L’Almanach international

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Japon, Bouddhisme, 8 avril Bruno Teissier Japon, Bouddhisme, 8 avril Bruno Teissier

8 avril : l’anniversaire du Bouddha, la fête des fleurs des Japonais

Les Japonais célèbrent Hana Matsuri, la fête des fleurs, consacrée à l'anniversaire de Bouddha qui a lieu au moment des cerisiers en fleurs.

 

Les Japonais célèbrent Hana Matsuri (花祭り), la fête des fleurs, dédiée à l'anniversaire de Bouddha qui a lieu au moment des cerisiers en fleurs.

Cette fête, l’anniversaire de Bouddha n'existe que dans l’une des branches du Bouddhisme, le Mahayana, d’où découle notamment le Bouddhisme zen du Japon et d’autres dans divers pays qui suivent différents calendriers. Le Japon a adopté le calendrier grégorien en 1873. Mais, c’est surtout depuis 1945 que dans la plupart des temples japonais, l'anniversaire de Bouddha est célébré le 8 avril. Ce qui fait de Hana Matsuri, une fête proprement japonaise. Traditionnellement, elle était fêtée le 8e jour du 4e mois du calendrier lunaire. À Okinawa, notamment, on a conservé la date traditionnelle qui, cette année, tombe le 15 mai.

Ce jour-là, des autels spéciaux sont érigés dans les temples bouddhistes au Japon. Les temples sont décorés de fleurs et une statue d'un bouddha nouveau-né y est installée. Les Japonais versent de l'ama-cha (un thé sucré préparé à partir d'une variété d'hortensias) sur une petite statue de Bouddha. Les fleurs utilisées pour la décoration de l'autel sont le symbole de Lumbini, le lieu de naissance de Bouddha. Et verser du thé sur la statue symbolise le bain du nouveau-né. Ce qui fait que cette fête est aussi appelée Kanbutsue (灌仏会).

Dans beaucoup de temples, les enfants sont au centre de la fête. Des processions festives ont lieu dans les grandes villes du Japon. Dans certaines régions, les gens portent des palanquins décorés de fleurs contenant une statue miniature de Bouddha-enfant à l'intérieur. Les rues sont décorées de lanternes en papier blanc peintes de caractères noirs et rouges.

Dans le reste de l’Asie, la naissance du Bouddha (Vesak), sera dans la plupart des pays fêtée le 8 mai, mais certains vont la célébrer le 6 mai, d’autres le 16 mai (date retenue par les Nations unies). Contrairement à plusieurs pays de la région, cette fête n’est pas fériée au Japon.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 avril 2024

 
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1905, Japon, Corée du Sud, 22 février Bruno Teissier 1905, Japon, Corée du Sud, 22 février Bruno Teissier

22 février : journée patriotique locale pour quelques îlots inhabités

La préfecture japonaise de Shimane marque chaque 22 février une Journée de Takeshima, manifestation patriotique pour affirmer le caractère japonais des îlots occupés par les Coréens. Ce qui fait un contentieux de plus entre les deux pays dont la mémoire est chargée de ressentiments réciproques.

 

Il s’agit de deux gros îlots et de quelques dizaines de rochers quasiment inhabités (parfois quelques pêcheurs coréens y séjournent). Ils sont connus internationalement sous le nom de rochers de Liancourt, du nom d’un baleinier français qui aurait « découvert » ces îles en 1849. Cette toponymie permet d’éviter de trancher entre le nom coréen de Dokdo (독도/獨島) et l’appellation japonaise, Takeshima (竹島). Car ces îles sont revendiquées par chacun des deux pays comme appartenant à leur zone économique exclusive.

Le 22 février 1905, le gouvernement japonais a incorporé les rochers de Liancourt à la préfecture de Shimane, affirmant que ces îles inhabitées n'avaient jamais été occupées par un pays étranger et devaient donc être traitées comme terra nullius (« terre de personne ») en vertu du droit international. Mais très vite la question de la souveraineté de ces îles ne se pose plus car le Japon annexe la Corée en 1910. Lorsque la Corée retrouve sa souveraineté, le conflit territorial a recommencé. Dans les premières versions du Traité de San Francisco entre le Japon et les puissances alliées, les rochers de Liancourt sont désignés comme faisant partie de la Corée. Mais la version finale du document laisse leur statut indéfini. La Corée du Sud, libérée du joug japonais, a aussitôt revendiqué les îlots et a rejeté la proposition du Japon de résoudre le différend devant la Cour internationale de Justice. En 1954, la Corée du Sud prend administrativement le contrôle des îles, en y installant un contingent permanent de gardes-côtes.

En référence à la décision de 1905, la préfecture japonaise de Shimane marque chaque 22 février une Journée de Takeshima (竹島の日), manifestation patriotique pour affirmer le caractère japonais de ces îlots. En réponse, des groupes de citoyens coréens organisent ce jour-là des manifestations devant les ambassades du Japon pour protester contre cette fête locale.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 février 2024

 
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Fêtes traditionnelles, Japon Bruno Teissier Fêtes traditionnelles, Japon Bruno Teissier

8 janvier : le jour où les Japonais deviennent adultes

Le passage symbolique des Japonais à l’âge adulte est une affaire qui concerne le pays tout entier puisque ce jour est férié au Japon. Les jeunes ayant 20 ans dans l’année sont invités par la mairie à une grande cérémonie… Depuis 2022, ils sont toutefois majeurs dès 18 ans, mais avec quelques restrictions…

 

Les Japonais sont parmi les derniers à devenir totalement adultes. Depuis 2022, la majorité leur est accordée à l’âge de 18 ans, contre 20 ans auparavant. Mais boire de l’alcool et de fumer leur reste interdit jusqu’à 20 ans, tout comme la possibilité à participer à des jeux d’argent et des paris légaux.

D’ailleurs, leur passage symbolique à l’âge adulte se fait toujours à l’âge de 20 ans. Depuis 1876, c’est une affaire qui concerne le pays tout entier puisque ce 8 janvier est férié au Japon, comme chaque premier lundi de l’’année.

