L’Almanach international

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1970, Nigeria, 15 janvier, armée Bruno Teissier 1970, Nigeria, 15 janvier, armée Bruno Teissier

15 janvier : le Jour du souvenir des forces armées au Nigéria

Ce jour commémore de la fin de la guerre civile qui avait mis en péril l'unité du Nigeria. La célébration ne se limite pas à ce conflit. On n’oublie pas les derniers survivants de la Seconde Guerre mondiale, mais on honore aussi tous les soldats tués ces dernières années en luttant contre le terrorisme islamique ou le grand banditisme.

 

Longtemps le Nigeria a célébré le 11-Novembre, une commémoration héritée de la colonisation britannique. Depuis 1970, le Jour du souvenir des forces armées (Armed Forces Remembrance Day) fait référence à un conflit local et non plus à la Grande guerre en Europe. Après la victoire des forces  gouvernement ales contre les troupes du Biafra le 15 janvier 1970, le 11-Novembre a été retiré du calendrier du Commonwealth des Nations et a été remplacé par le 15-Janvier en commémoration de la fin de la guerre civile nigériane qui avait mis en péril l'unité du Nigeria. La célébration ne se limite pas à ce conflit. Le gouvernement célèbre des hommes « tombés en héros ». On n’oublie pas les derniers survivants de la Seconde Guerre mondiale, mais on honore aussi tous les soldats tués ces dernières années en luttant contre le terrorisme islamique ou le grand banditisme.

Cette journée est aussi l’occasion pour les familles de formuler des revendications. Par exemple, l’association des veuves de soldats en a profité pour s’adresser à la Première Dame Oluremi Tinubu ainsi qu’aux forces armées pour réclamer, une fois de plus, une aide aux familles des victimes du crash de l’avion Hercules C130 survenu le 26 décembre 1992, il a plus de 31 ans.

Des événements ont lieu aux niveaux fédéral, étatique et local. Plus de deux mois avant le 15 janvier, le ministère de la Défense inaugure un comité national de planification composé de 25 hommes pour les préparatifs de la célébration de l'AFRD (Armed Forces Remembrance Day). Les défilés militaires impliquent souvent la participation d'une garde d'honneur de l' armée nigériane, de la marine nigériane et de l'armée de l'air nigériane. Le point culminant de tous les événements organisés est la cérémonie de dépôt de couronnes organisée par le président du Nigeria au cénotaphe national d'Eagle Square à Abuja . 36 cénotaphes fédéraux sont également des lieux où se déroulent des cérémonies spéciales de l'AFRD. Une place particulière est également accordée à la Légion nigériane, une association d'anciens combattants qui organise de nombreux événements lors de cette journée aux côtés du gouvernement.

Les forces armées Nigérianes célèbrent aussi un Jour de l’Armée, le 6 juillet qui fait référence au début de la guerre civile au Nigeria, en 1967. Quant aux Biafrais, c’est le 30 mai qu’ils commémorent leur cause et leurs morts dans la terrible guerre de 1967 à 1970.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 janvier 2024

 
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1919, 15 janvier, Bélize Bruno Teissier 1919, 15 janvier, Bélize Bruno Teissier

15 janvier : le Belize fête le père de la nation

Il s’agit de l’ancien premier ministre, Price George qui a mené le Honduras britannique à l’indépendance et l’a rebaptisé Belize.

 

Le George Price Day est un jour férié créé en 20221 au Belize, un petit pays d'Amérique centrale, pour honorer la mémoire d’un ancien Premier ministre, mort dix ans plus tôt et considéré comme le père de la nation.

Désormais, on fête donc son anniversaire. George Cadle Price est né le 15 janvier 1919 à Belize City, la capitale du Honduras britannique. Il a fait des études religieuses qui l’on conduit à Rome mais elles ont été interrompues par la Seconde guerre mondiale et il n’est pas devenu prêtre. À son retour au Honduras britannique, George Price a été le secrétaire de Robert Sidney Turton, un homme d'affaires local, puis s’est lancé en politique. En 1947, il a été élu au conseil municipal du Belize. En 1950, il participe à la formation du People's United Party (PUP), qui milite pour l'indépendance du Honduras britannique, et en devient le secrétaire adjoint, puis son chef en 1956.

En 1954, Price est élu député, puis maire de Belize City de 1956 à 1962. En 1961, Price il est nommé Premier ministre  de la colonie britannique. Immédiatement il entame des négociations en vue de l'indépendance du Honduras britannique qu’il mettra 20 ans à obtenir. Réélu en 1964, c’est lui qui mène son pays à l’indépendance (finalement obtenue en 1981) et le rebaptise Belize.

