les Blancs), mais aussi l'Armée nationaliste ukrainienne, dirigée par le très controversé Simon Petlioura. Pour compliquer le tout, les troupes de l’anarchiste Nestor Makhno tâchaient elle aussi d'élargir leur zone d'influence. Ce dernier s’allia aux communistes pour écraser les forces adverses. Finalement, c’est l'Armée Rouge qui l'emporta obligeant les dirigeants adverses à fuir en France, y compris Makhno. Le 10 mars 1919 était créée la République socialiste soviétique d'Ukraine qui existera jusqu’en août 1991. Les régions occidentales avaient été précédemment cédées à la Pologne et à la jeune Tchécoslovaquie (cessions opérées d’abord par Petlioura, puis confirmées par les communistes). En fait la Journée de l'Unité commémore plus une idée qu’une réalité, la république unie créée le 22 janvier 1919 n'a en fait jamais existé. 

La Galicie a été rattachée à la Pologne (jusqu’en 1939) et la Ruthénie transcarpatique à la Tchécoslovaquie. En 1939, à Hust, ville de cette région eut lieu une première commémoration de l’Union de 1919, le 22 janvier, par un rassemblement de quelque 30000 personnes. 

Aujourd’hui, le 22 janvier est surtout l’occasion de gestes patriotiques comme celui d’un rassemblement autour du monument dédié à Ivan Franko, à Lviv, un des grands écrivains natiotale) ou d'un dépôt de gerbe sur la tombe de Taras Chevtchenko, le grand poète romantique de langue ukrainienne, près de Kaniv, quelques km au sud de Kiev. Le premier avait vécu dans l'empire autrichien, le second dans l’Empire russe. Aucun des deux n'a connu une Ukraine indépendante. Ce n’est pas le cas de l'historien Mykhaïlo Hrouchevsky, figure majeure de la renaissance nationale ukrainienne, qui fut élu président de l'assemblée provisoire en 1917. Le 22 janvier 1918, il fait figure de dirigeant de la nouvelle entité ukrainienne, mais sera renversé trois mois plus tard. Sa tombe du cimetière Baikove de Kiev est fleurie chaque 22 janvier. 

Aujourd’hui que le Donbass est en partie en sécession (rébellion pilotée depuis Moscou) et que la Crimée a échappé à l'Ukraine, le 22 janvier apparaît comme une date ambiguë pour répondre aux problèmes du présent. En 1919, la Crimée n’appartenait pas à l'Ukraine. La péninsule ne lui sera rattachée qu’en 1954. 

Ce 22 janvier 2020, dans la plupart des régions de l'Ukraine, des précipitations sont attendues sous forme de pluie et de neige mouillée, Le vent du nord-ouest soufflera en rafales. Le temps n’est pas très propice à former des chaines humaines un peu partout dans le pays.

 
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Allemagne, 1919, Socialisme, Communisme, révolution Bruno Teissier Allemagne, 1919, Socialisme, Communisme, révolution Bruno Teissier

12 janvier : hommage à Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht

Comme chaque année, le dimanche qui précède l’anniversaire de l’assassinat de Rosa Luxemburg, plusieurs milliers de personnes, un œillet rouge à la main, se pressent dans le cimetière de Friedrichsfeldeen à Berlin, pour lui rendre hommage, ainsi qu’à Karl Liebknecht, l’autre socialiste révolutionnaire assassiné le même jour.

 

Comme chaque année, le dimanche qui précède l’anniversaire de l’assassinat de Rosa Luxemburg, plusieurs milliers de personnes, un œillet rouge à la main, se pressent dans le cimetière de Friedrichsfeldeen à Berlin (le cimetière socialiste), pour lui rendre hommage, ainsi qu’à Karl Liebknecht, l’autre socialiste révolutionnaire assassiné le même jour. Inutile de chercher un fleuriste, pendant plusieurs jours, des dizaines de vendeurs à la sauvette de cette fleur symbole des luttes ouvrières, attendent les militants dès la sortie de la station de métro Lichtenberg. La gauche française y envoie chaque année des représentants qui y rencontrent les Allemands de Die Linke, ainsi que d’autres membres de la gauche de la gauche en Europe.