Les jeunes ayant 20 ans dans l’année sont invités par la mairie à une grande cérémonie. Dans les grandes villes, ces rassemblements peuvent réunir plusieurs milliers de jeunes gens. Le stade est alors nécessaire, s’il est couvert car il peut faire très froid à cette saison, ou le palais des congrès. Pas de problème pour répondre présent, la journée est chômée. Elle commence par une visite au temple, avant un repas en famille ou entre copain(e)s. Le cérémonial de ce rite initiatique est inchangé depuis des décennies.

Les filles portent de magnifiques kimonos, loués pour l’occasion, le forfait comprend aussi la séance de maquillage et de coiffure. Les garçons, eux, sont presque toujours habillés d’un costume à l’occidentale, strict et sombre cela va de soi. À partir de 20 ans les jeunes Japonais peuvent boire de l’alcool... mais la sagesse reste de mise en cette journée très particulière appelée Seijin no Hi ( 成人の日 ).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 janvier 2024

 
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Japon Bruno Teissier Japon Bruno Teissier

18 septembre : le Japon honore ses doyens

C'est un jour férié au Japon, en l'honneur des personnes âgées. Le Japon est le pays du monde, en concurrence avec l'Italie, où ils sont proportionnellement les plus nombreux.

 

C'est jour férié au Japon, en l'honneur des personnes âgées (敬老の日, Keiro no hi). C’est le pays du monde où ils sont proportionnellement les plus nombreux. L’archipel a une longue tradition de respect des anciens et chacun d’eux reçoit aujourd’hui une lettre du Premier ministre et les centenaires, une coupe en argent. Un cadeau qui coûte chaque année de plus en plus cher au pays, ces derniers étant aujourd’hui plus de 90 000. Les plus de 80% représentent déjà plus 10% de la population japonaise.

La population vieillissant (avec un indice de fécondité de 1,4 enfant par femme et près de 30 % de personnes de plus de 65 ans), le système de retraite pèse de plus en plus sur les actifs qui, eux, sont de moins en moins nombreux (les séniors seront près de 40% en 2050 !). Cela dit, la société japonaise rechigne à envoyer ses anciens en maison de retraite et il n’est pas rare de voir, aujourd’hui encore, trois ou quatre générations vivre sous le même toit même si le modèle occidental d’atomisation de la société semble prendre le pas puisque plus de 4 millions de Japonais âgés vivent désormais seuls, souvent totalement isolés. Cette prise de conscience annuelle, chaque troisième lundi de septembre, semble toutefois ne pas infléchir la situation du pays, aujourd’hui le plus vieux du monde (en concurrence avec l’Italie et la Finlande).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Japon, 9 septembre Bruno Teissier Japon, 9 septembre Bruno Teissier

9 septembre : le Jour du Chrysanthème au Japon

La fête du chrysanthème est aussi connue sous le nom de fête du Double neuf (le neuvième jour du neuvième mois). C’est la cinquième fête traditionnelle de l’année au Japon, celle qui marque le début de l’automne.

 

Même si cela n’a rien d’officiel, le chrysanthème est partout au Japon, il symbolise le pays. L’empereur occupe le « trône du chrysanthème ». L’Ordre du Chrysanthème est un peu la Légion d’honneur japonaise. La fleur emblème du Japon figure sur les passeports japonais… Cette fleur, symbole solaire, et son culte sont d’origine chinoise où la fête est connue sous le nom de fête du Double neuf (le neuvième jour du neuvième mois lunaire). Quand le Japon a adopté le calendrier grégorien, la Kiku no sekku (菊 の 節 句) a été très naturellement placée le 9 septembre.

C’est la cinquième fête traditionnelle de l’année au Japon, celle qui marque le début de l’automne. Les cinq fêtes saisonnières sont  le Jour de l’An (1/1) ; Hina Matsuri (le 3/3), Kodomo No Hi (le 5/5) ; Tanabata (le 7/7) et  Kiku no Sekku (le 9/9).

La Journée du chrysanthème est célébrée en buvant du saké de chrysanthème saupoudré de pétales de chrysanthème et en mangeant des plats tels que le kuri-gohan (riz aux châtaignes) et le kuri-mochi (châtaignes au riz gluant).

Connus sous le nom de kiku (菊) au Japon, les chrysanthèmes sont alternativement appelés « okinagusa » et « chiyomigusa », des noms associés à la longévité. Comme ce sont des fleurs de bon augure, les chrysanthèmes apparaissent souvent comme motif sur les poteries, des assiettes… 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1923, Japon, 1er septembre, séisme Bruno Teissier 1923, Japon, 1er septembre, séisme Bruno Teissier

1er septembre : le Japon face aux catastrophes

Il y a 100 ans, jour pour jour, un terrible séisme détruisait la région de Tokyo. En ce jour anniversaire, le Japon marque aujourd’hui la “Journée de prévention des désastres”. On entre ces jours-ci dans la saison des typhons qui durent jusqu’en octobre, et il s’agit de sensibiliser la population en cette période de dérèglement climatique.

 

Chaque 1er septembre, le Japon marque la très officielle Journée de prévention des désastres (防災の日). On entre, en effet, ces jours-ci dans la saison des typhons qui durent jusqu’en octobre, et il s’agit de sensibiliser la population. L’archipel nippon est particulièrement exposé aux catastrophes naturelles, comme les séismes, tsunamis, typhons et éruptions volcaniques. Presque 20 % des séismes de grande ampleur (magnitude 6 et plus) qui secouent la planète se produisent au Japon.

Le 1er septembre est aussi l’anniversaire du séisme qui a dévasté le Kantô, la région de Tokyo, en 1923 (magnitude 7,9 ; 400 000 morts). Ce jour anniversaire est l’occasion, chaque année, de faire des exercices d’évacuation, d’inspecter les lieux désignés comme abris en cas de catastrophe, de renouveler les stocks de nourriture, d’apprendre les gestes qui sauvent... Malgré tout, peu de personnes sont préparées à réagir vite en cas de catastrophe. La lenteur des secours lors du séisme de Koné (6000 morts en 1995), comme lors de celui du 11 mars 2011 (magnitude 8,9 ; 20 000 morts), a montré que les modes de prévention étaient continuellement à repenser, notamment en matière de sécurité nucléaire.  Le désastre de Fukushima en est un exemple dramatique.

