L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1857, Grèce, Langues, 9 février Bruno Teissier 1857, Grèce, Langues, 9 février Bruno Teissier

9 février : la Journée mondiale de la langue grecque

Depuis 2017, la Grèce nous invite à célébrer sa langue. La date de cette Journée de la langue grecquea été choisie en mémoire du poète national Dionysios Solomos décédé le 9 février 1857, auteur de l’hymne national et grand défenseur de la langue grecque.

 

Depuis 2017, la Grèce nous invite à célébrer sa langue, imitant en cela de nombreux pays. La date du 9 février pour cette Journée mondiale de la langue grecque (Παγκόσμια Ημέρα Ελληνικής Γλώσσας) a été choisie en mémoire du poète national Dionýsios Solomós, décédé le 9 février 1857.

L’objectif de cette journée de l’hellénophonie est de souligner la contribution de la langue grecque au développement de la culture européenne et mondiale. La valeur de la langue grecque est inestimable. C'est une langue parlée sans interruption depuis 40 siècles et écrite avec le même alphabet depuis 28 siècles ! C'est la langue dans laquelle de grands philosophes, poètes et écrivains nous ont laissé leur œuvre. Homère, Platon, Thucydide, Eschyle, Aristophane, Hippocrate, Évangélistes, Pères de l'Église et tant d'autres. La langue grecque a façonné l'histoire de la civilisation humaine. C'est la langue riche de la littérature et la langue précise de la science.

Dionýsios Solomós est né en 1798 dans une famille crétoise réfugiée à Zante pour échapper à l’occupation ottomane. Zante est l’une des îles Ioniennes possession vénitienne. Imprégné de culture italienne, il avait commencé à écrire en italien, avant de se mettre au grec dont Solomós sera un ardant défenseur, en particulier dans sa version démotique. En 1823, c’est en grec qu’il écrit son Hymne à la Liberté, inspiré par les débuts de la guerre d’indépendance de la Grèce contre les Ottomans. 

L’Hymne à la Liberté (Ύμνος εις την Ελευθερίαν) est un poème de 158 strophes écrit il y a exactement deux siècles, la musique fut composée par Nikólaos Mántzaros en 1828. Les vingt-quatre premières strophes forment depuis 1865, l’hymne national de la Grèce (toutefois, seules les deux premières sont jouées et chantées lors de l'élévation du drapeau).

La promotion et le renforcement de la langue grecque, tant dans les écoles grecques que dans la communauté grecque au sens large, sont aujourd'hui plus que jamais un objectif de la plus haute priorité pour le gouvernement grec. On le sait, le grec est la langue officielle de la Grèce et de Chypre, ainsi que l'une des 23 langues officielles de l'Union européenne. Mais, c'est aussi une langue minoritaire officiellement reconnue en Albanie, Arménie, Italie, Hongrie, Roumanie, Turquie et Ukraine. Dans ce dernier pays, par exemple, Marioupol et sa région étaient habités par de très nombreux Hellénophones, aujourd’hui dispersés ou massacrés par les Russes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 février 2025

 

Dionýsios Solomós : « Μήγαρις πὼς ἔχω ἄλλο τὶ στὸ νοῦ μου πάρεξ ελευθερία καὶ γλώσσα » (Mais puisque j'ai autre chose en tête, donnez-moi la liberté et le langage ?)

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Inde, 8 février Bruno Teissier Inde, 8 février Bruno Teissier

8 février : le jour de la demande en mariage en Inde

Aujourd'hui, en Inde, pour une classe moyenne urbaine et connectée au reste du monde, c’est Propose Day, le Jour de la demande en mariage, deuxième jour de la semaine de la Saint-Valentin, une fête honnie par les autorités.

 

Les Indiens comme un peu partout dans le monde ont adopté la Saint-Valentin. En Inde, cette fête désuète en Occident, est prise très au sérieux dans une partie de la population, la classe moyenne urbaine et connectée au reste du monde. Mais, dans les milieux conservateurs, le 14-Février est vue comme une fête qui va à l’encontre de la culture indienne. À tel point que des extrémistes hindouistes font régulièrement des descentes dans les magasins pour brûler les cartes de vœux et détruire fleurs de la Saint-Valentin. 

Est-ce par réaction, qu’en Inde ceux qui célèbrent cette fête, la déclinent sur toute une semaine du 7 au 14 février ? Hier c'était la « Journée de la Rose », le jour où l'on offre des roses à son amoureuse(eux) potentielle. Aujourd’hui, 8 février, deuxième jour de la fameuse semaine, c’est Propose Day, la Journée de la proposition (la demande en mariage), प्रपोज डे (en hindi), প্রস্তাব দিবস (en bengali), ਪ੍ਰਸਤਾਵ ਦਿਵਸ (en penjabi)… La demande ne se fait pas à légère. En Inde, la plupart des mariages sont arrangés entre deux familles qui y consacrent des efforts et des ressources financières considérables tant pour leur préparation que pour leur célébration.

La semaine de la Saint-Valentin se poursuit avec la journée où on s’offre des chocolats (9 février) ou des nounours (10 février), la peluche étant un symbole de réconfort et d’attention. Le 11 février est plus sérieux, c’est la Journée des promesses ; suivi de la Journée des câlins (12 février) puis des baisers (13 février)… Là, on s’approche de l’indécence. Un simple baiser en public pour être l’objet de poursuite pour « acte obscène ». C’est une des missions de la police indienne que de veiller aux « bonnes mœurs ». Dans ce pays toute relation sexuelle avant le mariage est totalement prohibée. L’Inde a produit le Kamasutra et les sculptures érotiques de Khajuraho, mais la colonisation anglaise a rendu le pays très pudibond. Quand les autorités indiennes font référence aux traditions, c’est à celles héritées de la morale victorienne et non la culture indienne ancienne qu’elles font allusion.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 février 2025

 
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1999, Jordanie, monarchie, 7 février Bruno Teissier 1999, Jordanie, monarchie, 7 février Bruno Teissier

7 février  : la mémoire du roi Hussein de Jordanie

Alors que le président Trump annonce son intention de noyer la Jordanie sous un flot de réfugiés palestiniens chassés de leurs terres, le roi Abdallah II et la reine Rania se recueillent comme chaque 7 février sur la tombe de feu le roi Hussein.

 

Alors que le président Trump annonce son intention de noyer la Jordanie sous un flot de réfugiés palestiniens chassés de leurs terres, le roi Abdallah II, la reine Rania et plusieurs membres de la famille royale jordanienne se recueillent comme chaque 7 février sur la tombe de feu le roi Hussein au Cimetière royal à Amman. Celui qu’on surnommait le « Petit Roi » avait préservé l’unité de son pays au milieu d’une succession de crises et de guerres qui n’ont jamais cessé depuis qu’existe ce petit royaume créé en 1921 par les Anglais pour être un État tampon.

Cet anniversaire est l’occasion de faire appel aux mânes du roi qui a régné 46 ans  sur la Jordanie, après avoir vu son grand-père, Abdallah Ier, assassiné à bout portant, sous ses yeux, en sortant de la mosquée de Jérusalem. Lui-même avait eu la vie sauve grâce à une médaille portée autour de son cou, sur laquelle une des balles avait ricoché. Deux ans plus tard, en 1953, il montait sur le trône de Jordanie à l’âge de 17 ans.

Hussein Ier a survécu à des dizaines de tentatives d'assassinat et de complots, au terrorisme palestinien et à trois guerres contre Israël. Il a joué le rôle d'intermédiaire conciliant entre les différents rivaux du Moyen-Orient et a été considéré comme l'artisan de la paix dans la région. Il était vénéré pour avoir gracié des dissidents et des opposants politiques et leur avoir accordé des postes de haut niveau au sein du gouvernement. La baraka n’aura pas accompagné jusqu’au bout le très populaire roi Hussein : il est décédé à l'âge de 63 ans des suites d'un cancer le 7 février 1999. Au moment de son décès, il était le chef d’État en exercice le plus ancien au monde. C’est dire l’émotion qui a accompagné sa disparition. C’est son fils aîné, Abdullah II, qui lui a succédé.

