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1916, Jordanie, armée, 10 juin Bruno Teissier 1916, Jordanie, armée, 10 juin Bruno Teissier

10 juin : la Jordanie fête son armée

Le 10 juin, la Jordanie célèbre la Journée de l'armée qui commémore l'anniversaire du début de la grande révolte arabe dans l'Empire ottoman en 1916.

 

Le 10 juin, la Jordanie célèbre la Journée de l'armée, qui commémore l'anniversaire du début de la grande révolte arabe dans l'Empire ottoman en 1916.

Au début du XXe siècle, le territoire de l'actuel Royaume hachémite de Jordanie faisait partie de l'Empire ottoman. À cette époque, l'idéologie du nationalisme arabe a commencé à se développer. Au milieu de la Première Guerre mondiale, Sharif Hussein bin Ali a lancé une révolte contre l'Empire ottoman. La révolte arabe a commencé le 10 juin 1916. Le soulèvement a duré deux ans et a été suivi par la partition de l'empire ottoman et la création de l'émirat de Transjordanie.

La révolte arabe a commencé le 10 juin 1916, lorsque les partisans de Hussein ont attaqué la garnison ottomane de la ville de La Mecque. Le soulèvement a duré deux ans et a été suivi par la partition de l'Empire ottoman et la création de l'émirat de Transjordanie.

L’armée royale jordanienne, également appelée armée arabe (الْجَيْشُ الْعَرَبيُّ , Al-Jaysh Al-Arabi) n’a été formée qu’en 1920, on pense qu'elle tire ses origines des forces hachémites qui ont participé à la révolte.

Le prince héritier Hussein, est reçu au mémorial des martyrs par le chef d'état-major interarmées, le général de division Yousef Huneiti, et dépose une gerbe au monument du soldat inconnu.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 juin 2023

 
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Météorologie, France, 8 juin Bruno Teissier Météorologie, France, 8 juin Bruno Teissier

8 juin : « s’il pleut à la Saint-Médard...

…il pleut quarante jours plus tard à moins que saint Barnabé ne lui coupe l’herbe sous le pied » . La Saint-Médard, c'est aujourd'hui et la Saint-Barnabé tombe le 11 juin, soit dans trois jours.

 

…il pleut quarante jours plus tard à moins que saint Barnabé ne lui coupe l’herbe sous le pied » (autrement dit, il pleuvra le 18 juillet sauf s’il fait beau à la Saint-Barnabé). La Saint-Médard, c'est aujourd'hui et la Saint-Barnabé tombe le 11 juin, soit dans trois jours. C’est un dicton très connu  des  Français dont on trouve l’origine dans les campagnes d’Aquitaine et du Limousin mais qui connaît également quelques variantes : « S’il pleut pour Saint-Médard, le beau temps vient tard » (en Languedoc) ou encore « Saint-Médard beau et serein promet abondance de grains (en Auvergne).

Les Frères Jacques, “À la Saint-Médard”

​​De même qu’il existe des saints de glace (en mai) dont on redoute la rigueur, les saints de pluie peuvent marquer le début d’une longue période de précipitations désastreuse pour les récoltes (car une autre version du dicton n’annonce pas moins de 40 jours de pluie).

Cette année 2022, après un printemps estival, surtout dans le Nord, voilà peut-être venu le temps de la pluie…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Les Frères Jacques ont popularisé le dicton avec À la Saint-Médard, une chanson de 1953, parole de Michel Vaucaire et musique de Rudy RevilÀ la Saint-Médard mon Dieu qu'il a plu Au coin du boul'vard et de la p'tite rue. À la Saint-Médard mon Dieu qu…

Les Frères Jacques ont popularisé le dicton avec À la Saint-Médard, une chanson de 1953, parole de Michel Vaucaire et musique de Rudy Revil

À la Saint-Médard mon Dieu qu'il a plu
Au coin du boul'vard et de la p'tite rue.
À la Saint-Médard mon Dieu qu'il a plu
Y aurait pas eu d'bar on était fichus !
À la Saint-Médard mon Dieu qu'on s'est plu
Tous deux au comptoir en buvant un jus…

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1523, 1809, indépendance, drapeau, 6 juin, Suède Bruno Teissier 1523, 1809, indépendance, drapeau, 6 juin, Suède Bruno Teissier

6 juin : la fête nationale suédoise marque le début de l'été

Cette fête relativement récente célèbre pourtant un événement vieux de 500 ans : l’élection du roi Gustav Vasa qui marqua l’indépendance de la Suède à l’égard de la couronne danoise. C’est aussi une fête du début de l’été et depuis peu, une possibilité de pont pour partir en week-end prolongé.

 

La Suède a attendu 1983 pour instaurer une fête nationale (Sveriges nationaldag) et 2005 pour en faire une journée chômée (en compensation, à la demande des syndicats, de la suppression du lundi de Pentecôte comme jour férié).

Une fête du drapeau (Svenska flaggans dag) existait depuis le début du XXe siècle, mais elle se limitait à la capitale. Elle célébrait l’élection de Gustav Vasa comme roi de Suède, le 6 juin 1523, il y a aujourd’hui exactement un demi-millénaire (si on ne tient pas compte du décalage de 10 jours dû au passage du calendrier julien au grégorien).

La date est importante, car l’élection de ce roi marque la fin de l’Union de Kalmar et donc de l’indépendance de la Suède. Pendant plus d’un siècle l’ensemble de l’Europe nordique (de l’Islande à la Finlande) était gouverné par un seul monarque : le roi du Danemark. La Suède fut la première à se détacher de la tutelle de Copenhague.

En 1809, c’est également un 6 juin qu’a été adoptée la constitution qui a jeté les bases de la Suède moderne. Celui-ci a toujours cours même si elle a été complétée à plusieurs reprises. La date d’adoption n’avait pas été choisie au hasard.

Traditionnellement, le roi et la reine de Suède participent à une cérémonie à Skansen, le musée en plein air de Stockholm, le jour de la fête nationale. Le drapeau suédois jaune et bleu est hissé sur le mât et des enfants en costume traditionnel de paysan présentent au couple royal des bouquets de fleurs d'été. Ce même jour, depuis 2005, le Palais royal fait portes ouvertes gratuitement.

C’est généralement le jour de la fête nationale que sont organisées des cérémonies spéciales accueillir de nouveaux citoyens suédois après leur naturalisation.

Au printemps 1893, le premier festival du printemps a eu lieu à Skansen à Stockholm à l'initiative du fondateur de Skansen, Artur Hazelius. La fête s'est terminée le 6 juin par une grande fête du drapeau qui sera pérennisée par la suite, sans pour autant être une fête nationale avant 1983. Il y a 17 jours du drapeau dans le calendrier officiel suédois.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 juin 2023

 

Célébration de la fête nationale au Kungsträdgården, à Stockholm.

Depuis que le Palais Royal ouvre ses portes gratuitement chaque 6 juin, la foule se presse pour en profiter

Gustav Vasa sur le billet de 1000 couronnes

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1873, Suriname, Pays-Bas, immigration, 5 juin Bruno Teissier 1873, Suriname, Pays-Bas, immigration, 5 juin Bruno Teissier

5 juin : le Suriname célèbre l’arrivée des Indiens

Les premiers Indiens sont arrivés au Suriname il y a 150 ans, jour pour jour, pour remplacer les esclaves noirs libérés la même année. Aujourd’hui, ils représentent plus du quart de la population du pays et sont aussi présents aux Pays-Bas où la journée est également fêtée chaque année.

 

Chaque 5 juin, au Suriname, on fête l’arrivée des Indiens (Prawas Din). Le premier navire, nommé Lalla Roch, transportant un groupe de 399 travailleurs indiens est arrivé le 5 juin 1873 dans le port de Paramaribo, la capitale du Suriname. Cet anniversaire, le Prawas Din (ou Surinaamse Immigratiedag)  est célébré chaque année. 2023 est une année spéciale, puisqu’on fête les 150 ans de la communauté indienne (ou hindoustani-surinamaise) qui représente environ  27% de la population du pays.

