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1er avril : le nouvel an assyrien, la plus ancienne fête du monde

Le Nouvel An assyrien (Kha b-Nisan) est célébré chaque année le 1er avril dans tous les pays où résident les Assyro-Chaldéens, tel qu’on les appelle en France.

 

Le Nouvel An assyrien (Kha b-Nisan ou Akitu) est célébré chaque année le 1er avril dans tous les pays où résident les Assyro-Chaldéens, ainsi qu’on les appelle en France.

Des habitants de la Mésopotamie se sont distingués de leurs voisins zoroastriens ou juifs, le jour où ils ont adopté le christianisme. Ils ont toujours formé une minorité opprimée, surtout depuis que la région a embrassé très majoritairement l’islam comme religion dominante et officielle. Pendant la Première Guerre mondiale, comme les Arméniens, ils ont subi un génocide qui aurait pu les faire disparaître si la diaspora n’avait pas pris le relais de la préservation de leurs particularismes. Ils ont presque disparu de Turquie, seules subsistent des communautés notables de chrétiens d’Orient dans le nord de l’Irak et de la Syrie ainsi qu’en Iran. Mais, on les retrouve aussi au Liban, en Jordanie, en Arménie, aux États-Unis, au Canada, en France, en Allemagne…

Pour cette nation sans État, la célébration du nouvel an est un élément identitaire fort. La date du nouvel an assyrien repose sur le fait que cette fête du printemps, à l’instar de Nowrouz, était fixée le 21 mars selon le calendrier julien. Dans l’Antiquité, le solstice du printemps était l’occasion de célébrer Tammouz, dieu de l’agriculture et Isthar, déesse nourricière, incarnation de la fertilité et de la fécondité. L’adoption du calendrier grégorien, l’a fait glisser au 1er avril. Les Assyriens, dont les racines sont très anciennes possèdent leur propre calendrier qui commence en l’an 4750 av. J.-C. De notre calendrier. De fait, ce 1er avril, les Assyro-Chaldéens entrent dans leur 6774e année. Ce qui fait de cette fête, la plus ancienne au monde.

Dans l'impossibilité de se regrouper, en raison de l'insécurité, dans leurs anciennes capitales de Babylone ou Ninive, les Assyriens parviennent à célébrer leur fête au Kurdistan, en Arménie ou surtout en diaspora. Cette fête est marquée par des défilés en costume traditionnels et des pique-niques, si le temps le permet. Cette fête d’origine païenne, appelée Akitu, durait autrefois 12 jours, du 20 mars au 1er avril du calendrier grégorien. C’est un marqueur identitaire des chrétiens d’Orient.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 mars 2024

Le 1er avril 2022, à Erbil, Kurdistan irakien

 
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1955, Chypre, Guerre de libération, 1er avril Bruno Teissier 1955, Chypre, Guerre de libération, 1er avril Bruno Teissier

1er avril : Chypre commémore son combat anticolonial

La fête nationale chypriote ne célèbre pas l’indépendance acquise en 1960 (1er octobre) mais, le début de la lutte armée, le 1er avril 1955, contre les Britanniques qui occupaient l’île. C’est le Jour de l’EOKA.

 

La fête nationale chypriote (εθνική εορτή της Κύπρου) ne célèbre pas l’indépendance acquise le 1er octobre 1960 mais le début de la lutte armée, en 1955, contre les Britanniques qui occupaient l’île depuis 1878.

Très symboliquement, c’est le 25 mars qui avait été initialement choisi pour lancer le soulèvement contre les Anglais mais la pleine lune rendant difficile l’opération, celle-ci fut ainsi repoussée à la nuit du 31 mars au 1er avril. À minuit, plusieurs explosions se sont fait entendre, elles visaient des cibles symbolisant la présence de Londres. Le chef militaire de cette lutte était George Grivas, alias Digenis, et son leader politique, l’archevêque Makarios. Son organisation était l’EOKA (Εθνική Οργάνωσις Κυπρίων Αγωνιστών). Les Chypriotes turcs qui, au départ étaient plutôt indifférents, ont été enrôlés pour maintenir l’ordre ce qui n’a pas arrangé les relations entre les deux communautés. Il faudra quatre années de combats et de guérilla de la part des Chypriotes grecs pour obtenir un semblant d’indépendance, toujours sous le regard des Anglais et des Turcs…

L’île de Chypre a vécu sous présence étrangère à partir de 1191, occupée successivement par les Francs, les Vénitiens, les Ottomans et enfin par les Anglais en 1878, quand les Ottomans, défaits en Crimée, ont été contraints de céder l’île aux Anglais pour payer leurs dettes.

