L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
2 décembre : la naissance des Émirats arabes unis
C’est l’Aïd al-Etihad, la fête nationale des Émirats arabes unis qui est célébrée chaque année les 2 et 3 décembre pour commémorer la création la fédération des Émirats arabes unis en 1971.
Ce matin, à 11 heures précise, tous les habitants des Émirats arabes unis sont invités à chanter l’hymne national, partout dans le pays.
C’est l’Aïd al-Etihad (عيد الاتحاد), la fête nationale des Émirats arabes unis (اليوم الوطني ; Al Yawm Al Watani), qui est célébré chaque année le 2 décembre pour commémorer l’unification des Émirats arabes unis.
L’idée de créer une fédération regroupant tous les émirats du golfe persique vient des Britanniques qui occupaient la région en vertus de traités signés au XIXe siècle. À l’expiration de ces traités, le 1er décembre 1971, ils craignaient fort que l’Arabie saoudite ou l’Iran ne mettent la main sur les émirats. Ils n’avaient pas tort car ce même jour, l’Iran occupait les îles d’Abou Moussa ainsi que des Petite et Grande Tomb que réclament aujourd’hui encore les ÉAU. Quant à l'émirat de Ras el Khaïmah, il prenait parti pour l’Arabie saoudite laquelle avait aussi des visées sur la région. C’est pour cette raison que les émirats arabes ont proclamé leur indépendance dès le lendemain de l’expiration des traités, soit le 2 décembre 1971, en proclamant la Fédération des Émirats arabes unis (ÉAU). Cette entité ne les regroupait pas tous puisque le Bahreïn avait déclaré son indépendance séparément le 15 août 1971, suivi du Qatar, le 3 septembre. Quant au Ras el Khaïmah, il a finalement rejoint les ÉAU, le 10 février 1972.
Les célébrations de la Fête nationale des Émirats arabes unis sont marquées par de grands feux d’artifice sur la corniche d'Abu Dhabi, au Dubai Festival City et sur le front de mer d’Al Majaz à Sharjah. La population s’habille généralement aux couleurs du drapeau des Émirats arabes unis dont est parée la Burj Khalifat. La fête qui dure deux jours (le 3 décembre est également férié) comprend aussi défilés de voitures, des danses, des spectacles aériens ainsi que des défilés militaires, organisés à Abou Dhabi, la capitale.
Avec le Jour de l’An, les 2 et 3 décembre sont les seuls jours fériés civils des ÉAU. Eid Al Etihad est précédé par deux jours de commémoration, les 30 novembre et 1er décembre, en hommage aux martyrs en l’honneur de ceux qui ont sacrifié leur vie pour le pays.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 décembre 2025
Timbre émis en 1973 à l’occasion du deuxième anniversaire des ÉAU.
2 décembre : la fête nationale du Laos
La fête nationale au Laos commémore l’abolition de la monarchie et la création de la République démocratique populaire lao en 1975, autrement dit, le jour où le Laos est devenu une dictature communiste.
La fête nationale au Laos (ວັນຊາດ) commémore la création de la République démocratique populaire lao en 1975, autrement dit, le jour où le Laos est devenu une dictature communiste.
Les 17 et 30 avril 1975, suite au retrait américain, Phnom Penh et Saigon sont tombés aux mains des communistes. Au Laos, une guerre civile durait depuis plus de deux décennies. Les combats impliquaient également les forces nord-vietnamiennes, sud-vietnamiennes, américaines et thaïlandaises. Les accords de paix de Paris de 1973 avaient temporairement arrêté les combats. En 1975, le Pathet Lao (le Parti communiste) a rompu le cessez-le-feu. Le 2 décembre 1975, le roi du Laos Savang Vatthana est contraint d'abdiquer et la République démocratique populaire lao est proclamée. L'anniversaire de l’abolition de la monarchie (ການຍົກເລີກລັດທິປະຊາທິປະໄຕ) est célébré comme la principale fête nationale au Laos. Kaysone Phomvihane, secrétaire général du parti, devient le Premier ministre du nouveau régime.