C’’est en 1863 que les Hollandais ont aboli l’esclavage dans leur colonie du Suriname, mais une période de transition de dix ans a été accordée aux propriétaires d’esclaves, c'est pourquoi les esclaves n'ont été réellement libérés qu'en 1873. Pour faire face au manque de main-d’œuvre, les Néerlandais ont organisé l'immigration de travailleurs contractuels des Indes néerlandaises (Indonésie actuelle) et surtout de l'Inde (par le biais d'un accord avec les Britanniques). Ces travailleurs engagés n’ont été guère mieux traités que des esclaves : les contractuels ont été exploités, maltraités et humiliés dans les plantations surinamaises. Le Museum Vlaardingen (situé près de Rotterdam) signale que plus de cinq mille jeunes ont péri pendant la période de l’« engagisme » colonial. D'autres études concluent que sur les quelque 34 000 hindoustanis amenés, un sur six n'a pas survécu à la première période de contrat de cinq ans. Les contractuels hindoustani ont émigré au Suriname entre 1873 et 1916. La grande majorité est restée dans l'ancienne colonie néerlandaise après l'expiration du contrat de cinq ans. La période de travail sous contrat hindou a pris fin en 1916 après les protestations de nationalistes indiens menés par Gandhi.

Ceux-ci représentaient quelque 38% des habitants du Suriname au moment de l’indépendance (en 1975), ils sont moins nombreux aujourd’hui car nombre d’entre eux ont émigré aux Pays-Bas où le Prawas Din est également célébré chaque 5 juin. Les « Hindoestanen »  forment aujourd’hui une communauté de 170 000 personnes soit 1% de la population des Pays-Bas. La Haye leur a dédié un monument en 2004, sur Hobbemaplein, où se déroule une cérémonie  chaque 5 juin pour la Fête de l’immigration (Aparwasi Divas). Pour ce 150e anniversaire de grandes festivités ont eu lieu ce dimanche à La Haye.

La même fête est célébrée à Trinidad et Tobago chaque 30 mai et à l’île Maurice les 30 novembre. Quant à l’Inde, elle célèbre sa diaspora le 9 janvier. Au Suriname, on célèbre aussi en 2023, les 160 ans de l’abolition de l’esclavage et les 170 ans de l’arrivée des Chinois.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 juin 2023

 

À Paramaribo, l'événement central des célébration est le dépôt de fleurs sur la statue de Baba et Mai. Ce monument symbolise le premier homme et la première femme indienne à avoir foulé le sol du Suriname.

L’annonce des célébrations de 2023 aux Pays-Bas

Le logo de la célébration au Suriname

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1920, Hongrie Bruno Teissier 1920, Hongrie Bruno Teissier

4 juin : Trianon, dangereuses nostalgies hongroises

Il y a 103 ans la Hongrie perdait 70 % de son territoire et plus de la moitié de ses habitants. Voila ce qui est ressassé depuis un siècle chaque 4 juin. Rien n’est plus faux que cette affirmation… Victor Orban en joue et en abuse pour bâillonner l’opposition et se maintenir au pouvoir selon les mêmes recettes que celles de son homologue turc dont il se sent proche. On ne s’étonnera pas qu’il soit aussi un soutien de Poutine avec qui il partage les litanies nationalistes et victimaires.

 

Il y a 103 ans la Hongrie perdait 70 % de son territoire et plus de la moitié de ses habitants. Voilà ce qui est ressassé depuis un siècle chaque 4 juin. Rien n’est plus faux que cette affirmation ! Cette litanie nationaliste et victimaire élude le fait que la Grande Hongrie perdue n’était pas un État-nation mais un empire, ou plutôt un demi-empire puisque l’Autriche et la Hongrie étaient associées sous une même couronne dans l’Empire austro-hongrois. C’est un peu comme si aujourd’hui les Autrichiens pleuraient leur royaume perdu sans se soucier des aspirations des Tchèques ou des Slovènes qui ne disposent de leur propre État que parce que l’Empire a éclaté. Il en est de même des Croates ou des Slovaques qui aspiraient, eux aussi, à leur liberté. Sans l’éclatement de la Grande Hongrie, leurs pays n’existeraient pas.

Ce jour sinistre que les Hongrois, travaillés par les mouvements nationalistes au pouvoir, commémorent aujourd’hui, c’est la signature du Traité du Trianon, le 4 juin 1918 à 16h34. Les cloches de toutes les églises de Hongrie vont sonner à cette heure-là, ce 4 juin 2020. Victor Orban a fait de cet anniversaire la Journée de l’Unité nationale (Nemzeti összetartozás napja), créée en 2010 (pour le 90e anniversaire) et célébré par de nombreuses manifestations culturelles à vocation nostalgique.

Certes, il en aurait pu en être autrement. L’État nation n’est pas forcément un idéal, une fédération de peuples aurait pu se concevoir dans le cadre d’un empire austro-hongrois rénové et surtout démocratique. Il aurait pu tenir tête à l’Allemagne de Hitler… Or la classe politique hongroise, avant 1918, avait toujours refusé le suffrage universel. Une situation intenable au début du XXe siècle. Les Hongrois ont payé à Trianon leur obscurantisme et leur posture de supériorité face aux autres peuples. Le discours nationaliste nous raconte aujourd’hui qu’en 1918 sur les 23,4 millions d’habitants que comptait la Grande Hongrie, il n’en restait plus que 7,6 millions en Hongrie (dans son contour de 1920, celui de 2020) et que 3 millions de Hongrois étaient demeurés à l’extérieur du pays. Les chiffres sont justes et on comprend le choc de ces Hongrois devenus des minorités dans tous les pays entourant la nouvelle Hongrie. Mais quid des 10 millions restant ? Des Croates, des Roumains, des Slovaques… En définitive, numériquement, le Traité de Trianon a fait bien plus d’heureux que de déçus ! Les nationalistes hongrois pleurent aujourd’hui encore la perte de leur débouché sur la mer Adriatique, mais le port de Rijeka (Fiume) était peuplé d’Italiens et ses faubourgs de Croates, pas l’ombre d’un Hongrois excepté des fonctionnaires envoyés de Budapest.  Certes, à quelques dizaines de kilomètre près, on aurait pu tailler la Hongrie un tout petit peu plus large pour y inclure les populations hongroises vivant aux abords de la frontière actuelle, mais rien à voir avec les contours revendiqués chaque 4 juin par Budapest. Voilà, la Hongrie était dans le camp des perdants, en 1918 puis à nouveau en 1945. Quel autre pays d’Europe, hormis l’Allemagne, était dans ce cas ? L’histoire a ses règles, implacables.

Il serait bien que la Hongrie profite de ce centenaire (et un peu plus) pour faire un deuil définitif d’un irrédentisme totalement anachronique, mais ce discours est tellement utile au maître des lieux pour imposer son pouvoir qu’il ne semble pas devoir s’éteindre. L’exacerbation du nationalisme a permis à Victor Orban de bâillonner les libertés en Hongrie. Il n’est pas prêt à renoncer à un discours qui semble inusable depuis plus d’un siècle, les dernières élections l’ont reconduit au pouvoir, notamment avec le vote des Hongrois de l’extérieur à qui il a distribué des passeports hongrois et des cartes d’électeurs.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 juin 2023

 
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1946, Italie, 2 juin Bruno Teissier 1946, Italie, 2 juin Bruno Teissier

2 juin : la fête nationale de l'Italie

La date de la Festa della Repubblica italiana correspond à l’abandon de la monarchie, compromise dans le fascisme, pour un système républicain. C’est le 77e anniversaire du référendum du 2 juin 1946 qui a opéré une mutation politique qui n’est plus remise en cause aujourd’hui.

 

La date du 2 juin correspond à l’abandon de la monarchie, compromise avec le fascisme, pour un système républicain. Le référendum des 2 et 3 juin 1946 avait divisé l’Italie, le Sud étant resté fidèle à la monarchie, alors que le nord optait franchement pour la république. Mais la famille de Savoie, exilée jusqu’en 2003, n’a plus aujourd’hui que très peu de partisans, la république est acceptée de tous, même si tous voudraient la réformer. La première ministre Giorgia Meloni avait autrefois dit son admiration pour Mussolini, mais elle ne s’est jamais exprimée de la sorte sur la monarchie.

