L’Almanach international

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1908, Inde, égalité, 5 avril Bruno Teissier 1908, Inde, égalité, 5 avril Bruno Teissier

5 avril : la Journée de l’égalité en Inde

Ce Jour de l'égalité, célébré en Inde, correspond à l’anniversaire Jagjivan Ram, un combattant de la liberté et de l’abolition des castes. Il a passé sa vie à la promotion des intouchables ou dalits, dont il était issu.

 

Ce Jour de l'égalité (Samata Diwas, समता दिवस) correspond à l’anniversaire Jagjivan Ram, populairement connu sous le nom de Babuji, qui était un combattant de la liberté et un leader du mouvement dalit (ou « intouchables » ainsi qu’ils étaient appelés autrefois). Il est né le 5 avril 1908 dans une famille de harijans ou dalits.

Jagjivan Ram a été élu député sans interruption de 1936 à sa mort en 1986, sans doute un des records mondiaux en démocratie. Responsable du portefeuille du ministère du Travail, il a été le plus jeune ministre du gouvernement intérimaire dirigé par Jawaharlal Nehru en 1946, avant même l’indépendance de l’Inde. Il le sera à nouveau sous Indira Gandhi, puis ministre de l’agriculture et à ce titre, il dirigea la Révolution verte dans les années 1960 et à nouveau dans les années 1970. En tant que ministre de la Défense pendant la guerre indo-pakistanaise de 1971, a joué un rôle déterminant dans la naissance de la nation bangladaise…

Mais ce qui a été surtout retenu de sa langue carrière politique, c’est son combat de plusieurs décennies contre le système des castes et pour le droit des Dalits. Dès 1928, il rassemblait des dizaines de milliers de manifestants dans ce but. En 1935, il exprima son soutien au sein du Mahasabha hindou pour que les dalits puissent entrer dans les temples et boire l'eau des puits publics. Deux trois qui leur étaient jusque-là refusés. Jagjivan Ram rêvait d'une société hindoue démocratique et sans caste. Il s’est activement impliqué dans le groupe de pression pour l'amélioration des couches les plus faibles de la société. L’intouchabilité a été abolie par la Constitution de 1950, mais les quelque 200 millions d’Indiens qui sont issus de cette couche de la population demeurent encore dans leur très grande majorité  en bas de l’échelle sociale. De nombreux préjugés défavorables subsistent à leur égard. L’égalité espérée par Jagjivan Ram est bien loin d’avoir été atteinte. Cette journée du 5-Avril est là pour le rappeler.

L'anniversaire de Jagjivan Ram (Babu Jagjivan Ram Jayanti) est célébré chaque 5 avril par l’Union indienne, mais ce n’est un jour férié que dans les États indiens de Telangana et d'Andhra Pradesh. En 2008, pour son centenaire, des célébrations nationales appuyées avait été organisées. Narendra Modi lui rend hommage chaque année.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 avril 2024

 
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1908, Albanie, Kosovo, Macédoine du Nord, alphabet, 22 novembre Bruno Teissier 1908, Albanie, Kosovo, Macédoine du Nord, alphabet, 22 novembre Bruno Teissier

22 novembre : l’invention d’un alphabet, prélude à la création un État albanais

Cette Journée de l’alphabet albanais est célébrée en Albanie, au Kosovo et même en Macédoine du Nord, où le 22 novembre est un jour férié et chômé pour ceux qui parlent l’albanais. La date fait référence à un congrès fondateur qui permit, en 1908, le choix d’un alphabet. Ce fut une première étape avant la proclamation d’une Albanie indépendante, quatre ans plus tard.

 

En Albanie ou au Kosovo, le 27 novembre n’est qu’une journée commémorative, en revanche c’est une fête officielle qui donne lieu à un jour chômé pour les Albanais de Macédoine du Nord. D’ailleurs l’événement fondateur de l’alphabet albanais a eu lieu en Macédoine à l’époque où la région appartenait encore à l’Empire ottoman. Il s’agit du Congrès qui s’est tenu à Monastir (Manastir pour les Albanais, Bitola pour les Macédoniens), en novembre 1908.