Ce 7 février 2025, alors qu’il se recueille sur la tombe de son père, le roi Abdallah II fête ses 26 ans sur le trône. Son jubilé d’argent a été célébré le 9 juin dernier, à l’occasion du 25e anniversaire de sa cérémonie d’intronisation.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 février 2025

Des Jordaniens en deuil de leur roi, le 8 février 1999.

 
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1840, 6 février, Nouvelle-Zélande Bruno Teissier 1840, 6 février, Nouvelle-Zélande Bruno Teissier

6 février : la fête nationale contestée de la Nouvelle Zélande

L’ambiance de la fête nationale de Nouvelle Zélande n’est pas des plus sereine depuis le retour de la droite au pouvoir. C’est l’anniversaire d’un traité controversé entre les autochtones maoris et les colons anglais que l’on célèbre aujourd’hui. Ce traité a été signé à Waitangi, le 6 février 1840.

 

La Nouvelle Zélande a le mérite de ne pas avoir choisi comme fête nationale l’anniversaire de l’arrivée des premiers Euro­péens, comme le très controversé Australia Day. L’ambiance n’est pas pour autant plus sereine car on a opté pour la date d’un traité entre les autochtones maoris et les colons anglais. Ce traité a été signé à Waitangi, le 6 février 1840. C’était, il a 185 ans jour pour jour. D’année en année, les activistes maoris ont fait de Waitangi Day (Te Rā o Waitangi) une journée de protestation contre l’iniquité du traité qui leur a été imposé par le Royaume Uni. Beaucoup sont, en effet, convaincus que ce traité qui devait les protéger, les a en réalité grandement défavorisés. Surtout, depuis qu’ils ont pris conscience que les deux versions du texte en anglais et en maoris ne disaient pas vraiment la même chose.

Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, les Maoris ont perdu le contrôle d’une grande partie des terres qu’ils possédaient, le plus souvent après des confiscations. Le fameux traité, était alors totalement ignoré. À partir des années 1950, les Maoris ont de plus en plus cherché à utiliser le Traité comme une base pour revendiquer des droits et récupérer les terres perdues. Les gouvernements des années 1960 et 1970 ont répondu en donnant au Traité un rôle de plus en plus central mais selon l'interprétation qu’en ont faite les Anglais. Car, comme on l’a vu, les deux versions divergent.

De fait, peu de commémorations importantes sont organisées pour l’anniversaire de ce jour fondateur de la Nouvelle-Zélande. Les Néo-Zélandais profitent généralement de ce jour férié qui tombe à la période la plus chaude de l’été, pour aller à la plage. Ceux qui ne partent pas, pourront se rendre au Summer Vibes North Shore Waitangi Day Festival à Auckland.

À Waitangi, lieu de signature du traité, les commémorations commencent généralement la veille, le 5 février. Dans les années 2000, des violences avaient régulièrement lieu, au point que la cérémonie avait été, un temps, déplacée à Wellington. Aujourd’hui, la protestation se limite à des débats vigoureux auxquels des politiciens néo-zélandais sont invités à participer. L'année dernière, on a connu un afflux sans précédent, quelque 80 000 personnes sont venues à Wataingi, soit quatre fois plus que lors des célébrations précédentes. C’était une réponse aux politiques du nouveau gouvernement de droite qui a succédé aux travaillistes. Le parti libertarien ACT (Association of Consumers and Taxpayers) membre de la coalition gouvernementale, milite même pour supprimer tout droit spécifique aux Maoris. D’ailleurs, cette année, Christopher Luxon, le premier ministre, a annoncé qu’il ne viendrait pas.

Célébré depuis 1934 seulement, car le traité avait été oublié et redécouvert au début des années 1930, ce jour n’est férié que depuis 1974, d’abord sous le nom de New Zealand Day puis de Waitangi Day ou te Tiriti o Waitangi.

Les Maoris forment une population d’un peu plus d’un million de personnes (en comptant la diaspora) et quelque 17% de la population néo-zélandaise actuelle.

À Londres, la ville où vivent le plus d’expatriés néo-zélandais, la fête nationale est célébrée par le Waitangi Day Charitable Ball, organisé par la New Zealand Society et lors duquel on décerne le prix du Néo-Zélandais de l'année au Royaume-Uni. Par ailleurs, il est aussi d’usage de faire la tournée des pubs en utilisant la Circle Line du métro londonien. Ce “Kiwi barathon”, comme on l’appelle, aura lieu ce samedi, le 8 février.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 février 2025

 
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1804, Finlande, Poète national, 5 février Bruno Teissier 1804, Finlande, Poète national, 5 février Bruno Teissier

5 février : la Finlande célèbre son poète national

Aujourd’hui, les pâtisseries de Finlande proposent une pâtisserie aux amandes et au rhum, la « tarte de Runeberg », le poète, auteur de l’hymne national dont c’est l’anniversaire. Le 5 février est de ces journées où les Finlandais se souviennent que leur pays n’existe que par le fait d’avoir échappé à la domination russe…

 

Durant tout le mois de janvier et jusqu’au 5 février, les pâtisseries et supermarchés de Finlande proposent une pâtisserie aux amandes et au rhum, avec de la confiture de framboise, c’est la Runebergintorttu, la « tarte de Runeberg », du nom de Johan Ludvig Runeberg. Celui-ci n’était pas pâtissier, on dit que c’est Fredrika, son épouse, bonne pâtissière qui aurait créé ce gâteau. Johan Ludvig Runeberg (1804-1877), est considéré comme le poète national de la Finlande, même s’il écrivait en suédois, sa langue maternelle. Il fut de ceux qui éveillèrent les Finlandais à la conscience de leur identité nationale.

Sa statue se dresse à Helsinki, au milieu des jardins de l’Esplanade. À ses pieds, une femme, allégorie de la nation, tient une tablette de pierre où sont gravées les paroles de l’hymne national finlandais Maamme (Notre pays) dont il est l’auteur. L’anniversaire du poète, né en 1804, le Runebergsdagen (le Jour de Runeberg) est célébré chaque 5 février.

Son œuvre la plus connue est Les Récits de l'enseigne Stål, écrit entre 1848 et 1860, que l'on considère comme le plus grand poème épique finlandais, après le Kalevala, bien sûr. Le texte de Runeberg raconte la guerre perdue par la Suède contre la Russie ce qui fit basculer  la Finlande dans le giron du tsar de Russie, une situation qui dura jusqu’au 6 décembre 1917, quand l’État finlandais s’est émancipé de l’Empire russe. Le 5 février est de ces journées où les Finlandais se souviennent que leur pays n’existe que par le fait d’avoir échappé à la domination russe, une chance que n’ont pas eu d’autres peuples vivant à la périphérie du monde russe. D’où les inquiétudes actuelles face au réveil violent de l’impérialisme russe.

Le premier poème de cette œuvre est devenu l’hymne national de la Finlande : Vårt land (en suédois) ou Maamme (en finnois).

Porvoo, où le poète a vécu une grande partie de sa vie (de 1837 jusqu'à sa mort en 1877), organisera ce soir la traditionnelle procession aux flambeaux en l'honneur du Runebergsdagen, dans les rues de la cité. Hier soir, un concert a été donné dans sa maison, transformée en musée (gratuit aujourd’hui). Quant à Jakobstad, sa ville natale, elle propose une Semaine de Runeberg.

Le prix Runeberg de littérature est décerné le jour de Runeberg et il existe un prix Runeberg Junior de littérature pour enfants est attribué à peu près à la même période. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 février 2025

 

La version finnoise de l’hymne national (première strophe) et sa traduction :

Oh, notre pays, Finlande, pays natal !
Résonne, ô parole d'or !
Nulle vallée, nulle colline,
nulle eau, nulle rive, n'est plus aimée
que cette demeure dans le Nord,
cher pays de nos pères.

