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Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

11 décembre : le jour où l’Algérie a basculé vers l’indépendance

De Gaulle avait autorisé l’armée à ouvrir le feu sur les manifestants. Ce 11 décembre 1960, on releva 120 morts. Une semaine plus tard, l’Assemblée générale de l’ONU reconnaissait le droit du peuple algérien à l’autodétermination et à l’indépendance.

 

On était en décembre 1960, le président de Gaulle débarque une nouvelle fois en Algérie. Il avait évoqué sans détour une « République algérienne qui existera un jour » doit affronter la colère des partisans de l’Algérie française qui manifestent dans les grandes villes. En réponse, le 11 décembre 1960, c’est au tour des Algériens de manifester massivement en brandissant leur drapeau afin de hâter le processus. Plusieurs parties des quartiers européens comme la rue Michelet et Bab El Oued sont envahies par les émeutiers. Charles de Gaulle autorise l’armée à ouvrir le feu sur les manifestants. Ce qui provoque la mort de 120 personnes, dont 112 Algériens, et de centaines de blessés. Cette journée du 11 restera dans les mémoires.

Il se trouve que l’Assemblée générale des Nations unis avait inscrit depuis plusieurs mois la question algérienne à son ordre du jour. La discrétion est imminente. Le 14 décembre 1960 elle se prononce sur la nécessité de mettre fin promptement et sans condition au colonialisme sous toutes ses formes et manifestations (résolution 1514) et le 19 décembre, elle reconnaît le droit du peuple algérien à l’autodétermination et à l’indépendance (résolution 1573). Après cinq ans de discussion dans les instances internationales et quinze ans de guerre civile, le destin de l’Algérie est scellé, il se résoudra malheureusement dans la violence.

Chaque année, les autorités algériennes commémorent cette journée de manifestation du 11 décembre 1960  (مظاهرات 11 ديسمبر 1960) dont on fête cette année le 65e anniversaire. En Algérie, dans le pays des écoles, des rues, des avenues, portent de nom de « 11 décembre » pour la mémoire. La cérémonie a lieu au Mémorial du Martyr (Maqam Echahid). Le ministre des Moudjahidine et des Ayants droit, Laïd Rebiga, préside la cérémonie, en présence du président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Brahim Boughali, du wali d’Alger, ainsi que de parlementaires, de responsables des organisations de moudjahidine, de représentants de la société civile et des cadres de l’État. Après la levée des couleurs nationales, on procède au dépôt de gerbes de fleurs au pied de la stèle commémorative, puis c’est la lecture de la Fatiha (la sourate d’ouverture du Coran) à la mémoire des martyrs, suivie  d’une minute de silence et de quelques discours convenus… Le déroulé est le même chaque année. La commémoration de la guerre d’indépendance occupe une place centrale dans la vie publique algérienne.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 décembre 2025

 
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1941, Serbie, Yougoslavie, 21 octobre, massacre Bruno Teissier 1941, Serbie, Yougoslavie, 21 octobre, massacre Bruno Teissier

21 octobre : la mémoire du massacre de Kragujevac en Serbie

Le Jour du souvenir des victimes serbes de la Seconde Guerre mondiale se souvient des victimes de l’occupation nazie. La date du 21 octobre fait référence au massacre de Kragujevac, en 1941, perpétrée par l’armée allemande.

 

Le Jour du souvenir des victimes serbes de la Seconde Guerre mondiale (Дан сећања на српске жртве у Другом светском рату) honore la mémoire de ceux qui sont morts sur le champ de bataille, ont été tués dans des camps de concentration ou abattus par des soldats allemands, ou sont morts de faim pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce n’est pas un jour férié.

La date du 21 octobre fait référence au massacre de Kragujevac, en 1941. Pour venger la mort de 10 soldats allemands mort lors d’affrontement avec la résistance, près de la ville de Kragujevac, les Allemands y ont massacré entre 2 300 et 5 000 civils, principalement des Serbes et des Roms. Ce fut l´un des plus grands massacres de civils perpétrés par l´armée régulière allemande (et non la SS.)

La Journée nationale de commémoration, n’a été instituée qu’en 2012, n'est pas un jour férié. Mais chaque 21 octobre, depuis 1953 une cérémonie solennelle a lieu au parc commémoratif de Šumarice, près de Kragujevac. À Kragujevac, les habitants font une veillée le soir du 20 octobre. Un musée du 21-Octobre, fondé en 1976, perpétue le souvenir de ce massacre.

Le lycée de la ville, le plus ancien de Serbie, a été particulièrement concerné : plusieurs classes et leur enseignant font partie des victimes. Chaque année, depuis 1971, plusieurs milliers de personnes assistent à la Grande Heure scolaire (Великог школског часа), avant des dépôts gerbes de fleurs sur les tombes des élèves et des enseignants exécutés.

Depuis 1975, le Festival de musique de chambre « Pèlerinage d'octobre » (Октобру хододарје) (OKTOH) se déroule dans l’enceinte du lycée de Kragujevac. De jeunes musiciens du pays et du monde entier interprètent des œuvres classiques à la mémoire des citoyens exécutés. À ce jour, environ 2 000 artistes y ont participé. Environ 200 concerts ont été organisés, soit une moyenne de six concerts par an, et 28 000 personnes y ont assisté. 

Dans la mémoire populaire yougoslave, le massacre de Kragujevac est devenu le symbole de la brutalité de l'occupation allemande. Il a été comparé à la destruction par les Allemands du village tchécoslovaque de Lidice en juin 1942 et au massacre du village français d'Oradour-sur-Glane en juin 1944.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 octobre 2025

Les Allemands arrêtent des habitants de Kragujevac pour les exécuter. Parmi eux, de nombreux élèves du lycée.

 
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2023, Palestine, 7 octobre, massacre Bruno Teissier 2023, Palestine, 7 octobre, massacre Bruno Teissier

7 octobre : une double défaite de la civilisation

Dans un monde civilisé, les auteurs du massacre du 7-Octobre auraient dû être poursuivis, traduit devant des tribunaux et punis. Hélas, on a laissé la victime se venger de son agresseur, comme au temps anciens précédant la mise en place d’institutions judiciaires. Ainsi, la vendetta a remplacé la justice et le massacre se double aujourd’hui d’un génocide.

 

Date douloureuse pour Israël. Ce jour-là, plusieurs commandos du Hamas palestinien franchissaient le mur séparant le pays de la bande de Gaza pour attaquer une base militaire, mais aussi plusieurs kibboutz et même un festival de musique en train de se dérouler. Cet acte de guerre se transforme en massacre, les deux tiers des quelque 1200 morts sont des civils de tous âges, y compris des enfants (vingt victimes ont moins de 15 ans), 251 civils et soldats pris en otages (deux ans après une quarantaine d’entre eux, morts ou vivants, sont toujours aux mains du Hamas). Ce raid terroriste a engendré une série de crimes de guerre.

Dans un monde civilisé, les auteurs auraient dû être poursuivis, traduits devant des tribunaux et punis. L’ONU aurait dû envoyer des casques bleus pour séparer les belligérants qui n’en sont pas à leur premier affrontement, comme on l’a fait entre Grecs et Turcs à Chypre, par exemple. Un tribunal international, comme pour le conflit yougoslave, aurait pu être institué pour juger les crimes contre l’humanité… De cela, il n’en a rien été, ni même envisagé. Les États-Unis, la grande puissance protectrice d’Israël, bloquant depuis des décennies toute procédure visant à faire respecter le droit international, l’antique loi du talion s’impose, hélas, sur cette partie de la planète.