L’espoir des Chypriotes grecs, comme des Grecs eux-mêmes, était l’union de Chypre à la Grèce (l’Énosis, ἔνωσις). En 1950, l’Église de Chypre avait organisé un référendum ou 96% de votants (parmi lesquels de nombreux Chypriotes turcs) se sont exprimés en faveur de cette union, mais les Anglais qui tenaient l’île n’ont rien voulu savoir. Pour un certain nombre de patriotes chypriotes grecs, seule la lutte armée pouvait donc permettre d’atteindre l’objectif de la réunification à la Grèce. C’est avec cette idée et cet objectif que s’est organisé l’EOKA dont on cultive aujourd’hui la mémoire.

En ce Jour de l’EOKA (Ημέρα της ΕΟΚΑ), le président Níkos Christodoulídis assiste à une célébration religieuse, ce matin, en la cathédrale Ayios Ioannis de l'archevêché. Il participe ensuite à un service commémoratif au cimetière pour déposer une gerbe en l'honneur des combattants qui y sont enterrés.

Aujourd’hui, les magasins et les entreprises sont fermés pour la plupart. Outre l’office religieux, des événements spéciaux ont lieu dans les écoles afin que les enfants soient sensibilisés à la lutte de l'île pour la liberté.

Chypre, on le sait, est divisée depuis 1974. Au sud, on célèbre l’action de patriotes. Au nord, au contraire, on raconte aux enfants que les commandos de l’EOKA étaient des terroristes. La mémoire de l’île, plus que jamais, est profondément cloisonnée.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Tombes de combattants de l'EOKA, au cimetière de la prison centrale de Nicosie, enterrés par les Britanniques pendant la lutte de libération de 1955-1959 pour la libération de Chypre. (Photo : Lapost)

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Écoliers célébrant la journée de l’EOKA

Le monument de la lutte EOKA (1955-1959) à Avgorou. (Photo : dimitrisvetsikas)

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Saint-Marin, 1er avril Bruno Teissier Saint-Marin, 1er avril Bruno Teissier

1er avril : l’investiture des capitaines-régents de la république de Saint-Marin

La cérémonie d’investiture des deux chefs d’États, les capitaines-régents, de la plus ancienne république du monde.

 

Chaque 1er avril, en république de Saint-Marin (San Marino), on sort les costumes traditionnels pour la cérémonie d’investiture des deux chefs d’États. Les capitani reggenti (capitani reggenti) sont toujours deux, généralement un de droite et un de gauche, mais pendant leur mandat ils se doivent de s’exprimer d’une même voix. Le 18 mars 2022, le Grand Conseil Général a élu Oscar Mina et Paolo Rondelli, nouveaux capitaines-régents pour le semestre du 1er avril - 1er octobre 2022. Le premier, démocrate-chrétien, est un conservateur et les engagements du second le situent nettement plus à gauche.

On est à l’opposé du modèle français : leur mandat n’est que de six mois. Ils ne sont pas rééligibles avant trois ans. C’est l’assemblée qui les choisit et non directement le peuple car la république de Saint Marin a un régime d’assemblée. C’est en effet le Grand conseil général (Consiglio Grande e Generale), soixante membres élus pour cinq ans, qui dirige le pays. Même s’il existe un gouvernement : le Congrès d’État composé de dix secrétaires d’État (Segretari di Stato), présidé par les deux capitaines-régent qui prennent leurs fonctions aujourd’hui. Passé les six mois, les citoyens pourront leur demander des comptes. C’est prévu par la constitution (laquelle date de 1600 et serait la plus ancienne du monde encore en vigeur). Un idéal démocratique ? Ce modèle de démocratie ne peut fonctionner qu’en petit comité (environ 30 000 électeurs). Et, la petite république, la plus ancienne du monde dit-on, n’a pas été exempte de scandales politiques : on a pu déplorer des cas d’achats de vote ou de liens d’élus avec la mafia. La petite république prospère sur ses spécificités fiscales : la confidentialité des comptes a attiré quantité de capitaux, plus ou moins louches, et les sièges sociaux fictifs de milliers de sociétés. Ceci au détriments des contribuables des pays voisins.

Aujourd’hui, la garde du Grand Conseil général (Guardia del Consiglio Grande e Generale), corps de garde composé de citoyens volontaires enfile ses uniformes historiques pour une cérémonie qui se déroule deux fois par an, les 1er avril et les 1er octobre. C’est elle, théoriquement, qui assure la protection des capitaines-régents et du Conseil.

Ce système politique date du XIIIe siècle, les deux premiers capitaines-régents ont été élus en 1243. Mais, ce mode de désignation des dirigeants en usage dans certaines cités médiévales italiennes à l’époque, provient des usages de la République romaine. C’est là que les Saint-marinais nous rappellent que leur république aurait été fondée au début du IVe siècle, un 3 septembre selon la légende. De nos jours, Saint-Marin est une république démocratique multipartite. Les partis sont organisés en deux grandes alliances. L'alliance de droite, Pacte pour Saint-Marin, est dirigée par le Parti chrétien-démocrate de Saint-Marin et l'alliance de gauche, Réformes et liberté, est dirigée par le Parti des socialistes et démocrates.

 
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