L’Almanach international

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1825, Uruguay, Guerre d'indépendance, 19 avril Bruno Teissier 1825, Uruguay, Guerre d'indépendance, 19 avril Bruno Teissier

19 avril : le débarquement des 33 patriotes à l’origine de l’Uruguay

L’Uruguay commémore le débarquement d’un groupe de révolutionnaires en exil, venus pour chasser les autorités brésiliennes qui administraient le pays. Ce qui permettra à l’Uruguay de proclamer son indépendance quelques semaines plus tard.

 

C’est une geste patriotique que l’Uruguay célèbre chaque 19 avril par un jour férié. Avant d’exister en tant qu’État, l’Uruguay a vu son territoire disputé par les Argentins, les Brésiliens et même les Anglais. En 1821, le pays a été annexé par le Brésil, sous le nom d'« État Cisplatino ». Le 19 avril 1825, à 23 h., un groupe de révolutionnaires uruguayens en exil dirigé par Juan Antonio Lavalleja,  traversait secrètement le fleuve Uruguay et débarquait sur la plage d'Agraciada. Ils étaient trente-trois. L’Uruguay avait constitué la province orientale de l’Argentine, si bien que ces patriotes, encouragés par l’Argentine, étaient appelés les Orientaux et ce jour férié commémore le Desembarco de los 33 Orientales.

Une fois sur l’autre rive du Rio de la Plata, ils plantèrent ce qui sera connu sous le nom de drapeau des 33 Orientaux et prêtèrent serment d'expulser le gouvernement brésilien d'Uruguay. Quatre mois plus tard, faute d’avoir réintégré le giron argentin, l'Uruguay déclarait officiellement son indépendance du Brésil, le 25 août 1825. Après 500 jours de combats (guerre Argentine-Brésil), le Brésil finira par reconnaître l'indépendance de l'Uruguay en 1828.

Des années plus tard, alors que l'État oriental de l'Uruguay devenait une nouvelle nation souveraine, sur ordre du gouverneur et capitaine général de l'État, le général de brigade Juan Antonio Lavalleja, le colonel de l'époque, Manuel Oribe, reçut l'ordre de préparer la « Liste officielle des 33 Orientales ». » de 1825, qui fut certifiée par le général Lavalleja le 28 juillet 1830.

Cette liste comprenait : le Colonel Don Juan Antonio Lavalleja, lieutenant-colonel Don Manuel Oribe ; les sergent-majors Don Pablo Zufriategui et Don Simón del Pino ; les Capitaines Don Manuel Lavalleja, Don Jacinto Trápani, Don Manuel Freire, Don Gregorio Sanabria, Don Santiago Gadea, Lieutenants Don Basilio Araujo, Manuel Menéndez, Enseigne Don Atanasio Sierra, Don Pantaleón Artigas ; Sergents Don Juan Spikerman, Don Andrés Areguat, Don Celedonio Rojas ; Cabos, Avelino Miranda, Agustín Velázquez ; le cadet Don Andrés Spikerman ; Soldats Ramón Ortiz, Juan Ortíz, Ignacio Nuñez, Francisco Lavalleja, Carmelo Colmán, Santiago Nevas, Juan Rosas, Juan Acosta, Luciano Romero, Ignacio Medina, Felipe Carapé, Baqueano Andrés Cheveste. Esclaves Joaquín Artigas et Dionisio Oribe'. (Ces deux derniers furent libérés par Lavalleja comme soldats, au quartier général de Barra del Pintado de la Florida, en juin 1825).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 avril 2024

 
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1943, Pologne, Seconde Guerre mondiale, Shoah, 19 avril Bruno Teissier 1943, Pologne, Seconde Guerre mondiale, Shoah, 19 avril Bruno Teissier

19 avril : la mémoire de l’insurrection du ghetto de Varsovie

Il y a 80 ans, plusieurs centaines de juifs du ghetto de Varsovie se soulevaient contre les occupants nazis, préférant mourir les armes à la main plutôt que gazés dans le camp d’extermination de Treblin­ka… Ce soulèvement est considéré comme étant l'acte de résistance juive pendant la Shoah le plus connu et le plus commémoré.

 

Comme chaque année, en dépit de relations plutôt froides entre les deux pays, une délégation israélienne accompagne le président polonais pour déposer une gerbe devant le monument érigé à la gloire des héros du ghetto. Cette année, alors qu’on célèbre le 80e anniversaire de l’insurrection du ghetto de Varsovie (80. rocznica powstania getta warszawskiego), Israël entame une normalisation de ses relations avec la Pologne. Les deux pays vont à nouveau échanger des ambassadeurs (lequel étaient absents depuis 2021). Aujourd’hui, des fêtes, des expositions, des concerts, des représentations théâtrales, des conférences scientifiques, des ateliers et des promenades sont au programme.