On a laissé la victime se venger de son agresseur, comme au temps anciens précédant la mise en place d’institutions judiciaires. Ainsi, la vendetta a remplacé la justice. Le « droit d’Israël de se défendre », répété ad nauseam, s’est transformé en un « droit d’Israël de se venger ». La puissance de feu d’Israël étant infiniment plus importante, le nombre de victimes civiles à déplorer se compte au centuple. Lors de la dernière guerre de Gaza (2008), on avait décompté 13 morts côté israélien (10 soldats et 3 civils) contre 1330 (dont 895 civils tués) Palestiniens, soit un rapport de un à cent. Cette fois, pour venger les 1200 victimes israéliennes, en faudra-t-il 120 000 morts côté palestinien ? À ce jour, pour le deuxième anniversaire du déclenchement des hostilités, on en est déjà à 65 000 (dont plus de 80% de civils, un ratio que l’on ne retrouve dans aucun autre conflit, même en Ukraine où les civils sont aujourd’hui la cible principale de Poutine). Quand Netanyahou annonce qu’il va « finir le travail » traité de paix ou pas, à quoi pense-t-il ? La famine volontairement organisée et la destruction systématique de tous les hôpitaux sont autant de bombes à retardement qui vont malheureusement grandement alourdir le nombre des victimes de ce génocide.

Dans un monde civilisé, quand on juge un criminel, même l’auteur d’un crime particulièrement horrible, comme ce fut le cas le 7 octobre 2023, on s’interroge sur la raison du crime, on explore le vécu du criminel. Non pour excuser son crime, mais pour comprendre. S’agissant des crimes du 7-Octobre, rien de tout cela a été envisagé. Comment en arrive-t-on à tuer des enfants ? La question n’a pas été posé en Israël. « Le Hamas est un monstre, il faut l’éliminer ! » Comme les Palestiniens, même les enfants, sont tous complices, ils ont tous vocation à subir le même sort, ainsi s’exprime la propagande du gouvernement israélien et de la presse qui lui est assujettie. Celle-ci a largement infusé dans la population.

Qui a armé le Hamas ? Qui a organisé son financement pendant des années, afin de mettre en difficulté le Fatah ? Comment se fait-il que le gouvernement qui était pourtant averti n’a pas réagi pour prévenir le raid du 7-Octobre ? Et surtout, comment se fait-il que la moitié de la population vivant sur le territoire de la Palestine histoire n’ait quasiment aucun droit alors que l’autre moitié affirme vivre en démocratie (ce qui aujourd’hui reste à discuter) ? Il faudra répondre à toutes ces questions, les réponses risquent d’être douloureuses.

Un peu partout dans le monde des cérémonies dédiées aux victimes de l’attaque du 7 octobre sont organisées. À Paris, ce mardi matin  on rendra hommage aux 51 victimes françaises du raid terroriste, au Quai d’Orsay. Les enfants franco-palestiniens morts sous les bombes à Gaza seront-ils associés à cet hommage ?

Jean-Noël Barrot, s’il est encore ministre, accueillera jeudi à Paris des homologues de pays européens et arabes pour une réunion destinée à « concrétiser » le plan de paix pour Gaza. S’il y a un espoir de paix et de justice, il ne faut pas le laisser passer.

Bruno Teissier

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 octobre 2025

 
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2009, Guinée, massacre, 29 septembre Bruno Teissier 2009, Guinée, massacre, 29 septembre Bruno Teissier

28 septembre : en Guinée, la mémoire toujours vive d’un massacre d’État

La date fait référence à un massacre perpétré par les forces du dictateur Dadis Camara, le 28 septembre 2009, dans un stade qui fut jadis baptisé 28-Septembre en référence à un événement dont les Guinéens sont fiers.

 

Le 28 septembre 2009, des manifestants pacifiques s’étaient réunis au grand stade de Conakry pour demander une transition démocratique, la tenue d’élections libres et le départ du dictateur Moussa Dadis Camara. Des agents des forces de défense et de sécurité guinéennes, dont des membres de la garde présidentielle, ont alors orchestré un massacre, le jour même et les suivants. Au moins 156 personnes ont été tuées par balles, au couteau, à la machette ou à la baïonnette. Des dizaines d’autres sont portées disparues, le bilan serait bien plus lourd. Plus d’une centaine de femmes ont été victimes de viols ou d’autres formes de violences sexuelles.

Le stade où s’est déroulé le massacre porte le nom de stade du 28-Septembre, non en raison de la dramatique journée dont il a été le théâtre, mais en référence à la date du référendum organisé par la France en 1958 sur la constitution d’une Communauté française, destinée à retarder les indépendances. Les Guinéens ont été les seuls à voter non ce qui mena la Guinée à son indépendance. La date de cet acte politique dont les Guinéens sont fiers est maintenant occultée par e bain de sang de 2009.

Il a fallu attendre 2022, symboliquement le 28 septembre 2022, pour que le procès des acteurs du massacre s’ouvre enfin. Ce fut la plus grande audience criminelle jamais organisée en Guinée. Il a fallu pour cela construire un nouveau tribunal. Il s’est déroulé jusqu’au 31 juillet 2024. 8 des accusés sont condamnés pour crimes contre l'humanité à des peines de prison comprises entre 10 ans et la perpétuité. L‘ex-dictateur, Moussa Dadis Camara a été condamné à 20 ans de prison. Mais celui-ci a été libéré par un décret présidentiel, en mars 2025, officiellement pour "raisons de santé"  et l’ancien dictateur qui avait dirigé le pays jusqu’en juin 2010, a pu trouver refuge au Maroc.

À l’occasion du 16ᵉ anniversaire du massacre, une coalition d’organisations internationales et nationales de défense des droits humains a adressé une lettre ouverte au président de la transition, le général Mamadi Doumbouya. Elle réclame « l’annulation urgente » de la grâce accordée à l’ancien chef de l’État Moussa Dadis Camara, condamné pour crimes contre l’humanité.

Quant aux victimes, il a été annoncé en mars 2025 qu’elles seraient indemnisées… À ce jour, elles n’ont rien reçu.

La Guinée est dirigée par un autre dictateur, le général Mamadi Doumbouya, président d’une « transition » qui s’éternise depuis le putsch de 2021. Une nouvelle constitution récemment approuvée annonce des élections, mais étant donné la chape de plomb qui pèse aujourd’hui sur le pays, il y a peu de chances qu’elles se déroulent de manière démocratique.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 septembre 2025

 
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1975, Liban, massacre, 21 avril Bruno Teissier 1975, Liban, massacre, 21 avril Bruno Teissier

13 avril : 50 ans d’omerta sur la guerre du Liban

 

Ce matin, le Premier ministre Nawaf Salam dépose une gerbe au Monument des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth, pour célébrer le 50e anniversaire du début de la guerre civile libanaise (1975-1990). Ce monument des Martyrs ne fait référence à une autre époque. En vérité aucun mémorial n’existe pour entretenir la mémoire de ce conflit qui a fait quelque 200 000 victimes dans un pays de 2,7 millions d’habitants (à l’époque).

Une cérémonie au Palais de Baabda réunit le président Joseph Aoun (un chrétien maronite, en poste depuis le 9 janvier 2025) et Nawaf Salam (un musulman sunnite), qui dirige le gouvernement, depuis le 8 février 2025.

