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1947, Birmanie, 12 février Bruno Teissier 1947, Birmanie, 12 février Bruno Teissier

12 février : l'Union birmane, une fiction célébrée par le régime birman

C’est le Jour de l’Union, un jour férié en Birmanie censé célébrer un État fédéral où chaque ethnie disposerait d’une autonomie reconnue par le régime. Ce projet n’a jamais vu le jour.

 

Ce jour férié en Birmanie est censé célébrer un État fédéral où chaque ethnie disposerait d’une autonomie reconnue par le régime. Ce projet n’a jamais vu le jour. Bien au contraire, l’armée qui dirige le pays quasiment depuis l’indépendance n’a eu de cesse de chercher à imposer le pouvoir du centre (le pays bumar ou birman) sur la périphérie où vivent une multitude de peuples, notamment les Shans, les plus nombreux (5 millions), les Karens (4 millions) Kachins, les Môns… tous en rébellion depuis l’indépendance du pays. Si bien que l’Union birmane (rebaptisée l’Union du Myanmar par la junte) vit depuis plus de 70 ans dans un état de guerre perpétuelle. Un bon argument des militaires pour se maintenir au pouvoir indéfiniment. Ces dernières années, les Shans, en 2011, les Karens en 2012, puis huit autres peuples en 2015, ont signé des cessez-le-feu, tout en conservant leurs armes et leurs positions. En 2017, il a bien fallu désigner un nouvel ennemi pour justifier le rôle de l’armée comme sauveur de la nation : ce furent les Ronhingya, massacrés sans scrupule… L’Union des peuples de Birmanie est une totale fiction.

La date du 12 février fait référence à la conférence de Panglong, réunie en 1947 par Aung San, le héros de l’indépendance (et père de l’actuelle égérie de l’opposition aux militaires, Aung San Suu Kyi). Il était parvenu à réunir et à faire signer un accord aux représentants des principaux peuples afin de mettre en place cette Union birmane. Mais, Aung San sera assassiné quelques mois plus tard, il ne connaîtra même pas l’indépendance du pays, le 4 janvier 1948. Ce jour férié lui rend aussi hommage, lui, le père de la principale opposante au régime militaire, emprisonnée à nouveau depuis le 1er février dernier. Le régime birman a eu des périodes plus ou moins répressives mais, le Jour de l’Union (Pyi Daung Su Naih) n’a jamais cessé d’être célébré. En 2017, Suu Kyi était à Panglong pour les commémorations du 70e anniversaire de l’accord de Pnaglong. Dans un discours prononcé sur le site du mémorial, Suu Kyi a invoqué l'héritage de son père pour appeler les 133 groupes ethniques officiellement reconnus à s'engager pour la paix. On notera que les Ronhinya, à qui on a retiré la nationalité birmane en 1982, n’en font pas partie. Le nationalisme ethnique de la Dame de Rangoon se rapproche de celui de Modi.

Au cours des deux semaines précédentes, un drapeau birman est allé symboliquement de ville en ville pour terminer son périple, le 12 février, à Naypyidaw, la nouvelle capitale où les militaires au pouvoir se sont retranchés. Cette année, après la covid et les violences politiques liées au coup de force des militaires, la célébration sera minimaliste.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 février 2021

 
Cette cérémonie est censée célébrer l’union de tous les peuples de Birmanie. En réalité la majeure partie des minorités ethniques ont pris les armes contre le pouvoir central. L’Union birmane est une fiction.

Cette cérémonie est censée célébrer l’union de tous les peuples de Birmanie. En réalité la majeure partie des minorités ethniques ont pris les armes contre le pouvoir central. L’Union birmane est une fiction.

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Japon, Fondation du pays, 11 février, monarchie Bruno Teissier Japon, Fondation du pays, 11 février, monarchie Bruno Teissier

11 février : le Japon fête sa naissance et sa renaissance

Le Kenkoku kinen no hi célèbre le jour de fondation mythique de l'État le 11 février 660 avant J.-C. Évidemment, c’est une légende, mais elle vaut aux Japonais un jour férié chaque 11 février.

 

Le Kenkoku kinen no hi (建国記念の日) célèbre le jour de fondation mythique de l'État le 11 février 660 avant J.-C. Évidemment, c’est une légende, mais elle vaut aux Japonais un jour férié chaque 11 février. Le premier empereur serait Jinmu, descendant direct de la déesse du Soleil Amaterasu. C’est du moins ce qu’affirment très officiellement les autorités comme les médias. Il ne viendrait l’idée à personne de remettre en question cette vérité, pourtant sans aucun fondement historique, sauf discrètement de la part de rares historiens.

Cette fête a été une des journées importantes du calendrier japonais sous le nom de "Jour de l'Empire" (Kigensetsu). Elle avait été supprimée à l’issue de la Seconde Guerre mondiale par les Américains car trop liée à l'adoration de l'Empereur. Toutefois, les hasards de l'histoire firent que le 11 février fut le jour où le général américain Douglas MacArthur proposa la première version de la constitution du Japon, en 1946. Si bien que cette date devenait celle d’une refondation du Japon, sur des bases désormais démocratiques. Une renaissance du pays en quelque sorte. Si bien que cette fête fut réintroduite dans le calendrier officiel en 1966 comme jour férié.

Ce jour est l’occasion pour les Japonais de pavoiser les bâtiments et de réfléchir sur leur appartenance à la nation. Le Premier ministre fait un discours mais le Jour de fondation de l’État du Japon n’est plus l’objet de grandes célébrations comme jadis.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 février 2021

 
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2020, Libye, Migrants, 9 février, naufrage Bruno Teissier 2020, Libye, Migrants, 9 février, naufrage Bruno Teissier

9 février : en mémoire de 91 migrants disparus en mer il y a un an

Le 9 février 2020, un bateau avec 91 personnes à bord a fait naufrage au large de la Libye. Tous ont disparu en mer.

 

Le 9 février 2020, un bateau avec 91 personnes à bord a fait naufrage au large de la Libye. Le bateau en détresse au large de la ville de Garabulli, en Libye, avait contacté Alarm phone (Plateforme non gouvernementale d'appel téléphonique de détresse en mer Méditerranée), l'ONG a immédiatement alerté les autorités italiennes, maltaises et libyennes, qui n'ont pas réagi. Aucun secours n’a été porté à cette embarcation en perdition dont les passagers et passagères ont disparu en mer sans laisser traces. Leur mort n’est pas un accident. Les autorités européennes et libyennes étaient bien informées de la détresse des 91 personnes et elles auraient dû intervenir. Ils étaient pour la plupart originaires du Nigeria et du Soudan, tentant de s’éloigner des côtes libyennes et de rejoindre l’Europe via la Méditerranée. 

Depuis quelques années, les entraves à l’action des ONG se multiplient, notamment de la part des autorités italiennes et maltaises. Parfois, ce sont des pêcheurs libyens qui les recueillent…

Plus de 20 000 personnes ont ainsi disparu au fond de la mer depuis 2014, beaucoup d'entre elles lors de "naufrages invisibles". Ces « bateaux fantômes », également appelés « épaves invisibles », sont généralement signalés par des ONG telles que « Alarm Phone » et « Caminando Fronteras ». Ces dernières reçoivent souvent des appels de migrants en détresse en mer et de membres de la famille à la recherche d’un être cher perdu.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 février 2021

 
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1974, Grenade, 7 février, indépendance Bruno Teissier 1974, Grenade, 7 février, indépendance Bruno Teissier

7 février : l’indépendance de la Grenade

La Grenade, petite île des Caraïbes, fête son indépendance obtenue en 1974 après deux siècles de présence britannique.

