L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
2 juin : le jour où les Amérindiens sont devenus (presque) des citoyens
Voilà une célébration qui trouve difficilement sa place dans l’Amérique de Trump : la Journée de la citoyenneté amérindienne. Il y a un siècle, le 2 juin 1924, le gouvernement des États-Unis accordait enfin la citoyenneté à tous les Amérindiens, mais sans le droit de vote !
Voilà une célébration qui trouve difficilement sa place dans l’Amérique de Trump : la Journée de la citoyenneté amérindienne (American Indian Citizenship Day). Il y a cent ans, le 2 juin 1924, le gouvernement des États-Unis accordait la citoyenneté aux Amérindiens en adoptant la loi Snyder, également connue sous le nom de loi sur la citoyenneté indienne. L’an dernier le centenaire avait suscités des festivités, cette année…
Avant 1924, la constitution des États-Unis et son 14e amendement, refusait explicitement la citoyenneté américaines aux amérindiens. En 1857, la Cour suprême des États-Unis a statué dans l'affaire Dred Scott contre Sandford que les Amérindiens n'étaient pas citoyens, mais pouvaient acquérir la citoyenneté par naturalisation. Mais selon des conditions très restrictives. On continuait à exclure notamment tous ceux qui n’étaient pas contribuables parce qu’ils n’avaient pas accepté le morcellement en lots individuels des terres collectives. C’est-à-dire 92% d’entre eux. Petite avancée, en 1888, les femmes amérindiennes épousant des citoyens américains ont obtenu la citoyenneté. Les vétérans amérindiens de la Première Guerre mondiale ont obtenu la leur en 1919. Ils n’étaient qu’une poignée.
La loi sur la citoyenneté indienne de 1924 fut donc un progrès évident mais les Amérindiens restaient des citoyens de second plan puisqu’ils ne bénéficiaient pas du droit de vote ! Ils n’obtiendront qu’en 1948, soit tout de même 17 ans avant les Noirs. Et encore, celui-ci reste toujours difficile à exercer dans de nombreux États comme l’Alaska, le Dakota du Sud, le Dakota du Nord, le Montana, l’Arizona, le Nouveau-Mexique… Les Amérindiens constituent des groupes électoraux clés dans des États comme l'Arizona, l'Alaska, le Nevada, le Montana, le Michigan et le Wisconsin, pour n'en citer que quelques-uns. Les restrictions électorales ciblant ces communautés peuvent influencer considérablement les résultats électoraux.
Par exemple, dans le Montana, l'assemblée législative de l'État a adopté la loi en 2018, limitant la collecte des bulletins de vote, une méthode largement utilisée dans les communautés autochtones rurales isolées. Les tribus Assiniboine et Sioux de Fort Peck, la nation Blackfeet, les tribus confédérées Salish et Kootenai de la réserve Flathead, la tribu Crow et la communauté indienne de Fort Belknap, Western Native Voice et Montana Native Vote ont contesté cette loi devant les tribunaux. En 2020, la cour a statué dans l'affaire Western Native Voice c. Stapleton que le blocage de la collecte des bulletins de vote était inconstitutionnel. Étonnamment, quelques mois seulement après cette décision, l'assemblée législative de l'État du Montana a de nouveau restreint la collecte des bulletins de vote. Les tribus du Montana ont été contraintes de saisir à nouveau les tribunaux pour protéger les droits des électeurs autochtones. La Cour a de nouveau jugé les restrictions électorales inconstitutionnelles… La citoyenneté pleine et entière des Amérindiens est un combat de tous les jours.
À propos de l’exercice du droite de vote, Pap Ndiaye fait ce constat : « Les républicains, dans les États où ils sont majoritaires, en ont profité pour multiplier les obstacles à l'inscription sur les listes électorales, officiellement pour “lutter contre la fraude”, un argument classique depuis le XIXe siècle. En réalité, il est surtout question de limiter la participation électorale des minorités, qui penchent largement du côté démocrate. (…) Les électeurs doivent faire une dizaine de kilomètres et attendre plusieurs heures avant d'accéder aux urnes, ce qui les décourage d'autant plus que le jour du scrutin est le mardi et qu'il est parfois compliqué de s'absenter de son lieu de travail, même si l'employeur a obligation d'accorder un bref congé. En Caroline du Sud, en Arkansas, en Alabama, au Texas et ailleurs, les autorités réclament une pièce d'identité avec photo pour pouvoir voter, ce qui exclut les plus pauvres et les plus âgés qui n'ont ni passeport ni permis de conduire. On raye des listes électorales à tour de bras sous n'importe quel prétexte : une adresse inexacte, une homonymie. La possibilité de voter par correspondance est limitée. » (L’Histoire, juin 2020)
Cette commémoration du 2 juin n’est pas un jour férié officiel, la date est simplement célébrée par des événements éducatifs, des conférences, des expositions thématiques et des cérémonies. Dans les écoles et les universités, elle était une occasion d'étudier l'histoire et les traditions des peuples autochtones des États-Unis, avant que l’administration Trump ne fasse régner la terreur et interdise toutes allusions à ce type de sujet. Sur les sites des universités, les pages qui en parlaient ont été pour la plupart effacées dans la hâte début 2025.