Le 13 avril 1975, un autobus transportant des militants pro-palestiniens, de retour d’une manifestation, traverse le secteur d’Aïn el-Remmané est mitraillé par des membres des phalanges libanaises (Kataëb), après qu'un milicien chrétien a été tué et un autre blessé devant l’église melkite Notre-Dame du Salut, dans la banlieue est de Beyrouth. 22 passagers du bus ont été tués sur une trentaine de passagers. Cet incident est considéré comme le déclencheur de la guerre civile. D’autres incidents meurtriers ou assassinat de personnalités, depuis la fin des années 1960, auraient pu dégénérer de la même manière.

Chaque année, le 13 avril, se déroule une cérémonie du souvenir sur les lieux même où s’est déroulé le massacre du bus de Beyrouth (مجزرة بوسطة عين الرمانة ,مجزرة عين الرمانة), aussi connu sous le nom d'incident d'Ain el-Rammaneh ou encore Dimanche Noir.

Quelques jours plus tôt, Nawaf Salam avait appelé à faire de cet anniversaire « un tournant, et pas seulement un moment de commémoration » et à « revenir à l'accord de Taëf » signé le 22 octobre 1989, qui avait mis fin à la guerre civile, et à « mettre en œuvre l'intégralité de ses dispositions ».

L’ancien Premier ministre Saad Hariri a appelé, à cette occasion, à « sortir de la mentalité milicienne pour aller vers l’instauration d’un État incluant tout le monde, à condition de respecter sa Constitution et de s’engager vis-à-vis de ses lois, de ses institutions et de sa souveraineté ».

Les Libanais plus âgés connaissent tous la date du 13 avril mais  l’évènement ne fait toujours pas l’objet d’un récit commun, comme pour l’ensemble du conflit, au point qu’il n’existe aucun livre d’histoire destiné aux lycéens racontant l’histoire récente du pays. Preuve que le projet national libanais reste encore fragile. Même s’il y a consensus aujourd’hui pour ne plus retomber dans la violence des milices qui avaient pris le pouvoir dans les années 1970, face à l’inconsistance de l’État libanais. Pendant 15 ans on a vu, des milices chrétiennes (Phalanges, Forces libanaises), musulmanes (Amal, PSP) et palestiniennes (OLP) s’affronter dans une mosaïque d’alliances instables.

Une loi d’amnistie, votée le 26 août 1991, a absou la plupart des crimes, sauf les assassinats politiques majeurs pour la plupart restés impunis. Un Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a été créé après l’attentat de 2005 contre Rafic Hariri. Rien n’a été prévu pour juger les crimes de la guerre civile. Chaque vendredi, des familles se rassemblent devant le Parlement, tenant des pancartes avec des photos des 17000 disparus dans l’espoir d’avoir es informations. Demain, les écolier et étudiants observerons une minute de silence à la demande de la ministre de l’Éducation. Peut-être auraient plus besoin de paroles sur ce conflit que de silence ?

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 avril 2025

L’autobus criblé de balles, appelé le « Bosta », devenu l’emblème de la guerre civile (photo anonyme d’époque). Ce bus existe toujours, il a été conservé par son propriétaire qui l’avait exposé au public en 2011.

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

5 avril : la journée des enfants palestiniens

Cette journée s’intéresse avant tout au quotidien les enfants palestiniens vivant sous occupation israélienne ou sous blocus, elle a été instaurée il y a 30 ans par Yasser Arafat. C’est aussi l’occasion de faire la bilan tragique de la guerre à Gaza.

 

Cette journée ne s’adresse pas aux 18000 enfants morts à Gaza sous les bombes israéliennes depuis l’automne 2023. On ne peut plus rien pour eux ; ni non plus pour les 36 enfants israéliens assassinés le 7-Octobre et les enfants otages qui n’ont pas survécu.

Cette journée des enfants s’intéresse avant tout au quotidien les enfants palestiniens vivant sous occupation israélienne ou sous blocus. Chaque année quelque 700 mineurs palestiniens sont arrêtés par les forces armées israéliennes. Beaucoup sont rapidement relâchés mais restent très marqués, certains passent des mois voire des années en détention sans jugement, sans scolarité, dans la plus totale illégalité.

Cette journée s’adresse aussi à ceux qui sont réveillés la nuit par le bruit de coups de feu, qui vivent dans la peur d’une attaque de colons, dans la crainte de voir leur maison détruite par une décision arbitraire, l’arrestation de leurs parents ou d’un grand frère… Ceux qui n’ont d’autre horizon depuis leur naissance qu’un camp de réfugiés. Ceux qui vivent à quelques kilomètres de la mer et qui ne l’ont jamais vu… Les moins de 15 ans représentent 40% de la population de Gaza et 38% de celle de la Cisjordanie. N’oublions pas aussi, ceux qui tout en étant israéliens savent qu’il n’aura jamais les mêmes droits que leurs compatriotes juifs (22% des enfants de nationalités israéliennes sont palestiniens).

Cette 30e Journée de l'enfant palestinien (يوم الطفل الفلسطيني) (יום הילד הפלסטיני) est célébrée par l'État de Palestine occupé, le 5 avril de chaque année. La date fait référence à la première Conférence sur des enfants palestiniens, le 5 avril 1995, lors de laquelle le président Yasser Arafat a déclaré son attachement à la Convention internationale des droits de l'enfant et a déclaré le 5 avril, Jour de l'enfant palestinien.

Ce n’était pas sa préoccupation à l’origine mais cette journée des enfants se penche aujourd’hui sur le problème de la famine qui sévit depuis des mois dans la bande de Gaza, le retour d’épidémie que l’on croyait définitivement éradiquée, comme celle de la poliomyélite. Aujourd’hui, 7 700 nouveau-nés risquent de mourir en raison du manque de soins médicaux, car les hôpitaux restants fonctionnent à une capacité extrêmement limitée, mettant la vie des enfants en danger. La pénurie d’incubateurs, de respirateurs et de médicaments essentiels a aggravé les conditions sanitaires, augmentant le risque de décès. La guerre fait toujours rage, selon l’UNICEF, dix enfants perdent chaque jour une ou deux jambes à cause de la guerre à Gaza. Sans compter la détresse psychologique des 39000 orphelins déjà recensés.

Au niveau international, la journée internationale des droits de l’enfant est célébrée le 20 novembre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 avril 2025

Un enfant palestinien face à un soldat israélien devant le mur de séparation, août 2004 (photo Justin MacIntosh)

 
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1971, Bangladesh, 14 décembre Bruno Teissier 1971, Bangladesh, 14 décembre Bruno Teissier

14 décembre : le jour où le Bangladesh a perdu ses élites

Au Bangladesh, c’est la Journée des intellectuels martyrs, en mémoire des intellectuels liquidés par l’armée pakistanaise pendant la guerre de libération, en 1971, qui permis au pays de se séparer du Pakistan.

 

Au Bangladesh, c’est la Journée des intellectuels martyrs (শহীদ বুদ্ধিজীবী দিবস), en mémoire des intellectuels liquidés par l’armée pakistanaise et ses collaborateurs, pendant la guerre de libération qui permit au pays de se séparer du Pakistan en 1971. Chaque année, le 14-Décembre est célébré dans une atmosphère de deuil. Le drapeau national est mis en berne dans tout le pays. Un drapeau noir flotte en signe de deuil.