 

La Grenade, petite île des Caraïbes, fête son indépendance obtenue en 1974 après deux siècles de présence britannique. Sans rompre avec le Commonwealth, le processus a été conduit par le chef du gouvernement Eric Gairy, ex-syndicaliste, un ancien instituteur qui va rapidement établir un régime autoritaire. Celui-ci sera destitué cinq ans plus tard par un coup d’État mené par un mouvement révolutionnaire dirigé par Maurice Bishop.

Mais aujourd’hui, c’est Indépendance Day et ce sont les évènements de 1974 qui sont célébrés par un jour férié en présence de la représentante de la Reine, au nom prédestiné, Cécile La Grenade. Les célébrations qui se déroulent au stade national du pays comprennent un défilé militaire, des spectacles culturels, de la musique insulaire, un feu d'artifice. Cette année, se déroulera notamment la finale du 47e Calypso de l'indépendance, avec artistes finalistes. Les Grenadiens affichent leur fierté nationale en portant des tenues aux couleurs du drapeau national : rouge, vert et or.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 février 2021

 
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6 février : la fête nationale des Lapons (ou Samis)

Les Samis, dernier peuple autochtone d’Europe, fête aujourd’hui sa culture et son unité par delà les frontières.

 

Chaque année le 6 février est un grand jour en Laponie, c’est l’occasion de sortir la gákti, le costume folklorique et de chanter le Sámi soga lávlla l’hymne du peuple sami, écrit par Isak Saba, le premier député norvégien d’origine samie, en 1906. L’an dernier, le 6 février, la reine Silvia et le roi Carl XVI Gustaf de Suède leur avaient, en personne, rendu visite par -15°. Mais, cette année, en raison de l’épidémie de covid, la cérémonie est organisée à Stockholm et diffusée sur YouTube.

Les Lapons, appelés Samis localement, sont la dernière minorité autochtone d’Europe. Comme les Inuits du Canada ou les Aborigènes d’Australie, leur reconnaissance  culturelle est récente. Ils ont été maltraités jusqu’au milieu du XXe siècle, leur langue interdite, les femmes stérilisées, les chamans persécutés et leurs territoires pillés par les compagnies minières et forestières. C’était un peuple d'éleveurs de rennes et de chasseurs. Autrefois, le renne leur offrait tout ce dont ils avaient besoin pour leur survie : viande et graisse pour la nourriture, peaux et cuir pour l'habillement. Leur vie était rythmée en huit saisons selon le cycle de vie de l'animal. Mais, aujourd'hui, ils ne sont plus que 10% à vivre de l'élevage.

Un début d’organisation politique s’est opéré au début du XXe siècle, le 6 février 1917, alors que l’Europe était à feu et à sang et que la révolution couvait à Pétrograd, 150 Sames de différents groupes de Suède et de Norvège, se réunissaient dans une église méthodiste de Trondheim en Norvège pour évoquer les problématiques en lien avec leur peuple. C’est l’anniversaire de cette première rencontre internationale qui est célébré aujourd’hui, depuis l’instauration de cette fête nationale samie (Sámi álbmotbeaivi) en 1992. Il leur a fallu attendre jusqu’aux années 1980 pour l’obtention de droits politiques, l’élection de parlements locaux en Laponie norvégienne, suédoise et finlandaise reconnus par les autorités. Celui des Sames de la péninsule de Kola, en Russie, n’est pas encore officiel.

Cette nation qui a, aujourd’hui, en partie perdu sa langue (seuls 40% des Lapons parlent le same), ne représente plus que 80 à 100 000 personnes, les autres se sont fondus dans la population des pays nordiques. Ce n’est pas facile de peser politiquement quand on est si peu nombreux et répartis sur quatre États. En particulier quand il s’agit de lutter contre l’industrie minière, très lucrative mais qui a aussi créé d'énormes dégâts. La région arctique renferme d’importantes réserves d’uranium, d’or, de diamant, de zinc, de platine et de nickel, ainsi que du gaz et du pétrole. Tout comme en Australie, la logique économique et la préservation de l'espace vital d’un peuple s’affrontent. Les Lapons ont le sentiment qu’aujourd’hui, on les entend, on valorise enfin leur culture, mais qu’on ne les écoute pas vraiment.

On peut toutefois noter quelques avancées récentes, en Norvège, le Finnmark, la région septentrionale est depuis 2005 cogérée par les Samis. En 2016, après une âpre lutte judiciaire, un village sami de Suède a récupéré les droits exclusifs pour le contrôle de la chasse et de la pêche dans sa région. La Finlande a révisé sa législation sur la gestion des forêts l’année dernière, mais une clause qui prévoyait de ne pas affaiblir la culture same n’a, finalement, pas été intégrée dans la version finale de la législation. En Russie, on n’a jamais tenu compte de leurs revendications autres que linguistiques. Le peuple lapon est toujours en lutte, le 6 février est l’occasion pour lui de se montrer uni à travers les frontières étatiques.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 février 2021

 
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1947, 1949, Inde, Pakistan, 5 février, Cachemire Bruno Teissier 1947, 1949, Inde, Pakistan, 5 février, Cachemire Bruno Teissier

5 février : le Pakistan se mobilise pour le Cachemire

Le jour est férié aujourd’hui au Pakistan, c’est la Journée de solidarité avec le Cachemire, un point chaud de la région, partagé par le Pakistan, l’Inde et même la Chine.

 

Le jour est férié aujourd’hui au Pakistan, le 5 février est la Journée de solidarité avec le Cachemire ( یوم یکجہتی کشمیر ). À cette occasion, le Premier ministre Imran Khan s’adresse à l’Assemblée législative de Muzaffarabad pour exprimer son soutien au peuple opprimé du Cachemire. Des chaînes humaines seront formées aux points de Kohala, Mangla, Holar et Azad Pattan reliant le Pakistan et l’Azad Kashmir. À Lahore, les citoyens forment une chaîne humaine à D-Chowk pour exprimer leur solidarité avec leurs frères cachemiris opprimés. Une minute de silence est observée à 10h dans tout le pays.

Le problème remonte à l’indépendance des deux pays donc, à la partition des Indes anglaises, en août 1947. Le maharadjah de l’époque, un hindou, régnait sur une population à 75% musulmane. Son idée était de ne rejoindre ni l’Inde ni le Pakistan mais de proclamer l’indépendance du Cachemire, ce qu’il fit. Il rêvait de faire de ce petit pays de 10 millions d’habitants, au milieu des montagnes, avec un potentiel touristique évident, la « Suisse du sous-continent ». On ne l’a pas laissé faire, le Cachemire a été attaqué à la fois par des commandos pakistanais et des bataillons indiens. En octobre, le souverain se voit contraint de demander assistance à l’Inde. Le Pakistan ne renonce pas pour autant. La guerre dure jusqu’au cessez-le-feu du 1er janvier 1949. La ligne de front n’a pas bougé depuis.

