L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
8 mai : la Journée de Yerkrapah, les défenseurs de la terre arménienne
Le Jour de Yerkrapah est toujours dans la liste des commémorations officielles en Arménie mais cet hommage à une milice paramilitaire n’est plus célébré que dans les milieux les plus nationalistes.
Le Jour de Yerkrapah (Երկրապահի օր) est toujours dans la liste des commémorations officielles en Arménie mais n’est plus célébré que dans les milieux les plus nationalistes.
L'Union des volontaires de Yerkrapah a été créée en 1993. C’est une organisation paramilitaire formée d’anciens de la première guerre du Karabagh (1988-1994), celle qui a été remportée haut la main par les Arméniens. La date du 8 mai, fait référence à la prise de Chouchi (les 8 et 9 mai 1992). Cette ville qui fut la capitale culturelle des Arméniens du Haut-Karabagh, avait été le théâtre d’un massacre en 1920 opéré les Tatars (Azéris). Ce fait d’armes était hautement symbolique, la ville est redevenue arménienne jusqu’en novembre 2020, puis reprise par les Azéris.
Yerkrapah (les défenseurs de la terre) a été fondé par un chef de guerre charismatique, Vazgen Sarkissian qui poussera le président Levon Ter Petrossian. Le premier était partisan d’une politique maximaliste dans la région du Karabagh alors que le second était partisan de négocier avec l’Azerbaïdjan une solution acceptable par les deux partis.
Dans le sillage de Robert Kotcharian, des leaders politiques du Haut-Karabagh ont fini par prendre le pouvoir à Erevan, Vazgen Sarkissian est nommé premier ministre, mais sera assassiné au bout de quelques mois, le 27 octobre 1999.
Sur la scène politique, Yerkrapah s’est fondu dans le Parti républicain d'Arménie (conservateur et nationaliste) qui règnera sur la politique arménienne jusqu’en 2018. Mais cette milice est demeurée une branche informelle des forces armées arméniennes, qui a participé activement à l'occupation des territoires azerbaïdjanais par l'Arménie entre 1992 et 2020. Les membres de Yerkrapah ont combattu lors de la guerre des Quatre Jours d'avril 2016, ainsi que lors de la guerre du Karabagh de 2020. Yerkrapah assure être toujours opérationnel mais a perdu toute influence politique depuis la déconfiture, en 2020, des forces de la république arménienne autoproclamée de l’Artsakh (Haut-Karabagh) face à l’armée de l’Azerbaïdjan qui a repris le contrôle de son territoire et a chassé tous les Arméniens de leurs terres ancestrales. Aujourd’hui, des volontaires de Yerkrapah (les gardiens de la terre) sont toujours actifs aux frontières du pays faisant face à l’Azerbaïdjan.
La décision de célébrer le 8 mai comme la Journée Yerkrapah avait été prise par le 3e congrès de l'Université d'État d'Erevan (YSU) en novembre 1997. C’est le président Kotcharian qui en fera un jour férié de la République d’Arménie en 2002. Chaque 8 mai, on remet de la plus haute distinction de l'YSU, l'Ordre « Sparapet Vazgen Sargsyan ». Le Commandant (Sparapet) Vazgen Sarkissian demeure populaire notamment dans la diaspora. Les autorités arméniennes lui rendent hommage chaque 5 mars, jour de son anniversaire.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 mai 2025
Timbre émis en 2000 en hommage à Vazgen Sarkissian
7 mai : les Bhoutanais célèbrent le fondateur de leur pays au XVIIe siècle
On célèbre l’anniversaire de la mort de Shabdrung (Shabdrung Kurchoe), un lama bouddhiste tibétain du XVIIe, qui a unifié le pays dans les années 1630. Ce jour férié mobile est aussi un jour de deuil national.
On célèbre l’Anniversaire de la mort de Shabdrung (Shabdrung Kurchoe), un lama bouddhiste tibétain du XVIIe, qui a unifié le pays dans les années 1630. Shabdrung Ngawang Namgyal (1594-1651) est considéré comme le fondateur du Bhoutan. Ce jour férié mobile est aussi un jour de deuil national.
Au Tibet, shabdrung (ou zhabdrung) est simplement un titre de grands lamas mais au Bhoutan, il fait presque toujours référence à l'unificateur du royaume en tant qu'État-nation, nommé Ngawang Namgyal. Le fondateur de l'État bhoutanais est aussi connu sous le nom de Shabdrung Rinpoché « le joyau précieux devant lequel on se prosterne ».
Ngawang Namgyal est né au Tibet en 1594. En 1616, il doit partir pour le Bhoutan. En 1620, il fonde le monastère de Cheri dans la vallée de Thimphu. Et plusieurs années plus tard, celui de Simtokha Dzong qui l'a aidé à consolider son contrôle sur l'ouest du Bhoutan.
En 1634, il remporte la bataille des Cinq lamas et a uni le Bhoutan en un seul État, établissant le double système de gouvernement. Zhabdrung Ngawang Namgyal est décédé en 1651. Cependant, les gouverneurs locaux se sont mis d’accord pour garder sa mort secrète pendant 54 ans afin d’éviter des querelles dynastiques. Ils ont simplement annoncé que Zhabdrung était parti en retraite silencieuse et ont émis régulièrement des ordres en son nom. Zhabdrung repose dans le monastère Punakha Dzong.
L'anniversaire de la mort de Zhabdrung est un jour férié et de deuil national au Bhoutan. Il est célébré le 4e jour du 10e mois du calendrier bhoutanais. Cette date tombe en avril ou mai selon le calendrier grégorien.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 mai 2025
6 mai : le jour du couronnement de Charles
Au Royaume-Uni, le Jour du couronnement est jour férié qui commémore le couronnement du roi Charles III, le 6 mai 2023 en l’abbaye de Westminster.
Au Royaume-Uni, le Jour du couronnement (Coronation Day) est jour férié qui n’est pas chômé (il ne l’a été qu’en 2023). Ce jour-là le drapeau de l'Union doit flotter sur tous les bâtiments gouvernementaux. Les organisations locales sont encouragées à suivre cet exemple. Ce jour commémore chaque année, le couronnement du roi Charles III, monté sur le trône le 8 septembre 2022, à la mort de sa mère, la reine Élisabeth. Après une période de deuil, le nouveau roi n’a reçu la couronne de Saint Edouard que le 6 mai 2023 en l’abbaye de Westminster. Charles prêta serment, fut oint d'huile sainte et reçut les insignes du couronnement. Après la cérémonie, il fut intronisé et reçut les serments d'allégeance du peuple. La reine consort Camilla fut ointe, couronnée et intronisée lors d'une cérémonie similaire, mais plus courte et plus simple.
Charles voulait une cérémonie moins fastueuse que celle du 2 juin 1953 qui avait couronné Élisabeth, mais le couronnement de Charles a tout de même réuni environ 2 200 invités venus de plus de 200 pays ; s'agissant d'un événement d'État financé par le gouvernement, c'est le gouvernement britannique qui a établi la liste des invités.
Ne pas confondre le jour du Couronnement avec le jour de l'Accession (au trône), célébré le 8 septembre. Les deux sont des jours de flottaison du drapeau dans tout le royaume.
Le couronnement d’un monarque bien moins populaire que ne l’était sa mère a renforcé les rangs du mouvement républicain qui militait pour d’adoption d’une constitution républicaine après le décès de la reine Élisabeth. Il n’y est pas parvenu mais n’a pas baissé les bras, au contraire.
