L’Almanach international

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14 décembre : Hanoucca, la fête juive de la lumière

Ce jeudi soir, chaque famille juive est invitée à exposer à sa fenêtre ou à sa porte, la hanoukia, le chandelier à neuf branches dont elle va allumer une bougie chaque soir durant huit jours. Une fête de la lumière qui en rappelle beaucoup d’autres, mais la tradition fait remonter cette observance à une victoire sur les Syriens au IIe siècle avant J.-C.

 

Ce soir, chaque famille juive est invitée à exposer à sa fenêtre ou à sa porte, la hanoukia, le chandelier à neuf branches dont elle va allumer une bougie chaque soir durant huit jours. Il est d’usage, durant cette période, de donner des étrennes aux enfants, de s’offrir des cadeaux dont le plus traditionnel est le dreidi, une toupie à 4 faces dont chacune contient une lettre hébraïque.

Comme la Noël des chrétiens, Hanoucca (הכנח) ou Hanouka est une fête aux lointaines origines païennes qui, jadis, célébrait le solstice d'hiver (fin décembre). C’est aussi le cas de la Sankta Lucia des Suédois ou de l’allumage des bougies de l’Adventskranz en Allemagne qui rappelle la tradition de HaHanoukka… En Europe ou en Amérique du Nord, la popularité d’Hanoucca vient du fait qu’elle s’insère bien dans l’ambiance de Noël, toutes religions confondues. Cette année, la fête juive des lumières commence le 14 décembre soit la veille du 25 Kislev de l’an 5787 du calendrier hébraïque, et se prolonge jusqu’au 22 décembre 2025.

Cette fête des lumières a aussi été dotée d’un argumentaire religieux : selon la tradition, elle commémore la victoire d’une famille juive, les Maccabées, sur les Syriens qui souhaitaient anéantir le judaïsme et helléniser la totalité du royaume au IIe siècle avant J.-C. Après trois ans de combat et la restauration du temple de Jérusalem profané, on découvrit une fiole d’huile servant à alimenter la menora (chandelier) qui, au lieu de ne brûler qu’une seule journée se consuma pendant huit jours. Les sages instituèrent alors la fête de la Hanoucca qui dépasse la simple commémoration d’une victoire mais souligne plutôt le risque de l’assimilation qui menace régulièrement l’identité juive. Une parabole qui ne manque pas d’être rappelée dans le contexte de l’après 7-Octobre en Israël, où on escompte une « victoire » militaire.

L’allumage des bougies est un rite caractéristique de cette fête. La première bougie à allumer se positionne à droite. Chaque jour, la nouvelle bougie est placée à gauche de celle de la veille et c'est par elle que l’on débute. Chaque nouvel allumage est réalisé à l’aide de la neuvième bougie (au centre), le shammash, et non pas d’une bougie déjà allumée! La hanoukia doit être placée près d’une fenêtre pour être visible de la rue (seulement si celle-ci est au rez-de-chaussée ou au 1er étage) ou près d’une porte du côté gauche en entrant. Ces lumières doivent briller au moins une demi-heure après la tombée de la nuit.

Pour se souhaiter un joyeux Hanouka, les fidèles ont pour habitude de dire "Hag Sameah" ou "Hanouka Sameah".

La fête de Hanoucca est variable sur le calendrier grégorien : du dimanche 14 au lundi 22 décembre 2025 ; du vendredi 4 au samedi 12 décembre 2026 ; du vendredi 24 décembre 2027 au samedi 1er janvier 2028…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2025

 
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Pièce israélienne, émise en 1985, reproduisant une monnaie du Ier siècle av. J.-C.

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Colombie, Guatemala, catholiques, 7 décembre Bruno Teissier Colombie, Guatemala, catholiques, 7 décembre Bruno Teissier

7 décembre : en Colombie, des bougies en hommage à la Vierge ; au Guatemala, on chasse le diable

La veille de la fête catholique de l’Immaculée conception, les Colombiens ont pris l’habitude d’allumer des lampions pourvus d’une petite bougie à placer devant sa maison. Au Guatemala, chaque 7 décembre, les familles se rassemblent à 18h devant leurs maisons et font des feux de joie pour brûler des effigies de Satan.

 

La veille de la fête catholique de l’Immaculée conception, les Colombiens ont pris l’habitude d’allumer des lampions pourvus d’une petite bougie. L’usage veut que ces bougies et lanternes puissent être vues partout. Chaque 7 décembre, au soir, on les installe devant les maisons, sur les porches, les balcons, les fenêtres, les rues, les trottoirs, les places, les parcs. Dans certaines villes, c’est un véritable de lanternes et de bougies sont organisés par les municipalités. Cette veille du 8-Décembre est connue comme El día de las velitas ou noche de las velitas, car les festivités ont lieu la nuit qui précède la fête de l'Immaculada Concepción de la Virgen María, jour férié comme dans la plupart des pays d’Amérique latine. Cette fête marque le début de la saison de Noël, on prépare les premier  buñuelo (beignet de Noël). Bogota est entièrement décorée, et de nombreuses familles passent la soirée dans les rues à admirer les éclairage de Noël et à visiter des crèches des églises, des concerts de chants de Noël et d'autres spectacles ont lieu en plein air. Les magasins, centres commerciaux, musées et autres lieux publics prolongent généralement leurs heures d’ouverture le soir du 7 décembre.…

En France, la ville de Lyon organise chaque 8 décembre, une fête des lumières qui, à l’origine, se limitait à quelques bougies sur le rebord des fenêtres mais qui a prix l’allure d’un festival attirant deux millions de visiteurs.

Au Guatemala, cette veillée s’est transformée en une célébration magico-religieuse : le feu du Diable (Quema del diablo). Chaque 7 décembre, les familles se rassemblent à 18h devant leurs maisons et font des feux de joie pour brûler des effigies de Satan. On pense que ce rituel purifie les maisons du mal. On laisse les enfants jouer avec le feu, les marchands de feu d’articice envahissent les rues. Ce soir-là, on brûle un peu tout et n’importe quoi ce que dénoncent les écologistes locaux.

La tradition de brûler le diable semble être apparue à l’époque coloniale, plusieurs siècles avant que l’Église n’invente la fête qui sera célébrée demain. En effet, la fête de l'Immaculada Concepción de la Virgen María, repose sur un dogme qui fut proclamé comme tel par le pape Pie IX dans la bulle Ineffabilis Deus du 8 décembre 1854. On peut citer ailleurs dans le monde d’autres cérémonials de purification comme Tchaharchanbé-Souri , Trndez ou Walpurgis.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 décembre 2023

 

Éclairage sur la rivière Medellín, Colombie

Quema del diablo, (photo : tvaztecaguate)

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1989, Canada, femmes, 6 décembre Bruno Teissier 1989, Canada, femmes, 6 décembre Bruno Teissier

6 décembre : la journée canadienne contre la violence faite aux femmes

Aujourd’hui au Canada, il convient de porter un ruban blanc à la boutonnière et d’observer une minute de silence à 11 heures si on veut participer à la Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes. La commémoration, c’est celle du massacre de 14 jeunes femmes, le 6 décembre 1991 par un individu affirmant lutter contre le féminisme.

 

Aujourd’hui au Canada, il convient de porter un ruban blanc à la boutonnière et d’observer une minute de silence à 11 heures si on veut participer à la Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes ou, plus simplement, à la Journée du ruban blanc.

La commémoration, c’est celle du massacre de 14 jeunes femmes, le 6 décembre 1991 par un homme affirmant lutter contre le féminisme. Ce meurtre de masse, véritable acte terroriste antiféministe, a été perpétré à l’École polytechnique de Montréal, par un individu lourdement armé. Chaque 6 décembre, l’université organise une cérémonie du souvenir des victimes (Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault, Annie Turcotte, Barbara Klucznik-Widajewicz). Dix ont été gravement blessées. 

La commémoration ne se limite pas au Québec. Depuis 1990, chaque 6 décembre, les drapeaux canadiens sont mis en berne sur les bâtiments fédéraux, y compris la Tour de la Paix sur la Colline parlementaire (Parliament Hill).  La commémoration a également des échos ailleurs, notamment à Paris où, place du Québec, 6e arrond., un rassemblement féministe a lieu chaque année à 19h.

La mémoire a dû faire son chemin, il a fallu attendre 2019, le 30e anniversaire de la tuerie pour qu’une nouvelle plaque commémorative, place du 6-décembre-1989 à Montréal, mentionne enfin que « quatorze femmes ont été assassinées lors d’un attentat antiféministe ». La première plaque, rédigée en 1999, ne mentionnait qu’une « tragédie survenue à l’École polytechnique », sans préciser le caractère antiféministe du massacre. 

Mais, les féminicides au Canada ne se limitent pas à ce crime de masse. D’après l'Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilité, 184 femmes ont été tuées en 2022, ce qui correspond à une augmentation de 20 % par rapport à 2019. Près de 60 % des victimes ont été tuées par leur compagnon ou par un ancien partenaire, note encore l'Observatoire. Le rapport souligne également la surreprésentation en la matière des femmes autochtones, qui constituent 36 % des victimes de féminicides et seulement 5 % de la population canadienne.

Le 6 décembre s’inscrit dans le cadre des Seize Jours de militantisme contre la violence faite aux femmes, qui se déroulent chaque année entre le 25 novembre et le 10 décembre. Pendant cette période, les ONG Canadienne encouragent leurs membres et militant(e)s à prendre part aux conversations sur les réseaux sociaux sur le sujet et de participer à la lutte pour mettre fin à la violence sexiste, en utilisant le mot-clic #16Jours.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 décembre 2023

 
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1984, Nouvelle-Calédonie, assassinat, 5 décembre Bruno Teissier 1984, Nouvelle-Calédonie, assassinat, 5 décembre Bruno Teissier

5 décembre : les Kanaks commémorent l’assassinat des dix de Tiendanite

Alors qu’en métropole, on rend hommage aux victimes civiles et militaires des guerres coloniales en Afrique du Nord, en Nouvelle-Calédonie on se souvient des dix Kanaks victimes d’une embuscade tendue par des Caldoches (Néocalédoniens d’origine européenne), le 5 décembre 1984. Le Caillou vivait alors une situation de quasi guerre civile dont la mémoire n’est pas totalement digérée.

 

Alors qu’en métropole, on rend hommage aux victimes civiles et militaires des guerres coloniales en Afrique du Nord, en Nouvelle-Calédonie on se souvient des dix Kanaks victimes d’une embuscade tendue par des Caldoches (Néocalédoniens d’origine européenne), le 5 décembre 1984.

