L’Almanach international

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1524, États-Unis, 17 avril, fête locale Bruno Teissier 1524, États-Unis, 17 avril, fête locale Bruno Teissier

17 avril : Verrazzano, la gloire des Italo-Américains

Il y a cinq siècles, le 17 avril 1524, le navigateur florentin, Giovanni da Verrazzano entrait dans la baie de New York. Cette « découverte » était restée dans l’oubli jusqu’au milieu du XXe siècle quand son nom a resurgi et baptiste aujourd’hui un célèbre pont de New York.

 

Il y a cinq siècles, le 17 avril 1524, le navire français La Dauphine, conduit par le navigateur florentin, Giovanni da Verrazzano entrait dans la baie de New York. L’an dernier, en 2024, la ville de New York a célébré le 500e anniversaire de cette « découverte ». C’était aussi le 70e anniversaire du Verrazzano Day, célébré chaque année par la ville de New York.

Verrazzano, qui avait été chargé par le roi de France François Ier de trouver un passage vers l’Asie, avait touché la côte américaine en Caroline du Nord, puis avait fait route vers le nord jusqu'à Terre-Neuve. Au cours de son périple, il passa devant Sandy Hook, dans le New Jersey, et pénétra dans l'embouchure du fleuve Hudson. Le rapport de Verrazzano à François Ier contenait la première description de la côte nord-est de l'Amérique du Nord et conférait à la France ses droits sur les terres américaines. Mais Verrazzano s’était contenté de planter le drapeau du roi de France et de baptiser Nouvelle-Angoulême, le futur site de New York. Un lieu qu’un siècle plus tard les Hollandais vont baptiser Nouvelle-Amsterdam en s’y établissant. Entre-temps, en 1609, l’anglais Henry Hudson avait lui aussi pénétré dans la baie qui porte aujourd’hui son nom. Ce dernier figurait dans les livres d’Histoire américains comme le découvreur de la baie.

C’est Giovanni (John) LaCorte, un Italo-Américain qui a sorti Verrazzano de l’oubli à une époque où un grand mépris frappait encore les Américains d’origine italienne. Il a d’abord fondé la Société historique italienne d'Amérique, à l’image de celle que possédaient les Irlandais depuis longtemps. L’une des premières réalisations de la société fut la résurrection d’un obscur monument Verrazzano, installé au début du XXe siècle, enlevé en raison de travaux, puis oublié dans une réserve. C'est grâce à l'effort singulier de LaCorte que ce monument fut sorti d’un entrepôt et placé en évidence à Battery Park, à l'extrémité sud de Manhattan, en 1952. Depuis ce jour, la Société organise chaque 17 avril une cérémonie devant ce monument. En 1954, il obtint que le 17 avril soit proclamé « Journée Verrazzano » par le maire de New York, Robert Wagner. Cette initiative fut même suivie en 1957 par l'État de New York. Mais la notoriété du navigateur demeurait très locale.

À cette époque, New York était en train de se doter d’un grand pont pour relier Staten Island au continent. La construction avait débuté en août 1954 et l'étage supérieur sera ouvert à la circulation le 21 novembre 1964. Il restera le plus long pont suspendu du monde jusqu’en 1981. Ce sera la dernière réalisation du célèbre et très influent promoteur qui a remodelé New York, Robert Moses. Celui-ci était très opposé à ce que son œuvre puisse porter le nom d’un Italien. Mais, après des années de négociation, John LaCorte fini par convaincre le maire de New York. La chose était acquise qu’il soit baptisé pont Verrazano-Narrows  (narrows : détroit) quand un groupement de New-yorkais a lancé une pétition pour qu’il porte le nom de Kennedy, le président récemment assassiné. LaCorte dut intervenir auprès de Robert Kennedy pour cela ne se fasse pas… finalement c’est cet ouvrage d’art spectaculaire sur lequel passe chaque année le marathon de New York qui a donné sa gloire au navigateur italien. Une vue aérienne du pont Verrazzano apparait sur chaque reportage racontant cette course à pied mythique qui part de Staten Island.

Depuis 2007, un monument commémoratif rend hommage à l'œuvre de John N. LaCorte pour valoriser l’héritage de l’immigration italienne en Amérique du Nord. Il a été érigé dans le parc John Paul Jones, à l'angle de la 99e Rue et de la 4e Avenue à Brooklyn, près du point d'ancrage et de l'entrée du pont Verrazzano. 

Cette gloire outre-atlantique a rejailli sur le village natal du navigateur florentin. Chaque année, le 17 avril, la localité de Greve in Chianti, en Toscane, célèbre son plus célèbre « enfant du pays », Giovanni da Verrazzano, né en 1485. L’an dernier les festivités du Verrazzano Day avaient duré trois jours. L’État italien avait même émis un timbre-poste pour célébrer le 500e anniversaire de son voyage.

À Greve in Chianti, la Journée Verrazzano 2025 débute à 10h30 par la présentation d’un ouvrage : Giovanni da Verrazzano, Studi per il Cinquecentenario, publié par Polistampa à Florence. Il est présenté par le professeur Leonardo Rombai et Luigi Giovanni Cappellini, président de la Fondation.

À l'issue de cette présentation, un symposium réunit les auteurs des études, la plupart issus de l’université de Florence, experts reconnus dans le domaine. Le symposium se conclura par une intervention du professeur Formisano, spécialiste reconnu d'Amerigo Vespucci, soulignant l'importance des contributions de Florence à l'ère de l'exploration.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 avril 2025

Sur la place centrale de Greve in Chianti, en Toscane, la statue du célèbre explorateur, né en 1485 dans le château voisin de Verrazzano.

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

16 avril : hommage à Ben Badis, figure multiforme du nationalisme algérien

En Algérie, le 16 avril, c’est le Jour du savoir mais c’est aussi une journée pour se souvenir d’Abdelhamid Ben Badis, figure mythique et paradoxale du nationalisme algérien qui sert aussi bien à combattre le régime que pour le conforter.

 

En Algérie, le 16 avril, c’est la Journée du savoir (Youm El Ilm, يوم العلم), l’occasion de réfléchir sur le système éducatif algérien mais c’est aussi une journée pour se souvenir d’Abdelhamid Ben Badis (ou Ibn Badis), dont c’est le 85e anniversaire du décès, le 16 avril 1940, à Constantine.

Ce personnage est une figure mythique du nationalisme algérien d’avant la guerre de libération. Il est chaque année célébré et chacun trouvera une bonne raison de faire référence à Abdelhamid Ben Badis ou de le récuser. Il est né dans une famille de notables qui avaient fait allégeance à la France, la puissance occupante. Mais, Ben Badis s’est très jeune posé en défenseur l’algérianité et de la langue arabe. Il est vu en précurseur du nationalisme algérien mais parfois critiqué pour avoir inscrit sa démarche militante dans le cadre de la démocratie française. En 1936, notamment, il a négocié pour que soit accordé aux musulmans algériens la citoyenneté pleine et entière comme celle qui avait été offerte aux juifs algériens, mais dans le respect d’une identité algérienne qui, à ses yeux, était indissociable de l’islam.

Abdelhamid Ben Badis est à l’origine de l’Association des oulémas (savants) algériens, fondée en 1931. D’où la date de son décès choisie par l’État algérien comme Journée du savoir.  Le savoir prôné par Ben Badis était avant tout religieux. Il a fondé un réseau d’écoles qui compta, en 1954, jusqu’à 40 000 élèves dans 124 établissements, encadrées par 274 enseignants. En 1947 à Constantine, il a créé l’Institut Ibn Badis, un établissement d’enseignement secondaire, dédié à la formation des enseignants. On y enseignait en arabe et l’islam occupait une place importante. Ce réseau concurrençait l’École française peu ouverte aux indigènes musulmans, comme on les appelait à l’époque.

Cheikh Ibn Badis prônait un islam réformiste qui dénonçait le conservatisme des confréries, accusées de maintenir le féodalisme et pour certaines de collusion avec l’administration coloniale. Si bien qu’on présente Ben Babis comme un modernisateur mais sa vision de l’islam est aujourd’hui revendiquée par le courant salafiste. À partir de 1991, les salafistes du Front islamique du Salut (FIS) se sont réclamé d’Ibn Badis sous prétexte d’un retour à l’islam des origines. Pourtant, Ben Babis n’était pas totalement sur leur ligne, il prônait une liberté religieuse qui, aujourd’hui, n’a plus cours, et a toujours dénoncé l’antisémitisme, notamment celui des petits colons français à l’égard des juifs algériens.

