7 avril : Zanzibar commémore l’assassinat de son premier président

 

Sheik Abeid Amani Karume est à la fois un héros et un dictateur. Fils d’une esclave originaire du Malawi, il est  arrivé à Zanzibar alors qu’il était encore un enfant. L’île était alors dominée par une classe politique arabo-persanne qui s’était imposée à l’époque où l’archipel de Zanzibar était une colonie arabe, dépendant du sultanat d’Oman et pratiquant le commerce des esclaves africains. Ce rôle plaque tournante de l’esclavage a duré jusqu’à son abolition, très tardive, en 1890, quand l’île est devenue une colonie britannique.

Abeid Karume est entré en politique en 1954 en devenant maire de la capitale et en adhérant au parti pro britannique Afro-Shirazi, militant contre la domination arabe. Dix ans plus tard, il participe à la très sanglante révolution du 12 janvier 1964 qui renverse le dernier sultan. Karume devient alors le premier président de la république de Zanzibar. Cette révolution d’inspiration socialiste s’attaque à la classe dirigeante arabe qui contrôle toutes les terres. Certaines familles sont largement dépossédées par la redistribution des terres à la population swahilie locale. Ce sont d’ailleurs de jeunes officiers arabes, issus de familles locales humiliées et persécuté Karume, qui ont abattu le président le 7 avril 1972, mettant fin à un régime autoritaire et prochinois. Le cheikh Karume, qui avait récemment changé son titre de président de Zanzibar en président du Conseil révolutionnaire, se trouvait au siège de son parti Afro-Shirazi lorsque des hommes armés ont fait irruption dans la pièce et l'ont tué avec des mitraillettes.

Président de Zanzibar, il était aussi le vice-président de la Tanzanie dont l’île est une composante depuis que Abe Karume et Julius K. Nyerere ont fondé la Tanzanie. Ce dernier a assisté à ses funérailles et la décrété que le 7 avril serait désormais le Karume Day, un jour férié et chômé dans tout le pays, pas seulement à Zanzibar. Ce président autoritaire qui pourchassait les opposants de manière impitoyable, a aussi laissé une œuvre sociale. Il a établi un système d'éducation et de services de santé gratuits pour tous les Zanzibaris, quelle que soit leur race, leur couleur ou leur appartenance ethnique. En dehors de cela, il s'est engagé dans la construction de nombreuses maisons mises à la disposition des habitants de Zanzibar à des loyers très abordables. Karume demeure très populaire. Sa mémoire a été grandement cultivée par son fils. Son premier fils, Amani Abeid Karume, lui a succédé à la présidence pour deux mandats successifs de 2000 à 2010 obtenus démocratiquement.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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