La mascotte de la journée est un poisson-chat (namazu en japonais). Ceux-ci sont censés être très sensibles aux séismes. Selon la tradition, l'archipel nippon se trouverait sur le dos d'un poisson-chat  géant (Ô-namazu), ce qui expliquerait la fréquence des séismes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Unpo Takashima : Le Grand Tremblement de terre du Kanto (détail, 1925)

Unpo Takashima : Le Grand Tremblement de terre du Kanto (détail, 1925)

L’équipement nécéssaire pour affronter les catastrophes

L’équipement nécéssaire pour affronter les catastrophes

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1905, Japon, Batailles navales, 27 mai Bruno Teissier 1905, Japon, Batailles navales, 27 mai Bruno Teissier

27 mai : la bataille de Tsushima, gloire navale du Japon

Cette victoire navale japonaise avait eu un grand retentissement en 1905, c’était la première fois qu’une flotte européenne, celle de la Russie, était détruite par une puissance non européenne. Le 27 mai n’est plus férié au Japon, mais une cérémonie a lieu chaque année à bord du navire commémoratif, amarré dans un port militaire. Avec la montée des tensions dans la région, la mémoire de la bataille de Tsushima prend aujourd’hui une dimension particulière.

 

Ce jour férié commémorant la bataille navale de Tsushima a été aboli en 1945 comme tous les symboles du militarisme japonais, mais les autorités n’ont jamais cessé de célébrer chaque 27 mai cette victoire navale de 1905. Une victoire navale qui avait eu un grand retentissement à l’époque, c’était la première fois qu’une flotte européenne était détruite par une puissance non européenne. Cette défaite russe majeure dans la guerre qui l’opposait au Japon avait, à l’époque, bien écorné l’idée que l’on se faisait de la puissance de l’Empire russe. Il faut noter que le Japon était alors soutenu par les États-Unis et équipé par de matériel moderne fourni par les Anglais, soucieux d’affaiblir la Russie alors alliée des Français. Néanmoins cette victoire d’Asiatique sur des Européens avait profondément marqué les esprits à l’époque.

Cette Journée commémorative de la marine (海軍記念日 — Kaigun Kinen'bi) avait été instituée en 1939 dans le cadre de la propagande militariste nippone. On comprend que les Américains aient imposé la suppression ce jour férié en 1945. Mais, la cérémonie d’hommage à l’amiral Heihachiro Togo, souvent décrit par les journalistes comme le « Nelson de l'Orient », le vainqueur de Tsushima n’a jamais cessé. Il est vrai que cette bataille de 1905 était à l’époque la plus fameuse depuis celle de Trafalgar, le 21 octobre 1905. Depuis quelques années, avec la montée des tensions dans la région et l’affirmation d’un militarisme chinois, la mémoire de Tsushima prend une dimension particulière.

Les cérémonies se déroulent à quai et à bord du navire commémoratif, le Mikasa amarré dans la ville de Yokosuka, située sur la côte Pacifique, au centre du Japon. La ville abritait une base navale et un chantier naval de la Marine impériale. C’est aujourd’hui, l’un des plus grands ports militaires du Japon, partagé entre l'US Navy et la branche navale des Forces d'autodéfense japonaises.

La marine impériale japonaise fut la troisième plus grande marine au monde en 1920, et sans doute la plus moderne au début de la Seconde Guerre mondiale. Elle reste l'une des premières marines au monde en termes de budget, même si elle se voit refuser tout rôle offensif par la Constitution et l'opinion publique de la nation. Mais, cette dernière évolue…

La bataille de Tsushima (Цусимское сражение, en russe), connue sous le nom de bataille navale de la mer du Japon (日本海海戦 — Nihonkai-Kaisen) au Japon, a eu lieu les 27 et 28 mai 1905 (14 et 15 mai dans le calendrier julien alors en usage en Russie) dans le détroit de Tsushima entre la Corée et le sud du Japon. Dans cette bataille, la flotte japonaise dirigée par l'amiral Tōgō Heihachirō a détruit les deux tiers de la flotte russe, menée par l'amiral Zinovy Rozhestvensky, qui avait parcouru plus de 18 000 milles marins (33 000 km) pour atteindre l'Extrême-Orient. La bataille était également la première fois que la télégraphie sans fil était utilisée dans un combat naval. Elle révéla au monde l’émergence d’une puissance japonaise et, déjà, le déclin de celle de la Russie.

Chaque 27 mai, une cérémonie se déroule également au sanctuaire Tōgō-jinja (東郷神社), consacré à l'amiral Tōgō Heihachirō. Il se trouve à Harajuku, un quartier de Tokyo.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

La statue de l’amiral Tōgō Heihachirō, devant le navire commémoratif

Bières à la gloire de l’amiral Tōgō Heihachirō

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1952, Japon, indépendance, 28 avril Bruno Teissier 1952, Japon, indépendance, 28 avril Bruno Teissier

28 avril : le Japon célèbre sa souveraineté retrouvée, une manifestation controversée

Cette célébration de l’anniversaire du traité de San Francisco qui mettait fin, le 28 avril 1952, à l’occupation américaine du Japon, ne fait pas l’unanimité. Les plus nationalistes réclament un vrai jour férié, d’autres déplorent que le Japon cultive encore une nostalgie d’avant-guerre. Enfin à Okinawa, on voit dans cette célébration une véritable humiliation.

 

C’est une célébration récente, instaurée 2013 par le très nationaliste Shinzo Abe à l’occasion du 50e anniversaire du traité de San Francisco qui mettait fin à l’occupation américaine du Japon. Celui-ci a été signé le 8 septembre 1951 mais il est entré en vigueur le 28 avril 1952. En 2013, comme il en avait fait la promesse électorale, le premier ministre Shinzo Abe avait organisé une fête au Kensei Kinenkan Hall de Tokyo, en présence de l’empereur Akihito et de plusieurs centaines d’invités. Depuis, le Jour de la restauration de la souveraineté (主権回復の日) est observé chaque année. En 2023, on le célèbre pour la dixième fois.

