L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1921, Mongolie, armée, Homme fort Bruno Teissier 1921, Mongolie, armée, Homme fort Bruno Teissier

18 mars : la journée de l’homme et du soldat en Mongolie

L’anniversaire de la création de l’Armée mongole, en 1921, sert de prétexte à une journée de célébration des hommes, dix jours après la journée des femmes, avec comme en Russie, une coloration militaire et viriliste pour cette journée commémorative.

 

Après avoir fêté les femmes le 8 mars, la Mongolie célèbre la Journée de l'homme et du soldat (Эрэгтэйчүүд, цэргүүдийн баяр) le 18 mars. Cette journée très martiale est calquée sur celle du 23 février en Russie. Sauf qu’en Mongolie, la référence militaire est beaucoup plus évidente puisque c’est l’anniversaire de la création de l'Armée populaire mongole en 1921. À l’époque, elle l’avait été sous l’égide de l’Armée rouge soviétique, mais aujourd’hui la Mongolie est obtenue son indépendance et s’assure à avoir des relations équilibrées avec ses deux voisins, la Russie et la Chine.

Cette journée spéciale a été instaurée en 1946, mais la loi de 2003 sur les jours fériés et les jours commémoratifs désigne le 18-Mars seulement comme la « Journée militaire mongole ». L’habitude ancienne de fêter les hommes, pas seulement les soldats, a été conservée. Ce jour-là, les hommes peuvent recevoir des cadeaux, si toutefois, ils ont eu une attention pour leur conjointe, leurs sœurs, leurs cousines ou leurs collègues, le 8 mars dernier. Différentes compétitions sur le thème militaire sont organisées entre hommes ; par exemple, les écoles peuvent organiser des compétitions de marche entre étudiants. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 mars 2024

 
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1921, Lettonie, reconnaissance, 26 janvier Bruno Teissier 1921, Lettonie, reconnaissance, 26 janvier Bruno Teissier

26 janvier : le jour où la république de Lettonie a été reconnue de jure

Il y a cent ans jour pour jour, la république de Lettonie obtenait une reconnaissance internationale. Pour ce pays qui n’avait jamais existé auparavant, rien n’était gagné d’avance.

 

C’est un événement important pour un pays qui n’avait jamais existé auparavant : le 26 janvier 1921, la Lettonie était reconnue de jure par les principaux pays de l'époque : Grande-Bretagne, France, Italie, Belgique, etc. Chaque année, le ministère letton des Affaires étrangères organise des événements festifs pour commémorer cette Journée de la reconnaissance de jure de la république de Lettonie (Latvijas Republikas starptautiskās de jure atzīšanas diena).

Profitant de la déconfiture de l’Empire russe, tombé aux mains des bolcheviques et de la défaite allemande, actée le 11 novembre 1918, un Conseil national letton, constitué des principaux partis politiques, à l’exception des bolcheviques, s’est mis en place à Riga. Le 18 novembre 1918, il proclamait l’indépendance de la république de Lettonie alors que le pays était encore occupé par une armée allemande refusant la défaite. Bientôt, les bolcheviques allaient tenter de réintégrer le pays à une entité dominée par les Russes. Puis des mercenaires allemands et troupes russes blancs restées fidèles à la monarchie, allait déferler sur le pays… À un moment donné, privé toute assise territoriale, le gouvernement provisoire letton avait même trouvé refuge sur un navire allié mouillant au large de Liepāja. Pendant au moins une année, l’existence d’une Lettonie est restée hypothétique bien que l’Allemagne ait finalement abandonné son projet d’annexion des pays baltes. Le 25 novembre 1918, le gouvernement de Kārlis Ulmanis reçut un document d'Augusta Winnig, ministre plénipotentiaire allemande dans les pays baltes, confirmant la reconnaissance provisoire de l'État de la Lettonie.