La fête nationale du Laos est largement célébrée dans tout le pays. Il est marqué par des discours officiels, des cérémonies solennelles, des défilés et d'autres événements et activités festifs.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 décembre 2024
2 décembre : la gloire de Napoléon
Les élèves de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr célèbrent chaque 2 décembre la victoire militaire du fondateur de leur établissement : l’empereur Napoléon Ier. Ils sont bien les seuls, car les autorités françaises restent très réticentes à glorifier la geste napoléonienne. En revanche, en République tchèque, on organise chaque année, à Slavkov u Brna (Austerlitz), une reconstitution de la célèbre bataille en costume d’époque à laquelle participent un millier de figurants venus de toute l’Europe.
Les élèves de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr célèbrent chaque 2 décembre la victoire militaire du fondateur de leur établissement : l’empereur Napoléon Ier. La tradition remonte au Second Empire quand le 1er décembre au soir avait lieu une bataille de polochons dans les dortoirs de l’établissement et le lendemain une veillée aux flambeaux. À partir de 1920, la direction de l’école a autorisé une reconstitution de la bataille qui se déroule aujourd’hui à grande échelle sur les terrains de Coëtquidan chaque 2 décembre. La bataille ainsi mythifiée est bien sûr celle d’Austerlitz, en 1805, la plus brillante des victoires de l’Empereur face aux armées autrichienne et russe, que la Prusse s’apprêtait à rejoindre. Les lettres du nom de la bataille servent même de calendrier à l’école : A pour octobre, U pour novembre, S pour décembre… Ainsi les saint-cyriens fêtent aujourd’hui le « 2S ». L’an un de l’école étant 1805, ainsi dans le langage saint-cyrien, on ne parle pas du 2 décembre 2023 mais du « 2S 218 », soit l’année 218 à partir d’Austerlitz. Partout dans le monde où ils se trouvent, les officiers issus de Saint-Cyr célèbrent la glorieuse victoire. Le 1er décembre, selon le calendrier catholique, est la fête du Bienheureux Père Charles de Foucauld, confesseur de la Foi et également ancien élève de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr. Il est souvent associé aux célébrations de cette école où règne toujours une poignée d’étudiants ultra conservateurs, volontiers traditionalistes et fasciné également par l’épopée coloniale.
Au lendemain de la bataille, dans sa proclamation à ses soldats, Napoléon avait écrit : « Je vous ramènerai en France. Vous ne rentrerez dans vos foyers que sous des arcs de triomphe ». La promesse ne sera tenue qu’en 1806 et il faudra 36 ans encore pour que l’Arc de Triomphe de l’Étoile soit achevé. Napoléon n’en profitera que pour le retour de ses cendres. Aujourd’hui, le monument n’est plus perçu comme ayant été construit à sa gloire. La République en a fait un symbole patriotique. Ce soir, toutefois, c’est bien sûr une délégation de l’école de Saint-Cyr qui va ranimer la flamme. Une tradition qui n’a que cent ans d’âge et qui n’a rien à voir avec la geste napoléonienne.
La journée du 2 décembre est doublement liée à l’Empereur, puisque c’est ce même jour qu’il s’était lui-même couronné empereur dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Pour son sacre, il avait fait venir de Rome le pape Pie VII. C’était en 1804, il y a 219 ans aujourd’hui.
Les passionnés des Bonaparte célèbrent aussi le neveu, Louis-Napoléon Bonaparte, élu président de la République le 2 décembre 1851 et couronné empereur, sous le nom de Napoléon III, l’année suivante, le 2 décembre bien sûr, la date n’avait pas été choisie au hasard !
Voilà donc une journée à la gloire des Bonaparte. Mais est-ce par malice que l’ONU a placé le 2 décembre une Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage ? Sachant que Napoléon, s’il a largement repris à son compte l’héritage de la Révolution de 1789 dont il a fait profiter une partie de l’Europe, en a renié au moins un en rétablissant l’esclavage que la révolution avait pourtant aboli huit ans plus tôt, en 1794.
