20 février : l’Ukraine, harcelée par Moscou, commémore les victimes de l’Euromaïdan

 

Cette journée de commémoration rappelle la centaine de victimes civiles abattues par la police ukrainienne aux ordres d’un gouvernement et d’un président prorusses, Viktor Ianoukovitch. Les manifestants occupaient depuis des semaines la place de l’indépendance à Kyiv, un lieu aussi appelé Maïdan. Le Berkut (force de police spéciale) a tiré à balle réelle sur les manifestants pro-européens, faisant 82 morts pour cette seule journée.

La révolution de l’Euromaïdan (Євромайда́н) avait commencé fin novembre 2013 par une série de manifestations, déclenchée par le refus du gouvernement prorusse et du président Viktor Ianoukovitch de signer l'accord d'association Ukraine-Union européenne. Les protestations ont atteint leur apogée du 18 au 23 février 2014.  La journée du 20 février fut la plus meurtrière, c’est la date que l’on commémore. Une partie de la classe politique s’est retournée contre le président. Lequel a été destitué le 22 février par la Rada (l’assemblée) et a fui en Russie.

Cette Révolution de la Dignité (Революція гідності), appelée aussi Euromaïdan, a été un tournant dans l’histoire de l’Ukraine. La très grande majorité de la population (sauf dans l’Est) va basculer vers des positions pro-occidentales et franchement antirusses. La réaction de Poutine sera immédiate. Voyant l’Ukraine lui échapper et se démocratiser, il provoque le rattachement de la Crimée à la Russie et enclenche le soulèvement du Donbass. C’est le début d’une période de tensions qui n’ont jamais cessé depuis. Au point aujourd’hui, de menacer le pays d’une invasion totale pour faire disparaitre un régime où le président est élu par la population et non par un petit clan comme en Russie. La motivation du président russe n’est pas territoriale, sa préoccupation est de faire cesser un régime où les manifestations populaires sont tolérées, où la critique du pouvoir est possible, où le président est élu contre de vrais concurrents… Tout ce que Poutine craint de voir se produire dans le pays qu’il dirige si par malheur, pour lui, le “mauvais exemple” ukrainien servait un jour de modèle en Russie. Pour le régime de Poutine, c’est une question de vie ou de mort, d’où la menace constante qu’il fait peser sur l’Ukraine.

Le jour du Souvenir des Cent Célestes (День пам'яті Небесної сотні), commémore les 107 victimes des journées de février 2014, les personnes qui ont donné leur vie pendant l'Euromaïdan, luttant pour la démocratie. Il est marqué par des cérémonies solennelles de dépôt de gerbes dans les monuments et les mémoriaux. La liste des 107 victimes

Mise à jour 2023 : La guerre a été déclenchée par Moscou quatre jours après la célébration de 2022, avec les conséquences que l’on connaît… Le 20 février 2023, Kyiv a reçu la visite du président Biden. Une première historique puisque c’est la première fois qu’un président des États-Unis se rend dans un pays en guerre où il n’y a pas de troupes américaines. La visite avait été préparée dans le plus grand secret pour des raisons de sécurité, la date du 20 février a été choisie pour le symbole qu’elle représente, il s’agissait de montrer à Moscou que Washington ne lâcherait pas Kyiv. Zelensky et Biden sont allés se recueillir devant le « mur du souvenir », près du monastère Saint-Michel-au-Dôme-d’Or, observant une minute de silence en hommage à ceux qui sont morts pour l’Ukraine.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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