Le 20 janvier 2025, le président Trump a publié un décret intitulé « Protection du sens et de la valeur de la citoyenneté par le sol », qui vise à retirer la citoyenneté aux enfants nés aux États-Unis de parents qui ne sont ni citoyens ni résidents permanents légaux. Ce décret, publié par le président parmi de nombreuses autres mesures anti-immigration, se concentre sur la clause de citoyenneté du quatorzième amendement de la Constitution, qui garantit la citoyenneté par le sol. Elle ne concerne pas les Amérindiens, pour le moment…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er juin 2025
Le président Calvin Coolidge pose avec quatre Osage, à la Maison Blanche après la signature de l'Indian Citizenship Act, 1924.
28 novembre : Thanksgiving contre Unthanksgiving, quatre siècles de mémoires antagonistes
Aux États-Unis, Thanksgiving est un jour de rassemblement familial, on se retrouve autour d’un repas traditionnellement composé d’une dinde. Ce même jour, les Amérindiens tiennent à rappeler ce qu’ils ont subi à cause de l'arrivée des Européens.
Depuis des générations, aux États-Unis, Thanksgiving (action de grâce) est un jour de rassemblement familial pour lequel on a parfois traversé tout le pays. On se retrouve autour d’un repas traditionnellement composé d’une dinde à la sauce aux airelles, accompagnée de pommes de terre et de l’inévitable tarte au potiron (pumpkin pie). Depuis une tradition lancée par Harry Truman en 1947, le président des États-Unis et son épouse vont eux-mêmes découper la dinde en public et en distribuer aux pauvres de Washington. Beaucoup de villes organisent aujourd’hui un grand défilé qui aura du mal à rivaliser avec celui de New-York et ses ballons géants, sponsorisé par la chaine de magasins Macy’s, suivi par plus de 2,5 millions de spectateurs et 45 millions de téléspectateurs.
Cette fête trouve son origine dans l’histoire des premiers pèlerins anglais, débarqués du Mayflower dans la baie de Plymouth, au Massachusetts en 1621. Malades et sans ressources, ils survivent grâce au soutien des populations amérindiennes qui les initient à la culture du maïs. La première récolte donne lieu à une grande fête des moissons et une journée d’action de grâce pour remercier Dieu des bienfaits reçus et de la bonne entente avec les autochtones.
C’est Abraham Lincoln qui en a fait une fête nationale en 1863, pour encourager l’unité pendant la guerre de Sécession. En 1941, le Congrès a officiellement arrêté la date de Thanksgiving au quatrième jeudi de novembre. Le choix du jeudi était pour ne pas empiéter sur les fêtes religieuses.
Les mauvaises langues font remarquer que depuis quatre siècles, les Américains ont surtout rendu grâce à Dieu, beaucoup plus qu’aux Indiens, les grands oubliés de l’histoire officielle américaine. Si le sort des Indiens n’a jamais mobilisé les foules, le sort des dindes si ! Thanksgiving est aussi un jour mobilisation de la part des associations de défense des animaux, au point que le président américain a coutume depuis G. Bush, très officiellement, d’en gracier au moins une ce jour-là. Joe Biden en a sauvé deux vendredi dernier.
Ce même jour, une cérémonie du lever du soleil des peuples autochtones se déroule sur l'île d'Alcatraz le quatrième jeudi de novembre, coïncidant avec Thanksgiving. Ce Unthanksgiving, tel qu’il a été baptisé, a pour but d’honorer les Amérindiens et promouvoir leurs droits.
Le 20 novembre 1969, un groupe d'Amérindiens, pour la plupart des étudiants, occupait l'île d'Alcatraz. Ils revendiquaient l'île en appuyant sur le traité de Fort Laramie, également connu sous le nom de traité des Sioux de 1868. L'occupation a duré dix-neuf mois. Pendant l'occupation, de nombreux Amérindiens ont rejoint ce mouvement des droits civiques. Le gouvernement des États-Unis a mis fin de force à l'occupation le 11 juin 1971.
