L’Almanach international
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7 juin : la Croatie célèbre son appartenance à l’Occident
Cette Journée de la diplomatie croate rappelle un événement très ancien mais symbolique d’une volonté plus que millénaire des Croates d’appartenir à l’Occident.
Cette célébration croate rappelle un événement très ancien mais symbolique d’une volonté plus que millénaire des Croates d’appartenir à l’Occident. On est au IXe siècle, en 879 exactement et la frontière entre l’est et l’ouest est encore mouvante et floue. L’Empire byzantin a reculé, mais des parties de la péninsule italienne et du littoral dalmate font encore allégeance à Constantinople. D’autres regardent vers Rome. Ces deux pôles ont, aujourd’hui, perdu de leur importance mais une partie du continent regarde toujours vers l’Est (Hongrie, Serbie…), une autre vers l’Ouest. Cette polarité traverse encore certains pays, comme la Pologne ou la Roumanie.
En 879, le duc de Croatie Zdeslav est renversé par le prince Branimir qui prend sa place et règnera jusqu’en 892. C’est sous ce monarque que la Croatie a été reconnue comme indépendante en se tournant ostensiblement vers Rome. Voulant s’émanciper de Byzance, le duc Branimir écrit au pape de Rome Jean VIII. En retour, le Pape lui donne sa bénédiction ainsi qu’à tout le peuple croate. Il le confirmera dans une lettre du 7 juin 879. Ainsi la Croatie devient de jure indépendante et est officiellement reconnue, car à cette époque, c'est le Pape qui donne la légitimité internationale.
L'anniversaire de la reconnaissance historique de la Croatie est désormais célébré comme la Journée de la diplomatie croate (Dan hrvatske diplomatcije). Ce n’est pas un jour férié, sauf pour les employés du ministère des Affaires étrangères et européennes. Le chef de la diplomatie croate prononce une allocution officielle à cette occasion. Invariablement, son discours mesure le chemin parcouru par la Croatie qui a vécu dans l’ombre de la Hongrie et de la Serbie, deux pays qui aujourd’hui sont en froid avec l’Occident.
Depuis 1995, une distinction existe, l’ordre du Prince Branimir, décernée par la république de Croatie pour l'excellence dans la promotion de la Croatie dans les relations internationales.
Cette journée est l’occasion pour les autorités croates de rappeler que la Croatie fait pleinement partie de l’Union européenne, ce qui n’est pas le cas de la Serbie sa rivale yougoslave restée des siècles sous l’influence de Byzance puis occupée par les Turcs. La Croatie, a été intégrée à l’Empire austro-hongrois, sous tutelle hongroise. Ce qui l’a laissé sur les bas-côté de l’Occident. L’époque communiste la laisse à nouveau aux marges mais elle échappe à la tutelle russe que subit la Hongrie. Son intégration à l’UE et à l’OTAN est vécue comme un aboutissement d’un tropisme occidental qui a débuté en 879.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 juin 2025
Discours du premier ministre Andrej Plenkovic lors de la Journée de la diplomatie croate, 7 juin 2024 (photo : ministère croate des Affaires étrangères et européennes)
7 juin : la Norvège fête son indépendance
En 1905, les Norvégiens recouvraient leur indépendance après plus de quatre siècles de domination danoise, puis suédoise. C'était un 7 juin. Ce jour de mémoire marqué par la multiplication des drapeaux sur les bâtiments publics n’est pas un jour chômé en Norvège.
En 1905, les Norvégiens recouvraient leur indépendance après plus de quatre siècles de domination danoise, puis suédoise. C'était un 7 juin.
Cette date a aussi marqué l’éclipse de cette indépendance : le 7 juin 1940, la famille royale fuyait le royaume occupé par les Allemands. Ce jour-là, le roi, le prince héritier Olav et le reste du gouvernement sont montés à bord du HMS Devonshire pour l’Angleterre et ont été conduits en toute sécurité à Londres.
Et c’est, à nouveau un 7 juin, en 1945, que le roi Harald devenait à Oslo après 5 ans d'exil. Une date symbolique donc.