Ce congrès qui a permis de créer une graphie unifiée pour la langue albanaise (shqip)  s’est déroulé du 14 au 22 novembre 1908. C’est l’anniversaire de sa clôture et de son acte final qui a été choisi pour célébrer la Journée de l'alphabet albanais (Dita e alfabetit shqip). L’affaire n’était pas évidente car non seulement, la langue albanaise est divisée en plusieurs dialectes, mais elle pouvait s’écrire de très nombreuse façons avec plusieurs alphabets offrant chacun des variantes. L’écriture arabe comme le turc de l’époque qui était la langue du pouvoir, était une option. L’alphabet grec, celui de la langue d’une bonne partie des élites et de l’Église orthodoxe, dominante dans le Sud, était un autre choix possible. L’albanais s’est aussi écrit avec alphabet cyrillique, celui avec lequel, on écrit le macédonien, le serbe, le bulgare, ainsi qu’avec l’alphabet latin, celui des catholiques vivant au nord ou des élites regardant vers l’Occident. Jadis plusieurs tentatives de créer un alphabet spécifique ont eu lieu, cette option aurait eu l’avantage de ne faire référence à aucune des trois religions qui se partagent la population albanaise.

Le congrès de Manastir /Bitola fit le choix de l’alphabet latin. Là encore, il fallut négocier entre plusieurs options et faire un mix des deux principales. On s’est finalement mis d’accord sur 36 lettres : a b c ç d dh e ë f g gj h i j k l ll m n nj o p q r rr s sh t th u v x xh y z zh, auxquelles il faudra rapidement ajouter le w en usage dans des mots étrangers importés. Cette création étaient urgente si ont voulait que se multiplient les écoles enseignant en albanais. La toute première ne s’est ouverte que du 7 mars 1887. Jusque-là, on enseignait en grec ou en turc.

Ce congrès est une étape importante du Renouveau culturel albanais, qui aboutira quatre ans plus tard, le 28 novembre 1912, à la proclamation d’indépendance de l ‘Albanie. En 1908, l’Albanie n’existait pas encore, cette réunion s’est tenue dans une ville de la Macédoine ottomane (Monastir/Manastir /Bitola) que se disputaient Grecs et Bulgares et qui au moment de la création de l’Albanie étaient occupée par les Serbes, lesquels l’intégreront ensuite à leur royaume.

Le Congrès Monastir a réuni 50 délégués provenant de 26 villes de la région. Mid'hat Frashëri a été élu président du Congrès, tandis que Luigj Gurakuqi et Gjergji Qiriazi étaient vice-présidents (sa sœur Parashqevi Qiriazi était la seule femme invitée). Ces lettres et érudits albanais formaient une élite intellectuelle soucieuse du fait que sans une unification linguistique, il serait difficile de faire accepter aux puissances européennes, la création d’un État albanais dans un coin des Balkans. Les intérêts géopolitiques des uns et des autres ont fait que la jeune albanaise n’a pas pu réunir tous les albanophones dans un même État. Aujourd’hui sur 6 millions d’albanophones seuls 3 millions vivent en Albanais. C’est la raison pour laquelle, cette fête du 22-Novembre ne concerne pas que l’Albanie, mais aussi le Kosovo et la Macédoine du Nord ainsi que la diaspora qui y participent pleinement.

Le 22 novembre 2020, les Archives d’Albanie ont inauguré un centre d’études à Skopje. La maison de Fehim bey Zavalani à Bitola, en Macédoine du Nord, où s’est tenu le congrès fondateur s’est ouverte au public en 2008 pour le centenaire. Depuis 2012, année du centenaire de l’Albanie, c’est le musée de l’alphabet albanais. Chaque 22 novembre, on raconte toute cette histoire aux écoliers de la région.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 novembre 2023

 

Timbre édité novembre 2023 par la poste kosovare pour ce 115e anniversaire du Congrès de Manastir

La maison de Fehim Zavalan (1859-1935), journaliste et militant albanais, où s’est tenu le congrès de 1908. Aujourd’hui, elle a été transformée en Musée de l’alphabet albanaise. Elle est située à Bitola, la deuxième ville de la Macédoine du Nord.

