L’Almanach international

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1983, Espagne, fête régionale, 31 mai Bruno Teissier 1983, Espagne, fête régionale, 31 mai Bruno Teissier

31 mai : la fête de la Castille-La Manche, le pays de Don Quichotte

Il y a 40 ans jour pour,  s’ouvrait première session des Cortès de la communauté autonome de Castille-La Manche, dans le centre l’Espagne. Cela donne lieu chaque 31 mai, à un jour férié. Cette année le Parti socialiste local qui gouverne la région peut fêter sa victoire électorale avec d’autant d’ardeur que le PSOE a perdu aux élections de dimanche au moins 10 des régions qu’il gouvernait jusque-là.

 

Cette Journée de la Castilla–La Mancha (Día de Castilla-La Mancha ) est un jour férié régional célébré chaque année depuis 1984. Les écoles, les universités, les bureaux du gouvernement et certaines entreprises sont fermés pour la journée.

La première élection régionale dans la communauté autonome espagnole nouvellement créée avait eu lieu en mai 1983. Les sièges des Cortes régionales (l’assemblée locale) avaient été remportés par deux partis, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, gauche) et la Coalition populaire (droite). La première session des Cortès s'ouvrit le 31 mai 1983, il y a 40 ans jour pour jour.

Cette journée est aussi l’occasion d’une fête partisane. Alors que la gauche a subi une déroute aux élections de ce dimanche, La Castille-La Manche est la seule région espagnole où le PSOE se maintienne seul au pouvoir sans avoir besoin d’une coalition. C’est le triomphe du baron socialiste Emiliano García-Page, le président sortant de la région qui sera reconduit sans problème, fort de ses 17 sièges sur 33 dont 12 au PP (droite) et 4 à Vox (extrême droite). Localement le PSOE a obtenu 45% des voix (contre 28% au niveau national, le 29 mai). Emiliano García-Page Sánchez président la communauté autonome (région) depuis 2015.

La Journée de la Castille-La Manche est marquée par des cérémonies de lever du drapeau, des défilés, des cérémonies de remise de prix et de décorations, des concerts, des expositions, des foires, des compétitions sportives, des concours… Chaque année, une nouvelle ville ou village devient le centre des célébrations à l'échelle de la communauté. Cette année c’est à Manzanares, dans la province (département) de Ciudad Real que se déroulent les principales festivités.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

La Manche, le pays de Don Quichotte

Le président de la Castilla-La Mancha, Emiliano García-Page, un 31 mai (photo : José Ramón Márquez) 

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1992, Bosnie-Herzégovine, massacre, 31 mai Bruno Teissier 1992, Bosnie-Herzégovine, massacre, 31 mai Bruno Teissier

31 mai : la Journée du ruban blanc en Bosnie, souvenir des massacres de 1992

Chaque 31 mai, la Bosnie-Herzégovine se souvient des 3 176 habitants de la ville Prijedor tués ou portés disparus pendant la guerre en Bosnie-Herzégovine. Chaque année, les autorités locales serbes font tout pour entraver la célébration.

 

Chaque 31 mai, la Bosnie-Herzégovine se souvient des 3 176 habitants de la ville Prijedor tués ou portés disparus pendant la guerre en Bosnie-Herzégovine.

Parmi eux, 102 enfants, tués entre 1992 et 1995, dont les parents réclament avec insistance l'érection d'un monument, ce que les autorités municipales de Prijedor, contrôlées par les Serbes, refusent toujours.

Rappelons que le symbolisme des rubans blancs remonte au 31 mai 1992, lorsque les autorités serbes de Bosnie à Prijedor (et plus tard dans d'autres localités) ont donné l’ordre, via la radio locale, à la population non serbe de marquer leurs maisons avec des drapeaux blancs et de porter un ruban blanc autour de leurs manches pour que les non-Serbes puissent être repérés dans la rue. Une pratique qui rappelle tragiquement l’étoile jaune imposée aux juifs d’Europe, pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce fut le début d'une campagne d'extermination au cours de laquelle des exécutions massives, des viols et d'autres crimes ont été perpétrés, et le résultat final a été la disparition de 94 % des Bosniaques et des Croates de la municipalité de Prijedor en Bosnie-Herzégovine.

Les crimes à Prijedor avaient commencé par des attaques des forces serbes contre des colonies bosniaques sur Mataruški brd le 22 mai, suivies d'une attaque contre Kozarac le 24 mai, suivie de l'ouverture des camps de Keraterm, Omarska et Trnopolje entre le 26 et le 30 mai, où d'horribles atrocités. Plus de 400 charniers ont été découverts, dont celui de Tomasica, le plus grand charnier des Balkans, découvert en 2013.

