L’Almanach international

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9 avril : la Journée de l’unité nationale en Géorgie

Ce 9 avril est le 35e anniversaire de la répression sanglante d’une manifestation anti-soviétique dans les rues de Tbilissi. Depuis 1992, cette date est un jour férié dénommé Journée de l'Unité nationale, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui tant le pays est divisé entre pro-européens et pro-russes.

 

Ce 9 avril est le 35e anniversaire de la répression sanglante d’une manifestation anti-soviétique dans les rues de Tbilissi. Depuis 1992, cette date est un jour férié dénommé Journée de l'Unité nationale (ეროვნული ერთიანობის დღე).

Le 4 avril 1989, des dizaines de milliers de Géorgiens s’étaient rassemblées pour une manifestation pacifique et des grèves de la faim exigeant le rétablissement de l'indépendance géorgienne. Voyant qu’elles perdaient le contrôle de la situation les autorités de la république soviétique de Géorgie ont fait appel à l’armée et demandé l’évacuation de, l’avenue Roustavéli, l’artère centrale de la capitale. Les manifestants ont refusé de se disperser. Le 9 avril, à 3h45 du matin, les troupes soviétiques dirigées par le général Igor Rodionov encerclèrent la zone de manifestation. Leur mission était de faire évacuer les lieux par tous les moyens. L’intervention a provoqué 21 morts et plusieurs centaines de blessés, certains empoisonnés avec du gaz d’une composition inconnue. Les organisateurs des manifestation, dont Zviad Gamsakhourdia et Merab Kostava, ont été arrêtés et un couvre-feu a été décrété à Tbilissi.

Le « Dimanche sanglant » du 9 avril, entraînera la démission du gouvernement et radicalisera l'opposition géorgienne au pouvoir Soviétique. Quelques mois plus tard, une session du Conseil suprême de la RSS de Géorgie, les 17 et 18 novembre 1989, va officiellement condamner l'occupation et l'annexion de Géorgie par la Russie soviétique en 1921.

Le 9 avril est la date qui a été retenue pour la proclamation, par Zviad Gamsakhourdia, de la souveraineté et de l’indépendance de la Géorgie en 1991, précédant de quelques semaines celle de la Russie puis la disparition de l’URSS, en décembre de la même année. Le 31 mars 1991, les Géorgiens avaient voté massivement (99% de oui avec 90% de participation) en faveur de l'indépendance de leur pays.

Toutefois, en dépit de son appellation, le 9 avril est loin d’être toujours une journée d’unité nationale. En 2009, le 9 avril avait notamment été choisi par une coalition de partis d'opposition pour contester la gouvernance de Mikheil Saakashvili pour le forcer la démission.

Selon la présidente Salomé Zurabishvili, la victoire du 9 avril (1991) se manifeste dans le fait que la Géorgie rétablie comme successeur légitime de l'État de 1918. « Tout le monde a gagné : les cadets de 1921, les officiers fusillés de 1923 et le patriarche Ambroise de Géorgie, les rebelles de 1922, 1923, 1924 et bien sûr les héros du 9 avril et Zviad Gamsakhourdia », a-t-elle ajouté dans un discours prononcé le 9 avril 2021.

L’Unité nationale n’est toujours pas à l’ordre du jour : la Géorgie est aujourd’hui très divisée entre une part importante de l’opinion publique, appuyée par la présidente Salomé Zurabishvili, qui pousse le pays à se rapprocher de l’Occident et le gouvernement ouvertement pro Kremlin qui s’aligne sur la législation russe, mettant à mal la démocratie.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 avril 2024

Les victimes du « Dimanche sanglant » du 9 avril

 
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1948, Palestine, Israël, 9 avril, massacre Bruno Teissier 1948, Palestine, Israël, 9 avril, massacre Bruno Teissier

9 avril : il y a 75 ans, le massacre de Deir Yassin en Palestine

Alors qu'Israël poursuit imperturbablement sa colonisation, les Palestiniens commémorent le massacre de Deir Yassin, petit village palestinien dont la population a été tuée en 1948 par une milice d’extrême droite juive (l’Irgoun) dans le seul but de créer la terreur dans la population palestinienne et ainsi « libérer » le territoire du futur État israélien. Depuis la date du 9 avril est commémorée dans le monde arabe, elle symbolise le drame Palestinien.