Toute sa vie comme journaliste puis comme pédagogue, Abdelhamid Ben Badis a lutté contre le colonialisme, sans se rapprocher de Messali Hadj, mais en trouvant des points de convergence avec le Parti communiste algérien. Cheikh Ibn Badis a toujours conféré une dimension politique, sociale et culturelle à son projet de réforme en encourageant l’émergence de nombreuses associations culturelles et sportives. Il est mort peu de temps après avoir fondé le club de football de Constantine. Des milliers de personnes ont assisté à son enterrement qui a tourné à la manifestation anticoloniale.

Dès l’indépendance, le journal du FLN, El-Moudjahid, se fait chaque année l’écho des commémorations de sa mort. On met en exergue ses citations comme « La nation algérienne n'est pas la France ; ne peut pas être la France ; ne veut pas être la France », pour en faire un symbole du patriotisme révolutionnaire algérien. Ce héros national est en bonne place dans les manuels scolaires. C’est sous le président Boumédienne, en 1970, qu’est instaurée la Journée de la culture (ou du savoir) (Yawm al-‘ilm), mais pour l’inscrire dans une démarche conservatrice et religieuse, en rupture avec le modernisme de Ben Bella, le premier président algérien. Plus récemment, les 2019, la figure du cheik Ben Badis était brandie par les insurgés du Hirak luttant contre un régime algérien totalement sclérosé… Tous les courants de la vie politique algérienne se sont, à un moment ou à un autre, réclamés de cette figure mythique, peu connue hors des frontières de l’Algérie.

Le 16 avril 2024, à l’occasion de Youm El Ilm, sa bibliothèque personnelle a été donnée à la bibliothèque de Djamaâ El Djazaïr. Elle contient environ un millier d’ouvrages touchant à divers domaines du savoir comme la civilisation islamique, les questions jurisprudentielles, le tafsir, la littérature et la poésie.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 avril 2025

 
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Kazakhstan, fête des amoureux, 15 avril Bruno Teissier Kazakhstan, fête des amoureux, 15 avril Bruno Teissier

15 avril :  le Kazakhstan fête ses amoureux et sa culture traditionnelle

Comme d’autres pays, le Kazakhstan cherche à promouvoir une fête alternative à la Saint-Valentin, jugée trop occidentale. Pour cela, on a puisé dans sa culture ancienne et instauré une Journée de l’amour qui s’appuie sur un poème épique populaire, une sorte de Roméo et Juliette, dans la culture kazakhe ancienne.

 

Comme d’autres pays, le Kazakhstan cherche à promouvoir une fête alternative à la Saint-Valentin, jugée trop occidentale. Pour cela, on a puisé dans sa culture ancienne et instauré une Journée de l’amour (Махаббат күні) appelée aussi fête de Kozy-Korpesh et Bayan-Sulu (Қозы Көрпеш-Баян сұлу күні), en référence au poème épique le plus populaire. Une sorte de Roméo et Juliette, dans la culture kazakhe des XIIIe et XIVe siècles.

Cette journée, placée le 15 avril, a été insaturée en 2011. Il existe différentes versions de cette épopée. L'une d'elles raconte l'histoire de deux meilleurs amis, Sarybai et Karabai, qui s’étaient promis de marier leurs enfants avant même leur naissance. Cette tradition des fiançailles avant la naissance était populaire chez les Kazakhs.

Cependant, le destin en a décidé autrement. Sarybai est mort au cours d'une chasse sans avoir vu naître son fils Kozy. En grandissant, Kozy Korpesh et Bayan Sulu sont tombés amoureux l'un de l'autre. Mais Kozy étant orphelin, le père de Bayan Sulu a changé d'avis et rompu son serment. Il a décidé de marier sa fille à un autre homme nommé Kodar, un homme riche et influent dont il était redevable. Kodar aspirait à l'affection de Bayan Sulu qui le repoussait. Quand il comprit que son cœur appartenait à Kozy, il le tua lors d’une embuscade.

La mort de son bien-aimé attrista tant Bayan qu’elle décida de se venger. Elle promit d'épouser Kodar à condition qu'il creuse un puits pour lui fournir de l'eau. Tout en creusant le trou, il s'accrochait aux longues tresses de Bayan. Une fois qu’il fut descendu assez profondément, la jeune fille coupa ses tresses, causant la mort de Kodar. Désespérée, Bayan Sulu se poignarda avec une dague sur la tombe de son bien-aimé Kozy Korpesh.

Transmise de génération en génération, cette histoire d'amour tragique est devenue un symbole d'amour véritable. Dans l'est du Kazakhstan se trouve un monument du Xe ou XIe siècle, probablement la tombe d’un saint local, mais que, par tradition, on désigne comme le mausolée de Kozy-Korpesh et Bayan Sulu.  Il est situé dans le district d'Ayagoz, dans le Kazakhstan oriental, à 7 km au sud-ouest du village de Tarlauly, sur la rive droite de la rivière Ayaguz, et à 11 km à l'ouest de Tansyk. Le lieu a pris aujourd’hui une dimension touristique. Par ailleurs, en 2019, un monument dédié à Kozy-Korpesh et Bayan-Sulu a été inauguré à Ayagoz, une ville du Kazakhstan oriental.

Une série télévisée a récemment popularisé cette histoire de Kozy-Korpesh et Bayan-Sulumais, mais elle est très décriée par les puristes pour son faible niveau de la langue kazakhe et ses infidélités à la culture traditionnelle.

Depuis 2011, la Journée de l'Amour du 15 avril est fêtée de différentes manières à travers le pays, des couples célèbrent leurs fiançailles et leurs mariages ce jour-là. Des puritains y voient l’occasion de mettre en valeur la beauté et la pureté de l'amour véritable, de promouvoir la chasteté et des valeurs prétendument traditionnelles. D’autres la considèrent comme une simple célébration de la culture locale et de sa résurgence après des décennies d’emprise russe et soviétique.

La célébration de cette fête a été proposée pour la première fois dans le sud du Kazakhstan, en 1999, par un homme nommé Darkhan Mynbay, qui a invité les organisations de jeunesse, les établissements d'enseignement et les médias à y participer. Pour trouver une date, il a simplement tenu compte compte des jours fériés importants dans le monde, afin que cette célébration nouvelle ne coïncide avec aucune autre. 

D’autres alternatives à la Saint-Valentin : en Chine, en Inde, au Vietnam

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 avril 2025

Le tombeau présenté comme le mausolée de Kozy-Korpesh et Bayan Sulu

 
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1978, Géorgie, Langues, 14 avril Bruno Teissier 1978, Géorgie, Langues, 14 avril Bruno Teissier

14 avril : la Journée de la langue maternelle dans une Géorgie sous emprise russe

Alors que la pression de Moscou est de plus en plus forte sur leur république, les Géorgiens célèbrent la Journée de la langue maternelle, une commémoration très populaire en particulier dans l’opposition au gouvernement pro-russe qui s’est imposé au pouvoir en trafiquant les élections.

 

Alors que la pression de Moscou est de plus en plus forte sur leur république, les Géorgiens célèbrent la Journée de la langue géorgienne (ქართული ენის დღე). Ce n’est pas un jour férié officiel, mais une commémoration très populaire en particulier dans l’opposition au gouvernement pro-russe qui s’est imposé au pouvoir en trafiquant les élections.

Cette date fait référence à la journée du 14 avril 1978. Des milliers de personnes, principalement des étudiants et des intellectuels, ont manifesté dans les rues de Tbilissi. Suite à ce mouvement de protestation sans précédent, les autorités soviétiques ont dû abandonner les amendements à la Constitution concernant le statut des langues en Géorgie. Le président du Soviet suprême de la RSS de Géorgie, Edouard Chevardnadze, avait décidé de changer l’article 75 de la Constitution pour supprimer le statut de langue officielle du géorgien, ce qui le rabaissait au même niveau que le russe. C’est contre cette décision que la population avait réagi.

