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1959, Malawi, martyrs, massacre, 3 mars Bruno Teissier 1959, Malawi, martyrs, massacre, 3 mars Bruno Teissier

3 mars : le Malawi se souvient de la lutte pour l’indépendance

Le pays commémore le massacre de Nkhata Bay, dans le nord du Malawi, un épisode tragique survenu le 3 mars 1959, de la lutte anti coloniale.

 

Le Malawi commémore un épisode tragique de sa lutte anti coloniale par une cérémonie au mémorial de Nkhata Bay, au nord du pays.

Le pays, appelé autrefois Nyassaland, est occupé par les Anglais au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Les premières rébellions ont eu lieu dès le début du XXe siècle. Les Britanniques ont eu l’idée en 1953 de lier le Nyassaland et les deux Rhodésies ( futures Zambie et Zimbabwe) pour former la Fédération centrafricaine (CAF), avec le projet de préparer une indépendance sous domination blanche comme en Afrique qui Sud en 1948. Cela a suscité des protestations massives de la part des nationalistes africains. L'une des figures majeures de la CAF était Hastings Banda, un médecin formé en Europe. Banda a été élu président du Congrès africain du Nyasaland. Le 3 mars 1959, il provoque un soulèvement contre les autorités britannique qui réplique brutalement : 21 morts parmi les manifestants (massacre de Nkhata Bay dans le nord du Malawi). Et 51 morts et plus d’un millier de blessés parmi les manifestants d’urant l’état d'urgence qui a duré jusqu'en 1960. . Hastings Banda et d'autres dirigeants de la Fédération centrafricaine sont emprisonnés et le parti du congrès lui-même est interdit. C’est l’anniversaire de cet événement qui fut un tournant politique majeur qui est célébré chaque 3 mars pour la Journée des martyrs (Martyrs Day).

En 1962, le gouvernement britannique accorde finalement l’autodétermination au Nyassaland. Banda devient premier ministre le 1er février 1963, alors que les Britanniques contrôlent encore le système financier, la sécurité et le système juridique du pays. La Fédération de Rhodésie et du Nyasaland est dissoute le 31 décembre 1963 et, enfin, le 6 juillet 1964, l’indépendance du Malawi est proclamée. Hastings Banda (1898-1997) restera au pouvoir pendant plus de 30 ans, jusqu’à la chute de sa dictature, en 1994. Son régime a été très éloigné des idéaux de liberté pour lesquels sont morts les martyrs du 3 mars. Son mandat de président « à vie » est marqué par l'assassinat, l'emprisonnement ou l'exil des membres de l'opposition. L’impitoyable docteur Banda était notamment connu pour livrer ses opposants aux crocodiles… Il faudra attendre le 14 juin 1993 pour que les premières élections libres le pousse vers la sortie à l’âge de 96 ans.

 

Un ministre rendant hommage aux héros tombés à Nkhata Bay le 3 mars 1959

Timbre émis en 1964 figurant Hastings Kamuzu Banda et le drapeau national

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1993, Malawi, Démocratie Bruno Teissier 1993, Malawi, Démocratie Bruno Teissier

14 juin : le Malawi célèbre sa démocratie acquise après 30 ans de dictature

Le Malawi a attendu le 14 juin 1993 pour que soit organisé des élections libres. Le vieux dictateur (95 ans) n’a pas eu d’autre choix que d’organiser un référendum qui le poussera vers la sortie, mettant fin à 30 ans de sa dictature ultraconservatrice.

 

Le Malawi a attendu le 14 juin 1993 pour que soient organisées des élections libres. Le vieux dictateur (95 ans) n’a pas eu d’autre choix que d’organiser un référendum qui le poussera vers la sortie, mettant fin à 30 ans de sa dictature ultraconservatrice.

La colonie britannique du Nyasaland est devenue indépendante en 1964 sous le nom de Malawi. Hastings Kamuzu Banda, chef du Parti conservateur a été nommé premier ministre. Deux ans plus tard, il proclame la république et se fait élire président. Lassé des élections truquées, il se déclare président à vie en 1971. Il le restera jusqu’en 1994 grâce à un régime de parti unique, une milice paramilitaire à sa solde et le soutien des États-Unis.  En 1993, cependant, l’agitation intérieure croissante et la pression des chefs d'église et de la communauté internationale (le vent tourne en Afrique du Sud) ont forcé le président Banda à autoriser un référendum public qui lui sera défavorable à 63 % et l’obligera à quitter le pouvoir après les élections du 17 mai 1994 et la victoire du candidat du Front démocratique uni, Bakili Muluzu. 

Le vieux dictateur Banda a quitté le pourvoir à 96 ans. Il est mort quelques semaines avant ses 100 ans en Afrique du Sud, le pays qui l’avait toujours soutenu.

Le 14 juin est célébré chaque année sous le nom de Freedom Day, mais ce n’est plus un jour férié depuis 2005. Ce pays est l’un des plus pauvres du monde, une bonne partie de sa classe politique est corrompue mais son système politique fonctionne. La dernière élection présidentielle a vu le président en place réélu grâce un très faible écart de voix avec son concurrent. En février 2020, la Cour constitutionnelle a donné raison à l’opposition en estimant que Peter Mutharika avait été « indûment élu », de nombreuses irrégularités ayant été constatées. C’est la première fois qu’une élection présidentielle est annulée au Malawi, deuxième pays après le Kenya en 2017, à prendre une telle décision en Afrique… Un nouveau scrutin est prévu le 23 juin prochain. À suivre…

Mise à jour : À l’issue du scrutin du 23 juin 2020, Lazarus Chakwera l'emporte contre le président sortant Peter Mutharika dès le premier tour.

 
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