Finalement, c’est le 11 novembre 1919, qu’une victoire militaire a permis à la république de Lettonie de s’établir selon les vœux du comité du 18 novembre 1918. Un appui militaire des Anglais, des Britanniques et des Estoniens, a été décisif contre les forces russo-allemandes. En janvier 1920, l’État letton commence à fonctionner et s’attend à une reconnaissance rapide des Alliés qui l’ont aidé à exister. D’autant que l’Armée rouge ayant été expulsée du pays, la Russie soviétique signe un traité de paix avec la Lettonie le 11 août 1920. En Europe occidentale, surtout en France, pourtant, on hésite encore car on n’a pas renoncé à l’idée de voir la monarchie rétablie en Russie et qu’une Russie forte et redevenue raisonnable pourrait faire un contrepoids à la menace allemande toujours latente. L’indépendance des États baltes affaiblissait inévitablement la Russie et ces petites républiques pouvaient à nouveau être un jour convoitée par les Allemands. L’hésitation durera plusieurs mois.

Rien n’était gagné d’avance, même si Lord Balfour pour le gouvernement britannique, avait dès l’automne 1918 promis une reconnaissance. À la conférence de paix de Versailles, les Lettons n’ont rien obtenu. On se souvient que des promesses faites, à l’époque, aux Arméniens, aux Kurdes, aux Arabes… n’avaient pas été tenues, pour des calculs d’équilibres des forces.

Finalement, sans l’avoir annoncé préalablement, le 26 janvier 1921, le Conseil suprême des alliés composé de la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, le Japon et la Belgique, décide à l’unanimité de reconnaître de jure la Lettonie et l’Estonie. Cela a marqué le début, dans les semaines qui ont suivit, d’une large reconnaissance internationale de la Lettonie, la Pologne, la Finlande, l'Allemagne, la Norvège, la Suède, le Danemark, la Perse, l'Autriche, le Portugal, la Roumanie et d'autres pays reconnurent pleinement la République de Lettonie. Même la Russie, le 18 mars 1921. En septembre, elle fait son entrée à la SDN. Seuls manquaient les États-Unis où le président Woodrow Wilson continuait à s’en tenir à la fiction d’une Russie unie et indivisible. C’est son successeur, Warren Harding qui reconnaîtra la Lettonie, le 28 juillet 1922.

La république de Lituanie attendra plus longtemps encore sa reconnaissance qui n’interviendra que le 20 décembre 1922.

Même après la  perte de facto de l'indépendance  en 1940 (la Lettonie ayant été annexée à l’URSS en même temps que ses voisines baltes), l'État letton a existé en tant que sujet de droit international jusqu'au rétablissement complet de l'indépendance de la République de Lettonie en août 1991. Après l'occupation de 1940, le service des affaires étrangères était la seule autorité publique de la République de Lettonie qui continuait à exercer ses fonctions de représentation du pays sur la scène internationale. Des missions diplomatiques et consulaires de Lettonie ont poursuivi leur travail aux États-Unis, au Royaume-uni, en Argentine et en Suisse, ce qui constitue un cas sans précédent dans l'histoire de la diplomatie mondiale. Le statut de jure, toujours valable, a permis à la République de Lettonie, restaurée en 1991, d'être considérée comme l'héritière des droits de la République de Lettonie d'avant-guerre et de mettre rapidement en œuvre pleinement sa politique étrangère conformément à la pratique acceptée sur le plan international. Voilà pourquoi, le 26-Janvier est si important pour les Lettons. Cette journée commémorative n’est toutefois pas un jour férié.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 janvier 2024

 

Le logo de la célébration du centenaire de la reconnaissance en janvier 2021

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1921, Géorgie, URSS, occupation, 25 février Bruno Teissier 1921, Géorgie, URSS, occupation, 25 février Bruno Teissier

25 février : la Géorgie commémore l’occupation soviétique

Le 25 février 1921 s’achevait la bataille de Tbilissi qui permettait à la future URSS d’intégrer la Géorgie. L’occupation durera 70 ans. Elle n’a pas totalement cessé puisque les Russes occupent toujours une partie du territoire de la Géorgie.

 

Le 25 février 1921 s’achevait la bataille de Tbilissi, une bataille décisive entre la Russie soviétique et la République démocratique de Géorgie. La 11e armée bolchevique entrait à Tbilissi et le nouveau pouvoir allait proclamer une République socialiste soviétique de Géorgie. La ville n’avait été défendue que par une poignée de soldats dont des étudiants de 20 à 21 ans, des cadets de l’école militaire.