Le 6 mai 2023, à Trafalgar Square se dresse une grande statue de bronze du roi Charles Ier, monarque du XVIIe siècle destitué par le Parlement et exécuté en 1649, quelque 1 500 manifestants, vêtus de jaune pour être le plus visibles possible, étaient rassemblés à côté de la statue pour scander "Pas mon roi" lors du passage du cortège royal.
Selon les sondages, les plus jeunes générations sont bien moins attachées à la monarchie que ne le sont les Britanniques plus âgés. La question se pose également chez les 14 autres pays membres du Commonwealth sur lesquels règne Charles III. La Barbade est devenue une république en 2021 et la Jamaïque envisage de faire de même, la Nouvelle Zélande en parle…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 mai 2025
6 mai 2003, le roi Charles III salue ses sujets (photo Katie Chan)
5 mai : la journée internationale de la langue portugaise
Le portugais est la langue officielle de neuf pays (Brésil, du Portugal, de l'Angola, du Cap-Vert, de la Guinée-Bissau, du Mozambique, de São Tomé et Príncipe et du Timor-Leste) soit quelque 260 millions de personnes.
Le portugais est la langue officielle de neuf pays (Brésil, du Portugal, de l'Angola, du Cap-Vert, de la Guinée-Bissau, du Mozambique, de São Tomé et Príncipe et du Timor-Leste) soit quelque 260 millions de personnes. C’est la cinquième plus utilisée dans l'espace Internet et c’est aussi la plus parlée dans l'hémisphère sud. Le 5 mai 2009, les neuf ministres de la Culture de la Communauté des pays de langue portugaise (Comunidade dos Países de Língua Portuguesa) se réunissaient pour la première fois. C’est l’anniversaire de cette réunion, au Cap-Vert, qui a été retenu pour célébrer la langue portugaise dans le monde.
La date du 5 mai a été ensuite officialisée par l’Unesco en 2019, sous le nom de Dia da Língua Portuguesa e da Cultura. Pour le Secrétaire général António Guterres, lui-même portugais, la langue est « un trésor inestimable qui transcende les frontières et les océans ».
Le portugais est une langue très célébrée car elle fait aussi l’objet d’une journée nationale au Brésil, chaque 5 novembre, en hommage à Rui Barbosa, écrivain et homme politique brésilien, né le 5 novembre 1849, qui l’a particulièrement étudié. Quant au Portugal, sa fête nationale, le 10 juin, est aussi l’occasion de célébrer la langue portugaise. C'est ce jour-là que, en 1580, que mourut l'un des plus grands poètes lusophones, Luis Camões.
Língua portuguesa
Última flor do Lácio, inculta e bela,
És, a um tempo, esplendor e sepultura:
Ouro nativo, que na ganga impura
A bruta mina entre os cascalhos vela...
Amo-te assim, desconhecida e obscura.
Tuba de alto clangor, lira singela,
Que tens o trom e o silvo da procela,
E o arrolo da saudade e da ternura!
Amo o teu viço agreste e o teu aroma
De virgens selvas e de oceano largo!
Amo-te, ó rude e doloroso idioma,
em que da voz materna ouvi: "meu filho!",
E em que Camões chorou, no exílio amargo,
O gênio sem ventura e o amor sem brilho!
(Olavo Bilac. Poesias, 1964)
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 mai 2025
4 mai : au Japon, un jour férié pour se mettre au vert
Comment une journée dédiée à la nature participe à la révision de l’Histoire japonaise du XXe siècle par la droite nationaliste japonaise.
On peut s’étonner que les Japonais aient dédié à la verdure un jour férié qui n’a rien de religieux ni de mémoriel. Officiellement, la Journée verte du 4 mai est juste une journée pour exprimer sa gratitude pour les bienfaits et communier avec la nature. Il est vrai que les Japonais sont particulièrement bien dotés en jours fériés, quinze au total et s’ils tombent un dimanche, le lundi qui suit est férié.
En fait le 4 mai est un jour férié et chômé depuis plusieurs décennies, en vertu d’une loi qui veut qu’un jour coincé entre deux jours fériés soit lui aussi un jour chômé. Cette période correspond à ce que les Japonais appellent la Golden week : une succession de jours fériés et chômés (29 avril, 3 mai et 5 mai) qui, avec les week-ends, peuvent certaines années, générer jusqu’à 10 jours de vacances. Le 4 mai était un jour férié sans attribution jusqu’en 2007, date à laquelle est est devenue la Journée de la verdure, ou Midori no Hi (みどりの日). Cette invention n’a rien d’une démarche écologique, on doit cette journée à l’ambition de la droite nationaliste japonaise de réviser l’Histoire du pays.
En 1989, l’empereur Hiro Hito est mort emportant avec lui une page sombre de l’histoire du Japon. Allié à Hitler, il avait été un acteur majeur de la Seconde Guerre mondiale. L’anniversaire de l’empereur faisant office de fête nationale du Japon, celle-ci a été transférée au 23 décembre, anniversaire de son fils Akihito. Pour ne pas perdre la trace d’une date qui a été fêtée de 1926 à 1989, sans pour autant faire référence à l’empereur controversé, on a gardé le 29 avril comme jour férié et chômé en lui attribuant une fête de la nature qui ne pouvait pas prêter à polémique. Avec le temps, la mémoire gouvernementale est devenue moins pudique. Un courant conservateur nationaliste qui a le vent en poupe n’a cessé de vouloir réviser l’Histoire pour en donner une version plus complaisante à l’égard du régime autoritaire d’avant-guerre. La révision de la liste des jours fériés en 2005-2006 (sous les premiers ministres Jun'ichirō Koizumi et Shinzō Abe) est un témoignage parmi d’autres de ce révisionnisme. Le 29 avril est ainsi redevenu un jour d’hommage à l’empereur Hiro Hito. Il fallut caser ailleurs, la Journée de la verdure, la date du 4 mai étant libre de toute attribution, cela lui donnait une raison d’être. D’autant que beaucoup de Japonais profitent de ces congés de printemps pour se mettre au vert.
On s’est pris au jeu, divers événements sont été organisés chaque 4 mai à travers le pays pour aider les citoyens à se familiariser davantage avec la nature, comme l'ouverture gratuite des parcs nationaux et autres parcs publics lors de la Journée de la verdure.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 mai 2025
3 mai : la fête des croix dans le monde hispanique
La Fête des Croix est une fête catholique célébrée dans de nombreuses villes d'Espagne et d'Amérique latine le 3 mai, qui donne lieu à de grandes festivités.
La Fête des Croix (Fiesta de las Cruces) est une fête catholique célébrée dans de nombreuses villes d'Espagne et d'Amérique latine le 3 mai, jour où l' Église catholique commémorait l’Invention de la croix du Christ (Invención de la Santa Crùz). L’Invention, au sens de « découverte » (du latin invenio, « découvrir »).
Les origines de cette fête remontent à la légende selon laquelle, Hélène, la mère de l'empereur Constantin, aurait découvert la croix utilisée lors de la crucifixion de Jésus (autrement dit, la Vraie Croix) en 326 lors de son pèlerinage à Jérusalem.
Après la réforme liturgique réalisée par le pape Jean XXIII en 1960 avec le motu proprio Rubricarum instructum , elle perdit de son importance dans le calendrier romain et a été déplacée au 14 septembre.