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1908, 1963, Inde, 30 octobre, héros national Bruno Teissier 1908, 1963, Inde, 30 octobre, héros national Bruno Teissier

30 octobre : l'anniversaire d'un chef charismatique dans le sud de l'Inde

Dans le sud du Tamil Nadu, en Inde, on célèbre Thevar Jayanthi : l'anniversaire de Pasumpon Muthuramalinga Thevar, le chef charismatique des Thevar

 

Dans le sud du Tamil Nadu, en Inde, on célèbre Thevar Jayanthi (ou Guru Pooja), chaque 30 octobre :  l'anniversaire de  Pasumpon Muthuramalinga Thevar, le chef charismatique des Thevar, une communauté de l’Inde du sud, appelée aussi Mukkulathor. Beaucoup sont de petits agriculteurs ou des ouvriers agricoles. Les Thevar ont reçu le statut de Backward Class (BC), basse caste. Cette fête leur permet de retrouver leur fierté. 

Muthuramalingam Thevar, dit Pasumpon a été syndicaliste et député, il a milité au sein du parti du Congrès, soutenant Bose plutôt que Gandhi, en 1939. On lui doit toutefois, la même année, l’abrogation d’une loi qui interdisait aux dalits (hors caste) de pénétrer dans les temples hindous.

Pasumpon Muthuramalingam Thevar était une figure importante de la politique du Tamil Nadu au XXe siècle. Il est né le 30 octobre 1908 à Pasumpon, au Tamil Nadu, dans le district de Ramnad. Il était socialiste et collègue de Subhash Chandra Bose. Il a été vice-président national du All India Forward Bloc (AIFB) à partir de 1952. Il a été élu trois fois à la circonscription parlementaire nationale. Il est décédé à Thirunagar, Madurai, le 30 octobre 1963. Le fait que la date de naissance et la date de mort de Thevar soient les mêmes a été interprété comme un signe de pouvoirs surnaturels.

Thevar repose dans son village natal de Pasumpon. Les principales célébrations de Thevar Jayanthi ont lieu dans son samadhi, situé à environ 80 km de Madurai.

Cette année, à nouveau, comme en 2020, en raison du coronavirus, seuls les représentants des partis politiques et les dirigeants communautaires ont été autorisés à visiter le mémorial. D’ordinaire, c’est une foule considérable qui se presse dans son mausolée, pendant trois jours, dès le 28 octobre, nécessitant la présence de quelque 20 000 policiers.

Bien que basse caste, les Mukkulathors revendiquent toujours une descendance des familles royales Chera, Chola et Pandyars et mettent les dalits à l’écart, car hors caste. Cette caste de petits propriétaires terriens Mukkulathor ou Thevar comprend les sous-castes des communautés Kallar, Agamudayar et Maravar. Beaucoup de dalits travaillent comme ouvriers agricoles sur les terres appartenant aux Mukkulathor qui les tiennent toujours à l’écart. Ce qui provoque encore des violences comme dans les années 1980-90 où elles ont fait de nombreux morts, notamment pendant les trois journées du Thevar Jayanthi.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 octobre 2021

 

Le ministre en chef Edappadi Palanisamye et le député Staline au mausolée de Thevar

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1908, Bulgarie, 22 septembre, indépendance Bruno Teissier 1908, Bulgarie, 22 septembre, indépendance Bruno Teissier

22 septembre : la Bulgarie fête son indépendance

La Bulgarie célèbre sa libération de l’Empire ottoman en 1908

 

La Bulgarie est apparue sur la carte de l’Europe en 1878 (lors du traité de San Stefano, le 3 mars, marqué par la fête nationale bulgare), mais sous forme d’une principauté autonome mais toujours plus ou moins dépendante de l’Empire ottoman. Ce n’est que 30 ans plus tard, le 22 septembre 1908, que l’indépendance a été proclamée. C’est ce que célèbre aujourd’hui, ce jour férié appelé Jour de l’indépendance bulgare (Ден на Независимостта на България).