 

Alors qu'Israël poursuit imperturbablement sa colonisation, que des ministres d’extrême droite du gouvernement Netanyahou annoncent l’annexion de la majorité  du territoire de la Cisjordanie, les Palestiniens commémorent le massacre de Deir Yassin, petit village palestinien dont la population a été tuée en 1948 par une milice d’extrême droite juive dans le seul but de créer la terreur dans la population palestinienne et ainsi « libérer » le territoire du futur État israélien. 

Le 9 avril 1948, alors que la Palestine était encore occupée par les Britanniques, une milice d’extrême droite juive (l’Irgoun) lançait une attaque contre un village arabe musulman qui jusque-là vivait en bons termes avec les localités environantes, y compris juives. Épaulée par la Haganah, l’armée de l’Agence juive, l’Irgoun finit par venir à bout de la résistance de ce village de quelques centaines d’habitants, ceux qui n’ont pas réussi à fuir sont exécutés, hommes, femmes, enfants, soit entre 120 et 254 victimes selon les sources. Rayer ce village de la carte s’intégrait dans le plan de « nettoyage ethnique » de la région. Aujourd’hui les traces de Deir Yassin ont complètement disparu, la localité se trouvait à 5 km de Jérusalem, sur la route de Tel Aviv. Mais, l’objectif était avant tout de semer la terreur parmi la population arabe. La nouvelle du massacre a créé un véritable choc psychologique, provoquant un mouvement de panique parmi les populations arabes, accélérant son exode. L’objectif des combattants sionistes était atteint, vider le territoire à conquérir. 

Depuis la date du 9 avril est commémorée dans le monde arabe, elle symbolise la Nakba. Le drame de Deir Yassin a été comparé à celui Oradour-sur-Glane par nombre d’éditorialistes de la presse arabe. Qui s’en souci aujourd’hui ? Il n’y a plus guère de place dans les médias pour se souvenir de la question palestinienne, hélas, complètement passée de mode. 75 ans après la création d’Israël, la question est pourtant plus épineuse que jamais.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 avril 2023

 
Timbres émis en 1965 par la poste du Pakistan.

Timbres émis en 1965 par la poste irakienne.

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9 avril : le Canada est né il a 105 ans à Vimy dans le Pas-de-Calais

Il a 100 ans, la France offrait un terrain au Canada pour construire un mémorial sur le site de la bataille de la crête de Vimy (9-12 avril 1917), cette victoire est devenue mythique dans l’imaginaire national canadien. Elle est commémorée chaque 9 avril.

 

Près de Vimy, au nord d’Arras, s’est déroulée du 9 au 12 avril 1917 une bataille, devenue mythique avec le temps, où les forces anglo-canadiennes ont fait céder les positions allemandes. Sur 30 000 hommes, plus de 10 600 Canadiens ont été tués ou blessés pendant l’assaut. 

« C’est par leur sacrifice que le Canada est devenu un signataire indépendant du traité de Versailles. Et, en ce sens, le Canada est né ici  ! » proclamait le premier ministre du Canada Justin Trudeau, lors du 100e anniversaire de la bataille de Vimy, le 9 avril 2017.

La crête de Vimy est un escarpement de 9 km de long exceptionnellement proéminent, une colline qui s’élève au milieu de la campagne à découvert au nord de la ville d’Arras. Les Allemands en avaient fait une solide position défensive qui comportait un réseau complexe de tranchées et de tunnels, protégée par des soldats allemands très bien entraînés disposant de mitrailleuses et de pièces d'artillerie. Elle avait fait l’objet de plusieurs attaques françaises causant plus de 100 000 morts en pure perte.

La bataille de la crête de Vimy a débuté à 5 h 30, le lundi de Pâques 9 avril 1917. La première vague, formée de 15 000 à 20 000 soldats canadiens, dont un bon nombre d’hommes lourdement chargés, avança dans la neige et la giboulée en direction du tir meurtrier des mitrailleuses. Les Allemands ont fini par céder et reculer, au prix de 3600 morts côté canadien.

Ce n’était pas la première victoire canadienne de la Première guerre mondiale, ni la dernière. Elle n’a pas été un tournant de la guerre, mais le souvenir de cette bataille est devenu au fil du temps le symbole du sacrifice des soldats du jeune Dominion, encore majoritairement encadrés par des officiers anglais.

Il y a un siècle, en 1922, la France a donné un terrain au Canada, sur le site de la bataille où fut construit un majestueux mémorial dominant la campagne. Ce lieu magique qui sert de monuments aux morts à l’ensemble des soldats canadiens morts, très loin de chez eux, pendant la Première guerre mondiale. 11 285 soldats canadiens morts à la guerre n’ont pas de sépulture, leurs noms sont gravés autour des fondations. Le monument national a grandement participé au mythe de la bataille de Vimy, il figure aujourd’hui sur les billets de 20 dollars canadiens.