En dépit de cette réforme du calendrier liturgique par le Vatican, le 3 mai est demeuré un jour de fête important en Espagne et en Amérique latine, notamment au Pérou, en Équateur... Des Croix de mai (Cruz de Mayo) sont installées dans les rues, les places ou d’autres lieux libres d’accès. Elles sont "habillées", décorées de fleurs et de rubans, par des femmes organisées en association de quartier. Dans certaines villes, ces croix de mai peuvent être plusieurs centaines, les gens passent d'une croix à l'autre en chantant et en dansant dans les rues.
L’origine païenne de cette fête est évidente, les peuples celtes, germaniques et slaves, avaient coutume autour du 1er mai de décorer les arbres de ruban comme cela se fait encore le 23 avril en Roumanie. Bien avant le christianisme, c’était une célébration au printemps, de la fertilité.
Dans certaines villes, comme a Cordoue, la fête du Dia de la Cruz a pris une telle importance touristique qu’elle a été déplacée au premier week-end de mai, voire se déroule sur toute une semaine, comme dans le quartier de Santa Cruz à Alicante. Certaines localités organisent même un concours et décernent des prix aux plus belles croix. À Santa Cruz de Ténérife, ce jour-là est aussi l’anniversaire de la fondation de la ville.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 mai 2025
à Cordoue (Espagne) (photo : Pedronchi)
1er mai : journée festive en Finlande
Comme dans la plupart des pays hors du monde anglo-saxon, le 1er mai est férié en Finlande mais c’est l’occasion d’une grande fête joyeuse qui célèbre les travailleurs, les étudiants et l’arrivée du printemps. C’est Vappu, dont les festivités commencent la veille.
Comme dans la plupart des pays hors du monde anglo-saxon, le 1er mai est férié en Finlande mais c’est l’occasion d’une grande fête joyeuse qui célèbre les travailleurs, les étudiants et l’arrivée du printemps.
Les festivités commencent la veille. À 18h, le 30 avril, une statue du centre d’Helsinki, surnommée Havis Amanda, est coiffée d’un chapeau d’étudiant à l’aide d’une grue, sous les acclamations du public. Autour la foule est coiffée du même chapeau blanc, les ylioppilaslakki, que portent les étudiants lors de la remise de leur diplôme qui vient juste d’avoir lieu. Il s’ensuit une folle soirée très animée et très alcoolisée comme il se doit dans les pays nordiques.
Le lendemain, 1er mai, le pique-nique du parc de Kaivopuisto est un incontournable de la fête à Helsinki, celui d’Ullanlinnanmäki est également très fréquenté. La fête du premier mai en Finlande est connue sous le nom de Vappu qui fait référence à sainte Walpurgis, une religieuse du VIIIe siècle célébrée le 1er mai. Justement le moment où à l’époque païenne, on célébrait le printemps. La fête ne se limite pas à la capitale, dans les autres villes de Finlande, on a aussi pris l’habitude de coiffer une statue et de pique-niquer dans les parcs.
Longtemps cette fête a été cantonnée à la haute société avant que la gauche s’en empare pour en faire une festivité. La bourgeoisie célébrait cette journée en faisant de l'équitation, profitant de la verdure printanière, et en organisant des fêtes à la maison, en buvant du sima une boisson gazeuse alcoolisée, entre amis et en famille. Vappu est devenu la fête des travailleurs – la fête du Travail. Dans les années 1970, lorsque les partis politiques de gauche sont devenus très populaires en Finlande, des milliers de personnes participaient aux défilés, brandissant des drapeaux rouges, organisés dans les grandes villes finlandaises. Aujourd'hui, le climat politique a bien changé et les étudiants sont les plus visibles parmi les fêtards que les syndicalistes.
Outre la consommation du sima, la fête de Wappu est aussi connue pour ses beignets sucrés, les munkki et gâteau en forme d’entonnoir, les tippaleipä. Ces douceurs de la haute société depuis le XVIIIe siècle, mais ils deviennent une friandise officielle du 1er mai au XXe siècle.
Le 1er mai, l'Orchestre de la ville d'Helsinki perpétue la tradition du 1er mai depuis 1883, en donnant deux matinées du 1er mai au Centre musical d'Helsinki. Quant au bal traditionnel du 1er mai des musiciens de l'Union des étudiants, il a lieu à l'ancienne maison des étudiants.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er mai 2025
Havis Amanda coiffée de son chapeau blanc
30 avril : la nuit de Walpurgis en Suède
La Suède s’apprête à passer la plus longue nuit de l’année : « la nuit des bûchers », jadis censés éloigner sorcières et mauvais esprits, aujourd’hui moyen festif de se débarrasser de tout ce qui a été accumulé dans l’année et qui ne sert plus…
La Suède s’apprête à passer la plus longue nuit de l’année : « la nuit des bûchers », jadis censés éloigner sorcières et mauvais esprits, aujourd’hui moyen festif de se débarrasser de tout ce qui a été accumulé dans l’année et qui ne sert plus : vieilles portes, vieux cartons, broussailles et branches d’arbre… peut-être aussi d’exorciser la pandémie de coronavirus contre laquelle la Suède a une attitude qui tranche avec celle de ses partenaires européens. Cette nuit de Walpurgis (Valborgsmässoafton) est aussi l’occasion de chanter autour du feu, de partager une soupe aux orties avec ses voisins et ses amis, et, pour les étudiants, reconnaissables à leur casquette blanche, de manifester bruyamment la fin de la période des examens !
En Finlande (Wappu), au Danemark comme en Allemagne du nord (Walpurgisnacht) et même en Alsace (Hexennacht), cette tradition des « feux de mai » est la même. Il s’agit de célébrer la fin de l’hiver, le retour du printemps et la fertilité retrouvée. Il n’en fut pas toujours de même. L’Église catholique a très souvent soupçonné que cette ancienne fête celte cachait, en réalité, un rassemblement de sorcières et menaça d’excommunication ses participants. Elle en profita, sous Innocent VIII (XVe siècle), pour lancer une véritable chasse aux sorcières qui ne s’achèvera qu’au XVIIIe siècle.
Quant au nom de Walpurgis, il désignerait une sainte abbesse anglaise, appelée Walpurga (morte en Allemagne en 779) que l’Église aurait mise en avant ce jour-là pour christianiser une fête trop païenne à son goût.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 avril 2025
29 avril : l’anniversaire de Bichkek, capitale du Kirghizistan
Depuis son indépendance le Kirghizistan a mis en place plusieurs célébrations en rapport à son histoire nationale antérieure à l’URSS. Mais, cette Journée de Bichkek, chaque 29 avril, renvoie tout de même à la colonisation russe.
Depuis son indépendance le Kirghizistan a mis en place plusieurs célébrations en rapport à son histoire nationale antérieure à la création de l’URSS. Mais, la Journée de Bichkek (Бишкектин туулган күнү), l’anniversaire de la capitale du pays, chaque 29 avril, renvoie tout de même à la colonisation russe.
La capitale kirghize a pour origine la forteresse de Pishpek, construite par le Khanat de Kokand, y a deux cent ans exactement, en 1825, dans le but de contrôler les routes caravanières locales et collecter le tribut des tribus kirghizes. On comprend que ces dernières aient encouragé les Russes à en prendre possession. Une fois la forteresse conquise (en 1860), ces derniers fondent la ville de Pishpek en 1878, le 29 avril. C’est cet anniversaire que l’on fête aujourd’hui. Cette ville deviendra, en 1926, la capitale de la république soviétique du Kirghizistan, et sera baptisée Frouzé, du nom d’un compagnon de Lénine. En 1991, la ville sera renommée Bichkek, un terme kirghiz proche du nom de la forteresse initiale et qui désigne un fouet servant à remuer le koumis, la boisson de lait fermenté nationale. C’était quelques semaines avant que le Kirghizistan accède à l'indépendance et que l’URSS disparaisse.