L’empereur Hiroito s’était demandé s’il devait inclure des mots exprimant le remord dans son discours  du 3 mai 1953. Il avait préparé un projet et l’avait envoyé au Premier ministre Yoshida Shigeru. Ce dernier a ordonné la suppression de l’expression « regret extrême d’avoir provoqué une insécurité et des difficultés sans précédent », un choix que Hirohito a finalement accepté malgré son mécontentement. Ainsi le Japon a pu recouvrer son indépendance en évitant de faire mention de sa responsabilité dans la guerre. Un demi-siècle après, cette posture sera aussi celle de Shinzo Abe. Ce dernier a marqué la scène politique du début du XXIe siècle. Il appartenait à l’aile droite et nationaliste du PJD, le parti conservateur. Ce courant politique prône la création d’un jour férié pour célébrer le 4-28. Une marche dans différentes villes du pays le réclame chaque 28 avril.

Inversement, cette célébration n’est pas du goût de tous, beaucoup de Japonais sont conscients que ces six années d’occupation ont, en grande partie, établi les modèles politiques, économiques, sociaux, juridiques, éducatifs et culturels du Japon moderne. Si le régime impérial et autoritaire n’avait pas été abattu, si l’archipel n’avait pas été occupé par les vainqueurs, le Japon n’aurait sans doute pas évolué de la même manière. En opposition avec la pensée nationaliste d’une partie de la classe politique, certains voient très favorablement l’effondrement de 1945 et place même cet accident de l’histoire dans la continuité de la révolution de Meiji qui a ouvert le Japon sur l’Occident.

Cette célébration du 28 avril est encore plus mal vécue à Okinawa où la population la voit comme la Journée de l’humiliation (4-28 屈辱の日), car le traité rétablissait officiellement l'indépendance du Japon, laissait les îles Ryukyu sous occupation des États-Unis jusqu'en 1972. Plus encore, les bases américaines de l’archipel japonais se sont concentrées sur Okinawa, qui a vécu  pendant 27 ans sous un régime d’exception, à l’origine de violations des droits de l’homme. Aujourd’hui, la gigantesque base américaine existe toujours en dépit des protestations des habitants. Chaque année, le 28 avril, des manifestations ont lieu devant le siège de la préfecture et une vingtaine de bateaux du village de Kunigami et de l'île de Yoron se rassemblent en mer sur le 27e parallèle de latitude nord, qui symbolise l'isolement entre Okinawa et le reste du Japon durant cette période où Okinawa était sous l'administration de l'armée américaine.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

La Marche Hinomaru à Nagasaki réclamant la création d’un jour férié et chômé le 28 avril

Manifestation à Okinawa contre la célébration du 28 avril

Manifestation en mer, sur le 27e parallèle, le 28 avril 2022

Un résident de la préfecture d'Okinawa (arrière) et un résident de l'île de Yoron se saluent sur la mer entre l'île de Yoron dans la préfecture de Kagoshima, là où se situait à partir du 28 avril 1952, une frontière avec la préfecture d'Okinawa. (Photo de Shinnosuke)

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écritures, Japon, Langues, 12 décembre Bruno Teissier écritures, Japon, Langues, 12 décembre Bruno Teissier

12 décembre : au japon, on dévoile le kanji de l’année

Chaque 12 décembre, au Japon, on publie le kanji (signe de l’écriture japonaise) de l’année. Celui-ci est choisi par un scrutin national dont le résultat est dévoilé, aujourd’hui, de manière solennelle dans un temple de Kyoto. Une manière comme une autre de saisir l’humeur de l’opinion japonaise.

 

Chaque 12 décembre, au Japon, c’est le Jour du kanji (漢字の日).  Les kanjis sont des signes provenant de caractères chinois qui servent à écrire une partie de la langue japonaise. L’association chargée de leur promotion (日本漢字能力検定協会), a eu l’idée en 1995 de proposer un kanji de l’année (今年の漢字) qui est choisi par un scrutin national dont le résultat est dévoilé de manière solennelle au Kiyomizu-dera, un temple bouddhiste de Kyoto, le 12 décembre de chaque année.

Le caractère choisi de manière émotionnelle reflète généralement la principale émotion du moment. En 1995 le kanji qui a obtenu le plus de votes était shin (震 ) qui signifie tremblement de terre, en  mémoire du séisme de Kobe, qui s'est produit le 17 janvier 1995. L’année suivant, le symbole choisi évoquait la nourriture (食 ), il faisait allusion à un scandale d’intoxication alimentaire affectant les programmes de repas scolaires. En 1997, c’était l’idée d’effondrement ( 倒 ), le Japon étant touché par la crise financière asiatique… En 2001, le kanji de l’année évoquait la guerre (celle du 11-Septembre  et de l’Afghanistan), l’année suivante, il est question de « retour » ( 帰 ) : en 2002, cinq citoyens japonais enlevés par la Corée du Nord avaient pu revenir au Japon. En 2003, ce fut « tigre » ( 虎 ), les Japonais considérant que leur participation, même symboliquement, à la coalition américaine envahissant l’Irak revenait à « marcher sur la queue d'un tigre » (虎の尾を踏む)… En 2015, le terme de sécurité (安) évoque  un attentat au sanctuaire de Yasukuni ainsi que les attaques terroristes à Paris. L’an dernier, en 2021, c’était le métal, l’argent, l’or ( 金 )… en référence aux JO de Tokyo qui se sont déroulés en juillet. Cette manifestation devenue populaire est une manière comme une autre de saisir l’humeur du moment au Japon.

Certains kanjis sont des versions simplifiées du hànzì chinois correspondant. Mais, il existe aussi des kanjis purement japonais qui n'ont pas d'équivalent en chinois. Il existe plus de 50 000 caractères kanji en japonais, mais en réalité, seuls 2 000 à 3 000 caractères sont couramment utilisés.

Mise à jour 13 décembre 2022 : C’est à nouveau le caractère 戦 (ikusa) qui a été sélectionné pour l’année 2022. Le caractère se lit aussi sen ou tatakau et représente le conflit, la bataille ou la guerre.  Il évoque, bien sûr, la guerre en Ukraine mais aussi la lutte contre l’inflation qui a touché le Japon comme le reste du monde. Ce kanji avait déjà été sélectionné en 2001.  Le deuxième choix des Japonais était le caractère 安 (san) qui évoque la sécurité, la paix, mais aussi “quelque chose de bon marché”, en référence sans doute à la chute historique yen.