Chaque 5 décembre, se tient à Tiendanite, une cérémonie en souvenir des dix militants kanaks assassinés. On se retrouve entre amis, voisins, cousins. On accueille des collégiens et lycéens pour leur transmettre la mémoire des luttes indépendantistes. Des membres du Sénat coutumier de Nouvelle-Calédonie sont là. Mais les officiels français ne sont pas les bienvenus. L’an dernier les fils de Jean-Marie Tjibaou, le chef du FLNKS de l’époque, neveux et cousins de plusieurs victimes, ont refusé d’accueillir le ministre Darmanin sur le site où se trouve aujourd’hui le mémorial dédié aux victimes.

La Nouvelle-Calédonie vivait à l’époque une véritable guerre civile, les indépendantistes manifestaient, coupaient les routes… Alors qu’ils revenaient d’une réunion politique à la mairie de Hienghène, des militants du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) circulant à bord de deux camionnettes. À Wan’Yaat, ils sont tombés dans une embuscade que des Caldoches avaient minutieusement préparée pour faire le plus de victimes possibles. Celle-ci fut d’une extrême violence, les hommes poursuivis, les chiens lâchés, les blessés achevés et les corps mutilés… On relèvera 10 morts, dont deux frères de J.M. Tjibaou ainsi plusieurs de ses neveux et cousins, ainsi que 5 blessés graves. Les terroristes sont de petits propriétaires de la vallée, descendants de colons, craignant d’être chassés de leurs exploitations en cas d’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Cinq jours plus tôt Jean-Marie Tjibaou avait hissé pour la première fois le drapeau bleu rouge et vert de la Kanaky (le nom du pays adopté par les autochtones).

Les assassins se sont rendus et reconnaîtront les faits. Mais, ils ne seront jamais condamnés. La justice française va évoquer un motif de « légitime défense préventive » qui  n’existe pas en droit français, pour prononcer leur acquittement. Les sept auteurs, membres des familles Mitride et Lapetite ont été relaxés par la cour d'assises de Nouméa le 29 octobre 1987. Le jury était composé exclusivement d'Européens et le juge d'instruction, un ancien militaire, avait déjà annoncé un non-lieu… Cela fait 39 ans que les Kanaks se se heurtent au silence de l’État français et des familles des coupables, avec le sentiment profond que justice n’a pas été faite. 

Après ce drame, Jean-Marie Tjibaou réagira en déclarant : « La chasse au Kanak est ouverte ». La guerre civile ne fera que s’aggraver. En représailles, les indépendantistes vont multiplier les incendies de maisons caldoches situées en brousse. Plusieurs dizaines de morts seront à déplorer dans les deux camps… En 1988, des Kanaks prendront en otage cinq gendarmes dans une grotte de l’île d’Ouvéa. Le 5 mai, sur ordre d’un ministre du gouvernement Chirac, un commando ouvre le feu, entraînant la mort de dix-neuf Kanaks et deux gendarmes. C’est ce nouveau drame qui fera enfin prendre conscience à Paris de la gravité de la situation.

Aujourd’hui, la situation n’est plus la même mais reste tendue. La question de l’indépendance n’est toujours pas tranchée aux yeux des Kanaks qui ont boycotté le dernier référendum.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 décembre 2023

 

détail du drapeau kanak

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1971, Inde, marine, 4 décembre Bruno Teissier 1971, Inde, marine, 4 décembre Bruno Teissier

4 décembre : l’Inde célèbre ses forces navales

La Journée de la marine, en Inde, rappelle la première victoire navale d’importance. L’Inde qui aidait le Bangladesh à se libérer de la tutelle du Pakistan occidental. Elle avait lancé une attaque navale, victorieuse, sur le port de Karachi, quartier général des forces navales du Pakistan, le 4 décembre 1971.

 

Beaucoup de pays fêtent leur marine le jour anniversaire de leur fondation, ce n’est pas de cas de l’Inde où la Journée de la marine (Navy Day, भारतीय नौसेना दिवस), chaque 4 décembre, rappelle la première victoire navale d’importance. C’était pendant la deuxième guerre contre le Pakistan. L’Inde qui aidait le Bangladesh à se libérer de la tutelle de son voisin occidental, avait lancé une attaque navale sur le port de Karachi, quartier général des forces navales du Pakistan. L’opération baptisée “ Trident ” permit, le 4 décembre 1971, de détruire quatre navires pakistanais et de neutraliser la principale base navale de l’ennemi.

Cette victoire navale, n’était pas vraiment la première. Une décennie plus tôt, l’opération Vijay, le 19 décembre 1961, avait permis à l’Inde de prendre la ville de Goa, mais les Portugais s’étant à peine défendu, la victoire n’était pas aussi glorieuse que celle que l’Inde remportera sur son voisin en 1971.

La journée de la marine a été célébrée pour la première fois en 1944, le 21 octobre, date d’une victoire anglaise sans pareille. Elle a ensuite été déplacée au 1er décembre, puis en 1972, au 4 décembre. Il était difficile de faire référence à une fondation, car l’Inde a hérité des forces navales qu’ont bien voulu leur laisser les Anglais après 1947. Autrement dit, juste quelques navires pour surveiller ses côtes. Trois quarts de siècle plus tard, elle dispose d’une des dix flottes les plus importantes du monde ( la 7e, 6e voire 5e selon les critères et les années de référence, en concurence avec celles de la France et du Royaume uni).

D’ordinaire, les célébrations ont lieu à Visakhapatnam, le grand port du golfe du Bengale. Mais cette année, la Journée de la marine indienne est célébrée au fort de Sindhudurg qui a été construit sur le littoral de la mer d’Aden, au sud de Bombay, par l’empereur marathe Chhatrapati Shivaji Maharaj en 1660. L'événement est animé par l'amiral R Hari Kumar, chef d'état-major de la marine. Il verra la participation de 20 navires de guerre ainsi que de 40 avions, dont le MiG 29K et le LCA Navy. Le Premier ministre Narendra Modi assiste à la cérémonie du fort de Sindhudurg aux côtés du ministre en chef du Eknath Shinde et d'autres dignitaires. Après l'événement, N. Modi dévoilera la statue de Chhatrapati Shivaji Maharaj au fort de Rajkot, à Medha, Malvan.

La branche navale des forces armées indiennes a été fondée en 1612 par la Compagnie des Indes orientales et sera rebaptisée "Marine indienne" le 26 janvier 1950, deux ans et demi après l'indépendance. Il était difficile de célébrer l’origine britannique des forces navales indiennes. D’autant qu’en Inde, c’est Chhatrapati Shivaji Maharaj, l’empereur marathe du XVIIe siècle, qui est considéré comme le « père de la marine indienne ». Conscient très tôt de l’importance d’une présence maritime, il est connu pour avoir établi une solide force navale afin d’asseoir son empire marathe et résister aux menaces extérieures, notamment celle des Hollandais, des Portugais et des Britanniques. Son objectif était aussi de protéger la côte de Konkan (autour de Bombay) de la piraterie. Mais la continuité avec cette flotte marathe du XVIIe siècle et la marine actuelle est difficile à établir.

Le 4 décembre n’est pas un jour férié en Inde, mais une commémoration officielle. Les cérémonies, outre des dépôts de gerbes aux monuments aux morts, comprennent un spectacle de musique navale, une danse animée de cornemuse présentée par les cadets du SCC… Les festivités se terminent par un spectacle laser éblouissant au fort historique de Sindhudurg. Durant la journée, dans les ports militaires du pays des navires de guerre sont proposés à la visite exceptionellement.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 décembre 2023

 

Spectacle en mer au large de Visakhapatnam

Visite de navire de guerre

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chrétiens Bruno Teissier chrétiens Bruno Teissier

3 décembre : l’Avent en attendant Noël

Ce dimanche est le premier dimanche de l’Avent pour les Églises chrétiennes utilisant le calendrier grégorien (catholiques, luthériens, anglicans et une partie des orthodoxes). C’est le début d’une période, l’Avent, qui se terminera la veille de Noël.

 

Ce dimanche est le premier dimanche de l’Avent pour les Églises chrétiennes utilisant le calendrier grégorien (catholiques, luthériens, anglicans et une partie des orthodoxes). L’Avent débute le quatrième dimanche avant Noël et marque aussi le début de l’année liturgique. La date du 3 décembre est la plus tardive possible, car l’Avent peut aussi débuter fin novembre. De fait, l’Avent 2023 sera particulièrement court : 22 jours contre 28, l’année dernière. Cela dit, les calendriers de Noël, vendus dans le commerce, proposant une image ou de plus en plus souvent un chocolat, commencent tous au 1er décembre qui est la date intemporelle de l’Avent dans le monde laïque, et ne proposent que 24 cases. Plutôt que des cases à ouvrir, en Allemagne, on allume une bougie chaque dimanche, un rituel qui n’est pas sans rappeler la fête juive de Hanoucca qui se déroule à la même période.

Jadis, l’Avent commençait juste après 11 novembre, jour de la Saint-Martin, et faisait l’objet d’un jeûne, trois jours par semaine. L’Église occidentale a réduit l’Avent à quatre semaines au lieu de six et aujourd’hui ne préconise ni jeûne ni abstinence pendant cette période d’attente de Noël. En revanche, les Églises orientales ont conservé un Jeûne de la Nativité qui débute le 15 décembre (du calendrier grégorien) pour se terminer le 6 janvier. Sauf chez les melkites où ce jeûne commence le 10 décembre et les Arméniens qui jeûnent, en principe, du 30 décembre au 5 janvier.

Avent vient du latin Adventus (arrivée). Jadis, le français l’écrivait Advent, orthographe transmise à l’anglais qui l’a conservé.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 décembre 2023

 
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1804, 1805, 1851, 1852, France, bataille célèbre, 2 décembre Bruno Teissier 1804, 1805, 1851, 1852, France, bataille célèbre, 2 décembre Bruno Teissier

2 décembre : la gloire de Napoléon

Les élèves de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr célèbrent chaque 2 décembre la victoire militaire du fondateur de leur établissement : l’empereur Napoléon Ier. Ils sont bien les seuls, car les autorités françaises restent très réticentes à glorifier la geste napoléonienne. En revanche, en République tchèque, on organise chaque année, à Slavkov u Brna (Austerlitz), une reconstitution de la célèbre bataille en costume d’époque à laquelle participent un millier de figurants venus de toute l’Europe.