Le Pakistan occupe une partie du Cachemire qu’il désigne comme l’Azad Kashmir (« Cachemire libre ») et que les Indiens appellent POK (Pakistan Occupied Kashmir). Quant au reste du Cachemire, il a été intégré à l’Union indienne, sous le nom de Jammu-et-Cachemire (on lui a adjoint des régions non musulmanes afin de réduire la proportion des musulmans qui n’est plus que des deux tiers aujourd’hui) mais avec un statut spécial d’autonomie. Ce statut lui a été brutalement retiré en le 5 août 2019 par le gouvernement ultranationaliste de l’Inde. Le pays vit des deux côtés de la ligne de 1949, sous régime militaire. Ce qui n’empêche pas le terrorisme de se développer. Le Cachemire est un point chaud de la région. Une petite partie de l’ancien État princier du Cachemire est même occupée aujourd’hui par l’armée chinoise. Ce petit pays qui rêvait d’être un petit État neutre et touristique est aujourd’hui l’épicentre de toutes les tensions dans la région.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 février 2021

 
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4 février : l'Angola, 60 ans après le déclenchement de sa guerre d'indépendance

Le 4 février 1961, débutait la lutte armée qui allait aboutir à l’indépendance de l’Angola, le 11 novembre 1975. Cette date est célébrée chaque année dans une région différente. Mais, c’est aussi une journée de manifestations contre le régime.

 

C’était il y a 60 ans jour pour jour, une poignée de militants prenaient d’assaut deux prisons de Luanda, celle de São Paulo et la Casa de Reclusão pour libérer plusieurs des leurs, retenus par les Portugais pour leur militantisme anticolonial. Alors que colonies françaises d’Afrique venaient d’obtenir leur indépendance, les Angolais commençaient vraiment à s’impatienter. Les Portugais avaient pris pied à Luanda, cinq siècles plus tôt.

Le 4 février 1961, commençait la lutte armée qui allait aboutir à l’indépendance du pays le 11 novembre 1975. Cette journée, le Dia do Início da Luta Armada de Libertação Nacional, est célébrée chaque année dans une région différente. Cette année pour le 60e anniversaire, c’est la province du Bengo qui a cet honneur. C’est là, ainsi qu’à Luanda, que se dérouleront les principales festivités.

Ce jour est aussi celui de manifestations de la jeunesse contre un pouvoir corrompu issu du MPLA, le Mouvement populaire de libération de l'Angola, qui a libéré le pays et qui le dirige depuis 45 ans, sans aucune alternance. Vainqueur d’une guerre civile aussi cruelle que celle qui a chassé les Portugais, ce mouvement de libération s’est approprié le pays. Aujourd'hui, le clan de l’ancien président José Eduardo Dos Santos, en particulier sa fille ainée Isabel, est au cœur de scandales politico-financiers qui exaspèrent la population. Le pays a été peu touché par la covid mais ne parvient pas à sortir de la crise économique. La manne pétrolière est confisquée par le clan au pouvoir, tandis que la population sombre dans la misère. Le 4 février est aussi une journée de manifestation de la jeunesse de Luanda contre cette réalité. Avec un slogan “45 ans, ça suffit !”.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 février 2021

 
affiche de 1976

affiche de 1976

Militant du MPLA

Militant du MPLA

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1930, Vietnam, Communisme, 3 février Bruno Teissier 1930, Vietnam, Communisme, 3 février Bruno Teissier

3 février : le Vietnam célèbre son régime

Le Vietnam fête chaque 3 février l’Anniversaire du Parti communiste (Kỷ niệm 90 năm của Đảng Cộng sản Việt Nam) et cette année le PCV au pouvoir a 90 ans.

 

Le Vietnam fête chaque 3 février l’Anniversaire du Parti communiste (Kỷ niệm 91 năm của Đảng Cộng sản Việt Nam), il a cette année 91 ans. Pendant la moitié de son existence, il s’est battu pour libérer le pays de toute occupation (japonaise, française, américaine). Au cours des 46 ans années suivantes, il a imposé au pays son pouvoir sans partage. Le Parti communiste est le seul autorisé au Vietnam, c’est lui qui dirige le pays depuis la fin des conflits. Toute contestation de son rôle dirigeant est impossible et la situation politique ne semble pas devoir évoluer dans un avenir proche. Le PC organise sont 13e congrès, auréolé de son succès face à la covid-19 et de la stabilité sociale. La population est reconnaissante au régime de la croissance économique, consciente que le moindre soubresaut politique pourrait nuire à la bonne image et à l’attractivité du pays. La démocratisation est, prudemment, reportée.

Le PCV a été fondé en 1930 à Hong Kong par Nguyễn Sinh Cung, celui qui plus tard se fera appeler Hô Chí Minh. C’est à Paris que celui-ci a découvert le communisme. Le jeune Nguyễn est arrivé en France dans les soutes d’un navire où il avait été engagé comme aide-cuisinier. Mais l’homme avait fait des études, très vite il intègre les cercles politiques de la gauche française. En 1919, il adhère à la SFIO et participe au congrès de Tour de 1920 qui marque la scission entre socialistes et communistes français. Lui-même a soutenu la motion léniniste. Le bon élève est vite repéré par Moscou qui l’invite puis l’envoie en Chine… Le Parti communiste indochinois a donc été fondé à Hong Kong avec le soutien de Mao. On était le 3 février 1930, c’est l’évènement que l’on célèbre aujourd’hui.

Le Vietnam est l’un des derniers pays communistes du monde. Cela dit, il a suivi une évolution à la chinoise : une rigidité totale sur le plan politique, aucune démocratie, pas de liberté d’expression… mais, une liberté économique de plus en plus manifeste. Le Vietnam est aujourd’hui l’un des pays les plus dynamiques en Asie du Sud-Est, un de ceux qui ont le mieux géré la crise de la covid en 2020. Même si ces dernières semaines, une augmentation du nombre de cas inquiète les autorités.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 février 2021

 
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1er février : Jour de la liberté aux États-Unis

Aux États-Unis, c’est le Jour de la liberté, en souvenir du 13e amendement à la constitution qui abolissait l’esclavage. On était en 1865, sous la présidence d’Abraham Lincoln.

 

Aux États-Unis, c’est le Jour de la liberté (National Freedom Day), une journée instaurée en 1948 en souvenir du 13e amendement à la constitution qui abolissait l’esclavage. On était en 1865, sous la présidence d’Abraham Lincoln. Libérés de l’esclavage, les Noirs attendront exactement un siècle pour devenir citoyen américain. Et, l’ont-ils été pleinement dans l'Amérique du président Trump ? D’ailleurs, celui-ci avait fait retirer du bureau ovale, le jour-même de son investiture, le portrait de… Martin Luther King. Le président Jo Biden l’a-t-il réinstallé ?

Le 1er février correspond à la date de la ratification de cet amendement par l’Illinois. La moitié des États américains le feront au cours de l’année 1865. D’autres dans les années qui suivent. Un tiers des États, ceux du Middle-West, ne l’ont jamais ratifié. Le 13e amendement fut suivi en 1868 par le 14e (qui garantit l'égalité des droits civiques dans les États) et en 1869 par le 15e (qui bannit les restrictions raciales au droit de vote)… les derniers obstacles au vote des Noirs n’ont pourtant été levés que le 6 août… 1965, soit un siècle plus tard.