Napoléon, on le voit a aussi sa part d’ombre, on lui reproche également toutes ses guerres qui ont fait tant de morts partout en Europe, notamment en Espagne, au point que les autorités françaises ont souvent renoncé à célébrer la gloire napoléonienne. En 2005, Jacques Chirac et Dominique de Villepin, alors au pouvoir, ont préféré boycotter le 200e anniversaire d'Austerlitz, à la grande surprise de beaucoup de Français. La commémoration française était pourtant tout à fait exceptionnelle. Les Anglais qui célèbrent chaque année la bataille de Trafalgar ont bien moins de scrupules.
En République tchèque, on organise chaque année, à Slavkov u Brna (Austerlitz), une reconstitution de la célèbre bataille en costumes d’époque. Un millier de passionnés, viennent tous les ans d’une quinzaine de pays, pour honorer la mémoire de ceux qui sont tombés à Austerlitz (18 000 morts tout de même !). La seule variante : depuis 2022, faute de visas, les ressortissants russes ne peuvent plus se joindre à la célébration.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er décembre 2023
La bataille d'Austerlitz (détail) par François Gérard, Musée de Trianon
Le monument aux morts du plateau de Pratzen (où s’est déroulé la bataille), en mémoire des soldats russes, autrichiens et français tombés le 2 décembre 1805.
2 décembre : Sukaphaa Divas, la fête de l’État indien de l’Assam
Cette fête de l’Assam a été créée en 1996, pour célébrer les six siècles d’indépendance du royaume d’Ahom, lequel avait existé et prospéré du XIIIe au XIXe siècle, avant de tomber sous la coupe des Anglais, en 1826.
C’est le Jour de l’Assam : Asom Divas (আসোম দিৱস) la fête nationale de ce petit État, par sa population (seulement 35 millions d’habitants), situé au nord-est de l’Inde. Cette fête a été créée en 1996 par les autorités locales, pour célébrer ses six siècles d’indépendance. En effet, avant de tomber sous la coupe des Anglais, en 1826, un royaume d’Âhom avait existé et prospéré du XIIIe au XIXe siècle.
Le royaume d’Âhom a été fondé par Chaolung Sukaphaa, un prince thaï du royaume de Mong Mao, dans le Yunnan, en Chine. La légende raconte que ce prince héritier de 19 ans a dû quitter son pays, en 1215, suite à la naissance d’un cousin qui lui a bloqué l’accès au trône. Selon la tradition, sa grand-mère lui aurait dit qu’« il n’y a pas de place pour deux tigres dans la même jungle, et qu’il n’y a pas deux rois assis sur le même trône ». Il est donc parti vers le sud accompagné tout de même de quelque neufs mille personnes. Après 13 ans de voyage et de traversée des monts Patkai, le jeune prince et son groupe sont arrivés à Namrup, dans le sud-est de l’actuel Assam en 1228. Quelques années plus tard, Sukapha a fondera le royaume d’Âhom dont il établira la capitale à Charaideo en 1235. Pour se faire accepter comme roi, Sukapha a mis en place des mesures de conciliation pour unir tous les peuples autochtones, notamment les Sutias, les Kacharis et les Morans, les traitant tous égaux et il a encouragé les mariages mixtes entre les Âhoms et les autres tribus. C’est ainsi qu’il a fondé son royaume et sa dynastie. Celui-ci a résisté pendant des siècles à toutes les puissances, notamment les Moghols, mais le petit royaume a fini par tomber sous la domination britannique et en 1947 l’Assam est devenu un État de l’Union indienne.
Le roi Sukapha, divinisé (il serait un descendant du dieu Khunlung), est vénéré comme le fondateur du pays. La figure du roi d’ahim est sacrée. L’an dernier, Garga Chatterjee, une commentatrice politique l’avait qualifié d’« envahisseur chinois ». Ce commentaire a suscité un énorme scandale et lui a valu la visite de la police sur ordre du ministre en chef de l'Assam, Sarbananda Sonowal.