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Bruno Teissier Bruno Teissier

4 février : le souvenir de la toute première abolition de l’esclavage

Le 4 février aurait pu être la première commémoration mémorielle de la France moderne et avoir un écho international. En 1794, pour la première fois dans l'Histoire, la Convention nationale française proclamait l'abolition de l'esclavage… celui-ci sera rétabli huit ans plus tard. Un rassemblement est néanmoins prévu ce soir à Paris.

 

On célèbre aujourd’hui à Paris, le 231e anniversaire de l'abolition de l'esclavage. Pour la onzième fois, un rassemblement est organisé ce soir à 18h sur la place du Général-Catroux, Paris 17e.

Le 4-Février aurait pu être la première commémoration mémorielle de la France moderne et avoir un écho international. Le 4 février 1794, pour la première fois dans l'Histoire, la Convention nationale française proclamait l'abolition de l'esclavage, près de quatre ans après l'adoption par l'Assemblée de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Le 4 février 1798, Pierre Thomany, un député de Saint-Domingue, descendant d’esclaves, proposait que ce 4 février devienne officiellement une journée de fête nationale dans les colonies. Il n’en sera rien.

En 1801, Toussaint Louverture, pris par son élan émancipateur, choisit le 4 février pour envahir la partie espagnole de Saint-Domingue et y proclamer la liberté générale. Cette audace allait sceller son destin. L’année suivante, le 4 février, une expédition chargée par Bonaparte de rétablir l’esclavage se présenta devant Port-au-Prince. Toussaint sera arrêté et déporté… Mais un premier État noir décolonisé naîtra tout de même le 1er janvier 1804, sous le nom d’Haïti. Cela restera une exception historique.

Le 20 mai 1802, Bonaparte qui avait pris le pouvoir le 9 novembre 1799 (coup d’État du 18 brumaire) décidait de maintenir de l’esclavage là où il n’avait pas été aboli : en Martinique, rendue par les Anglais, ainsi que dans l’océan Indien (Maurice et Réunion), où les colons avaient refusé le décret de 1794. Il agissait sous l’influence du milieu colonial entourant son épouse, Joséphine, elle-même issue d’une famille de planteur esclavagiste. En Guadeloupe, l’esclavage aboli en 1794 sera rétabli par les armes, suite à un arrêté du 16 juillet 1802, malgré la résistance des officiers antillais Ignace et Delgrès. La Guyane a connu le même sort.

Ainsi la République française, désormais conduite par le jeune et ambitieux général, effaçait la date du 4 février de la mémoire nationale. La France, pays des droits de l’homme et du citoyen, aurait pu rester dans l’Histoire comme le premier pays à avoir éradiqué l’esclavage, est en fait le seul à l’avoir rétabli. C’est Claude Ribbe et l'association des Amis du général Dumas, en 2014, qui ont ranimé le souvenir du 4 février. Le rassemblement de ce soir est le onzième.

On le sait, l'esclavage ne sera aboli définitivement dans les colonies françaises que par le décret du 27 avril 1848, adopté par le Gouvernement provisoire de la Deuxième République sous l'impulsion du député Victor Schœlcher. Chaque DOM ou TOM célèbre l’événement à des dates diverses, le 22 mai en Martinique ; le 27 mai en Guadeloupe, le 20 décembre à la Réunion, le 10 juin en Guyane... Et, arbitrairement, le 10 mai par la République française. Un floue mémoriel qui s’explique par les cafouillages de l’Histoire l’abolition dans l’espace colonial français.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 février 2025

Portrait de Jean-Baptiste Belley (1747-1805), représentant de Saint Domingue en 1797, Membre de la Convention et député aux Cinq-Cents. Ce portrait peint par Anne-Louis Girodet (1822) est la première représentation d'un homme noir dans la position d'un législateur occidental. Jean-Baptiste Belley s'appuie sur le piédestal du buste en marbre de l'abbé Guillaume Thomas François Raynal, sculpté par Espercieux.

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

3 février : la journée des anciens combattants en Thaïlande

La cérémonie de la Journée des anciens combattants se déroule au Monument de la Victoire à Bangkok, érigé à l’issue d’une guerre qui a opposé le Siam (Thaïlande) à la France.

 

Lors de la Journée des anciens combattants (วันทหารผ่านศึก), la cérémonie officielle de commémoration se déroule au Monument de la Victoire (อนุสาวรีย์ชัยสมรภูมิ ) à Bangkok. Le monument a été érigé en juin 1941 à l’issue la guerre qui a opposé la Thaïlande à la France du 28 novembre 1940 au 9 mai 1941 afin d’obtenir une rectification des frontières.

Cette guerre opposait le royaume du Siam, cherchant à récupérer des provinces occupées par la France depuis un demi-siècle, aux autorités de Vichy. Ces dernières ont, dans un premier temps, bien résisté et même remporté une bataille navale. Mais l’intervention du Japon a offert la victoire aux Thaïlandais qui récupérèrent une partie de l’actuel Cambodge (les provinces de Phra Tabong, Lan Chang, Phibunsongkhram et Nakhon Champassak), finalement rétrocédée à la France en 1947.

Depuis 1968, des coquelicots rouges sont vendus à l'occasion de la Journée des anciens combattants en Thaïlande, à l'initiative de l'Organisation des anciens combattants, un geste inspiré des commémorations britanniques. L'argent de la vente des coquelicots est reversé aux anciens combattants et à leurs familles. La Thaïlande n’a pas participé à une guerre depuis bien longtemps et elle a été épargnée par la Seconde Guerre mondiale et les guerres coloniales qui ont ravagé l’Indochine. Il n’y a pas eu beaucoup d’anciens combattants siamois (thaïlandais) au XXe siècle. Le dernier est mort en 2003 à l’âge de 106 ans, le lieutenant Yod Sangkrungreung (1897-2003) avait combattu comme volontaire siamois au sein de l’armée française pendant la Première Guerre mondiale. Le président Chirac l’avait décoré de la Légion d’honneur à l’occasion de ses 100 ans.

La date de la Journée des anciens combattants corresponds simplement à l’anniversaire de la fondation de l'Organisation des anciens combattants de Thaïlande (องค์การสงเคราะห์ทหารผ่านศึก), créée le 3 février 1948. Son site internet.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 février 2025

Le Monument de la Victoire (อนุสาวรีย์ชัยสมรภูมิ ) à Bangkok

 
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2 février : la Présentation de Jésus au Temple, fête chrétienne aux racines diverses

Fête chrétienne aux racines juives et païennes, la Présentation de Jésus au Temple est aussi une fête de la lumière au cœur de l’hiver.

 

Quarante jours après sa naissance, comme il est d’usage dans la société juive, Joseph et Marie emmènent Jésus au Temple. Selon la Loi de Moïse, les mères juives devaient venir se purifier 40 jours après l'accouchement d'un garçon, soit 33 jours après sa circoncision. Selon le récit chrétien, Marie n’avait pas besoin d’être purifiée puisqu’elle  est née « pure et pleine de grâce », mais elle obéit à la règle de la société juive à laquelle elle appartient. Au temple de Jérusalem, Marie et Jésus auraient été accueillis par le grand prêtre Zacharie ainsi que par deux vieillards : Anne et Siméon. La première est une prophétesse assidue au temple. Ses pouvoirs lui permettent de voir ce que les autres ont du mal à voir : elle reconnaît en l’enfant un envoyé de Dieu, le Messie tant attendu de la délivrance d’Israël. C’est là que les récits religieux des chrétiens et des juifs bifurquent, puisque ces derniers attendent toujours le fameux Messie. Quant à Siméon, il symbolise l’homme simple, juste et pieux. Selon l’Évangile (Luc 2), il est averti par l’Esprit saint que Jésus n’est pas un enfant comme les autres et en avertit Marie. Siméon dit le Sage et Anne de Jérusalem sont les premiers à avoir reconnu en Jésus, le fils de Dieu. Ne pas les confondre avec Anne et Joachim, les parents de Marie et donc les grands-parents de Jésus.