 

Les élèves de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr célèbrent chaque 2 décembre la victoire militaire du fondateur de leur établissement : l’empereur Napoléon Ier. La tradition remonte au Second Empire quand le 1er décembre au soir avait lieu une bataille de polochons dans les dortoirs de l’établissement et le lendemain une veillée aux flambeaux. À partir de 1920, la direction de l’école a autorisé une reconstitution de la bataille qui se déroule aujourd’hui à grande échelle sur les terrains de Coëtquidan chaque 2 décembre. La bataille ainsi mythifiée est bien sûr celle d’Austerlitz, en 1805, la plus brillante des victoires de l’Empereur face aux armées autrichienne et russe, que la Prusse s’apprêtait à rejoindre. Les lettres du nom de la bataille servent même de calendrier à l’école : A pour octobre, U pour novembre, S pour décembre… Ainsi les saint-cyriens fêtent aujourd’hui le « 2S ». L’an un de l’école étant 1805, ainsi dans le langage saint-cyrien, on ne parle pas du 2 décembre 2023 mais du « 2S 218 », soit l’année 218 à partir d’Austerlitz. Partout dans le monde où ils se trouvent, les officiers issus de Saint-Cyr célèbrent la glorieuse victoire. Le 1er décembre, selon le calendrier catholique, est la fête du Bienheureux Père Charles de Foucauld, confesseur de la Foi et également ancien élève de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr. Il est souvent associé aux célébrations de cette école où règne toujours une poignée d'étudiants ultra conservateurs, volontiers traditionalistes et fasciné également par l’épopée coloniale.

Au lendemain de la bataille, dans sa proclamation à ses soldats, Napoléon avait écrit : « Je vous ramènerai en France. Vous ne rentrerez dans vos foyers que sous des arcs de triomphe ». La promesse ne sera tenue qu’en 1806, et il faudra 36 ans pour que l’Arc de Triomphe de l’Étoile soit achevé. Napoléon n’en profitera que pour le retour de ses cendres. Aujourd’hui, le monument n’est plus perçu comme ayant été construit à sa gloire. La République en a fait un symbole patriotique. Ce soir, toutefois, c’est bien sûr une délégation de l’école de Saint-Cyr qui va ranimer la flamme. Une tradition qui n’a que cent ans d’âge et qui n’a rien à voir avec la geste napoléonienne.

La journée du 2 décembre est doublement  liée à l’Empereur, puisque c’est ce même jour qu’il s’était lui-même couronné empereur dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Pour son sacre, il avait fait venir de Rome le pape Pie VII. C’était en 1804, il y a 219 ans aujourd’hui.

Les passionnés des Bonaparte célèbrent aussi le neveu, Louis-Napoléon Bonaparte, élu président de la république le 2 décembre 1851 et couronné empereur, sous le nom de Napoléon III, l’année suivante, le 2 décembre bien sûr, la date n’avait pas été choisie au hasard !

Voilà donc une journée à la gloire des Bonaparte. Mais est-ce par malice que l’ONU a placé le 2 décembre une Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage ? Sachant que Napoléon, s’il a largement repris à son compte l’héritage de la Révolution de 1789 dont il a fait profiter une partie de l’Europe, en a renié au moins un en rétablissant l’esclavage que la révolution avait pourtant aboli huit ans plus tôt, en 1794.

Napoléon, on le voit a aussi sa part d’ombre, on lui reproche également toutes ses guerres qui ont fait tant de morts partout en Europe, notamment en Espagne, au point que les autorités françaises ont souvent renoncé à célébrer la gloire napoléonienne. En 2005, Jacques Chirac et Dominique de Villepin, alors au pouvoir, ont préféré boycotter le 200e anniversaire d'Austerlitz, à la grande surprise de beaucoup de Français. La célébration française était pourtant tout à fait exceptionnelle. Les Anglais qui célèbrent chaque année la bataille de Trafalgar ont bien moins de scrupules.

En République tchèque, on organise chaque année, à Slavkov u Brna (Austerlitz), une reconstitution de la célèbre bataille en costumes d’époque. Un millier de passionnés, viennent tous les ans d’une quinzaine de pays, pour honorer la mémoire de ceux qui sont tombés à Austerlitz (18 000 morts tout de même !). La seule variante : depuis 2022, faute de visas, les ressortissants russes ne peuvent plus se joindre à la célébration.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er décembre 2023

 

La bataille d'Austerlitz (détail) par François Gérard, Musée de Trianon

Le monument aux morts du plateau de Pratzen (où s’est déroulé la bataille), en mémoire des soldats russes, autrichiens et français tombés le 2 décembre 1805. 

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1990, Tchad, chute du dictateur, démocratie, 1er décembre Bruno Teissier 1990, Tchad, chute du dictateur, démocratie, 1er décembre Bruno Teissier

1er décembre : la Journée de la liberté et de la démocratie au Tchad, un pays qui ne pratique ni l’une ni l’autre

Cette date du 1er décembre commémore la chute du terrible dictateur Hissène Habré, renversé par un soulèvement populaire mené par Idriss Déby en 1990. Cela avait permis un retour à la démocratie. Mais en trois décennies d'un règne de plus en plus autoritaire, le président Déby a anéanti toute liberté et esprit démocratique. Le régime de son fils, qui lui a succédé, a débuté dans un climat de terreur comparable à celui qui existait sous Hissée Habré.

 

Cette date du 1er décembre commémore la chute du terrible dictateur tchadien Hissène Habré provoquée par un soulèvement populaire mené par Idriss Déby en novembre 1990. Le 1er décembre, Hissène Habré était renversé et s’exilait au Sénégal. Le 2 décembre, Idriss Déby prenait la tête du Tchad. Depuis 1991, la Journée de la Liberté et de la Démocratie célèbre, par un jour férié et chômé, ce changement politique. Mais avec le temps il est simplement devenu une journée de célébration du régime. Mais, en 32 ans d’existence, celui-ci a petit à petit évolué vers de plus en plus d’autoritarisme et de moins en moins de démocratie.

Après le renversement d’Hissène Habré, la constitution a été modifiée, le Tchad a ratifié les conventions internationales relatives aux droits humains. La presse est devenue libre, la justice s’est mise à fonctionner… Mais tout cela n’a duré qu’une décennie… La situation a commencé à se dégrader à partir de 2000 avec le projet d’exploitation pétrolière confié aux américains Chevron et Texaco. Pour les hommes au pouvoir, les enjeux financiers sont devenus tellement importants que les manifestations populaires ont été de plus en plus violemment réprimées. Des groupes rebelles se sont formés et la guerre a débuté en 2006, soit trois après le début de la manne pétrolière. L’argent du pétrole n’a nullement amélioré le sort des Tchadiens, il a servi à faire la guerre. Le président Idriss Déby s’est accroché au pouvoir refusant tous dialogue, muselant l’opposition. Après six élections (alors que la constitution n’en autorisait que deux) et avec pour les dernières, des scores de type soviétique… il est finalement mort lors d’un accrochage militaire avec des rebelles armés, le 20 avril 2021.

Le régime désemparé a aussitôt désigné son fils, Mahamat Idriss Déby Itno, dit Kaka, comme président de la période de transition. Celle-ci devait durer deux ans, elle a été prolongée jusqu’en 2025. La manifestation du 20 octobre 2022 contre ce dénie démocratique a été réprimée avec une violence digne de celle qui régnait à l’époque d’Hissène Habré. Non seulement l’armée a tiré sur la foule et mais elle a investi les maisons pour en extirper les manifestants et les exécuter sur-le-champ, le bilan est de 100 à 300 morts.

C’est un régime de terreur qui célèbre ce 1er décembre 2023, la Journée de la liberté et de la démocratie par une cérémonie de prise d’armes à N’Djamena, place de la Nation, en présence du président général Déby. Comme le faisait son père, celui dépose une gerbe de fleurs aux monuments aux morts et assiste au traditionnel défilé militaire avec ses invités étrangers, notamment un représentant de la France qui dispose au Tchad une importante base militaire, la dernière qu’elle détient au Sahel. D’où un soutien de Paris au régime de N’Djamena en dépit de ses inquiétantes dérives.

La semaine dernière, en vue de la célébration du 1er décembre 2023, le pouvoir a amnistié "tous les civils et militaires" impliqués dans les "événements" du 20 octobre 2022, invoquant une "volonté de réconciliation nationale". L'opposition s'est insurgée contre une loi d'amnistie générale destinée à "soustraire à la justice les policiers et militaires auteurs d'un massacre". 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 novembre 2023

Mise à jour 2024 : cette année, la commémoration de la chute d’Hisène Habré (avec l’aide de la France à l’époque) se fait sans la France. Le président Déby qui vient de dénoncer l’accord militaire le liant à ce pays a demandé à Paris l’évacuation des bases militaires française.

 
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1947, Israël, juifs, 30 novembre Bruno Teissier 1947, Israël, juifs, 30 novembre Bruno Teissier

30 novembre : la Journée commémorative du départ et de l'expulsion des Juifs des pays arabes et d'Iran

En 1947, l’annonce du plan de partage de la Palestine accélérait l’exode des juifs séfarades et mizrahi des pays à majorité musulmane où ils vivaient. Au total ce sont quelque 850 000 juifs, peut-être un million, qui feront le choix de quitter leur pays ou qui en seront expulsés. Israël commémore chaque 30 novembre cet exode. Mais, compte tenu à ce qui est arrivé à Israël le 7 octobre dernier, l’ambiance actuelle invite plus à réfléchir à l’avenir d’Israël qu’à se pencher sur son passé.

 

Hier, l’ONU a marqué officiellement sa solidarité avec les Palestiniens comme chaque 29 novembre. Aujourd’hui, c’est Israël qui marque la Journée commémorative du départ et de l'expulsion des Juifs des pays arabes et d'Iran (יום זיכרון ליציאתם וגירושים של יהודים ממדינות ערב ומאיראן), une journée commémorative établis par la Knesset, le parlement israélien, en 2014.

La date choisie, outre qu’elle offre un contrepoint à la commémoration du 29 novembre, commémore les émeutes antijuives qui ont éclaté à Aden au Yémen au lendemain même du vote de l’ONU sur la partition de la Palestine mandataire, soit le 30 novembre 1947. Ces pogroms avaient provoqué la mort de 82 personnes et l’incendie du quartier juif de la ville. Ils ont surtout entraîné le départ de la presque totalité des juifs du Yémen, c’est-à-dire d’un pays où ils vivaient depuis 3000 ans. Le pays avait même connu un royaume juif yéménite bien avant que l’islam ne surgisse dans la péninsule arabique.