L’anniversaire de son arrivée, en 1228, a été fixé officiellement au 2 décembre, devenu jour férié localement. La fête est également connue sous le nom de Sukaphaa Divas (চাওলুং চুকাফা দিৱস) ou Chaolung Chukapha Day. Elle commence par des spectacles de danse et de musique, puis vient la cérémonie de remise des prix au cours de laquelle le ministre en chef de l'Assam décerne des prix et des récompenses aux lauréats pour leurs diverses réalisations de l'année. En fin de journée, une grande procession est organisée par les autorités. Les participants chantent des chansons locales afin de louer Chaolung Sukaphaa et de conclure la fête.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 décembre 2022
Le roi Sukapha (Chaolung Chukapha) ou Siu-Ka-Pha
Chaolung Chukapha Day célébré à Morigaon Nij Kapahera
2 décembre : les débuts d’une très improbable révolution cubaine
Tout a commencé de manière assez brouillonne sur la côte du Mexique. Après un premier échec en 1953 , qui leur ont valu la prison, puis l’exil, Fidel Castro et son jeune frère Raul se lancent avec une poignée d’hommes dans une nouvelle tentative pour reverser le dictateur Battista… c’est le Día de las Fuerzas Armadas Revolucionarias
Tout a commencé de manière assez brouillonne sur la côte du Mexique. Après un premier échec en 1953, qui leur ont valu la prison, puis l’exil, un jeune avocat cubain du nom de Fidel Castro et son jeune frère Raul se lancent avec une poignée d’hommes dans une nouvelle tentative pour renverser le dictateur Battista. Pour cela il faut retourner discrètement à Cuba. Un vieux yacht, baptisé le Granma, est acheté et retapé à la hâte, on remplit la cale d’armes et on s’embarque en pleine nuit pour échapper aux garde-côtes mexicains, nous sommes le 25 novembre 1956. Il y a 2000 km à parcourir pour relier les côtes cubaines, le trajet sera plus long que prévu, l’eau et la nourriture manquent mais qu’importe, on part faire la révolution. Peu habitués à la mer, plusieurs hommes sont malades. Il y a bien un médecin à bord, un certain Ernesto Guevara, mais qui ne sera pas d’un grand secours. Une forte tempête survient, le bateau manque plusieurs fois de se reverser, 82 hommes s’y entassent alors qu’il est prévu pour 25 au maximum. Un homme tombe à la mer, on le repêche par miracle. Mais pour ne pas couler, la majeure partie du matériel est jetée à la mer, sauf les armes bien sûr.
Le Granma arrive enfin au large des côtes cubaines le 2 décembre, mais ne trouve pas l’endroit prévu pour débarquer. Finalement, il s’échoue dans une mangrove. Un des plus beaux sites de Cuba, aujourd’hui classé au Patrimoine mondial par l’Unesco. Mais, les futurs barbudos qui débarquent, l’eau à hauteur de poitrine, mettront plusieurs heures pour se sortir de ces marais. Ils y perdront la moitié de leurs armes. La cinquantaine d’hommes qui les attendaient ailleurs, finit par les rejoindre avec des camions et des jeeps. En avant vers la montagne. Mais, l’armée cubaine est à leur trousse. Le 5 décembre, à l’Alegria de Pio, les révolutionnaires épuisés tombent sur les soldats de Battista. C’est leur baptême du feu, un véritable désastre. Ils ne seront que 22 survivants à parvenir à se réfugier dans la Sierra Maestra où ils mettront deux ans à préparer l’assaut final. Ainsi sont nées les Forces armées révolutionnaires que l’on célèbre à Cuba chaque 2 décembre par le Día de las Fuerzas Armadas Revolucionarias.
Comme chaque année, un groupe de plusieurs jeunes de la province de Granma pataugent dans la mangrove à l'aube de ce 2 décembre, pour rejouer le débarquement du yacht Granma au lieu-dit de Los Cayuelos (sur la commune de Niquero), le lieu même où Castro a débarqué à Cuba il y a 65 ans.
Traditionnellement, un grand rassemblement est organisé au Monument de la Portada de la Libertad, pour une soirée culturelle à laquelle participeront de jeunes Cubains encadrés par les autorités. La nuit prochaine, des centaines de jeunes pionniers feront du camping en hommage à Fidel. Pour les soutiens du pouvoir cubain, le mythe demeure intact.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er décembre 2021