Quant à la date de cette fête, le 2 février, elle a été fixée au Ve siècle en fonction de celle de Noël, inventée à cette époque, et des cultes païens qu’il convenait de phagocyter plutôt que de les combattre. Siméon ayant proclamé que Jésus est la lumière du monde, la Présentation du Temple pour les chrétiens occidentaux ou la fête de la Sainte Rencontre (Ὑπαπαντή) pour les orthodoxes, il fallait la plaquer sur une fête païenne de la lumière comme Imbolc chez les Celtes qui a lieu autour de cette date. Les églises d’Orient qui suivent toujours le calendrier julien, la fêteront le 15 février (en fait, le 2 février de leur calendrier).

Au VIIe siècle, à Rome, la fête commence à s’accompagner d’une procession aux chandelles. À partir du Xe siècle, on y ajoute une bénédiction des cierges ou des chandelles, pour enseigner aux fidèles que Jésus est la "Lumière des peuples".  Pour le peuple, cette fête est avant tout la fête des chandelles, autrement dit la Chandeleur. La fête devint également mariale (une fête de la Vierge), reprenant la Purification exigée des jeunes mères juives. D’où les nombreuses Vierges de la Candelaria qui sont vénérées le 2 février, la Vierge de Candelaria en Amérique latine, dans les Caraïbes, aux Canaries et aux Philippines.

Fête de la Purification de la Bienheureuse Vierge Marie, pour l’Église rejoint les coutumes païennes de la sortie de l’hiver. En Estonie, par exemple, le Jour de la Bougie (Küünlapäev) marque le milieu du long hiver. Le 2 février, les femmes se regroupent, sans les maris, pour s’amuser et boire du vin. Le vin ayant une fonction purificatrice.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er février 2025

La Présentation du Temple par Giovanni Bellini

 
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1835, Maurice, Abolition de l'esclavage, 1er février Bruno Teissier 1835, Maurice, Abolition de l'esclavage, 1er février Bruno Teissier

1er février : l’abolition très progressive de l’esclavage à Maurice

Le 1er février à Maurice est un jour férié, c’est le Jour de l'Abolition, on célèbre cette année le 190e anniversaire de l’abolition (théorique) de l’esclavage par des cérémonies et des programmes culturels.

 

Le 1er février est un jour férié à l’île Maurice, c’est le Jour de l'Abolition (Abolition Day), on célèbre cette année le 190e anniversaire de l’abolition de l’esclavage.

L’abolition de l'esclavage avait été décidée en 1833 par une loi votée du Parlement britannique qui devait entrer en vigueur le 1er février 1835. Mais les propriétaires d’esclaves ont fait de la résistance, demandant que les esclaves continuent à vivre sur leurs propriétés. Ainsi, le 1er février 1835, même si on le commémore aujourd’hui, n'a pas vraiment changé la situation des esclaves 0 Maurice. Le gouvernement britannique et les propriétaires d'esclaves se sont mis d’accord sur un nouveau système de travail appelé l’aprentiship qui dura jusqu'à ce que la Société anti-esclavagiste intervienne, en 1839, et fasse campagne en disant que c’était une autre forme d'esclavage et qu'il devait être lui aussi aboli. Juridiquement parlant, les propriétaires d'esclaves n'avaient plus le droit de punir les esclaves comme ils le faisaient autrefois. En théorie, ils ne pouvaient pas poursuivre les « esclaves marrons », mais ils le faisaient quand même. Pour les faire céder, Londres a finalement proposé une indemnisation à hauteur de 40% de la valeur de chaque esclave. Il existe encore à l'île Maurice un registre où sont répertoriés tous les esclaves ainsi que leur valeur estimée. C’est cette indemnisation (1,2 million de livres sterling tout de même) qui a permis une abolition réelle de l’esclavage.

Les premiers esclaves avaient été amenés sur l'île Maurice par les Hollandais. Dans les années 1640, le commandant de l'île Maurice, Adriaan van der Stel, fit venir une centaine d'esclaves malgaches sur l'île, puis d’autres encore jusqu’à ce que les Hollandais cèdent l’île aux Français (1721). Ces derniers ont fait venir quelque 160 000 esclaves africains et malgaches tout au long du XVIIIe siècle, vers les îles Mascareignes. Comme il s'agissait d'une nouvelle colonie, il était important de construire de nouvelles infrastructures comme le port, les routes, les bâtiments publics pour le gouvernement, le tribunal de justice, l'hôpital militaire. Il était donc nécessaire d'initier les esclaves à différents métiers comme maçon, forgeron et voilier pour un bon développement de l'île. Quand les Anglais ont récupéré la colonie, en 1810, la population était composée à 70% d’esclaves, ils en ont importé encore environ 60 000. Quelle que soit leur formation initiale, presque tous ont été assignés aux plantations de canne à sucre dans des conditions bien plus terribles que qu’ils avait vécu. Cela dura une trentaine d’années. Dès l’abolition (officielle) de l’esclavage, les Anglais ont commencé à faire venir des travailleurs sous contrat en provenance d'Inde (le premier bateau est arrivé le 2 novembre 1834) et de Chine. 

L’esclavage a laissé de graves séquelles. Les traumas infligés aux esclaves ont perduré au fil des ans et se sont répercutés sur la psychologie de leurs descendants. Dans les têtes, l’esclavage n’a pas réellement disparu, les préjugés, le racisme, contre les descendants des esclaves ont perduré depuis l’abolition de l’esclavage. Le 8 août 2004, le Parlement de l'île Maurice a approuvé une motion parlementaire qui, pour la première fois, reconnaissait que l'esclavage et la traite négrière étaient des crimes contre l'humanité.

Le programme des célébrations de ce 190e anniversaire de l’abolition commence par la projection du film Ni chaines ni maîtres au MCine Trianon le 31 janvier à 20 heures. Ce 1er février, une cérémonie de pose de couronnes au monument international de la Route des Esclaves, en face de la plage publique du Morne, suivi d'une cérémonie officielle et d'un programme culturel à la plage publique du Morne. Puis, le 2 février, une cérémonie de pose de couronnes au site historique Frederik Hendrik à Vieux Grand Port, suivie du dévoilement d'une plaque sur Anna de Bengale ainsi que d'une stèle des esclaves qui ont mis le feu au fort néerlandais de Frederik Hendrik le 18 juin 1695 ; suivi d’un concert avec des artistes de la région au terrain de football du Vieux Grand Port. Tout au long du mois de février, des programmes de sensibilisation visant les établissements d'enseignement du pays sur l'histoire de l'esclavage.

En 2008, le Morne, lieu de refuge des esclaves marrons a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. La montagne du Morne, connue sous le nom de Morne Brabant, est considérée comme un symbole de la lutte des esclaves pour la liberté. Une conférence internationale sur la traite négrière s’y tiendra en février 2025 pour marquer le 190e anniversaire de l'abolition de l'esclavage.