Cette Journée de l’occupation soviétique (საბჭოთა ოკუპაციის დღე), instaurée en 2010, est aussi la Journée des héros (გმირების დღე) tombés à Kojori (où se trouve un mémorial) et à Tabakhmel, en périphérie de la capitale géorgienne.

Chaque 25 février, le drapeau national est hissé sur les édifices parlementaires de Tbilissi et de Koutaïssi, ainsi que sur le bâtiment de l'administration présidentielle. Partout, une minute de silence marque l'un des jours les plus tragiques de l'histoire géorgienne. Cette année 2022, l’agression russe sur l’Ukraine donne un retentissement particulier à cette commémoration.

Tout a commencé le 12 février, avec un soulèvement bolchevique dans la région de Lore (une région disputée entre l’Arménie et la Géorgie). On fait appel à Lénine qui décide d’intervenir. C’est le matin du 16 février 1921, que des unités de la 11e armée soviétique ont commencé à envahir le territoire géorgien… Les Anglais ont laissé la région aux Russes. La Turquie attaquait par le Sud. La Géorgie est abandonnée à elle-même.

Le pays a perdu sa souveraineté moins de trois ans après la déclaration d'indépendance du Conseil national géorgien (26 mai 1918). Le gouvernement de la République démocratique de Géorgie va se réfugier à Batoumi puis émigre en France, le 17 mars 1921. Une résistance s’installe mais en septembre 1922, les autorités soviétiques vont réprimer un soulèvement populaire dans le sang. En mars 1923, des membres du Centre de lutte pour la libération de la Géorgie sont arrêtés et condamnés à mort… toute résistance va très vite cesser face à la répression soviétique. 

Les événements festifs du 25 février sont limités à des dépôts de gerbes et minutes de silences. Des funérailles commémorant les âmes des héros sont célébrées dans les églises orthodoxes. 

La Géorgie a finalement récupéré son indépendance le 9 avril 1991, après 70 ans d’occupation soviétique. Mais aussitôt des milices prorusses ont provoqué des troubles dans la province d’Abkhazie. L’armée russe a pris ce prétexte pour envahir la région et l’occupe toujours (comme la Crimée, l’Abkhazie est une riviera réservée aux privilégiés russes). Le scénario se répète en 2008 après que la Géorgie ait  évoqué l’idée de rejoindre l’UE et l’OTAN. Cette fois, c’est le soulèvement d’une petite minorité ossète prorusse qui permet à Poutine d’envahir l’Ossétie du Sud. L’Europe représentée par le président Sarkozy, qui se précipite à Moscou, fini par entériner la quasi annexion. Une nouvelle fois, la Géorgie est abandonnée à elle-même. En a perdu 20% de son territoire et surtout sa liberté diplomatique. L’exercice étant bien rodé, Poutine a réitéré le procédé avec la Crimée et le Donbass à l’égard de l’Ukraine…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 février 2022

 

Les cadets partant défendre Tbilissi le 23 février 1921

Cérémonie au Mémorial des héros, avec l’ancien et le nouveau drapeau géorgien

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1921, Mongolie, Fêtes traditionnelles, 11 juillet Bruno Teissier 1921, Mongolie, Fêtes traditionnelles, 11 juillet Bruno Teissier

11 juillet : il y a 100 ans, la Mongolie échappait à l'emprise de la Chine

Chaque année depuis 1921, la Mongolie organise des concours et jeux traditionnels pendant trois jours à partir du 11 juillet. C’est le Naadam, la fête nationale de la Mongolie. Ce festival a été inscrit en 2010 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO.

 

Chaque année depuis 1921, la Mongolie organise des concours et jeux traditionnels pendant trois jours à partir du 11 juillet. C’est le Naadam, la fête nationale de la Mongolie. Ce festival a été inscrit en 2010 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO.

Le festival comprend trois compétitions sportives (tir à l'arc, courses de chevaux, lutte mongole) collectivement appelées « les trois jeux d'hommes » ou « les trois compétences viriles ». Récemment, les femmes ont commencé à participer aux courses de chevaux et aux jeux de tir à l'arc, mais la lutte mongole reste toujours un sport exclusivement masculin. Des compétitions ont lieu dans tout le pays, mais le plus grand festival a lieu au stade national des sports à Oulan-Bator, la capitale de la Mongolie. La cérémonie d'ouverture présente des athlètes, des cavaliers, des danseurs et des musiciens. La cérémonie est suivie des compétitions qui durent trois jours.