Le 14 décembre 1971, sentant la défaite proche, afin d'anéantir la classe intellectuelle du Pakistan oriental (futur Bangladesh), les militaires ont tué des universitaires, des enseignants, des médecins, des ingénieurs, des journalistes et d'autres personnalités éminentes. Enlevé chez eux, les yeux bandés, ils ont été tués de manière sommaire. Leurs corps sont jetés à Rayerbazar, à Mirpur et dans d'autres lieux de massacre à Dacca (Dhaka). Deux jours après les événements du 14 décembre, le Bangladesh obtenait finalement son indépendance par la reddition des forces pakistanaises. Cette terrible guerre s’est soldée par 3 millions de morts et 10 millions de réfugiés (en Inde).

Un Mémorial des martyrs intellectuels (Badhya Bhumi Smriti Soudha) a été construit au Rayer Bazaar à Dacca. Une cérémonie s’y déroule chaque 14 décembre.

Le premier mémorial des intellectuels martyrs (Badhya Bhumi Smriti Soudha) a été construit à Mirpur, à Dacca (Dhaka). Un autre mémorial appelé Shaheed Buddhijibi Smritsoud à Rayer bazaar, Dacca, a été inaugurée le 14 décembre 1999.

Ce matin à 7h, le président Sahabuddin et le premier ministre, le professeur Muhammad Yunus, déposent une couronne au mémorial de Mirpur. Puis à 8h30, au Mémorial du massacre de Rayerbazar.

Des prières et des prières spéciales ont lieu dans les mosquées, les temples et les églises à l'occasion de la journée de deuil. Soulignant l'importance de cette journée pour le pays, les chaînes de télévision, dont Bangladesh Television, diffusent des programmes spéciaux pour l’occasion.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 décembre 2024

 
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Le cimetière des intellectuels martyrs

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1944, Sénégal, massacre, 1er décembre Bruno Teissier 1944, Sénégal, massacre, 1er décembre Bruno Teissier

1er décembre : le 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, la fin d’un déni français

Au Sénégal et dans plusieurs pays d’Afrique, on célèbre le 80e anniversaire du terrible massacre de Thiaroye opéré par l’armée française en 1944. Après 80 ans de déni, la France commémore enfin cette journée honteuse du 1er décembre.

 

Au Sénégal et dans plusieurs pays d’Afrique, on célèbre le 80e anniversaire du terrible massacre de Thiaroye opéré par l’armée française en 1944. Après plusieurs décennies de déni, la France et notamment plusieurs localités comme Morlaix, où ils avaient été cantonnés, commémorent cette journée honteuse du 1er décembre.

Fin novembre 1944, plus de 1 600 soldats africains (officiellement 1 280) issus de différents territoires de l'Afrique-Occidentale française sont regroupés dans le camp de Thiaroye, à une quinzaine de kilomètres du centre de Dakar. On les appelle les « tirailleurs sénégalais » mais ils sont aussi originaires Dahomey (actuel Bénin), du Soudan français (actuel Mali), de la Haute-Volta (actuel Burkina-Faso), de la Côte d'Ivoire, de l'Oubangui-Chari (actuels Tchad et Centrafrique), du Niger, du Gabon et du Togo. Ils ont aidé la France à vaincre l’occupant allemand, leur mission étant terminée, ils ont été rapatriés pour être démobilisés.

Ils n’ont été payés que très partiellement et la plupart refusent de quitter le camp tant que leur solde n’aura pas été versée intégralement, en outre ils réclament que leur pécule en francs français soit changé en franc de l’AOF au cours officiel de 500 pour 1000 FF au lieu de 250 comme on le leur propose. En réponse à ce mouvement de protestation, le camp est investi par les troupes du général Dagnan au matin du 1er décembre et les Français tirent sur les soldats africains rassemblés. L’armée française a d’abord reconnu 35 morts, puis 70… sans compter les très nombreux blessés. Les historiens parlent de plusieurs centaines de morts, probablement entre 300 et 400. 80 ans après, la majeure partie des archives françaises concernant ce crime de guerre ne sont toujours pas publiques.

Le président Hollande en 2014 est le premier à reconnaître une “répression sanglante”, mais en s’en tenant au bilan  officiel de 1945 : 35 morts, sans les nommer ni révéler le lieu de leur sépulture ni reconnaître la spoliation du rappel de solde et la responsabilité de l’armée. Les 202 tombes du cimetière de Thiaroye où s'est déroulée une partie de la cérémonie sont anonymes et on ignore si elles recouvrent des victimes du massacre. Le 28 novembre 2024, le président Emmanuel Macron reconnaît officiellement le ‘massacre’ de Thiaroye dans une lettre adressée à son homologue sénégalais Bassirou Diomaye Faye, anticipant de trois jours ce 80e anniversaire. À l’assemblée nationale française, on annonce une commission d’enquête… En parallèle, côté sénégalais, un groupe d’historiens, de documentalistes et d’archivistes a été missionné pour tenter de faire la lumière sur les nombreuses zones d’ombre autour de ce massacre qui a profondément marqué les populations d’Afrique de l’Ouest. Son évocation auprès des plus jeunes est une illustration de l’époque terrible de la colonisation française et participe au discrédit de la France dans la région. Est-ce une coïncidence si deux jours avant ce 80e anniversaire le gouvernement sénégalais annonçait que l’armée française était invitée à quitter le Sénégal. Le Tchad venait de faire de même. Les nouvelles autorités du Sénégal veulent en faire un marqueur d'une mémoire africaine commune mais aussi de la relation avec la France, l'ancienne puissance coloniale. Le président sénégalais a annoncé dimanche que l'histoire du massacre serait désormais enseignée dans les écoles, malgré les zones d'ombre que la France doit participer à dissiper au nom d'une relation "réinventée".

Au Sénégal, le massacre est aussi commémoré chaque 23 août , mais une autre Journée du tirailleur est désormais instituée le 1er décembre. Ce 1er décembre 2024, une cérémonie officielle se déroule au cimetière en présence de six chefs d’État (Sénégal, Mauritanie, Guinée-Bissau, Gambie, Gabon, Comores) ainsi que le Président de l’Union africaine. Les putschistes au pouvoir en Guinée, au Mali et au Burkina Faso, trois pays dont beaucoup de « tirailleurs » étaient pourtant originaire, ne sont pas venus. Côté français, Emmanuel Macron s’est fait représenter par son ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.

À lire :
Le massacre de Thiaroye - 1er décembre 1944. Histoire d’un mensonge d'État, Armelle Mabon, Le Passager clandestin, novembre 2024.

Thiaroye 1944. Histoire et mémoire d’un massacre colonial, Martin Mourre, PUR, mars 2017.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er décembre 2024

Mise à jour fin 2024 : le 1er décembre, lors des célébrations du 80e anniversaire, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, déclarait « Si la France reconnaît ce massacre, elle le fait aussi pour elle-même car elle n’accepte pas qu’une telle injustice entache son histoire », estimant que l’épisode est une « plaie béante dans notre histoire commune ».

Cela dit, la figure des tirailleurs est aussi l’objet de polémiques. « Les tirailleurs sont des traîtres. Ils se sont battus contre leurs frères », a déclaré le 31 décembre 2024, le ministre Cheikh Oumar Diagne, sur une chaîne de télévision, ce qui lui a tout de même valu un limogeage.