En 1984, le PUP a perdu les élections générales contre l’United Democratic Party (UDP) et George Price cède la direction du pays à Manuel Esquivel. Price a aussi perdu son siège à la Chambre des représentants ce qui l’empêche d’être élu chef officiel de l'opposition. Cependant, il est resté le leader du PUP, et il retrouve son siège à la Chambre lors des élections de 1989 ainsi que son poste de Premier ministre pour quatre ans, avant de perdre, à nouveau, les élections de 1993 au profit de son rival Esquivel. EN 1996, il quitte la tête du PUP mais est reste membre de la Chambre des représentants pendant sept ans de plus. En 2000, George Price est devenu la première personne à recevoir l'Ordre du héros national,  la plus haute distinction du Belize, pour reconnaître sa contribution à l'indépendance du Belize.

George Price est décédé le 19 septembre 2011, à l'âge de 92 ans. En tant que père de la nation, il a été honoré de funérailles nationales. En 2021, le gouvernement du Belize a fait du 15 janvier, jour anniversaire de la naissance de Price (George Price Day), un jour férié marqué par des cérémonies de dépôt de couronnes et d'autres événements commémoratifs en son honneur.

 
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1850, Roumanie, Poète national, 15 janvier Bruno Teissier 1850, Roumanie, Poète national, 15 janvier Bruno Teissier

15 janvier : la Roumanie célèbre son poète national

C’est l’anniversaire de la naissance d’Mihail Eminescu, poète national. Depuis 2010, celle date est aussi celle de la Journée de la Culture nationale roumaine.

 

Chaque 15 janvier, une foule se presse dans le cimetière Bellu de Bucarest, le plus fameux du pays, autour d'une tombe chargée de fleurs, celle d'un poète. Cette année, en raison de l’épidémie, elle sera bien moins nombreuse. Un haut dignitaire de l'église orthodoxe dirige la célébration, comme si une personnalité devait y être inhumée, Mihail Eminescu (1850-1889) est pourtant mort il y a bien plus d'un siècle. Ce soir, sera décerné le Prix national de la poésie qui porte son nom.

Pourtant, aujourd’hui, c’est l’anniversaire de sa naissance et non de son décès. Depuis 2010, cette date est aussi celle de la Journée de la Culture nationale roumaine. Toutes les institutions culturelles roumaines ont organisé des programmes dédiés à cette double fête.

Mihail Eminescu est partout en Roumanie, timbres, billets de banque, statues dans chaque ville, noms d’école… C’est le poète national, célèbre de son vivant et vénéré après sa mort, précoce, par toute la droite conservatrice roumaine qui dominait le pays à l’époque. Aujourd’hui que la statue est en place, on fait mine d’oublier les positions franchement antisémites, les vers xénophobes et les propos réactionnaires, déjà pour l’époque. Certains proposent de revisiter le personnage, mais le 15 janvier, c’est peine perdu. Chaque année, c’est un hommage unanime qui lui est rendu.

L’historien roumain Lucian Boia analyse ainsi le mythe : « Jouer la carte d'une seule personnalité, cela tient de la précarité sociale. Jamais une grande culture ne ferait pareil. On ne verra jamais les Français, les Britanniques ou les Allemands miser sur une seule personnalité qui incarne l'essentiel dans tous les domaines, pas seulement littéraire. C'est ça qui est extraordinaire dans le cas d'Eminescu : plus qu'un poète, il est considéré véritable symbole de la spiritualité roumaine et du sentiment d'appartenance au peuple roumain. Or, c'était déjà une exagération d'élever un poète au rang de poète national, en invoquant non seulement la valeur littéraire de son œuvre, mais aussi son identification à la nation roumaine. Tout cela est né d'un sentiment de frustration, du fait que les Roumains ont le complexe de vivre dans un pays petit et insignifiant. »

« Ce mythe est né vers la fin de la vie du poète quand son existence tragique se superpose à ses poèmes magnifiques. Ces deux dimensions ont finalement fusionné: le destin tragique et les vers surprenants. Le mythe a commencé à se manifester timidement juste après 1900, sur la toile de fond de plusieurs courants nationalistes qui ont donné la réplique aux influences pro-occidentales fortement manifestées jusqu'alors. On assiste alors à une phase d'équilibre qui réinstalle sur le devant de la scène la figure du paysan roumain. C'est à ce moment-là qu'Eminescu devient un grand idéologue de ce courant censé encourager l'appartenance aux valeurs culturelles roumaines. A partir de ce moment là, le mythe d'Eminescu ne cessera de se voir alimenter. C'est un mythe que tout le monde peut invoquer, à tous les niveaux politiques. » Lucian Boia, dans son dernier ouvrage, intitulé “Mihai Eminescu, le Roumain absolu. Construction et déconstruction d'un mythe ".

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 janvier 2021

 
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