Ce jour annonce très officiellement, aux États-Unis et au Canada, un mois de commémorations en l’honneur des luttes de la population noire pour la conquête de ses droits (Black History Month), perçu comme très discriminatoire par les intéressés. L’histoire des Africain-Américains, comme l’on dit aujourd’hui, c’est ni plus ni moins que l’histoire de tous les Américains.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 janvier 2021

 
L’illustration date de 1940, la journée du 1er février n’était pas encore une date officielle. En 2021, nous fêtons le 156e anniversaire de l’évènement.

L’illustration date de 1940, la journée du 1er février n’était pas encore une date officielle. En 2021, nous fêtons le 156e anniversaire de l’évènement.

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29 janvier : Thomas Paine, révolutionnaire et homme de bon sens

Chaque année, le 29 janvier les milieux libres penseurs américains célèbrent Thomas Paine, le jour de son anniversaire. Les Français ont bien oublié ce député du pas de Calais qui militait contre la peine de mort…

 

Chaque année, le 29 janvier les milieux libres penseurs américains célèbrent Thomas Paine, le jour de son anniversaire. Il est né en 1837 en Angleterre, mais Benjamin Franklin le fait venir en Amérique, où il arrive en 1774. Le 10 janvier 1776, il publie Common Sense (“Sens commun”), qui n’a rien à voir avec le mouvement utra conservateur français. Ce pamphlet républicain qui promeut l’indépendance de l’Amérique connaît un succès immédiat. D’éditions en éditions, il dépassera les 500 000 exemplaires. Il inspirera George Washington et participera à la création des États-Unis. Aujourd’hui, l’Amérique de Trump ne cultive guère l’héritage d’un penseur qui dès 1775 demandait l’abolition de l’esclavage, prenait position contre les religions, prônait l’éducation publique et gratuite et réfléchissait à un revenu minimum universel. Le personnage n’est pas en phase avec l’Amérique de son époque ni avec celle du moment, hormis dans quelques cercles intellectuels.

L'Association historique nationale Thomas Paine, à New Rochelle, dans l'État de New York, lui rend hommage en déposant une gerbe sur son monument au Thomas Paine Memorial Museum, qui abrite certaines de ses lettres et effets personnels. Le musée est situé sur les anciennes terres agricoles où il s’était un temps retiré. Dimanche prochain des conférences seront données pour cultiver sa mémoire et essayer de promouvoir une Journée du bon sens (Common Sense Day) qui a encore peu d’échos.

Les Français seraient également bien inspirés de se souvenir de ce personnage qui fut une figure de la Révolution française. Réfugié en France car les Anglais le considéraient comme un traitre, il a été naturalisé français et fut élu député du Pas de Calais en 1792. Il habitait à Paris, au 10 rue de l’Odéon. On lui doit un traité sur les droits de l’homme et un plaidoyer en faveur de l’abolition de la peine de mort. Plutôt que d’exécuter Louis XVI, il avait proposé d’exiler le roi déchu en Amérique. Ses positions lui valurent la prison sous la terreur. S’il échappa à la guillotine, c’est grâce à l’intervention de l’ambassadeur des États-Unis à Paris. Il est ensuite un des rares députés à critiquer le caractère autoritaire du Directoire. L’arrivée de Napoléon au pouvoir le convaincra de quitter la France pour se retirer en Amérique où ses positions de libre penseur vont le marginaliser. Il est mort en 1809 à 1809, à Greenwich Village, New York. Il habitait au 59 Grove street.

Les Anglais ne l’ont pas totalement oublié, la ville de ses origines, Lewes, dans le Sussex, lui consacre une semaine de festivités chaque début juillet.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 janvier 2021

 
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1944, Russie, Seconde Guerre mondiale, URSS, 27 janvier Bruno Teissier 1944, Russie, Seconde Guerre mondiale, URSS, 27 janvier Bruno Teissier

27 janvier : la mémoire étouffée d'une grande tragédie du XXe siècle : le blocus de Léningrad

Aujourd’hui, c’est la Journée du blocus de Léningrad (День снятия блокады города Ленинграда). Comme chaque 27 janvier, la foule vient déposer des fleurs au monument de la mère patrie au cimetière Piskaryovskoye où repose un demi million de victimes.

 

La Russie n’en finit pas de commémorer la Grande Guerre patriotique (notre Seconde guerre mondiale). Aujourd’hui, c’est la Journée du blocus de Léningrad (День снятия блокады города Ленинграда). Léningrad était le nom de Saint-Pétersbourg entre 1924 et 1991. Comme chaque 27 janvier, la foule vient déposer des fleurs au monument de la mère patrie au cimetière Piskaryovskoye, où la plupart des victimes du siège de Leningrad ont été enterrées. Plus de 470 000 civils et plusieurs dizaines de milliers de soldats morts pour la ville y reposent dans des fosses communes dont le frère aîné de Vladimir Poutine. Ce frère qu’il n’a pas connu, puisqu’il est né après la guerre, mais sa famille a été profondément marquée par cet épisode peu connu de la guerre et qui est pourtant l’une des grandes tragédies du XXe siècle. On estime à un million le nombre de victimes de la faim, du froid (il a fait jusqu’à -38° durant l’hiver 1941) et des bombardements.

Le blocus a commencé le 8 septembre 1941, quand la ville a été presque totalement encerclée par l’armée allemande. N’ayant pas été évacuée, la population de 2,5 millions a été prise au piège. Durant des mois quelque 100 000 bombes incendiaires sont tombées sur la ville, visant principalement les entrepôts de nourriture. Plus de 2000 personnes ont été arrêtées et condamnées pour cannibalisme. Les Allemands ont aussi bombardé les systèmes d’approvisionnement en eau de la ville. En 1942, l’eau courante a donc été coupée, et l’eau ne pouvait plus être obtenue que dans les canaux et rivières, quand ceux-ci n’étaient pas gelés. Le siège a duré jusqu’au 27 janvier 1944, soit 872 jours. C’est l’anniversaire de cette libération qui est fêtée aujourd’hui, comme chaque année depuis le milieu des années 1960, par un feu d’artifice.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 janvier 2021

 
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1897, Inde, 23 janvier, héros national Bruno Teissier 1897, Inde, 23 janvier, héros national Bruno Teissier

23 janvier : Gandhi oublié, le nouveau héros de l’Inde porte l’uniforme

Chaque 23 janvier, on célèbre en Inde l’anniversaire de Netaji Subhas Chandra Bose. Ces dernières années, le culte a pris de l’ampleur a point qu’aujourd’hui dans l’Inde de Modi, la figure de Netaji est en train d’éclipser celles de Gandhi ou d’Amberkar.

 

Pour son 125e anniversaire, Narendra Modi est spécialement rendu au Bengale pour rendre hommage au “grand homme”. En effet, chaque 23 janvier, on célèbre en Inde l’anniversaire de Netaji Subhas Chandra Bose, né en 1897. Ces dernières années, le culte a pris de l’ampleur au point, aujourd’hui, que dans l’Inde de Modi, la figure de Netaji est en train d’éclipser celles de Gandhi ou d’Amberkar. L’an dernier, le Jharkland, un État du nord de l’Inde, vient de déclarer le 23 janvier jour férié. C’est au Bengale dont Bose, alias Netaji (“chef respecté”), est originaire, que les cérémonies ont le plus d’importance. N. Modi vient d’annoncer que le 23 janvier serait désormais célébré au niveau de toute l’Union.