Du temps de Staline, né en Géorgie, le statut de la langue nationale avait été relativement préservé. C’est sous Khrouchtchev que la russification a été engagée et a atteint son apogée en 1978. Le Kremlin a finalement reculé. Toutefois, le travail de sape avait été mis en place depuis longtemps par Moscou, déjà sous Staline, avec la création d’entités autonomes à l’intérieur de la Géorgie en valorisant de petites langues locales au détriment du géorgien. Diviser pour mieux régner telle a été la devise de Moscou de Staline jusqu’à Poutine. La valorisation et l’encouragement d’une multitude de petites langues partout en URSS visaient à fractionner linguistiquement la population et faire en sorte que le russe soit la seule véritablement langue de communication entre toutes ces entités bâties sur des bases linguistiques parfois très étroites. Cette politique s’est poursuivie après la disparition de l’URSS. En 1993, 250 000 locuteurs de langue géorgienne ont été chassés manu militari d’Abkhazie un territoire qui abritait alors moins de 100 000 locuteurs de langue abkhaze. En 2008, les 20 à 30 000 locuteurs de langue géorgienne sont chassés d’Ossétie du Sud qui abritait alors moins de 50 000 locuteurs de langue ossète. Dans un second temps, il a suffi d’inciter ces deux minorités linguistiques à proclamer leur sécession à l’égard de la Géorgie et c’est ainsi que Moscou a détaché deux provinces de Géorgie pour en faire des protectorats qui vulnérabilisent fortement la Géorgie. Dans le cas de l’Ossétie, il fallut une guerre pour faire céder Tbilissi. C’était en 2008 et le reste de l’Europe a détourné les yeux. La tactique de Moscou a été reproduite en Ukraine…

Aujourd’hui, c’est dans un pays presque totalement sous l’emprise russe que l’on fête la langue nationale. Les célébrations ont lieu à Tbilissi, notamment, dans le Jardin de la langue maternelle.

Le géorgien aurait pu disparaître plusieurs fois dans son histoire. Il a été sauvé par son Église, mais aussi par la ténacité de ses élites culturelles. Aujourd’hui, il n’est parlé que par quelque cinq millions de locuteurs (dont un million hors de Géorgie). La particularité de cette langue très ancienne, à l’origine obscure, c’est de posséder son propre alphabet : le mkhdruli, composé de 33 lettres.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 avril 2025

Le jardin de la langue maternelle, à Tbilissi, un 14 avril

 
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1975, Liban, massacre, 21 avril Bruno Teissier 1975, Liban, massacre, 21 avril Bruno Teissier

13 avril : 50 ans d’omerta sur la guerre du Liban

 

Ce matin, le Premier ministre Nawaf Salam dépose une gerbe au Monument des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth, pour célébrer le 50e anniversaire du début de la guerre civile libanaise (1975-1990). Ce monument des Martyrs ne fait référence à une autre époque. En vérité aucun mémorial n’existe pour entretenir la mémoire de ce conflit qui a fait quelque 200 000 victimes dans un pays de 2,7 millions d’habitants (à l’époque).

Une cérémonie au Palais de Baabda réunit le président Joseph Aoun (un chrétien maronite, en poste depuis le 9 janvier 2025) et Nawaf Salam (un musulman sunnite), qui dirige le gouvernement, depuis le 8 février 2025.

Le 13 avril 1975, un autobus transportant des militants pro-palestiniens, de retour d’une manifestation, traverse le secteur d’Aïn el-Remmané est mitraillé par des membres des phalanges libanaises (Kataëb), après qu'un milicien chrétien a été tué et un autre blessé devant l’église melkite Notre-Dame du Salut, dans la banlieue est de Beyrouth. 22 passagers du bus ont été tués sur une trentaine de passagers. Cet incident est considéré comme le déclencheur de la guerre civile. D’autres incidents meurtriers ou assassinat de personnalités, depuis la fin des années 1960, auraient pu dégénérer de la même manière.

Chaque année, le 13 avril, se déroule une cérémonie du souvenir sur les lieux même où s’est déroulé le massacre du bus de Beyrouth (مجزرة بوسطة عين الرمانة ,مجزرة عين الرمانة), aussi connu sous le nom d'incident d'Ain el-Rammaneh ou encore Dimanche Noir.

Quelques jours plus tôt, Nawaf Salam avait appelé à faire de cet anniversaire « un tournant, et pas seulement un moment de commémoration » et à « revenir à l'accord de Taëf » signé le 22 octobre 1989, qui avait mis fin à la guerre civile, et à « mettre en œuvre l'intégralité de ses dispositions ».

L’ancien Premier ministre Saad Hariri a appelé, à cette occasion, à « sortir de la mentalité milicienne pour aller vers l’instauration d’un État incluant tout le monde, à condition de respecter sa Constitution et de s’engager vis-à-vis de ses lois, de ses institutions et de sa souveraineté ».

Les Libanais plus âgés connaissent tous la date du 13 avril mais  l’évènement ne fait toujours pas l’objet d’un récit commun, comme pour l’ensemble du conflit, au point qu’il n’existe aucun livre d’histoire destiné aux lycéens racontant l’histoire récente du pays. Preuve que le projet national libanais reste encore fragile. Même s’il y a consensus aujourd’hui pour ne plus retomber dans la violence des milices qui avaient pris le pouvoir dans les années 1970, face à l’inconsistance de l’État libanais. Pendant 15 ans on a vu, des milices chrétiennes (Phalanges, Forces libanaises), musulmanes (Amal, PSP) et palestiniennes (OLP) s’affronter dans une mosaïque d’alliances instables.

Une loi d’amnistie, votée le 26 août 1991, a absou la plupart des crimes, sauf les assassinats politiques majeurs pour la plupart restés impunis. Un Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a été créé après l’attentat de 2005 contre Rafic Hariri. Rien n’a été prévu pour juger les crimes de la guerre civile. Chaque vendredi, des familles se rassemblent devant le Parlement, tenant des pancartes avec des photos des 17000 disparus dans l’espoir d’avoir es informations. Demain, les écolier et étudiants observerons une minute de silence à la demande de la ministre de l’Éducation. Peut-être auraient plus besoin de paroles sur ce conflit que de silence ?

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 avril 2025

L’autobus criblé de balles, appelé le « Bosta », devenu l’emblème de la guerre civile (photo anonyme d’époque). Ce bus existe toujours, il a été conservé par son propriétaire qui l’avait exposé au public en 2011.

 
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Judaisme Bruno Teissier Judaisme Bruno Teissier

12-13 avril : les juifs célèbrent Pessa’h

Ce soir, 12 avril, à la tombé de la nuit, les juifs fêtent Pessa’h. La fête de la Pâque juive se prolongera jusqu’au 20 avril.

 

Ce soir, 12 avril, à la tombé de la nuit, les juifs fêtent Pessa’h (פֶּסַח). La fête de la Pâque juive se prolongera jusqu’au 20 avril. Elle commémore l’exode des Hébreux hors d’Égypte. Avec Chavouot (2-3 juin) et Souccot (6 octobre), elle est l’une des trois fêtes dites « de pèlerinage ». Le 13 avril, est un jour chômé en Israël et les écoliers seront en vacances jusqu’au 19 avril.

Pour ceux qui pratiquent, de multiples rituels accompagnent Pessa’h, en tout premier lieu un nettoyage minutieux de toute la maison. Celle-ci doit, en particulier, être débarrassée de tout aliment contenant de la levure (hametz) : pain, pâtes et gâteaux, mais aussi tout aliment ou boisson contenant orge, avoine, épeautre, seigle ou blé ayant fermenté, jusqu’à la moindre miette nichée au fond d’un canapé, dans la voiture, au fond des poches… Seule la composition de pain azyme (matza) est autorisée durant Pessa’h, en souvenir du pain (non levé) que les Hébreux consommèrent lors de leur exode.

Une fois la maison nettoyée et prête, on peut procéder au premier repas de Pessah : le seder, célébré les deux premiers soirs de la fête (seulement le premier soir en Israël). Il obéit, lui aussi, à un rite très codifié et consiste en une succession d’étapes mêlant bénédictions, mets, récits et chants. On commence par disposer au centre de la table une coupe de vin, la coupe d’Élie, le prophète, précurseur du Messie, appelé à participer à la purification de la maison puis on apporte le « plat du seder » qui comporte différents mets, tous symboliques d’un moment de la vie du peuple juif en Égypte : zro’a, un os de poulet ou d’agneau censé rappeler le bras étendu avec lequel Dieu délivra son peuple d’Égypte ; beitsa, un œuf dur, en souvenir de la destruction du Temple ; maror, des herbes amères comme le fut la vie des Hébreux sous le joug égyptien ; harosset composé de dattes, noix, pommes et amandes qui évoque le mortier avec lequel les Hébreux fabriquèrent des briques pour les Égyptiens ; karpas, persil, céleri ou radis trempé dans de l’eau salée en souvenir des larmes versées par les Hébreux. Le plat est accompagné de trois matzot (pain azyme) et quatre coupes de vin. Ce rituel alimentaire s’accompagne d’une autre coutume censée rappeler l’histoire du peuple juif. C’est généralement le plus jeune enfant de la famille qui commence par poser quatre questions auxquelles le chef de famille va répondre, en mêlant lecture et récits. Des chants viennent clore le temps du repas.