En 2023 : c’est 税 : « les impôts ». En écho aux discussions sur les augmentations d'impôts qui ont eu lieu tout au long de cette année au Japon. En deuxième position est arrivé 暑 « chaud », évoquant le fait que la température estivale moyenne a été en 2023 la plus élevée depuis que l'Agence météorologique japonaise a commencé à tenir des statistiques. Et en troisième position, comme l’an dernier, 戦 « la guerre ».

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 décembre 2022

 

L’édition 2021

Des pronostics pour 2022

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Japon, fête du travail Bruno Teissier Japon, fête du travail Bruno Teissier

23 novembre : la fête du travail à la japonaise

Ici pas de défilé des différentes centrales syndicales, le jour est férié, mais les magasins sont ouverts. La fête du travail à la japonaise est une sorte de Thanksgiving permettant de dire merci à son patron et non de lui réclamer quoi que ce soit.

 

Ici pas de défilé des différentes centrales syndicales, le jour est férié, mais les magasins sont ouverts. Dès 1920, les ouvriers des grandes villes avaient pourtant organisé des 1er mai revendicatifs, qui ont vite été interdits. Aujourd’hui la tradition du 1er mai reste très confidentielle et le fait d’organisation d’extrême gauche.

Quand, en 1948, une fête du travail (勤労感謝の日) a été officiellement instaurée au Japon, elle a été placée par le 23 novembre, pour remplacer un vieux rite du culte shintô, le Niinamesai, une fête consacrée aux récoltes. Cette célébration du riz et des travailleurs du riz étaient destinée à remercier les dieux de garantir la prospérité du pays avant l’hiver.

Aujourd’hui, l’esprit est un peu le même, la journée débute par des cérémonies dans les temples, elle met les travailleurs à l’honneur en les remerciant de participer à la prospérité du pays, difficile dans ce contexte de mettre en avant les revendications syndicales, qui pourtant ne sont pas absentes des préoccupations des salariés japonais. Mais, ce n’est vraiment pas le jour de les exprimer.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 novembre 2022

 
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1964, Japon, sport Bruno Teissier 1964, Japon, sport Bruno Teissier

10 octobre : la Journée du sport au Japon

Cette date avait été choisie pour commémorer l'ouverture des Jeux olympiques d'été de 1964 à Tokyo qui ont débuté le 10 octobre 1964. Une date très tardive pour éviter l'humidité et la chaleur estivales et la saison des typhons qui sévissent en septembre.

 

Ce jour férié a été créé en 1966 pour promouvoir le sport et un mode de vie sain. La date originale de la fête était le 10 octobre, mais en 2000, elle a été déplacée au deuxième lundi d’octobre pour créer un long week-end. C’est un hasard si cette année, la fête tombe le 10 octobre.

Cette date avait été choisie pour commémorer l'ouverture des Jeux olympiques d'été de 1964 à Tokyo qui ont débuté le 10 octobre 1964. Une date très tardive pour éviter l'humidité et la chaleur estivales et la saison des typhons qui sévissent en septembre. En fait, une telle journée existait avant ces jeux olympiques, et s’appelait au départ le Supo-tsu no hi (スポーツの日). Ce n’était pas un jour férié car il avait été placé le 1er samedi du mois d’octobre.

La Journée japonaise de la santé et du sport, également appelée simplement Journée du sport (Taiiku no hi, スポーツの日) depuis 2016. Traditionnellement, les parents assistent aux concours sportifs appelés Undoukai (うんどうかい) de leurs enfants organisées par les écoles.. Les activités les plus populaires comprennent les épreuves d'athlétisme (courses et relais), le tir à la corde et le kiba-sen (une variante de terrain du combat de poulets). La célébration de la Journée du sport ressemble à une mini-olympiade. Elle débute le matin par un défilé haut en couleur mettant en scène tous les participants et parfois une fanfare. Les compétitions durent toute la journée (avec une pause déjeuner). Dans la soirée, la cérémonie de remise des prix a lieu. Les gagnants reçoivent généralement de petits prix, généralement quelque chose d'utile pour le ménage.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Japon, Fête des morts, 13 août Bruno Teissier Japon, Fête des morts, 13 août Bruno Teissier

13 août : les Japonais en vacances en famille pour la fête des morts

 

Durant trois jours, la vie s’arrête au Japon ou, plus exactement, elle change de rythme. Ainsi, à Tokyo, les métros sont déserts, les rues vides, beaucoup de magasins fermés. On célèbre, à partir d’aujourd’hui et durant trois jours, Obon (お盆), la fête des morts. On prépare un peu d’encens et des offrandes que l’on dépose devant les tablettes des ancêtres, cette nourriture offerte sera ensuite consommée, une façon de partager le repas avec eux. Puis, chacun va revêtir son plus beau yukata (kimono d’été) pour aller danser le Bon-Ondori, la danse de Obon qui se pratique en groupe selon une chorégraphie très codifiée. Beaucoup de Japonais retournent dans leur village natal, profitant de cette période de vacances pour aller se recueillir sur la tombe de leurs ancêtres dont on dit, selon la tradition bouddhiste, qu’ils sont censés revenir de l’au-delà à cette date précisément.

Mais la tradition tend à se perdre soit que l’on privilégie la plage à la famille et aux ancêtres, soit que l’on préfère fêter l’événement en juillet (c’est déjà le cas pour quelques préfectures), le 15 août étant également la date de la reddition du Japon en 1945…

Le Cambodge, le Laos et la Thaïlande ont également choisi cette date pour la fête des morts.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1945, Japon, 6 août Bruno Teissier 1945, Japon, 6 août Bruno Teissier

6 août : Hiroshima, 77 ans après la bombe

La cérémonie commence par une minute de silence à 8h15 précise (1h15, en France), en mémoire des quelque 140 000 victimes de Little Boy, la bombe nucléaire larguée le 6 aout 1945 sur la ville d’Hiroshima, au Japon.

 

La cérémonie commence par une minute de silence à 8h15 précise (1h15, en France), en mémoire des quelque 140 000 victimes de Little Boy, la bombe nucléaire larguée le 6 aout 1945 sur la ville d’Hiroshima, au Japon. Le premier ministre dépose une gerbe jaune sur le monument du Parc de la paix, construit en 1952 à l’endroit même où la bombe est tombée. Quelques centaines de colombes sont lâchées, en guise de message de paix.