Le matin du 15 janvier 1919, des miliciens d’extrême droite sont venus chercher Rosa Luxemburg à son domicile pour la conduire à l’hôtel Eden où elle doit être interrogée. En sortant de l’hôtel, ils l’ont assommé d’un coup de crosse de fusil et embarqué. Dans la voiture, l’un des hommes lui a tiré une balle dans la tête. Son corps est jeté au fond du Landwehrkanal. Il ne sera retrouvé que quatre mois plus tard.

La RDA a disparu avec la chute du mur de Berlin, pas les célébrations qui y étaient organisées, notamment la coutume de déposer des fleurs au Mémorial du socialisme de Friedrichsfeldeen (Berlin) en l’honneur de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht assassinés par des miliciens d’extrême-droite, le 15 janvier 1919, alors qu’ils tentaient d’instaurer une république soviétique allemande.

Le cimetière central de Friedrichsfelde est situé Gudrunstraße 20, 10365  Berlin - site internet -

Si vous avez raté le grand rassemblement de ce dimanche, rendez-vous le 15 janvier, à 18 heures, place Olof Palm, pour une procession jusqu’au mémorial de Tiergarten.

 
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1919, Mexique, 10 avril, révolution Bruno Teissier 1919, Mexique, 10 avril, révolution Bruno Teissier

10 avril : viva Zapata ! Le Mexique rend hommage à son héros

Il y a 100 ans, l’un des héros de la révolution mexicaine était assassiné : Emiliano Zapata. Il s’est juste battu toute sa vie pour que les terres confisquées par les grands propriétaires soient restituées aux petits paysans, de sa région d’origine, le Morelos. S’il est toujours un héros révolutionnaire, le Mexique en a fait un mythe.

 

Il y a 100 ans, l’un des héros de la révolution mexicaine était assassiné : Emiliano Zapata. Le 10 avril 1919, celui-ci tombait dans un piège tendu par un tueur à gages mandaté par le président Carrenza. Il fut abattu à bout portant et son cadavre exhibé à Cuautla petite localité de l’État du Morelos.  On raconte que son cheval blanc a réussi à s'échapper, qu’il court encore dans les montagnes où les paysans l'aperçoivent parfois.

Zapata n’a pas lutté pour de grands idéaux révolutionnaires, mais il s’est battu toute sa vie pour que les terres confisquées par les grands propriétaires soient restituées aux petits paysans, les péones, de sa région d’origine, le Morelos. Lui-même était fils de petits propriétaires d’origine indienne. Aujourd’hui, il continue de symboliser la lutte des paysans mexicains.

Bien après sa mort, les gouvernements ont construit un mythe, un Zapata dont l’image a été totalement lissée effaçant les différences qu'il avait avec Madero et même Carranza, le commanditaire de son assassinat. Chaque 10 avril le Mexique officiel mets tous les drapeaux en berne en hommage au grand homme. En 1979, le président José López Portillo avait même tenté d'exhumer ses restes et de les faire déposer au monument à la Révolution à Mexico. Mais, il en a été empêché par la famille.

Le combat d’Emiliano Zapata n’a pas été vain, la constitution mexicaine de 1917 porte sa marque dans l'article 27 relatif à la réforme agraire. Même si, en 1993, le gouvernement de Carlos Salinas de Gortari a vidé de son sens cet article fondamental en matière agraire. Pas étonnant alors que le 1er janvier 1994, au cri de « ¡Ya Basta ! », surgisse dans le Chiapas, un nouveau mouvement, l’EZLN (Ejército Zapatista de Liberación Nacional), se référant au Zapata des origines. Ce mouvement néo zapatiste, personnalisé par la figure, devenue elle aussi mythique, du sous-comandant Marcos, le révolutionnaire au passe-montagne, a montré que le problème de la répartitions des terres et des richesses au Mexique demeurait un sujet brûlant et que le combat de Zapata restait d’actualité. Aujourd’hui, les Zapatistes du Chiapas sont toujours actifs même si la presse internationale les a un peu oubliés.