Vu d’Europe, le personnage Subhas Chandra Bose est très controversé. Ce militant nationaliste indien qui luttait contre la domination britannique de son pays avait réussi en 1940 à échapper à la surveillance des Anglais pour se rendre à Berlin, via Moscou, afin de réclamer l’aide de l’Allemagne nazie. Il fut accueilli chaleureusement par Himmler en avril 1941 et pu même rencontrer Hitler et envisager la création d’une Légion de SS indiens recrutée parmi les prisonniers de Rommel en Afrique. La politique du Führer lui importait peu, il était en quête d’une force militaire lui permettant de chasser les Anglais des Indes. Déçu que Hitler ait préféré attaquer l’URSS qui avait aussi les sympathies de Bose, lequel admirait tous les régimes autoritaires, il a demandé à rejoindre le Japon. Un sous-marin allemand va donc le conduire dans l’océan Indien où un sous-marin japonais l’attend. Il va participer à l’invasion de la Birmanie par l’armée japonaise. De là, avec quelques milliers d’hommes, il parvient à mettre un pied sur le sol indien et occupe pendant trois mois une petite ville du futur État de Manipur. Pour cela, les nationalistes indiens le célèbrent aujourd’hui comme le fondateur de l’armée indienne. La prise de la petite ville de Moirang a été la première (et unique) victoire d'Azad Hind Fauj, connue sous le nom d'Armée nationale indienne (INA) contre l'armée britannique en Inde. Le 14 avril 1943, pour la première fois le drapeau indien était hissé sur une terre indienne libérée des Anglais. En 1944, Subhas Chandra Bose forme un gouvernement provisoire établi dans les îles Andaman, sous occupation japonaise. Le 23 janvier 2018, Narendra Modi, le premier ministre de l’Inde, a renommé l’île de Ross, l’une des îles Andaman «  Netaji Subhas Chandra Bose Dweep ». En 2019, le 23 janvier, Modi a inauguré à Delhi, un musée dédié exclusivement au légendaire combattant de la liberté et à son armée nationale indienne. On y expose notamment la chaise de Netaji lorsqu’il siégeait aux Andaman. Au Bengale, les enfants des écoles sont chaque année mobilisés pour des levés de drapeau. La maison natale de l’homme illustre est devenue un musée que Shinzo Abe, le très nationaliste premier ministre japonais, était venu visiter. C’est d’ailleurs à Tokyo, dans le temple Renkoji, que reposent les cendres de Netaji. En effet, le gouvernement provisoire indien n’a pas survécu à la débâcle japonaise et Subhas Chandra Bose est mort dans un accident d’avion en 1945, à Formose (Taiwan), encore sous occupation japonaise.

Au Bengale, on milite depuis longtemps pour que le Netaji’s Birthday soit déclaré Patriot’s Day à l’échelle de l’union indienne. Cette démarche est relayée par les courants nationalistes qui ont le vent en poupe depuis la victoire électorale de BJP. Au Maharastra, l’anniversaire de Bose coïncide avec celui de Bal Thackeray (1926-2012), un auteur de BD, admirateur déclaré d’Hitler, et fondateur d’un parti fascisant, le Shiv Senna. Ce puissant parti politique à l’échelle locale organise chaque 23 janvier une grande parade, couleur safran, dans les rues de Bombay. Cette année en raison de l’épidémie de covid, la parade sera virtuelle.

le tweet de Narendra Modi, ce 23 janvier

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 janvier 2021

 
Timbre-poste de 1964. Depuis, l’Inde a émis cinq autres timbres à l’effigie de Netaji.

Timbre-poste de 1964. Depuis, l’Inde a émis cinq autres timbres à l’effigie de Netaji.

« Give me your blood, and I shall give you freedom » (Donnez-moi votre sang et je vous donnerai la liberté), sa citation la plus connue.

« Give me your blood, and I shall give you freedom » (Donnez-moi votre sang et je vous donnerai la liberté), sa citation la plus connue.

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1856, Roumanie, Abolition de l'esclavage, 20 janvier Bruno Teissier 1856, Roumanie, Abolition de l'esclavage, 20 janvier Bruno Teissier

20 janvier : la Roumanie se penche sur son passé esclavagiste

La Roumanie célèbre la libération de ses esclaves, le 20 janvier 1856. La Roumanie n’a pas réalisé de conquêtes lointaines ni pratiqué la traite. Ses esclaves étaient les Tsiganes, arrivés au XIVe siècle et tombé en esclavage sous le joug des monastères et des boyars, les nobliaux locaux.

 

La Roumanie célèbre la libération de ses esclaves, le 20 janvier 1856. La Roumanie n’a pas réalisé de conquêtes lointaines ni pratiqué la traite. Ses esclaves étaient les Tsiganes, arrivés au XIVe siècle et tombés en esclavage sous le joug des monastères et des boyards, les nobliaux locaux.

« les Tsiganes naissent esclaves. Tout enfant né d'une mère esclave est esclave. Tout propriétaire a le droit de vendre ou de donner ses esclaves. Tout Tsigane sans propriétaire est la propriété du Prince… » affirme le Code pénal de la Valachie au début du XIXe siècle. Celui de la Moldavie est rédigé dans le même esprit. À époque, on comptait quelque 250 000 esclaves dans les principautés roumaines.

La Roumanie connaîtra une rechute, puisque le prince Curza rétabli l’esclavage en 1861, avant qu’il ne soit à nouveau aboli en 1864, définitivement cette fois. Mais c’est la date du 20 janvier que le gouvernement roumain a choisi en 2011 pour commémorer l’événement. En 2016, pour les 160 ans de l’abolition, le monastère Tismana qui fut l’un des premiers à posséder des esclaves, a fait poser une plaque commémorative. Réaction tardive dans un pays où le sujet est demeuré longtemps tabou car chacun avait le sentiment qu’e l’esclavage n’avait jamais été complètement aboli, au moins dans les têtes.

À leur libération, les Tsiganes, sans argent et privés de terre dans un pays à très majoritairement rural, sont restés longtemps encore dépendants de leurs maîtres. Pour leur échapper ils se sont entassés à la périphérie des villes où ils ne sortiront guère de leur marginalité et de leur misère. Ce qui est encore la condition de beaucoup de Roms (c’est ainsi qu’on les appelle aujourd’hui) au début du XXIe siècle.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 janvier 2021

 
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1961, RDC, 17 janvier, héros national Bruno Teissier 1961, RDC, 17 janvier, héros national Bruno Teissier

17 janvier : il y a 60 ans, l'assassinat de Patrice Lumumba

Patrice Lumumba a été assassiné le 17 janvier 1961, la journée est consacrée à son souvenir. Celui-ci n’a pas eu le temps de gouverner longtemps de le pays, entre son discours du 30 juin 1960, lors de l'indépendance, qui l’a propulsé d'emblée au rang des héros de l’anticolonialisme et son assassinat six mois plus tard.

