L’Almanach international

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1990, Tchad, chute du dictateur, démocratie, 1er décembre Bruno Teissier 1990, Tchad, chute du dictateur, démocratie, 1er décembre Bruno Teissier

1er décembre : la Journée de la liberté et de la démocratie au Tchad, un pays qui ne pratique ni l’une ni l’autre

Cette date du 1er décembre commémore la chute du terrible dictateur Hissène Habré, renversé par un soulèvement populaire mené par Idriss Déby en 1990. Cela avait permis un retour à la démocratie. Mais en trois décennies d'un règne de plus en plus autoritaire, le président Déby a anéanti toute liberté et esprit démocratique. Le régime de son fils, qui lui a succédé, a débuté dans un climat de terreur comparable à celui qui existait sous Hissée Habré.

 

Cette date du 1er décembre commémore la chute du terrible dictateur tchadien Hissène Habré provoquée par un soulèvement populaire mené par Idriss Déby en novembre 1990. Le 1er décembre, Hissène Habré était renversé et s’exilait au Sénégal. Le 2 décembre, Idriss Déby prenait la tête du Tchad. Depuis 1991, la Journée de la Liberté et de la Démocratie célèbre, par un jour férié et chômé, ce changement politique. Mais avec le temps il est simplement devenu une journée de célébration du régime. Mais, en 32 ans d’existence, celui-ci a petit à petit évolué vers de plus en plus d’autoritarisme et de moins en moins de démocratie.

Après le renversement d’Hissène Habdé, la constitution a été modifiée, le Tchad a ratifié les conventions internationales relatives aux droits humains. La presse est devenue libre, la justice s’est mise à fonctionner… Mais tout cela n’a duré qu’une décennie… La situation a commencé à se dégrader à partir de 2000 avec le projet d’exploitation pétrolière confié aux américains Chevron et Texaco. Pour les hommes au pouvoir, les enjeux financiers sont devenus tellement importants que les manifestations populaires ont été de plus en plus violemment réprimées. Des groupes rebelles se sont formés et la guerre a débuté en 2006, soit trois après le début de la manne pétrolière. L’argent du pétrole n’a nullement amélioré le sort des Tchadiens, il a servi à faire la guerre. Le président Idriss Déby s’est accroché au pouvoir refusant tous dialogue, muselant l’opposition. Après six élections (alors que la constitution n’en autorisait que deux) et avec pour les dernières, des scores de type soviétique… il est finalement mort lors d’un accrochage militaire avec des rebelles armés, le 20 avril 2021.

Le régime désemparé a aussitôt désigné son fils, Mahamat Idriss Déby Itno, dit Kaka, comme président de la période de transition. Celle-ci devait durer deux ans, elle a été prolongée jusqu’en 2025. La manifestation du 20 octobre 2022 contre ce dénie démocratique a été réprimée avec une violence digne de celle qui régnait à l’époque d’Hissène Habré. Non seulement l’armée a tiré sur la foule et mais elle a investi les maisons pour en extirper les manifestants et les exécuter sur-le-champ, le bilan est de 100 à 300 morts.

C’est un régime de terreur qui célèbre ce 1er décembre 2023, la Journée de la liberté et de la démocratie par une cérémonie de prise d’armes à N’Djamena, place de la Nation, en présence du président général Déby. Comme le faisait son père, celui dépose une gerbe de fleurs aux monuments aux morts et assiste au traditionnel défilé militaire avec ses invités étrangers, notamment un représentant de la France qui dispose au Tchad une importante base militaire, la dernière qu’elle détient au Sahel. D’où un soutien de Paris au régime de N’Djamena en dépit de ses inquiétantes dérives.

La semaine dernière, en vue de la célébration du 1er décembre 2023, le pouvoir a amnistié "tous les civils et militaires" impliqués dans les "événements" du 20 octobre 2022, invoquant une "volonté de réconciliation nationale". L'opposition s'est insurgée contre une loi d'amnistie générale destinée à "soustraire à la justice les policiers et militaires auteurs d'un massacre". 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 novembre 2023

 
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1993, constitution, démocratie, 18 juin Bruno Teissier 1993, constitution, démocratie, 18 juin Bruno Teissier

18 juin : les Seychelles célèbrent leur démocratie

Il y a trente ans, le 18 juin 1993, les Seychelles adoptaient une nouvelle constitution mettant un terme à 15 ans de dictature. La nouvelle loi suprême des Seychelles avait établi un système multipartite.

 

Il y a trente ans, le 18 juin 1993, les Seychelles adoptaient une nouvelle constitution mettant un terme à 15 ans de dictature de France-Albert René qui avait imposé un régime à parti unique, inspiré des régimes dit socialistes de l’époque. Après l’effondrement de l’URSS et du bloc de l’Est, ce type régime n’était plus tenable, même si aux Seychelles on était très loin d’un régime à la cubaine.