Le musée du Ghetto de Varsovie (WGM), entre autres organise un concert de l'orchestre symphonique polono-israélien le 19 avril au Grand Théâtre - Opéra National. Le concert a eu lieu sous le patronage du président Andrzej Duda. L'orchestre, composé de jeunes musiciens de l'Académie de musique et de danse de Jérusalem et de l'Université de musique Fryderyk Chopin, est dirigé par Anna Sułkowska-Migoń (lauréate cette année du "Polityka's Passport"). Pendant le concert, la 8e Symphonie op. 53 "Fleurs polonaises". Les auteurs de l'ouvrage sont Mieczysław Weinberg et Julian Tuwim. Une pièce composée spécialement pour cette occasion par Elżbieta Sikora sera également présentée. Le WGM a également préparé l'exposition "Mémoire 1943" à Kordegarda - la galerie du Centre national de la culture (30 mars - 10 mai).

Il n’y a plus de témoins directs (le dernier combattant du ghetto de Varsovie, Simha Rotem est décédé le 22 décembre 2018 à l'âge de 94 ans), on évoque le courage de ces hommes face à leurs bourreaux et finalement à la mort. Le 19 avril 1943, plusieurs centaines de juifs du ghetto de Varsovie se soulevaient contre les occupants nazis, préférant mourir les armes à la main plutôt que gazés dans le camp d’extermination de Treblin­ka. À cette époque, ils n’étaient plus que 60 000 dans la capitale polonaise contre 450 000 en 1940. Cette insurrection de près d’un mois, sans moyens et sans véritable espoir, aboutira à la destruction totale du ghetto et à la mort quasi-totale de ses derniers occupants.

À Paris, le Réseau d'Actions contre l'Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR) et de nombreuses associations et personnalités dont Memorial 98, a rendu hommage aux résistants du ghetto, le dimanche 16 à 14 30 h sur la place de l'Hôtel de Ville de Paris.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Le monument érigé à la gloire des héros du ghetto de Varsovie

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1940, Brésil, Amérindiens, 19 avril Bruno Teissier 1940, Brésil, Amérindiens, 19 avril Bruno Teissier

19 avril : la Journée des peuples autochtones au Brésil

Chaque 19 avril, au Brésil et dans plusieurs autres pays du continent américain, est célébrée la Journée des Indiens ou la Journée des Peuples Indigènes.

 

Chaque 19 avril, au Brésil et dans plusieurs autres pays du continent américain, est célébrée la Journée des Indiens ou la Journée des Peuples Indigènes

La date fait référence au jour où les délégués indigènes, représentants de divers groupes ethniques de pays de pays d’Amérique du Sud ou du Mexique, se sont réunis en 1940 pour un premier congrès indigène interaméricain. Cette réunion qui a débuté le 19 avril 1940 avait pour but de discuter de divers agendas concernant la situation des peuples autochtones après des siècles de colonisation et de construction d'États nationaux dans les Amériques.

Au Brésil, cette Journée des Indiens (dia do índio) a été instituée par décret-loi, en 1943, par le président de l'époque, Getúlio Vargas , qui exerçait le pouvoir de manière autoritaire dans le cadre du soi-disant Estado Novo. Son régime accordait une certaine influence aux sertanistas (les colons du sertão brésilien) mais aussi à des personnalités issues des communautés indigènes, comme le maréchal Cândido Rondon, fervent partisan du gouvernement Getúlio.

Sous le président Jair Bolsonaro, c’est l’inverse qui s’est produit. La situation des peuples autochtone s’est terriblement dégradée sous la présidence de ce président d’extrême droite. Ce qui engendre des mouvements de protestation récurrents. Début avril, comme en ao^ut 2021, quelque 8 000 membres des peuples autochtones ont établi à Brasilia un vaste campement pour dénoncer l’orpaillage illégal et la pollution de leurs territoires. Ils ont reçu le soutien de l’ancien président Lula que les Indiens voir revenir à la présidence le 1er janvier 2023.