Dans la religion hébraïque ancienne, Pessah désignait la fête de l’agneau au cours de laquelle l’animal était sacrifié et un peu de son sang badigeonné autour des portes ou de l’entrée des tentes comme rite de protection. C’est ainsi que l’Ange de la mort reconnut et épargna les maisons des juifs lorsque la dixième plaie d’Égypte toucha tous les nouveau-nés du pays. Ce n’est que par la suite que Pessah désignera l’exode du peuple hébreu et la naissance d’Israël en tant que peuple après le don de la Torah à Moïse sur le mont Sinaï.

L'étymologie habituellement donnée au nom de la fête est qu'il vient du verbe hébreu pessa'h qui signifie sauter au-dessus ou passer au-dessus. Ceci rappelle que lors de la dixième plaie d’Égypte, la mort « saute » au-dessus des maisons des Hébreux, pour ne frapper que les premiers-nés égyptiens.

Les fêtes de Pessa’h sont annoncées du dimanche 13 au dimanche 20 avril 2025 ; du jeudi 2 au jeudi 9 avril 2026 ; du jeudi 22 au jeudi 29 avril 2027…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2025

 

Miniature représentant le seder, célébration de la veille de Pâques par BL Harley

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1905, Hongrie, poésie, Littérature, 11 avril Bruno Teissier 1905, Hongrie, poésie, Littérature, 11 avril Bruno Teissier

11 avril : la Journée de la poésie hongroise

Cette journée est fêtée en Hongrie depuis 1964. C’est la seule célébration nationale héritée de la Hongrie communiste. Le 11 avril, est l'anniversaire d'Attila József. Un poète qui fut un peu le Rimbaud hongrois, adolescent prodige, mort jeune... Communiste, mais pas trop. C’est aujourd’hui, l’occasion en Hongrie d’un marathon de poésie.

 

La Journée de la poésie (költészet napja) est célébrée en Hongrie depuis 1964. C’est la seule célébration nationale héritée de la Hongrie communiste. Le 11 avril, est l'anniversaire d'Attila József. Un poète qui fut un peu le Rimbaud hongrois. Né en 1905 dans un milieu très défavorisé, cet enfant précoce a été l’adolescent prodige des milieux littéraires hongrois dès 1922. Il est mort en 1937 à 32 ans écrasé par un train, dans des circonstances qui font penser à un suicide.

Il a été communiste, dès 1919, d’où ce choix de la date à l’époque de Kádár, mais il avait été exclu du parti pour idéalisme, d’où le maintien de cette figure dans le panthéon de la Hongrie post-communiste. Sa statue, réalisée par Marton László, regarde le Danube du pied du Parlement hongrois. L’emplacement, choisi en 2009, est inspiré d’un de ses poèmes fameux, Au bord du Danube.

La poésie joue toujours un rôle particulier dans l’espace culturel hongrois. On ne lit plus des poèmes dans les usines comme à l’époque communiste, chaque 11 avril, mais on organise des soirées de performances littéraires comme le fameux marathon de poésie (Költészeti maraton) organisé depuis 2010, où une centaine d’auteurs (147 en 2022) se relaient pendant 24 heures pour lire des textes en public.

La figure d’Attila Jozsef n’est pas oubliée. Chaque 11 avril, sur la tombe du poète, au cimetière de la rue Fiumei, à Budapest, l'Institut national du patrimoine (NÖRI), organise un événement.

Les expositions de la Bibliothèque centrale présentent des citations d'Attila József et de Péter Esterházy à intervalles réguliers le 11 avril, commémorant le 120e anniversaire de la naissance d’Attila József et le 75e anniversaire de la naissance d'Esterházy. Ce 11 avril, également, à l'occasion du 125e anniversaire de la naissance de Sándor Márai, des comédiens lisent des extraits du journal Lola d'Ilona Márai dans le cadre du Marathon Márai au Salon Víg. Un train de poésie part de la gare de Nyugati le 11 avril à 10h08. Les passagers pourront non seulement lire, mais aussi écouter des poèmes en direct, interprétés par des artistes du théâtre Hevesi Sándor de Zalaegerszeg. Dans tout le pays, des poèmes seront diffusés sur des haut-parleurs ce vendredi pour marquer la Journée de la poésie hongroise.

À l’échelle mondiale, il existe une Journée internationale de la poésie, le 21 mars.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 avril 2025

 

Timbre émis à l’occasion du centenaire du poète. Son nom est écrit à la hongroise, le prénom après le nom.

Statue du poète installée à Budapest en 2009 : “le poète triste” par Marton László. Derrière, sur la droite de l’image, c’est le Parlement hongrois.

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Inde, fête religieuse Bruno Teissier Inde, fête religieuse Bruno Teissier

10 avril :  Mahavir Jayanti, la fête la plus importante du jaïnisme

Également connue sous le nom de Mahavir Janma Kalyanak, c’est la fête majeure du jaïnisme. Elle célèbre l'anniversaire de Jina Mahavira, son chef spirituel le plus vénéré, un contemporain de Bouddha.

 

Mahavir Jayanti, également connu sous le nom de Mahavir Janma Kalyanak, est la fête majeure du jaïnisme, une religion minoritaire de l’Inde et de ses 10 millions d’adeptes. Elle célèbre l'anniversaire de Jina Mahavira, chef spirituel vénéré et 24e tirthankara (personne ayant atteint l'illumination, un sage). Les deux écoles du jaïnisme, Digambar et Swetambara se disputent sur l’année exacte de naissance de Mahavira entre 599 av. J.-C. ou 615 av. JC. Mais toutes les deux s’accorent sur la date exacte de sa naissance : le 13 du mois de Chaitra (dans le calendrier hindou). Une date qui tombe en mars ou en avril du calendrier grégorien. L’époque où il aurait vécu, sa biographie telle est racontée et son enseignement sont très proches de celui du Bouddha.

Lors de la célébration, l'icône de Mahavira est portée sur un char lors d'une procession festive appelée Ratha Jatra. Ensuite, celle-ci fait l’objet d’un bain rituel et une onction (abhisheka). Durant la journée, la plupart des Jaïns récitent des mantras et des prières, méditent, assistent à des sermons et participent à des missions caritatives comme sauver des vaches de l'abattoir (les jaïns sont strictement végétariens) ou aider à nourrir les pauvres.

C’est la seule fête jaïne à être reconnue par le gouvernement indien qui en a fait un jour férié national. C'est un jour férié pour le gouvernement et les écoles dans le Maharashtra ainsi que dans les états du Bihar, Chhattisgarh, Delhi, Gujarat, Haryana, Jammu and Kashmir, Jharkhand, Karnataka, Maharashtra, Madhya pradesh, Mizoram, Nagaland, Punjab, Rajasthan, Tamil Nadu, Uttarakhand, Uttar Pradesh.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 avril 2025

 
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1938, Tunisie, manifestation politique, massacre, 9 avril Bruno Teissier 1938, Tunisie, manifestation politique, massacre, 9 avril Bruno Teissier

9 avril : la journée des Martyrs en Tunisie

C’est un épisode sanglant de la lutte anticoloniale que commémore la Tunisie. Mais, c’est toujours délicat pour un régime autocratique de célébrer un soulèvement populaire réclamant la démocratie. Le président Kaïs Saïed va devoir ce 9 avril se plier à l’exercice.

 

Un régime autocratique est toujours retissant à commémorer un soulèvement national, même ancien, de crainte que cela en déclenche un nouveau. D’ailleurs dans la suite du Printemps arabe, le 9 avril 2012, la célébration du 9-Avril s’était transformée en émeutes dans les rues de Tunis. En 2023, le 9 avril, des centaines de militants de partis d’opposition manifestaient contre les arrestations arbitraires d’opposant qui se multiplient depuis que le président Kaïs Saïed s’est arrogé les pleins pouvoirs.

Ce 9 avril 2025, le président tunisien tient à honorer les martyrs du 9 avril 1938. La cérémonie a traditionnellement lieu au monument des martyrs de Séjoumi. L’an dernier, il était venu déposer une gerbe de fleurs au pied du mémorial, et avait récité la Fatiha à leur mémoire. La cérémonie se termine par un salut au drapeau tunisien au son de l’hymne national.