En 1991, René annonçait le passage à l'économie de marché et le retour au multipartisme. Le premier projet d'une nouvelle constitution reflétant les changements a été voté en 1992, mais il n'a pas reçu les 60% d'électeurs requis. Finalement, une version amendée de la constitution a été approuvée le 18 juin 1993. La nouvelle loi suprême des Seychelles a établi un système multipartite doté de trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) et proclamé le créole, l'anglais et le français comme langues nationales. La Constitution des Seychelles a été modifiée à plusieurs reprises depuis son adoption. Par exemple, l'amendement de 2016 a ramené les mandats présidentiel et vice-présidentiel à deux mandats consécutifs de cinq ans au lieu de trois mandats de cinq ans. Un autre amendement de 2017 stipulait que de nouvelles élections devaient avoir lieu dans les 90 jours en cas de décès, de démission ou de révocation du président.

L'anniversaire de l'adoption de la nouvelle constitution avait été proclamé fête nationale des Seychelles. Mais, en 2015, cependant, il a été décidé que le jour de l'indépendance (29 juin) serait désormais la fête nationale du pays. Le Jour de la Constitution (Constitution Day) est resté un jour férié, mais pas le plus important.

Aujourd’hui, la préoccupation principale des Seychelles n’est plus d’ordre politique mais climatique. Plus de la moitié des îles de l’archipel sont susceptibles de disparaître.

La cérémonie de lever du drapeau, à Mahe, est suivie par le président des Seychelles, Wavel Ramkalawan, le vice-président Ahmed Afif, le président de l'Assemblée nationale, Roger Mancienne, le juge en chef, Rony Govinden et d'autres hauts fonctionnaires et membres du corps diplomatique.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1991, Cap-Vert, 13 janvier, démocratie Bruno Teissier 1991, Cap-Vert, 13 janvier, démocratie Bruno Teissier

13 janvier : le Cap-Vert  célèbre sa démocratie

Le Cap-Vert fête l’instauration de la démocratie, remplaçant un régime à parti unique, le 13 janvier 1991, l’année où la plupart des régimes marxistes ont dû se réformer. Le Cap-Vert dont on parle très peu est aujourd’hui le pays des alternances politiques pacifiques entre la droite et la gauche. Un pays de la bonne gouvernance en dépit des difficultés de cet archipel qui reste très pauvre. Il mérite des encouragements.

 

C’est le 13 janvier 1991 qu’ont eu lieu les premières élections démocratiques de l’histoire de ce petit pays insulaire situé au large de l’Afrique occidentale. Le pays a obtenu son indépendance en 1975 grâce à deux décennies de militantisme contre l’occupation portugaise de la part des membres du Parti africain pour l'indépendance du Cap-Vert (PAICV). Comme il était l’usage à l’époque de ma part des mouvements marxistes de libération nationale, le régime politique qui se met en place ne prévoit qu’un parti unique. Tout naturellement, ces partis remportent les élections faute d’adversaires politiques reconnus officiellement.

L’affaiblissement de l’URSS, le lointain parrain, va changer la donne. Plusieurs partis d'opposition cap-verdiens s’unissent pour former le Mouvement pour la Démocratie (MPD) en avril 1990 à Praia, et contestent la légitimité de l'élection présidentielle prévue pour décembre 1990.  Finalement, le système à parti unique est officiellement aboli le 28 septembre 1990, et les premières élections libres ont lieu le 13 janvier 1991. En même temps, le Cap Vert connaît sa première alternance politique puisque le MPD remporte largement ces élections avec 73% des suffrages. C’est cet anniversaire qui est célébré chaque 13 janvier comme la Journée de la liberté et de la démocratie (Dia da liberdade e democratia), un jour férié que les Cap-verdiens appellent aussi le Dia D (D comme démocratie).

Le 13 janvier 1991, António Monteiro (MPD) a remplacé le président Aristides Pereira en place depuis l’indépendance. Le pays va ensuite connaître d’autres alternances. Déjà en 2001, avec l’élection à la présidentielle de Pedro Pires (PAICV). Puis à nouveau en 2011, avec le retour au pouvoir du MPD. En 2021, on assiste à l’élection de José Maria Neve (PAICV), le président actuel, lequel doit finalement cohabiter avec José Maria Neve (MPD), reconduit à la tête du gouvernement… ainsi va la démocratie du Cap-Vert, le pays des alternances pacifiques régulières entre une droite (démocrate-chrétienne) et une gauche (social-démocrate). Un pays de la bonne gouvernance en dépit des difficultés économique et climatiques de cet archipel qui reste très pauvre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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