 

Patrice Lumumba a été assassiné le 17 janvier 1961, la journée est consacrée à son souvenir. Celui-ci n’a pas eu le temps de gouverner longtemps le pays, entre son discours du 30 juin 1960, lors de l'indépendance, qui l’a propulsé d'emblée au rang des héros de l’anticolonialisme et son assassinat six mois plus tard, le 17 janvier 1961. Les conditions de la mort de Patrice Lumumba, en ont fait un mythe, un martyr de la guerre froide, sacrifié aux intérêts des grandes compagnies minières qui craignaient un rapprochement du Congo avec l’URSS.

Une cérémonie, souvent un peu bâclée, se déroule chaque 17 janvier, place de l'échangeur de Limete (aujourd'hui appelée place de la Reconstruction) à Kinshasa où a été érigé en 2002 une grande statue de Patrice Emery Lumumba haute de 10 m. Une célébration eucharistique en la cathédrale Notre Dame du Congo en mémoire du grand homme est également organisée.

Soixante ans après son assassinat, la famille de Patrice Lumumba attend toujours un procès à Bruxelles. Son corps n’a jamais été retrouvé, mais une dent va lui être restituée. La relique a été saisie par la police belge chez la fille du policier qui avait été chargé de faire disparaître le corps. Le président Félix Tshisekedi a annoncé son intention d’organiser un hommage national le 30 juin 2021, date du 61e anniversaire de l’indépendance. L’idée est d’offrir enfin une sépulture à celui qui fut un éphémère premier ministre du pays, même si c’est pour n’abriter qu’une si dérisoire relique, preuvre de l’acharnement implacable contre le leader africain. C’est l’Occident tout entier qui s’est ligué contre lui, son assassinat a été tout autant inspiré par les États-Unis que la France ou la Belgique.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 janvier 2021

 
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1992, Salvador, Guerre civile, accords de paix, 16 janvier Bruno Teissier 1992, Salvador, Guerre civile, accords de paix, 16 janvier Bruno Teissier

16 janvier : le Salvador commémore la fin de sa guerre civile, mais pas le retour à la paix civile

Le Salvador commémore chaque 16 janvier les accords de paix de Chapultepec qui ont mis fin à 12 ans d’une guerre civile qui a fait plus de 75 000 morts et 8 000 disparus dans les affrontements qui ont opposés une extrême droite au pouvoir (l’ARENA) et une guérilla marxiste.

 

Le Salvador commémore chaque 16 janvier  les accords de paix de Chapultepec qui ont mis fin à 12 ans d’une guerre civile qui a fait plus de 75 000 morts et 8 000 disparus dans les affrontements qui ont opposés une extrême droite au pouvoir (l’ARENA) et une guérilla marxiste (FMLN). L’essentiels des massacres étaient le fait des escadrons de la mort, armés et encouragés par les gouvernants. L’un des massacres les plus terribles avaient été celui d’El Mozote opéré par le bataillon Atlacatl qui accusait les villageois d’être des terroristes marxistes. « Un enfant mort est un guérillero de moins », avaient-ils inscrit, en lettres de sang, sur les murs d’une maison. En tout, 539 enfants (dont 475 de moins de 12 ans) et 449 adultes ont été sauvagement assassinés le 11 décembre 1981. Le dossier de cette tuerie vielle de près de 40 ans été rouvert récemment.

La guerre est fini mais les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité perpétrés au Salvador entre 1980 et 1992 restent impunis alors que la loi d'amnistie qui bloquait les poursuites pénales a été annulée il y a plus de quatre ans. Les organisations de défense des droits de l'homme accusent aujourd’hui l'Assemblée législative, le gouvernement et le bureau du procureur général de la République de freiner l'exécution des ordonnances rendues par la Cour suprême de justice. Le président Nayib Bukele, élu en 2019 (le premier président non issus des rangs de l’ARENA ni du FMLN), n’est guère plus diligent que ses prédécesseurs.

Mais, peut-on parler de paix dans un pays où on a dénombré 51 585 homicide de 2006 à 2012 (soit une période de la même durée que la guerre civile) ? La plupart des meurtres au Salvador sont attribués aux redoutables « maras », les gangs qui rackettent et terrorisent la population de ce pays de 6,6 millions d’habitants. mais les forces de sécurité ont leur part du bilan.

« Ah, la guerre est finie! Quelle guerre est finie ? Il y a eu 25 homicides par jour après la signature des accords de paix. Les gens disaient que la guerre était finie et que le crime avait commencé » disait le président Nayib Bukele dans un discours télévisé il y a quelques jours à propos de la commémoration de ce 16 janvier.

Le bilan personnel de ce président, très conservateur et autoritaire, n’est pas convaincant. Il s’est lancé dans une surenchère punitive contre ces gangs criminels. Il a autorisé la police à utiliser la «force létale» contre les pandilleros (membres des gangs) dans les rues du Salvador. Le nombre des homicides baisse toutefois peu à peu chaque année. On a un taux de 50 meurtres pour 100 000 habitants contre 80, il y a quatre ans et 130, au plus fort de la violence (en France il est de 0,5). Le Salvador, l’un des pays en paix les plus violent au monde, pourrait peu à peu sortir de ce cauchemar. C’est le sens de cette journée qui commémore la Signature des accords de paix (Firma de los Acuerdos de Paz), le 16 janvier 1992, mais pas la fin de la violence.

Ce jour commémore de la fin de la guerre civile qui avait mis en péril l'unité du Nigeria. La célébration ne se limite pas à ce conflit. On n’oublie pas les derniers survivants de la Seconde Guerre mondiale, mais on honore aussi tous les soldats tués ces dernières années en luttant contre le terrorisme islamique ou le grand banditisme.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 janvier 2021

 
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1850, Roumanie, Poète national, 15 janvier Bruno Teissier 1850, Roumanie, Poète national, 15 janvier Bruno Teissier

15 janvier : la Roumanie célèbre son poète national

C’est l’anniversaire de la naissance d’Mihail Eminescu, poète national. Depuis 2010, celle date est aussi celle de la Journée de la Culture nationale roumaine.

 

Chaque 15 janvier, une foule se presse dans le cimetière Bellu de Bucarest, le plus fameux du pays, autour d'une tombe chargée de fleurs, celle d'un poète. Cette année, en raison de l’épidémie, elle sera bien moins nombreuse. Un haut dignitaire de l'église orthodoxe dirige la célébration, comme si une personnalité devait y être inhumée, Mihail Eminescu (1850-1889) est pourtant mort il y a bien plus d'un siècle. Ce soir, sera décerné le Prix national de la poésie qui porte son nom.

Pourtant, aujourd’hui, c’est l’anniversaire de sa naissance et non de son décès. Depuis 2010, cette date est aussi celle de la Journée de la Culture nationale roumaine. Toutes les institutions culturelles roumaines ont organisé des programmes dédiés à cette double fête.

Mihail Eminescu est partout en Roumanie, timbres, billets de banque, statues dans chaque ville, noms d’école… C’est le poète national, célèbre de son vivant et vénéré après sa mort, précoce, par toute la droite conservatrice roumaine qui dominait le pays à l’époque. Aujourd’hui que la statue est en place, on fait mine d’oublier les positions franchement antisémites, les vers xénophobes et les propos réactionnaires, déjà pour l’époque. Certains proposent de revisiter le personnage, mais le 15 janvier, c’est peine perdu. Chaque année, c’est un hommage unanime qui lui est rendu.