La journée de la Festa della Repubblica italiana est marquée par le dépôt d’une couronne de laurier, par le président Sergio Mattarella, sur la tombe du soldat inconnu, à l'Altare della Patria situé sur la Piazza Venezia. Puis, c’est le traditionnel défilé via dei Fori Imperiali, à Rome. Des milliers de personnalités des forces de police de la République, de la Croix-Rouge, de l'armée italienne, de la marine, de l'armée de l'air, des carabiniers, la Guardia di Finanza, le corps de police pénitentiaire, la brigade nationale des pompiers et le corps forestier de l'État, y participent. Une fête a lieu au Quirinale, le palais du président de la République, pendant que la patrouille nationale d'acrobatie effectue une série de vols sur l'ensemble du territoire national, peignant le ciel avec les couleurs du drapeau.

Le parcours de la Frecce Tricolore a commencé le 18 mai avec le survol de Trente, Codogno, Milan, Turin, Aoste. Et cela a continué les jours suivants, touchant toutes les régions, les unissant dans une étreinte symbolique, en signe d'union et de solidarité. Le dernier vol, comme d'habitude, a lieu ce 2 juin 2023 au-dessus du ciel de Rome : quelques passages seront effectués lors de la cérémonie de dépôt de la couronne de laurier à l'Altare della Patria.

Pour ceux qui n’assistent pas aux cérémonies, les musées sont gratuits aujourd’hui, selon la tradition.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 juin 2023

 
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1963, Kenya, autonomie, 1er juin Bruno Teissier 1963, Kenya, autonomie, 1er juin Bruno Teissier

1er juin : le Kenya  fête Madaraka Day

Le 1er juin 1963, après 80 ans d’occupation du pays, les Britanniques cédaient le pouvoir (madaraka) aux leaders locaux. C’était le prélude à l’indépendance du Kenya, en décembre de la même année. Chaque année, les autorités organisent une grande fête, pour marquer ce 60e anniversaire, c’est à Embu que le président William Ruto vient fêter ce Madaraka Day.

 

Madaraka, signifie « pouvoir » en swahili. Cette fête rappelle le jour où Londres a cédé le pouvoir à un gouvernement autonome Kenyan. C’était, il y a très exactement 60 ans. Le Kenya était occupé par les Britanniques depuis la fin du XIXe siècle. Le 1er juin 1963, ceux-ci cédaient le pouvoir à la population locale, soit quelques mois avant l’indépendance du 12 décembre 1963 et l’instauration d’une république un an plus tard, avec Jomo Kenyatta comme premier président.

En 1952, le soulèvement des Mau Mau avait donné le signal de la lutte pour contre les colons européens et le gouvernement colonial. À partir de 1956, le soulèvement a été durement réprimé, mais la marche pour l’indépendance était inéluctable. Le Kenya fête cette année son 60e anniversaire.

Si la fête d’indépendance se tient chaque année à Nairobi, le 12 décembre, celle qui commémore l’autonomie du pays, le 1er juin, se déroule dans une ville de province par roulement. Cette décentralisation date seulement de 2017, quelques villes en ont bénéficié. Cette année, pour le jubilé, c’est Embu, dans le centre du pays, qui a été choisie pour ce Madaraka Day. Le stade a été rénové en l’espace de 5 mois pour accueillir quelque 10 000 personnes. Les portes du stade sont ouvertes dès 4 heures du matin, la journée est présidée par William Ruto, le président du Kenya élu en août 2022. Dans le stade, on assiste à un grand défilé des forces vives de la nation, de la musique, des spectacles...

Traditionnellement, l’opposition organiste des festivités pour faire concurrence à celles du président. Le pays est divisé, son prédécesseur Uhuru Kenyatta, dont il était le vice-président l’a lâché pendant la campagne électorale pour faire alliance avec l’opposant, Raila Odinga, qui était candidat pour la 5e fois. Ce dernier n’a toujours pas reconnu la victoire de Wiliam Ruto.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 mai 2023

 

Le Jomo Kenyatta International Stadium Kisumu rénové en vue des célébrations du Madaraka Day, le 1er juin 2023 (photo : Collins Odeur, Standard)

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1983, Espagne, fête régionale, 31 mai Bruno Teissier 1983, Espagne, fête régionale, 31 mai Bruno Teissier

31 mai : la fête de la Castille-La Manche, le pays de Don Quichotte

Il y a 40 ans jour pour,  s’ouvrait première session des Cortès de la communauté autonome de Castille-La Manche, dans le centre l’Espagne. Cela donne lieu chaque 31 mai, à un jour férié. Cette année le Parti socialiste local qui gouverne la région peut fêter sa victoire électorale avec d’autant d’ardeur que le PSOE a perdu aux élections de dimanche au moins 10 des régions qu’il gouvernait jusque-là.

 

Cette Journée de la Castilla–La Mancha (Día de Castilla-La Mancha ) est un jour férié régional célébré chaque année depuis 1984. Les écoles, les universités, les bureaux du gouvernement et certaines entreprises sont fermés pour la journée.

La première élection régionale dans la communauté autonome espagnole nouvellement créée avait eu lieu en mai 1983. Les sièges des Cortes régionales (l’assemblée locale) avaient été remportés par deux partis, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, gauche) et la Coalition populaire (droite). La première session des Cortès s'ouvrit le 31 mai 1983, il y a 40 ans jour pour jour.

Cette journée est aussi l’occasion d’une fête partisane. Alors que la gauche a subi une déroute aux élections de ce dimanche, La Castille-La Manche est la seule région espagnole où le PSOE se maintienne seul au pouvoir sans avoir besoin d’une coalition. C’est le triomphe du baron socialiste Emiliano García-Page, le président sortant de la région qui sera reconduit sans problème, fort de ses 17 sièges sur 33 dont 12 au PP (droite) et 4 à Vox (extrême droite). Localement le PSOE a obtenu 45% des voix (contre 28% au niveau national, le 29 mai). Emiliano García-Page Sánchez président la communauté autonome (région) depuis 2015.

La Journée de la Castille-La Manche est marquée par des cérémonies de lever du drapeau, des défilés, des cérémonies de remise de prix et de décorations, des concerts, des expositions, des foires, des compétitions sportives, des concours… Chaque année, une nouvelle ville ou village devient le centre des célébrations à l'échelle de la communauté. Cette année c’est à Manzanares, dans la province (département) de Ciudad Real que se déroulent les principales festivités.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 mai 2023

 

La Manche, le pays de Don Quichotte

Le président de la Castilla-La Mancha, Emiliano García-Page, un 31 mai (photo : José Ramón Márquez) 

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1967, Nigeria, 30 mai, indépendance Bruno Teissier 1967, Nigeria, 30 mai, indépendance Bruno Teissier

30 mai : qui se souvient de la république du Biafra ?

Chaque 30 mai, au sud-est du Nigeria, on commémore l’indépendance d’un État qui n’a guère eu d’existence : le Biafra. Qui se souvient de la République du Biafra proclamée le 30 mai 1967 par colonel Ojukwu et des trois ans de guerre qui ont provoqué au moins un million de morts… Un mouvement indépendantiste a néanmoins resurgi récemment, avec une montée des violences contre les représentants de l’État fédéral.

 

Chaque 30 mai, au sud-est du Nigeria, on commémore l’indépendance d’un État qui n’a guère eu d’existence : le Biafra. Qui se souvient de la République du Biafra proclamée le 30 mai 1967 par colonel Ojukwu ? On a surtout en mémoire la terrible famine engendrée par trois ans de guerre (1967-1970) qui ont provoqué au moins un million de morts, peut-être plus. 

Sur le plan international, le Biafra indépendant n'avait été reconnu que par une poignée de pays, dont la Tanzanie, le Gabon et la Côte d'Ivoire. Le soutien est également venu du Vatican (les Igbos sont catholiques) et de nombreuses organisations humanitaires chrétiennes, dont Caritas International et Diakonisches Werk, qui ont aidé la population à lutter contre la famine.