Au total ce sont quelque 850 000 juifs séfarades et mizrahi qui ont quitté les pays à majorité musulmane où ils vivaient, le plus souvent en y laissant tous leurs biens. Selon les cas, ils ont choisi de partir ou en ont été expulsés. D’ailleurs, les tensions n’ont pas débuté en 1947. L’Irak par exemple avait connu des émeutes à Bagdad, les 1er et 2 juin 1941, qui ont entraîné en dix ans le départ du pays de presque tous les 135 000 juifs qui y vivaient jusque-là.

Pour ceux qui ont choisi Israël pour destination, leur installation ne fut pas des plus confortables car ils n’étaient pas attendus. Les autorités ne se sont intéressées que très tardivement à leur situation. Cette journée commémorative du 30 novembre ne date que d’une loi de 2014 et le monument qui cultive la mémoire de leur sort n’a été inauguré qu’en 2021. Il se trouve à Jérusalem sur la promenade Hass.

En Israël, la plupart des jours fériés et des jours commémoratifs sont célébrés selon le calendrier hébraïque, mais celui-ci est rythmé par le calendrier grégorien. Toutefois, si le 30 novembre tombe un vendredi ou un samedi, la journée commémorative est reportée au jeudi qui le précède. Mais, compte tenu à ce qui est arrivé à Israël le 7 octobre dernier, l’ambiance actuelle invite plus à réfléchir à l’avenir d’Israël qu’à se pencher sur son passé. Sa connaissance n’est pourtant pas inutile pour éviter de renouveler les erreurs tragiques.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 novembre 2023

 

Juifs yéménites près d’Aden en route pour Israël, 1949 (photo Zoltan Kluger, National Photograph Collection, Government Press Office of Israel)

Le mémorial de Jérusalem situé près de la promenade Sherover. On le doit à une initiative de la Jewish American Society for Historic Preservation. Ce Mémorial créé par le sculpteur de Jérusalem Sam Philipe s’inspire de la photo de Zoltan Kluger.

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1947, Palestine, Israël, 29 novembre Bruno Teissier 1947, Palestine, Israël, 29 novembre Bruno Teissier

29 novembre : la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien dans un contexte de guerre

Cette journée, décrétée par l’ONU en 1977, n’était plus qu’une coquille vide. Ces dernières années, qui se souvenait encore de la cause palestinienne même le 29 novembre ? L’agression terrorisme du Hamas, le 7 octobre dernier, a tout changé, certainement de manière inéluctable.

 

La journée du 29 novembre est célébrée à la fois en Israël et en Palestine, mais pas avec la même arrière-pensée.

Il y a 76 ans, le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations unies votait sa résolution 181, prévoyant un plan de partage de la Palestine avec un « État juif » et un « État arabe ». Jérusalem ne devait appartenir à aucune des deux entités, mais serait placée sous un régime international spécial comme corpus separatum. Certes, l’exclusion de Jérusalem n’était pas une bonne nouvelle, mais pour la première fois, trente ans après la déclaration Balfour, la communauté internationale annonçait la création d’un État juif. Cette journée est connue en Israël comme le « Kaf-tet-b’November » (29 de novembre), mais elle est fêtée bien plus discrètement que l’anniversaire de la création d’Israël, en 1948.  Même si, en 2017, des cérémonies officielles ont été organisées à travers le pays pour marquer le 70e anniversaire de la décision, cette journée est de moins en moins célébrée. En effet, on connait la suite, l’hostilité des États arabes du voisinage a empêché l’application de ce plan, seuls les juifs, les armes à la main, ont pu créer un État, d’ailleurs nettement plus étendu que ce qu’il était prévu en 1947, provoquant la Nakba palestinienne.

Trois guerres israélo-palestiniennes plus tard, Yasser Arafat prononçait un discours devant l’Assemblée générale de l’ONU (le 13 novembre 1974) pour appeler la communauté internationale à reconnaître un État palestinien. Cette demande est restée lettre morte, notamment en raison du blocage de Washington. Mais en 1977, l’ONU décidait finalement que le 29 novembre serait désormais célébré comme la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. Ce jour-là, les successeurs d’Arafat sont invités chaque année à faire un discours devant l’Assemblée générale réunie en session extraordinaire, les opposants se font discrets et les pro-palestiniens se répandent en bonnes paroles, un peu partout dans le monde. Ici et là des manifestations rituelles de solidarités sont programmées, sans grande incidence sur le cours des choses. Jusqu’en 2023, la commémoration s’est faite de plus en plus discrète alors que plusieurs pays arabes ont fait  la paix  avec Israël sans contrepartie pour les Palestiniens, hormis la promesse de Jérusalem de renoncer (pour le moment) l’annexion de l’intégralité de la vallée du Jourdain… La terrible agression terroriste du Hamas, le 7 octobre 2023, le massacre de la population civile vivant aux abords de la bande de Gaza, les prises d’otages, y compris des enfants très jeunes ont transformé radicalement la situation. Dans un tel contexte des manifestations de solidarité avec le peuple palestinien pouvaient sembler déplacée.  Mais Netanyahou et son gouvernement d’extrême droite sont tombés dans le piège tendu par l’organisation terroriste palestinienne en noyant l’enclave de Gaza sous les bombes faisant dix fois plus de victimes civiles (le bilan n’est pas encore connu) que n’en ont fait les terroristes du Hamas. Si bien qu’une majorité de pays dans le monde a pris fait et cause pour le peuple palestinien, des manifestations sont prévues un peu partout, pas seulement à Tunis, une des rares capitales arabes à n’avoir jamais abandonné la cause palestinienne (cette année le cortège par à 13h du ministère du Tourisme et marchera jusqu’au théâtre municipal de Tunis). La plupart des mouvements d’extrême gauche dans le monde sont mobilisés pour ce 29 novembre bien plus qu’à l’accoutumée. À Paris un rassemblement est prévu place de la Sorbonne. Dans les pays qui ont signé des accords avec Israël, on se souvient subitement de la cause palestinienne bien occultée ces dernières années. À Moscou et à Pékin, on célèbre la journée en dénonçant le « deux poids deux mesures » des indignations de l’Occident. À New York, des militants prévoient de perturber la cérémonie d'allumage de l'arbre de Noël qui a lieu ce même jour. Même la Maison Blanche commence prendre conscience que rien ne sera plus comme avant et que le statu quo territorial ne pouvait conduire qu’à la catastrophe… Cette Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien 2023 ne devrait pas passer inaperçue comme les années précédentes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 novembre 2023

 
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Timor-Oriental, 1975, indépendance, 28 novembre Bruno Teissier Timor-Oriental, 1975, indépendance, 28 novembre Bruno Teissier

28 novembre : l’indépendance ratée du Timor oriental

Le 28 novembre 1975, après plusieurs siècles d’occupation portugaise, le FRETILIN, mouvement indépendantiste timorais, proclame la « République Démocratique du Timor oriental ». Mais cette république ne durera que neuf jours, anéantie par l’occupation militaire de l’Indonésie qui annexera le pays pour un quart de siècle. La date de la proclamation d’indépendance fait l’objet au aujourd’hui d’un jour férié au Timor oriental.

 

Dans la foulée de la « révolution des Œillets » du 25 avril 1974, au Portugal, un mouvement indépendantiste timoré se constitue à la fin de l’été : le FRETILIN (Frente Revolucionária de Timor-Leste Independente). Le Portugal occupe la partie orientale de l’île de Timor depuis quatre siècles. La révolution d’inspiration socialiste qui a renversé la dictature d’extrême droite au Portugal, ouvre la voie à la décolonisation de l’empire colonial portugais. En juillet de 1975, Lisbonne accord un statut plus favorable à ses colonies. Contrairement aux autres colonies portugaises le Timor oriental n’a pas vécu de guerre d’indépendance. La voie vers l’émancipation commençant à s’ouvrir, les principaux partis politiques se prononcent tous contre la tutelle portugaise mais ne sont pas unanimes sur l’avenir du pays : intégrer l’Indonésie, comme Goa a intégré l’Inde en 1961, ou constituer un État indépendant. Pour tenter de freiner l’audience du FRETILIN (mouvement socialiste), partisan de l’indépendance, une formation politique soutenue par l’Indonésie, les États-Unis et l’Australie, l’UDT (União Democrática Timorense), tente un coup d’État au mois d’août qui n’aboutira pas. Le Portugal tente alors de négocier avec les deux formations rivales (fruits des rivalités Est-Ouest à l’échelle mondiale). Les États-Unis, dont la politique étrangère est conduite par Henry Kissinger, ont fait le choix de soutenir le dictateur indonésien Suharto.

Dans le camp adverse, FRETILIN proclame la « République Démocratique du Timor oriental » le 28 novembre 1975. C’est l’anniversaire de cette proclamation que les Timorais célèbrent chaque 28 novembre sous le nom de Jour de la proclamation de l'indépendance (Dia da Proclamação da Independência), même si cette indépendance ne sera effective que… 26 ans plus tard.

En effet la République démocratique du Timor oriental (Repúblika Demokrátika de Timór-Leste) n’existera que 9 jours, avec Francisco Xavier do Amaral pour président, c’est à-dire jusqu’au 7 décembre 1975, date de l’intervention militaire indonésienne.

Deux jours après la proclamation du FRETILIN, le 30 novembre 1975, l’UDT proclame l’intégration du pays à l'Indonésie. Cette annonce, préparée en fait à Djakarta, servira de prétexte à une occupation militaire du Timor oriental, le 7 décembre 1975. Le nouvel occupant établit alors une Assemblée populaire à ses ordres, laquelle demande officiellement l'intégration à l’Indonésie le 31 mai 1976. Mais, l’ONU ne reconnaîtra jamais cet état de fait. Les manifestations populaires sont très violemment réprimées. Le FRETILIN, devient le principal mouvement de résistance et son action politique évolue vers une forme de guérilla, sous la conduite de Xanana Gusmâo. Quant à l’UDT, elle finit elle aussi par dénoncer la répression indonésienne… La lutte des Timorais de l’Est leur coûtera 200 à 300 000 morts et leur indépendance ne sera effective que le 20 mai 2002.

Le Timor oriental est un pays démocratique. Le FRETILIN (gauche) n’est plus au pouvoir, il est dans l’opposition depuis 2007 (sauf pour une brève période en 2015-2017). Mais, la déclaration d’indépendance qu’il a formulé en 1975 appartient à la mémoire nationale. Le 28 novembre est depuis l’indépendance, un jour férié et chômé.