L’historien roumain Lucian Boia analyse ainsi le mythe : « Jouer la carte d'une seule personnalité, cela tient de la précarité sociale. Jamais une grande culture ne ferait pareil. On ne verra jamais les Français, les Britanniques ou les Allemands miser sur une seule personnalité qui incarne l'essentiel dans tous les domaines, pas seulement littéraire. C'est ça qui est extraordinaire dans le cas d'Eminescu : plus qu'un poète, il est considéré véritable symbole de la spiritualité roumaine et du sentiment d'appartenance au peuple roumain. Or, c'était déjà une exagération d'élever un poète au rang de poète national, en invoquant non seulement la valeur littéraire de son œuvre, mais aussi son identification à la nation roumaine. Tout cela est né d'un sentiment de frustration, du fait que les Roumains ont le complexe de vivre dans un pays petit et insignifiant. »

« Ce mythe est né vers la fin de la vie du poète quand son existence tragique se superpose à ses poèmes magnifiques. Ces deux dimensions ont finalement fusionné: le destin tragique et les vers surprenants. Le mythe a commencé à se manifester timidement juste après 1900, sur la toile de fond de plusieurs courants nationalistes qui ont donné la réplique aux influences pro-occidentales fortement manifestées jusqu'alors. On assiste alors à une phase d'équilibre qui réinstalle sur le devant de la scène la figure du paysan roumain. C'est à ce moment-là qu'Eminescu devient un grand idéologue de ce courant censé encourager l'appartenance aux valeurs culturelles roumaines. A partir de ce moment là, le mythe d'Eminescu ne cessera de se voir alimenter. C'est un mythe que tout le monde peut invoquer, à tous les niveaux politiques. » Lucian Boia, dans son dernier ouvrage, intitulé “Mihai Eminescu, le Roumain absolu. Construction et déconstruction d'un mythe ".

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 janvier 2021

 
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2011, Tunisie, 14 janvier, révolution Bruno Teissier 2011, Tunisie, 14 janvier, révolution Bruno Teissier

14 janvier : en Tunisie, une révolution peut en cacher une autre

En Tunisie, c’est jour férié, pour se réjouir de la chute du dictateur, le président Zine el-Abdine Ben Ali, le 14 janvier 2011. Au pouvoir depuis 1987, Ben Ali a été emporté par la révolution de Jasmin

 

En Tunisie, c’est un jour férié, un jour pour se réjouir de la chute du dictateur, le président Zine el-Abdine Ben Ali, le 14 janvier 2011. Au pouvoir depuis 1987, Ben Ali a été emporté par la révolution de Jasmin, un soulèvement populaire non violent qui a débuté le 17 décembre 2010. Débordé par la foule, il s’est piteusement enfui en Arabie saoudite avec sa femme et ses enfants. Il y est mort en septembre 2019. Depuis 2012, le 14 janvier est un jour de fête nationale en Tunisie connu sous le nom de Fête de la Révolution et de la Jeunesse (عيد الثورة و الشباب). À ne pas confondre avec la Fête de la révolution qui était jadis célébrée chaque 18 janvier.

Le 18 janvier, sous le président Habib Bourguiba, on fêtait la « révolution de 1952 ». Cette Fête de la Révolution (عيد الثورة ) commémorait le lancement de la guérilla contre les autorités françaises en 1952. Laquelle aboutira à l'indépendance du pays en 1956 et à l’arrivée au pouvoir par le Parti destourien qui dirigera le pays pendant plusieurs décennies. Cette date, a été ensuite occultée par le 7 novembre, date à laquelle le président Ben Ali avait destitué Bourguiba et dont il avait fait une fête nationale (elle le fut de 1988 à 2010). Aujourd’hui, avec la Révolution du 14 janvier qui a renversé ce même Ben Ali, la date du 18 janvier est bien oubliée sauf par quelques anciens ainsi que par le Parti destourien libre (PLD), un parti moderniste et anti islamiste, l’un des rares à cultiver la mémoire de cette date qui a été une fête nationale de 1956 à 1987 et du régime, celui de Bourguiba qu'elle symbolisait. Mais là où tout se brouille, c’est que ce parti (d’opposition) est aujourd’hui dirigé par Abir Moussi, une avocate très conservatrice qui a été une ancienne dirigeante du Rassemblement constitutionnel démocratique, le parti aujourd’hui dissous du dictateur Ben Ali, celui-là même qui avait renversé Bourguiba…

Beaucoup de Tunisiens ne savent plus vraiment, aujourd’hui, à quelle révolution se vouer. Cela dit, même si elle est peu lisible, au moins le pays connaît une vraie vie politique, avec des débats d'idées et des enjeux de pouvoir. Quel autre pays arabe peut en dire autant ? Voilà au moins un acquit de la révolution que l'on commémore aujourd'hui.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 janvier 2021

Mise à jour décembre 2021 : le 2 décembre 2021, le président Kaïs Saïed annonçait que la révolution de 2011 qui avait déposé le régime de Ben Ali, serait désormais célébrée le 17 décembre de chaque année, au lieu du 14 janvier.

Mise à jour janvier 2022 : le 14 janvier 2022, alors qu’ils couvraient une manifestation dans le centre-ville de la capitale, Tunis, des journalistes ont été “passés à tabac” par des agents de police. Alors que cette date est un symbole de liberté. Des élections législatives controversées et boudés par les principaux partis politiques doivent se tenir le 17 décembre prochain.

Mise à jour janvier 2025 : à l’appel du Front de salut national (FSN), principale coalition de l’opposition, des dizaines de manifestants se sont rassemblés à Tunis, ce mardi 14 janvier, pour exprimer leur colère face à la répression et réclamer la libération de figures de l’opposition emprisonnées sur ordre du président Kaïs Saïed.

 
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1991, Lituanie, URSS, Communisme, Chute du communisme Bruno Teissier 1991, Lituanie, URSS, Communisme, Chute du communisme Bruno Teissier

13 janvier : Il y a 30 ans, le bloody Sunday des Lituaniens

Dans la nuit du 12 au 13 janvier 1991, des chars soviétiques pénétraient  dans Vilnius, à l’assaut du bâtiment de la télévision et du Parlement. La population lituanienne a réagit massivement. Plus de 50 000 personnes descendent alors dans la rue réclamer le maintien de l’indépendance et se massent pour empêcher l’occupation

 

Dans la nuit du 12 au 13 janvier 1991, des chars soviétiques pénétraient  dans Vilnius, à l’assaut du bâtiment de la télévision et du Parlement. Le but de Moscou était de mettre au pas cette république qui avait déclaré unilatéralement son indépendance le 11 mars 1990 (elle avait été la première république soviétique à le faire).

La population lituanienne a réagit massivement. Plus de 50 000 personnes descendent alors dans la rue réclamer le maintien de l’indépendance et se massent pour empêcher l’occupation des principaux édifices stratégiques de la capitale et du Parlement. De brefs combats devant la tour de la télévision, le 13 janvier, ont fait 14 morts et quelques milliers de blessés. C’est à eux que ce jour de commémoration rend hommage, notamment lors d’une cérémonie au cimetière d’Antakalnis. La détermination pacifique des habitants de Vinius a payé  : les troupes sont rappelées en Russie ; elles ne reviendront plus. L’URSS allait disparaitre avant la fin de l’année.