La cérémonie du 29 avril se déroule devant le monument dédié à Baityk Kanayev (1820-1886), l'un des chefs de file de la lutte contre l'oppression du khanat de Kokand. Ce héros national se rangera ensuite sous la protection des Russes. Il sera même invité à Saint-Pétersbourg en 1867 pour la cérémonie du couronnement de tsar Alexandre II.
En ce 29 avril, des événements festifs ont lieu tout au long de la journée dans tous les coins de la capitale, avec pour point culminant, un concert sur la place. T. Usubalieva, qui débute à 18h00.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 avril 2025
Le monument dédié à Baitik Kanayev
28 avril : l’anniversaire de Kenneth Kaunda
Kenneth Kaunda est le père de l’indépendance de la Zambie, il est mort en 2021, à l’âge de 97 ans. Il était né le 28 avril 1924 et son anniversaire, Kenneth Kaunda Day, est un jour férié.
Kenneth Kaunda est le père de l’indépendance de la Zambie, il est mort en 2021, à l’âge de 97 ans. Il était né le 28 avril 1924 et son anniversaire, le Kenneth Kaunda Day, est un jour férié.
Il s’était fait remarquer dès 1953 comme un leader politique luttant pour les droits des Africains au sein de la Fédération de Rhodésie et du Nyassaland, dominée par les Blancs et sous domination britannique. En 1955, il est emprisonné, et condamné aux travaux forcés, pour avoir distribué des tracts jugés subversifs par les autorités. Une fois libéré, Kaunda crée son propre parti, le Zambian African National Congress.
Un an plus tard, ce parti est interdit et Kaunda retourne en prison. Son incarcération fera de lui un militant radical pour l’indépendance.
C’est lui qui négocie l'indépendance de la Rhodésie du Nord. Celle-ci est proclamée le 24 octobre 1964 et le pays prend le nom de Zambie. Kenneth Kaunda en devient le premier président de la République. Il va instaurer un régime à la fois nationaliste et socialiste mais non démocratique. Influencé par l’URSS, il a collectivisé l’agriculture et nationalisé, à grands frais, les mines de cuivre, qui représentaient 90 % des recettes en devises du pays. Mais le prix du cuivre va s'effondrer alors les prix du pétrole importé va grimper en flèche… La Zambie qui était l'un des pays les plus riches d’Afrique subsaharienne, au moment de son indépendance, avait cumulé 8 milliards de dollars de dette en 1991. Cet appauvrissement a provoqué de violentes émeutes populaires, dans un contexte d’effondrement du camp dit socialiste. Kaunda qui avait instauré un régime à parti unique et régné en autocrate pendant un quart de siècle, est contraint d’organiser des élections libres en 1991, les premières de l’Histoire de la Zambie. Il perd ces élections face au syndicaliste Frederick Chiluba et se retire du pouvoir pacifiquement, comme l’avait fait Nyerere (son homologue tanzanien dans les mêmes circonstances). Ce qui n’est pas si courant en Afrique. Kaunda quittera la vie politique en 1998 et se consacrera à des œuvres caritatives jusqu’à son décès en 2021.
Kenneth Kaunda fut l'un des plus fermes opposants au régime raciste d'apartheid en Afrique du Sud. Il avait offert une solide base arrière au Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela, qui organisait depuis Lusaka la lutte armée contre le pouvoir blanc. Sa longévité à fait de Kenneth Kaunda un vieux sage du continent, il a même fini sa vie avec le surnom de par Gandhi africain. Ce qui explique que l’on cultive sa mémoire, pas seulement en Zambie.
Son anniversaire, qui est un jour chômé, est marqué par diverses festivités, comme l’organisation d’un marathon (marathon Kenneth Kaunda), ou activités à vocation écologique.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 avril 2025
Timbre émis à l’occasion des 50 ans de Kenneth Kaunda
27 avril : les Slovènes célèbrent leur résistance à l’occupant nazi
La Journée de la résistance contre l'occupant (nazi) fait référence à une toute première réunion, en avril 1941, de politiques et d’intellectuels slovènes décidant former un front de libération.
Ce jour férié slovène fait référence à la Seconde Guerre mondiale. La Slovénie était alors partie intégrante du royaume de Yougoslavie qui fut attaqué par l’Allemagne, le 6 avril 1941. L’armée royale n’a pas résisté longtemps, Belgrade a capitulé au bout de 12 jours et la Wehrmacht n’a pas tardé à atteindre la Slovénie. Le 26 avril, Hitler était à Maribor. Le territoire slovène sera divisé entre les puissances occupantes : l'Allemagne, l'Italie et la Hongrie. Une zone autour de Brežice sera également occupée par le NDH fasciste croate.
Ce même 26 avril 1941, des Slovènes décident de résister à l’occupant. Des représentants du Parti communiste de Slovénie, des chrétiens-socialistes, de Sokolov et des travailleurs culturels se réunirent dans la maison de l'écrivain Josip Vidmar à Rožna dolina, dans la banlieue de Ljubljana pour établir un Front anti-impérialiste qui, après l'attaque allemande contre l'Union soviétique, le 22 juin 1941, sera rebaptisée Front de libération de la nation slovène (Osvobodilna fronta Slovenskega naroda) ou simplement OF.
À l’issue de la guerre, le 27 avril 1944, le Comité provincial de libération nationale du littoral slovène a déclaré le 27 avril jour férié national et jour de congé. Il y a eu un petit cafouillage sur la date entre le 26 et le 27 qui ne sera pas corrigé. C’est ainsi qu’a été instaurée la Journée de la résistance contre l'occupant (Dan upora proti okupatorju) aussi appelée Journée du Front de libération (Dan osvobodilne fronte). Cette journée sera ensuite confirmée par une loi de 1948. Mais, cette date a profondément irrité les Serbes car elle soulignait le fait que les Slovènes se sont entrés en résistance bien avant eux. Les communistes serbes et croates ont, en effet, attendu le 4 juillet pour se mobiliser, suite à un appel à la mobilisation de Staline.
Pour ne pas irriter Belgrade, les Slovènes vont s’abstenir de célébrer cette date à partir de 1952, son abolition officielle sera même prononcée en 1958. Arguant que les premières actions partisanes ont été organisées contre l'occupant fasciste ont commencé sur le sol slovène à partir du 22 juillet 1945, Belgrade imposera la date du 22 juillet comme Journée du Front de libération.
Finalement, en 1968 à la faveur d’une libéralisation et d’une décentralisation de la Yougoslavie, la Slovénie va pouvoir réinstaller la date du 27 avril. Elle a depuis été célébrée chaque année. La cérémonie principale se déroule dans une localité différente tous les ans. Pour ce 27 avril 2025, c’est à Tržič, en Haute-Carniole, qu’elle a lieu.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 avril 2025
26 avril : la mémoire de Guernica
Guernica, petite ville du Pays basque a été victime d’un raid de terreur destiné à anéantir une partie de la population et d’en terroriser l’autre. Une stratégie adoptée par Vladimir Poutine en Tchétchénie, en Syrie et aujourd’hui en Ukraine. Et que dire de Gaza que l’armée israélienne s’applique à rayer complètement de la carte au prix de dizaines de milliers de morts ?