Le Japon milite depuis longtemps pour un abandon de toute arme nucléaire. Après la catastrophe de Fukushima, des pancartes des manifestants demandaient le renoncement à toute activité nucléaire. Il a fallu attendre 2010, pour qu’un représentant du gouvernement des États-Unis assiste à la cérémonie, mais Washington n’a jamais accepté de prononcer la moindre excuse, se retranchant derrière la nécessité de faire plier au plus vite la dictature militaire nippone.

En 2022, les menaces russes d’emploi de la bombe A, donnent toute son acuité à cette cérémonie.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Japon, shintoïsme Bruno Teissier Japon, shintoïsme Bruno Teissier

16 juillet : Gion Matsuri, fête shintô au Japon

Ce soir, débute à Kyoto, Gion Matsuri, l’une des trois grandes fêtes annuelles du shintoïsme.

 

Ce soir, débute à Kyoto, Gion Matsuri (京都祇園祭), l’une des trois grandes fêtes annuelles du shintoïsme.

Tout a commencé il y a trois jours lorsque les rues traditionnelles du quartier de Gion ont été livrées aux piétons puis progressivement illuminées et décorées de lanternes, de tentures, de bannières de fleurs. C’est Gion Matsuri, l’un des trois grands festivals du Japon qui débute ce soir à Kyoto. Dès cette nuit, et durant deux jours, des maisons privées vont ouvrir leur porte aux visiteurs pour leur faire admirer décors traditionnels et objets de grande valeur. On appelle cela la fête des paravents (Byôbu Matsuri). Mais le clou de la fête aura lieu demain (17 juillet) avec une grande procession de chars qui partira du sanctuaire Yasaka et traversera la ville en mettant à l’honneur les différents quartiers et corporations. Sur son passage, au son des flûtes, des tambours et des gongs, il sera peut-être possible d’apercevoir ces femmes mystérieuses et très peu visibles que sont les geishas (appelées geikos à Kyoto), japonaises qui dédient leur vie aux arts traditionnels dès leur plus jeune âge. Instaurée en 869 pour lutter contre la peste qui ravageait la ville, cette fête de Gion Matsuri est devenue fête officielle par décret en 970, perdant progressivement son caractère religieux. La fête est inscrite depuis 2016 au Patrimoine culturel immatériel par l’Unesco.

Pour suivre les fêtes religieuses et traditionnelles, partout dans le monde, consulter l’Almanach des fêtes religieuses

 

À Kyoto, juillet 2009

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Japon, Fêtes traditionnelles, fertilité Bruno Teissier Japon, Fêtes traditionnelles, fertilité Bruno Teissier

7 avril : Honen sai, la fête japonaise qui célèbre le phallus

Aujourd’hui, au Japon, on fête Honen sai, un culte de la fertilité qui prend l’allure d’un carnaval dans certaines localités.

 

Aujourd’hui, au Japon, on fête Honen sai (豊年祭) un culte de la fertilité qui prend, à Itami, l’allure d’un carnaval.

C’est à une drôle de cérémonie que vont être conviés aujourd’hui les habitants d’Itami, une ville de la banlieue d’Osaka. Enfants comme adultes, ils vont assister à la procession d’un gigantesque phallus en bois de cyprès qui ne fait pas moins de 2,5 m de long et pèse près de 280 kg. Il est porté par des hommes habillés d’une cape blanche, symbole de pureté et de sainteté. De leur côté, les femmes portent sur les bras de petits phallus en bois censés les protéger du mal et améliorer leur fertilité car c’est le sens de cette fête de la fécondité : célébrer autour de cet appendice géant la fertilité et le renouveau en général. Toute la journée, des gens de tous âges vont ainsi déambuler au rythme des fanfares et des acclamations, exhibant toutes sortes de symboles phalliques, sans aucun complexe et toujours dans la bonne humeur. Si du saké est servi gratuitement durant toute la procession, on propose aussi à la foule de déguster des confiseries en forme de pénis, d’acheter des cartes postales et des gadgets à caractère sexuel, ceci en toute désinvolture.

Beaucoup de villes du japon possèdent leur temple de la fertilité, visité durant l’année par des couples en mal d’enfants et à l’honneur un jour par an lors de la fête de Honen sai célébrée aujourd’hui. De plus en plus, cette fête a aussi vocation à prévenir les maladies sexuellement transmissibles et à récolter des fonds pour la lutte contre le sida.

Pour suivre les fêtes religieuses et traditionnelles, partout dans le monde, consulter l’Almanach des fêtes religieuses

 
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1855, 1945, Japon, Célébration patriotique, 7 février Bruno Teissier 1855, 1945, Japon, Célébration patriotique, 7 février Bruno Teissier

7 février : le Japon rappelle le contentieux sur les Kouriles

La Journée des Territoires du Nord est l’occasion, au Japon, de rappeler le contentieux territorial qui l’oppose à la Russie concernant les quatre îles les plus méridionales de l’archipel des Kouriles.

 

Le Japon célèbre chaque 7 février, depuis 1981, la Journée des Territoires du Nord (北方領土の日) : une occasion de rappeler le contentieux territorial qui oppose le Japon à la Russie concernant les quatre îles les plus méridionales de l’archipel des Kouriles.

La date de cette journée n’a pas été choisie par hasard : le 7 février 1855 que le Japon et la Russie tsariste avaient signé un traité de commerce, de navigation et de démarcation frontalière dans lequel l'appartenance des quatre îles du sud des Kouriles à l'empire du Soleil-Levant était explicitement reconnue.

Les îles de Habomai, Shikotan, Etorofu et Kunashiri ont été annexées par les Soviétiques le 18 août 1945, trois jours après l'annonce de la capitulation du Japon. Peuplées d'environ 17 000 habitants pour une superficie totale de quelque 5 000 km2, elles sont depuis administrées par Moscou.