La Commémoration des Martyrs (عيد الشهداء), rappelle un épisode sanglant de la lutte anticoloniale.  Si la Tunisie n’a pas connu la terrible guerre qui a ravagé l’Algérie, le combat contre l’occupation française a tout de même fait de nombreuses victimes. Le 9 avril 1938, alors que depuis plusieurs semaines des manifestations populaires réclamaient des réformes politiques, notamment l’institution d’un parlement, un mouvement spontané de la jeunesse a pris de court les forces de police qui ont tiré dans la foule. Le bilan est lourd : on relève 22 morts et près de 150 blessés, la majorité d'entre eux n’avaient qu’une vingtaine d’années, trois étaient des enfants. C’est le souvenir des victimes de cet événement tragique qu’entretient chaque année la Journée des Martyrs, jour férié et chômé depuis 1957. Le lendemain, Habib Bourguiba et douze de ses camarades, dirigeants du parti Néo Destour, sont arrêtés, ainsi que des milliers d’autres. Le parti est dissous, la presse nationaliste interdite… L’état de siège tuera plusieurs mois.

C'est sur le site de Séjoumi que sont enterrés les militants nationalistes à partir de l'affaire du Djellaz (1911). La Fête des martyrs y est célébrée chaque 9 avril. En 2001, un Musée de la mémoire nationale y a été inauguré, symboliquement le 9 avril. Il est situé au rez-de-chaussée du mémorial érigé à la mémoire des résistants exécutés sur les lieux mêmes par les autorités coloniales françaises entre 1941 et 1954.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 avril 2025

Mise à jour 10 avril 2025 : Des centaines manifestants sont descendus dans les rues de Tunis ce 9 avril pour défendre les droits et les libertés face à la répression des opposants politiques. Ils ont notamment demandé la libération d’une des principales cheffe de l’opposition, Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre.

Deux timbres-poste tunisiens émis en 1988 pour le 50e anniversaire de la Journée des martyrs

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

8 avril : en Israël, c’est le jour de l’Aliyah

Le Jour de l'alya (Yom HaAliyah) est une fête officielle créée en 2016 qui célèbre l'immigration des juifs de la diaspora en Israël. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le contexte actuel n’est pas favorable à ce mouvement qui a fondé le pays, bien contraire.

 

Le Jour de l'alya (Yom HaAliyah, יום העלייה) est une fête officielle qui célèbre l'immigration des juifs de la diaspora en Israël. Elle a été fixée au 10 Nissan (date du calendrier hébraïque), si bien que sa date varie sur le calendrier grégorien, entre mi-mars et mi-avril.

Cette fête est de création très récente : elle a été instituée par la Knesset (le parlement israélien) en 2016 dans un contexte de déclin de l’immigration vers Israël. L’apport soviétique, fort au début des années 1990-2000, était tari. De plus en plus d’alyoth (pluriel d’aliyah ou alya) en provenance des pays occidentaux avaient conduit à des retours au pays d’origine ou un départ vers ailleurs, faute d’une intégration dans un pays où la vie n’est pas si facile.

La date choisie pour cette fête de l’alya est d’origine religieuse. Selon le Livre de Josué, c’est le 10 Nissan que Josué et les Israélites traversèrent le Jourdain pour entrer en “Terre promise”, après quarante ans d'errance dans le désert. Cette migration mythique est considérée comme la première « aliya ».

L’alya ou aliyah (עֲלִיָּה) est un élément fondamental du sionisme. Ce nationalisme religieux affirme que tous ceux qui, au cours de l’Histoire, ont adhéré au judaïsme ont vocation à venir s’installer sur la terre où est née cette religion. L’objectif du sionisme, comme tous les courants nationaux nés au XIXe siècle était de créer un État. Généralement, les promoteurs de ces États s’appuyaient sur une base ethnique, linguistique ou historique. Dans le cas du futur Israël, c’est sur un substrat religieux, voire culturel (pour ceux qui avaient pris leur distance avec la religion) que le pays a été inventé. Mais, contrairement au Pakistan, un autre État fondé sur une base religieuse, la population qu’il était censé rassembler n’est pas présente sur le territoire choisi ou très marginalement. En 1880, on ne comptait qu’environ 24 000 juifs en Palestine, soit 4,4% de la population (tandis que 10 millions juifs vivaient éparpillés à travers le monde). D’où l’importance de la notion d’alya (vague d’immigration) pour y parvenir. Une série de pogroms perpétrés dans l’Empire russe à l’encontre des juifs va initier le mouvement, à partir de 1881. La prise de conscience en 1945 de l’ampleur de la Shoah, va encore amplifier le processus. En 1945, la population de Palestine était de 1,8 million d’habitants dont un tiers de juifs. Ces derniers ont fondé Israël en 1948. En 1950, est adoptée une loi dite « du Retour » qui garantit à tout juif dans le monde le droit d’immigrer en Israël, de s’y installer et d’obtenir la citoyenneté israélienne presque sans entrave. Cette loi, d’inspiration sioniste et religieuse, ne concerne que les juifs. Aucun des habitants musulmans ou chrétiens, parmi ceux qui ont dû fuir la Palestine lors de la guerre de 1947-48, n’est autorisé à revenir.

Hormis cette loi du retour ouvertement discriminatoire, la déclaration d’indépendance d’Israël offrait toutefois une égalité des droits entre tous ses citoyens :  « L’État d’Israël sera ouvert à l’immigration des juifs de tous les pays où ils sont dispersés ; il développera le pays au bénéfice de tous ses habitants ; il sera fondé sur les principes de liberté, de justice et de paix enseignés par les prophètes d’Israël ; il assurera une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe ; il garantira la pleine liberté de conscience, de culte, d’éducation et de culture ; il assurera la sauvegarde et l’inviolabilité des lieux saints et des sanctuaires de toutes les religions et respectera les principes de la charte des Nations unies. »

Tout a changé en 2018 quand la Knesset, inspirée par les suprémacistes juifs, aujourd’hui au pouvoir, vote cette formulation : « Israël est l’État-nation du peuple juif dans lequel il réalise son droit naturel, culturel, historique et religieux à l’autodétermination ». Plus aucune allusion n’est faite aux non-juifs, c’est-à-dire les Arabes israéliens qui représentent 22% des 10 millions d’habitants du pays, sans compter ceux qui vivent en territoires occupés par Israël soit 5,5 millions d’Arabes dits Palestiniens. Vu le contexte de guerre dans lequel vivent aujourd’hui Israël et Palestine, l’alya ne joue plus qu’un rôle marginal dans l’évolution démographique de la région. Au contraire, un mouvement inverse s’intensifie, sans que les autorités israélienne (contrairement à ce qu’elles font pour les alyoth) ne publient aucun chiffre. Dans  ce cas on parle de yéridah (יְרִידָה,) le contraire d’aliya (ou aliyah).

Comme toutes les fêtes juives, Yom HaAliyah commence la veille au soir, à la tombée de la nuit, soit ce lundi 7 avril 2025 et se déroule ce mardi 8 avril 2025, jusqu’à la tombée de la nuit. Comme, elle tombe pendant les vacances scolaires, la loi prévoit une autre date pour la célébrer dans les écoles et lycées, où elle est observée les 7 Heshvan (soit le 25 octobre 2025). En 2026, Yom HaAliyah sera fêtée les 27-28 mars (et 17-18 octobre pour les scolaires). En 2027, les 16-17 avril (et 6-7 novembre)…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 avril 2025

Timbre israélien de 1955 évoquant l’alya

 
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Kirghizistan, révolution, révolte populaire, 7 avril, 2010 Bruno Teissier Kirghizistan, révolution, révolte populaire, 7 avril, 2010 Bruno Teissier

7 avril : une révolution d’avril que le pouvoir kirghiz aimerait faire oublier

De la difficulté pour un dictateur kirghiz de commémorer une révolution qui a fait chuter, il y a 15 ans, un régime semblable en tout point au sien.

 

C’est aujourd’hui, le Jour de la Révolution populaire d'avril, une fête nationale qui commémore la révolution du 7 avril 2010, laquelle a renversé la dictature de Kurmanbek Bakiev. Celui-ci était arrivé au pouvoir en 2005 à la faveur d’une autre révolution, celle dite des Tulipes, que personne ne commémore car elle avait très vite débouché sur une dictature familiale. Le clan Bakiev, en effet, avait mis la main sur toutes les entreprises rentables du pays et avait verrouillé le système électoral pour s’incruster au pouvoir au point que seule une révolution pouvait le renverser. C’est ce qui est arrivé. La corruption, le népotisme et la répression politique ont fini par mobilier l’opposition. En avril 2010, les manifestations se sont intensifiées dans le centre de Bichkek. Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les manifestants, causant la mort de 87 personnes. Mais les manifestants ont fini par prendre d'assaut le bâtiment du Parlement et, le 7 avril, ont renversé Bakiev, qui s'est enfui en Biélorussie.