Depuis son indépendance en 1960, le Nigeria était parvenu à préserver son unité au sein d'une fédération. Mais les Igbos se sentaient exclus de la vie sociopolitique, et même persécutés par les deux autres principales ethnies, les Haoussa-Foulani (nord) et les Yorouba (sud-ouest). Aujourd’hui encore, les Igbo, troisième communauté du Nigeria, se sentent toujours « sous occupation », marginalisés, parfois même injustement traités par le gouvernement. Le Biafra, région du peuple igbo, recèle près des deux tiers des gisements de pétrole du pays. Il n’était donc pas question de les laisser prendre son indépendance. D’où cette terrible guerre qui s’est soldée par un échec des séparatistes écrasées par les forces loyalistes au pouvoir fédéral nigérian. Quant au colonel Ojukwu il s’est s’exilé à Londres avant de revenir au pays après avoir bénéficié d’une grâce présidentielle. Mais c’est à Londres qu’il s’éteindra le 26 novembre 2011 à l’âge de 78 ans.

Un demi-siècle après, les mouvements séparatistes igbo réémergent depuis quelques années, le plus important d’entre eux étant le Mouvement indépendantiste pour les peuples indigènes du Biafra (IBOB), qui mène des campagnes intenses de propagande sur les réseaux sociaux. L’idée indépendantiste fait son chemin parmi les jeunes générations… Bien que la République du Biafra ait cessé d’exister, en janvier 1970, le mouvement pro-Biafra, lui, ne s’est jamais totalement éteint. Ces dernières années, il a même conquis un regain de popularité, notamment chez les jeunes qui, pourtant, n’ont pas connu les affres de la guerre. Le chef des séparatistes actuels, Nnamdi Kanu, n’était pas né le 30 mai 1967 et avait moins de 3 ans à la fin du conflit.

Nnamdi Kanu a été acquitté par une cour d'appel d'Abuja en octobre 2022. La Cour suprême du Nigéria continue néanmoins les poursuites, son audience d'appel est annoncé pour le 14 septembre 2023. Moins radical qu’à une époque, Nnamdi Kanu avait renoncé à son appel au boycott des institutions nigérianes et a exhorté les Biafrais à participer aux élections. Mais cela n’a pas calmé les velléités indépendantistes. La région est en proie à une recrudescence des violences, imputées par les autorités à l'IBOB, qui a nié à plusieurs reprises toute responsabilité. Les attaques ciblées ont tué plus d’une cetaine policiers et autres membres des forces de sécurité dans la région en 2022, d'après les décomptes des médias locaux.

Pour l’heure, les dirgeants du Peuple Indigène du Biafra (IPOB) a simplement appelé les habitants du Sud-Est à observer 3 minutes de silence et de faire un sit-at-home le 30 mai 2023, pour honorer les « héros tombés ». Pour les militants de l’indépendance, le 30 mai est le Biafra Heroe’s Day .

Cette guerre bien oubliée n’est pourtant pas restée sans postérité. Elle a eu pour conséquence l’évolution de la doctrine de l’aide humanitaire prônant la médiatisation intense des conflits et une ingérence directe pour venir en aide aux réfugiés. Cela s’est matérialisé par la création en 1971 de l’organisation caritative d’origine française Médecins sans frontières. Les French doctors sont intervenus ensuite dans de très nombreux pays en guerre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 mai 2023

 
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1453, Turquie, 29 mai, Bataille célèbre Bruno Teissier 1453, Turquie, 29 mai, Bataille célèbre Bruno Teissier

29 mai : Istanbul fête sa « conquête » par les musulmans

Recep Tayyip Erdoğan célèbre à la fois sa victoire électorale et le 570e anniversaire de la conquête de Constantinople, devenue Istanbul, par un jeune sultan, âgé alors de 21 ans : Mehmet II Fatih, après 53 jours de siège. Le président Erdoğan a fait de cet événement une de ses deux dates fétiches avec le 24 juillet (1923).

 

Les autorités turques célèbrent aujourd’hui le 570e anniversaire de la conquête Istanbul (Constantinople) (İstanbul'un fethinin yıl dönümü) par un jeune sultan, âgé alors de 21 ans : Mehmet II Fatih (c’est-à-dire le Conquérant) après 53 jours de siège et quelques trahisons dans le camp chrétien. C’était le 29 mai 1453. Il signait ainsi la fin de l’Empire byzantin mais il allait faire de la Turquie un État prospère et moderne. La célébration de cet anniversaire est un événement récent,largement dû à la volonté de Recep Tayyip Erdoğan, l’indéboulonnable président autoritaire de la Turquie.

D’année en année, c’est avec toujours plus de faste que l’on organise l’événement au point que l’on en délaisse une autre fête, celle du 19 mai, dédiée à Mustafa Kemal (Atatürk).

En 2019 : spectacle pyrotechnique doublé d’un son et lumière sur la Corne d’Or, grande parade dans le stade de football de Besiktas, organisée par l’Associa­tion de la jeunesse d’Anatolie, une ONG islamiste proche de l’AKP (le parti islamo-conservateur au pouvoir)… la fête ne passe pas inaperçue.

En 2020, les cérémonies n’ont pas eu lieu, pour cause de pandémie, mais sur ordre de Recep Tayyip Erdoğan, la basilique Sainte-Sophie a été rouverte à la prière (ce qui a créé un afflux de visiteurs mettant en péril ce monument du Ve siècle, en principe protégé par l’Unesco).

En 2021, contre toute attente, l’AKP a annulé toute manifestation sans donner de raison. Il est vrai que depuis 2019, la municipalité est passée à l’opposition. Cependant, c’est le 29 mai 2021, que la fameuse mosquée pour laquelle le parc de Taksim a été détruit, a été inaugurée.

En 2022, s'exprimant lors de la réunion du groupe du parti AK, le président Erdoğan a déclaré : "Nous célébrerons le 29 mai à l'aéroport d'Atatürk". Les festivités commencent à 16h00 dans le Jardin de la Nation de l'aéroport d'Atatürk. Cette infrastructure destinée à faire l’Istanbul un hub aérien de taille mondiale est la fierté du nouveau sultan, Erdogan. 1453 et 1923 (le 24 juillet) sont ses deux dates fétiches.

En 2023, l’évènement permet à Recep Tayyip Erdoğan, ancien maire d’Istanbul, de célébrer de manière très symbolique sa troisième victoire à la présidentielle turque.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 mai 2023

 
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1918, Arménie, Azerbaïdjan, indépendance, 28 mai Bruno Teissier 1918, Arménie, Azerbaïdjan, indépendance, 28 mai Bruno Teissier

28 mai : Azerbaïdjan et Arménie célèbrent leur première indépendance

Le 28 mai 1918, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont proclamé leur indépendance le même jour et dans la même ville de Tiflis. Mais, les projets territoriaux de chacun État en formation, se chevauchaient largement. La naissance de ces nations se fera dans la violence et la frustration, par des processus de nettoyage ethnique qui, un siècle après, ne sont malheureusement pas terminés.

 

Le 28 mai 1918, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont proclamé leur indépendance le même jour, dans la même ville de Tiflis (la future Tbilissi, capitale actuelle de la Géorgie). Rien détonant, car à l’époque, les Tatars y étaient nombreux et c’était aussi la plus grande ville arménienne (après Bakou qui deviendra la capitale de l’Azerbaïdjan). Erevan était une ville secondaire, peuplée elle aussi de nombreux Tatars, que l’on appelle aujourd’hui les Azéris. C’est dire la complexité géographique et politique qui prévalait dans la région à la chute de l’Empire des tsars.

L’enjeux était de taille, car il n’y avait jamais eu d’État azéri dans l’Histoire et le dernier État arménien remontait au XIVe siècle (et n’était même pas situé dans le Caucase). Les deux États proclamé n’avait aucune référence territoriale évidente à faire valoir. La région était peuplée en taches de léopard de Géorgiens, Tatars et Arméniens, auxquels il fallait ajourer de nombreux Kurdes, des Russes, des Grecs… Le tout était compliqué par un afflux de réfugiés de l’Empire ottoman, rescapés du Génocide. Une offensive turque qui s’est soldé par la victoire arménienne de Saratrapat. Une présence militaire anglaise tentant de remplacer les Russes… La Fédération de Transcaucasie, État multiethnique, fondée en février 1918 sur les décombres de l’Empire russe,  aurait pu regrouper tous ces peuple et les faire vivre ensemble..