Ce 48e Anniversaire de la proclamation d’indépendance de la RDTL débute par une messe de remerciement dite le 27 novembre à 9h. en l’église du Sacré-Cœur de Jésus, à Becora. Suivi d’un dépôt de fleurs pour les héros de la patrie à 10h30 dans le port de Dili, devant le Palais du Gouvernement. Ce même jour, veille de la fête, le président de la République procède à une remise de prix qui se déroule dans sa résidence, Palais présidentiel Nicolau Lobato (du nom d’un héros de l’indépendance, le chef du gouvernement formé le 28 novembre 1975). Le 28 novembre 2023, à 8h, cérémonie de lever du drapeau devant le palais présidentiel. Un défilé militaire, une minute de silence et la décoration des combattants et vétérans de la Libération de la Patrie Les festivités durent ensuite toute la journée.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 novembre 2023

 

Chant de l'hymne Pátria lors du jour de la proclamation de l'indépendance à Lauhata

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Birmanie, Fête des lumières Bruno Teissier Birmanie, Fête des lumières Bruno Teissier

27 novembre : Tazaungdaing, la fête birmane des lumières

Ce soir, des montgolfières éclairées par des bougies, vont s’élancer un peu partout dans le ciel de la Birmanie. Des feux d’artifice, tirés pour l’occasion, vont contribuer, dit-on, à chasser les mauvais esprits en cette nuit de pleine lune. La fête de Tazaungdaing, véritable festival des lumières, serait antérieure à la propagation du bouddhisme en Birmanie.

 

Ce soir, des montgolfières éclairées par des bougies, vont s’élancer un peu partout dans le ciel de la Birmanie. Des feux d’artifice, tirés pour l’occasion, vont contribuer à chasser les mauvais esprits en cette nuit de pleine lune. C’est du moins ce que dit la tradition. Les premières montgolfières ont été lancées en 1894 à Taunggyi, peu après leur occupation du pays. C’est d’ailleurs, à Taunggyi, ville du pays Shan que les festivités sont les plus spectaculaires et les plus dangereuses, quand les ballons explosent dans la foule, il y a des blessés parfois des morts.

Mais la fête de Tazaungdaing (တန်ဆောင်တိုင်ပွဲတော်) est bien plus ancienne. Elle serait même antérieure à la propagation du bouddhisme en Birmanie. Ce festival des lumières aurait pour origine la fête indienne de Kattika qui avait lieu à la pleine lune de Tazaungmon (တန်ဆောင်မုန်း ), le huitième mois du calendrier traditionnel birman. Elle marque la fin de la saison des pluies.

La Birmanie étant très majoritairement bouddhiste, la fête des lumières, appelée aussi Tazaungdine, a été intégrée au culte. Ce jour-là, les moines se voient offrir une nouvelle robe. La tradition s’appuie sur un épisode de la vie du Bouddha. Voyant que le Bouddha allait bientôt renoncer, Maya, sa mère, passa toute la nuit à lui tisser des robes de moine jaunes. Sa sœur, Gotami (la tante de Bouddha) a continué cette tradition et lui a offert, chaque année, de nouvelles robes. En écho à cette légende, on organise des concours de tissage de robe de moine jaunes spéciales appelées matho thingan ( မသိုးသင်္ကန်း ) dans tout le pays, en particulier dans dans les fameuses pagodes Shwedagon de Yangon (Rangoun) et Kaung Hmu Daw de Sagaing. Ils se déroulent sur deux nuits consécutives (la nuit précédente et la nuit de pleine lune), les concurrents travaillent sans arrêt de la nuit jusqu'à l'aube pour tisser ces vêtements.

Dans le cadre des célébrations, les gens offrent des aumônes, des bougies, des bâtons d'encens, des fleurs et des fruits en hommage aux pagodes. Les rues sont également remplies d'offrandes d'aumônes pour les moines et de repas Satuditha servis aux gens méritants. Cette fête très populaire permet d’oublier, pour un temps, les exactions de la dictature militaire et la guerre qui sévit dans une bonne partie du pays.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 novembre 2023

 

Concours de ballons incendiaires lors du festival Tazaungdaing à Taunggyi, octobre 2017

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1949, Inde, constitution, 26 novembre Bruno Teissier 1949, Inde, constitution, 26 novembre Bruno Teissier

26 novembre : les Indiens fêtent leur constitution et celui qui l’a inspiré

Le 26 novembre est l’anniversaire de l’adoption, en 1949, de la constitution de la république de l'Inde, par l’Assemblée constituante. Mais ce texte que le Premier ministre Modi qualifie régulièrement de « livre sacré de l’Inde » est très régulièrement amendé pour l’adapter à une politique qui s’écarte de plus en plus de l’esprit de la constitution inspirée, à l’époque, par le Dr Ambedkar.

 

Le 26 novembre a longtemps été célébré comme la Journée nationale du droit, car c’est l’anniversaire de l’adoption de la constitution de la république de l'Inde, le 26 novembre 1949, par l’Assemblée constituante. Elle entrera en vigueur trois mois plus tard, le 26 janvier 1950.

Il a fallu plus de deux ans après l’indépendance, obtenue le 15 août 1947, pour doter le pays d’une constitution qui se voulait un modèle. C’est d’ailleurs la plus longue de toutes les constitutions en vigueur dans le monde. L'original a été rédigé en anglais et, après son adoption, la traduction en hindi a également été réalisée par le Dr Bhimrao Ramji Ambedkar qui est aussi son principal inspirateur.

En 2015, année du 125e anniversaire d’Ambedkar, le gouvernement indien a déclaré que le 26 novembre serait désormais Jour de la Constitution (Samvidhāna Divasa,  संविधान दिवस). La même année, Narendra Modi posait la première pierre, à Bombay, de la Statue de l'Égalité, également connue sous le nom de Mémorial du Dr Ambedkar qui devrait être dans quelques mois, la troisième statue la plus haute du monde. Rien n’est trop grand, selon le Premier ministre indien, pour célébrer celui qui a supervisé la rédaction de ce qu’il qualifie régulièrement de « livre sacré de l’Inde ». Ce qui n’empêche pas le gouvernement de l’amender très régulièrement, environ deux fois par an, pour l’adapter à une politique qui s’écarte de plus en plus de l’esprit de la constitution.

La constitution a été conçue par Ambedkar comme une protection pour les plus faibles, les dalits, les femmes, les minorités... Elle est censé offrir une garantie juridique d’égalité à tous les Indiens. Ce que contredit par exemple le Citizenship Amendment Bill que Modi a fait voter en 2019 et qui défavorise juridiquement les musulmans. Le coup de force opéré, également en 2019, pour révoquer l’autonomie du Cachemire, région à 80 % musulmane, est en contradiction avec le texte fondamental de l’Union indienne. L’original de la constitution repose dans une vitrine inaccessible au public. La consitution est d’autant plus sacralisée que son esprit est régulièrement détourné par un gouvernement d’extrême droite, inspiré par des extrémistes hindous, qui cherche à imposer l’idéologie de l’« hindutva » (« hindouité »), à l’ensemble de l’Union indienne. Le régime autoritaire et ethnique qui est en train de s’imposer en Inde, depuis l’arrivée au pouvoir de Narendra Modi, est hélas en complète contradiction avec la constitution que les Indiens sont invités à célébrer chaque 26 novembre.

Ce n'est pas un jour férié, mais c'est une célébration largement répandue dans tout le pays. Il est notamment demandé aux universités de sensibiliser les étudiants au Jour de la Constitution et de les encourager à participer aux événements organisés dans le cadre de celui-ci. Une partie importante de la célébration consiste à lire le préambule de la Constitution et à réaffirmer l'engagement à défendre son esprit. Les collèges et universités organisent d'autres activités, notamment des conférences et des webinaires sur les valeurs constitutionnelles et les principes fondamentaux de la Constitution indienne. Tout espoir n’est donc pas perdu dans ce pays qui prétend être la plus grande démocratie du monde.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 novembre 2023

 

Le Premier ministre, Narendra Modi, dévoilant une plaque pour marquer la pose de la première pierre du mémorial du Dr Ambedkar, à Indu Mills Compound, Bombay, en 2015.

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1783, États-Unis, New York, 25 novembre Bruno Teissier 1783, États-Unis, New York, 25 novembre Bruno Teissier

25 novembre : le jour de l’évacuation de New York

Cette ancienne fête américaine marquait le départ des dernières troupes d’occupation britanniques, en 1783, à l’issue de la guerre d’indépendance. Elle a été longtemps la grande fête de la ville avant de tomber en désuétude pour cause d’alliance américano-britannique lors des deux guerres mondiales. Certains New-yorkais tentent, aujourd’hui, de la ranimer.

 

C’est une fête qui avait disparu du calendrier new-yorkais et qui a timidement réapparu récemment. Il fut un temps où, à New York, elle surpassait en festivité, la célébration du 4-Juillet ainsi que la fête Thanksgiving également fin novembre. Mais, au XXe siècle, elle était tombée en désuétude pour cause d’alliance américano-britannique lors des deux guerres mondiales. Certains New-yorkais tentent, aujourd’hui, de la ranimer.

Cette ancienne fête américaine marquait le départ des dernières troupes d’occupation britanniques, en 1783, à l’issue de la guerre d’indépendance. Les armées américaine et française combinées avaient remporté la bataille de Yorktown le 19 octobre 1781. Bien qu'il n'y ait eu aucun engagement militaire majeur après cette date, les Britanniques sont restés aux commandes de la ville de New York pendant encore les deux ans des discussions de paix et des modalités de leur retrait.

Finalement, au début de novembre 1783, la plupart des questions en suspens avaient été résolues et le gouverneur britannique Guy Carleton indiqua qu'ils étaient prêts à partir. De grands navires avaient été préparés dans le port pour emmener les familles pro-britanniques (dont certaines étaient à New York depuis des générations) vers d'autres destinations, principalement le Canada. Selon l’accord, le matin du 25 novembre 1783, l’armée de George Washington commença à marcher sur Broadway pour prendre le contrôle de la ville. Washington avait annoncé qu'il n'entrerait pas dans Bowling Green (à Lower Manhattan), tant que le drapeau américain n’y flotterait pas.

