L’Almanach international

PAGE FACEBOOK DE L'ALMANACH

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1162, Mongolie, Père de la nation Bruno Teissier 1162, Mongolie, Père de la nation Bruno Teissier

24 novembre : la Mongolie cultive la mémoire de Gengis Khan, son héros national

Cette “Journée de la fierté nationale mongole” est présentée comme le 860e anniversaire du « Père de la nation mongole ». Le Grande Empereur Gengis Khan a été érigé en glorieux ancêtre, il sert aujourd’hui à revaloriser une identité nationale mongole, méprisée à l’époque où le pays vivait sous la tutelle de Moscou.

 

La Mongolie fête aujourd’hui l’anniversaire de son héros national. Ce pays qui a échappé au statut de satellite de la Russie avec la disparition de l’URSS, cherche à se doter de nouvelles références identitaires. La figure de Gengis Khan, le guerrier qui a unifié les différentes tribus mongoles et qui s’est lancé à la conquête du monde au début du XIIIe siècle, est un moyen de redonner au pays une fierté qu’il avait perdue.

Déjà, en 2006, le pays avait organisé de grandes festivités pour les 800 ans de son empire. Depuis l’engouement pour cette figure qui a fait trembler les Russes et bien d’autres peuples, n’a fait que grandir. Il fallait trouver une date pour le célébrer chaque année. Les historiens sont très partagés sur la date de naissance du Grand Empereur : entre 1155 et 1162. Les autorités mongoles ont tranché. Elle ont constitué une commission qui a fini par se mettre d’accord sur une date très précise : le premier jour du premier mois d'hiver de l’an 1262. Cette date a permis de créer une Journée de la fierté nationale (үндэсний бахархлын өдөр) dont la première célébration a eu lieu en novembre 2012 à l’occasion de ce qui a été annoncé comme le 850e anniversaire de la naissance de Gengis Khan. La date est donc déterminée par le calendrier traditionnel mongol. En 2022, c’est ce 24 novembre que l’on fête le 860e anniversaire du « Père de la nation mongole ».

Le jour est férié et chômé en Mongolie. Le matin, on organise la cérémonie du Grand Drapeau Blanc de l'État mongol unifié, on rend hommage à chacun de ses statues monumentales, on décerne la médaille de l'Ordre Chingis Khan, la plus haute distinction, à des personnalités ayant contribué à la transmission des traditions de l'État, de l'histoire et de la culture mongole, on défile en costume d’époque dans les rue d’Oulan-Bator… mais la manifestation la plus populaire reste le match de lutte de haut niveau organisé ce jour-là. Il débute à 14h00 à la salle omnisports "Buyant-Ukhaa" de la capitale.

Gengis Khan (1162-1227) fut le premier empereur mongol. Son génie politique et militaire lui permit d’unifier les tribus turques et mongoles de l’Asie centrale en se lançant à la conquête de la majeure partie de l’Asie, la Russie, la Perse, la Mésopotamie et jusque dans l’est de l’Europe, soit l’un des plus grands empires jamais créé. Cela s’est fait au prix d’horribles massacres que la mémoire mongole a occulté mais que celle des peuples conquis a gardé comme un souvenir funeste. Sauf en Chine où l’un de ses petits-fils a fondé une dynastie, les Yuans qui ont régné pendant presque un siècle sur l’immense pays. Si bien que les autorités chinoises classent aujourd’hui Gengis Khan parmi les glorieux ancêtres de la Chine, une manière d’inclure les Mongols dans leur sphère d’influence, sachant qu’ils sont plus nombreux à vivre dans l’Empire du Milieu que dans la petite Mongolie dite « extérieure » qui célèbre aujourd’hui le père de sa nation.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 novembre 2022

 
Lire la suite
303, Géorgie, 23 novembre, vie de saint Bruno Teissier 303, Géorgie, 23 novembre, vie de saint Bruno Teissier

23 novembre : la Saint-Georges des Géorgiens

Ce jour est férié en Géorgie où l’on célèbre le saint patron du pays. C’est la Giorgoba, l’une des fêtes les plus populaires.

 

Aujourd’hui, les Géorgiens fêtent leur saint patron : Georges de Lydda. Le saint Georges que nous représentons tuant un dragon pour sauver une princesse. Un saint très populaire dans la Chrétienté : saint patron des Anglais qui le fêtent le 23 avril, jour présumé de sa mort, et de l’armée bulgare qui le célèbre le 6 mai (selon l’ancien calendrier). Les Géorgiens, quant à eux, commémorent le martyre sur la roue de ce chrétien victime des persécutions de l’empereur Dioclétien en l’an 303. Soit le 10 novembre pour le calendrier julien, celui de l’église locale, et le 23 novembre dans notre calendrier. On sait peu de chose de Georges, hormis qu’il était militaire, converti au christianisme et originaire de Cappadoce.

Quoi de plus naturel pourrait-on penser que la Saint-Georges, selon la date locale, soit la fête la plus populaire des Géorgiens. En réalité, le nom local du pays, Sakartvelo (საქართველო) n’a rien à voir avec le saint. Ce sont les Grecs qui voyant cette contrée lointaine comme un pays de paysans (γεωργός) ont forgé le nom de ce pays pour les Occidentaux. Cela dit, dans l’Antiquité, les habitants de ce pays caucasien étaient plutôt appelés les Ibères, sans aucun lien avec les Espagnols.

Le 23 novembre est donc férié en Géorgie sous le nom de Giorgoba (გიორგობა). La fête attire des milliers de personnes à Tbilissi ou à Mtskheta, l’ancienne capitale, le centre religieux du pays ou encore dans l’une des très nombreuses églises ou chapelles Saint-Georges qui se dresse sur la moindre colline du pays.

Une vielle tradition, antérieure au christianisme, veut que l’on sacrifie un mouton ce jour-là. Les bergers descendus vers Tbilissi les vendent chaque 23 novembre en plusieurs endroits de la capitale :  près du pont Digmi, de la station de métro Sarajishvili, des ponts Zahe, Varketili.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 novembre 2021

 
Lire la suite
Japon, fête du travail Bruno Teissier Japon, fête du travail Bruno Teissier

23 novembre : la fête du travail à la japonaise

Ici pas de défilé des différentes centrales syndicales, le jour est férié, mais les magasins sont ouverts. La fête du travail à la japonaise est une sorte de Thanksgiving permettant de dire merci à son patron et non de lui réclamer quoi que ce soit.

 

Ici pas de défilé des différentes centrales syndicales, le jour est férié, mais les magasins sont ouverts. Dès 1920, les ouvriers des grandes villes avaient pourtant organisé des 1er mai revendicatifs, qui ont vite été interdits. Aujourd’hui la tradition du 1er mai reste très confidentielle et le fait d’organisation d’extrême gauche.

Quand, en 1948, une fête du travail (勤労感謝の日) a été officiellement instaurée au Japon, elle a été placée par le 23 novembre, pour remplacer un vieux rite du culte shintô, le Niinamesai, une fête consacrée aux récoltes. Cette célébration du riz et des travailleurs du riz étaient destinée à remercier les dieux de garantir la prospérité du pays avant l’hiver. Une sorte de Thanksgiving.