La tradition locale voudrait que cette fête ait été créée par Gengis Khan au début du XIIIe siècle. Toutefois, c’est depuis la Révolution mongole de 1921 qu’elle est organisée sous sa forme actuelle. Seule une partie de la Mongolie avait pu alors échapper à l’emprise de la Chine. Elle y est parvenue avec l’aide de la Russie, dès 1911, puis de l’URSS dont la Mongolie deviendra le premier État satellite. La révolte populaire de 1921 a été menée par Damdin Sükhbaatar. Un Parti populaire mongol a été aussitôt créé et un gouvernement provisoire nommé le 11 juillet 1921. C’est cette date que l’on commémore aujourd’hui, 100 ans après.

La Mongolie dite intérieure, quant à elle, demeure toujours sous tutelle chinoise et subit aujourd’hui une politique agressive de sinisation au même titre que les Ouïghours.

Le Naadam mongol est intimement lié au mode de vie nomade des Mongols qui pratiquent depuis très longtemps le pastoralisme dans les vastes steppes de l’Asie centrale. Des traditions orales, des arts du spectacle, des plats nationaux, l’artisanat et des formes culturelles telles que le chant long, le chant diphonique Khöömei, la danse Bie biyelgee et le violon appelé morin khuur sont également des composantes majeures du Naadam. Les Mongols suivent des rituels et des pratiques spécifiques pendant le festival, notamment le port de costumes spéciaux et l’utilisation d’outils et d’articles de sport particuliers.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1921, 1922, Finlande, 9 juin, autonomie régionale Bruno Teissier 1921, 1922, Finlande, 9 juin, autonomie régionale Bruno Teissier

9 juin : l’archipel des Åland célèbre un siècle d’une autonomie modèle

Ce jour est férié dans l’archipel suédo-finlandais en souvenir du 9 juin 1921 quand fut signé son statut d’autonomie, lequel n’a été effectif que le 9 juin 1922.

 

Ce jour est férié dans l’archipel en souvenir du 9 juin 1921 quand fut signé son statut d’autonomie, lequel n’a été effectif que le 9 juin 1922. Le Jour de l’autonomie (Självstyrelsedagen) est fêté chaque année. Mais en 2021 et jusqu’en 2022, on en célèbre le centenaire par une série de manifestations qui débute aujourd’hui.

Ce petit archipel de la mer Baltique aurait pu être l’objet d’une guerre entre la Suède et la Finlande. Il n’en a rien été et le statut d’autonomie qui lui a été accordé, il y a exactement 100 ans, pourrait servir de modèle à la résolution d’autres conflits dans le monde.

Ces îles sont peuplées de Suédois, c’est un morceau de la Suède qui s’est trouvé rattaché à la Finlande quand la Russie a mis la main sur le Duché de Finlande au début du XIXe siècle. Celui-ci était jusque-là une dépendance de la Suède. Cette dernière ne pouvant défendre ces îles face aux prétentions russes les a expressément cédées au Grand-Duché de Finlande, par le traité de Fredrikshamn de 1809.

L’Empire russe s’est effondré en 1917 et la Finlande en a profité pour proclamer son indépendance dès le mois de décembre 1917. Les républiques baltes et caucasiennes, ainsi que la Pologne ont fait de même en 1918. Aussitôt les habitants des îles Åland ont demandé à être rattachés à la Suède. Refus de la Finlande tout juste indépendante de se voir amputée d’une partie de son territoire. La tension est montée entre les deux pays. Finalement l’affaire a été portée devant la Société des nations (SDN), l’ancêtre de l’ONU. Pour régler la crise, la SDN a accordé une large autonomie aux Åland, mais dans les frontières de la Finlande (où l’archipel est appelé Ahvenanmaa). L’accord a été signé le 9 juin 1921. 