La célébration dite du Ruban blanc (Dan bijele vrpce) a débuté en 2012 pour le 20e anniversaire des massacres. Elle consiste en une procession silencieuse des familles des victimes dans les rues de la ville. Cette année, ce 31 mai 2022, pour le 30e anniversaire, les autorités locales (serbes) ont interdit la marche et n’ont autorisé qu’un bref rassemblement sur la place Major Zoran Karlica pendant une durée limitée de 12h00 à 13h00, sous preste de risque de trouble à l’ordre public. Par provocation, ce 31 mai 2022, une organisation de jeunesse serbe avait envisagé d’organiser à Prijedor, une fête d’anniversaire en l’honneur de… Viktor Orbán, le caudillo hongrois, né justement un 31 mai. Fumeux prétexte, juste pour semer le trouble et entraver le travail de mémoire des familles.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 mai 2022

 

Manifestation à Zagreb

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31 mai : la Journée du souvenir des victimes de la répression politique au Kazakhstan

Comme l’Ukraine, le Kazakhstan commémore la grande famine des années 1932-33 (Acharchylyk ) et la répression de masse de l’époque soviétique. La décolonisation de l’empire russe est en marche, déjà dans les têtes. La libération de la mémoire est une première étape.

 

Les exactions commises dans l’empire colonial russe, en particulier à l’époque soviétique, resurgissent des mémoires. Au Kazakhstan, les premières lois mémorielles ont été adoptées peu après l’indépendance. En 1993, les victimes des répressions du stalinisme étaient réhabilitées. En 1997, Noursoultan Nazarbaïev instituait le 31 mai comme la Journée en souvenir des victimes de la répression politique (Қазақстандағы саяси қуғын-сүргін құрбандарын еске алу күні). En 2020,  le nouveau président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev a mis en place une Commission d’État pour la réhabilitation des victimes de la répression politique qui fait re-émerger plusieurs décennies de crimes et de souffrance. Depuis quelques années, un nouveau terme est popularisé dans le discours mémoriel : Acharchylyk (Ашаршылық). C’est l’équivalent kazakh de l’Holodomor des Ukrainiens. La terrible famine a coûté la vie à un million et demi de Kazakhs entre 1932 et 1934 (2 millions de morts si ont y ajoute les autres nationalités vivant au Kazakhstan), soit 40% de la population du pays.

Nomades, les Kazakhs ont été privés de leur bétail, confisqué par les gouverneurs soviétiques. Afin de remplir les quotas pour le blé, les Kazakhs furent forcés de troquer leurs bêtes contre des quantités dérisoires de céréales, ce qui les condamnait à mort car il ne leur restait plus rien. Partout, le bétail mourait à cause des conditions inadaptées, notamment le manque de fourrage dû à la grande sécheresse de 1932-33 associée aux grands froids : en deux ans, la République a perdu plus de 90 % de son cheptel (sur 45 millions de têtes de bétail en 1929, il n’en restait que 3,5 millions en 1935). Beaucoup de Kazakhs n’ont eu la vie sauve qu’en se réfugiant dans les pays voisins. Certains se sont établis au Xinjiang, une région contrôlée par la Chine. Leurs descendants croupissent aujourd’hui dans des camps de concentration aux côtés des Ouïghours.

La date du 31 août fait aussi référence à la répression politique de masse qui a atteint son paroxysme en 1937.  Au cours du XXe siècle Moscou a fait de ses colonies d’Asie centrale des lieux de relégation pour y déporter les peuples qui entravaient l’expansion russe, c’est le cas des Tatars de Crimée. Le territoire du Kazakhstan s'est ainsi transformé en une grande prison avec l'ouverture des plus grands camps de travail correctif, tels que Alzhir (camp d'Akmola pour les femmes des traîtres à la patrie), Steplag et Karlag. Plus de 5 millions de personnes ont été envoyées dans ces camps au cours des années de répression. Selon certains rapports, le nombre total de prisonniers dépasse de loin ces données. Ils étaient d’origines très diverses : Kazakhs, Polonais, Russes, Allemands, Coréens, Ouïghours, Ouzbeks… 25 000 ont été condamnées à la peine capitale, mais la plupart des victimes sont mortes des mauvaises conditions de vie.

Le Kazakhstan s’émancipe peu à peu en dépit d’une présence russe toujours pesante. On notera que le président Tokaïev, un dictateur sauvé l’an dernier d’une insurrection par une intervention militaire russe, ne s’est pas laissé entraîner par Poutine dans la désastreuse guerre d’Ukraine. La décolonisation, très tardive, de l’empire russe est en marche dans toute l’Asie centrale. La libération de la mémoire est une première étape.