À l’échelle internationale, c’est le 23 août que l’on marque la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 janvier 2025

Plantation de canne à sucre à la fin du XIXe siècle

Le Morne, le mémorial (photo Le Morne Heritage Trust Fund)

 
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1968, Nauru, 31 janvier, écologie, migrants, indépendance Bruno Teissier 1968, Nauru, 31 janvier, écologie, migrants, indépendance Bruno Teissier

31 janvier : Nauru, État sans avenir, un exemple à méditer

C’est un pays ruiné, à tous les sens du terme, qui fête l’anniversaire de son indépendance obtenue en 1968 avec le départ des Australiens qui ont repris aujourd’hui le contrôle de l’île. Ce micro-État du Pacifique avait eu pourtant sa courte heure de gloire…

 

C’est un pays ruiné, à tous les sens du terme, qui fête l’anniversaire de son indépendance obtenue en 1968 avec le départ des Australiens. Ce micro-État du Pacifique a eu pourtant sa courte heure de gloire, il fut dans les années 1970, le deuxième État le plus riche du monde par habitant. Sa richesse : l’île unique est un bloc de phosphate, exploité à outrance jusqu’à l’épuisement, au point d’avoir ravagé toutes les terres cultivables. Le centre de l’île n’est plus qu’un désert, aujourd’hui abandonné par les compagnies minières. L’argent a filé, il n’en reste rien, les jeunes n’ont d’autres choix que de s’expatrier en Australie. Il se pourrait qu’un jour la totalité des 14000 habitants de l’île doivent partir faute de pouvoir continuer à vivre sur une île rendue à 80% inhabitable par la surexploitation. Certains voient dans cette triste fin, une parabole adressée à notre planète.

Le projet actuel est de relancer l’exploitation minière, cette fois en s’attaquant aux grands fonds marins. La barrière de corail n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les premières missions d’exploration ont débuté fin 2022 en dépit des risques environnementaux évidents, surtout quand on sait ce que les Nauruans ont fait de leur île.

La petite république en est réduite à une sorte de prostitution : la vente de passeports à de riches apatrides ou de ses votes à l’ONU. Sa classe politique a été jusqu’en 2023, subventionnée par Taïwan en échange de la reconnaissance de cette île comme unique représentante de la Chine. En 2024, c’est Pékin qui a remporté la mise, on ne sait pas pour quel montant. Quant à la Russie, elle a payé pour que Nauru soit sur la liste des États reconnaissant l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie (deux provinces de Géorgie envahies en 2008 par la Russie), comme États “indépendants”.

Depuis 2012, Nauru monnaie un autre service : l’île sert de prison au service des autorités australiennes en quête de lieux pour parquer, dans des conditions déplorables, les demandeurs d’asile qui ont tenté de chercher un refuge en Australie. Près de 1500 personnes ont ainsi été forcées de s'installer sur cette île. Des hommes, des femmes et des enfants qui doivent cohabiter avec les habitants de la minuscule nation, certains y sont restés plus de 5 ans dans des conditions concentrationnaires. Au fil des ans, au moins douze personnes sont mortes dans ces centres, dont la moitié se seraient suicidés. Depuis une douzaine d’années, Nauru est l'un des piliers de la politique migratoire australienne, selon des méthodes dignes d’un Donald Trump.

En décembre 2024, Nauru a conclu un traité bilatéral avec l’Australie, lui cédant le contrôle de sa sécurité maritime, sa défense, le maintien de l'ordre, ses ports, aéroports et son secteur bancaire. En contrepartie, Nauru recevra l'équivalent de 64 millions de dollars américains d'aide budgétaire directe et 25 millions supplémentaires pour renforcer sa police surveillant les migrants que l’Australie recommence à transférer sur l’île après une brève interruption en 2023. Ne vivant que de subsides et de produits importés, sans avoir besoin de travailler, Nauru est devenu l’un des pays les plus touchés par l’obésité, affichant l’un des taux les plus élevés au monde. L’espérance de vie n’y dépasse pas 55 ans.

On pense que les premiers habitants sont arrivés il y a quelque 2000 à 3000 ans, lors d'une vague de migration vers le Pacifique. L’originalité de la langue nauruane suggère que les Nauruans ont longtemps été isolés des îles voisines. Pendant des millénaires,  ils ont développé un système culturel et social reposant sur 12 tribus. Le 8 novembre 1798, le baleinier britannique Hunter, sous le commandement de John Fearn, est le premier navire européen à s'approcher de l'île. Des canots ont ramé à la rencontre du navire mais Fearn et son équipage sont restés à bord, tandis que les Nauruans sont restés dans leurs bateaux. Les indigènes ne semblaient pas être hostiles et l’aspect idyllique de la terre a conduit Fearn à désigner l’endroit comme Pleasant Island. À partir de 1830, d’autres Européens ont commencé à visiter l’île, apportant des idées et des coutumes européennes, des armes à feu, de l'alcool, de la nourriture et des maladies. Le commerce a augmenté le nombre d'armes à feu sur l'île, entraînant une guerre civile de 10 ans entre les tribus rivales à partir de 1878. Pendant ce temps, les commerçants allemands se sont installés sur l'île et, pour protéger leurs intérêts, l'Allemagne a annexé Nauru en 1888. L'exportation la plus lucrative a d’abord été celle du coprah (chair de noix de coco séchée) mais la découverte en 1900 de gisements de phosphate, principalement utilisés comme engrais, a fait de l'île une possession particulièrement précieuse. Lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté en 1914, l'Australie s'est emparée de Nauru. Très convoitée, l’île a subi des bombardements allemands pendant la Seconde Guerre mondiale puis une brève occupation japonaise. En 1945, c’est le rétablissement de la tutelle conjointe australo-néo-zélandaise, En 1966, l'autonomie gouvernementale a été accordée à Nauru et les négociations ont commencé pour l'indépendance totale, laquelle est entrée en vigueur le 31 janvier 1968. C’était alors la plus petite république du monde.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 janvier 2025

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manifestation de réfugiés prisonniers à Nauru

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Iran, Tadjikistan, fête du feu, 30 janvier Bruno Teissier Iran, Tadjikistan, fête du feu, 30 janvier Bruno Teissier

30 janvier : le Sadeh, fête iranienne du feu

Sadeh est un fête iranienne, bien antérieure à l’islam, qui est aussi célébrée au Tadjikistan. C’est une fête du feu, elle est célébrée par l’allumage d’un grand bûcher par les communautés villageoises. Elle a été inscrite par l’UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

 

Sadeh (ou Sada) est vieille fête iranienne, antérieure à l’islam, qui est aussi célébrée au Tadjikistan. Elle serait même plus ancienne que la célébration du Nowruz. Toutes deux ont été inscrites par l’UNESCO comme représentatives du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, respectivement en 2008 et 2009.

C’est une fête du feu, elle est célébrée par l’allumage d’un grand bûcher par les communautés villageoises, qui marquent en même temps leur coopération et la solidarité des gens. Dans les zones plus urbanisées, on se contente d’un braséro. L’allumage du feu avec une torche (golkhan) est un moment important de la cérémonie

Récemment, le Tadjikistan a fait de Sadeh une fête officielle. Depuis 2018, le président de la République prononce ce jour-là un discours télévisé et les pouvoirs publics mettent en œuvre des programmes culturels et artistiques, des expositions d'artisanat. Cette fête oubliée, ou très discrète, à l’époque communiste est redevenue un élément de l’identité nationale, au même titre que le Mehrgan, en automne.

Ce n’est pas le cas dans l’Iran officiel, islamiste, mais les zoroastriens de Kerman, Yazd, Fars et d'autres provinces ont toujours célébré cette fête. Aujourd'hui, elle reste vivante dans ces villes, dans les villages environnants de Maybod, Ardakan, Bafaq, Bardskan, Tabas (villages de Pirhajat et Kalshane) et à Sarayan (village de Dohhasaran)… ainsi que dans certains pays étrangers comme la Suède, l’Australie, les États-Unis… où vivent des zoroastriens pour qui le feu est un symbole sacré.

Dans le calendrier populaire iranien, ce jour marque le début de la préparation des terres agricoles aux prochaines plantations du printemps et la fin des jours les plus froids de l’hiver, 50 jours et 50 nuits avant l’arrivée du printemps (fêté par Nowruz). De ce fait, Sadeh signifie « cent ».