Les Britanniques avaient graissé le mât pour éviter que l’Union Jack britannique ne soit décroché trop vite, c’est-à-dire avant que leurs navires ne soient plus en vue de la ville. Finalement, John Van Ardale, un jeune soldat s’est procuré des crampons dans une quincaillerie locale. Il a grimpé sur le mât du drapeau et a très rapidement retiré le drapeau britannique pour y installer à sa place un drapeau américain à 13 étoiles comme il l’était à l’époque. George Washington put alors poursuivre alors sa marche triomphale vers la partie la plus ancienne de la ville qu'il n'avait jamais pu prendre par les armes. Ultime défit, bateau anglais lança un tir de canon en direction de la foule joyeuse. Hors de porté, il atterrit dans la mer. Les Anglais évacués, New York devenait pleinement américaine.

On avait pris l’habitude de célébrer chaque année l’anniversaire l’évènement. Le Jour de l’évacuation de New York (NY evacuation Day) a été pendant plus d’un siècle la plus grande fête de la ville. On organisait notamment des concours d’escalade d’un mât pour y décrocher un drapeau britannique, on donnait des concerts, des banquets, des feux d’artifice... La dernière grande fête a eu lieu en 1916. Ce jour-là, on avait inauguré la statue de George Washington a qui se trouve sur les marches du Federal Hall. L’année suivant, les États-Unis sont entrés en guerre. L'alliance des États-Unis avec la Grande-Bretagne pendant la Première Guerre mondiale a finalement mis fin aux célébrations. Une fois le conflit terminé, elles n’ont plus été organisées par la municipalité. Thanksgiving qui devenait, à cette époque, une véritable fête nationale a pris le relais quasiment à la même date. Quant au patriotisme des New-yorkais , il s’exprimera désormais le 4-Juillet. Seuls les Irlando-américains se sont plus à célébrer, pendant quelques temps encore, une fête qui célébrait l’expulsion des Anglais.

Ignorée tout au long du XXe siècle, la fête de l’Evacuation Day a été sortie de l’oubli en 1983, pour le bicentenaire, notamment en braquant les projecteurs sur un syndicaliste new-yorkais Harry Van Arsdale Jr., le descendant de celui qui avait décroché le drapeau anglais en 1783. À partir de cette date, un événement avait lieu chaque année à l’Hôtel de ville, puis à l’extérieur quand l’affluence a été trop importante. Le 25 novembre 1996, une plaque commémorative marquant le jour de l'évacuation a été placée sur un mât de drapeau à Bowling Green. En 2008, pour le 225e anniversaire une véritable fête a finalement été organisée, mais peu de New-yorkais ont été au courant. Petit à petit le souvenir de cette célébration fait son chemin, en 2016, le Conseil municipal de New York a fini par accepter de rebaptiser Bowling Green en « Evacuation Day Plaza ».

Depuis 2008, une célébration qui prend un peu plus d’importance chaque année, est organisée sous le patronage de l’Association historique du Lower Manhattan. Elle rassemble des figurants en costumes d’époque. Ce samedi 25 novembre 2023, un rassemblement est prévu à 12h30 devant la Fraunces Tavern - 54 Pearl Street. D’où part le défilé en costume jusqu’à Evacuation Day Plaza (Bowling Green) où a lieu à 13h00 une levée du drapeau.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 novembre 2023

 

L’entrée de George Washington dans Manhattan

Le défilé du 25 novembre en 2019 (source : Association historique du Lower Manhattan)

Place du Jour de l’évacuation, Bowling Green New York, NY, 10004 

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1675, Inde, Pendjab, 24 novembre Bruno Teissier 1675, Inde, Pendjab, 24 novembre Bruno Teissier

24 novembre : les sikhs pleurent leur neuvième gourou

Guru Tegh Bahadur vivait en Inde au XVIIe siècle, il est vénéré par les sikhs comme l’un des dix gourous fondateurs de leur religion. C’est lui qui a fondé la ville d’Anandpur Sahib, au Pendjab, l’une des villes les plus sacrée du sikhisme. Mais, c’est surtout son martyre qui a marqué la mémoire.

 

Guru Tegh Bahadur (ਗੁਰੂ ਤੇਗ਼ ਬਹਾਦੁਰ) vivait en Inde au XVIIe siècle, il est vénéré par les sikhs sous le nom de Srisht-di-Chadar (protecteur de l'humanité). C’est lui qui a fondé la ville d’Anandpur Sahib, située aujourd’hui au Pendjab, qui est l’une des villes les plus sacrée du sikhisme. Mais, c’est surtout son martyre qui a marqué la mémoire.

En mai 1675, Guru Tegh Bahadur fut approché par des pandits (sages) hindous du Cachemire, sollicitant l'intercession du gourou contre les conversions des hindous à l'islam imposées par les dirigeants moghols de l’Inde. Il encourage les pandits à résister à ces conversions forcées. Lui-même refuse de se convertir à l'islam. Pour cela il est convoqué à Delhi chez l’empereur Aurangzeb furieux. Lui et ses fidèles sont torturés. Guru Teg Bahadur Ji est condamné à mort. Il a été publiquement exécuté par décapitation. Les sikhs ont retenu la date du 24 novembre 1675 pour cette exécution, même si les historiens avancent la date du 11 novembre. Avant se se rendre chez l’empereur, il avait pris soin de désigner son fils, fils, Gobind Rai, Guru, comme son successeur. Ce dernier est le dixième et dernier des dix gourous fondateurs du sikhisme.

Chaque 24 novembre, les sikhs vénèrent un sage qui s’est sacrifié pour la liberté religieuse. Devant tant de résistance, Aurangzeb  renoncera à ses projets de conversion de masse à un  islam radical. À chaque date anniversaire, les sikhs commémorent Le martyre de Guru Tegh Bahadur (गुरु तेग बहादुर पुण्यतिथि). Ce jour-là, un grand nombre de fidèles se rassemblent pour des processions en hommage au Guru. Des kirtans (chants religieux) sont chantés dans les gurudwaras (temples sikhs)  par les fidèles.

À la mémoire de Guru Tegh Bahadur, un gurdwara nommé Sis Ganj Sahib a été construit sur le site de son martyre : Chandni Chowk à Delhi. Lors du défilé de la fête de la République, le régiment sikh de l'armée indienne salue le Sis Ganj Gurudwara avant de saluer le président de l'Inde. Un autre gurdwara, Raqab Ganj Sahib à Delhi a été construit sur le site de la maison de Lakhi Shah Vanjara, le disciple qui avait brûlé sa maison pour incinérer le corps du gourou. Ces temples sont d’importants lieux de pèlerinage, en particulier chaque 24 novembre. depuis 1979, c'est le seul cas de salut à deux reprises lors du défilé de la Fête de la République par un régiment de l'armée indienne.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 novembre 2023

 
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1918, Lituanie, armée, 23 novembre Bruno Teissier 1918, Lituanie, armée, 23 novembre Bruno Teissier

23 novembre : la Lituanie fête son armée

La Journée des forces armées lituaniennes est l’anniversaire de la création de l’armée, le 23 novembre 1918, soit cinq jours tout juste après la déclaration d’indépendance de la Lituanie. Depuis 2022, cette journée a pris une dimension particulière, la Lituanie étant sur la ligne de front face à une Russie menace l’Europe.

 

La Journée des forces armées lituaniennes (Lietuvos kariuomenės diena) est l’anniversaire de la création de l’armée, le 23 novembre 1918, soit cinq jours tout juste après la déclaration d’indépendance de la Lituanie. Cette journée prend une dimension particulière avec le contexte régional actuel, la Lituanie étant sur la ligne de front. « À l'heure où un ennemi féroce attaque et ravage l'Ukraine, nous devons clairement comprendre que notre pays est également la cible des ambitions impériales de la Russie », déclarait le président Gitanas Nausėda, le 22 novembre 2022. Un an après la situation n’a pas changé.

Les célébrations durent plusieurs jours. Cette année, le principal défilé militaire a été reporté au 25 novembre, à 12h. Il rassemblera 14 000 soldats lituaniens et des 'équipements militaires de l'armée lituanienne ainsi que des membres des forces alliées de l'OTAN. Il aura lieu sur l'avenue Konstitucijos à Vilnius. Les invités de l'événement verront plus de 100 unités d'équipement militaire : véhicules de combat d'infanterie de l'armée lituanienne "Vilkas", obusier automoteur "PzH 2000", systèmes de défense aérienne "NASAMS", véhicules blindés tout-terrain "JLTV", les chars "Abrams" des alliés des États-Unis, les véhicules de combat d'infanterie Bradley, l'obusier automoteur Paladin, les chars Leopard de l'armée allemande, les véhicules de combat d'infanterie Puma et Marder et de nombreux autres équipements militaires. En survolant l'avenue Konstitucijos, les invités et les participants de l'événement seront accueillis par des avions et des avions de combat de l'armée de l'air effectuant la mission de police aérienne de l'OTAN en Lituanie. La célébration se terminera par la chanson Kanonada composée par Marijonas Mikutavičius et offerte à l'armée lituanienne.

Comme à chaque anniversaire de l'armée, le prix Lietuvos karžygio est décerné. Il récompense des actes altruistes, nobles ou risqués.

L'armée lituanienne est née dans des conditions difficiles : la Première Guerre mondiale étant terminée, l'armée allemande se retirait des territoires de l’empire russe qu’elle occupait, mais l’Armée rouge marchait déjà sur ses traces pour tenter d’occuper le terrain. Il fallait faire vite pour ne pas retomber sous le joug des Russes. Dès 1917, au sein de l’armée russe, un syndicat des officiers lituaniens s’était constitué. Ce qui avait permis de créer rapidement des unités distinctes : un bataillon lituanien d'un millier et demi de soldats se forme à Vitebsk, un bataillon de réserve à Smolensk, un bataillon lituanien à Rovno, un bataillon Vytautas le Grand en Sibérie et d'autres. Le syndicat et les unités ont été contraints de se dissoudre après la Révolution d'Octobre, mais cela a facilité la constitution d’une armée nationale, sitôt la guerre officiellement terminée. Cette armée ne lui sera pas d’un grand secours quand Staline décidera en 1940 d’occuper les pays baltes.

Aujourd’hui, compte tenu de la position stratégique de la Lituanie face à une Russie qui menace l’Europe, des exercices « Iron Wolf » sont organisés chaque année au printemps et en automne, ils visent à évaluer l'état de préparation au combat des bataillons appartenant à la brigade d'infanterie « Iron Wolf ». Quelque 3 600 soldats et 550 unités d'équipement militaire - chars, véhicules de combat d'infanterie, véhicules blindés, canons d'artillerie, transports de ravitaillement et administratifs - participeront à l'entraînement de deux semaines sur les terrains d'entraînement de Gaižiūnai et du général Silvestro Žukauskas et dans leurs environs. Des militaires de Lituanie et de sept autres pays de l'OTAN (Belgique, République tchèque, Allemagne, Pays-Bas, Norvège, Luxembourg et États-Unis) participent à l'exercice.