Le Kirghizistan a connu ensuite quelques années d’un renouveau démocratique qui l’a singularité au sein de l’Asie centrale. Dès 2011, le nouveau régime (parlementaire), avait instauré un jour férié pour célébrer cette révolution. Chaque année, une cérémonie se déroulait sur la place Ala-Too, au centre de Bishkek. En 2016, le 7 avril a été déclaré journée chômé afin de donner plus de solennité à la célébration de la Révolution d’avril (Апрель революциясы) qui se déroule également sur un site commémoratif près de Bichkek.

Cette époque appartient au passé, la fenêtre libérale de l’Histoire kirghize est bien refermée à présent. Le 7 avril est toujours dans la liste des jours fériés, mais le nouveau code du travail, promulgué en 2004, en a fait une journée ordinaire. Le pouvoir essaye d’effacer le souvenir du 7-Avril. Depuis l’arrivée au pouvoir de Sadyr Japarov, en 2021, la vie politique a perdu toute sa substance, la presse d’opposition est à nouveau persécutée. L’exception démocratique du Kirghizistan (2010-2021) appartient aujourd’hui au passé. La république parlementaire a été transformée en une république présidentielle autoritaire. Le pouvoir favorise un cercle étroit autour du président. Lequel se félicite que le Kirghizistan compte « cinq ou six milliardaires en dollars et environ 200 millionnaires ». Le régime de Japarov ressemble totalement à celui de Bakiev, renversé le 7 avril 2010. Comme ce dernier, le président actuel a placé tous les membres de sa famille à des postes clés du pouvoir et de l’économie. Le Kirghizistan est devenu la république d’Asie centrale la plus proche du régime de Poutine, érigé en modèle par Japarov.

On comprend qu’il soit aujourd’hui malvenu de commémorer de manière trop appuyée une révolution que le pouvoir souhaite faire oublier, de crainte d’en susciter une autre. Mais la société kirghize a-t-elle les ressorts suffisants pour à nouveau renverser une dictature ?

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 avril 2025

Le 7 avril 2010, les manifestants prennent le Parlement

 
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1994, Burundi, attentat, assassinat, 6 avril Bruno Teissier 1994, Burundi, attentat, assassinat, 6 avril Bruno Teissier

6 avril : le Burundi se souvient du président Ntaryamira

Le président Cyprien Ntaryamira est mort le 6 avril 1994, victime d’un attentat dont il n’était qu’une victime collatérale mais dont les conséquences furent terribles. La Journée lui rend hommage ainsi à tous les martyrs des guerres civiles.

 

Le président Cyprien Ntaryamira est mort le 6 avril 1994, victime d’un attentat dont il n’était qu’une victime collatérale. L’année précédente son prédécesseur, Melchior Ndadaye, avait été renversé et assassiné, ce qui avait provoqué une guerre civile dans le pays entre Tutsis et Hutus. Ce même 6 avril 1994, Cyprien Ntaryamira participait aux accords de paix d'Arusha, en Tanzanie, en vue de mettre à ce conflit. Les chefs d’États de la région participaient à cette réunion. Le jet présidentiel burundais était en panne. Le président rwandais, Juvénal Habyarimana, propose à son homologue burundais de le ramener chez via Kigali. Alors qu’il amorce son atterrissage à l’aéroport international de Kanombe, l’appareil est pulvérisé par un missile sol-air au-dessus de Kigali. Les deux présidents périssent donc dans un attentat contre l’avion à bord duquel se trouvent également deux ministres burundais Cyriaque Simbizi et Bernard Ciza. Trente et un ans après les faits, les circonstances de l’attentat ne sont pas encore toutes élucidées. Une chose est sûre, ce n’est pas Cyprien Ntaryamira qui était visé.

Cet attentat du 6 avril a traumatisé le Burundi qui a fait de cet anniversaire un jour férié dédié à son éphémère président, mais il a aussi profondément marqué le Rwanda où il a été l’élément déclencheur d’un génocide qui a fait disparaître en quatre mois, à partir du 7 avril, près d’un million de Rwandais. Au Burundi, la guerre civile également entre Hutus et Tutsis s’est prolongée jusqu’en 2005 faisant, depuis 1993, quelque 300 000 morts.

Chaque 6 avril, la cérémonie se déroule au monument des Martyrs de la démocratie où le président Évariste Ndayishimiye ainsi que son épouse Angeline, se recueillent au nom de tous les Burundais et dépose une gerbe de fleurs sur la tombe du disparu. Ils sont suivis par les représentants du corps diplomatique et consulaire accrédité au Burundi, la famille de feu le président Ntaryamira, des membres des partis politiques et bien d’autres encore. En 2024, pour le 30e anniversaire, la cérémonie fut une occasion de réécouter un extrait de son discours prononcé lors de son investiture tenue le 5 février 1994 dans lequel il appelait les Burundais à être unis pour la restauration de la paix et la sécurité, le respect des droits humains et à être caractérisés par la discipline dans tous les secteurs de la vie du pays.

La commémoration du 6 avril débute par une messe, célébrée à la cathédrale Regina Mundi, en mémoire des martyrs de la guerre civile. Un hommage est également rendu aux ministres Cyriaque Simbizi et Bernard Ciza, qui périrent dans le même attentat.

À Bruxelles, l’ambassadeur du Burundi en Belgique, Ntahiraja Thérence, invite la communauté burundaise d’Europe et les amis du pays à une cérémonie commémorative en hommage au président Cyprien Ntaryamira, ce 6 avril à 15h.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 avril 2025

Le président Évariste Ndayishimiye et son épouse Angeline (photo : Présidence du Burundi)

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

5 avril : la journée des enfants palestiniens

Cette journée s’intéresse avant tout au quotidien les enfants palestiniens vivant sous occupation israélienne ou sous blocus, elle a été instaurée il y a 30 ans par Yasser Arafat. C’est aussi l’occasion de faire la bilan tragique de la guerre à Gaza.

 

Cette journée ne s’adresse pas aux 18000 enfants morts à Gaza sous les bombes israéliennes depuis l’automne 2023. On ne peut plus rien pour eux ; ni non plus pour les 36 enfants israéliens assassinés le 7-Octobre et les enfants otages qui n’ont pas survécu.

Cette journée des enfants s’intéresse avant tout au quotidien les enfants palestiniens vivant sous occupation israélienne ou sous blocus. Chaque année quelque 700 mineurs palestiniens sont arrêtés par les forces armées israéliennes. Beaucoup sont rapidement relâchés mais restent très marqués, certains passent des mois voire des années en détention sans jugement, sans scolarité, dans la plus totale illégalité.

Cette journée s’adresse aussi à ceux qui sont réveillés la nuit par le bruit de coups de feu, qui vivent dans la peur d’une attaque de colons, dans la crainte de voir leur maison détruite par une décision arbitraire, l’arrestation de leurs parents ou d’un grand frère… Ceux qui n’ont d’autre horizon depuis leur naissance qu’un camp de réfugiés. Ceux qui vivent à quelques kilomètres de la mer et qui ne l’ont jamais vu… Les moins de 15 ans représentent 40% de la population de Gaza et 38% de celle de la Cisjordanie. N’oublions pas aussi, ceux qui tout en étant israéliens savent qu’il n’aura jamais les mêmes droits que leurs compatriotes juifs (22% des enfants de nationalités israéliennes sont palestiniens).

Cette 30e Journée de l'enfant palestinien (يوم الطفل الفلسطيني) (יום הילד הפלסטיני) est célébrée par l'État de Palestine occupé, le 5 avril de chaque année. La date fait référence à la première Conférence sur des enfants palestiniens, le 5 avril 1995, lors de laquelle le président Yasser Arafat a déclaré son attachement à la Convention internationale des droits de l'enfant et a déclaré le 5 avril, Jour de l'enfant palestinien.

Ce n’était pas sa préoccupation à l’origine mais cette journée des enfants se penche aujourd’hui sur le problème de la famine qui sévit depuis des mois dans la bande de Gaza, le retour d’épidémie que l’on croyait définitivement éradiquée, comme celle de la poliomyélite. Aujourd’hui, 7 700 nouveau-nés risquent de mourir en raison du manque de soins médicaux, car les hôpitaux restants fonctionnent à une capacité extrêmement limitée, mettant la vie des enfants en danger. La pénurie d’incubateurs, de respirateurs et de médicaments essentiels a aggravé les conditions sanitaires, augmentant le risque de décès. La guerre fait toujours rage, selon l’UNICEF, dix enfants perdent chaque jour une ou deux jambes à cause de la guerre à Gaza. Sans compter la détresse psychologique des 39000 orphelins déjà recensés.