Ce statut d’autonomie érigé en modèle prévoit des droits linguistiques et de la culture minoritaire, de démocratisation et de démilitarisation. Åland est la seule région de Finlande avec une seule langue officielle (le suédois), alors que le reste du pays est bilingue (finnois et suédois). Åland peut mettre son veto à toute modification de la répartition des pouvoirs entre Åland et le gouvernement central de Finlande. Le consentement du Parlement d'Åland est également requis pour les accords internationaux affectant les pouvoirs inhérents de la province ; par exemple, il a fallu son accord pour l'adhésion de la Finlande à l’UE en 1995. La citoyenneté régionale, qui est une condition préalable à la propriété foncière et à l'exercice d'une activité commerciale, est réservée exclusivement aux personnes résidant en permanence à Åland… Voilà un modèle qui aurait pu servir pour régler la question du Haut-Karabagh ou celles du Cachemire, de la Palestine occupée, de l’Irlande du Nord…

Les célébrations du centenaire s'étendent sur toute une année. Le point culminant est l'ouverture d'un centre d'accueil dans la forteresse historique de Bomarsund qui fut le théâtre d'un bombardement, en 1854, pendant la guerre de Crimée par une flotte anglo-française de la garnison russe.

Pour cette journée du 9 juin 2021, un hommage est rendu au premier président d'Åland, Julius Sundblom, près de sa statue sur la place, et une séance spéciale se déroule dans la salle plénière du Parlement, où des bourses sont attribuées dans le cadre du 75e anniversaire du Fonds d'autonomie d'Åland. À 17h30, Le drapeau des îles d'Åland sera hissé à Carlsro avec un chant traditionnel länningens sång. Peu de temps après, le groupe de jazz Red Beans and Rice se produira et tout le monde est invité à danser dans le jardin. De nombreuses œuvres d'art, photos, expositions et événements sur le thème d'Åland. Le concert d'ouverture sera diffusé sur la station de radio et la chaîne de télévision locales (Ålands radio et Ålandskanalen). 

Parmi les rendez-vous du centenaire : 15-18 juillet : l’Opéra Lisbeta ; 22-25 juillet : une course de grands voiliers ; 17-19 septembre : la fête des vendanges (le climat plus doux que sur le continent permet de cultiver la vigne). Des concerts, des expos, des prix littéraires…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Åland Post célèbre le centenaire avec l'émission d'un nouveau timbre le 9 juin 2021, conçu par Jonas Wilén.

Åland Post célèbre le centenaire avec l'émission d'un nouveau timbre le 9 juin 2021, conçu par Jonas Wilén.

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1921, États-Unis, Noirs, 31 mai, massacre Bruno Teissier 1921, États-Unis, Noirs, 31 mai, massacre Bruno Teissier

31 mai : il y a 100 ans, à Tulsa, le plus terrible lynchage de Noirs de l’histoire américaine

Localement le massacre de Tulsa est célébré chaque 31 mai, cette année pour le centenaire du drame, le président des États-Unis se déplacera, il assistera demain à des cérémonies qui durent plusieurs jours.

 

Localement le massacre est célébré chaque 31 mai (Tulsa race massacre Day), cette année pour le centenaire du drame, le président des États-Unis se déplacera, il assistera demain à des cérémonies qui durent plusieurs jours.

Cela se passe à Tulsa, dans l’Oklahoma : le 30 mai 1921, un jeune Noir maladroit bouscule une jeune fille blanche, lui a-t-elle marché sur le pied ? L’a-t-il heurté ? On ne sait pas. Toujours est-il qu’elle pousse un cri, aussitôt on accourt croyant une agression. Le jeune homme, qui sait ce qu’il risque, se réfugie à Greenwood, où habite sa mère. Il sera vite retrouvé et arrêté, mais la jeune fille refuse de porter plainte. L’affaire aurait dû en rester là, si un groupe d’hommes noirs patrouillant devant le commissariat pour protéger le jeune garçon, n’était pas tombé nez à nez avec un groupe d’hommes blancs hystériques réclamant le lynchage du coupable. Des coups de feu sont partis, on comptera plusieurs victimes surtout des Blancs. Aussitôt la ville s’enflamme contre le quartier noir de Greenwood, un quartier relativement prospère où vivait une classe moyenne supérieure noire qui suscitait bien des jalousies dans cette petite ville du vieux Sud. Le quartier était même connu sous le nom de Black Wall Street, en référence au quartier des affaires de New York. Les pillages et destructions durent deux jours à partir du 31 mai 1921. 1256 maisons sont détruites, plus de 10 000 personnes, quasiment toutes afro-américaines, se retrouvent à la rue. 300 morts sont comptabilisés mais le nombre des victimes serait bien plus important. Du quartier, il n’est rien resté : des avions d’agriculteurs de la région ont même été mobilisés pour déverser des produit inflammable sur les bâtiments : école, hôpital (le seul qui accueillait les Noirs), églises, entreprises… tout à disparu en quelques heures. Personne, bien sûr, n’a été poursuivi, la mémoire collective a très vite effacé le drame.