Sadeh est mentionné dans les récits mythologiques de l'Iran ancien. Lorsque Hoshang Shah a vu un long serpent noir alors qu'il chassait, il lui a lancé une pierre, ce qui a provoqué une étincelle lorsqu'il est entré en collision avec une autre pierre et que le buisson sec qui s'y trouvait a pris feu… Depuis, les Iraniens gardent ce feu. Les zoroastriens célèbrent le début de l’année en allumant du feu et en priant.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 janvier 2025

 
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Chine, Vietnam, Malaisie, Corée du Sud, Philippines, Nouvel an Bruno Teissier Chine, Vietnam, Malaisie, Corée du Sud, Philippines, Nouvel an Bruno Teissier

29 janvier : le nouvel an lunaire, fêté en Chine et dans toute l'Asie orientale

Des festivités qui ne se limitent pas au Nouvel an chinois car il est aussi fêté au Vietnam (la fête du Têt), en Indonésie, Malaisie, Corée du Sud (Seollal), Thaïlande ou aux Philip­pines…

 

C’est le Nouvel An lunaire (中国新年) : plusieurs pays asiatiques fêtent aujourd’hui leur entrée dans l’année du serpent (蛇) de bois (木), l’an 4723 du calendrier chinois.

Dans beaucoup de pays d’Asie où ce jour donne lieu à des festivités grandioses, au Vietnam (la fête du Têt, Tết Nguyên Đán), en Indonésie, Malaisie, Corée du Sud (Seollal, 설날), Thaïlande ou aux Philip­pines on n’apprécie guère le terme de Nouvel An chinois pour une fête que chaque pays s’est appropriée. De fait, il serait peut-être plus judicieux de parler de Nouvel An du calendrier chinois ou tout simplement de Nouvel An lunaire ou de Fête du Printemps (春节).

En Chine, la nouvelle année est une occasion de retrouvailles familiales, de retour dans sa terre natale ce qui donne lieu à d’innombrables allées et venues à travers le pays (plus de trois milliards de déplacements de personnes, ces dernières années pour toute la période des fêtes) avec son lot d’encombrements sur les routes, dans les gares aussi bien que dans les aéroports.

Pour célébrer cette fête marquante du calendrier, les Chinois du monde entier organisent des défilés hauts en couleur où se mêlent dragons, tigres et autres animaux du calendrier astrologique. Les participants, généralement habillés en tenue traditionnelle, portent des lampions et ne se gênent pas pour lancer des pétards censés chasser les démons. Cette manifestation, publique et joyeuse, est traditionnellement accompagnée d’une série de rituels à la maison qui perpétuent la tradition durant toute une semaine. Ainsi a-t-on pour coutume de rendre hommage aux ancêtres le premier jour puis de remettre aux enfants de petites enveloppes rouge et or (les hong bao) qui contiennent des étrennes et leur assurent réussite et prospérité pour l’année à venir. On s’habille de vêtements neufs ce jour-là où la couleur rouge domine, la couleur de la chance !

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, janvier 2025

 

La prière du nouvel an au Vietnam (photo Lưu Ly)

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28 janvier : Cuba fête l’anniversaire de son héros national

Non, il ne s’agit pas de Fidel Castro ni même de Che Guevara, mais d’un poète qui a lutté toute sa vie pour l’indépendance de Cuba : José Marti fait figure de héros national. Cela dit, les Cubains qui affrontent aujourd’hui les pénuries de nourriture, les coupures d’électricité et l’absence de liberté d’expression, ne vivent plus vraiment dans le culte du souvenir.

 

Non, il ne s’agit pas de Fidel Castro ni même de Che Guevara, mais de José Marti, un poète qui a lutté toute sa vie pour l’indépendance de Cuba. Mort lors de la bataille de Dos Rio, tué par les les Espagnols le 19 mai 1895, José Marti fait figure de héros de l’indépendance, son nom figure partout à Cuba. Chaque localité possède une statue ou au moins un buste du grand homme, il est célébré chaque 28 janvier par des cérémonies conclues par 21 salves de canon, tirées simultanément de la forteresse de San Carlos de la Cabaña, à La Havane. 

Le culte du fondateur du parti révolutionnaire cubain dont se réclamait Fidel Castro, ne faiblit pas. Il y a sept ans, pour son 165e anniversaire, la ville de New York a offert à La Havane une réplique de la statue de José Martí qui  avait été érigée en 1965 dans le sud de Central Park, face au Ritz. Ce même jour, une gerbe de fleurs est déposée au nom du général d’armée Raul Castro Ruz dans le mausolée qui contient les restes de José Marti (1853-1895), au cimetière de Santa Ifigenia.

José Marti est mort au combat en 1895. Finalement les Espagnols ont été chassés trois ans plus tard, en 1898, très vite remplacés par… les États-uniens qui ont dominé l’île jusqu’en 1959.

Hier soir, 27 janvier, à partir de 21 h, les traditionnelle marche aux flambeaux ont eu lieu dans le pays. À La Havane, le leader de la Révolution cubaine, Raúl Castro et le président de la République, Miguel Díaz-Canel, ont participé à la marche aux côtés d'autres autorités gouvernementales pour fêter le 172e anniversaire de la naissance de José Martí.

Le défilé de 2020 (photo : Alejandro Basulto)

Ce 28 janvier, au matin, un hommage lui est rendu à l’université de 10h à midi. L'événement commémoratif réunit les ambassadeurs de Chine, de Russie, de Bolivie, d'Algérie, de République dominicaine et d'autres membres du corps diplomatique accrédités dans ce pays sud-américain, ainsi que des membres de la mission de l'île en Équateur et des résidents cubains dans ce pays andin.

On célèbre également le 66e anniversaire du Triomphe de la Révolution et le 36e anniversaire de la fondation du Mouvement des jeunes martiens (Movimiento Juvenil Martiano : les partisans de José Marti), créé le 28 janvier 1989 par la Ligue de la Jeunesse Communiste. Le Mouvement a pour mission de chercher à promouvoir l'étude, la recherche et la diffusion de la vie et de l'œuvre de l'Apôtre. Avec deux jours d’avance, on marque aussi la Journée de l'identité latino-américaine.

Les Cubains qui affrontent aujourd’hui les pénuries de nourriture, les coupures d’électricité et l’absence de liberté d’expression, ne vivent plus dans le culte du souvenir. Ces cérémonies mémorielles ont quelque chose de surréaliste dans un pays qui connait aujourd’hui un exode massif faute de savoir se réformer.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 janvier 2025

 
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Dans La Havane, la réplique de la statue à José Martí de New York


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1945, Allemagne, Israël, Pologne, Shoah Bruno Teissier 1945, Allemagne, Israël, Pologne, Shoah Bruno Teissier

27 janvier : il y a 80 ans, on “découvrait” l'horreur d'Auschwitz

Il y a 80 ans le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau était libéré par l’Armée Rouge. Les soldats russes découvraient 7650 survivants à la limite de leurs forces. Des cérémonies ont lieu un peu partout dans le monde, ainsi que dans ce qui reste du camp. Cette année, elles se dérouleront avec des délégations de 151 pays mais sans les officiels russes.

 

Cette commémoration est récente : la date du 27 janvier a été choisie par le Conseil de l’Europe, en 2002, puis adoptée par la France, en 2003, comme Journée de la mémoire de la Shoah et de prévention des crimes contre l’humanité dans les établissements scolaires. Plus récemment encore, en 2006, l’ONU en a fait la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste

Il y a 80 ans le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau était libéré par l’Armée Rouge. Les soldats russes découvraient 7650 survivants à la limite de leurs forces. Dix jours plus tôt les SS de l’armée allemande, reculant devant les Soviétiques, avaient emmené 58 000 personnes dans une marche de la mort qui fut fatale à la plupart de ces prisonniers faméliques. Le camp a été construit par les autorités nazies à Oświęcim (Auschwitz en allemand) à 60 km de Cracovie dans la Pologne occupée. Lors de son agrandissement, ce camp englobera celui de Birkenau. Le bilan de son activité ne sera établi qu’après la guerre : 1 100 000 personnes y sont mortes, exterminées par le gaz dans leur grande majorité, dont 960 000 juifs.  