Mais les logiques nationalistes ont pris le dessus et n’ont laissé aucune chance au jeune État dont la mort a été prononcée le 26 mai 1918. Le même jour la Géorgie proclamait son indépendance. Évidemment, les projets territoriaux de chacun des trois pays se chevauchaient largement et la naissance de ces trois États se fera dans la violence et la frustration. Les processus de nettoyage ethnique, un siècle après, ne sont toujours pas terminés. Les craintes aujourd’hui, concernent le Haut-Karabagh, assiégé et asphyxié par les Azéris depuis l’automne 2022.

La région va, en 1920, tomber sous le contrôle de Moscou (dans le cadre de l’URSS) qui a joué les peuples les uns contre les autres afin de conserver sa tutelle coloniale héritée des tsars. L’idée était de brider le peuple ayant l’identité la plus forte et la plus ancienne, en l’occurrence, les Arméniens. Ceux-ci ont tous été chassés du Nakhitchevan, exclave que Staline a attribué à l’Azerbaïdjan. De leur côté les Tatars (Azéris) sont chassés du Zanguézour, la région qui sépare le Nakhitchevan de l’Azerbaïdjan. D’où les visées actuelles de Bakou sur cette région. Le Haut-Karabagh, très majoritairement peuplé d’Arméniens, aurait pu être une exclave de l’Arménie, Staline l’a placé sous la tutelle de Bakou avec un vague statut d’autonomie.

Ce statut d’autonomie sera aboli par Bakou à la chute de l’URSS, en 1991. En réaction, les Arméniens de la république autonome du Haut-Karbagh ont pris les armes et le contrôle d’un territoire deux fois plus vaste que leur enclave et en ont chassé les Azéris. Ce statu quo a tenu qu’en 2020, année où l’Azerbaïdjan a reconquis tout son territoire, à l’exception d’une partie de l’enclave du Haut-Karabagh aujourd’hui tenue par l’Armée russe.

En 2020, Moscou a laissé les Arméniens être écrasés par les Azerbaïdjanais, mais ne souhaitait pas une victoire totale de Bakou. Le souci des Russes était conserver une présence militaire  dans le Caucase, mais jusqu’à quand ? L’agression de l’Ukraine ayant largement tournée au fiasco, la puissance russe ne joue plus son rôle de médiateur. L’inquiétude est grand au Haut-Karabagh. Le souvenir des pogroms de Bakou, en 1988, visant les Arméniens est encore vif dans les mémoires…

La date du 28 mai, célébrée chaque année à Erevan et à Bakou est très lourde de mémoire et de contentieux. Ces jours fériés arménien, le Jour de la Première République (Առաջին Հանրապետության օր), et azerbaïdjanais (İlk Respublika Günü) n'étaient pas célébrés à l'époque soviétique, ils n’ont été institués qu’après la dissolution de l'URSS. Après que deux républiques aient obtenu leur deuxième indépendance en 1991.

Des pourparlers de paix ont débuté très récemment, l’Arménie propose de reconnaître les frontières de son voisin. L’Azerbaïdjan garantira-t-elle celles de l’Arménie ? Quel est l’avenir des Arméniens du Haut-Karabagh ?

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 mai 2023

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

 

Le mémorial arménien de Saratrapat où se fête le 28 mai

Le discours du 28 mai du président azerbaïdjanais

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1905, Japon, Batailles navales, 27 mai Bruno Teissier 1905, Japon, Batailles navales, 27 mai Bruno Teissier

27 mai : la bataille de Tsushima, gloire navale du Japon

Cette victoire navale japonaise avait eu un grand retentissement en 1905, c’était la première fois qu’une flotte européenne, celle de la Russie, était détruite par une puissance non européenne. Le 27 mai n’est plus férié au Japon, mais une cérémonie a lieu chaque année à bord du navire commémoratif, amarré dans un port militaire. Avec la montée des tensions dans la région, la mémoire de la bataille de Tsushima prend aujourd’hui une dimension particulière.

 

Ce jour férié commémorant la bataille navale de Tsushima a été aboli en 1945 comme tous les symboles du militarisme japonais, mais les autorités n’ont jamais cessé de célébrer chaque 27 mai cette victoire navale de 1905. Une victoire navale qui avait eu un grand retentissement à l’époque, c’était la première fois qu’une flotte européenne était détruite par une puissance non européenne. Cette défaite russe majeure dans la guerre qui l’opposait au Japon avait, à l’époque, bien écorné l’idée que l’on se faisait de la puissance de l’Empire russe. Il faut noter que le Japon était alors soutenu par les États-Unis et équipé par de matériel moderne fourni par les Anglais, soucieux d’affaiblir la Russie alors alliée des Français. Néanmoins cette victoire d’Asiatique sur des Européens avait profondément marqué les esprits à l’époque.

Cette Journée commémorative de la marine (海軍記念日 — Kaigun Kinen'bi) avait été instituée en 1939 dans le cadre de la propagande militariste nippone. On comprend que les Américains aient imposé la suppression ce jour férié en 1945. Mais, la cérémonie d’hommage à l’amiral Heihachiro Togo, souvent décrit par les journalistes comme le « Nelson de l'Orient », le vainqueur de Tsushima n’a jamais cessé. Il est vrai que cette bataille de 1905 était à l’époque la plus fameuse depuis celle de Trafalgar, le 21 octobre 1905. Depuis quelques années, avec la montée des tensions dans la région et l’affirmation d’un militarisme chinois, la mémoire de Tsushima prend une dimension particulière.

Les cérémonies se déroulent à quai et à bord du navire commémoratif, le Mikasa amarré dans la ville de Yokosuka, située sur la côte Pacifique, au centre du Japon. La ville abritait une base navale et un chantier naval de la Marine impériale. C’est aujourd’hui, l’un des plus grands ports militaires du Japon, partagé entre l'US Navy et la branche navale des Forces d'autodéfense japonaises.

La marine impériale japonaise fut la troisième plus grande marine au monde en 1920, et sans doute la plus moderne au début de la Seconde Guerre mondiale. Elle reste l'une des premières marines au monde en termes de budget, même si elle se voit refuser tout rôle offensif par la Constitution et l'opinion publique de la nation. Mais, cette dernière évolue…

La bataille de Tsushima (Цусимское сражение, en russe), connue sous le nom de bataille navale de la mer du Japon (日本海海戦 — Nihonkai-Kaisen) au Japon, a eu lieu les 27 et 28 mai 1905 (14 et 15 mai dans le calendrier julien alors en usage en Russie) dans le détroit de Tsushima entre la Corée et le sud du Japon. Dans cette bataille, la flotte japonaise dirigée par l'amiral Tōgō Heihachirō a détruit les deux tiers de la flotte russe, menée par l'amiral Zinovy Rozhestvensky, qui avait parcouru plus de 18 000 milles marins (33 000 km) pour atteindre l'Extrême-Orient. La bataille était également la première fois que la télégraphie sans fil était utilisée dans un combat naval. Elle révéla au monde l’émergence d’une puissance japonaise et, déjà, le déclin de celle de la Russie.

Chaque 27 mai, une cérémonie se déroule également au sanctuaire Tōgō-jinja (東郷神社), consacré à l'amiral Tōgō Heihachirō. Il se trouve à Harajuku, un quartier de Tokyo.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 mai 2023

 

La statue de l’amiral Tōgō Heihachirō, devant le navire commémoratif

Bières à la gloire de l’amiral Tōgō Heihachirō

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Australie, aborigène, réconciliation nationale, 26 mai Bruno Teissier Australie, aborigène, réconciliation nationale, 26 mai Bruno Teissier

26 mai : le National Sorry Day en Australie

Le peuple aborigène d’Australie a attendu ce jour pendant des décennies. Cette Journée nationale du pardon (Sorry Day) dont c’est seulement la 15e édition, est un peu sa revanche sur l’histoire. Jusqu’en 1967, les Aborigènes n’avaient aucune existence légale, les recensements ne les prenaient pas en compte, ils n’avaient aucun droit. Leurs enfants leur étaient retirés afin d’éradiquer leur culture… Des excuses gouvernementales ont finalement été prononcées en 2008.