Volodimir Zelenski n’avait pas manqué de le faire remarquer quand il s’était adressé aux députés espagnols : ce que la petite ville de Guernica a vécu en 1937, de nombreuses localités d’Ukraine sont en train de le vivre tant l’acharnement des forces russe à tout détruire pour soumettre l’ennemi parait sans limite. L’armée russe a aussi à son palmarès la destruction presque totale de Grozny et d’une bonne partie d’Alep… Dans plusieurs décennies toutes ces villes commémoreront leur anéantissement comme le fait Guernica chaque 26 avril. Et que dire de Gaza que l’armée israélienne s’applique à rayer complètement de la carte au prix de dizaines de milliers de morts ?
Le 8 décembre 2023, la ville martyre du Pays basque espagnole s’est transformée en mosaïque humaine géante aux couleurs du drapeau de la Palestine. Un symbole fort, 86 ans après les bombardements du régime nazi sur la ville de Guernica. Les participants n’avaient qu’un seul mot d’ordre : « Le monde et l’Histoire ne doivent pas accepter un nouveau Guernica ». Ils n’ont, hélas, pas été entendus.
Cet après-midi, 15h45 toutes les cloches de la petite ville de Guernica vont sonner et à 16h15 précise, une sirène retentira en souvenir du terrible bombardement de 1937 qui fit 1650 morts (selon le gouvernement basque) sur les 5000 habitants que comptait la petite ville de Biscaye (Pays basque espagnol).
Pour la Commémoration du bombardement de Guernica (Conmemoracion del bombardeo de guernica) les autorités procèdent à un dépôt de gerbes au cimetière de Zallo pour rendre hommage aux morts et ce soir, à 21h30, une marche silencieuse va parcourir comme chaque année les rues de la ville. En 2022, pour le 85e anniversaire, le président du gouvernement, Pedro Sánchez, avait participé aux commémorations, lui aussi avait cité Vladimir Poutine sans son message.
Ce 26 avril était jour de marché, en deux heures quelque 22 tonnes de bombes ont été lâchées sur la ville par l’aviation allemande venue tester de nouveaux appareils et surtout une méthode de guerre inédite : un raid de terreur destiné à anéantir une partie de la population et d’en terroriser l’autre. Le Pays basque était resté fidèle à la république (voir 14 avril). Sa soumission était une aide appréciable, réclamée par le général Franco en train d’imposer sa dictature à l’ensemble de l’Espagne. Par miracle, l’arbre de Guernica, symbole de l’autonomie du Pays basque, est sorti indemne des bombardements, mais le pays n’allait pas tarder à être soumis par les franquistes. Dès le début du XVIIIe siècle, Guernica était devenue un véritable emblème de la démocratie et de la liberté, surtout après la fin de la Première Guerre carliste (1833-1840). C’est aussi cela que Franco avait demandé à Hitler d’abattre.
Un Musée de la paix a été inauguré en 2003 et l’on décerne, aujourd’hui, un Prix Guernica pour la paix et la réconciliation. En 2020, un hommage particulier avait été fait à José de Laubaria, le maire de la ville à l’époque et à George L. Steer, journaliste sud-africain arrivé à Guernica quelques heures après le bombardement et qui câbla dans la nuit même son reportage de la ville martyre. C’est son article publié le 28 avril 1937, à la une du Times et du New York Times, qui a frappé l'opinion publique mondiale en révélant l'implication secrète de l’Allemagne nazie dans la destruction de la ville. En 2022, Guernica a été reconnu comme un “lieu de mémoire” par le gouvernement espagnol.
Les Allemands, responsables des bombardements, rendent eux aussi hommage à la ville martyre, chaque 26 avril à 11h, Guernica Platz à Berlin.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 avril 2024
Mural reproduisant le célèbre tableau de Picasso, commandé par la république espagnole pour l’exposition de 1937 à Paris.
25 avril : les Australiens et Néo-Zélandais se souviennent de la Grande Guerre
L’ANZAC Day est une journée très importante pour les Australiens et Néo-Zélandais, une date constitutive de leurs identités nationales, d’où la persistance et même l’amplification, depuis plus d’un siècle, des célébrations de la Grande Guerre.
À Villers-Bretonneux, petite localité de Picardie, les autorités australiennes proposent chaque année une grande cérémonie nocturne, retransmise en direct par la télévision, d’où des horaires insolites. En effet, le site du mémorial ouvre à 2h30 du matin. Un pré-programme débute à 4h, avant la fameuse cérémonie, dite du "dawn service", qui se déroule entre 5h30 et 6h30 du matin. Localement la cérémonie a accueilli jusqu’à 6000 personnes certaines années, mais ils sont 100 fois plus nombreux à la suivre sur un écran de la chaîne publique australienne (ABC) ainsi que sur France 3 Picardie.
On célèbre une victoire australienne sur les Allemands : la prise de Villers-Bretonneux, dans la nuit du 24 au 25 avril 1918. À partir de ce moment-là les troupes allemandes commencèrent à reculer, Amiens sera épargnée et on s’orienta vers la fin de la Grande Guerre.
Cette commémoration qui a pris depuis les années 2000 une grande importance, en complète une autre : la mémoire de la bataille de Gallipoli, contre l’armée ottomane, qui a débuté le 25 avril 1915 et qui fut une véritable boucherie. On estime le nombre de morts à 8 700 parmi les Australiens tués et 2 700 chez les Néo-Zélandais. Les deux formaient l’ANZAC : Australian and New Zealand Army Corps (Corps d'armée australien et néo-zélandais).
Cet épisode de la campagne des Dardanelles contre les Turcs a fait des milliers de victimes sans résultat probant. Le choc a été tel que la Journée de l’ANZAC (ANZAC Day) a été célébrée dès 1916. L'esprit de l'ANZAC est devenu un élément important de l'identité nationale australienne et néo-zélandaise. Le 25 avril est un jour férié dans les deux pays. Depuis 2013, si le 25 avril tombe un week-end, le lundi est aussi férié en Australie. C’est dire l’importance de l’événement pour la nation australienne que certains disent être née ce jour-là, en 1915.
Dans les villes et villages d'Australie, des marches d'anciens combattants sont organisées pour commémorer la Journée de l'Anzac. Elles sont suivies de rassemblements entre vétérans (de la Seconde Guerre). La principale cérémonie nationale a lieu au Mémorial australien de la guerre à Canberra.
Une cérémonie se déroule également en Turquie, sur le site de la défaite de Gallipoli (Gelibolu Yarımadası), organisée par la Turquie, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. C’est le 75e anniversaire qui avait relancé les célébrations. Pour le centenaire, en 2015, le président Erdogan et le prince Charles avaient fait le déplacement.
L’Anzac Day est aussi célébré à Ypres (Belgique), à la porte de Menin. À Bullencourt (Pas-de-Calais), où on a créé un musée. À Longueval (Somme) au mémorial national néo-zélandais. Au Quenoy (Nord) également en hommage aux Néo-Zélandais. À Londres, au cénotaphe de Whitehall pour un défilé à 11h. À Auckland, devant me musée-mémorial. Ainsi qu’en Nouvelle-Calédonie, à Tahiti, aux îles Tonga… mais en référence à la Seconde Guerre mondiale. Ce samedi, 26 avril 2025, un concert est donné dans la cathédrale d’Amiens à l’occasion de l’ANZAC Day…
Il est de tradition que les membres de la famille d'un soldat tué ou disparu, visitant les lieux de mémoire, fixent un coquelicot de papier ou de tissu sur la tombe ou à défaut à côté du nom gravé sur un monument.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 avril 2025
Lieu de mémoire à Sydney
Le 25 avril 1916, à Londres, le premier Anzac Day
24 avril : la mémoire de deux génocides
Hasard du calendrier, le 24 avril 2025, l’Arménie et Israël commémorent chacun leur génocide.