Les Bulgares ont commencé à célébrer le jour de l'indépendance juste après la proclamation de celle-ci. Cependant, en 1944, la Bulgarie a été envahie par les Soviétiques et la célébration a été abolie . La Bulgarie communiste vivra juqu’en 1991 sous tutelle de Moscou, dont elle fut un petit frère fidèle parmi les fidèles. Finalement, le parlement bulgare a rétabli le Jour de l'indépendance bulgare en 1998 et depuis, la fête a été observée chaque année par un jour férié et chômé.

Le Jour de l'indépendance de la Bulgarie est une fête nationale largement célébrée dans tout le pays. Il est marqué par des discours officiels, des défilés, des spectacles en plein air, des services religieux spéciaux, des cérémonies de dépôt de couronnes dans les monuments et mémoriaux, et d'autres événements et activités festifs. Les plus grandes célébrations ont lieu à Sofia (la capitale), devant le monument de l'indépendance sur la place "Kniaz Alexander I", et surtout à Veliko Tarnovo (la ville où l'indépendance du pays a été proclamée), qui est traditionnellement le centre des célébrations. Lesquelles débutent à 9h dans la cour de l'église Saints 40 Martyrs (où avait été prononcé le manifeste d’indépendance) et se poursuivent avec un défilé militaire en costume d’époque.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Une caricature de l’époque

le tsar Ferdinand lors de la proclamation d’indépendance

Le tsar Ferdinand lors de la proclamation d’indépendance, en 1908.

Veliko Tarnovo

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1908, Indonésie, nationalisme, 20 mai, affirmation nationale Bruno Teissier 1908, Indonésie, nationalisme, 20 mai, affirmation nationale Bruno Teissier

20 mai : la journée de l'éveil national indonésien

En Indonésie, c’est la Journée de l’éveil national (Hari Kebangkitan Nasional). Elle commémore la création du premier groupe nationaliste indonésien, Budi Utomo, le 20 mai 1908, alors que l’Indonésie n’existe pas encore.

 

En Indonésie, c’est la Journée de l’éveil national (Hari Kebangkitan Nasional). Elle commémore la création du premier groupe nationaliste indonésien, Budi Utomo, le 20 mai 1908, alors que l’Indonésie n’existe pas encore, même dans l’esprit de ses promoteurs. Ce n’est pas un jour férié, mais d’ordinaire des célébrations sont organisées un peu partout dans le pays, notamment dans les universités. Budi Utomo était à l’origine un groupe d’étudiants de bonne famille conduit par un médecin à la retraite, Wahidin Soedirohoesodo. En 1910, cette société plus culturelle que politique est officiellement reconnue par les autorités coloniales. À l'époque, elle comptait environ 10 000 membres. Il faudra toutefois attendre, toutefois, les années 1920 pour que ses membres s’identifient comme indonésiens (et non javanais, balinais,…) et que naisse un parti indépendantiste, le Parti national indonésien fondé en 1927 par Soekarno.

Occupé depuis le XVIIe siècle par des Hollandais, l’archipel a été une colonie néerlandaise officielle à partir de 1800. À l’issue d’une occupation japonaise de 3 ans, les leaders nationalistes ont proclamé l’indépendance de leur pays. Les Pays-Bas mettront 4 ans à admettre l’indépendance de leur ancienne possession. Celle-ci comme ailleurs a été acquise à l’issus d’une guerre d’indépendance qui avait pris la forme d’une guérilla. C’est toute cette mémoire qui resurgit chaque 20 mai.

C’est le président Soekarno, en 1948, qui a choisi la date du 20 mai. «Nous sommes une nation résiliente» est le thème de la journée cette année 2021, en référence à la crise sanitaire. Il est recommandé comme l’an dernier de célébrer en toute sécurité Harkitnas 2021 à la maison. On pourra suivre la cérémonie en ligne sur site de Kominfo : http://komin.fo/Harkitnas2021 . Faute d’autres manifestations, on peut tout en restant chez soi, voir ou revoir l’un des nombreux films historiques qui rappelle ce processus historique, à savoir : Guru Bangsa Tjokroaminoto (2015), Kartini (2017), Sang Pencerah (2010)…

 
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