Il a fallu attendre 2001 , pour que  l’État fédéral d’Oklahoma a passé une loi intitulée « 1921 Tulsa Race Riot Reconciliation Act » pour accéder quelques réparations symboliques aux descendants des victimes comme la distribution de 300 bourses d’études supérieures à des familles brisées. En 2011, un mémorial est créé et baptisé John Hope Franklin, un historien afro-américain originaire de Tulsa. Finalement en 2021, le pogrom commence à mobiliser les autorités fédérales, puisque Joe Biden sera présent aux cérémonies.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1921, Jordanie, 11 avril, monarchie Bruno Teissier 1921, Jordanie, 11 avril, monarchie Bruno Teissier

11 avril : le centenaire de la Jordanie sur fond de frictions dans la famille royale

La Jordanie fête son centenaire en tant qu’État. Un État encore sous tutelle britannique. Le pays n’était pas encore indépendant en 1921, il ne le sera qu’en 1946, mais ce 11 avril 2021, le pays a tenu à célébrer le centième anniversaire de la formation, par l’émir Abdallah, du tout premier gouvernement jordanien.

 

La Jordanie fête son centenaire en tant qu’État. Un État encore sous tutelle britannique. Le pays n’était pas encore indépendant en 1921, il ne le sera qu’en 1946, mais ce 11 avril 2021, le pays a tenu à célébrer le centième anniversaire de la formation, par l’émir Abdallah, du tout premier gouvernement jordanien.

On parle très peu de la Jordanie, laquelle s’est pourtant offert ces derniers jours une crise politique peu habituelle : la brouille entre le roi Abdallah (arrière-petit-fils de l’émir fondateur du pays) et son demi-frère, Hamzah. Comme il se doit, cette affaire de famille a été réglée promptement dans la discrétion des palais feutrés du royaume. C’est toutefois une crise politique qui pourrait bien ressurgir et avoir des répercussions sur la stabilité de ce pays fragile.

Il y a un siècle, bien peu auraient parié sur l’avenir politique de ce territoire inventé par les Anglais pour de simples raisons conjoncturelles. Le pays ne repose sur aucune réalité historique hormis de majestueuses ruines antiques dont le souvenir s’était totalement perdu. Ce bout de désert délimité par les Britanniques n’abritait au début du XXe siècle que quelques bourgades de quelques milliers d’habitants et des tribus bédouines nomades et réfractaires à l’idée de frontière. Aucune richesse connue à l’époque et aujourd’hui encore.

Pendant la Première guerre mondiale, Français et Anglais avaient fait la promesse aux élites locales de la création d’un grand royaume arabe bâti sur les décombres de l’Empire ottoman (alors alliés à l’Allemagne). Hussein, le chérif de La Mecque, de la famille des Hachémites, se voyait déjà le monarque de cet État qui aujourd’hui, grâce au pétrole, serait devenu une puissance incontestable.

On le sait, la promesse n’a pas été tenue. Elle ne devait de toute manière pas l’être puisque Français et Anglais se sont partagé secrètement la région dès 1916 (accords Sykes-Picot). La Syrie aux Français, tout le reste aux Anglais. En 1918, le chérif Hussein qui avait envoyé son fils Fayçal à la conférence de Versailles, le comprend très vite. On cherche alors des compensations. Sur un malentendu, Fayçal monte sur le trône de Damas. Il sera très vite chassé de Syrie par les Français qui ne voulaient gérer un royaume. Les Anglais lui proposent le trône d’Irak qui avait été promis son frère Abdallah. Pris de court on propose donc à ce dernier de venir régner à Amman, sur le petit territoire de Transjordanie délimité par les Anglais et qui n’avait pas du tout vocation de devenir un royaume. Damas et Bagdad avaient été des capitales arabes prestigieuses au Moyen Âge, Amman au contraire était une petite ville de province sans aucune prestance. Ce choix imposé ne fut pourtant pas le pire. La monarchie irakienne a été balayée quelques décennies plus tard alors qu’Amann est toujours la capitale d’une monarchie et la couronne sur la tête d’un descendant d’Abdallah.