 

En Australie, c'est la Journée nationale du pardon (National Sorry Day). Chaque année, depuis 2008, le 26 mai, le National Sorry Day reconnaît les mauvais traitements infligés par le gouvernement aux aborigènes et aux insulaires du détroit de Torres, séparés de force de leurs familles et de leurs communautés.

Demain commence la Semaine de réconciliation nationale (National Reconciliation Week) (27 mai – 3 juin) dont le thème de cette année est « Soyez une voix pour les générations ».  Le 27 mai est l’anniversaire du référendum de 1967 qui permit aux Aborigène d’être reconnus comme des citoyens australiens à part entière. Jusqu’en 1967, ils n’avaient aucune existence juridique. Les recensements de la population ne les prenaient même pas en compte, comme s’ils n’existaient pas. L’article de la Constitution qui stipulait que le gouvernement fédéral pouvait faire des lois pour tout le monde sauf les Aborigènes a été modifié en 1967. Il faudra toutefois attendre le 3 juin 1992 pour que l’arrêt Mabo marque le début de l'élaboration du statut des Natifs et de leurs droits. 

Le peuple aborigène a attendu ce jour pendant des décennies. Ce Sorry Day est un peu sa revanche sur l’histoire. Derrière l’image idyllique d’un pays réconcilié, il y a une tragédie, dénoncée officiellement, le 13 février 2008 devant le Parlement par Kevin Rudd, premier ministre qui présenta ses excuses aux Aborigènes pour les injustices et les mauvais traitements subis depuis deux siècles et, plus précisément, pour la « génération volée », ces enfants  enlevés de force à leurs parents et confiés à des institutions ou des familles blanches (environ 100 000 enfants jusque dans les années 1970). Si ces excuses n’ont pas été accompagnées d’indemnisation, le gouvernement a toutefois promis d’aider les Aborigènes, très affectés par le chômage, l’alcoolisme et dont l’espérance de vie reste inférieure de 17 ans à celle d’un Australien non-autochtone. Beaucoup d’Australiens ont découvert cette histoire qui n’était pas enseignée, certains la refusent encore.

Les choses bougent, en mai 2019, a été prononcé un verdict historique. La Haute Cour de Justice d’Australie a pour la première fois statué sur l’indemnisation des Aborigènes spoliés, mettant un terme à une procédure ouverte en 1999. Dans sa décision délivrée le 13 mars 2019, elle assure que les Aborigènes spoliés de leurs terres seront désormais indemnisés pour « perte et souffrance culturelles ». Dans le cas présent, le Territoire du Nord se voit obligé de payer 2,5 millions de dollars australiens (1,6 million d’euros) aux communautés plaignantes.

Chaque année depuis 1997, le 26 mai (veille de l’anniversaire du référendum de 1967), l'ENIAR (European Net for Indigenous Australians Rights) consacre une journée à l'événement : conférences, films, etc. Cette initiative mémorielle a été reprise au niveau national en 2008, l’année des excuses publiques du gouvernement.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 mai 2023

 
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Une des trois affiches produites par le Batchelor Institute pour commémorer le jour où le Premier ministre australien Kevin Rudd a présenté ses excuses à la génération volée (Stolen generation)

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1963, Afrique, 25 mai Bruno Teissier 1963, Afrique, 25 mai Bruno Teissier

25 mai : la journée mondiale de l'Afrique 

La Journée de l'Afrique est célébrée chaque 25 mai en mémoire de la naissance de l’OUA (Organisation de l’unité africaine), fondée le 25 mai 1963 à Addis Abeba, il y a 60 ans jour pour jour. En 2002, l’OUA a laissé la place à l’UA (l’Union africaine), créée sur le modèle de l’UE, mais le 25 mai a été conservé comme fête de l’Afrique.

 

La Journée de l'Afrique, appelée autrefois Journée de la libération de l'Afrique, est célébrée chaque 25 mai en mémoire de la naissance de l’OUA (Organisation de l’unité africaine), fondée le 25 mai 1963 à Addis Abeba, il y a 60 ans jour pour jour. En 2002, l’OUA a laissé la place à l’UA (l’Union africaine), créée sur le modèle de l’UE, mais le 25 mai a été conservé comme fête de l’Afrique.

Célébrée partout, y compris en Europe, le 25 mai est un jour férié dans certains États africains (Gambie, Ghana, Guinée, Lesotho, Mali, Mauritanie, Namibie, Zambie, Zimbabwe). Au Lesotho, la date est également connue sous le nom de Journée des héros.

L’OUA, devenue l’UA a été fondée avec 32 pays. L’organisation regroupe aujourd’hui les 55 États du continent quand l’organisation est au complet, ce qui rare. Certains États l’ont quitté pour un temps, ce fut le cas du Maroc de 1984 à 2017, pour protester contre l’admission de la République Sahraoui. D’autres en ont été exclus, généralement à la suite d’un coup d’État. C’est actuellement le cas du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée et du Soudan. Ce qui n’empêche pas des dictateurs de présider l’institution. En février 2023, c’est le très controversé Azali Assoumani, le président des Comores, qui a pris la présidence tournante de l'UA, à la suite de Macky Sall, le chef de l'État sénégalais.

Il est prévu une vaste zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) qui doit réunir, en 2025, 1,5 milliard de personnes et devenir le plus grand marché mondial en termes de population. Tous les pays de l'UA, à l'exception de l'Érythrée, y ont adhéré, mais les discussions achoppent sur le calendrier des réductions des droits de douane, notamment pour les pays les moins développés. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 mai 2023

 

Le drapeau de l’Union africaine

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1991, 1993, Érythrée, indépendance, 24 mai Bruno Teissier 1991, 1993, Érythrée, indépendance, 24 mai Bruno Teissier

24 mai : l’Érythrée célèbre sa fête nationale

C’est l’un des pires pays de la planète qui fête aujourd’hui  les 30 ans de son indépendance acquise après plus de trois décennies de guerre pour  se séparer de l’Éthiopie auxquelles, il faut ajouter trois décennies d’un régime totalitaire qui fait régner un régime de terreur. Le 24 mai 1991, le Front de libération du peuple érythréen libérait la capitale érythréenne d'Asmara. Son chef Issaias Afeworki et ses sbires, n’ont jamais quitté le pouvoir.

 

C’est l’un des pires pays de la planète qui fête aujourd’hui  les 30 ans de son indépendance acquise après plus de trois décennies de guerre pour  se séparer de l’Éthiopie auxquelles, il faut ajouter trois décennies d’un régime totalitaire qui fait régner un régime de terreur, au point que ce pays de 3 millions d’habitants est à l’origine d’un  des principaux flux de demandeurs d’asile politique en provenance de l’Afrique.

L’Érythrée avait été colonisée par les Italiens à la toute fin du XIXe sicle, puis avait été occupée par les Anglais pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, le pays a été revendiqué par l’Éthiopie, dépourvue de façade maritime. Avec le parrainage des Nations unies, l’Érythrée a été intégré en 1952 dans une fédération avec l’Éthiopie qui dure 10 ans et se termine par une confiscation de toute autonomie par Addis Abeba. En réaction, l’Érythrée est entrée en rébellion dès 1961 sous la conduite du Front de libération de l'Érythrée  (FLE), puis du Front populaire de libération de l'Érythrée (FPLE). La guerre d'indépendance érythréenne a entraîné la mort de 10 % de la population du pays, mais s'est soldée par une victoire érythréenne décisive. Le 24 mai 1991, le Front de libération du peuple érythréen a libéré la capitale érythréenne d'Asmara. L'anniversaire de cet événement est maintenant célébré comme le Jour de l'indépendance de l'Érythrée, bien que le référendum sur l'indépendance n'ait eu lieu que deux ans plus tard, après que l'indépendance du pays ait été reconnue internationalement, le 24 mai 1993. C’est cet anniversaire qui est fêté par les autorités de ce pays reclus, où toute voix dissidente disparaît au goulag. La constitution n’est pas appliquée, aucune élection ne fait même mine de singer la démocratie. Ce régime totalitaire est comparable à la Corée du Nord. Il est dirigé d'une main de fer depuis 30 ans par le président Issaias Afeworki, le dictateur actuel qui a émergé de la guerre d’indépendance. Il n'y a ni presse libre ni opposition politique ni même de société civile.