Au niveau international, la journée internationale des droits de l’enfant est célébrée le 20 novembre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 avril 2025

Un enfant palestinien face à un soldat israélien devant le mur de séparation, août 2004 (photo Justin MacIntosh)

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

4 avril : un anniversaire bien morose pour l’OTAN

L’OTAN qui fête aujourd'hui son anniversaire existe encore mais qu’en est-il de l’alliance sur laquelle elle repose ? Sa principale puissance militaire a-t-elle déjà totalement basculé en faveur de Moscou ? Sans la moindre festivité, ce 76e anniversaire est marqué par une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres.

 

Chaque année l’OTAN, célèbre son anniversaire le 4 avril. C’est la Journée de l'OTAN (NATO Day), une journée commémorant sa fondation par la signature du Traité de l'Atlantique Nord le 4 avril 1949. Elle est fêtée dans tous les pays alliés avec plus ou moins de conviction selon les années. En 2024, les 75 ans de l’OTAN ont été célébrés tout au long de l’année par des manœuvres militaires de grande ampleur, mais aussi des festivités, une fresque peinte à Sofia, une course à pied à Budapest, un concert dans le théâtre San Carlos de Naples… À cause de la guerre en Ukraine, l’Otan avait retrouvé du dynamisme, notamment avec les récentes adhésions de la Finlande et de la Suède. Elle compte aujourd’hui 32 États, dont 12 membres fondateurs.

En 2025, pour le 76e anniversaire, l’ambiance a totalement changé suite à l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Cela faisait quelques années que la fiabilité à l’égard de ses alliés, de la principale puissance militaire de l’OTAN était interrogée. Aujourd’hui la question ne se pose plus, elle s’est évanouie en quelques semaines. Le 24 février, à l’ONU, les «États-Unis joignaient leur voix à celle de la Corée du Nord, du Nicaragua et de l’Érythrée pour soutenir la Russie contre l’Ukraine. Ostensiblement, Washington a émis un vote opposé à celui de ses autres partenaires de l’OTAN (la Hongrie exceptée).

L’article 5 du traité stipule que si un pays de l’OTAN est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures qu’il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué. Cet article, pivot de l’alliance fonctionnerait-il ? Le doute est permis. L’Alliance atlantique existe-t-elle encore ?

Ce 4 avril 2025, pas de festivités, mais une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l'OTAN, au siège de Bruxelles, pour discuter de la sécurité mondiale et prendre des décisions importantes. L’événement de la journée sera la conférence de presse du Secrétaire général. Que va annoncer Mark Rutte qui occupe ce poste depuis octobre 2024 seulement et qui s’est montré bien falot devant Donald Trump, incapable d’un mot pour défendre l’Ukraine ? Washington qui avait initié l’OTAN en 1949 pour contrer les ambitions de Moscou en Europe, a-t-elle totalement pris fait et cause pour son ancien ennemi ? Pour ses partenaires le doute s’est installé définitivement.

PS. Cet anniversaire de l’OTAN ne doit pas être confondu avec la Journée de l’OTAN qui se déroule chaque année, en septembre, à Ostrava (Tchéquie) et qui est un salon du matériel militaire (cette année, les 21 et 22/9). La Roumanie, quant à elle, célèbre chaque premier dimanche d’avril sa propre Journée de l’OTAN. Et la Lituanie, c’est le 29 mars qu’elle fête son adhésion à l’OTAN.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 avril 2025

Des soldats allemands, espagnols et américains posent pour une photo avec le drapeau de l'OTAN pendant l'exercice Steadfast Defender 24 – le plus grand exercice militaire OTAN organisé pendant l'année du 75e anniversaire, avec plus de 90 000 soldats des 32 Alliés. La photo a été prise en Pologne, en avril 2024. (Photo : US Army/Sgt Omar Joseph Sr.)

 
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1899, Pérou, Japon, 3 avril Bruno Teissier 1899, Pérou, Japon, 3 avril Bruno Teissier

3 avril : la journée d’amitié péruvo-japonaise

Le 3 avril 1899, arrivait au Pérou un bateau chargé de 790 immigrants japonais. Le premier d’une longue série : plus d’une centaine en une vingtaine d’années. La communauté japonaise a profondément marqué la culture péruvienne.

 

Le 3 avril 1899, arrivait au Pérou un bateau à vapeur, le Sakura Maru, chargé de 790 immigrants japonais. C’était le premier d’une longue série : plus d’une centaine, en une vingtaine d’années. La communauté japonaise du Pérou a eu jusqu’à 100 000 personnes. Certains ont regagné l’archipel, mais ils sont encore 80 000 aujourd’hui. On les appelle les Nikkei. Leurs écoles ayant été fermées d’autorité dans les années 1940, ils ont décidé de s’intégrer et d’apprendre l’espagnol, beaucoup aujourd’hui, ont oublié le japonais. On les nomme Nisei à la deuxième génération et Sansei à la troisième.

Chaque année, le 3 avril, pour la Journée d’amitié péruvano-japonaise (Día de la amistad peruano-japonesa), une cérémonie se déroule à 15h30 devant le monument commémoratif situé au Champ de Mars (Campo de Marte), à Lima. Elle est complétée à 17h. par une cérémonie du thé et un culte bouddhiste à la mémoire des immigrés.

Cette journée est officielle au Pérou depuis 1989. À partir de 1990, des Péruviens d’origine japonaise ont été autorisés à émigrer vers le Japon. Ils sont quelque 50 000 à l’avoir fait.

Cette présence asiatique a marqué la culture péruvienne, en particulier la cuisine dont la fusion nippone-péruvienne est devenue une référence mondiale. Le ceviche, en particulier, a été optimisé avec l'aide de la cuisine japonaise, qui a incorporé des techniques traditionnelles du sushi pour manipuler la chair du poisson afin de préserver sa fraîcheur et sa saveur de fruits de mer sans la trop cuire dans du jus de citron. C'est ainsi qu'est né le « Tiradito » , composé de fines tranches de chair de poisson auxquelles on ajoutait du jus de citron en quantité modérée au moment de servir. Plus tard, l'innovation des chefs péruviens et nikkei a permis de combiner la marinade au jus de citron avec diverses sauces telles que celles préparées avec du piment jaune , du rocoto, entre autres.

La communauté a aussi fourni un président au Pérou, Albero Fujimori, qui a laissé un très mauvais souvenir, son mandat ayant été marqué par la corruption et des délires ultranationaliste. Il a fait 10 ans de prison, avant de mourir en 2024. Sa fille, Keiko, est entrée également en politique, mais les Nikkei ne l’ont pas particulièrement soutenu, d'autant que son frère cadet, Kenji Fujimori lui dispute l'héritage du père, y compris en matière de corruption et de trafic d'influence aggravé, pour lequel il est poursuivi.

En 2024, les deux pays ont fêté avec beaucoup de faste les 125 ans de l’arrivée des premiers migrants japonais au Pérou. En 2023, une exposition était titrée « Japon-Pérou, 150 ans d’amitié » car les relations diplomatiques entre les deux pays remontent à 1873.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 avril 2025

 
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Livres, Littérature, 2 avril Bruno Teissier Livres, Littérature, 2 avril Bruno Teissier

2 avril : la journée du livre pour enfant

L’anniversaire de Hans Christian Andersen, le célèbre conteur danois, né en 1805, est le prétexte à une Journée  internationale du livre pour enfant (International Board on Books for Young people), IBBY, depuis 1967.

 

L’anniversaire de Hans Christian Andersen, le célèbre conteur danois, né en 1805, est le prétexte à une Journée  internationale du livre pour enfant (International Children's Book Day), initié par IBBY en 1967.

L'International Board on Books for Young People (IBBY) est une organisation à but non lucratif, créée en 1952, qui représente un réseau international de personnes du monde entier qui se sont engagées à rapprocher les livres et les enfants. L’IBBY a son siège à Bâle, en Suisse.

Chaque année, un thème et un pays parrain sont choisis pour accueillir la fête. Les Pays-Bas sont honorés d'être sponsor officiel de l'ICBD 2025, avec pour thème : “La liberté d'imagination”et pour devise, la dernière phrase du poème Le langage des images :

« Faites des images pour mon poème, et n'hésitez pas : ces mots vous appartiennent même s'ils viennent de moi. »

Le poème est issu du recueil de poésie illustré Alle wensen van de weld (2021) de Rian Visser et de l'illustratrice Janneke Ipenburg.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er avril 2025

 
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1936, Inde, fête régionale, 1er avril Bruno Teissier 1936, Inde, fête régionale, 1er avril Bruno Teissier

1er avril : l’Odisha fête son anniversaire

La Journée de l'Odisha fête la séparation, le 1er avril 1936, des provinces du Bihar et de l’Orissa. Aujourd'hui, deux États pauvres de l’est de l’Inde. L’Orissa est ensuite devenu l’Odhisa.