Aujourd’hui, l’esprit est un peu le même, la journée débute par des cérémonies dans les temples, elle met les travailleurs à l’honneur en les remerciant de participer à la prospérité du pays, difficile dans ce contexte de mettre en avant les revendications syndicales, qui pourtant ne sont pas absentes des préoccupations des salariés japonais. Mais, ce n’est vraiment pas le jour de les exprimer.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 novembre 2022

 
jap.jpg
Lire la suite
1943, Liban, 22 novembre, indépendance Bruno Teissier 1943, Liban, 22 novembre, indépendance Bruno Teissier

22 novembre : le Liban en ruine fête une indépendance qu'il n'a jamais eu

C’est un pays en pleine déliquescence qui célèbre aujourd’hui sa fête nationale, le Liban n’a plus de président, plus de gouvernement, quasiment plus d’État. Ses banques ont ruiné le pays avec la complicité des 5 ou 6 oligarques qui contrôlent et dépouillent le pays… Plus que jamais, ce Jour de l’indépendance a quelque chose de surréaliste et de désespérant.

 

Cette année, le défilé militaire annuel célébrant le Jour de l'indépendance du Liban a été annulé, le cœur n’y est pas, le pays ruiné, n’a même plus de président…

En 1943, les Libanais s’étaient soulevés pour défendre leurs élites emprisonnées par les Français… Ces mêmes élites ont totalement ruiné pays et aujourd’hui, la population anéantie par des décennies d’incurie et de corruption, n’est même plus en état de se soulever.

Ce matin, comme tous les 22 novembre pour le Jour de l’indépendance, une cérémonie a lieu dans une forteresse perdue sur les pentes du mont Hermon, la Rachaya. C’est là qu’ont été emprisonnés pendant quelques jours, les plus hauts dignitaires de la République libanaise : le président El Khoury, le chef du gouvernement, plusieurs ministres et députés. Ils ont été arrêtés à 4 heures du matin, le 9 novembre 1943, sur ordre du représentant de la France. Tous avaient été élus ou nommés dans la foulée des législatives de septembre 1943 qui mettaient en place une nouvelle chambre. Leur crime, avoir voulu faire voter des amendements à la constitution effaçant toute référence au mandat français, instauré en 1920. En 1941, les forces franco-anglaises chassant les représentants de Vichy, avaient pourtant promis l’indépendance du Liban. Mais, le représentant de la France Libre n’entendait pas se voir ainsi forcer d’accepter un Liban libre.

À l’annonce de l’emprisonnement de l’élite de la nation, des manifestations ont éclaté un peu partout. Un gouvernement provisoire est formé, à l’image de celui qui lutte pour libérer la France de l’occupation allemande. Le 12, les femmes manifestent en masse. Le 13, c’est le tour de lycéens, sur lesquels l’armée française ouvre le feu faisant de nombreux blessés… Les Français cèdent finalement le 22 novembre, en libérant les captifs. 

C’est cette date qui a été choisie comme fête nationale du Liban. L’indépendance formelle ne sera toutefois acquise que le 1er janvier 1944 et l’armée française ne quittera le Liban qu’en 1946.

Autrefois, le 22 novembre était l’occasion d’un discours télévisé du président de la république. Aujourd’hui, le pays n’a plus ni président ni gouvernement de plein exercice. Le mandat du président Aoun s’est terminé le 31 octobre. Jeudi dernier, le Parlement a échoué pour la sixième fois à élire un nouveau président, faute d'accord entre les différents clans mafieux qui se partagent le pays, aucun successeur n’a pu être désigné. Quant au gouvernement sortant, dirigé par Nagib Mikati, il est en effet chargé d’expédier affaires courantes, sans mandat ni légitimité politique depuis le mois de mai 2022.

Triste fête nationale pour un pays qui n’a jamais connu de souveraineté. Le 22 novembre est désigné comme le Jour de l’indépendance. Mais en réalité, ce pays dirigé par une poignée d’oligarques n’est que le théâtre de rivalités régionales. Certains clans libanais s’appuyent sur l’Arabie saoudite, d’autres sur l’Iran et la Syrie… comme, jadis les uns s’appuyaient sur la France, d’autres sur les Anglais ou les Turcs… le pays n’a, en réalité, jamais connu de souveraineté. Aujourd’hui, il n’a plus d’État, sa monnaie ne vaut plus rien. Les banques libanaises, dans les mains des oligarques, ont détourné les économies de tous les Libanais. Certains, par désespoir, vont braquer leur propre banque dans l’espoir de retirer un peu d’argent de leur propre compte… la famine et le choléra ont réapparu.

Dans l’urgence, le Programme alimentaire mondial de l'ONU (PAM) vient d’accorder 5,4 milliards de dollars d'aide au Liban pour venir en aide à la population locale et aux deux millions de réfugiés syriens. Dans la population, on rêve d’une seconde indépendance, la vraie cette fois. Mais, il faudrait balayer tout le vieux système politique qui n’a plus rien de démocratique (qui en fait ne l’a jamais été)…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 novembre 2022

 

Le 22 novembre 2019, les Libanais se soulevaient contre l’incurie de leur élites. Celles-ci sont aujourd’hui démissionnaires et la population n’a plus la même énergie qu’il ya trois ans. (photo Roman Deckert)

Lire la suite
2013, Ukraine, 21 novembre, résistance, révolte populaire Bruno Teissier 2013, Ukraine, 21 novembre, résistance, révolte populaire Bruno Teissier

21 novembre : Journée de la dignité et de la liberté en Ukraine

Ce jour férié commémore la grande manifestation proeuropéenne de 2013 contre un président Ianoukovitch qui préférait se tourner vers la Russie. Cette manifestation faisait écho à celle de 2004, dite Révolution Orange. Mais, aujourd'hui, ce 21 novembre est avant tout l’occasion d’un appel à la résistance à l’occupation russe.

 

Observée pour la première fois en 2014, la Journée de la dignité et de la liberté en Ukraine (День Гідності та Свободи в Україні) célèbre l’anniversaire de la grande manifestation proeuropéenne de l’année précédente. Le 21 novembre 2013, le président Viktor Ianoukovitch annonçait qu’il mettait fin au projet d’accord d’association avec l’Union européenne, préférant un rapprochement avec la Russie. En réaction, le journaliste Moustafa Naëm a invité les 160 000 abonnés de sa page Facebook à venir se rassembler sur la place de l’Indépendance (Maïdan), au centre de Kyiv. Plusieurs milliers de personnes ont répondu à l’appel. Ils ont décidé de rester tant que l’accord d’association avec l’UE ne serait pas signé.

La Journée de la dignité et de la liberté commémore les deux révolutions qui ont eu lieu en Ukraine en 2004 et 2013. En ce jour, les Ukrainiens honorent la mémoire des personnes qui, lors de la Révolution de la dignité (2013) et de la Révolution orange (2004), se sont battues pour la défense des valeurs démocratiques, des droits et libertés de l'homme et du citoyen, des intérêts nationaux de l'État et de son choix européen.

Ce 21 novembre 2022, les Ukrainiens et l'ensemble du monde démocratique sont invités à arborer un ruban jaune et à poster une photo avec sur les réseaux sociaux avec le hashtag #ХовтаСтричка afin de soutenir la résistance dans les territoires occupés. #ForeverUkraine #YellowRibbon

Le mouvement de résistance civile "Yellow Ribbon” (ruban jaune), qui a surgi au printemps 2022 à Kherson presque immédiatement après sa capture par les troupes russes, et s'est rapidement propagé à d'autres territoires occupés, en particulier à Berdiansk Energodar, Luhansk, Novaya Kakhovka, Crimée et villes occupées de la région de Donetsk. Si Kherson a été libéré le 11 novembre dernier, à ce jour environ 20% du territoire ukrainien demeure occupés par les Russes. Le mouvement Ruban jaune (ХовтаСтричка) encourage à la résistance.