Le pays n’a jamais cessé d’entretenir une guerre larvée. Les civils sont enrôlés dans un service militaire si terriblement contraignant et dangereux que beaucoup fuient le pays pour y échapper. L’Érythrée a, à nouveau, affronté l’Éthiopie entre 1998 et 2000 pour un conflit frontalier qui a fait 80 000 morts. Accusé de déstabiliser la Corne de l'Afrique en soutenant des groupes armés comme les shebabs somaliens, le pays a fini par signer un accord de paix en 2018 avec le nouveau Premier ministre de l’Éthiopie, Abiy Ahmed, puis de soutenir ce dernier  dans la guerre d’Addis Abeba contre le Tigré entre 2020 et 2022. En février 2022, l’Érythrée est un des très rares pays du monde à avoir soutenu l’agression de l’Ukraine par Poutine.

Le jour de l'indépendance est un jour férié et chômé. Les festivités durent une semaine jusqu'au 24 mai, c'est la Semaine de l'Indépendance (qinyat natsnet). Elle est marquée par des carnavals, des spectacles de rue, des compétitions sportives, des courses cyclistes, des concerts de musique, des défilés, des fêtes sous tente, de nombreux drapeaux et de nombreuses manifestations de patriotisme ferments encadrées par les autorités.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 mai 2023

 

Des cérémonies dignes de celle de la Corée du Nord

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1929, Mexique, 23 mai, étudiants Bruno Teissier 1929, Mexique, 23 mai, étudiants Bruno Teissier

23 mai : la journée des étudiants mexicains

Au Mexique, le 23 mai a été déclaré “Journée de l'étudiant” en commémoration du mouvement étudiant de 1929, qui a conduit l'Université nationale de l'époque à acquérir son autonomie.

 

Au Mexique, le 23 mai a été déclaré Journée de l'étudiant (dia del estudiante) en commémoration du mouvement étudiant de 1929, qui a conduit l'Université nationale de l'époque à acquérir son autonomie.

Tout avait commencé lorsque le 22 septembre 1910, sous le mandat du président Porfirio Díaz, l'Université nationale autonome du Mexique était inaugurée. Jusqu'en 1929, la loi désignait le ministre de l'Instruction publique comme chef de l'Université, et le recteur était nommé par le président de la République, lui-même. C'est à cette époque que les étudiants ont commencé à s'organiser en Fédération. Cela a créé une conscience de groupe parmi les étudiants. Les autorités universitaires ont décidé d'opérer deux changements : augmenter d'un an la formation préparatoire et modifier les examens professionnels à la Faculté de droit, ce qui a mis les étudiants de ladite faculté en désaccord, et ils ont essayé de négocier avec les autorités qui ont refusé de le faire. Plus tard, ils ont placé le drapeau rouge et noir dans la faculté. Deux jours plus tard, sur ordre du président Emilio Portes Gil, le recteur a fermé la faculté. Le 9 mai, la grève est officiellement déclarée.

Cependant, après une série d'événements et de manifestations qui ont abouti à une grève générale, les étudiants ont été brutalement attaqués par la police à l'intérieur des locaux de la faculté de droit le 23 mai 1929. Il y a eu un grand nombre de blessés des deux côtés et davantage d'écoles ont rejoint les manifestations. C’est l’anniversaire de ces événements dramatiques qui est célébré aujourd’hui.

Tout au long de ce siècle, les mouvements étudiants ont été d'une grande importance pour défendre les droits des étudiants, ce fut notamment le cas en 1968, en 1971, la grève de l'UNAM de 1999 et la grève de 2014 à l'Institut national polytechnique.

À une échelle plus large, il existe une Journée internationale des étudiants, célébrée chaque 17 novembre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 mai 2023

 
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1972, Sri Lanka, république, 22 mai Bruno Teissier 1972, Sri Lanka, république, 22 mai Bruno Teissier

22 mai : le jour où Ceylan est devenu une république sous le nom de Sri Lanka

Beaucoup de Sri Lankais  regrettent que le 22 mai ne soit plus un jour férié, car ce jour de 1972 est pour eux l’anniversaire de la véritable indépendance de leur pays. Ils récusent le 4 février qui sert de fête nationale, dont ils déplorent l’imposture.

 

Beaucoup de Sri Lankais  regrettent que le 22 mai , le Jour de la République (ජනරජ දිනය), ne soit plus un jour férié, car ce jour de 1972 est pour eux l’anniversaire de la véritable indépendance de leur pays. Ils récusent le 4 février qui sert de fête nationale, dont ils déplorent l’imposture.

La colonie britannique de Ceylan a, en effet, obtenu son indépendance le 4 février 1948, mais le pays nouvellement indépendant est resté un dominion au sein de l'Empire britannique. Le monarque britannique a continué d'être le chef de l'État, le pouvoir militaire est resté aux mains des Britanniques, comme le pouvoir judiciaire puisque le Conseil privé du Royaume-Uni était la cour d'appel suprême.  Il faut attendre le 22 mai 1972 pour que Ceylan renie son statut de dominion et change de nom en proclamant la République de Sri Lanka. Cette émancipation politique à l’égard du Commonwealth est l’œuvre de la première ministre Sirimavo Bandaranaike qui fut, en 1960, la première femme dans le monde à être élue démocratiquement à la tête d'un gouvernement. Elle est revenue au pouvoir en 1970 à la tête d’une coalition de centre gauche et a entamé le processus qui a pris deux années. À partir de 1848, le Royaume-Uni, soudoyant une partie de la classe politique, a tout fait pour que la rupture n’ait pas lieu, il faudra attendre 24 ans pour que son ex-colonie se libère totalement de son emprise. L’Inde a opéré la même révolution, dès 1950 et célébre chaque 26 janvier le Republic Day par de grandes festivités.

Outre le changement de chef d’État, le nouveau régime a aussi permis la nationalisation d’immenses plantations de thé et de caoutchouc qui avait été jadis accaparées par les Anglais. Jusqu’en 1972, ces propriétés étaient restées sous leur contrôle en dépit de l’indépendance. C’est donc aussi l’indépendance économique du pays qui est célébré chaque 22 mai. Même si par la suite, le Sri Lanka s’est retrouvé sous l’influence de l’Inde et plus récemment sous la coupe de la Chine auprès de laquelle le pays est aujourd’hui dramatiquement endetté.

Il faut toutefois noter que le régime de 1972 abandonnait l’article 29 de la constitution de 1948, spécifiant la protection des minorités. Le bouddhisme devenait religion d’État et le texte constitutionnel n’était rédigé qu’en cinghalais… autant de germes à la guerre civile que va déchirer le pays de 1983 à 2009. De plus, une nouvelle constitution, en 1978, va faire passer le Sri Lanka d’un régime parlementaire à un régime présidentiel, avec toutes les dérives autoritaires possibles auxquelles le pays n’échappera pas.

Jusqu'à la victoire militaire du 18 mai 2009 qui l'a éclipsée, le 22 mai de chaque année, tous les ministères, administrations, établissements publics et autres institutions de l'État commémoraient la fête de la République. Les chefs de département avec la participation du personnel hissaient le drapeau national et prononçaient un bref discours sur l'importance de cette Journée qui est bien oubliée aujourd’hui. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 mai 2023

 

Le nouveau drapeau du Sri Lanka, adopté en 1972

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1851, Colombie, Abolition de l'esclavage, Noirs, 21 mai Bruno Teissier 1851, Colombie, Abolition de l'esclavage, Noirs, 21 mai Bruno Teissier

21 mai : la journée des Afro-Colombiens

La Journée de l'Afro-Colombianité a été instaurée en 2001 pour célébrer les 150 ans de l'abolition de l'esclavage en Colombie en 1851. Elle permet aussi la mise en valeur d’une culture palenquo-antillaise qui marque profondément certaines régions de Colombie.