Selon certaines estimations, notamment celles de l'anthropologue et démographe Marta Maria Azevedo, les Indiens étaient plus de 3 millions à l’arrivée des Européens, mais ils étaient moins de 100 000 au milieu du XXe siècle. Leur protection mise en place à la fin du XXe siècle a permis à leur démographie de se redresser, leur nombre dépasserait aujourd’hui le million répartis en 305 ethnies et parlant 274 langues, soit 0,5 % de la population du pays. Mais, leurs réserves occupent environ 13 % du territoire, d’où les convoitises et le grignotage dont elles font systématiquement l’objet surtout depuis que Jair Bolsonaro est au pouvoir. 

La Constitution du 5 octobre 1988 avait entériné l’idée que les Indiens, en vertu de leur occupation du territoire avant la colonisation, détiennent sur lui des « droits originaires ». Ce qui leur est aujourd’hui contesté. Au Brésil, les Indiens occupent une bonne portion du territoire mais font remarquer que les 130 000 grands propriétaires terriens possèdent à eux seuls 37% du territoire brésilien, dont une bonne partie est laissée en friche. Soit une densité infiniment moindre que dans les réserves indiennes. Dans un souci de rationalité économique, c’est aux latifundia qu’il faudra s’attaquer et non aux réserves indiennes principalement recouvertes de de forêt, poumon de la planète.

« Ce jour n'est pas un jour commémoratif, c'est un jour de grande tristesse. Symboliquement c'est le Jour de l’Indien, mais nous les indigènes n'avons rien à fêter, au contraire, nous n'avons que des malheurs. Année après année nos populations sont agressées et nos cultures subissent des tentatives de décimation », déclare un représentant du village de Tacaratu, dans le Sertão de Pernambuco.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1970, Colombie, 19 avril Bruno Teissier 1970, Colombie, 19 avril Bruno Teissier

19 avril : jour de mémoire pour la gauche colombienne

Il y a 50 ans jour pour jour, le général Gustavo Rojas Pinilla, se faisait voler sa victoire à la présidentielle en raison d’une fraude électorale massive organisée par les conservateurs… c’était le 19 avril 1970. Ces partisans formeront ensuite le mouvement de guérilla M-19 (Mouvement du 19 avril).

 

Le 19 avril est une date qui est dans toutes les têtes en Colombie, elle appartient l’histoire mouvementée de la gauche dans ce pays.

Il y a 50 ans jour pour jour, le général Gustavo Rojas Pinilla, se faisait voler sa victoire à la présidentielle en raison d’une fraude électorale massive organisée par les conservateurs. Le général Pinilla avait dirigé le pays de manière autoritaire dans les années 1950 mais il avait su, à l’époque, négocier avec les guérillas d’extrême gauche. En 1970, la gauche colombienne voyait en lui celui qui pouvait mettre un terme à la violence politique (de droite comme de gauche) endémique dans le pays. C’était le 19 avril 1970

Trois ans plus tard, un groupe de ses partisans formait le M19 (Movimiento 19 de Abril), un mouvement d'e guérilla urbaine dont le fait d’armes le plus tragique fut, en 1985, l’assaut du palais de Justice de Bogota où siège la Cour suprême colombienne, prenant plus de 300 personnes en otage. Le pouvoir refusant toute négociation, l’armée colombienne a donné l’assaut faisant une centaine de victimes (parmi les guérilleros, les otages, les juges).

Le M-19 a déposé officiellement les armes en 1990 pour devenir le parti Alianza Democrática M-19 (AD/M-19), les combattants ont été amnistiés et le parti a présenté son chef Carlos Pizarro Leongómez comme candidat à l'élection présidentielle de 1990, mais… il sera assassiné avant le scrutin.

Aujourd’hui, la grande majorité de ses partisans militent au sein du Pole démocratique alternatif (gauche) et jouent le jeu démocratique. L’un d’eux, Gustavo Petro est devenu maire de Bogota, puis candidat à la présidentielle en 2018. Au second tour, il a obtenu 42% des voix face au candidat de la droite Ivan Duque qui a été élu.

En revanche, une petite minorité, parmi la jeunesse, a repris les armes et se réclame toujours du M-19 (le Mouvement du 19 avril), c’est le JM-19 (Juventudes del Movimiento 19 de abril) qui infiltre les université et tente quelques coups d’éclat.

 
JM-19 : Juventudes del Movimiento 19 de abril (photo de 2019)place Camilo Torres, du nom d’un prêtre guérilleros des années 1960

JM-19 : Juventudes del Movimiento 19 de abril (photo de 2019)

place Camilo Torres, du nom d’un prêtre guérilleros des années 1960

Jaime Bateman Cayón (1940-1983), chef et fondateur du M-19

Jaime Bateman Cayón (1940-1983), chef et fondateur du M-19

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