Le premier Unthanksgiving Day a eu lieu le 27 novembre 1975. Il a été créé pour célébrer la survie des peuples autochtones des Amériques malgré la colonisation européenne. C’est intentionnellement que les organisateurs ont choisi le quatrième jeudi de novembre, jour où la plupart des États-uniens célèbrent Thanksgiving, pourt rappeler les pertes que les Indiens ont dû subir à cause de l'arrivée des Européens.
La cérémonie est organisée par le Conseil international des traités indiens et American Indian Contemporary Arts. La célébration a lieu avant le lever du soleil et est ouverte au public. Le même jour, une manifestation annuelle connue sous le nom de Journée nationale de deuil (National Day of mourning) est organisée dans le Massachusetts.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 novembre 2024
22 janvier : la Bolivie célèbre son pluralisme culturel
Ce nouveau jour férié a pour but de l’affirmer au reste du monde : la Bolivie est un État majoritairement peuplé d’Indigènes. Il a fallu pourtant attendre le 22 janvier 2006 pour qu’un Indien accède à la présidence d’une République fondée 181 ans plus tôt. Mais le mouvement à l’origine de cette révolution culturelle est en train de se déchirer…
Ce nouveau jour férié a pour but de l’affirmer au reste du monde : la Bolivie est un État majoritairement peuplé d’Indigènes. Il a fallu pourtant attendre le 22 janvier 2006 pour qu’un Indien accède à la présidence d’une République fondée 181 ans plus tôt. En 2010, la république de Bolivie est devenue l’État plurinational de Bolivie (en vertu de la constitution de janvier 2009). Depuis, pour entretenir cette révolution culturelle, chaque 22 janvier, est célébrée la Journée de l’État plurinational (Día del Estado Plurinacional).
Même si Evo Morales ne parle ni l’aymara, langue de ses origines, ni le quechua, celle de sa région d’adoption, ce jour est historique pour le pays, comme l’ensemble du continent américain. Depuis 2010, l’« État plurinational de Bolivie » est célébré en musique à La Paz, sur la place Murillo qui dès ce matin résonne du son la flute de pan et du tambour. La nouvelles constitution reconnait 37 langues (avec l’espagnol). Les 36 nations indiennes sont représentées en costume régionaux. Un discours est prononcé place des Héros, le lieux même où Morales avait débuté sa campagne électorale en 2005.
Cela dit, l’étoile d’Evo Morales a aujourd’hui bien pâli. En novembre 2019, il était contraint à la démission pour soupçon de fraude électorale lors du scrutin pour son quatrième mandat (alors que la constitutions ne prévoit que deux mandats). Son dauphin et successeur, Luis Arce, est devenu son adversaire politique. La Cour constitutionnelle a interdit à Morales de se présenter en 2025. L’ancien président mobilise ses partisans, les incitant à barrer les routes ce 22 janvier (alors que les Boliviens bénéficie d’un week-end de trois jours) pour protester contre la décision des juges.
Les Boliviens se déchirent sur l’avenir d’Evo Morales, mais l'’esprit du pluralisme cultuel bolivien demeure néanmoins. Le gouvernement bolivien célébre ce lundi, le 15e anniversaire de la promulgation de la nouvelle Constitution politique de l'État, qui a institué l'État plurinational. Les activités commémoratives débutent à 7h30 du matin par une cérémonie ancestrale de gratitude à Pachamama dans l'atrium de la Casa Grande del Pueblo, siège du gouvernement national.
À 8 heures du matin, le président Luis Arce prononce un message à la nation dans le hall de la Casa Grande del Pueblo. Plus tard, à 10 heures du matin, se tiend un rassemblement d'organisations sociales sur la Plaza Murillo de la Paz, le centre du pouvoir politique du pays.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 janvier 2024
21 juin : le nouvel an des Mapuches
We Tripantu est le jour le plus court de l’année, un jour sacré pour les Mapuches, peuple autochtone du Chili et de l’Argentine. C’est le début de l’hiver, ce matin, ils se sont réveillés à l’aube d’une nouvelle année. En 2021, le Chili a fait de cette date la Journée nationale des peuples autochtones.