Hasard du calendrier, le 24 avril 2025, l’Arménie et Israël commémorent chacun leur génocide. Peut-être que cette journée spéciale dans les deux pays aurait pu être l’occasion pour Tel Aviv de reconnaître enfin la réalité du génocide arménien ?
Ce 24 avril, c’est le 110e anniversaire du déclenchement du génocide des Arméniens. Hier soir a eu lieu la marche aux flambeaux dans les rues d’Erevan :
https://www.bibliomonde.fr/lalmanach/2019/4/23/24-avril-la-date-sacre-des-armniens
En Israël, ce 24 avril, c’est Yom HaShoah, la Journée nationale du souvenir de la Shoah. La commémoration a commencée hier soir :
https://www.bibliomonde.fr/lalmanach/yom-hashoah-commemorer-la-shoah
Le mémorial érigé à Erevan, en mémoire des deux génocides.
23 avril : la Sant Jordi, 30e journée mondiale du livre
L’origine de cette journée est catalane. C’est un peu la Saint-Valentin des Catalans qui fêtent le 23 avril la Sant Jordi (Saint-Georges). La coutume veut que l’on offre une rose à son aimé(e), en retour on reçoit un livre… Cette fête du livre a ensuite été adoptée par l’Unesco.
C’est la Journée mondiale du livre, une célébration visant à promouvoir le plaisir des livres et de la lecture.
L’origine de cette journée est catalane. Le 23 avril est un peu la Saint-Valentin pour les Catalans qui fêtent la Sant Jordi (la Saint-Georges). La coutume veut que l’on offre une rose à son aimé(e), en échange de quoi celui ou celle-ci lui offrira un livre. Cette journée est tout à la fois une fête du livre et des amoureux, ce qui n’aurait pas déplu à Cervantès mort un 23 avril de l’année 1616. C’est aussi un jour où l’on célèbre la langue et les traditions catalanes.
Cette fête du livre catalane a inspiré l’Unesco qui, en 1995, a fait de cette date la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur soulignant la particularité du 23 avril 1616*, jour du décès de trois grands écrivains, non seulement Shakespeare et Cervantès, mais aussi Garcilaso de la Vega, un métis inca-espagnol, le premier grand écrivain péruvien.
* - La coïncidence des dates n’est pas tout à fait vraie. En 1616, l’Église anglicane, en conflit avec Rome, n’avait pas encore adopté le nouveau calendrier proposé par Grégoire XIII (dit calendrier grégorien). De ce fait, l’auteur de Don Quichotte… a précédé de 11 jours dans la tombe le père de Roméo et Juliette dont la date de décès retenue est celle du calendrier julien.
Chaque année, l’Unesco désigne une capitale mondiale du livre. Ce 23 avril 2025, Rio de Janeiro succède à Strasbourg pour un an. Cette désignation a pour objectif, selon Audrey Azoulay, de « permettre un changement social – par le biais, notamment, de l'alphabétisation, de l'éducation et de l'éradication de la pauvreté ».
Dans la continuité de cette journée, le samedi 26 avril 2025, en France, en Belgique et en Suisse – aura lieu la 27e édition de la Fête de la librairie indépendante durant laquelle près de 700 librairies offriront à leurs visiteurs une rose et un livre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 avril 2025
22 avril : la Journée mondiale de la Terre nourricière
Institué par des Américains, Earth Day a été officialisé par l’ONU. Faut-il y voir l’occasion d’une prise de conscience mondiale ou une simple opération américaine de greenwashing ?
Aux États-Unis, des centaines de marches, de piquets de grève et d'événements de nettoyage ont lieu à travers tout le pays à l'occasion de la Journée de la Terre (Earth Day). Ce mardi, des mouvements de défense de l’environnement et du climat intensifient leur résistance à l'autoritarisme de l'administration Trump et à sa « guerre contre la planète ». Des associations pro-démocratie s’associent à eux pour une vague d'actions visant à exiger le droit à une vie libre et saine. Pas sûr que le président Trump et sa poignée de courtisans les entendent.
Cette Journée de la Terre est avant tout nord-américaine mais elle commence à mobiliser en France comme dans d’autres pays. Lancée en 1970 par Gaylord Nelson, un sénateur américain réagissant à une marée noire qui dévasta la Californie en 1969, la journée a été officialisée par l’ONU en 2009 sous le nom de Journée internationale de la Terre nourricière, une journée consacrée à la protection de l'environnement qui a pour le moment un impact limité.
À l’origine, la date ne signifiait rien. Elle a été choisie pour mobiliser le plus d’étudiants nord-américains possible, elle tombe hors vacances et hors période d’examen. Les mauvaises langues ont toutefois fait remarquer qu’elle correspondait à la date de naissance de Lénine, une manière de dénoncer les premiers défenseurs de l’environnement comme de dangereux étatistes, terme très péjoratif aux États-Unis. Au moins peut-on dire que cette journée célébrée chaque année dans beaucoup de pays, est à l’origine des mouvements environnementalistes tels que nous les connaissons aujourd’hui. Elle fait écho à la Journée mondiale de l’environnement (5 juin). Ses détracteurs y voient avant tout une simple opération américaine de greenwashing, ni plus ni moins qu’une mascarade écologique.
Cette journée marque aussi l’anniversaire de la signature de l’Accord de Paris. Le 22 avril 2016, au siège des Nations Unies à New York, l’Accord de Paris sur le climat, adopté à la COP21, était signé par 175 Parties (soit 174 pays et l’Union européenne), ce qui lui a permis d’entrer en vigueur le 4 novembre 2016. Un accord dont les États-Unis se sont retirés le 20 janvier 2025, jour d’entrée en fonction de Donald Trump, un président qui est à la tête du premier État pollueur de la planète. Le 22-Avril est cette année plutôt morose.
Ne pas la confondre avec la Journée de la terre (sans majuscule) des Palestiniens célébrée chaque 30 mars.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 avril 2025
Un timbre-poste tunisien de 1965 transmettant déjà le message “une seule Terre” (une œuvre de Hédi Selmi )
21 avril : les Anglais célèbrent le thé et feu leur reine
La Journée nationale du thé (National Tea Day) au Royaume-Uni est de création récente. Elle coïncide avec le véritable anniversaire de la reine Élisabeth II. Hommage nostalgique à une reine tout en cultivant un élément essentiel de la culture britannique.
La Journée nationale du thé (National Tea Day) au Royaume-Uni est de création récente. Elle a été célébrée pour la première fois le 21 avril 2016, jour des 90 ans de la reine Élisabeth II. Il s’agit bien là de son véritable anniversaire, elle est née à Londres le 21 avril 1926 et on lui fêtera son centenaire l’an prochain. Son anniversaire officiel qui avait lieu le deuxième samedi de juin, n’avait rien à voir avec sa date de naissance. Cette fête cérémonie dite Trooping The Colour, honore aujourd’hui son successeur.