Ce jour férié n’est pas chômé. Des fleurs sont déposées sur les monuments des participants tombés lors de la Révolution de la Dignité, en mémoire des Cent Célestes qui sont célébrés chaque année le 20 février.

Un article de l'Almanach international

 
Lire la suite
1959, 1989, ONU, 20 novembre, enfants Bruno Teissier 1959, 1989, ONU, 20 novembre, enfants Bruno Teissier

20 novembre : la Journée internationale des droits de l'enfant

Le 20 novembre marque le jour de l’adoption par l’Assemblée de la Déclaration des droits de l’enfant, en 1959, et de la Convention relative aux droits de l’enfant, signée en 1989. Tous les pays l’ont ratifié à l’exception des États-Unis.

 

Le 20 novembre marque le jour de l’adoption par l’Assemblée de la Déclaration des droits de l’enfant, en 1959, et de la Convention relative aux droits de l’enfant, signée en 1989. 

Le 20 novembre 1989, en effet, l’ONU adoptait à l’unanimité de ses 198 membres, la Convention relative aux droits de l’Enfant: les droits de chaque enfant du monde étaient désormais reconnus par un traité international, ratifié par 197 États. Depuis, le 20 novembre a été déclarée Journée internationale des droits de l’enfant – un temps fort que l’UNICEF ne manque pas de marquer chaque année.

Un seul pays ne l’a pas ratifié, et non des moindres, ce sont les États-Unis. La ratification de cette convention les aurait obligés à abolir la peine de mort pour les mineurs. Cette peine étant, aujourd'hui encore, légale dans la Constitution de certains États américains (même si elle a été abolie par la Cour suprême dans son arrêt Roper v. Simmons de mars 2005), la ratification du texte a été bloquée au Sénat américain.

En dépit de cette exception de taille, avec 197 États, c’est le traité relatif aux droits humains le plus largement ratifié de l’histoire.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 novembre 2022

 
Lire la suite
1917, Inde, 19 novembre Bruno Teissier 1917, Inde, 19 novembre Bruno Teissier

19 novembre : la Journée de l’intégration nationale en Inde

Ce jour, qui est aussi l’anniversaire d’Indira Gandhi, est le premier d’une semaine de valorisation des minorités de l’Inde et de sa diversité culturelle. Une préoccupation qui est à l’opposé de la politique nationaliste et intolérante de Narendra Modi depuis son arrivée au pouvoir en 2014.

 

C’est une semaine (कौमी एकता सप्ताह 19 से 25) paradoxale qui débute aujourd’hui dans l’Union Indienne, ce pays dont son premier ministre, Narendra Modi, exacerbe depuis son arrivée au pouvoir les penchants nationalistes hindous et l’intolérance à l’égard des minorités, en particulier la communauté musulmane. Si cette célébration intéresse peu le pouvoir central, il y a de nombreuses initiatives locales dans de nombreux États pour la faire vivre.

Cette semaine débute le 19 novembre par le National Integration Day (Quami Ekta Divas). Ce jour est aussi l’anniversaire d’Indira Gandhi, née le 19  novembre 1917. C’est en 1967, pour son 50e anniversaire, alors qu’elle venait d’arriver à la tête du gouvernement, que cette célébration a été lancée. Cette première journée du 19 novembre insiste sur l’unité nationale d’un pays qui a la taille démographique d’un continent et qui se présente comme une mosaïque de peuples et de cultures.

Le 20 novembre, le deuxième jour de la semaine Quami Ekta est la Journée du bien-être des minorités, il a une visée sociale. Le 21 novembre est la Journée de l'harmonie linguistique dont le but est de promouvoir les très nombreuses langues régionales de l'Inde. Le 22 novembre est le Jour des classes les plus défavorisées. Le 23 novembre est désigné comme la Journée de l'unité culturelle dont il faut faire la promotion en dépit de la diversité culturelle que connaît le pays. Le 24 novembre, c’est la Journée de la femme, l’occasion pour les femmes d'exprimer leurs pensées et leurs émotions et de montrer leurs compétences au monde afin qu'elles puissent prouver qu'elles ne sont pas faites pour seconder les hommes. Le 25 novembre, dernier jour de la semaine, la Journée de la conservation, se concentre l'importance des ressources naturelles et la manière de les préserver les conserver.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 novembre 2022

 
Lire la suite
1803, Haïti, bataille célèbre, 18 novembre Bruno Teissier 1803, Haïti, bataille célèbre, 18 novembre Bruno Teissier

18 novembre : une bataille décisive célébrée par des manifestations en Haïti

Le 18 novembre est un jour férié en Haïti, on commémore la bataille de Vertières de 1803 remportée par les anciens esclaves contre l’armée envoyée par Napoléon afin de rétablir l’esclavage. Cette victoire permettra, six semaines plus tard, la naissance de la première république noire de l’Histoire.

 

Le 18 novembre est un jour férié en Haïti (Selebrasyon Batay Vètyè), on commémore la bataille de Vertières remportée par les anciens esclaves contre l’armée envoyée par Napoléon afin de rétablir l’esclavage aboli par la révolution française. Haïti était alors la partie occidentale de la colonie de Saint-Domingue. Cette victoire sur les troupes française a ouvert la voie à l’indépendance proclamée, par Jean-Jacques Dessalines, six semaines plus tard.

Cette année, le mouvement Kri nasyonal profite de cette journée pour organiser une mobilisation en vue de demander le départ du Premier ministre Ariel Henry. Le coordonnateur du mouvement, Léonard Jean Renald Naud, dénonce les actes abusifs des autorités étatiques qui font fortune à chaque problème que confronte le pays. La manifestation est divisée en 3 branches. La première part du Champ-de-Mars, la seconde de Pétion-Ville et la dernière du Centre-ville, pour se rencontrer au Carrefour de l’aéroport et se rendre devant les locaux du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). Pillages, pénurie de carburants, hôpitaux fermés… les manifestants dénoncent une situation particulièrement désespérante.

Jadis, le Jour de la bataille de Vertières était également connu sous le nom de Jour de l'armée et la célébration était marquée par un grand défilé militaire. Au début des années 1990, le président haïtien Jean-Bertrand Aristide a aboli les forces armées haïtiennes, car elles étaient connues pour leur brutalité.