Hier soir, c’était We Tripantu, le jour le plus court de l’année, un jour sacré pour les Mapuches, peuple autochtone du Chili et de l’Argentine. Cette année, le solstice d’hiver (nous sommes dans l’hémisphère sud) tombe dans la soirée du 20 juin. Les familles se sont réunies autour d’un grand feu. Ce matin, elles se sont réveillés à l’aube d’une nouvelle année. Ce jour est donc le nouvel an des Mapuches mais aussi celui des Aymaras et des Rapa Nuis (les habitants de l’île de Pâques).
Le 21 juin, d'autres cérémonies d'une profonde signification sacrée et spirituelle sont célébrées par le peuple Mapuche : le Katan Kawin , qui consiste à présenter officiellement les garçons et les filles devant le reste des familles Mapuche. Le rite de présentation consiste en le Katan , le perçage des oreilles et la mise en place d'anneaux qui symbolisent le nouveau rôle social qui est assumé. De plus, dans certains cas, ils reçoivent un nom propre original, des noms philosophiques, parfois rêvés par les parents, par les anciens, et pour une raison quelconque, ils ne pouvaient pas être enregistrés à l’état civil.
Cette fête a été déclarée comme Journée nationale des peuples autochtones, c’est un jour férié au Chili depuis 2021. La célébration de ce jour avait été instituée par décret suprême sous le gouvernement d'Eduardo Frei en 1998, mais n’est un jour férié que depuis peu. Au sein des communautés autochtones du Chili (13% de la population), les festivités durent jusqu’au 24 juin.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
19 avril : la Journée des peuples autochtones au Brésil
Chaque 19 avril, au Brésil et dans plusieurs autres pays du continent américain, est célébrée la Journée des Indiens ou la Journée des Peuples Indigènes.
Chaque 19 avril, au Brésil et dans plusieurs autres pays du continent américain, est célébrée la Journée des Indiens (dia do índio) ou la Journée des Peuples Indigènes.
La date fait référence au jour où les délégués indigènes, représentants de divers groupes ethniques de pays de pays d’Amérique du Sud ou du Mexique, se sont réunis en 1940 pour un premier congrès indigène interaméricain. Cette réunion qui a débuté le 19 avril 1940 avait pour but de discuter de divers agendas concernant la situation des peuples autochtones après des siècles de colonisation et de construction d'États nationaux dans les Amériques.
Au Brésil, cette Journée des Indiens a été instituée par décret-loi, en 1943, par le président de l'époque, Getúlio Vargas, qui exerçait le pouvoir de manière autoritaire dans le cadre du soi-disant Estado Novo. Son régime accordait une certaine influence aux sertanistas (les colons du sertão brésilien) mais aussi à des personnalités issues des communautés indigènes, comme le maréchal Cândido Rondon, fervent partisan du gouvernement Getúlio.
Sous le président Jair Bolsonaro, c’est l’inverse qui s’est produit. La situation des peuples autochtone s’est terriblement dégradée sous la présidence de ce président d’extrême droite. Ce qui engendre des mouvements de protestation récurrents. Début avril, comme en août 2021, quelque 8 000 membres des peuples autochtones ont établi à Brasilia un vaste campement pour dénoncer l’orpaillage illégal et la pollution de leurs territoires. Ils ont reçu le soutien de l’ancien président Lula que les Indiens voir revenir à la présidence le 1er janvier 2023.
Selon certaines estimations, notamment celles de l'anthropologue et démographe Marta Maria Azevedo, les Indiens étaient plus de 3 millions à l’arrivée des Européens, mais ils étaient moins de 100 000 au milieu du XXe siècle. Leur protection mise en place à la fin du XXe siècle a permis à leur démographie de se redresser, leur nombre dépasserait aujourd’hui le million répartis en 305 ethnies et parlant 274 langues, soit 0,5 % de la population du pays. Mais, leurs réserves occupent environ 13 % du territoire, d’où les convoitises et le grignotage dont elles font systématiquement l’objet surtout depuis que Jair Bolsonaro est au pouvoir.
La Constitution du 5 octobre 1988 avait entériné l’idée que les Indiens, en vertu de leur occupation du territoire avant la colonisation, détiennent sur lui des « droits originaires ». Ce qui leur est aujourd’hui contesté. Au Brésil, les Indiens occupent une bonne portion du territoire mais font remarquer que les 130 000 grands propriétaires terriens possèdent à eux seuls 37% du territoire brésilien, dont une bonne partie est laissée en friche. Soit une densité infiniment moindre que dans les réserves indiennes. Dans un souci de rationalité économique, c’est aux latifundia qu’il faudra s’attaquer et non aux réserves indiennes principalement recouvertes de de forêt, poumon de la planète.
