19 février : La mémoire d’un massacre fasciste en Éthiopie

 

Chaque 12 du mois de Yekatit (የካቲት ፲፪), le maire d’Adis-Abeba vient déposer une gerbe place des Martyrs, sur le monument (Sidist Kilo) dédié aux 30 000 habitants de la capitale éthiopienne massacrés par les troupes italiennes conduites par le général fasciste Rodolfo Graziani. La place est aussi appelée Yekatit 12 du nom de la date qui correspond au 19 février.

En février 1937, alors que les Italiens occupaient l’Éthiopie, deux jeunes éthiopiens Abraha Deboch et Mogus Asgedom décidèrent d’assassiner Graziani. Ils lui ont lancé des grenades à main alors qu'il parlait devant la statue commémorative située au milieu de Siddist Kilo, près du campus principal de l'université d'Addis-Abeba.

Le général Graziani et de nombreux responsables fascistes italiens qui étaient présents lors de son discours ont été blessés, certains tués.

Au lendemain de l’attentat, la réponse italienne a été immédiate. Du 12 au 15 février 1937, plus de 30 000 Éthiopiens vivant à Addis-Abeba ont été massacrés en seulement trois jours par des soldats fascistes brutaux et leurs complices. Les carabiniers italiens ont tiré sur les foules de mendiants et de pauvres rassemblés pour la distribution d’aumônes. Et les choses se sont enchaînées. Cet attentat a fourni le prétexte pour mettre en œuvre l'ordre de Mussolini, datant du le 3 mai 1936, d’exécuter sommairement « Les jeunes Éthiopiens », le petit groupe d’intellectuels qui avaient reçu une éducation universitaire dans des collèges américains et européens.

À partir de 1945, le massacre a été commémoré chaque année par un dépôt de gerbe de la part de Haïlé Sélassié. Dans les écoles la journée se terminait par une veillée aux chandelles ainsi que dans l’administration. Le gouvernement du Derg a ensuite réduit la célébration au minimum. C’est après la chute de Menguistu, en 1991, qu’a été instaurée la Journée nationale des martyrs (የሰማዕታት ቀን).

Cette journée est célébrée alors que le régime éthiopien met une chape de plomb sur la famine qui menace deux millions de Tigréen au nord du pays, dernier épisode d’une guerre qui comme à Gaza a débuté par des massacres.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 février 2024

 

Devant le Sidist Kilo, le monument dédié aux martyrs, à Adis Abeba (photo Borkena) en 2022

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