Hier soir une cérémonie nocturne a eu lieu. Les passionnés de course à pied ont honoré la mémoire de ceux qui sont morts pour la liberté de la Lituanie sur la traditionnelle « route de la vie et de la mort » allant du cimetière d'Antakalnis à la tour de télévision. Le même jour, une opération de don de sang est organisée à la bibliothèque nationale Martynas Mažvydas pour commémorer les défenseurs de la liberté. La journée s’est terminée par une cérémonie nocturne devant un grand bûché.

Ce 13 janvier, Journée des défenseurs de la liberté (Laisvės gynėjų diena), des fleurs seront déposées sur la place de l'Indépendance de la capitale au mémorial du 11 mars, après une levée du drapeau national. Le Seimas (Parlement lituanien) organise la cérémonie de remise du Prix de la liberté. Une messe est dite en la cathédrale de Vilnius. D’habitude, c’est journée portes ouvertes au Parlement, au Musée des victimes du génocide et au complexe commémoratif Tuskulėnai Peace Park. Ce ne sera pas le cas cette année pour raison sanitaire.

En souvenir de ces journées sanglantes, le myosotis est devenu le symbole de la résistance aux troupes soviétiques. En 2019, après un procès qui a duré 10 ans, une soixantaine de hauts responsables soviétiques impliqués dans la répression des journées sanglantes de janvier 1991, ont été condamnés pour crime contre l’humanité par contumace.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 janvier 2021

Mise à jour 2022 : Le 30 juin 2022, la Cour suprême de Lituanie a rendu son verdict définitif dans l’affaire du 13 janvier. Soixante-sept personnes, dont l’ancien ministre de la Défense soviétique, ont été condamnées pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, le plus souvent par contumace. Les descendants des victimes ont longtemps demandé à entendre Mikhaïl Gorbatchev durant ce procès, en vain.

 
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1964, Tanzanie, 12 janvier, révolution Bruno Teissier 1964, Tanzanie, 12 janvier, révolution Bruno Teissier

12 janvier : Zanzibar commémore une révolution politique et culturelle qui s’est déroulée dans le sang

C’est une révolution sanglante qui a rempli des fosses communes que l’on commémore chaque 12 janvier dans l’île paradisiaque de Zanzibar.

 

C’est une révolution sanglante qui a rempli des fosses communes que l’on commémore chaque 12 janvier dans l’île paradisiaque de Zanzibar. Au final, les habitants ont chassé de l’îles toutes les populations allogènes, arabes, persanes, indiennes… qui s’étaient établis au cours des trois derniers siècles et qui y avaient pris le pouvoir. Cette île, jadis plaque tournante du commerce des esclaves, est redevenue pleinement africaine en s’associant politiquement au continent.

Le 12 janvier 1964, tôt le matin, quelques centaines d’hommes prennent les armes pour renverser le pouvoir et l’ordre social. Tous sont des villageois africains, ils sont dirigés par un Ougandais fantasque, John Okello. Les insurgés sont principalement des Africains, ils se révoltent contre les élites arabes qui dominent le pays depuis deux siècles et demi et les commerçants persan et indien établis dans l’île à la faveur de l’occupation anglaise. À parti du milieu du XIXe siècle le sultanat de Zanzibar est tombé sous le protectorat du Royaume-Uni, lequel a maintenu en place les sultans et les élites socio-économiques. L’indépendance et finalement obtenue en décembre 1963. Elles ont été précédées par des élections législatives qui ont permis aux élites arabes de maintenir leurs dominations. Le clivage ethnique est aussi social. Les grands propriétaires sont tous des descendants dans grandes familles arabes ou arabophones établies à l’époque où l’archipel était dominé par le sultanat d’Oman. Les ouvriers agricoles sont d’origine africaine et de langue swahilie. Ils ont eu la majorité des voix aux élections mais sont sous-représentés au Parlement. Le mécontentement est généralisé dans les villages de l’île.

La révolution est brève et violente : plusieurs milliers de morts. Des représailles sont exercées contre des civils arabes et persans ou indiens. Les Européens, peu nombreux, sont épargnés. La colère vise principalement les structures traditionnelles qui pèsent sur la population. Le sultan, Jamshid ben Abdallah, s’enfuit le jour même avec ses proches sur le yacht royal. Il réside aujourd’hui encore, en exil à Londres. Un Conseil révolutionnaire est créé par l'Afro-Shirazi Party (un parti africain) et l'Umma Party (formation de gauche). Abeid Karume est nommé président et le nom du pays est changé en République populaire de Zanzibar. Celle-ci ne dure que quelques semaines. Le 26 avril 1964, en associant le Tanganyika et Zanzibar, on crée un nouvel État, la Tanzanie.

Aujourd’hui, le Zanzibar revolution day est un jour férié en Tanzanie, même s’il est principalement commémoré à Zanzibar et à Pemba. On oublie les massacres et les exécutions sommaires, on préfère glorifier la prise du pouvoir par des représentants de la majorité opprimée. La démocratie sera-t-elle toujours respectée ? Ça, c’est une autre histoire dans un archipel où chaque élection provoque des violences comme ce fut le cas encore en novembre dernier.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 janvier 2021

 
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Canada, Premières nations, 1815, 11 janvier Bruno Teissier Canada, Premières nations, 1815, 11 janvier Bruno Teissier

11 janvier : le Canada célèbre Macdonald

La journée instaurée en 2001 est aujourd’hui très controversée. Chaque 11 janvier, les Canadiens sont appelé à se souvenir de John A. Macdonald (1815-1891) qui fut le premier chef du gouvernement d’un Canada indépendant et on découvert une histoire peu glorieuse…

 

La Journée Sir John A. Macdonald,  instaurée en 2001, est aujourd’hui très controversée, même si on est bien loin du culte voué à George Washington dans le pays voisin. Chaque 11 janvier, les Canadiens sont appelés à se souvenir de John A. Macdonald (1815-1891) qui fut le premier chef du gouvernement d’un Canada indépendant, mais aussi à découvrir son histoire pas toujours très admirable, à tel point que sa statue qui trône sur la place du Canada à Montréal est régulièrement vandalisée. Celle de l’hôtel de ville de Victoria, en Colombie britannique a été récemment retirée.

On lui doit le chemin de fer qui traverse le Canada, mais on dénonce aussi sa politique d’appropriation des terres des ­terres des Premières Nations des grandes plaines canadiennes, au centre du pays. On reproche également au premier dirigeant du Canada moderne d’avoir mis sur pied les écoles résidentielles, sortes de pensionnats dans lesquels les enfants autochtones furent envoyés de force afin qu’ils acquièrent « les habitudes et les pratiques des Blancs », comme le formulait Macdonald. Cette politique (qui a duré jusqu’en 1996) a séparé de leur famille quelque 150 000 enfants autochtones à qui on interdisait de parler leur langue. Nombreux sont morts des mauvais traitements subits dans ces pensionnats publics. Aujourd’hui, on dénonce un véritable génocide culturel.

En dépit de révélations faites par des historiens à l’occasion de son bicentenaire, il y a six ans (il est né le 11 janvier 1815), John A. Macdonald demeure l’objet d’un culte officiel de plus en plus contesté.

John A. Macdonald est une figure familière des Canadiens, pendant des lustres, il a figuré sur les éditions successive des billets de 10 dollars. Depuis 2018, il a été remplacé par Viola Desmond, militante noire anti raciste.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 janvier 2021

 
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