 
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1921, États-Unis, Noirs, 31 mai, massacre Bruno Teissier 1921, États-Unis, Noirs, 31 mai, massacre Bruno Teissier

31 mai : il y a 100 ans, à Tulsa, le plus terrible lynchage de Noirs de l’histoire américaine

Localement le massacre de Tulsa est célébré chaque 31 mai, cette année pour le centenaire du drame, le président des États-Unis se déplacera, il assistera demain à des cérémonies qui durent plusieurs jours.

 

Localement le massacre est célébré chaque 31 mai (Tulsa race massacre Day), cette année pour le centenaire du drame, le président des États-Unis se déplacera, il assistera demain à des cérémonies qui durent plusieurs jours.

Cela se passe à Tulsa, dans l’Oklahoma : le 30 mai 1921, un jeune Noir maladroit bouscule une jeune fille blanche, lui a-t-elle marché sur le pied ? L’a-t-il heurté ? On ne sait pas. Toujours est-il qu’elle pousse un cri, aussitôt on accourt croyant une agression. Le jeune homme, qui sait ce qu’il risque, se réfugie à Greenwood, où habite sa mère. Il sera vite retrouvé et arrêté, mais la jeune fille refuse de porter plainte. L’affaire aurait dû en rester là, si un groupe d’hommes noirs patrouillant devant le commissariat pour protéger le jeune garçon, n’était pas tombé nez à nez avec un groupe d’hommes blancs hystériques réclamant le lynchage du coupable. Des coups de feu sont partis, on comptera plusieurs victimes surtout des Blancs. Aussitôt la ville s’enflamme contre le quartier noir de Greenwood, un quartier relativement prospère où vivait une classe moyenne supérieure noire qui suscitait bien des jalousies dans cette petite ville du vieux Sud. Le quartier était même connu sous le nom de Black Wall Street, en référence au quartier des affaires de New York. Les pillages et destructions durent deux jours à partir du 31 mai 1921. 1256 maisons sont détruites, plus de 10 000 personnes, quasiment toutes afro-américaines, se retrouvent à la rue. 300 morts sont comptabilisés mais le nombre des victimes serait bien plus important. Du quartier, il n’est rien resté : des avions d’agriculteurs de la région ont même été mobilisés pour déverser des produit inflammable sur les bâtiments : école, hôpital (le seul qui accueillait les Noirs), églises, entreprises… tout à disparu en quelques heures. Personne, bien sûr, n’a été poursuivi, la mémoire collective a très vite effacé le drame.

Il a fallu attendre 2001 , pour que  l’État fédéral d’Oklahoma a passé une loi intitulée « 1921 Tulsa Race Riot Reconciliation Act » pour accéder quelques réparations symboliques aux descendants des victimes comme la distribution de 300 bourses d’études supérieures à des familles brisées. En 2011, un mémorial est créé et baptisé John Hope Franklin, un historien afro-américain originaire de Tulsa. Finalement en 2021, le pogrom commence à mobiliser les autorités fédérales, puisque Joe Biden sera présent aux cérémonies.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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chrétiens, 31 mai Bruno Teissier chrétiens, 31 mai Bruno Teissier

31 mai : la Visitation, fête chrétienne un peu oubliée

Tous les ans, une messe solennelle est célébrée ce jour en la basilique de Aïn Karem (ou Ein Kerem), petit village palestinien, aujourd'hui en territoire israélien, à quelques kilomètres de Jérusalem, où selon la tradition aurait eu lieu la Visitation.

 

La Visitation est une fête chrétienne qui rappelle le souvenir de la visite que fit Marie, enceinte de Jésus, à sa cousine Élisabeth, elle-même enceinte de Jean-Baptiste. Elle est fêtée le 31 mai.

Roger Van der Weyden, La Visitation, peint vers 1445

Roger Van der Weyden, La Visitation, peint vers 1445

Tous les ans, une messe solennelle est célébrée ce jour en la basilique de Aïn Karem (ou Ein Kerem), petit village palestinien chrétien qui s’est retrouvé en territoire israélien, à quelques kilomètres de Jérusalem. Selon la tradition, c’est là qu’aurait eu lieu la Visitation. Chaque année, cette basilique est visitée par quelque trois millions de visiteurs et de pèlerins

Pour suivre les fêtes religieuses, partout dans le monde, consulter l’Almanach des fêtes religieuses

 
La basilique de Aïn Karem, Israël

La basilique de Aïn Karem, Israël

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