Pour ce 80e anniversaire, 51 délégations de 51 pays différents, soit environ 3 000 personnes, sont rassemblées sous une immense tente à l’entrée de Birkenau. Deux absents importants : Vladimir Poutine comme Benyamin Nétanyahou font l’objet d’un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI), justifié par des accusations reposant sur l’implication respective du premier dans des rapts d’enfants ukrainiens depuis l’invasion russe de l’Ukraine, et du second dans des “crimes de guerre et crimes contre l’humanité” commis dans la bande de Gaza. Signataire du traité de Rome, la Pologne est tenue d’appliquer les mandats d’arrêts de la CPI. Elle avait pourtant annoncé ne pas l’appliquer pour Netanyahou. Ce dernier a néanmoins préféré se faire représenter par son ministre de l’Éducation, Yoav Kisch.

Lors des cérémonies du 70e anniversaire, il y a 10 ans, les Polonais avaient «oublié» d’inviter les officiels russes. Le Kremlin ayant accusé, à plusieurs reprises, mais à tort, l’État polonais d’avoir collaboré avec Hitler… La mémoire, fut-elle aussi douloureuse, n’échappe pas à la géopolitique.

En France outre, la cérémonie annuelle du Mémorial de la Shoah (inauguré le 27 janvier 2005), une autre est organisée ce lundi à partir de 14 heures à Drancy (Seine-Saint-Denis) où se trouvent les vestiges du camp d'internement et de transit vers Auschwitz et d'autres camps d'extermination nazis.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 janvier 2025

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338, Géorgie, 27 janvier, orthodoxes, vie de saint Bruno Teissier 338, Géorgie, 27 janvier, orthodoxes, vie de saint Bruno Teissier

27 janvier : les Géorgiens fêtent sainte Nino

Aujourd’hui, en Géorgie, c’est Ninooba, la fête de sainte Nino. Cette fête religieuse n’est pas fériée mais elle est très populaire dans le pays car on attribue à Nino la christianisation de la Géorgie.

 

Aujourd’hui, en Géorgie, c’est Ninooba (ნინოობა), la fête de sainte Nino (წმინდა ნინო). Cette fête religieuse n’est pas fériée mais elle est très populaire dans le pays car on attribue à Nino la christianisation de la Géorgie.

Cette fille d’un général romain établi en Cappadoce, elle serait arrivée dans le royaume d’Ibérie (le nom antique de la Géorgie) en l’an 318, le 1er juin selon la tradition. Elle s’est établie à Mtskheta, où elle fabriqua une croix faite d'un sarment de vigne (« naskhlevi ») en guise de prière. Cette « croix de la vigne » ou « croix de sainte Nino », dont les branches horizontales sont penchées vers le bas, est restée son symbole.

On raconte qu’elle aurait guéri miraculeusement la reine Nana, puis finalement le roi Mirian III d'Ibérie. Selon la légende, celui-ci, se retrouvant perdu dans les ténèbres et aveuglé au cours d’une partie de chasse, ne put trouver son chemin qu’après avoir prié le « Dieu de Nino ». Suite à cela il a déclaré le christianisme religion officielle de son royaume d’Ibérie (vers 327) et Nino aurait ensuite converti, l’une après l’autre, toutes les régions de Géorgie. Elle est morte en chemin, le 27 janvier 338, dans le village de Bodin où, aujourd’hui, le complexe monastique de Bodbe (en Kakhétie) affirme abriter sa tombe. C’est aujourd’hui un lieu de pèlerinage. Quant à la croix de vigne, attachée avec les cheveux de sainte Nino, elle serait conservée dans la cathédrale de l'Assomption de Tbilissi.

Les Géorgiens la fête le 27 janvier (jour de sa mort, 14 janvier selon le calendrier julien de l’église apostolique de Géorgie) mais aussi le 1er juin (anniversaire de son arrivée en Géorgie. Les autres églises orthodoxes, ainsi que les catholiques la célèbre le 14 janvier.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 janvier 2025

 
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1986, Ouganda, libération, 26 janvier Bruno Teissier 1986, Ouganda, libération, 26 janvier Bruno Teissier

26 janvier : l’Ouganda commémore sa libération et célèbre sa dictature

Le 26 janvier est férié en Ouganda en souvenir du renversement d’une junte militaire, en 1986. 39 ans plus tard, le héros de la libération du pays, Yoweri Museveni est toujours au pouvoir ! Et sa dictature ne vaut guère mieux que celle qu’il a renversée.

 

Le 26 janvier est férié en Ouganda en souvenir du renversement d’une junte militaire. 39 ans plus tard, le héros de la libération du pays, Yoweri Museveni est toujours au pouvoir ! Et sa dictature ne vaut guère mieux que celle qu’il a renversée.

Le 26 janvier 1986, de la junte du général Tito Okello était renversé par l’Armée de la résistance nationale conduite par un général passé au maquis. Okello était au pouvoir depuis qu’il avait, lui-même, renversé le président et dictateur Milton Oboté, un an plus tôt. Le meneur de ce mouvement de libération est le général Yoweri Museveni qui a passé sept ans dans le maquis pour lutter contre les deux dictateurs successifs.

En 1986, Yoweri Museveni, le héros de la libération du pays a été élu président de l’Ouganda, et son armée du maquis est devenue le MRN, le Mouvement de Résistance Nationale. 39 ans plus tard l’un comme l’autre sont toujours à la tête de l’Ouganda. Yoweri Museveni, aujourd’hui octogénaire, songe à briguer un septième mandat en 2026. Si rien ne bouge, il a de fortes chances de l’emporter puisqu’il contrôle le pays d’une main de fer. À moins qu’il ne laisse la présidence à son propre fils, Muhoozi Kainerugaba…

La Journée de la libération du NRM (NRM Liberation Day), célébrée chaque année le 26 janvier, est bien destinée à consolider sa dictature en dépit des violations des droits humains, du harcèlement des journalistes, du chômage, de la pauvreté, de la dégradation des services de santé et le déclin de l'économie. Cette année, c’est à Munbende que se déroule les festivités, un district bien délaissé où rien n’a bougé depuis quatre décennies, malgré un vote constant pour le MRN. Hier, le dictateur Yoweri Museveni prononçait son discours à la nation lui faisant part de sa vision de l’avenir de l’Ouganda.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 janvier 2025

L’armée occupe une grande place lors des festivités du 21-Janvier

 
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2011, Égypte, révolte populaire, 24 janvier, 1952 Bruno Teissier 2011, Égypte, révolte populaire, 24 janvier, 1952 Bruno Teissier

25 janvier : l’Égypte fête sa révolution, mais quelle révolution ?

L’Égypte célèbre par un jour férié le “Jour de la révolution et de la police” (sic), une fête très ambiguë dont le sens a été détourné et qui sert avant tout à légitimer le régime en place.

 

Le 25 janvier est un jour férié en Égypte. C’est le Jour de la Révolution (يوم ثورة 25 يناير), il commémore la chute du régime d’Hosni Moubarak en 2011. Mais que penser d’une révolution qui, en fin de compte, n’a abouti qu’à la pérennisation et même au renforcement du régime militaire dont le président Moubarak était le représentant et dont Sissi a simplement pris la suite. Car si le 25 janvier est censé célébrer un mouvement populaire, pas question aujourd’hui de songer à organiser une manifestation ce jour-là. La police, que l’on fête le même jour, serait aussitôt lancée à l’assaut des manifestants.