Fresque murale à Dakar commémorant le massacre de Thiaroye en 1944. (photo Erica Kowal)

 
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1944, Italie, 2 octobre, massacre, Seconde Guerre mondiale Bruno Teissier 1944, Italie, 2 octobre, massacre, Seconde Guerre mondiale Bruno Teissier

29 septembre : la mémoire de Marzabotto

L'Italie commémore son Oradour-sur-Glane. Il y a 80 ans, plus de 800 villageois de la localité de Marzabotto, dans la région de Bologne, étaient massacrés par des soldats allemands et italiens. Parmi les victimes, plus de deux cent d’enfants…

 

L'Italie commémore son Oradour-sur-Glane. Il y a 80 ans, du 29 septembre au 3 octobre 1944, plus de 800 villageois de la localité de Marzabotto, dans la région de Bologne, étaient massacrés par des soldats allemands et des fascistes italiens. Parmi les victimes, plus de deux cent d’enfants…

Triste épilogue :

Le chef du commando SS, l’Autrichien Walter Reder réussit à se réfugier en Bavière et fut arrêté par les Américains et extradé en 1948 en Italie sous l’accusation de crimes de guerre. Jugé en 1951, il fut condamné à la perpétuité par le Tribunal de Bologne, peine à accomplir au pénitencier de Gaeta. Le gouvernement autrichien réussit toutefois à obtenir la libération du criminel de guerre le 24 janvier 1985. Reder fut remis en liberté grâce à une lettre envoyée aux habitants de Marzabotto en décembre 1984 dans laquelle il exprimait un profond repentir et le regret de son geste. Immédiatement transféré à Vienne, il fut accueilli avec les honneurs militaires et fut par le ministre de la Défense autrichien de l’époque ce qui provoquera un scandale international. D’autant plus que Reder reviendra aussitôt sur les excuses adressées au peuple italien qu’il n’avait prononcées – selon ses propres dires – que par opportunisme politique ! Il est mort à Vienne en 1991.

Une cérémonie a eu lieu dimanche 29 septembre 2024 pour les 80 ans du crime de guerre, le président italien Sergio Mattarella et son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier se sont rendus ensemble sur le site du massacre pour une cérémonie commémorative. Le président autrichien n’a pas fait le déplacement. Le fait est que l’Autriche n’a pas fait la même démarche instroptectives à l’égard de son passé nazi. Le même jour à Marzabotto, le cardinal Matteo Zuppi, président de la Conférence épiscopale italienne, a dirigé une messe commémorative dans l'église de Marzabotto, dont la crypte abrite les corps des civils tués il y a 80 ans.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er octobre 2024

 
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1943, Grèce, Seconde Guerre mondiale, massacre Bruno Teissier 1943, Grèce, Seconde Guerre mondiale, massacre Bruno Teissier

16 février : la Grèce commémore le massacre de Domenikon

Ce massacre fait référence à la destruction totale du village de Domenikos dans le département de Larissa, en Thessalie, les 16 et 17 février 1943 par les forces d'occupation allemandes et italiennes qui, après y avoir mis le feu, ont ensuite procédé à l’exécution par la force brute de 150 villageois, soit tous les hommes de 14 à 80 ans.

 

Le massacre de Domenikos (Σφαγή του Δομένικου) fait référence à la destruction totale du village de Domenikos dans le département de Larissa, en Thessalie, les 16 et 17 février 1943 par les forces d'occupation allemandes et italiennes qui, après y avoir mis le feu, ont ensuite procédé à l’exécution par la force brute de 150 villageois, soit tous les hommes de 14 à 80 ans.

Cette page de la Seconde Guerre mondiale a été oubliée pendant de nombreuses années, selon l'historienne Lidia Santarelli, les massacres italiens en Grèce sont « un trou noir dans l'histoire ». Elle fut remise à jour par le documentaire de Giovanni Donfrancesco La guerra sporca di Mussolini (La sale guerre de Mussolini) diffusé à partir du 14 mars 2008 sur History Channel. Le village de Domenikon a été reconnu village martyr en 1998. L'Italie, quant à elle, a présenté ses excuses à la Grèce pour le massacre le 16 février 2009, par l'intermédiaire de son ambassadeur à Athènes.

Le massacre de Domenikon est le premier massacre de civils en Grèce. Il a donc servi de « modèle » pour les autres massacres de civils qui ont rapidement suivi durant le reste de l'occupation italienne dans ce pays, jusqu'au retrait de l'armée italienne durant l'été 1943. Le massacre est surnommé par les Italiens « le petit Marzabotto ». Le second massacre de civils a lieu trente jours plus tard dans le village de Tsaritsani où soixante personnes ont été abattues, suivi de massacres dans d'autres secteurs de la Thessalie et en Grèce interne, comme à Domokos, Pharsale ou encore Oxine. On dénombre plusieurs milliers de civils massacrés dans toute la Grèce et près de 400 villages détruits partiellement ou totalement, dont Kalávryta est un autre exemple.

Aucun des 1500 criminels de guerre italiens - dont les coupables du massacre - n’a jamais été jugés, ceci pour que l'Italie puisse conserver après la Seconde Guerre mondiale, une bonne position internationale. La majorité des criminels de guerre italiens qui ont survécu ont continué à travailler pour le gouvernement italien. Le secret sur les crimes de guerre italiens a été encouragé par le Royaume-Uni et les États-Unis.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 février 2024

16 février 2022

 
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1948, Palestine, Israël, 9 avril, massacre Bruno Teissier 1948, Palestine, Israël, 9 avril, massacre Bruno Teissier

9 avril : il y a 75 ans, le massacre de Deir Yassin en Palestine

Alors qu'Israël poursuit imperturbablement sa colonisation, les Palestiniens commémorent le massacre de Deir Yassin, petit village palestinien dont la population a été tuée en 1948 par une milice d’extrême droite juive (l’Irgoun) dans le seul but de créer la terreur dans la population palestinienne et ainsi « libérer » le territoire du futur État israélien. Depuis la date du 9 avril est commémorée dans le monde arabe, elle symbolise le drame Palestinien.

 

Alors qu'Israël poursuit imperturbablement sa colonisation, que des ministres d’extrême droite du gouvernement Netanyahou annoncent l’annexion de la majorité  du territoire de la Cisjordanie, les Palestiniens commémorent le massacre de Deir Yassin, petit village palestinien dont la population a été tuée en 1948 par une milice d’extrême droite juive dans le seul but de créer la terreur dans la population palestinienne et ainsi « libérer » le territoire du futur État israélien. 

Le 9 avril 1948, alors que la Palestine était encore occupée par les Britanniques, une milice d’extrême droite juive (l’Irgoun) lançait une attaque contre un village arabe musulman qui jusque-là vivait en bons termes avec les localités environantes, y compris juives. Épaulée par la Haganah, l’armée de l’Agence juive, l’Irgoun finit par venir à bout de la résistance de ce village de quelques centaines d’habitants, ceux qui n’ont pas réussi à fuir sont exécutés, hommes, femmes, enfants, soit entre 120 et 254 victimes selon les sources. Rayer ce village de la carte s’intégrait dans le plan de « nettoyage ethnique » de la région. Aujourd’hui les traces de Deir Yassin ont complètement disparu, la localité se trouvait à 5 km de Jérusalem, sur la route de Tel Aviv. Mais, l’objectif était avant tout de semer la terreur parmi la population arabe. La nouvelle du massacre a créé un véritable choc psychologique, provoquant un mouvement de panique parmi les populations arabes, accélérant son exode. L’objectif des combattants sionistes était atteint, vider le territoire à conquérir. 