Situé près de la ville du Cap dans le Nord d'Haïti, Vertières est le lieu de cette bataille décisive de l’histoire haïtienne.  Celle-ci a porté le coup décisif au corps expéditionnaire. Le 18 novembre 1803, les troupes françaises, déjà presque décimées par la maladie et la guerre, s’étaient retranchées au fort Vertières. Menée par le général Jean-Jacques Dessalines, l’armée indigène décide d’attaquer. Malgré l’armement lourd des soldats français, munis de canons, la brigade haïtienne dirigée par le général François Capois, surnommé Capois-La-Mort, continue d’avancer. Dépassées par les événements, les garnisons françaises menées par Rochambeau ont fini par se replier et à la tombée de la nuit, un accord est enfin signé entre les deux parties. Les hommes de Rochambeau reçoivent un délai de 10 jours pour quitter définitivement les lieux. Cette bataille marquera ainsi la fin d’une longue et sanglante guerre de reconquête coloniale tentée par Napoléon. Vertières est ainsi devenu un lieu de mémoire majeur pour les Haitiens, en symbolisant le chemin vers l’indépendance du pays. Sur le site de Vertières, un monument a été érigé et inauguré en 1954, à l'occasion du 150e anniversaire de l'indépendance haïtienne par une cérémonie spectaculaire, avec une reconstitution de la bataille qui a permis la proclamation de la première république noire de l’Histoire. Une indépendance qui sera toutefois très chèrement payée.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 novembre 2022

 

Le mémorial inauguré lors du 150e anniversaire de la bataille

Lire la suite

17 novembre : les combats des étudiants de Prague et d'Athènes face aux dictatures

Les étudiants ont toujours payé un lourd tribut face aux dictatures nazies, communistes, colonels grecs… C’est la Journée internationale des étudiants. Elle fait référence à une manifestation antinazie réprimée dans le sang mais aussi à la “révolution de velours” à Prague et la répression de la dictature des colonels en Grèce contre les étudiants. À chaque fois, la date mémorielle est le 17 novembre.

 

Les étudiants ont toujours payé un lourd tribut face aux dictatures. Le 17 novembre 1939, les nazis ferment les universités de Prague et arrêtent 2000 étudiants. Deux jours plus tôt, les obsèques de Jan Opletal, étudiant en médecine mortellement blessée par la police, s’étaient transformées en manifestation contre l’occupation du pays par Hitler. Les leaders étudiants sont aussitôt exécutés, 1200 autres seront déportés. Suite à cet événement, sera lancée à Londres, dès 1941, une Journée internationale des étudiants. Celle-ci est toujours commémorée aujourd’hui, chaque 17 novembre, 83 ans après.

En 1989, il y a 33 ans, jour pour jour, donc encore un 17 novembre, et toujours à Prague, c’est un défilé d’étudiants à travers la ville qui est brutalement réprimé par la police. On compte 24 blessés graves. Le bruit ayant couru qu’un étudiant avait été tué, la population tout entière s’est soudain sentie concernée. Le 25 novembre, 700 000 personnes seront dans la rue (enclenchant la Révolution de velours). Le 29, ce sera la fin de la Tchécoslovaquie communiste. Le 17-Novembre est célébrée aujourd’hui comme le Jour de la lutte pour la liberté et la démocratie, fériée en Tchéquie (Den boje za svobodu a demokracii) et en Slovaquie (Deň boja za slobodu a demokraciu).

À nouveau un 17 novembre, mais cette fois à Athènes, on est en 1973, en pleine dictature. Les étudiants grecs en révolte depuis plusieurs mois contre le régime des colonels, avaient fini par se barricader dans l’École polytechnique d’Athènes pour échapper aux brimades de la police. Le 17 novembre, ce sont les chars qui ont l’assaut de l’école. Cela s’est soldé par des dizaines de morts, des milliers d’arrestations. La population a afflué aux abords de l’école… Cette fuite en avant du régime a abouti quelque mois plus tard à sa chute. Depuis le retour à la démocratie, en 1974, les écoliers grecs n’ont pas classe ce jour-là, en souvenir des victimes de la dictature. Depuis ce jour la police n’avait plus accès au périmètre de l’université, ce droit d’asile universitaire a existé jusqu’à sa suppression en 2019 par l’actuel gouvernement Mitsotakis.

Chaque 17-Novembre (17 Νοεμβρίου) est célébré officiellement à partir de 1982, quand la gauche est au pouvoir. La journée est aussi marquée à Athènes par des manifestations étudiantes plus ou moins violentes. Les discours de Kyriakos Mitsotakis, l’actuel premier ministre (droite), sur le retour à l’ordre n’a pas manqué, en effet, d’attiser régulièrement les tensions.

Il est vrai qu’en 2019, des hommes ont été arrêtés à Athènes, on les soupçonnait d’avoir préparé des attentats contre des ambassades. On se souvient qu’il a quelques décennies, un groupe terroriste marxiste grec, aujourd’hui disparu, se faisait appeler… « 17 novembre ». C’est ce groupe armé qui a assassiné, il y a 32 ans, Pavlos Bakoyiannis, le père du maire d’Athènes et donc, l’oncle du premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis. On peut comprendre qu’ils soient tous les deux aussi déterminés à mater l’esprit contestataire du quartier étudiant de la capitale grecque, repaire de l’ancien groupe armé.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 novembre 2022

 
Pour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps, vous pouvez le faire sur Tipeee
Lire la suite
1994, Tadjikistan, président, 16 novembre Bruno Teissier 1994, Tadjikistan, président, 16 novembre Bruno Teissier

16 novembre : le dictateur tadjik célèbre ses 28 ans de pouvoir absolu

Emomali Rahmon est arrivé au pouvoir le 16 novembre 1994, à la faveur d’une guerre civile. Il dirige le Tadjikistan d’une main de fer et sa famille contrôle tous les rouages politiques et économiques du pays. Cette kleptocratie est un modèle pour Poutine qui voit dans le dictateur tadjik, un des rares soutiens en Asie centrale.

 

Emomali Rahmon est arrivée au pouvoir le 16 novembre 1994, à la faveur d’une guerre civile qui a suivi l’éclatement de l’URSS. Cet apparatchik, issu des rangs du Parti communiste, s’était imposé au pouvoir en écrasant les partis islamiques. Ce qui lui permet aujourd’hui de se prévaloir du rôle de rempart face aux talibans qui dirige l’Afghanistan, le voisin méridional du pays. Il dirige depuis 28 ans d’une main de fer un petit pays de 9,5 millions d’habitants, très divisé sur le plan ethnique et religieux. Toute vie politique est interdite au Tadjikistan, on n’y tolère aucune opposition, ce qui a permis à Emomali Rahmon de remporter sans problème cinq élections présidentielles. Aujourd’hui, il se targue d’être le président le plus ancien de toutes les ex-républiques soviétiques.

Depuis 2015, le président Emomali Rahmon porte le titre de « fondateur de la paix et de l’unité nationale, leader de la nation ». En 2016, la Journée du président  (Рузи Эмомали Рахмон) a été rajoutée à la liste des fêtes officielles du pays pour honorer celui qui porte aussi le titre de « héros du Tadjikistan ». Jour férié, le 16 novembre demeure toutefois un jour ouvrable dans le secteur privé.

Né en 1952, Emomali Rahmon a aujourd’hui 70 ans et son successeur désigné comme président de la république du Tadjikistan, n’est autre que son propre fils Rustam Emomalii, le maire la capitale, Douchambe. Le dictateur contrôle avec sa famille les principales entreprises du pays, et en particulier la plus grande banque… On comprend que Vladimir Poutine, ait choisi le Tadjikistan pour sa première visite officielle à l’étranger depuis qu’il a lancé sa guerre en Ukraine. Cette kleptocratie d’Asie centrale est l’un de ses rares soutiens.

Un article de l'Almanach international, 16 novembre 2022

Mise à jour : en 2024, le président tadjik a fêté ses 30 ans de règne.