« Ce jour n'est pas un jour commémoratif, c'est un jour de grande tristesse. Symboliquement c'est le Jour de l’Indien, mais nous les indigènes n'avons rien à fêter, au contraire, nous n'avons que des malheurs. Année après année nos populations sont agressées et nos cultures subissent des tentatives de décimation », déclare un représentant du village de Tacaratu, dans le Sertão de Pernambuco.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 avril 2022
8 novembre : la Journée des anciens combattants autochtones du Canada
Des centaines d’entre eux ont laissé leur vie pour une patrie jusque-là peu reconnaissante
Le Canada se souvient qu’il était habité avant l’arrivée des Européens. Après la journée des enfants martyrs des pensionnats réservés aux autochtones, c’est aujourd’hui la Journée nationale des anciens combattants autochtones. Des centaines d’entre eux ont laissé leur vie pour une patrie canadienne jusque-là peu reconnaissante.
Durant la guerre de 1812, ils ont été de précieux alliés pour la protection du Canada, ils ont aidé à protéger les citoyens de ce pays nouveau contre les attaques et les invasions des Américains. Depuis, des milliers d’entre eux ont servi avec bravoure lors des deux guerres mondiales et de la guerre de Corée.
Selon les statistiques fournies par Anciens Combattants Canada, plus de 7 000 Autochtones ont servi en Corée. Cependant, ce nombre n'inclut pas les Indiens non inscrits, les métis ou les Inuits. En les comptant, le total réel serait plus proche de 12 000. Lorsque les anciens combattants autochtones sont rentrés de Corée, bon nombre d'entre eux ont été confrontés aux lourdeurs bureaucratiques. Certains d'entre eux se sont vus refuser le soutien et les services offerts aux non-autochtones, tandis que d'autres ont perdu les avantages offerts aux autochtones vivant dans les réserves. Bon nombre d'entre eux n'ont reçu aucune compensation parce que le ministère des Anciens Combattants croyait que les compensations devraient être payées par le ministère des Affaires indiennes, et vice versa.
Pourtant, certains de ces anciens combattants comptent parmi les soldats, aviateurs et marins les plus décorés de l’histoire militaire du Canada. Le Sergent Tommy Prince était membre de 2e Bataillon, Princess Patricia’s Canadian Light Infantry à Kapyong, et c’est l’un des soldats autochtones les plus décorés au Canada.
La Journée des vétérans autochtones a été créée au Manitoba en 1994 puis a été étendue à l’ensemble du pays sous le nom de « Journée nationale des vétérans autochtones », que l’on célèbre le 8 novembre de chaque année.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 novembre 2021
29 janvier : Bear River, un massacre d'Amérindiens
Il y a 157 ans, des centaines d’Indiens Shoshone hommes, femmes et enfants se faisaient massacrer à Bear River (Idaho) par des hommes armés conduits par un officier américain et leur village entièrement brûlé. On déplora 450 morts, seuls 13 survivants ont pu témoigner de la manière dont a été exterminé leur tribu et ont transmis la mémoire.
Il y a 157 ans, des centaines d’Indiens Shoshone hommes, femmes et enfants se faisaient massacrer à Bear River (Idaho) par des hommes armés conduits par un officier américain et leur village entièrement brûlé. On déplora 450 morts, seuls 13 survivants ont pu témoigner de la manière dont a été exterminée leur tribu et ont transmis la mémoire.
Il a fallu attendre 2008 pour que la tribu récupère la propriété du site du drame où se déroulent désormais les commémorations annuelles. Aujourd’hui, des centaines de personnes se recueillent dans le froid en bordure de la route 91. Le jour du massacre, le 29 janvier 1863, il faisait moins 30°.
Le colonel Patrick Edward Connor, après avoir entendu des accusations de mineurs selon lesquelles des indiens Shoshones leur avaient volé des biens et des animaux, avait engagé un groupe de volontaires armés et les a conduits jusqu'au village Shoshone de Bear Hunter, proche de la rivière Bear. Le colonel Connor, qui avait déjà été le témoin de disputes entre les Indiens et les Mormons, se décide à attaquer les Indiens dans leur campement d'hiver. Les hommes de Connor se sont approchés du campement indien tôt le matin. Avertis, les Indiens ont rapidement rassemblé leurs armes et la bataille a commencé. Une fois leurs munitions épuisées, les Indiens ont demandé à se rendre, mais n'ont reçu aucune réponse. La bataille s'est rapidement transformée en massacre : les soldats ont tué 450 hommes, femmes et enfants Shoshone tandis que les volontaires californiens ont subi dix-huit victimes.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 janvier 2020