À la fin de la Première Guerre mondiale, le Canada, un pays d'à peine huit millions d'habitants, avait fourni plus de 650 000 hommes et femmes en uniforme. Le bilan final des victimes a été très lourd pour notre pays : plus de 66 000 Canadiens ont été tués et plus de 170 000 ont été blessés. C’est à eux tous que rend hommage la date du 9 avril qui est marquée chaque année par des cérémonies et un discours du Premier ministre canadien.

Canada était indépendant depuis 1867, mais sa politique étrangère était encore gérée depuis Londres. D’ailleurs les Canadiens français, avaient été plus rétifs que leurs homologues anglophones à se laisser embarquer dans une guerre décidée pilotée depuis Londres. La participation à la Grande guerre n’a pas été ce grand moment de communion nationale qu’on a pu le dire, mais elle a contribué à l’émancipation du Canada par rapport à l’Angleterre. Mais tout en conservant le monarque. Le roi Édouard VIII était présent à l’inauguration du mémorial en 1936, entouré de près de 100 000 invités. Élisabeth II viendra le réinaugurer, le 9 avril 2007, après restauration. Dans l’imaginaire national canadien, la bataille de Vimy est la première victoire proprement canadienne de l’histoire.

Le Jour de la crête de Vimy (Vimy Ridge Day) est célébré par des cérémonies, chaque année le 9 avril, notamment des dépôts de couronnes, qui ont généralement lieu au Mémorial national de guerre du Canada à Ottawa. Les mêmes cérémonies ont lieu en France au Mémorial national du Canada à Vimy et dans d'autres régions du Canada. Selon la loi, le drapeau canadien est mis en berne sur la tour de la paix de la colline du Parlement à Ottawa.

 

Soldats canadiens revenant de la crête de Vimy, en France, en mai 1917 ( W.I. Castle/ministère de la Défense nationale /Bibliothèque et Archives Canada/ PA-001332)


Le Mémorial national du Canada à Vimy, œuvre du sculpteur canadien Walter Seymour Allward

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1557, Finlande, Langues, 9 avril Bruno Teissier 1557, Finlande, Langues, 9 avril Bruno Teissier

9 avril : la Journée de la langue finnoise

Les Finlandais célèbrent chaque 9 avril la langue finnoise. Cette date est celle de l’anniversaire de la mort de Mikael Agricola, en 1557.

 

Les Finlandais célèbrent chaque 9 avril la langue finnoise. Cette date est celle de l’anniversaire de la mort de Mikael Agricola, en 1557. C’est lui qui avait en 1543, publié le premier livre en finnois, Abckiria, un abécédaire destiné aux enfants. Par sa première traduction de la Bible en finnois, il est considéré comme le créateur de la langue écrite. La langue officielle était alors le suédois. Certains lettrés utilisaient aussi le latin. Le finnois n’était qu’un dialecte du quotidien, celui des paysans auxquels s’est identifié Agricola, né sous le nom de Mikkel Olofsson.

Selon les principes de Luther, chacun avait droit à la capacité de lire la Bible dans sa propre langue. La préoccupation d’Agricola, qui avait travaillé avec Luther lors d’un séjour en Allemagne, est d’abord religieuse mais elle devient vite linguistique. L’invention d’une langue écrite sera l’œuvre de sa vie. C'est lui qui a mis en place les règles d'orthographe sur lesquelles repose l'orthographe finnoise moderne.

Le finnois, l’une des langues officielles de l’UE depuis 1995, restera néanmoins longtemps marginal, pour des raisons linguistiques (ce n’est pas une langue indo-européenne) mais aussi politiques : la Finlande en tant qu’État n’a guère plus d’un siècle d’existence. Le finnois attendra, en effet, 1917 pour devenir la langue officielle de la Finlande, au côté du suédois qui d’ailleurs, conserve ce statut.

Le 9 avril est aussi l’anniversaire du poète Elias Lönnrot (1802-1884), qui a créé l'épopée nationale finlandaise du Kalevala dont la date de décès est l’occasion d’une célébration du patrimoine finlandais. Depuis 1960, on célèbre une Journée du finnois (Suomen kielen päivä), devenue une date officielle en 1978. Chaque année, c’est l’occasion de pavoiser le pays du drapeau bleu et blanc de la Finlande.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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