 
Lire la suite
Russie, armée, 15 novembre Bruno Teissier Russie, armée, 15 novembre Bruno Teissier

15 novembre : la 30e fête des conscrits russes par temps de guerre

C’est la Journée panrusse du conscrit alors que la conscription d’automne bat son plein. Le service militaire russe, dangereux par nature, est particulièrement meurtrier par temps de guerre.

 

Dans ce pays où le patriotisme se nourrit de militarisme, alimenté par le culte des héros de la « Grande guerre patriotique » (la Seconde Guerre mondiale), on a inventé, en 1992, une fête des conscrits marquée chaque 15 novembre. C’est la Journée panrusse du conscrit (Всероссийский день призывника), alors que la conscription d’automne bat son plein (cette année elle a été retardée d’un mois). D’ordinaire, divers événements sont organisés par les commissariats militaires (agences administratives militaires locales), notamment des excursions dans les unités militaires, des visites de musées et des expositions d'armes. Les commissariats militaires travaillent également avec les parents des conscrits et organisent pour eux des réunions éducatives.

Même en temps de paix, les familles des jeunes de 18 à 27 ans vivent cette période avec anxiété tant l’armée russe est réputée pour maltraiter ses jeunes recrues. Cela était déjà le cas à l’époque soviétique quand les rituels de bizutage, appelé dedovshchina (дедовщина), faisaient de nombreuses victimes. L’Union des comités de mères de soldats, une ONG qui se faisait entendre dans les années 1990, du temps où la parole s’était libérée, est aujourd’hui totalement bâillonnée. Le bizutage reste un problème majeur avec, à présent, le risque d’être envoyé sur le front. L’inquiétude pourtant est d’autant plus vive que le dictateur Poutine a signé, le 5 novembre 2022, un décret autorisant aux personnes reconnues coupables de crimes graves, violences, meurtre, d'être mobilisées dans l'armée russe. Les persécutions des jeunes recrues s’ajoutent aux conditions matérielles lamentables de l’armée russe : manque de nourriture, de vêtements d’hiver…

La loi russe, en principe, interdit de déployer des conscrits en opérations hors des frontières du pays. Mais comme récemment, la Russie affirme avoir annexé une partie de l’Ukraine, de nombreux conscrits ont été envoyés comme chair à canon sur le front ukrainien. Des centaines d’entre eux sont morts dans le Donbass et les familles sont toujours sans nouvelles. La participation des conscrits à la guerre n’est pas nouvelle. Les mères de soldats, à l’époque où elles pouvaient encore s’exprimer, avaient dénoncé la mort de 14 000 soldats lors de la première guerre tchétchène – dont au moins la moitié d’entre eux étaient des conscrits.

Déjà à l’époque soviétiques, les jeunes de 18 à 27 ans tentaient toutes les astuces pour éviter le service militaire ou au moins le retarder à une période ultérieure qu’ils espéraient moins dangereuse. Certains reprennent des études, achètent des certificats médicaux, voire dans l’urgence, épouse des mères célibataires pour se retrouver chargé de famille. En dernier recours certains préfèrent les deux ans d’emprisonnement prévus par le Code pénal, plutôt qu’une année sous les drapeaux. Mais en temps de guerre, ça ne marche plus.

Les autorités russes affirment disposer d’une armée d’un million d’hommes, mais en comptant les 300 000 conscrits effectuant, en ce moment, leur service militaire.

Chaque année, pour la Journée du conscrit (Путешествие призывника), on organise des rencontres solennelles avec les anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale, les derniers encore en vie, ou avec des participants à des opérations antiterroristes. Des défilés militaires et des manifestations des forces spéciales peuvent également être organisées ce jour-là.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 novembre 2022

 

Un ordre de mobilisation

Lire la suite
1980, Guinée Bissau, Coup d'état militaire Bruno Teissier 1980, Guinée Bissau, Coup d'état militaire Bruno Teissier

14 novembre : en Guinée Bissau, on célèbre un coup d’État qui changé le cours de son histoire

Ce coup d'État du 14 novembre 1980, orchestré par le premier ministre de l’époque, João Bernardo Vieira, a abouti au renversement du président Luís Cabral, le demi-frère d’Amílcar Cabral, le mythique leader pan-africain dont les idéaux seront abandonnés.

 

Ce coup d'État du 14 novembre 1980, orchestré par le premier ministre de l’époque et ancien commandant des Forces armées, João Bernardo Vieira, a abouti au renversement du président Luís Cabral, chef du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), le parti fondé par son demi-frère Amílcar Cabral, le leader indépendantiste, assassiné peu de temps avant l’indépendance.

Ce coup d’État qui s’est déroulé sans effusion de sang, est désigné par l’historiographie officielle comme le mouvement de réajustement (Movimento Reajustador) du 14 novembre. Cette réorientation politique, célébrée par un jour férié chaque 14 novembre comme l’Aniversário do movimento de reajuste, a surtout consisté à empêcher le rapprochement de la Guinée Bissau et de l’archipel du Cap-Vert, deux anciennes colonies portugaises promises à une fusion dans un même État.

Les deux frères Cabral étaient nés d’un père guinéen et de mères cap-verdiennes. Sur le continent, on reprochait à Luís Cabral, la promotion de personnalités cap-verdiennes, récemment arrivées du Portugal, en particulier dans l’armée, dont on dénonçait le manque de légitimité. Le ressentiment envers les Cap-Verdiens est né avec le modèle de domination coloniale. En raison de l'origine socioculturelle et de l'accès à l'éducation dont pouvaient bénéficier les Cap-verdiens, ils ont collaboré activement avec le pouvoir colonial, s'étant révélés comme de précieux auxiliaires et intermédiaires entre les indigènes et les autorités coloniales dans la gestion de l'administration et dans le contrôle du travail forcé. Même en tenant compte du fait que les métis ont fourni aux mouvements nationalistes leurs meilleurs cadres, ce passé inconfortable a refait surface dès que l'élite métisse cap-verdienne a commencé à s’imposer politiquement après la conquête de l'indépendance.

À la faveur de ce coup d’êta, João Bernardo Vieira a donc pris le pouvoir  avec le titre de Président du Conseil de la Révolution de la République de Guinée-Bissau. Il abandonne l’orientation socialiste et le pan africanisme de son prédécesseur. Son régime non démocratique jusqu’en 1994, s’est terminé lui aussi par un coup d’État en 1999. Il reviendra au pouvoir par les urnes en 2005 et sera assené dans la résidence présidentielle en 2009.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 novembre 2022

 
Lire la suite
1918, Allemagne, Royaume-Uni, anciens combattants Bruno Teissier 1918, Allemagne, Royaume-Uni, anciens combattants Bruno Teissier

13 novembre : jour de deuil en Allemagne et au Royaume-uni

Allemands et Britanniques commémorent ce dimanche, leurs morts à la guerre. En Allemagne, c’est le Jour de deuil national allemand (Volkstrauertag), au Royaume-uni, c’est le Jour du souvenir (Remembrance Day).

 

Hasard du calendrier, cela n’arrive pas tous les ans, Allemands et Britanniques commémorent ce dimanche, leurs morts à la guerre. En Allemagne, c’est le Jour de deuil national (Volkstrauertag), au Royaume-uni, c’est le Jour du souvenir (Remembrance Day).