À l’époque, ce petit pays a été baptisé Transjordanie, un nom inventé pour l’occasion car vu de Jérusalem où étaient établis les Anglais, ce territoire était situé de l’autre côté du fleuve Jourdain. En 1950, la Cisjordanie viendra agrandir le royaume qui désormais s’appellera Jordanie. On le sait, depuis 1967, la Cisjordanie est occupée par Israël, mais le pays réduit aujourd’hui à l’ancienne Transjordanie a conservé son nouveau nom.

Pourquoi avoir ainsi inventé un pays ? Ce territoire n’était, de fait, pas destiné en devenir un. Londres voulait juste créer un espace tampon pour stabiliser la géopolitique régionale. Devenant un petit royaume, cette zone tampon a parfaitement joué son rôle. Pour les Anglais, il fallait d’abord, borner le mandat britannique par rapport aux Français. Depuis Damas, ces derniers pouvaient avoir des visées sur la région.

Ensuite, il fallait surtout empêcher un éventuel royaume arabe dont l’idée n’était pas totalement abandonnée, d’atteindre la Méditerranée. Un émir du Nejd, de la famille des Séoud, commençait à élargir son influence. Sa conquête du ventre mou désertique de l’Arabie n’inquiétait guère. On n’avait pas conscience à l’époque de la richesse pétrolière de la région et de l’importance géopolitique qu’aurait cette matière un peu plus d’un demi-siècle plus tard. Il fallait surtout que Abdelaziz Ibn Séoud ne mette pas la main sur la Palestine, la région la plus riche à l’époque en raison de ses ressources en eaux. L’Arabie Séoudite sera créée en 1932, cantonnée par les Anglais au centre de la péninsule.

Enfin, les Anglais qui n’étaient pas avares de promesses avaient aussi promis en 1917 la constitution d’un « foyer national juif » en Palestine (déclaration Balfour). Ce n’était d’un courrier du ministre des Affaires étrangères britannique à un membre éminent de la communauté juive de Londres, mais cette missive a eu un tel impact politique que Londres a craint de se laisser déborder. Borner la Palestine au niveau du Jourdain paraissait plus prudent.

Finalement, c’est l’utilité géopolitique de ce territoire qui lui a valu de se pérenniser et de finalement, un quart de siècle plus tard, être admis aux Nations Unis comme État indépendant, le morcellement du Proche orient étant alors perçu comme définitif. La Jordanie a surmonté bien des crises. Le conflit israélo-palestinien a bien failli provoquer sa perte. Mais le roi Hussein, père du monarque actuel, a tenu bon. Mais cette question demeure sa principale fragilité. Comment exister face à la puissance israélienne sans avoir l’air de trahir les Palestiniens ? Eux-même constituent la majorité de la population, la plupart toujours considéré comme des réfugiés provisoires, même si on en est aujourd’hui à la troisième ou quatrième génération.

Et si, au contraire, la principale fragilité se nichait au cœur même du Palais royal ? Dans la brouille entre le roi Abdallah et son jeune demi-frère le prince Hamzah. Ce dernier était le préféré du roi Hussein, leur père commun, disparu en 1999. D’ailleurs, il lui ressemble tellement que la population en le voyant est prise de nostalgie. Les Jordaniens ont du mal à s’identifier à Abdallah, ce roi aux yeux bleus qu’ils trouvent bien trop occidentalisé. Hamzah ne complote pas vraiment contre son frère mais se plaît à écouter les doléances du peuple, notamment les critiques concernant la corruption des élites proche du Palais. Cela  de quoi profondément agacer Abdallah qui a ordonné la semaine dernière une série d’arrestations dans l’entourage du prince. À la mort du Hussein, Abdallah a hérité du trône et Hamzah du titre de prince héritier. Titre qui lui a été retiré par le roi au profit de son propre fils. La logique est dynastique mais l’humiliation a été grande pour le prince rebelle sûr de son soutien parmi le peuple. Mais comme en 1921, personne n’a intérêt à une déstabilisation de la région. Joe Biden s’est précipité la semaine dernière pour soutenir le monarque lequel s’était mis à dos Donald Trump. Depuis, tout est sous contrôle, affirme-t-il. Le centenaire du 11 avril peut être célébré de manière sereine. Au moins en façade.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
troupes dans Amann en avril 1921