C’est ce litige bloque depuis 77 ans la signature d’un traité de paix entre la Russie et le Japon. Ce dernier avait toutefois rétabli ses relations diplomatiques avec l’URSS en 1956, la Russie a pris le relais. Mais, la Déclaration commune nippo-soviétique de 1956, ratifiée par la Diète japonaise et le Soviet suprême de l’URSS, ne contient aucun accord sur l’attribution des Territoires du Nord et spécifie simplement que les îles Habomai et celle de Shikotan seront restituées au Japon une fois qu’un traité de paix aura été signé. Or, à ce jour aucun traité de paix n’a été signé entre les deux pays. Arguant qu’en cas de restitution, une base américaine pourrait s’y installer, les Russes ne veulent pas céder sur les deux îles principales : Iturup (nom russe de Etorofu) et Kunashir (Kunashiri) et ne restituer que deux îles : Habomai et Shikotan, les plus petites et inhospitalières. Tokyo juge cette proposition inacceptable et continue d'exiger la restitution de tous les Territoires du Nord ( (北方領土).

La seule avancée, obtenue en 1992, c’est la possibilité pour les Japonais de se rendre sur les îles sans visa. Ces autorisations sont renouvelées chaque été et permettent aux descendants des autochtones de venir entretenir les tombes de leurs ancêtres.

En janvier 2019, Kôno Tarô, ministre des Affaires étrangères du Japon, et Sergueï Lavrov, son homologue russe, ont entamé des négociations avec l’objectif de régler le litige des Territoires du Nord (îles Kouriles) et de signer un traité de paix. Elles n’ont pas abouti à ce jour. Toutefois, outre une très improbable restitution, les deux pays négocient également des projets économiques sur les îles dans les domaines de la pêche, de l'agriculture, de l'énergie éolienne, du tourisme.

 

Lycéens en visite au cap Nosappu (pointe nord-est du Japon) où a été construit Le pont des quatre îles, monument dédié à la prière pour le retour des îles Habomai sous souveraineté japonaise. 

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1702, Japon, 14 décembre Bruno Teissier 1702, Japon, 14 décembre Bruno Teissier

14 décembre : la vengeance des 47 samouraïs, une vendetta à la japonaise

Fête dans le temple Sengaku-ji à Tokyo, où reposent les quarante-sept rônins (ou samouraïs), en souvenir d’une histoire de vengeance datant de 1702.

 

Chaque 14 décembre, dans le temple Sengaku-ji à Tokyo, où reposent les quarante-sept rônins (ou samouraïs), un véritable festival est organisé en souvenir d’une histoire de vengeance datant de 1702 et qui fut assouvi un 14 décembre précisément. En 2002, le 300e anniversaire de cette histoire (vraie) très populaire a été célébré dans tout le pays. Depuis, elle a donné lieu à une dizaine d’adaptations télévisées, s’ajoutant aux 34 films réalisés au XXe siècle à partir de cette épopée. Chaque année, la petite ville balnéaire d'Ako, sur l'île de Honshu, célèbre aussi le Jour de mémoire des 47 rônis (赤穂義士祭) par une grande parade en costume d’époque. C’est là que l’histoire a commencé.

Le maître des quarante-sept samouraïs s’appelait Asano Naganori, c’était le daimyo (seigneur) du domaine d'Ako. Il avait une relation très tendue avec Kira Yoshinaka, le maître de cérémonie à la cour du Shogun. Un jour, Kira a publiquement insulté Asano, ce dernier a dégainé son épée et a tenté de le tuer. Pour cela, Asano a été immédiatement arrêté et condamné à commettre un seppuku (un suicide rituel ou hara-kiri).

Les biens d'Asano ont été confisqués et ses serviteurs sont devenus des rônins – des samouraïs sans maître. Mais comme Kira n'a pas été puni pour avoir insulté Asano, les rônins ont juré de venger leur maître en tuant Kira, même s'ils savaient qu'ils feraient face à une punition sévère.

Il a fallu deux ans aux rônins pour réaliser leur plan. Ils sont devenus marchands, ouvriers et moines afin d'apaiser les soupçons de Kira, et ainsi déguisés, ont pu accéder à sa maison. Leur chef Oishi a divorcé de sa femme, et déménagé à Kyoto où il a commencé à boire beaucoup, à fréquenter les maisons de geishas et à agir de manière obscène en public pour convaincre tout le monde qu'il avait totalement oublié la mort de son maître. C’était une ruse.

Deux ans plus tard, Oishi était convaincu que Kira avait baissé sa garde et que tout était prêt pour leur acte de vengeance. Il a alors quitté Kyoto pour rejoindre les autres rônins à Edo. Tôt le matin du 14 décembre 1702, armés d'épées et d'arcs, ils attaquèrent la maison de Kira . Tuant 16 personnes et en blessant 22, dont le petit-fils de Kira, ils ont trouvé le propriétaire sur la maison dans un placard.

Oishi s'adressa respectueusement à Kira et lui dit qu'ils étaient venus venger leur maître. Il a invité Kira à commettre un seppuku pour mourir comme un vrai samouraï, mais Kira était si effrayé qu'il ne pouvait même pas répondre. Alors un rônin l'a immobilisé et Oishi a coupé la tête de Kira avec son poignard. Les rônins portèrent la tête de Kira à travers la ville et la déposèrent sur la tombe de leur maître dans le temple Sengaku-ji à Edo (aujourd’hui Tokyo).

Le Shogun a aussitôt condamné les rônins à mort pour meurtre. Cependant, ils ont été autorisés à mourir d'une mort honorable en commettant le seppuku. Quarante-six rônins se sont ainsi suicidés le 4 février 1703 . Le quarante-septième rônin n'était pas avec eux car il avait été envoyé comme messager à Ako juste après le meurtre. À son retour, il a été gracié par le Shogun et a vécu une longue vie. Le quarante-septième rônin mourut à 87 ans et fut enterré aux côtés de ses camarades et de leur maître.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 décembre 2021

 

La procession d’Ako, en costume d’époque

Hommage sur les tombes de 47 rônis à Tokyo, au temple Sengaku-ji

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1954, Japon, armée, 1er novembre Bruno Teissier 1954, Japon, armée, 1er novembre Bruno Teissier

1er novembre : le Japon célèbre ses forces armées

C’est la Journée des Forces d’autodéfense qui remplacent depuis 1954 l’armée japonaise. En dépit de possibilités d’action limitées, c’est une des armées les plus puissantes du monde.