L’idée de relier le thé, dont on sait qu’elle était grande amatrice, à l’ancienne reine d’Angleterre avec une fête qui n’avait jamais été fêtée en public, est un moyen de continuer à lui rendre un hommage, quelque peu nostalgique, tout en cultivant un élément essentiel de la culture britannique. Même si ce sont en réalité les Hollandais qui ont introduit cette boisson en Europe. Le premier salon de thé de Londres fut ouvert par Thomas Twining en 1706. Il est toujours en activité aujourd'hui au 216 Strand, ce qui en fait le plus ancien établissement de Londres. Twinings détient un brevet royal, ce qui signifie qu'il fournit du thé à la famille royale. Au milieu du XVIIIe siècle, le thé devient le principal produit d'importation de la Compagnie britannique des Indes orientales. Les Anglais l’ont ensuite exporté vers d’autres pays qui l’ont adopté, comme le Maroc où un commerçant anglais a déversé sa cargaison qu’il ne pouvait vendre en Europe en raison du blocus continental instauré par Napoléon. Déjà des guerres commerciales. Et de tout temps, goûts et pratiques alimentaires ont voyagé. Le thé a d’abord été une boisson à la mode en Chine au VIIe siècle, puis au Japon et en Corée… presque un millénaire avant que les Européens, en particulier les Anglais, en fasse leur boisson nationale.
Par ailleurs, il existe deux journées internationales du thé. L’une, le 21 mai, célébrée depuis 2019 sous l’égide de la FAO (ONU) et l’autre, depuis 2005, organisée chaque 15 décembre par les pays producteurs de thé que sont Inde , le Sri Lanka, le Népal, le Vietnam, l'Indonésie, le Bangladesh, le Kenya, le Malawi, la Malaisie, l'Ouganda et la Tanzanie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 avril 2025
La tasse de thé (détail), œuvre de Mary Cassatt, 1880
20 avril : Pâques, fête majeure de tous les chrétiens
Cela n’arrive pas tous les ans, presque tous les chrétiens célèbrent Pâques le même jour, une fête qui commémore la résurrection du Christ. Cette célébration a été instituée lors du concile de Nicée dont on fête, cette année, le 1700e anniversaire.
Cela n’arrive pas tous les ans, presque tous les chrétiens célèbrent Pâques le même jour, une fête qui commémore la résurrection du Christ. Seuls ceux qui suivent encore le calendrier julien fêteront Pâques le 5 mai du calendrier grégorien.
Apothéose de la Semaine sainte, la fête de Pâques célèbre la résurrection du Christ et sonne la fin du Carême! Dans les familles qui maintiennent la tradition, les enfants attendent avec impatience le matin pour découvrir les œufs, lapins, poules ou poissons en chocolat déposés, selon la légende, par les cloches qui reviennent de Rome et sonnent à toute volée, ce qui leur était interdit ces trois derniers jours. La tradition d’offrir des œufs, symbole de vie et de renaissance, souvent peints ou décorés, se retrouve dans une grande partie de l’Europe centrale et serait antérieure à l’ère chrétienne. Dans les pays anglo-saxons, surtout en Allemagne, c’est un lapin ou un lièvre qui apporterait les précieux œufs et cette tradition remonterait à d’anciennes fêtes païennes célébrant le printemps, le lapin (en fait, le lièvre) étant associé à la fécondité. Comme dans la tradition juive, l’agneau est un autre animal associé à la fête de ce jour, en référence à la fois au sacrifice d’Abraham, symbole de l’obéissance à Dieu, et à Jésus « Agneau de Dieu » ainsi que l’a désigné saint Jean-Baptiste, symbole de pureté et d’innocence. Il était autrefois servi à la table de Pâques, lors du repas familial mais l’habitude s’est un peu perdue avec la baisse de la pratique religieuse. De même, jusqu’au milieu du XXe siècle, il était d’usage d’effectuer un grand nettoyage de la maison à l’occasion des fêtes pascales et de porter des vêtements neufs le jour même de la fête.
La fête de Pâques (au pluriel quand il s’agit de la fête chrétienne) tient son nom de la Pâque juive (Pessah), commémoration de l’exode des Hébreux hors d’Égypte, une fête qui était célébrée à Jérusalem au moment même de la mort du Christ. Pâques commémore la résurrection du Christ, trois jours après sa crucifixion ainsi que l’annonçait la prophétie et que nous le rapportent les premiers témoins. Elle est le fondement de la foi chrétienne, sans la résurrection, le christianisme n’a pas lieu d’être. Aussi, L’Église a-t-elle choisi très tôt de célébrer cet événement fondateur puis d’en fixer la date. Ce fut fait au Concile de Nicée (325) et la règle est toujours en usage: Pâques a lieu le dimanche qui suit la pleine lune venant après l’équinoxe de printemps, soit entre le 22 mars et le 25 avril (pour les Églises d’Occident qui suivent le calendrier grégorien). Les Églises orthodoxes, même si elles ont adopté le calendrier grégorien, calculent la date de Pâques en fonction de la date du printemps sur le calendrier julien (le 21 mars c’est-à-dire, le 3 avril du calendrier grégorien). Le résultat, c’est que généralement, la date de Pâques date est différente pour les Églises catholiques et orthodoxes mais cette année 2025, qui coïncide avec le 1700e anniversaire du concile de Nicée, toutes les branches du christianisme fêtent Pâques le même jour. Une telle coïncidence n’est pas si rare, elle s’est déjà produite en 2007, 2010, 2011, 2014 et 2017. En janvier dernier, le pape François s’est déclaré en faveur d’une date universelle de Pâques pour tous les chrétiens, vœu qu’avait déjà exprimé le pape Paul VI dans une lettre du 26 mars 1975 destinée au patriarche œcuménique Dimitrios Ier. Le pape de Rome avait prévu de se rendre à Nicée (actuelle Iznik, ville portuaire proche d’Istanbul en Turquie) ce printemps pour rencontrer le patriarche Bartholomée Ier. Mais, étant donné l’état de santé du pape, rien n’est moins sûr.
Le dimanche de Pâques, le pape de Rome prononce traditionnellement un discours dans la basilique Saint-Pierre, puis donne sa bénédiction, Urbi et orbi, et souhaite à tous de joyeuses Pâques.
Pâques est largement fêté par les protestants de toutes obédiences. Toutefois, certains puritains, notamment presbytériens, rejettent cette célébration sous prétexte qu’elle ne figure pas dans la Bible.
En 2026, pâques sera fêté le 5 avril en Occident et le 12 avril pour les orthodoxes (ceux qui suivent le calendrier grégorien) ; en 2027, le 28 mars et le 2 mai ; en 2028, le 16 avril…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 avril 2025
Bénédiction des œufs de Pâques (Święconka), à Ołtarzew, en Pologne (photo : Błażej Benisz - WSD Ołtarzew)
19 avril : le Brésil qui célèbre son armée, peine à lui définir une mission
Les Brésiliens se targuent d’avoir la deuxième armée du continent américain. Mais à quoi bon avoir une telle force quand aucune menace conventionnelle ne pèse sur le Brésil, lequel n'a aucun contentieux frontalier avec ses dix voisins ? Une telle institution ne risque-t-elle pas de vouloir à nouveau peser sur la gestion du pays ?
Les Brésiliens se targuent d’avoir la deuxième armée la plus importante du continent américain et une des plus importantes au monde en termes d’effectif. Mais à quoi bon avoir une telle force quand aucune menace conventionnelle ne pèse sur le Brésil, lequel n'a aucun contentieux frontalier avec ses dix voisins tout au long de ses 17 000 km de frontières terrestres ?