Depuis le 1er décembre 2018, le Mexique a, pour la première fois, un président de gauche, Andrés Manuel López Obrador, dit AMLO, qui entend bien honorer, lui aussi, la figure de Zapata. 

L’année 2019 a été placée par l’assemblée des députés sous le patronage de saint Zapata.  Il y aura des médailles commémoratives émises par la Banque du Mexique, une expo de photo dans le métro de Mexico à la station « Zapata », une billet de la loterie nationale à son nom, une série télévise raconte sa vie au grand public… Un colloque réunira des experts les 8 et 9 avril à Cuautla, la ville où il repose. Le mythe n’a pas fini d’être exploité.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 avril 2019

 
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1919, Corée du Sud, Japon, indépendance Bruno Teissier 1919, Corée du Sud, Japon, indépendance Bruno Teissier

1er mars : il y a 100 ans, la Corée se soulevait contre l'occupant japonais

Le Jour du Mouvement d'Indépendance une commémoration annuelle, mais cette année le centenaire du mouvement de protestation contre la colonisation japonaise, le 1er mars 1919, lui donne une dimension particulière. Ce premier jour du combat coréen pour l’indépendance avait provoqué une réponse violente de la police japonaise et de nombreux morts.

 

Le Jour du Mouvement d'indépendance 삼일절 (Samiljeol) est un jour férié et une commémoration annuelle, mais cette année le centenaire du mouvement de protestation contre la colonisation japonaise, le 1er mars 1919 lui donne une dimension particulière. Ce premier jour du combat coréen pour l’indépendance a provoqué une réponse violente de la police japonaise et de nombreux morts. Ce n’était qu’un début car le Japon qui occupait la péninsule e Corée depuis 1910, ne quittera le pays qu’en 1945.

Cette journée sera notamment l’occasion d’honorer Ryu Gwansun (ou Yoo Kwan-Sun), cette jeune fille de 18 ans dont les parents ont été, tous les deux, tués le 1er mars 1919 et qui fut à son tour torturée et assassinée par les Japonais, en 1920. Elle avait 18 ans.

Comme à chaque 1er mars, la question des femmes dites « de réconfort » (une manière de parler des femmes exploitées sexuellement par les militaires nippons pendant la seconde guerre mondiale) va également être mis en avant, comme les différends territoriaux et les réparations de guerre liées au travail forcé de Coréens pour des entreprises japonaises. Les deux Corées affirment que les manuels scolaires japonais dissimulent le passé impérial de Tokyo. En cette période de regain du nationalisme japonais, il lui sera expressément demandé de ne pas toucher à l’article 9 de sa constitution qui lui interdit la guerre. Cette fête officielle ne manquera pas non plus d’être vue comme une opportunité pour l'unité coréenne.

Chaque année, une reconstitution des évènements est organisée dans les rues de Séoul avec des figurants jouant le rôle des soldats japonais et des manifestants se faisant massacrer.

Mise à jour 2023 : Profitant de l’anniversaire du 1er mars, le président conservateur sud-coréen, Yoon Seok-youl a présenté le Japon comme étant « passé du rang d’agresseur militariste à celui de partenaire qui partage les mêmes valeurs universelles que nous ». Cette déclaration tranche avec le positionnement de son prédécesseur, le progressiste Moon Jae-in (2017-2022) qui profitait de la journée du 1er mars pour glorifier le mouvement de résistance de 1919 et de soutenir les revendications mémorielles et les demandes de réparations de guerre. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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