 

Le Japon célèbre son armée ou plutôt ses Forces d’autodéfense, car le Japon vaincu en 1945 est réputé ne pas avoir d’armée. « le Japon renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation » affirme la constitution de 1947 qui lui a été dictée par le vainqueur américain. Cet article 9 de la loi fondamentale, initialement présenté comme une interdiction totale d'avoir une armée a été réinterprétée en 1954 comme une simple interdiction de comportements offensifs, laissant au Japon le droit d'avoir des troupes exclusivement pour la défense du pays. La géopolitique régionale avait évolué, en pleine guerre froide, il devenait important pour les Occidentaux que le Japon puisse tenir tête à l’URSS ou à la Chine. Face à cette dernière les enjeux géostratégiques sont de plus en plus pressants depuis quelques années. D’ailleurs, l’ancien premier ministre, Shinzō Abe (2012-2020) n’a eu de cesse que d’évoquer la suppression totale de l’article 9 afin que le Japon retrouve sa pleine liberté militaire. Mais, jusqu’à présent, personne ni au Japon ni parmi ses alliés n’a osé sauter le pas de transformer ce qui est connu comme les Japan Self-Defense Forces (JSDF) (自衛隊) en une véritable armée dont la puissance actuelle la classerait parmi les cinq premières du monde. Cela dit, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, une loi de 2001 permet toutefois au JSDF de contribuer aux efforts internationaux de prévention et d'éradication du terrorisme. La formulation est suffisamment large pour permettre une grande latitude dans son interprétation. Aujourd’hui, seul le Parti communiste japonais est pour une lecture stricte de l’article 9, c’est-à-dire un désarmement total du pays.

Le drapeau de l’armée impériale, qui a servi de drapeau de guerre de 1870 à 1945 et qui fut interdit en 1945, n’a pas connu un très long purgatoire, puisqu’il a été réintroduit en 1954 comme pavillon des Forces d’autodéfense du Japon. Il est aussi l’étendard de l’extrême droite japonaise nostalgique et militariste.

La Journée des Forces d’autodéfense (自衛隊音楽まつり) a eu lieu pour la première fois en 1966, elle avait été fixée au 1er juillet (date anniversaire des JSDF, fondées le 1er juillet 1954). Il a finalement été décidé de déplacer la célébration au 1er novembre, car le 1er juillet tombe pendant la saison des typhons et le mauvais temps perturbait fréquemment les célébrations. Le 1er novembre n'est pas un jour férié et le défilé honorant les SDF a généralement lieu durant la dernière semaine d'octobre. Tous les trois ans est organisée la Grande parade des Forces d’autodéfense (自衛隊記念日 観閲式). Cette année, comme en 2020, pour des raisons sanitaires, les cérémonies ont lieu sur les bases militaires sans aucun spectateur.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1945, Japon, défaite militaire, 15 août Bruno Teissier 1945, Japon, défaite militaire, 15 août Bruno Teissier

15 août : le Japon se souvient de ses 30 millions de morts de la Seconde Guerre mondiale

Le Japon commémore ses morts de la Seconde guerre mondiale. La date choisie est celle de la reddition du Japon en 1945…

 

Le Japon commémore ses morts de la Seconde Guerre mondiale. C’est Shūsen-kinenbi ( 終戦記念日), la date choisie est celle de la reddition du Japon en 1945. Celle-ci, consentie dès le 10 août par Tokyo, a été acceptée par les Alliés le 14 août 1945, mais ce n’est que le lendemain qu’elle a été signée, à bord du navire américain Missouri, et signifiée par la radio aux Japonais.

Le service commémoratif national pour les morts de la guerre (全国戦没者追悼式) débute toujours à 11 h 51 précise, de manière que la minute de silence tombe pile à midi. Cela commence par l’arrivée de l’Empereur et de son épouse, suivie de l’exécution de l’hymne national (Kimigayo) et d’un bref discours du Premier ministre. Après la minute de silence, c’est au tour du roi de prononcer un discours, suivi par ceux des présidents des chambres. L’empereur se retire et on procède à l’offrande des fleurs. La cérémonie est diffusée à la télévision. L'empereur et l'impératrice sont toujours présents, ainsi que des représentants d'organisations commerciales, syndicales, politiques et religieuses, et des familles endeuillées. Le nombre de participants peu atteindre plusieurs milliers. Beaucoup moins en période de covid.

Le service a eu lieu au sanctuaire de Yasukuni, où reposent les âmes de plus de deux millions de soldats japonais morts de 1868 à 1951. Ce temple est ainsi devenu un haut lieu du nationalisme et de l’extrême droite japonaise. En 1965, la cérémonie a donc été transférée au budokan (salle de sport) de Tokyo, lieu plus neutre, où elle est toujours célébrée aujourd'hui. Le service est destiné à honorer à la fois les victimes militaires japonaises et les victimes civiles de la guerre, soit plus de 30 millions de personnes décédées au total.

 
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Japon, montagne, 11 août Bruno Teissier Japon, montagne, 11 août Bruno Teissier

11 août : les Japonais célèbrent leurs montagnes

Près des trois quarts du Japon sont montagneux et chacune des îles principales est traversée par une chaîne de montagnes. Cela valait bien un jour férié pour les célébrer. Celui-ci est de création récente : 2014 et il n’est férié que depuis 2016.

 

Près des trois quarts du Japon sont montagneux et chacune des îles principales est traversée par une chaîne de montagnes. Le mont Fuji (3 776 m) est la plus haute montagne du Japon, l'une des « trois montagnes sacrées » du pays et l'un des symboles les plus reconnaissables du Japon. Les autres montagnes remarquables incluent le mont Kita, le mont Hotaka, le mont Yari, le mont Tate, le mont Haku et le mont Kumotori. Certains d'entre eux sont des volcans actifs. Cela valait bien un jour férié pour les célébrer. Celui est de création récente : 2014 et il n’est férié que depuis 2016. En 2021, il a été déplacé exceptionnellement au 9 août, en raison des JO.

Il a été décidé de célébrer le Jour de la montagne, Yama no Hi (山の日) en août pour plusieurs raisons. D’abord, le kanji (caractères chinois utilisés en japonais écrit) pour « huit » ressemble un peu à une montagne « 八 » et « 11 » – qui ressemble à deux arbres. Ensuite, il n'y avait pas de jours fériés en août, donc ce mois semblait être un choix logique pour les professionnel du tourisme. On procède ce jour-là à une bénédiction de la montagne.

 
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