L’Almanach international

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1895, Sénégal, fête religieuse Bruno Teissier 1895, Sénégal, fête religieuse Bruno Teissier

4 septembre : le grand Magal de Touba, trois millions de pèlerins au Sénégal

La plus importante fête religieuse, d’inspiration soufie, du Sénégal. Elle commémore l'envoi en exil, par les autorités coloniales françaises, du fondateur de la confrérie des mourides.

 

Depuis hier soir, des centaines de milliers de pèlerins affluent de tout le Sénégal aussi bien que des pays voisins pour une journée de célébration et de prière durant laquelle seules sont autorisées la déclamation du Coran et des khassida, les écrits de Cheikh Amadou Bamba. Le grand Magal (« célébration » en wolof) marque l’anniversaire, dans le calendrier musulman, du départ en exil, au Gabon, le 12 août 1895, du fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), dit Serigne Touba, (« le marabout de Touba », ville qu’il fonda en 1888, dans la province de Mbacké, à 200 km à l’est de Dakar). Il y est célébré tous les ans depuis 1928, l’année ayant suivi sa mort. Les mourides, d’obédience soufie (sunnite), forment l’une des quatre principales confréries (les trois autres étant la Tijaniyya, la Qadiriyya et la Layeniyya) qui continuent à jouer un rôle prépondérant dans la vie quotidienne des Sénégalais, musulmans pour plus de 90 % d’entre eux. Les chefs en sont des figures éminemment respectées, écoutées des politiques.

Cheikh Ahmadou Bamba fut un théologien, poète, inspirateur de nombreuses fatwas sur la théologie islamique et la récitation du Coran et auteur d’une œuvre mystique consacrée à la glorification de Dieu et aux louanges du Prophète. Accusé par les autorités coloniales de préparer une guerre sainte, Il passa une partie de sa vie en exil, de 1895 à 1902 au Gabon puis de 1903 à 1907 en Mauritanie. Inhumé dans la Grande Mosquée de Touba, son tombeau est devenu un lieu de pèlerinage.

La nouveauté cette année, la liaison ferroviaire, interrompue depuis plusieurs années, a été rétablie de gare de Thiès à celle de Touba, le 1er septembre 2023, juste à temps pour le grand Magal de Touba, la fête la plus importante de la confrérie mouride. Chaque rame ne pouvant transporter que 240 personnes, seuls un petit nombre pèlerins peut en profiter sur les trois millions attendus.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

L’édition 2020, photo Malick Dieye

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27 septembre : Meskal, la grande fête des Éthiopiens

C'est à la fois une célébration chrétienne, la « fête de la croix » qui est un culte à l’impératrice byzantine Hélène qui selon la tradition, aurait retrouvé la véritable croix sur laquelle le Christ a été crucifié, et en même temps, une fête païenne, celle de la fin de la saison des pluies, le retour du printemps, de la fécondité.

 

Meskal (ou Mesqel) (መሰቀል,) est la fête la plus importante de l’année en Éthiopie. C'est à la fois une célébration chrétienne, la « fête de la croix » qui est un culte à l’impératrice byzantine Hélène qui selon la tradition, aurait retrouvé la véritable croix sur laquelle le Christ a été crucifié, et en même temps, une fête païenne, celle de la fin de la saison des pluies, le retour du printemps, de la fécondité. Selon la tradition, c’est la fumée d’un bûcher qui aurait guidé sainte Hélène pour faire sa découverte.

Chaque année en Éthiopie, de grands bûchers recouverts d'herbes et de fleurs jaunes sont allumés en mémoire de l’événement. Un peu partout, des fagots sont vendus en ville pour que chacun puisse contribuer à l’un des bûchers collectifs allumés devant une église, sur une place de quartier, dans la rue ou encore tout simplement devant sa maison. Le bûcher le plus imposant est allumé à Addis Abeba sur la place Mesqel. Dans les rues, de petites fleurs jaunes s’offrent en bouquets. Elles sont aussi le symbole de cette fête. Le jour de Meskal est férié. On s’est même arrêté de travailler hier dès 14 heures. Cette fête est aujourd’hui inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco.

Les orthodoxes qui suivent le calendrier julien fêtent l’Exaltation de la Sainte Croix par un jour de carême. Une fête mineure dans beaucoup de pays. Cette fête est appelée Meskal, en Éthiopie où elle très populaire.