Ce jour des souvenir a été célébré en Allemagne de 1922 à 1934 en février ou en mars (précisément le cinquième dimanche avant Pâques). À l'origine, c’était les soldats allemands tués pendant la Première Guerre mondiale qui étaient commémorés.  En 1934, sous les nazis, sur décision de  Joseph Goebbels, le 14 novembre a été rebaptisé “Jour du souvenir des héros” et a bien sûr complètement changé de sens. Puis, en 1939, Hitler déplaça ce jour du souvenir au 16 mars, anniversaire  de la réintroduction du service militaire obligatoire en 1935.

À partir de 1946, une journée de deuil national a été remise en place, toujours en février ou mars. C’est au début des années 1950, qu’il est fixé l’avant-dernier dimanche avant le premier de l’Avent, qui est sa date actuelle, qui tombe aujourd’hui.  La RDA commémorait les victimes du fascisme, c’est-à-dire avant tout les résistants communistes, plutôt que les soldats tombés à la guerre comme en RFA. Depuis 1987, le Volkstrauertag a élargi son champs pour commémorer les victimes de la guerre, de la tyrannie et du terrorisme en général. Sans oublier les soldats allemands morts dans les missions étrangères de la Bundeswehr.

Pour les Britanniques, le Remembrance Day était autrefois célébré le 11 novembre. Afin de supprimer un jour férié, il a été déplacé au le dimanche le plus proche de l’anniversaire de l’armistice de 1918. Ce jour-là, en présence du premier ministre ainsi que d’anciens combattants, la reine, en principe, dépose un bouquet de coquelicots  au cénotaphe du Whitehall à Londres. Des coquelicots artificiels bien sûr (car ce n’est pas la saison). Ils sont appelés coquelicots du souvenir (Remembrance Poppy) et sont vendus par l'association des anciens combattants de la Royal British Legion. Le coquelicot (poppy, en anglais ) fait référence au poème In Flanders Fields du Canadien John McCrae, évoquant les champs de Flandre rougi au sang des soldats de la Première Guerre mondiale. À Londres, les bâtiments publics seront illuminés en rouge pendant la nuit de ce dimanche.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 novembre 2022

Commémoration du Volkstrauertag dans les ruines de l'église Saint Alban, Cologne (photo : Raimond Spekking)

 
Lire la suite
1995, Azerbaïdjan, constitution, 12 novembre Bruno Teissier 1995, Azerbaïdjan, constitution, 12 novembre Bruno Teissier

12 novembre : le Jour de la constitution azerbaïdjanaise, habillage d'une dictature

La constitution a été adoptée en 1995, un 12 novembre, c’est la première d’un Azerbaïdjan indépendant, mais ce n’est toujours pas celle d’un État démocratique.

 

L’impitoyable dictature azerbaïdjanaise ne respecte guère pas la constitution adoptée le 12 novembre 1995, cela n’empêche pas le régime d’avoir instauré, dès 1996, un  Jour de la Constitution (Konstitusiya günü) qui est devenu férié en 2006.

La première république (1918-1920) n’avait pas eu le temps d’adopter une loi fondamentale, si bien que la première constitution azerbaïdjanaise n’avait été adoptée qu’en 1921, dans le cadre de l’URSS. Elle avait ensuite été remplacée par une autre, en 1978, toujours dans le cadre d’une fédération non démocratique et dominée par le Parti communiste. Celle qui a été adoptée en 1995, un 12 novembre, est la première d’un Azerbaïdjan indépendant, mais ce n’est toujours pas celle d’un État démocratique. L’Azerbaïdjan s’apparente à une pétromonarchie dirigée par la famille Aliev. Heydar Aliev, l’ancien dirigeant communiste, a pris le pouvoir en 1993, c’est lui qui a fait voter la constitution que l’on célèbre aujourd’hui. Il a régné sans partage sur le pays jusqu’en 2003. Son fils, Ilham Aliev lui a succédé. Il dirige depuis le pays d’une main de fer. Le 21 février 2017, Ilham Aliyev a nommé son épouse Mehriban Alieva au poste de vice-présidente. Ce poste a été créé en 2016 par un référendum constitutionnel.

Il n’y a plus d’ONG indépendantes en Azerbaïdjan, plus aucun défenseur des droits de l’homme, plus de journalistes indépendants. Tous les opposants sont en prison ou ont été assassinés.

Le Jour de la constitution est férié. S’il ne tombe pas un jour ouvrable, c’est le premier jour ouvrable qui suit qui est chômé.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 novembre 2022

 
Lire la suite
1922, 1918, 11 novembre, Première Guerre mondiale Bruno Teissier 1922, 1918, 11 novembre, Première Guerre mondiale Bruno Teissier

11 novembre : une minute de silence en hommage aux 18 millions de morts de la Grande Guerre

Le 11 novembre 1922, il y a 100 ans tout juste, la première minute de silence en hommage aux morts de la Première Guerre mondiale était observée à Paris devant l’Arc de Triomphe, en présence du Président Poincaré.

 

Le 11 novembre 1922, il y a 100 ans tout juste, la première minute de silence en hommage aux morts de la Première Guerre mondiale était observée à Paris devant l’Arc de Triomphe, en présence du Président Poincaré. Le 11 novembre était pour la première fois un jour férié en France, il avait été déclaré officiellement « fête nationale » le 24 octobre 1922, suite à une décision émanant du Parlement. Les trois années précédentes, on avait célébré l’anniversaire de la victoire en sonnant les cloches et en tirant le canon.

L’idée d’un instant de silence serait une idée exprimée par Edward George Poney dans une lettre au journal London Evening News, ce journaliste australien s’indignait du caractère bruyant des commémorations et ne proposait pas moins de 5 minutes de silence pour rendre hommage aux morts de la Grande Guerre. L’idée sera reprise, en 1919, par les autorités britanniques, mais réduites à 2 minutes. Depuis 1919, deux minutes de silence sont observées aux Royaume-uni, à 11 heures précise, chaque 11 novembre.

L’idée d’honorer un soldat inconnu a été lancée le 20 novembre 1916, au moment de la bataille de Verdun. Le 8 novembre 1920, une loi a été votée pour qu'un hommage soit rendu aux restes d’un soldat non identifié "mort au champ d’honneur". Représentant anonyme de la foule des "Poilus", le Soldat inconnu été inhumé le 28 janvier 1921 sous la voûte de l’Arc de Triomphe à Paris. Le 11 novembre 1923, le ministre de la Guerre et des Pensions, André Maginot, allumait pour la première fois une flamme du souvenir. Depuis, elle est ravivée tous les soirs à 18h30.

Le 11 novembre célèbre l’anniversaire de la capitulation allemande le 11 novembre 1918 qui met un terme à la première Guerre mondiale. Ce jour-là, à 5h15, la signature du document scelle la défaite allemande face aux Alliés. C’est à 11 heures que le cessez-le-feu a pris effet, les généraux Alliés et Allemands se réunissant à bord du wagon-restaurant du train d’État-major du maréchal Foch, en forêt de Compiègne, dans la clairière de Rethondes.

Dans un esprit de revanche, le jour symbolique du 11-Novembre avait été choisi en 1942 par Hitler pour envahir le sud de la France, la France dite Libre, suite au débarquement des troupes franco-américaines en Afrique du Nord.

Depuis 2012, tous les morts pour la France qu’ils soient civils ou militaires sont désormais honorés le 11 novembre. Ce texte permet de rendre hommage à tous ceux qui ont péri au cours d’opérations extérieures (OPEX). Le 11-Novembre est ainsi comparé au Memorial Day américain qui honore l’ensemble des militaires américains morts dans toutes les guerres. 