Depuis la date du 9 avril est commémorée dans le monde arabe, elle symbolise la Nakba. Le drame de Deir Yassin a été comparé à celui Oradour-sur-Glane par nombre d’éditorialistes de la presse arabe. Qui s’en souci aujourd’hui ? Il n’y a plus guère de place dans les médias pour se souvenir de la question palestinienne, hélas, complètement passée de mode. 75 ans après la création d’Israël, la question est pourtant plus épineuse que jamais.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 avril 2023

 
Timbres émis en 1965 par la poste du Pakistan.

Timbres émis en 1965 par la poste irakienne.

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1838, 1879, 1961, Afrique du Sud, 16 décembre Bruno Teissier 1838, 1879, 1961, Afrique du Sud, 16 décembre Bruno Teissier

16 décembre : Comment la date la plus controversée du calendrier sud-africain est devenue le jour de la réconciliation

C’était la date la plus controversée du calendrier sud-africain. Appelée autrefois le “Jour du vœu”, elle commémore la victoire des colons blancs sur les armées zouloues à la bataille de Blood River (« rivière de sang ») en 1838. En 1995, le nouveau régime faute d’avoir pu éliminer cette date ambiguë, en a fait un jour férié dédié à la réconciliation des différentes composantes de la nation sud-africaine.

 

Ce mercredi, 16 décembre est férié en Afrique du Sud, longtemps cette date a été un moment de tensions politiques et de ressentiments. Appelée autrefois le Jour du vœu (Day of the Vow), elle commémore la victoire des colons blancs sur les armées zouloues à la bataille de Blood River (« rivière de sang ») en 1838. Cette rivière fut soudainement rouge de sang car plus de 3 000 Zoulous y furent massacrés contre seulement 3 blessés dans les rangs adverses, celui des Boers, les colons blancs que l’ont appelé aujourd’hui les Afrikaners. Le 16 décembre est leur date sacrée, elle est fériée depuis plus d’un siècle. Ils célèbrent chaque année le « pacte » conclu avec Dieu . C’est un 16 décembre, en 1949, qu’a été inauguré le monument des Voortrekker à Pretoria, juste après la mise en place du régime d’apartheid. 

De leur côté, ce même jour, les Zoulous commémorent le Dingaan’s Day, en souvenir de la victoire de leur roi Dingane sur les troupes britanniques en 1879. La bataille a eu lieu un 22 janvier, mais pour rien au monde, ils n’auraient laissé aux Afrikaners le monopole du 16 décembre. 

Enfin, l’ANC, le parti au pouvoir, qui fut le fer de lance contre l’apartheid, commémore la création en 1961 de son organisation militaire (Umkhonto we Sizwe), un 16 décembre, la date n’avait pas été choisie au hasard. Le groupe a lancé la lutte armée contre le gouvernement de l'apartheid. Les premiers actes de résistance violente contre les dirigeants de l'apartheid ont également eu lieu ce même 16 décembre 1961.

En 1995, le nouveau régime faute d’avoir pu éliminer cette date ambiguë, en a fait un jour férié dédié à la réconciliation des différentes composantes de la nation sud-africaine : Le Jour de la réconciliation (The Day of Reconciliation).  C’est un 16 décembre que la statue de Mandela a été inaugurée à Pretoria en 2003. Chaque année, des défilés et des festivités sont organisés dans tout le pays. La fête est aussi l’occasion de célébrer les groupes culturels minoritaires en Afrique du Sud, tels que le peuple San.

Cela dit, le 16 décembre, au cœur de l’été austral, est le premier d’une série de jours fériés avec le 25 et le 26 décembre puis le 1er janvier. De nombreuses entreprises ferment leurs portes en cette période de congés estivaux. Pour beaucoup de Sud-Africains, la réconciliation va se jouer à la plage.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 décembre 2022

La statue de Mandela à Pretoria figure sur un billet de banque mis en circulation en juillet 2018 à l’occasion du centenaire du leader sud-africain.

Timbres émis à l’occasion de l’inauguration du Voortrekker Monument, le 16 décembre 1949. Les Voortrekkers sont les populations boers qui ont participé au Grand Trek entre 1835 et 1852 en Afrique du Sud. Un siècle plus tard, leurs descendants mettront en place l’apartheid.

 
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1978, Namibie, massacre, 4 mai Bruno Teissier 1978, Namibie, massacre, 4 mai Bruno Teissier

4 mai : la Namibie commémore le massacre de Cassinga

Les Namibiens se souviennent d’un massacre opéré par les forces sud-africaine en 1978.

 

Cassinga Day est un jour férié en Namibie qui commémore la bataille de Cassinga, également connue sous le nom de Massacre de Cassinga ou Cassinga Raid, qui a eu lieu le 4 mai 1978, pendant la guerre frontalière de l'Afrique du Sud.

La guerre frontalière sud-africaine était étroitement liée à la guerre d'indépendance namibienne et à la guerre civile angolaise. Cela a commencé en 1966 par un affrontement entre la police sud-africaine et la South West Africa People's Organization (SWAPO). La SWAPO était un mouvement de libération nationale namibien.

Cassinga était une ville abandonnée en Angola utilisée par la SWAPO comme base militaire et camp de réfugiés. Le 4 mai 1978, elle est attaqué par l'aviation sud-africaine. L'attaque a entraîné la mort d'environ 600 personnes, combattants et civils. Parmi les victimes, il y avait de nombreux enfants, adolescents et femmes. Mais aussi des combattants cubains.

La bataille de Cassinga a longtemps fait l'objet de débats houleux, car on ne sait pas si Cassinga était un camp militaire, un camp de réfugiés ou les deux, et par conséquent si le raid était une opération militaire ou un massacre de civils innocents.

Le jour de Cassinga en Namibie est marqué par des cérémonies solennelles qui se déroulent à Heroes 'Acre, le mémorial de guerre officiel du pays situé à l'extérieur de la capitale de Windhoek. Ces cérémonies sont suivies par l'actuel président de la Namibie et d'autres personnalités politiques importantes.

Le 4-Mai est commémorée comme un jour férié dans la région. On vient nettoyer les tombes (restées anonymes). Le gouvernement a promis un mémorial.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 mai 2022

 
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1992, Haut-Karbagh, Arménie, Azerbaïdjan, massacre, 10 avril Bruno Teissier 1992, Haut-Karbagh, Arménie, Azerbaïdjan, massacre, 10 avril Bruno Teissier

10 avril : il y a 30 ans le massacre de Maragha, village arménien du Haut-Karabagh

Cette tragédie est un épisode de la guerre qui opposait Arméniens et Azéris depuis 1988.

 

Les Arméniens commémorent le massacre de Maragha (Մարաղայի կոտորած), l'un des plus grands villages du Haut-Karabagh. Cette tragédie est un épisode de la guerre qui opposait Arméniens et Azéris depuis 1988. 

Les forces arméniennes ayant dû battre en retraite, des unités armées azerbaïdjanaises - les détachements OMON (unités de milice à but spécial), appuyées par vingt chars, étaient entrés dans Maragha, où ne vivaient que des agriculteurs, âgés pour la plupart. 43 civils ont été aussitôt assassinés, 53 civils, dont 9 enfants, ont été enlevés, 19 ne sont jamais revenus. On ignore les raisons de ce massacre, certains ont pensé qu’il pouvait s’agir de représailles, suite au massacre de Khodjaly en février de la même année. Le village sera repris par les Arméniens le lendemain, ils y découvrent des dizaines de corps ont certains sans yeux ou sans tête.