 

La Journée de l'Afro-Colombianité (Día de la Afrocolombianidad) a été instaurée en 2001 pour célébrer les 150 ans de l'abolition de l'esclavage en Colombie, décrété par la loi 21 du 21 mai 1851 par le président José Hilario López.

On l’oublie souvent, la Colombie est un pays multiculturel et l’une des composantes de sa population vient d’Afrique : au moins 10% de sa population aurait des racines héritées du continent noir, et même beaucoup plus selon certaines estimations. Elle est le produit de la traite massive d’esclave à partir de 1518, année de l’arrivée du premier galion chargé d’esclaves africain dans le port de Carthagène.

C'est aussi un hommage à tous ceux qui ont combattu pour la liberté, comme Benkos Biohó, un esclave qui s'est rebellé contre les Espagnols et qui est le fondateur de la première ville libre d'Amérique : San Basilio de Palenque. Un autre personnage historique est aussi mis à l’honneur : Juan José Nieto Gil, le premier romancier colombien qui est aussi l’unique président noir du pays. Élu en janvier  1851, il avait été renversé par un coup d’État militaire en juillet de la même année et son portrait ne figure pas dans la galerie des présidents de la Casa Nariño, la présidence de la république. Son roman, Yngermina, ou la fille de Calamar, passe pour être le premier de l’histoire littéraire du pays. L’avocate et ex-sénatrice Piedad Cordoba ou la championne olympique Maria Isabel Urruttia, ex-ministre des Sports, symbolise aujourd’hui la pleine intégration de Noirs dans la vie politique colombienne, même si une majorité d’entre eux souffrent toujours d’une certaine marginalité.

Il a fallu attendre la constitution de 1991 pour qu’une reconnaissance culturelle compensatrice soit accordée aux Afro-colombiens comme la propriété collective du sol pour les communautés vivant sur le littoral du Pacifique.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 mai 2023

 
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1972, Cameroun, unification du pays, 20 mai Bruno Teissier 1972, Cameroun, unification du pays, 20 mai Bruno Teissier

20 mai : la fête de l'unité du Cameroun contestée par une partie du pays

C’est un pays en guerre civile qui célèbre chaque 20 mai son unité. La fête nationale est boycottée par la partie anglophone du Cameroun qui réclame le retour au fédéralisme et dénonce avant tout la dictature du président Biya, l’un des plus vieux et des plus anciens chef d’État au monde.

 

La fête nationale (The National Day) du Cameroun, également connue sous le nom de Fête de l'unité (Unity Day), est célébrée chaque année le 20 mai. En 1972, une nouvelle constitution a été adoptée, à la suite d'un référendum (sujet à caution) organisé le 20 mai par le président Ahmadou Ahidjo. Elle a aboli le système de gouvernement fédéral et remplacé la fédération par un État unitaire sous le nom de République-Unie du Cameroun. En 1984, le pays est devenu simplement la République du Cameroun, le nom qui était celui du seul Cameroun francophone.

Le projet du président Ahmadou Ahidjo était d’instaurer un régime autoritaire à parti unique, il lui fallait pour cela, commencer par abolir l’État fédéral. Son successeur, Paul Biya, qui dirige le pays depuis plus de 40 ans, n’a fait que renforcer le caractère dictatorial du régime.

Le pays était divisé depuis 1916, quand l’ancienne colonie allemande du Kamerun avait été partagée entre Français et Anglais. Le Cameroun francophone, anciennement sous tutelle française a accédé à l'indépendance le 1ᵉʳ janvier 1960, et le Southern Cameroons, le 1ᵉʳ octobre 1961. Les deux parties du territoire ont donc des dates d'indépendance différentes, c’est la raison pour laquelle, c’est la date du 20 mai qui a été choisie comme fête nationale. 

La fête nationale est célébrée par des discours prononcés par le président du Cameroun et des représentants du gouvernement, des marches et des défilés, notamment sur le mythique boulevard du 20 mai de la capitale, Yaoundé. Bien que cette journée soit un jour férié, les enfants de tout le pays se rendent à l'école où ils célèbrent la fête nationale, en effectuant des marches en chantant dans les différents quartiers de leurs villes.

Bien que célébrant l’unité, cette fête nationale ne fait pas l’unanimité. Elle est boycottée depuis 2019 par l’opposition anglophone qui, depuis un demi siècle, déplore l’abandon du fédéralisme et estime être victime d’une nouvelle forme de colonisation de la part du pouvoir francophone. Si bien que pays est aujourd’hui en guerre civile depuis plus de cinq ans, le mouvement sécessionniste anglophone, qui a pris les armes, est de plus en plus populaire localement.

Aujourd’hui, l’unité du pays ne tient que par la répression et la force des armes, c’est donc un échec flagrant qui est célébré ce 20 mai. Toutefois, les Anglophones ne réclament pas vraiment la partition du pays mais demandent simplement la démocratie.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 mai 2023

 
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1923, génocide, 19 juin Bruno Teissier 1923, génocide, 19 juin Bruno Teissier

19 mai : la mémoire du « génocide »  grec

Les Grecs commémorent une décennie, de 1913 à 1923, rythmée par une série de massacres et d’expulsions massives des Grecs du territoire actuel de la Turquie. Cette année marquée par le centenaire du traité de Lausanne est également célébrée en Turquie, comme l’aboutissement d’un processus national. La date du 19 mai, est celle à laquelle Mustafa Kemal a débarqué à Samsun en 1919. Jour de deuil en Grèce, jour de fête en Turquie.

 

Ce génocide n’a pas eu l’ampleur de celui des Arméniens, s’il a abouti au même résultat : la disparition quasi totale des Grecs du territoire de l’actuelle Turquie, c’est aussi en raison de leur expulsion massive d’Asie mineure consécutive à l’échec  de la Grèce de prendre contrôle de la côte égéenne orientale, entériné par le traité de Lausanne dont on fête cette année le centenaire. Cette défaite et ses conséquences  sont désignées comme la Grande Catastrophe ( η Μεγάλη Καταστροφή ) de l’histoire grecque. Celle-ci ne se résume pas à un échange de population, plus d’un million de personnes entre Grèce et Turquie.

Ce que les Grecs désignent comme le génocide grec (Γενοκτονία των Ελλήνων) est aussi une décennie, de 1913 à 1923, rythmée par une série de massacres. À partir du printemps 1913, les Ottomans ont mis en œuvre un programme d'expulsions et de migrations forcées, axé sur les Grecs de la région égéenne et de la Thrace orientale, dont la présence dans ces zones était considérée comme une menace pour la sécurité nationale. L’un des pires massacres que commémore cette journée du 19 mai est celui de Phocée (une ville d’Asie mineure dont la population avait, jadis, dans l’Antiquité, fondé Marseille). En juin 1914, alors que l’Europe n’est pas encore en guerre, des milices turques ont attaqué la population, assassiné une centaine d’habitants et provoqué la fuite des survivants vers la Grèce. Toujours dans la même région, le fait le plus marquant fut le grand incendie de Smyrne (aujourd’hui Izmir), provoquant la mort de 10 à 15 000 personnes et l’expulsion de quelque 200 000 autres.

La date du 19 mai, choisie par les Grecs pour commémorer cette mémoire, est celle à laquelle Mustafa Kemal (futur Atatürk) a débarqué à Samsun en 1919. Ce jour a marqué le début de la guerre d'indépendance turque et le début de la deuxième vague du massacre de la population grecque en Turquie. La Turquie en a fait la Journée de commémoration d’Atatürk, de la Jeunesse et des Sports, un jour férié, jour de fête en Turquie, jour de deuil en Grèce.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 mai 2023

 

En jaune, les Grecs ; en vert, les Turcs, sur une carte ethnique du début du XXe siècle.

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