Mesqel serait liée au changement de saison. En effet, le 27 septembre correspond au 17 Meskerem du calendrier éthiopien or «Meskerem marque la fin de la saison des pluies, la reprise du travail, et la réouverture des communications».

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

célébration sur Mesqel adebabay au cœur d’Addis-Abeba

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26 décembre : Le Noël alternatif des Afro-Américains ou l’invention d’une tradition

Sitôt les fêtes de Noël terminées, les Noirs américains enchaînent avec leurs propres festivités : le 26 décembre débute Kwanzaa, une célébration d’une semaine qui se terminera le 1er janvier. Une tradition créée de toute pièce, il y a un demi siècle, devenue officielle en Amérique du Nord.

 

Sitôt les fêtes de Noël terminées, les Noirs américains enchaînent avec leur propres festivités : le 26 décembre débute Kwanzaa, une célébration d’une semaine qui se terminera le 1er janvier. Chaque soir, on allume une bougie du Kwanzaa, le chandelier à 7 branches inspiré de la menorah que les juifs ont allumé cette année du 10 au 18 décembre. Les bougies du Kwanzaa sont rouges, noires et vertes, aux couleurs du nationalisme panafricain. Le décorum comprend des fruits, des légumes et des épis de maïs. Les familles les plus motivées décorent leur foyer avec des objets d'art africain, des tissus colorés… On fait largement participer les enfants tout en prévoyant un hommage aux ancêtres. Cette fête a été inventée de toute pièce dans les années 1960 par un activiste de la cause noire voulant offrir à la communauté « africaine-américaine » une période de fête distincte de celle de Noël, qui est héritée des Blancs et qui est devenue très commerciale. 

Le créateur en est Maulana Karenga (né Ronald McKinley), un historien américain, appartenant au mouvement US (qui signifie « Nous », le peuple noir). Son idée était d’adapter aux États-Unis une célébration africaine. Il s'inspire notamment de l’Umkhosi des Zoulous, en Afrique du Sud, qui célèbrent les premiers fruits du début des récoltes, fin décembre (les Zoulous vivent dans l’hémisphère sud). Le nom de la fête signifie « fruit » en swahili (kwanza), la seule langue africaine internationale. On a juste rajouté un a pour que le mot ait sept lettres, autant que de bougies et de jours dans la semaine. La célébration de sept jours représentent les sept sept principes de Kwanzaa : Umoja (l'Unité), Kuji-chagulia (l'Autodétermination), Ujima (la Responsabilité et le Travail collectifs), Ujamaa (l'Économie coopérative), Nia (l'Intention), Kuumba (la Créativité) et Imani (la Foi). Un festin (le karamu) est organisé le 31 décembre, et le dernier jour de Kwanzaa donne lieu à l’échange de cadeaux. 

D’abord adopté par les militants du Black Power, Kwanzaa est devenu au fils des ans une fête populaire (et commerciale) dans les familles noires américaines. Elle s’est propagée au Canada, dans les Caraïbes, un peu au Brésil… plusieurs millions de personnes observeraient plus ou moins le Kwazaa, sans pour autant avoir abandonné Noël. Cette célébration demeure totalement ignorée en Afrique. C’est une fête identitaire de la diaspora noire américaine, celle qui n’a plus de souvenirs précis de ses racines, du fait de l’esclavage. Ce qui explique qu’elle soit très peu implantée en Europe où vivent de nombreux Africains, même si une association France Kwanzaa a été créée en 2017. Son invention tient du communautarisme propre aux États-Unis mais son audience a fini par déborder de la communauté noire. En 1997, un premier timbre poste lui a donné une reconnaissance officielle. Au bout d'un demi siècle, le militantisme identitaire s’est aujourd’hui bien affadi autour de la célébration. Celle-ci s'est banalisée et s'est implantée dans la culture nord-américaine. Chaque année, depuis Bill Clinton, les présidents américains incluent le Kwanzaa dans leurs traditionnels vœux de fin d’année. Même Donald Trump, en plein mouvement Black Lives Matter, s'est plié à cette nouvelle coutume ! L’usage veut, durant cette période, que l’on se salut d’un « Habari Gani ? » ce qui signifie « Comment allez-vous ? » en swahili.

Le site officiel de la célébration : www.officialkwanzaawebsite.org

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 décembre 2020

 
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