La malchance de ce village est de s’être trouvé sur la frontière (et ligne de front) entre le Haut-Karbagh qui s’est autoproclamé in dépendant et le reste de l’Azerbaïdjan. Aujourd’hui, ce village qui a eu plus de 4600 habitants, Arméniens en très grande majorité, n’existe plus, les survivants ont construit un nouveau village Nor Margha, lui-même sera abandonné à son tour par les Arméniens à l’issue de la seconde guerre du Karabagh, en novembre 2020. La région étant aujourd’hui contrôlée par les Azéris.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 avril 2022

 

Monument dédié aux victimes

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1947, Madagascar, 29 mars, massacre Bruno Teissier 1947, Madagascar, 29 mars, massacre Bruno Teissier

29 mars : il y a 75 ans, les massacres oubliés de Madagascar

Cette journée dédiée aux victimes est fériée à Madagascar où l'on commémore les massacres opérés en 1947 par l'armée française envoyée mater toute tentation indépendantiste de la Grande île…

 

Cette journée dédiée aux victimes est fériée à Madagascar où l'on commémore les massacres opérés en 1947 par l'armée française envoyée mater toute tentation indépendantiste de la Grande île : plusieurs dizaines de milliers de morts (ou centaines de milliers) dans la plus grande indifférence à l'époque (et encore aujourd'hui).

Pendant la nuit du 29 mars 1947, à Madagascar, quasi simultanément, à Moramanga, dans le centre-est et à Manakara, sur la côte sud-est, des groupes d’insurgés qui ne croient plus en l’indépendance de leur pays par la voie pacifique, prennent les armes et commettent de premières attaques. C'était le début d'un an et demi d’insurrection contre l’administration coloniale française, en place depuis un demi siècle, notamment au prix de massacre, comme en 1897.

​​Lors du sommet de la Francophonie de 2016, François Hollande a rendu visite à la stèle des anciens combattants de la Grande guerre, à Anosy, en « hommage », aux victimes des événements de 1947 qu’il avait qualifiés de « répression brutale ». Mais, lors des journées de Commémoration de la Rébellion de 1947 (Martiora Ny tolona tamin'ny), aucun membre du gouvernement français n'est jamais venu en visite à Madagascar. Les massacres de l’année 1947 dans la Grande Ile font partie des trous noirs de l’histoire de France : 90 000 morts selon le commandant des troupes françaises de l'époque ; entre 200 000 et 700 000 morts selon d’autres sources.

Ce mardi 29 mars, une cérémonie de dépôt de gerbes sous la houlette du Président de la République, Andry Rajoelina, se déroule dans plusieurs endroits emblématiques : au Mausolée sis à Avaratr’Ankatso, Antananarivo, où reposent les dépouilles des combattants nationalistes ainsi qu’à Moramanga et Manakara, lieux de l’insurrection. La chanson Madagasikara Tanindrazanay qui a marqué la lutte nationale à cette époque est chantée ce jour-là. Cette commémoration qui a commencé vendredi 25 mars au camp militaire du Ier RM1 à Analakely, à Antananarivo, semble toutefois rencontrer une certaine indifférence de la part des citoyens. Il faut dire qu’en moins de deux mois, la Grande île a été frappée par quatre cyclones : Ana, Batsirai, Dumako et Emnati, qui ont fait des dizaines de milliers de sinistrés.

Ce jour férié et cette commémoration officielle ont été décidés en 1967, à l’occasion du 20e anniversaire du massacre. La célébration de 1947 a été discrète sous la Première république (1960-1975), puis beaucoup plus marqué sous la Deuxième république (1975-92) le régime « révolutionnariste », autoritaire et corrompu, l’avait instrumentalisé pour se construire une légitimité… la commémoration varie selon les périodes, mais le traumatisme demeure ancré dans la mémoire collective, même si seuls les plus anciens s’en souviennent vraiment.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 mars 2022

 
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2014, Pakistan, enfants, massacre Bruno Teissier 2014, Pakistan, enfants, massacre Bruno Teissier

16 décembre : le Pakistan commémore un effroyable massacre d'enfants opéré par les talibans

La Journée à la mémoire des martyrs commémore le massacre du 16 décembre 2014 à Peshawar

 

Triste anniversaire que celui d’un massacre d’écolier, célébré chaque 16 décembre au Pakistan comme la Journée à la mémoire des martyrs. C’était, le 16 décembre  2014, six assaillants vêtus d’uniformes militaires ont pris d’assaut une école de Peshawar où 500 élèves étaient présents. Le bilan fut effroyable, au moins 141 personnes ont été tuées, dont une majorité d’enfants, et une centaine de blessées. L'assaut aura duré près de sept heures. Les assaillants sont passés de classe en classe pour abattre les enfants ou adolescents, et au moins un a fait exploser la bombe qu'il portait sur lui. Les élèves avaient entre 10 et 20 ans.

L'attaque a été revendiquée par les talibans du Tehreeh-e-Pakistan (TTP) en représailles à une offensive de l'armée pakistanaise dans le nord-ouest de l’Afghanistan. La ville de Peshawar est régulièrement martyrisée par les attaques de terroristes, qui y accèdent via les zones tribales pakistanaises (régions peuplées de Pachtounes, la même ethnie sur laquelle s’appuie le régime taliban de Kaboul). L'école est située dans les faubourgs de Peshawar, à la lisière des zones tribales que revendique l’Afghanistan.

En signe de deuil, tous les établissements scolaires du Pakistan sont fermés chaque 16 décembre pour ce Solidarity Day with the martyrs of the APS.

Aujourd’hui, le Tehreeh-e-Pakistan (TTP), avatar pakistanais des talibans, est de retour sur ses terres origines, le Waziristan, après avoir contribué à la prise du pouvoir des talibans à Kaboul. L’objectif est la destruction du Pakistan lui-même. Toute l’ambiguïté du régime d’Islamabad à l’égard des talibans depuis une vingtaine d’années s’avère aujourd’hui totalement mortifère. Le massacre du 16 décembre que l’on commémore aujourd’hui en est un des symboles. Malgré tout la prise de conscience est tardive et loin d’éteindre unanime.

#APSPeshawar #PeshawarAttack

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 décembre 2022

 
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1960, 1990, Mauritanie, 28 novembre, massacre, indépendance Bruno Teissier 1960, 1990, Mauritanie, 28 novembre, massacre, indépendance Bruno Teissier

28 novembre : en Mauritanie, jour de fête et jour de deuil à la fois 

C’est la fête de l’indépendance. Celle-ci a été obtenue le 28 novembre 1960, c’est aussi l’anniversaire du massacre d’Inal, symbole des persécutions des Afro-Mauritaniens.

 

Aujourd’hui, c’est la Fête de l’indépendance. Celle-ci a été obtenue le 28 novembre 1960 après quelque 70 ans d’occupation française. Commémorée chaque année, cette date est devenue la fête nationale de la Mauritanie. C’est l’occasion d’un défilé militaire, qui peut être perturbé par des manifestations.

Cette journée est aussi une journée de deuil pour tous les Afro-Mauritaniens et les défenseurs des droits de l’homme, bien peu respectés dans ce pays, en particulier  quand il s’agit de la communauté noire. Dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990, la date n’avait pas été choisie au hasard, 28 soldats mauritaniens sont pendus les uns après les autres à Inal, dans le nord-ouest du pays. Tous sont négro-africains. Ils ont été sélectionnés parmi les manifestants arrêtés au cours des jours précédents. Ce jour-là, la Mauritanie célébrait le 30e anniversaire de son indépendance.