Du 13 au 21 novembre, dans toute la Lituanie, les soldats se rendent dans les écoles et lycées, où ils présentent l'armée lituanienne, la profession militaire et partagent leurs expériences personnelles. Le pays qui n’a plus de service militaire veut susciter des vocations.

Des événements festifs ont également lieu dans les autres villes de Lituanie. L’anniversaire de l'armée est également célébré dans les missions militaires étrangères, dans les quartiers généraux militaires internationaux et même, à l’étranger, là où servent des soldats lituaniens.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 novembre 2023

 
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1908, Albanie, Kosovo, Macédoine du Nord, alphabet, 22 novembre Bruno Teissier 1908, Albanie, Kosovo, Macédoine du Nord, alphabet, 22 novembre Bruno Teissier

22 novembre : l’invention d’un alphabet, prélude à la création un État albanais

Cette Journée de l’alphabet albanais est célébrée en Albanie, au Kosovo et même en Macédoine du Nord, où le 22 novembre est un jour férié et chômé pour ceux qui parlent l’albanais. La date fait référence à un congrès fondateur qui permit, en 1908, le choix d’un alphabet. Ce fut une première étape avant la proclamation d’une Albanie indépendante, quatre ans plus tard.

 

En Albanie ou au Kosovo, le 27 novembre n’est qu’une journée commémorative, en revanche c’est une fête officielle qui donne lieu à un jour chômé pour les Albanais de Macédoine du Nord. D’ailleurs l’événement fondateur de l’alphabet albanais a eu lieu en Macédoine à l’époque où la région appartenait encore à l’Empire ottoman. Il s’agit du Congrès qui s’est tenu à Monastir (Manastir pour les Albanais, Bitola pour les Macédoniens), en novembre 1908.

Ce congrès qui a permis de créer une graphie unifiée pour la langue albanaise (shqip)  s’est déroulé du 14 au 22 novembre 1908. C’est l’anniversaire de sa clôture et de son acte final qui a été choisi pour célébrer la Journée de l'alphabet albanais (Dita e alfabetit shqip). L’affaire n’était pas évidente car non seulement, la langue albanaise est divisée en plusieurs dialectes, mais elle pouvait s’écrire de très nombreuse façons avec plusieurs alphabets offrant chacun des variantes. L’écriture arabe comme le turc de l’époque qui était la langue du pouvoir, était une option. L’alphabet grec, celui de la langue d’une bonne partie des élites et de l’Église orthodoxe, dominante dans le Sud, était un autre choix possible. L’albanais s’est aussi écrit avec alphabet cyrillique, celui avec lequel, on écrit le macédonien, le serbe, le bulgare, ainsi qu’avec l’alphabet latin, celui des catholiques vivant au nord ou des élites regardant vers l’Occident. Jadis plusieurs tentatives de créer un alphabet spécifique ont eu lieu, cette option aurait eu l’avantage de ne faire référence à aucune des trois religions qui se partagent la population albanaise.

Le congrès de Manastir /Bitola fit le choix de l’alphabet latin. Là encore, il fallut négocier entre plusieurs options et faire un mix des deux principales. On s’est finalement mis d’accord sur 36 lettres : a b c ç d dh e ë f g gj h i j k l ll m n nj o p q r rr s sh t th u v x xh y z zh, auxquelles il faudra rapidement ajouter le w en usage dans des mots étrangers importés. Cette création étaient urgente si ont voulait que se multiplient les écoles enseignant en albanais. La toute première ne s’est ouverte que du 7 mars 1887. Jusque-là, on enseignait en grec ou en turc.

Ce congrès est une étape importante du Renouveau culturel albanais, qui aboutira quatre ans plus tard, le 28 novembre 1912, à la proclamation d’indépendance de l ‘Albanie. En 1908, l’Albanie n’existait pas encore, cette réunion s’est tenue dans une ville de la Macédoine ottomane (Monastir/Manastir /Bitola) que se disputaient Grecs et Bulgares et qui au moment de la création de l’Albanie étaient occupée par les Serbes, lesquels l’intégreront ensuite à leur royaume.

Le Congrès Monastir a réuni 50 délégués provenant de 26 villes de la région. Mid'hat Frashëri a été élu président du Congrès, tandis que Luigj Gurakuqi et Gjergji Qiriazi étaient vice-présidents (sa sœur Parashqevi Qiriazi était la seule femme invitée). Ces lettres et érudits albanais formaient une élite intellectuelle soucieuse du fait que sans une unification linguistique, il serait difficile de faire accepter aux puissances européennes, la création d’un État albanais dans un coin des Balkans. Les intérêts géopolitiques des uns et des autres ont fait que la jeune albanaise n’a pas pu réunir tous les albanophones dans un même État. Aujourd’hui sur 6 millions d’albanophones seuls 3 millions vivent en Albanais. C’est la raison pour laquelle, cette fête du 22-Novembre ne concerne pas que l’Albanie, mais aussi le Kosovo et la Macédoine du Nord ainsi que la diaspora qui y participent pleinement.

Le 22 novembre 2020, les Archives d’Albanie ont inauguré un centre d’études à Skopje. La maison de Fehim bey Zavalani à Bitola, en Macédoine du Nord, où s’est tenu le congrès fondateur s’est ouverte au public en 2008 pour le centenaire. Depuis 2012, année du centenaire de l’Albanie, c’est le musée de l’alphabet albanais. Chaque 22 novembre, on raconte toute cette histoire aux écoliers de la région.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 novembre 2023

 

Timbre édité novembre 2023 par la poste kosovare pour ce 115e anniversaire du Congrès de Manastir

La maison de Fehim Zavalan (1859-1935), journaliste et militant albanais, où s’est tenu le congrès de 1908. Aujourd’hui, elle a été transformée en Musée de l’alphabet albanaise. Elle est située à Bitola, la deuxième ville de la Macédoine du Nord.

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Grèce, armée, orthodoxes, 21 novembre Bruno Teissier Grèce, armée, orthodoxes, 21 novembre Bruno Teissier

21 novembre : l’armée grecque sous la protection de Marie

La religion est partout présente en Grèce, fêtes nationales  et célébrations religieuses sont toujours étroitement associées. C’est le cas de la Journée des Forces armées qui est célébrée en Grèce le 21 novembre, jour la Présentation de Marie au Temple, une des douze fêtes religieuses les plus importantes pour l’Église grecque.

 

La religion est partout présente en Grèce, fêtes nationales  et célébrations religieuses sont toujours étroitement associées. C’est le cas de la Journée des Forces armées (Ημέρα Ενόπλων Δυνάμεων) qui est célébrée en Grèce le 21 novembre, jour la Présentation de Marie au Temple  (Παρουσίαση της Παρθένου Μαρίας), l’une des douze fêtes religieuses les plus importantes pour l’Église grecque.

Cela n’a pas toujours été le cas. Longtemps, l’armées grecque a été célébrée le 15 août, jour de l’Assomption de la Vierge, une autre fête dédiée à Marie. Mais pendant la dictature militaire, de 1967 à 1974, elle avait été déplacée au 29 août, sous le nom de « Journée de la vertu militaire des Grecs ». Lors de célébrations martiales au stade Panathénaïque, la junte commémorait l’écrasement des maquis communistes du Gramos, en 1949, qui avait mis fin à la guerre civile. C’est en 1975, au retour de la démocratie, que la Journée des Forces armées a été placée le 21 novembre, la Vierge étant la sainte patronne des Forces armées grecques.

La journée débute à 8h par une cérémonie de levée officielle du drapeau national sur l’Acropole, suivi d’une doxologie, à 10h30 en la cathédrale d'Athènes, présidée par l’archevêque d'Athènes et de toute la Grèce, Hieronymou II, en présence de la présidente de la République hellénique, Katerina Sakellaropoulou. Celle-ci se rend ensuite sur la tombe du soldat inconnu, place Syntagma, pour y déposer une gerbe à 11h30. En fin d’après-midi, à 17h09, descente officielle du drapeau du rocher de l’Acropole. À Athènes, la journée se termine par un concert retransmis en direct sur le site de l’État-major de la Défense nationale.

À cette occasion, une exposition des activités des Forces Armées et une présentation des écoles militaires se déroulent dans l'espace polyvalent de la station de métro "Syntagma". Elle s'adresse en particulier aux étudiants de tous niveaux d'enseignement, leur offrant une occasion unique de les informer sur la possibilité de faire carrière dans les Forces armées dans le cadre de leur orientation professionnelle. Dans le contexte de grande tension en Méditerranée orientale, l’armée joue un rôle très important en Grèce. Avec plus de 4% de son PIB consacrés aux dépenses militaires, la Grèce est le pays de l’Union européenne qui dépense le plus pour sa défense. Elle est aussi un des rares États européens à ne pas avoir supprimé le service militaire. En 2021, elle l’a fait passer de 9 à 12 mois. Car face aux menaces croissantes de la Turquie en mer Égée, la protection de la Vierge pourrait ne pas suffire.

La Présentation de Marie au Temple est l’une des rares fêtes célébrées le même jour par les chrétientés occidentales et orientales. Mais, il s’agit d’une fête non canonique, en effet, les Évangiles ne disent rien de l’enfance de Marie, la mère de Jésus. À la demande des fidèles, il a fallu postérieurement en inventer une. La tradition raconte que les parents de Marie, Anne et Joachim, décidèrent de présenter Marie au temple juif car ils voulaient remercier Dieu de la naissance de leur fille alors qu’ils étaient âgés et ne pensaient plus pouvoir avoir d’enfant. Des auteurs inconnus donnent de nombreux détails de l’événement…

En Orient, la fête est attestée dès le VIe siècle, mais le Vatican a attendu 1372 pour instaurer cette célébration qui demeure confidentielle dans le catholicisme. En revanche, dans le monde orthodoxe, en particulier en Grèce, elle fait partie des douze fêtes importantes qui rythme l’année religieuse. Elle est connue sous le nom de L'Entrée de la Vierge [au Temple] (Εισόδια της Θεοτόκου) ou de Présentation de la Vierge Marie (Παρουσίαση της Παρθένου Μαρίας). Beaucoup de localités, comme La Canée en Crète, lui réserve des festivités importantes. Quand à la sagesse paysanne, elle assure que le temps qui fait le 21 novembre se prolongera les quarante jours suivants.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 novembre 2023

 

La Présentation de la Vierge Marie, par Le Titien (1534-1538), Musée de l’Académie, Venise

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1910, Mexique, révolution, 20 novembre Bruno Teissier 1910, Mexique, révolution, 20 novembre Bruno Teissier

20 novembre : le Mexique célèbre sa révolution

Le Jour de la Révolution est l’un des jours fériés les plus importants au Mexique, il commémore le déclenchement de la révolution de 1910 au Mexique, un événement majeur qui a marqué le XXe siècle dans ce pays. On lui voue toujours un culte même si toutes ses ambitions sont très loin d’avoir été toutes atteintes. Le Mexique, toutefois, a sa propre référence révolutionnaire, c’est un des très rares pays du monde dans ce cas.