Un article de l'Almanach international, 10 novembre 2022

 
Lire la suite
Argentine, fête populaire Bruno Teissier Argentine, fête populaire Bruno Teissier

10 novembre : l'Argentine célèbre sa culture gaucho

Le Jour de la Tradition a été créé pour célébrer la culture gaucho. C’est l'anniversaire de José Hernández, un poète argentin, né le 10 novembre 1834, surtout connu pour son poème épique Martín Fierro, une œuvre lyrique centrée sur la vie du gaucho.

 

Le Jour de la Tradition (Día de la Tradición) est marqué, en Argentine, le 10 novembre. Il a été créé pour célébrer la culture gaucho. Ce n’est pas un jour férié, mais il est marqué dans tout le pays. La principale célébration a lieu dans la ville de San Antonio de Areco, considérée comme le centre de la culture gaucho, celle de ces cavaliers qui gardent les troupeaux de bovins dans la Pampa.

La date choisie en 1938 pour célébrer cette journée est l'anniversaire de José Hernández, un poète argentin, né le 10 novembre 1834, surtout connu pour El Gaucho Martín Fierro (1872) et Le Retour de Martín Fierro (1879), des œuvres lyriques centrées sur la vie du gaucho, l'utilisant comme symbole de la tradition nationale argentine et soulignant le rôle du gaucho dans l'indépendance de l'Argentine vis-à-vis de l'Espagne. Cette journée, cultivant une image désuète du pays est aussi une célébration patriotique pour les traditionalistes, mais elle a aussi entraîné une véritable « gauchophobie » de la part de ceux qui récusent cette image archétypique de l ‘Argentin.

L'événement principal est le grand défilé gaucho (gran desfilado gaucho) qui a lieu, selon les villes, le 10 novembre ou le dimanche le plus proche du 10 novembre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 novembre 2022

 
Lire la suite
1932, Suisse, massacre, manifestation politique, 9 novembre Bruno Teissier 1932, Suisse, massacre, manifestation politique, 9 novembre Bruno Teissier

9 novembre : il y a 90 ans, l'armée suisse tirait sur la foule des manifestants

Le 9 novembre 1932, à Genève, l’armée tirait sur une foule tentant d’empêcher un meeting d’une organisation fasciste. Les 13 morts de cette fusillade sont commémorés chaque année par la gauche genevoise.

 

Le 9 novembre 1932, l’extrême droite fasciste genevoise organisait un meeting à la salle communale de Plainpalais pour une mise en accusation publique de deux leaders de la gauche genevoise : Léon Nicole et Jacques Dicker. Pour empêcher ce meeting, une manifestation ouvrière réunit plusieurs milliers de personnes. Craignant des troubles, le Conseil d’État fait appel à l’armée qui envoie de jeunes recrues inexpérimentées encadrées par des officiers qui leur font croire qu’une révolution de type bolchevique a éclaté à Genève. Pressée par les manifestants devant l’ancien Palais des expositions (actuellement Uni-mail), l’armée tire dans la foule à 21 h 34 sans sommation, assassinant en quelques secondes 13 personnes et en blessant des dizaines d’autres… Les victimes sont surtout des passants et des curieux plus que des militants socialistes.

Aucun soldat ne sera poursuivi, en revanche, le lendemain, Nicole et six autres socialistes sont arrêtés, rendus responsables de ces événements puis écroués à Saint-Antoine. En mai 1933, à l'indignation générale de l'opinion publique, Léon Nicole sera condamné par une cour d'assises fédérale à 6 mois de prison. Une fois relâché, Léon Nicole a repris la direction du parti socialiste genevois et est devenu président du Conseil d'Etat le 1er décembre 1933. Genève a connu le premier gouvernement à majorité de gauche en Suisse. Celui durera jusqu’en 1936.

En 2016, le gouvernement genevois demande la réhabilitation nationale des sept condamnés : Léon Nicole, Auguste Millasson, Francis-Auguste Lebet, Jules Daviet, Albert Wütrich, Francis Baeriswyl et Edmond Isaak par une cour d'assises fédérale le 3 juin 1933 à 6 mois de prison. Ces personnes avaient été défendues par Jacques Dicker, l'arrière grand-père de l'écrivain Joël Dicker. Cette réhabilitation sera refusée par Berne en 2019. Un refus qui n'empêche pas une partie des Genevois de perpétuer leur devoir de mémoire, à chaque date anniversaire.

Cette année, pour les 90 ans du drame, e comité intersyndical et des organisations politiques organisent une cérémonie en leur hommage en réitérant le mot d’ordre « Plus jamais ça ! » La cérémonie commence à 18h devant la Pierre du 9 novembre, en face d’Uni-Mail. Une exposition et une conférence marquent aussi l’événement.

La pierre commémorative a été installée en 1982, pour le cinquantenaire de l’évènement. Elle est régulièrement vandalisée, preuve que les tensions qui ont divisé Genève dans les années 1930, en très le Parti socialiste et l’Union nationale de Georges Oltramare, ne sont pas totalement éteintes.

Aux lendemains de la fusillade du 9 novembre, craignant une remise en cause de l’ordre établi, les autorités procèderont en Suisse à plus de 200 arrestations dans les milieux ouvriers. Des troupes seront mobilisées dans les cantons de Genève, Vaud, Berne et Zürich. Les distributions de tracts et manifestations seront interdites dans la plupart des villes du pays. Les journaux ouvriers seront empêchés de publication, d’autres soumis à relecture. Le drame reste une date charnière de le l’histoire politique de la Suisse.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 novembre 2022

 
Lire la suite
Cambodge, Fête agraire Bruno Teissier Cambodge, Fête agraire Bruno Teissier

8 novembre : Au Cambodge, fête de l'eau et éclipse de lune

Ce jour de pleine lune, est le deuxième jour de la plus grande fête annuelle du Cambodge : Bon Om Touk, la fête de l’eau. Cette année est un peu particulière, ce 8 novembre 2022, la Lune entre dans l'ombre de la Terre, créant une éclipse lunaire totale.

 

Ce jour de pleine lune, est le deuxième jour de la plus grande fête annuelle du Cambodge : Bon Om Touk (ពិធីបុណ្យអុំទូក), la fête de l’eau.  Cette année est un peu particulière, ce 8 novembre 2022, la Lune entre dans l'ombre de la Terre, créant une éclipse lunaire totale.

À Phnom Penh, plus d’un million de personnes viennent assister, trois jours durant, à des régates de pirogues multicolores face au Palais royal. Plus de 300 pirogues de 20 m de long, riche- ment décorées avec de grands yeux sur la proue pour éloigner les mauvais esprits, contenant pour certaines jusqu’à 60 rameurs, ont été sélectionnées il y a un mois lors d’une première course à Battambang. L’affluence est grande car chaque province a sa pirogue et défend âprement ses couleurs. Des stands de jeux, de nourriture, des concerts, des manèges et des feux d’artifice agrémentent la manifestation.

Cette fête marque la fin de la saison des pluies, le début de celle de la pêche et souligne un phénomène naturel unique : l’inversion du courant du fleuve Tonlé Sap qui se déverse à nouveau dans le Mékong et apporte fertilité au pays. Cette pleine lune du mois du calendrier lunaire khmer de Katdoek (ou Kartika en sanskrit), qui correspond au moment où la récolte de riz à cycle long est prête à être récoltée.