En 1986, plusieurs cadres des Forces de libération africaines de Mauritanie (FLAM), un mouvement d’opposition fondé clandestinement en 1983, publient un « Manifeste du Négro-Mauritanien », pour dénoncer les persécutions qu’ils subissent.

En 1989, sous prétexte d’un incident transfrontalier, les autorités avaient expulsé plus de 60 000 Afro-Mauritaniens vers le Mali et le Sénégal. Leurs papiers ont été détruits, leurs terres et maisons confisquées, très peu pourront revenir. À la fin de l’année 1990, environ 3 000 militaires afro-mauritaniens sont mis aux arrêts. Entre 500 et 600 d’entre eux sont exécutés ou décèdent des suites de tortures. Le massacre d’Inal est le symbole de cette répression sanglante, il est loin d’être le seul. En 1993, une loi d’amnistie a fini par jeter une chape de plomb sur « les années de braises » (1986-1991). Les massacres demeurent encore aujourd’hui un véritable tabou national.

Le président Mohamed Ould Ghazouani, en poste depuis août 2019, n’a pas fait bouger les choses. Ce n’est pas faute d’avoir été interpellé par des manifestants alors qu’il assistait, le 28 novembre 2020, à deuxième défilé militaire organisé à l’occasion de la fête nationale. 36 des manifestants ont été jetés en prison et les festivités de la fête nationale ont repris leur cours. Parmi eux figuraient plusieurs orphelins de victimes du massacre d'Inal dont c’était le 30e anniversaire.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 novembre 2021

 
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1988, 1992, Azerbaïdjan, Arménie, massacre, 26 février, 27 février Bruno Teissier 1988, 1992, Azerbaïdjan, Arménie, massacre, 26 février, 27 février Bruno Teissier

26-27 février : guerre de mémoire entre Azéris et Arméniens

Chaque 26 février, l’Azerbaïdjan commémore le massacre de Khodjaly, un épisode sanglant de la première guerre du Haut-Karabagh, le 26 février 1992. Hasard du calendrier, le 27 février, les Arméniens commémorent le pogrom de Soumgaït : trois jours de violence, les 27-29 février 1988 contre la minorité arménienne d’Azerbaïdjan.

 

Chaque 26 février, l’Azerbaïdjan commémore le massacre de Khodjaly, un épisode sanglant de la première guerre du Haut-Karabagh, le 26 février 1992. Les autorités azéries dénoncent la mort de 613 personnes dont 106 femmes et 83 enfants, des villageois pris au piège d’un conflit qui les dépassaient. Bakou accuse du massacre les forces armées arméniennes, aidées par le régiment no 366 de l'armée russe. Les Arméniens se défendent en accusant l’Azerbaïdjan d’être directement responsable de ce massacre, les soldats azéris auraient reçu l’ordre de tirer sur les civils de Khodjaly. Bakou a tenté en vain, à plusieurs reprises de faire reconnaître un « génocide » opéré par les Arméniens, dénonçant la désinformation de la diaspora arménienne plus influente en Occident que celle des Azéris même si ces derniers disposent à présent de relais médiatiques importants et d’un pouvoir d’influence qui repose sur l’argent du pétrole.

Hasard du calendrier, demain, le 27 février, les Arméniens vont comme chaque année, commémorer le pogrom de Soumgaït  : trois jours de violence, les 27-29 février 1988 contre la minorité arménienne de cette banlieue industrielle de Bakou. Le nombre des victimes n’est pas connu : des dizaines de morts et des centaines de blessés. Il s'agit d'un événement historique et d'un tournant dans l'aggravation du conflit ethnique qui a provoqué les premiers flux de réfugiés arméniens de Soumgaït vers le Karabakh (Artsakh) et l'Arménie. Le caractère prémédité et organisé de ce pogrom n’a jamais été pleinement reconnu par Bakou. Une des conséquences de cette impunité fut que d’autres massacres d’Arméniens eurent lieu à Kirovabad (Gandja) en novembre 1988 et à Bakou en janvier 1990, provoquant l’exode de la minorité arménienne de l’Azerbaïdjan, comme d’ailleurs, l’exode de la minorité azérie d’Arménie.

Le pogrom était la réponse aux premiers troubles provoqués par les Arméniens du Haut-Karabagh. Il sera le déclencheur de la guerre de conquête du sud-ouest de l’Azerbaïdjan, dans les années 1992-1994, par les forces arméniennes mieux équipées et plus aguerries à l’époque. À l’automne 2020, la situation s’est retournée. Les Arméniens ont perdu toutes leurs conquêtes en 2023.

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 février 2025

 
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1996, Brésil, syndicalisme Bruno Teissier 1996, Brésil, syndicalisme Bruno Teissier

17 avril : la journée des luttes paysannes

Cette journée internationale commémore l’assassinat, le 17 avril 1996, de 19 paysans brésiliens, membres du Mouvement des sans-terre (MST) qui manifestaient pour réclamer l’accès à la terre. Ils ont été tué par des tueurs à gages à la solde de grand propriétaires terriens. Le président Bolsonaro a approuvé ces exécutions.

 

Cette Journée internationale de lutte pour la terre (Dia Internacional de Luta pela Terra) commémore l’assassinat, le 17 avril 1996, de 19 paysans brésiliens, membres du Mouvement des sans-terre (MST) qui manifestaient pour réclamer l’accès à la terre. Ils ont été tués par des tueurs à gages à la solde de grand propriétaires terriens qui préfèrent louer leur terres à des multinationales pratiquant une monoculture d’exportation, plutôt que de laisser les paysans locaux les exploter pour vivre. Le drame est connu sous le nom de massacre d’Eldorado dos Carajás.

Malheureusement, le contexte politique du Brésil a totalement changé. Jair Bolsonaro, lors de sa campagne électorale, a approuvé le meurtre du 17 avril 1996 ! Aujourd’hui, président, il annonce qu’il va demander à ce que les militants du MST soient désormais assimilés à des terroristes. Cette année, la question sera quelque peu éclipsée par la pandémie qui commence à toucher le Brésil, mais beaucoup de militants, notamment dans les régions où le confinement n’a pas cours, veulent marquer cette journée par des manifestations.

Chaque année, le 17 avril, journée créée en 1996 par la Via Campesina, mouvement fédérant plusieurs dizaines d’organisations paysannes, est l’occasion de dénoncer l’accaparement des terres. Quelque 200 millions d’hectares, soit 4 fois la superficie de la France, sont déjà aux mains des multinationales. Au Brésil, 1% des propriétaires cumulent plus de 50% des terres, il n’y a pas eu de redistributions des terres contrairement aux États-Unis, au début du XXe siècle.

Le Mouvement des sans-terre (MST) est une organisation paysanne née au Brésil au début des années 1980, et il est aujourd’hui l’un des plus importants mouvements sociaux d’Amérique Latine. Il prend racine dans les occupations de terres qui se développent de manière isolée dans l’état du Rio Grande do Sul à la fin des années 1970 . Aujourd’hui, quelque 120 000 personnes installées dans tout le Brésil peuvent être déclarés hors-la-loi . Des centaines de militants du MST sont morts dans des actions et occupations sans terres qui ne se produisent pas toujours sans conflits ni excès. Le 8 décembre 2018, huit d’entre-eux ont été sommairement exécutés par des hommes masqués à qui Bolsonaro a promis l’impunité pour ce type de meurtre.

Si les luttes sont anciennes en Amérique latine, le phénomène est en pleine expansion en Afrique où des sociétés chinoise ou coréennes ont déjà loué d’immenses espaces.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 avril 2020

 
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