29 novembre : la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien dans un contexte de guerre

 

La journée du 29 novembre est célébrée à la fois en Israël et en Palestine mais, pas avec la même arrière-pensée.

Il y a 76 ans, le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations unies votait sa résolution 181, prévoyant un plan de partage de la Palestine avec un « État juif » et un « État arabe ». Jérusalem ne devait appartenir à aucune des deux entités, mais serait placée sous un régime international spécial comme corpus separatum. Certes, l’exclusion de Jérusalem n’était pas une bonne nouvelle, mais pour la première fois, trente ans après la déclaration Balfour, la communauté internationale annonçait la création d’un État juif. Cette journée est connue en Israël comme le « Kaf-tet-b’November » (29 de novembre), mais elle est fêtée bien plus discrètement que l’anniversaire de la création d’Israël, en 1948.  Même si, en 2017, des cérémonies officielles ont été organisées à travers le pays pour marquer le 70e anniversaire de la décision, cette journée est de moins en moins célébrée. En effet, on connait la suite, l’hostilité des États arabes du voisinage a empêché l’application de ce plan, seuls les juifs, les armes à la main, ont pu créer un État, d’ailleurs nettement plus étendu que ce qu’il était prévu en 1947, provoquant la Nakba palestinienne.

Trois guerres israélo-palestiniennes plus tard, Yasser Arafat prononçait un discours devant l’Assemblée générale de l’ONU (le 13 novembre 1974) pour appeler la communauté internationale à reconnaître un État palestinien. Cette demande est restée lettre morte, notamment en raison du blocage de Washington. Mais en 1977, l’ONU décidait finalement que le 29 novembre serait désormais célébré comme la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. Ce jour-là, les successeurs d’Arafat sont invités chaque année à faire un discours devant l’Assemblée générale réunie en session extraordinaire, les opposants se font discrets et les pro-palestiniens se répandent en bonnes paroles, un peu partout dans le monde. Ici et là des manifestations rituelles de solidarités sont programmées, sans grande incidence sur le cours des choses. Jusqu’en 2023, la commémoration s’est faite de plus en plus discrète alors que plusieurs pays arabes ont fait  la paix  avec Israël sans contrepartie pour les Palestiniens, hormis la promesse de Jérusalem de renoncer (pour le moment) l’annexion de l’intégralité de la vallée du Jourdain… La terrible agression terroriste du Hamas, le 7 octobre 2023, le massacre de la population civile vivant aux abords de la bande de Gaza, les prises d’otages, y compris des enfants très jeunes ont transformé radicalement la situation. Dans un tel contexte des manifestations de solidarité avec le peuple palestinien pouvaient sembler déplacée.  Mais Netanyahou et son gouvernement d’extrême droite sont tombés dans le piège tendu par l’organisation terroriste palestinienne en noyant l’enclave de Gaza sous les bombes faisant dix fois plus de victimes civiles (le bilan n’est pas encore connu) que n’en ont fait les terroristes du Hamas. Si bien qu’une majorité de pays dans le monde a pris fait et cause pour le peuple palestinien, des manifestations sont prévues un peu partout, pas seulement à Tunis, une des rares capitales arabes à n’avoir jamais abandonné la cause palestinienne (cette année le cortège par à 13h du ministère du Tourisme et marchera jusqu’au théâtre municipal de Tunis). La plupart des mouvements d’extrême gauche dans le monde sont mobilisés pour ce 29 novembre bien plus qu’à l’accoutumée. À Paris un rassemblement est prévu place de la Sorbonne. Dans les pays qui ont signé des accords avec Israël, on se souvient subitement de la cause palestinienne bien occultée ces dernières années. À Moscou et à Pékin, on célèbre la journée en dénonçant le « deux poids deux mesures » des indignations de l’Occident. À New York, des militants prévoient de perturber la cérémonie d'allumage de l'arbre de Noël qui a lieu ce même jour. Même la Maison Blanche commence prendre conscience que rien ne sera plus comme avant et que le statu quo territorial ne pouvait conduire qu’à la catastrophe… Cette Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien 2023 ne devrait pas passer inaperçue comme les années précédentes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 novembre 2023

 
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