Ce 8 novembre, pendant 85 minutes, cette lune rougeâtre est visible depuis l'Amérique du Nord, certaines parties de l'Amérique du Sud, l'Asie, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. C’est la deuxième éclipse de lune de l’année après celle du 16 mai dernier.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 novembre 2022

 
Lire la suite
1917, URSS, Russie, 7 novembre, Biélorussie, révolution Bruno Teissier 1917, URSS, Russie, 7 novembre, Biélorussie, révolution Bruno Teissier

7 novembre : le souvenir de la Révolution d'Octobre

Le jour n’est plus est férié en Russie (remplacée par le 4 novembre), mais reste une journée importante pour beaucoup de Russes. Pendant 73 ans, elle a été marquée par un grand défilé militaire à la gloire de la Révolution d’octobre. Poutine en a fait une journée patriotique sans référence révolutionnaire.

 

La Biélorussie est le dernier État de l’ex-URSS à célébrer encore le Jour de la Révolution d'octobre (Дзень Кастрычніцкай рэвалюцыі) comme un jour férié en organisant des défilés militaires. La révolution d’Octobre est aussi commémorée officiellement en Transnistrie, au Vietnam et à Cuba.

Le jour n’est plus est férié en Russie (remplacé par le 4 novembre), mais il reste une journée importante pour beaucoup de Russes. Pendant des décennies, elle a été marquée par un grand défilé militaire à la gloire de la Révolution d’octobre. Selon l’historiographie communiste, la révolution aurait débuté dans la nuit du 24 au 25 octobre 1917 par un coup de force bolchevique. La Russie vivait à l’époque sous le calendrier Julien, conservé aujourd’hui seulement par église orthodoxe. Dès 1918, la révolution a été célébrée le 7 novembre, selon la date du calendrier grégorien que les révolutionnaires venaient d’adopter mais le nom de « Révolution d’Octobre » est resté.

Pour occuper l’espace politique, Vladimir Poutine organise chaque 7 novembre des manifestations de ses partisans et tente de récupérer pour son propre compte des éléments de gloire de la geste stalinienne. Officiellement, on célèbre aujourd’hui le 81e anniversaire de la grande parade militaire de 1941, lorsque les soldats de l'Armée rouge ont marché sur la place Rouge avant de rejoindre le front pour défendre le pays contre les troupes nazies, alors aux portes de Moscou. À l'époque, ce défilé, organisé par Staline, avait pour vocation de commémorer la Révolution de 1917. Aujourd'hui, on se contente de rendre hommage aux soldats tombés pour la patrie pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans la Russie de Poutine, la figure de Staline n'est plus du tout vouée aux gémonies, bien au contraire, son règne est aux yeux du régime, un grand moment de l'histoire de la Russie. Certaines statues de Lénine ont aussi été rétablies.

Le dictateur biélorusse, Alexandre Loukatchenko, qui a failli lui-même être balayé par une révolution en 2020, suite au trucage des élections présidentielles qui lui a permis de rester au pouvoir, expliquait il y a quelques jours pourquoi il maintenait la commémoration de la Révolution d’octobre : « Notre histoire du siècle dernier est basée sur certains principes. Nous avons toujours fait des cadeaux à notre peuple à l'approche du 7 novembre. Cette date marque presque une fin d'année, ce qui signifie aussi l'achèvement de tous les travaux agricoles. C'était l'une des raisons pour lesquelles j'ai maintenu cette fête : les gens ont l'habitude de recevoir des cadeaux des autorités, les uns des autres, alors donnons-nous l'occasion de le faire », déclarait le président Loukatchenko en octobre 2022.

En outre, en Biélorussie, le 7 novembre est aussi la Journée de l'aviation civile (Часопіс грамадзянскай авіяцыі). Drôle de fête quand on sait que presque tous les aéroports d’Europe sont fermés aux appareils de la Belavia, la compagnie nationale biélorusse ! Cela depuis l’atterrissage forcé, le 23 mai 2021, d’un avion de Ryanair avec le journaliste Raman Pratasevich à bord. Cet acte de piratage avait permis au dictateur biélorusse de mettre la main sur un de ses principaux opposants en exil et de le jeter en prison, où il se trouve toujours.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 novembre 2022

 

En Biélorussie, en 2017, lors du centenaire de la révolution

octobre.jpg

À Moscou, à l’époque des célébrations de la révolution.

Lire la suite
1975, Maroc, fête patriotique, 6 novembre Bruno Teissier 1975, Maroc, fête patriotique, 6 novembre Bruno Teissier

6 novembre : la Marche verte des Marocains

En 1975, le roi du Maroc Hassan II dont le trône était chancelant appelait son pays à marcher sur le Sahara occidental alors occupé par l’Espagne ; 350 000 Marocains répondent à l’appel. Cette « récupération de terres historiquement marocaines » sera sa cause sacrée et justifiera de faire taire toute opposition à son régime autoritaire. Chaque année, l’événement fait l’objet de grandes célébrations patriotiques.

 

Cet après-midi, à 16h, le Grand Stade de Tanger accueille un événement spectaculaire. Après Mohammedia l’an dernier, c’est cette année à Tanger de réunir 35 000 enfants autour du thème «Le Maroc dans son Sahara et le Sahara dans son Maroc». Ces enfants choisis de divers établissements scolaires publics et privés, accompagnés par parents et grands-parents, commémorent le 47e anniversaire de la Marche verte (ذكرى المسيرة الخضراء). Ce soir le roi Mohamed VI va s’adresser à la nation. Son discours sera diffusé sur les ondes à partir de 21 heures. Le jour est férié au Maroc.

En 1975, le roi du Maroc Hassan II dont le trône était chancelant appelait son pays à marcher sur le Sahara occidental alors occupé par l’Espagne ; 350 000 Marocains répondent à l’appel. Cette « récupération de terres historiquement marocaines » sera sa cause sacrée et justifiera, pendant des années, de faire taire toute opposition à son régime autoritaire.

47 ans plus tard, le ressort patriotique fonctionne toujours, c’est tout un pays qui se retrouve aujourd’hui derrière son drapeau pour commémorer un événement fédérateur et historique : la Marche verte. Les « anciens » lancent le début des cérémonies en témoignant de ce qu’ils ont vécu et de l’importance de cette marche pacifique et sans arme. De fait, toutes les villes du pays vont voir défiler des foules brandissent d’une main le Coran, de l’autre le drapeau marocain, ni arme ni violence mais des prières et des chants patriotiques.

Le coup de bluff a formidablement réussi : le territoire est aujourd’hui intégré au royaume du Maroc, au moins officieusement, et plus le temps passe plus s’amenuise le risque que cette annexion unilatérale soit remise en question. Mais, quel coût ! Depuis plusieurs décennies l’économie du Maroc entretient à grand frais des forces d’occupation et des transferts massifs d’argents destinés à acheter la paix sociale sur le territoire. Quel coût politique aussi ! Puisque que cet argument patriotique a permis à la monarchie d’établir un régime autoritaire qui n’a connu que de récents aménagements à la faveur du printemps arabe.

Lire : Géopolitique du Maroc de Kader Abderrahim

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 novembre 2022

 
Pour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps, vous pouvez le faire sur Tipeee
Lire la suite