D’ailleurs le Brésil a été bien en peine de trouver une date de victoire militaire pour fêter son armée. La date choisie remonte à 1648. Cette année-là, le 19 avril, l’armée portugaise (et non celle du Brésil qui n’a été fondée qu’en 1822), remportait la première bataille de Guararapes contre l’armée Hollandaise qui faisait face à l'insurrection de Pernambouc (1645-1654). Une révolte menée par des colons luso-brésiliens contre la domination hollandaise à Pernambouc. Cette victoire n’a pas mis fin au conflit mais a suffisamment déstabilisé les Hollandais pour qu’ils finissent par lâcher prise six ans plus tard. C’est en 1994, qu’a été instituée cette Journée de l'Armée Brésilienne (Dia do Exército Brasileiro), célébrée chaque 19 avril.
On notera toutefois que le Brésil est le seul pays d’Amérique latine à avoir épaulé les Alliés durant la Seconde Guerre mondiale avec l’envoi de 25000. C’était l’époque où le Brésil savait encore situer l’Europe sur une carte.
Sinon, le dernier conflit international dans lequel le Brésil a été impliqué, c’est la fameuse Guerre de la langouste qui l’a opposé à la France au début des années 1960. Le conflit débute en 1962 quand le Brésil arraisonne des langoustiers français qui pêchaient dans sa zone exclusive, puis à nouveau l’année suivante. En réplique, la France envoi deux bâtiments militaires pour protéger les pêcheurs français. Après une brève période de tension, le conflit est finalement réglé pacifiquement.
Hormis le fait d’avoir pourchassé une poignée de guérilleros dans la jungle de l’Amazonie, dans les années 1970, l’armée brésilienne, en deux siècles d’existence, n’a guère l’habitude du combat. Les Brésiliens ne peuvent que s’en féliciter quand on sait ce que les guerres ont coûté à d’autres parties du monde sur la même période. Ces dernières décennies, l’armée brésilienne a seulement participé à des missions de paix en Haïti et au Timor oriental.
Mais comme ailleurs en Amérique latine, l’armée s’est crue obligée de se donner un rôle, pour le malheur du pays. Le putsch du 31 mars 1964 a laissé à une majorité de Brésiliens un souvenir amer, d’autant que la dictature militaire a duré jusqu’en 1985. L’ancien président Bolsonaro est resté nostalgique de cette période. Il n’a pas eu le soutien de l’armée pour se maintenir au pouvoir, mais dans la tête de certains généraux, un retour aux affaires ne serait pas exclu. Le président Lula qui chapeaute l’institution militaire a toujours dû marcher sur des œufs, face à une armée qui le surveille en retour et qui coûte au pays plus de 1,2% de son PIB.
Anticipant de trois jours la Journée de l’armée, le président Luiz Inácio Lula da Silva a participé, ce mercredi 16 avril, à une cérémonie célébrant l’armée et le 80e anniversaire des victoires de la Force expéditionnaire brésilienne. L'événement, qui s’est déroulé devant le quartier général de Brasilia. Ce fut l’occasion, comme chaque année, de décerner l'Ordre du mérite militaire, la Médaille de l'armée brésilienne et la Médaille d'hommage à la force expéditionnaire brésilienne.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 avril 2025
17 avril : le vendredi saint des chrétiens
Pour les chrétiens, deux jours avant Pâques, c’est le Vendredi saint ou le Grand vendredi (pour les orthodoxes) qui commémore le jour de la crucifixion et de la mort de Jésus, tel qu’il est décrit dans les Évangiles.
Pour les chrétiens d’Occident et d’Orient c’est Vendredi saint ou le Grand vendredi (pour les orthodoxes) qui commémore le jour de la crucifixion et de la mort de Jésus, tel qu’il est décrit dans les Évangiles. Cette fête fait partie du triduum pascal, qui s'étend du Jeudi saint (commémoration du dernier repas du Christ avec ses apôtres) aux vêpres du dimanche de Pâques. Le Vendredi saint est deux jours avant Pâques, ce qui en fait une fête mobile entre le 20 mars et le 23 avril. Les églises d’Occident et d’Orient le fêtent à des dates différentes ; leur coïncidence, cette année, est un hasard.
Pour beaucoup de chrétiens, en particulier dans le monde hispanique, le Vendredi saint reste le jour du « chemin de croix » et, effectivement, c’est le temps fort de cette journée. La tradition qui voulait que l’on reproduise la Passion telle que la vécut le Christ, en grandeur réelle et tenue d’époque, a progressivement disparu en France, sinon dans le village de Burzet, en Ardèche, et elle reste encore très présente en Italie et en Espagne, en Amérique latine ou aux Philippines, pays dans lequel des chrétiens n’hésitent pas à se faire flageller puis crucifier afin de reproduire au plus près le martyre du Christ et d’expier ses fautes.
C’est au XIVe siècle que les Franciscains ont institué le chemin de croix, dans l’esprit des processions de pénitents du Moyen Âge qui défilent également en ce jour, cagoulés, sous les couleurs de leur confrérie, exhibant les instruments de la Passion ou des statues de la Vierge. La Semaine sainte à Séville, en Espagne, est très connue pour le spectacle qu’elle offre dans les rues de la ville. À défaut de procession, les fidèles vont revivre la montée au Golgotha en suivant les quatorze stations du chemin de croix, de sa condamnation à mort par Ponce Pilate (1re station) jusqu’à sa mise au tombeau (14e station) reproduites à l’intérieur des églises ou dans ses abords.
Le jour est férié en Espagne, Portugal, Allemagne, Suisse, Pays-Bas, Finlande, Suède, Danemark, Norvège,Tchéquie, Slovaquie, Hongrie, Lettonie, Bulgarie, Grèce, Moldavie, Roumanie, Serbie, Liban, Brésil, Canada, Chili, Éthiopie, Kenya, Nigeria, Nouvelle Zélande, Hong Kong, Philippines, Inde, Indonésie, Macao… Tous les pays d’Amérique latine sauf le Mexique.
Il n’est pas férié en France, Italie, Irlande, Pologne, Belgique, Luxembourg, Autriche, Slovénie, Lituanie, Chypre, Mexique…
Par provocation, des libres penseurs français organisent, en ce jour de privation pour les catholiques, un banquet républicain. La tradition, qui s’est un peu perdue aujourd’hui, remonte à un dîner « gras » offert le vendredi 10 avril 1868 par Sainte-Beuve à ses amis, Ernest Renan (auteur de La Vie de Jésus et animateur de la revue La Liberté de penser), Gustave Flaubert, Hippolyte Taine, Edmond About… Ce diner a été tant décrié par la presse conservatrice que l’idée a été reprise les années suivantes dans diverses villes de province et diverses associations. La grande époque de ces banquets sera celle du combat anticlérical de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Son maintien au début du XXIe siècle est une réaction à la montée des intolérances religieuses de toutes parts.
Les prochaines dates : vendredi 3 avril 2026, vendredi 26 mars 2027…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 avril 2025
Procession avec Notre-Dame des Douleurs lors des Saintes Représentations du Vendredi saint à Romagnano Sesia, Piémont, Italie (photo : Sarin)
Crucifixion, par Giotto (1304), fresques de l’Église de l’Arena à Padoue
À gauche, Marie effondrée a besoin d’un soutien. Au pied de la croix, Marie-Madeleine en pleurs. À droite, des soldats se disputent le manteau du Christ. Un centurion qui l’a reconnu tente d’attirer l’attention des autres.