 

La Journée d'Odisha (Odisha Divas ou Utkala Dibasa) fête la séparation des provinces du Bihar et de l’Orissa, le 1er avril 1936. Ces deux provinces ont formé en 1947 deux États de l’Union indienne. Ce sont d’ailleurs les seuls qui existaient avant l’indépendance. La superficie de l’Orissa a doublé en 1950. Cet État de l’est de l’Inde est aussi le premier à avoir été créé consciemment sur une base linguistique, celle de l’odia (autrefois appelée oriya), sa langue nationale. Et en 2010, l’Orissa a changé son nom en Odisha, plus conforme à la prononciation en odia.

Cette date du 1er avril fait aussi référence à la séparation par les autorités britanniques, le 1er avril 1912, de la province du Bihar et Orissa de celle du Bengale, plus au nord. L’Odisha fut un royaume puissant appelé Kalinga qui est tombé sous la coupe du sultan du Bengale au XVIe siècle et des Moghols, puis des Britanniques au XVIIIe siècle.

Utkala Dibasa (ou Odisha Dibasa ou encore Vishuva Milan) est une véritable fête nationale locale, le jour est férié, on tire des feux d’artifice. Des chants autochtones célébrant l'esprit de l'Odisha sont interprétés lors d'événements organisés par le gouvernement de l'Odisha. Cette journée est également connue sous le nom de Journée de la Fondation d'Odisha et de Vishuva Milan.

Le héros de la journée s’appelle Madhusudan Das. Cet avocat réformateur avait fondé en 1903, l’ Utkal Sammilani, un mouvement politique objectif principal était d'unifier les régions parlant l'odia en une seule province. C’est ce projet national qui est à l’origine de l’État d’Odhisa, fondé un demi siècle plus tard.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 mars 2025

Les œuvres d’art en sable de l’artiste Sudarsan Pattnaik sur la plage de Puri sont devenues une coutume à l'occasion d'Utkala Dibasa.

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

31 mars : journée internationale de visibilité transgenre

La journée internationale de visibilité transgenre, aussi connue sous le nom de TDoV pour Trans Day of Visibility. Elle a été mise en place pour sensibiliser à la discrimination dont sont victimes les personnes transgenres.

 

La journée internationale de visibilité transgenre, aussi connue sous le nom de TDoV pour Trans Day of Visibility. Elle a été instaurée pour sensibiliser à la discrimination dont sont victimes les personnes transgenres.

TDoV a été célébrée pour la première fois en 2009. Elle a été fondée par Rachel Crandall, une militante transgenre du Michigan, aux États-Unis, qui estimait que la communauté LGBT manquait de jours fériés dédiés aux personnes transgenres. Elle est aujourd’hui célébrée dans de nombreux pays, les démocraties libérales.

Un premier événement français a eu lieu le 31 mars 2018 à Paris, co-organisé par l'Inter-LGBT, Pari-T, le centre LGBT Paris Île de France, les associations Bi’Cause et MAG Jeunes LGBT. En 2025, divers rassemblements sont organisés dans de nombreuses villes de France.

En 2024, TDOV a coïncidé avec la fête chrétienne de Pâques. Le soutien que lui a apporté le Président Biden a été un argument de campagne de Donald Trump contre lui. L’élection de ce dernier à la présidence et la révolution réactionnaire qu’il a enclenchée ont créé une grande inquiétude dans les milieux LGBT+.

Si le TDOV est ancré dans la célébration, les manifestations et les marches restent essentielles à l'événement en raison des menaces juridiques et culturelles croissantes qui pèsent sur les droits des personnes transgenres. Selon l'Union américaine pour les libertés civiles (American Civil Liberties Union), plus de 450 projets de loi anti-LGBTQ ont été déposés dans les assemblées législatives des États de l’Union.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 mars 2025

 
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Inde, Nouvel an Bruno Teissier Inde, Nouvel an Bruno Teissier

30 mars : c’est Ugadi, le Nouvel an de l’Inde du Sud

Ugadi ou Yugadi, également connu sous le nom de Samvatsarādi (qui signifie « début de l'année), est le jour de l'An selon un calendrier hindou luni-solaire. Cette fête est principalement célébrée dans les États indiens d'Andhra Pradesh, de Telangana et de Karnataka.

 

Ugadi (en télougou : ఉగాది) ou Yugadi (en kannada : ಯುಗಾದಿ), également connu sous le nom de Samvatsarādi (qui signifie “début de l'année”), est le jour de l'An selon un calendrier hindou luni-solaire. Cette fête, en rapport avec le solstice de printemps, est principalement célébrée dans les États indiens d' Andhra Pradesh, de Telangana et de Karnataka. Le premier jour de chaque année, qui est aussi le premier jour du mois de chaitra, est appelé « Ugadi », composé de yuga, “âge” ou “année” en sanscrit, et ādi qui signifie “début”.

Au Maharashtra, à Goa et même à l’île Maurice, cette fête est connue sous le nom de Gudi Padwa (en marathe : गुढीपाडवा, en konkanais : गुडीपाडवो). À Bali, elle porte de le nom de Nyepi est fêtée les 29 et 30 mars de 2025. On entre dans l’année 1947 du calendrier balinais. La date de ce Nouvel an de l’Inde du Sud, tombe chaque année à la fin du mois de mars ou début avril.

Ugadi ou Gudi Padwa est l’occasion de repas en famille, d’échanges de cadeaux et de visites au temple. Les jours précédents, on aura préparé la nouvelle année en notoyant la maison et en faisant l’acquisition de vêtements neufs. Le plat spécial préparé pour ce jour-là est le pachadi est un plat festif remarquable qui combine toutes les saveurs : sucré, acide, salé, amer, astringent et piquant. Dans les traditions hindoues telugu et kannada, c'est un rappel symbolique à ce à quoi qu'il faut s'attendre pour la nouvelle année (un mélange d'humeurs différentes (tristesse, joie, colère, peur, dégoût, surprise), afin d’en tirer le meilleur parti.

Les prochaines dates d’Ugadi : 20 mars 2026, 7 avril 2027, 27 mars 2028…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 mars 2025

Le pachali du Jour de l’An

 
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1985, Chili, assassinat d'opposant, 29 mars Bruno Teissier 1985, Chili, assassinat d'opposant, 29 mars Bruno Teissier

29 mars : la Journée du jeune combattant chilien

Cette commémoration a été instituée par un mouvement d’extrême gauche pour dénoncer la mort des frères Eduardo et Rafael, âgés de 18 et 19 ans, décédés après leur arrestation par la police. Tous deux étaient des combattants contre la dictature d’extrême droite du général Pinochet.

 

La Journée du jeune combattant (Día del joven combatiente) n’est pas une commémoration officielle au Chili. Elle a été instituée par un mouvement d’extrême gauche, le MIR qui luttait contre la dictature de Pinochet.

C'est l'anniversaire de la mort des frères Eduardo et Rafael Vergara Toledo, âgés de 18 et 19 ans, deux militants du MIR. Ces combattant contre la dictature sont décédés après leur arrestation par la police. Les rapports d'autopsie ont révélé que les deux frères sont morts à cause de traumatismes multiples causés par des balles et Rafael a trouvé la mort, après avoir reçu une balle tirée dans la nuque à bout portant. On était le 29 mars 1985, Augusto Pinochet, le général putschiste, était au pouvoir.

Depuis, chaque 29 mars, des rassemblements se forment dans divers quartiers de Santiago pour dénoncer les crimes commis pendant la dictature de l’extrême droite et demander la vérité et la justice pour les violations des droits humains par les services de l’État. Le régime militaire (1973-1990) a causé la mort ou la disparition de quelque 3000 personnes et l’exil de 200 000 Chiliens.

Les années passant, certaines manifestations du 29-Mars dégénèrent en affrontements violents avec la police dans diverses parties de Santiago ou des villes de province, ainsi que dans certaines universités. Beaucoup de manifestions sont encagoulés et comment des actes de vandalisme, des pillages et divers incidents sur la voix publique. Au point que la journée du jeune combattant est parfois surnommée la « Journée du jeune délinquant » (Día del joven delincuente).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 mars 2025

De jeunes Chiliens réclament justice pour le meurtre des frères Vergara Toledo (Photo : Paulo Slachevsky)

Le mémorial de Villa Francia, à Santiago, sur le lieu où s’est déroulé le drame

 
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