 

Le Jour de la Révolution (Día de revolución)  est l’un des deux jours fériés les plus importants au Mexique, avec le 16 septembre. Depuis 2006, c’est un jour férié mobile, placé le troisième lundi de novembre afin qu’il soit toujours un jour chômé. C’est donc un hasard, cette année pour le 113e anniversaire de la révolution de 1910, s’il tombe sur sa date traditionnelle du 20 novembre.

La révolution de 1910 a fait tomber une dictature installée depuis 36 ans, celle de Porfirio Díaz, un président systématiquement réélu lors de scrutins peu démocratiques. À partir de 1908, Francisco I. Madero, un homme d’affaires, a lancé une grande campagne contre le dictateur et annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 1910. La réaction du gouvernement fut immédiate : Madero fut fait prisonnier à San Luis Potosí après la victoire électorale de Díaz en juin 1910. Peu de temps après, il parvient à s'échapper pour se réfugier à San Antonio, au Texas, d'où il lance un appel à la rébellion (dit Plan de San Luis Potosí) pour le 20 novembre. Cette première journée sera pitoyable, seule une poignée de fidèles s’est mobilisée sans aucun résultat. Madero dégoûté envisage de s’exiler en Europe. Il y renonce quand il apprend, quelques semaines plus tard, qu’un maquis à tout de même émergé dans le Chihuahua, où Pancho Vila, un bandit notoire, a pris fait et cause pour la révolution annoncée. Tandis qu’au Morelos, c’est Emiliano Zapata qui prend les armes contre les grands propriétaires terriens. La révolution fini par prendre racine au printemps suivant. Finalement, le gouvernement de Porfirio Díaz tombe le 27 mai 1911 et le dictateur quitte le Mexique pour terminer sa vie à Paris. Madéro remporte les élections convoquées en octobre 1911 et devient président.

La Révolution n’était pas finie pour autant, une guerre civile opposant conservateurs et progressistes va durer une décennie provoquant un million de morts. Les coups d’État vont se succéder. Madero sera reversé et assassiné en février 1913. Il n’est pas oublié pour autant, son portrait figure aujourd’hui sur le nouveau billet de 1000 pesos.

Les historiens ne s’accordent pas sur la date de fin de la révolution que l’on célèbre au Mexique chaque 20 novembre. Certains avancent la proclamation de la constitution de 1917 (qui est toujours celle du Mexique), d’autres optent pour 1919 et la mort de Zapata, ou 1920 avec la présidence d'Adolfo de la Huerta, ou encore 1924 avec celle de Plutarco Elías Calles. D'autres préfèrent la fixer à la fin de la présidence de Lázaro Cárdenas, en 1940, qui par sa politique sociale a repris à son compte les idéaux de la révolution de 1910. Sa nationalisation du pétrole n’a-t-elle pas été perçue comme un geste révolutionnaire ? Après lui, la révolution, dont on n’a jamais annoncé la fin, s’est fossilisée. En témoigne le nom du parti politique qui s’en réclame, le PRI (Parti révolutionnaire institutionnel) et qui a dirigé le pays pendant trois quarts de siècle.

Depuis 1936, on célèbre l’acte déclencheur de la révolution mexicaine avec une parade militaire. Laquelle est suivie d’un défilé d’écoliers, d’étudiants, de sportifs et, cette année, de quelque 1300 figurants en costume évoquant l’époque de la révolution. Le défilé commémoratif du 20-Novembre débute au Zócalo, la principale place de la capitale mexicaine où siège la présidence de la république, et se termine au campo de Marte.

Ce défilé de la Révolution mexicaine 2023, rend notamment  hommage à des femmes remarquables dans cette lutte, comme Amelia Robles Ávila, qui a atteint le grade de colonel dans l'armée et qui est considérée comme la première personne transgenre au Mexique. Son identité a même été reconnue par les institutions, ce qui était difficile à l'époque. Il y aura aussi un spectacle en l'honneur d'Adela Velarde Pérez , connue sous le nom de la Adelita, une femme qui a inspiré des dizaines d'histoires et de chansons révolutionnaires, et de Valentina Ramírez Avitia, dite La Valentina, une femme qui se faisait appeler « Juan Ramírez » et qui a reçu le grade de lieutenant pour ses nombreux faits d’armes.

Plus attendu, le défilé 2023 rend également hommage à des personnages tels que Frida Kahlo et Diego Rivera, éminents peintres et combattants sociaux mexicains. Les athlètes militaires médaillés aux Jeux panaméricains de 2023 défileront eux aussi accompagnés par des groupes de charros de 8 États du Mexique.

La fête du 20-Novembre est marquée par des cérémonies de lever du drapeau un peu partout dans le pays, des discours, des défilés, des festivals, des concerts en plein air, des fêtes en plein air et d'autres événements festifs.

La révolution est partout au Mexique, dans le paysage urbain, le nom des rues, la statuaire, l’imaginaire collectif… On notera que cette révolution est antérieure à celle de 1917 en Russie, à laquelle les forces politiques mexicaines, en particulier la gauche, ne se sont jamais référées. Le Mexique a sa propre référence révolutionnaire, c’est un des très rares pays du monde dans ce cas.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 novembre 2023

 

Des écoliers chantant La Cucaracha, un chant révolutionnaire que chacun adapte à son goût, photo Ute Hagen

Pancho Villa et ses hommes, 1911

Le président Madero, au premier plan

Le monument dédié à la Révolution de 1910 à Mexico

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1832, Bélize, migrants, 19 novembre Bruno Teissier 1832, Bélize, migrants, 19 novembre Bruno Teissier

19 novembre : le jour où les Garifunas ont débarqué au Bélize

Ce jour férié au Bélize célèbre l’arrivée des Garifunas au début du XIXe siècle. L’originalité historique de ces populations noires est de n’avoir jamais été esclave et d’avoir gardé vivantes leurs traditions africaines et leur langue caribéenne. Ils ne sont qu’une petite minorité au Bélize mais sont très présents dans le folklore local.

 

Le Jour de l’établissement des Garifunas (Garifuna Settlement Day) est un jour férié au Bélize depuis 1977. Mais cette fête est bien plus ancienne. Elle a été créée par le militant bélizien des droits civiques Thomas Vincent Ramos en 1941 pour célébrer l'installation du peuple Garifuna au Bélize au début du XIXe siècle, après avoir été déporté de Saint-Vincent et des Grenadines par les Britanniques. Les principales festivités ont lieu dans la ville de Dangriga sous forme de défilés, de musique de rue, de danses traditionnelles.

Les Garifunas ont une histoire très originale : en 1635, deux bateaux négriers ont échoué à proximité de l’île de Saint-Vincent dans les Caraïbes. Les esclaves provenant d’Afrique occidentale en ont profité pour s’enfuir et s’établir dans l’île où ils se sont mêlés peu à peu à la population autochtone, les Arawaks. Un métissage se produit entre les deux populations, il en résulte une culture originale très imprégnée par les traditions africaines, mais ayant conservé une langue caribéenne, le garifuna. Si ces Caraïbes noirs se sont retrouvés au Bélize, mais aussi au Honduras et au Guatemala, c’est que les Anglais qui ont colonisé l’île de Saint-Vincent les ont déporté en masse. N’ayant jamais été esclaves, les Garifunas ont refusé de se soumettre aux Européens (Français, Hollandais et Anglais se sont disputé l’île). Joseph Chatoyer, chef garifuna à Saint-Vincent était parvenu à faire signer aux Britanniques un traité de paix fixant les frontières entre les zones britanniques et caribéennes de l'île. Mais, influencés par les idéaux de la Révolutions française et encouragés par les Français qui convoitaient l’archipel, ils ont incité les esclaves détenus par les Anglais, à la révolte. Ce qui provoqua une seconde guerre qu’ils ont perdue au bout de 18 mois, en 1796. Les Anglais ont d’abord déplacé ce peuple rétif à Baliceaux, une île peu hospitalière des Grenadines, puis en 1798, les ont transporté sur l’île de Roatán, face au Honduras, qui était alors en leur possession. Beaucoup sont morts pendant ces déportations successives. L’île de Roatán s’est néanmoins avérée trop petite, les Garifunas ont cherché à en partir. Voyageant sur des pirogues, ils ont abordé le continent pour former des colonies au Guatemala, Honduras et au Bélize, pays où ils représentent aujourd’hui 7% de la population. Les Garifuna se sont particulièrement bien intégrés dans au Bélize (appelé autrefois le Honduras britannique) où l’esclavage était aboli depuis 1808, mais sans perdre leurs particularismes.

Les premiers Garifunas ont débarqué sur les côtes du Belize le 19 novembre 1832. C’est l’anniversaire de leur arrivée qui est célébrée chaque année par une semaine de festivités dans tout le Bélize mais surtout à Dangriga, localité où ils débarquèrent en premier, mais aussi à Punta Gorda, Hopkins, Placencia… Ainsi que dans la capitale, Belize City où se déroule un défilé en costumes traditionnels, après un service religieux dans la cathédrale.

Chaque année, tôt le matin du 19 novembre, une reconstitution traditionnelle de leur arrivée est mise en scène à l'embouchure de la rivière Stann Creek, au centre de la ville de Dangriga. Le reste de la journée est célébré le long du parcours du défilé avec des costumes, de la musique live et de la danse. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 novembre 2023

 

Reconstitution de leur arrivée en 1832, avec des plans de manioc emblématique (en langue arawak, garifunda signifie “mangeur de manioc”) et le drapeau garifuna créé dans les années 1940 par Thomas Vincent Ramos

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