troupes dans Amann en avril 1921

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1921, Irak, Armée, 6 janvier Bruno Teissier 1921, Irak, Armée, 6 janvier Bruno Teissier

6 janvier : le centenaire de l'armée irakienne

Chaque année, le 6 janvier, jour de promotion des officiers, l’armée irakienne s’auto célèbre par des parades militaires au pas cadencé mais qu’en est-il de sa force réelle aujourd’hui ? Cette année, le Jour des forces armées, revêt une importance particulière car l’armée nationale irakienne entre dans sa centième année.

 

Chaque année, le 6 janvier, jour de promotion des officiers, l’armée irakienne s’autocélèbre par des parades militaires au pas cadencé mais qu’en est-il de sa force réelle aujourd’hui ? Cette année, le Jour des forces armées (عيد القوات المسلحة), revêt une importance particulière car l’armée nationale irakienne entre dans sa centième année.

Elle a été fondée le 21 juin 1921 pour remplacer l’armée anglaise qui occupait le pays depuis le départ des Ottomans. Construites d’abord sur le modèle britannique, les forces armées irakiennes ont plus tard été profondément influencées par l’armée soviétique. Sous le dictateur Saddam Hussein, elle a rassemblé plus d’un million d’hommes pour devenir dans les années 1980, la quatrième armée du monde (en effectif) après celles de la Chine, de l’URSS et des États-Unis. Mais, mise à mal par la guerre du Golfe de 1991, elle a été totalement dissoute en 2003 par Washington après l’invasion de l’Irak par les États-Unis. Pour être ensuite intégralement recréée par l’occupant américain, sous le nom de Forces de sécurité irakienne, avec d’autres hommes, d’autres cadres.

L’acharnement de Washington dans sa volonté d’écraser le pays a été lourd de conséquence, beaucoup de soldats, mais aussi des officiers, y compris des services de renseignement, de l’armée de Saddam Hussein, démobilisés, se sont alors engagés dans les rangs des forces de l’État islamique. Ce qui explique les succès fulgurants de Daech qui s’est emparé d’un tiers de l’Irak en 2014, face à une armée irakienne peu aguerrie et en pleine débandade. Les forces américaines qui devaient quitter le pays en 2011, sont toujours présentes même si peu à peu les effectifs baissent : plus que 3000 hommes fin 2020 et ils seront plus que 2500 à la mi-janvier 2021.

C’est donc une armée irakienne qui n’est plus que l’ombre d’elle-même et qui n’est plus guère l’héritière de celle du XXe siècle qui fête cette année son centenaire. La présence américaine ayant été très réduite, elle affronte depuis quelques mois le harcèlement de milices chiites pilotées par Téhéran, vent debout depuis l’élimination par un drone américain du représentant local de l'Iran, Kassem Soleimani. Les chiites irakiens ont, d'ailleurs, célébré ce 4 janvier, l’anniversaire de cet assassinat. 

Après, avoir été incapable de résister à la déferlante de Daech, l’armée irakienne saura-t-elle contenir l’omniprésence des forces chiites pro-iraniennes ? Ces dernières contrôlent quelques sanctuaires relativement proches de Bagdad. Quant au nord du pays, il est aux mains des forces kurdes qui ne comptent guère sur une armée irakienne encore bien peu crédible pour les soutenir. Il y a deux semaines, la zone verte de Bagdad, où se trouvent les ambassades étrangères, a été visée par plusieurs roquettes. L’armée irakienne, créée par les Américains, n’assure même pas la sécurité du cœur de la capitale.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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