Le 7 juin célèbre avant tout la Dissolution de l'union avec la Suède (Unionsoppløsningen), soit la séparation des royaumes de Suède et de Norvège, gouvernés en union personnelle par la monarchie suédoise depuis 1814. Le 7 juin 1905, le Storting (parlement norvégien) proclamait que le roi de Suède cessait d’être roi de Norvège. Un référendum sera ensuite organisé, il donnera une écrasante majorité de voix (99,95 % de voix !) en faveur de la séparation complète d’avec la Suède. Un autre référendum va ensuite décider à 79% des voix que la Norvège demeurera un royaume et non une république. Le trône, mais sans aucun pouvoir, sera offert à un petit-fils du roi du Danemark. Lequel deviendra le roi Haakon VII, le grand-père de l’actuel roi de Norvège, Harald V.
Le jour de la dissolution de l'Union, le drapeau de l'État norvégien flotte sur les bâtiments publics. Les civils sont également encouragés à arborer le drapeau national. Mais, comme ce n'est pas un jour chômé, aucune grande fête n'a lieu ce jour-là.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 juin 2025
7 juin 1945, le peuple norvégien oublie sa rancœur d’avoir été lâché par son roi en 1940 et acclame Harald à son retour. Celui-ci n’avait pas choisi la date au hasard.
7 juin : quand les Anglais tiraient sur des Maltais en colère
Le jour est férié à Malte en souvenir de ce jour de 1919 où les Anglais ont tiré dans la foule des manifestants qui protestaient contre le coût de la vie et l'occupation de leur pays : 4 morts, plusieurs dizaines de blessés.
Le jour est férié à Malte en souvenir de ce jour de 1919 où les Anglais ont tiré dans la foule des manifestants en colère : 4 morts, plusieurs dizaines de blessés. Le jour est commémoré comme le Sette Giugno. Les cérémonies commémoratives se tiennent place Saint-Georges à La Valette.
Le 7 juin 1986, le monument Sette Giugno a été inauguré place Saint-Georges (Place du Palais). En 1989, le Parlement maltais a déclaré cette journée comme l'une des cinq journées nationales du pays. Le premier souvenir officiel de cette journée a eu lieu le 7 juin 1989. Malte n'a obtenu son indépendance du Royaume-Uni qu'en 1964.
Chaque année, le Parlement maltais commémore les événements survenus le 7 juin 1919 à la suite d'une série d'émeutes des Maltais confrontés à une extrême pauvreté due à la forte augmentation du prix du pain. Les foules se sont rebellées contre les importateurs de céréales et les meuniers qui étaient considérés comme tirant de gros profits de la hausse des prix des denrées alimentaires alors que la population mourait de faim. Les troupes britanniques ont été appelées pour contrôler les émeutiers, ce qui a conduit à des coups de feu. Quatre Maltais, Manwel Attard, Karmnu Abela, Ġużè Bajada et Wenzu Dyer ont perdu la vie au cours de ces émeutes.
Ces événements ont marqué un moment crucial dans l'histoire politique de Malte, soulignant le besoin urgent de réformes sociales et économiques. À la suite de ces événements et des efforts déployés par les autorités maltaises, Malte a obtenu la Constitution Amery-Milner de 1921, accordant, pour la première fois, le droit à l'autonomie gouvernementale dans les affaires intérieures.
Le drame est célébré chaque année depuis 1989. Le 6 juin 2021, la célébration du Sette Giugno avait été récupérée par des militants d’extrême droite. Des complotistes de plusieurs pays faisant référence à la lutte pour la liberté du Sette Giugno, s’étaient rassemblés à Balluta Bay, sur la côte nord-est de Malte, pour affirmer que le virus de la Covid-19 n’existait pas ! Les manifestants, dont beaucoup étaient intentionnellement vêtus de jaune. La manifestation a été jugée indécente par la majorité des observateurs eu égard à la mémoire des Maltais qui ont lutté pour la liberté.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 juin 2024