Les événements du 25 janvier 2011 s’inscrivent dans la vague des « printemps arabes ». Tout avait commencé en Tunisie le 17 décembre 2010 et avait entrainé de manière subite, la chute du président Ben Ali, le 14 janvier 2011. Par effet d’imitation, la jeunesse égyptienne s’est  soulevée et les premières grandes manifestations anti-Moubarak se sont déroulées le 25 janvier. L’effet sera presque immédiat puisque le président en place depuis 30 ans devra se retirer le 11 février suivant sous la pression populaire.

La date du 25 janvier n’avait pas été choisie au hasard, c’est la Journée de la police (يوم الشرطة). Le 25 janvier 1952, les policiers d’’Ismaïlia refusèrent de remettre leurs armes aux forces britanniques. Pour la jeune nation égyptienne en quête d’indépendance, la résistance des policiers devient aussitôt un symbole du soulèvement des Égyptiens contre l’occupant anglais. Cela aboutira à la Révolution du 23 juillet 1952 qui, justement, a mis l’armée égyptienne au pouvoir. Et celle-ci, comme en Algérie, ne l’a jamais lâché. C’est le président Moubarak, soucieux de conforter son régime de répression où l’action de la police était déterminante qui avait fait du 25 janvier un jour férié dédié à la police (et il l’est resté). En réaction, le 25 janvier 2011 a été choisi symboliquement par les utilisateurs d'internet comme jour de protestation contre le régime, lui reprochant notamment sa répression policière. Cinquante-neuf ans plus tard, la police était devenue le symbole de la répression du régime. En 2011, elle fit donc profil bas. Le 1er février 2011, on comptait plus d'un million de manifestants dans tout  le pays. C’était une marée humaine place Tahrir, au Caire, cœur de la contestation. La révolution était en marche, le pouvoir hésitait entre répression et négociations, l’armée servant d’arbitre. 

On se souvient que c’est la mort d’un jeune Égyptien, Khaled Saïd, au cours de son arrestation par la police en juin 2010 dans un cybercafé d’Alexandrie, qui avait été l’étincelle de la révolution égyptienne. C’est la page Facebook “Nous sommes tous Khaled Saïd” qui sera l’un des principaux vecteurs de mobilisation de la révolution du 25 janvier. L’affaire de la mort de Khaled Saïd n’a été soldée devant la justice qu’en décembre 2021. La famille du jeune homme a en effet reçu un dédommagement de 1 million de livres égyptiennes (56 000 euros).

La place Tahrir (« libération ») est baptisée ainsi depuis 1952. Elle est devenue à elle seule le symbole de toutes les révolutions arabes : les grandes places de Manama (Bahreïn), Benghazi (Libye) et Homs (Syrie) ont été chacune rebaptisées place Tahrir par les manifestants se voyant tous comme des mouvements de libération du peuple face à un pouvoir qui a confisqué l’État à la Nation.

On le sait, la révolution va déboucher sur des élections libres, les premières (et les seules à ce jour) de l’histoire de l’Égypte qui vont porter au pouvoir le candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi, élu le 30 juin 2012, avec 51,73% des voix. Très rapidement, par sa politique d’islamisation du pays, il se met à dos tous ceux qui avaient combattu pour un pouvoir civil, démocratique et laïque. Un an plus tard, des manifestations monstres réclament le départ du président Morsi. Elle atteignent leur apogée le 30 juin. Une aubaine pour l’armée qui le destitue le 3 juillet et l’emprisonne. 

Suite à ce coup d’État militaire, une répression féroce d’abat aussitôt sur les Frères musulmans (dans les semaines qui suivent, ils seront massacrés par centaines), mais elle s’abat aussi sur le camp démocrate, la jeunesse laïque et de gauche, ceux-là mêmes qui avaient lancé la révolution du 25 janvier ! Début 2014, une nouvelle Constitution, renforçant les pouvoirs de l'armée est approuvée par référendum mais dans des conditions non démocratiques. Celui que le président Morsi avait placé à la tête de l’armée, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, se fait élire président (avec 96,9% des voix...) après avoir éliminé toute opposition, islamiste d'abord, puis libérale et laïque. Le président Sissi est aujourd’hui dans la même position et avec la même posture que son prédécesseur Moubarak. C’est un peu comme si la révolution n’avait pas eu lieu. La date du 25 janvier est toujours inscrite au calendrier officiel des commémorations mais comme Jour de la révolution et de la police (الجمعة ٠٨ يوليو - الثلاثاء ١٢ يوليوعيد الأضحى المبارك). L’événement est utilisé par le pouvoir pour rassembler ses partisans et organiser de grands rassemblements démonstratifs d’une adhésion populaire qui n’est que de façade. Le 25 janvier est une fête très ambiguë, dont le sens a été détourné et qui sert, avant tout, à légitimer le régime en place. #jan25

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 janvier 2025

 
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2008, Inde, femmes, 24 janvier Bruno Teissier 2008, Inde, femmes, 24 janvier Bruno Teissier

24 janvier : l’Inde s’inquiète pour ses filles

L’Inde est l’un des pays au monde où il naît le moins de filles. Aussi pour sensibiliser la société à la nécessité de respecter et de protéger les filles, on a instauré une Journée nationale de la fille, le 24 janvier.

 

Le 24 janvier, les Indiens célèbrent la Journée nationale de la fille (National Girl Child Day). Elle a été instaurée en 2008 pour sensibiliser la société à la nécessité de respecter et de protéger les filles. La célébration est coordonnée par le ministère de la Femme et du Développement de l'enfant.

L’Inde est avec le Chine, l’un des pays au monde où il naît le moins de filles : 937 pour 1000 garçons. Jadis on les faisait disparaître discrètement à la naissance, aujourd’hui grâce aux échographies, on pratique des avortements sélectifs. Pour éviter cela, il est aujourd’hui interdit aux médecins de révéler le sexe de l’enfant, mais la pression de la famille est telle… L’écart entre les sexe s’accroît pendant les premières années de la vie des enfants, car on prend moins soin d’une fille. Selon un proverbe indien, « élever une fille revient à arroser le jardin de son voisin » En effet, avoir une fille c’est s’occuper d’elle, dépenser pour son mariage (la dot), pour que celle-ci plus tard ne se consacre qu’à sa belle-famille. Dans un pays où il n’y a quasiment pas de retraite, n’avoir que des filles c’est la perspective de terminer sa vie, seul et, pour les plus pauvres, dans la misère. Les garçons, au contraire, sont ceux qui s'occuperont des parents âgés.

L’équilibre fille/garçon n’est pas propre à toutes les États de l’Union indienne. Il concerne avant le nord et l’ouest du pays, surtout les États les plus conservateurs comme l’Haryana, le Pendjab, le Cachemire où le ratio tombe à 8,8/10, mais aussi les société très patriarcales de l’Uttar Pradesh ou du Gujerat. Le phénomène est infiniment moins marqué sur la côte orientale, de l’Orissa au Tamil Nadu ainsi que dans le Nord-Est où on est autour de 9,8. Quant au Kerala, qui confirme sa singularité, il y naît un peu plus de filles que de garçons 10,8/10.

Chaque année, le 24 janvier, les Indiens célèbrent la Journée nationale des filles. Cette année, on célèbre le dixième anniversaire du programme Beti Bachao, Beti Padhao (BBBP) (« Sauver les filles, éduquer les filles ») lancé par le premier ministre Narendra Modi en janvier 2015. Le ministère de la Femme et du Développement de l'enfant a lancé cette journée en 2008. Depuis, la journée est célébrée dans toute l'Inde avec un thème annuel. Celui de 2025 est « Donner aux filles les moyens de se construire un avenir meilleur ». Ce thème met l'accent sur la nécessité d'offrir aux filles des chances égales de diriger et de façonner leur avenir tout en reconnaissant leur rôle vital dans la société.

À l’échelle internationale, il existe une Journée internationale, le 11 octobre, proposée par l’ONU.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 janvier 2025

(Photo Ramesh Lalwani) 

La ministre du Développement de la femme et de l'enfant, Renuka Chowdhury, présente un calendrier, lors du lancement de nouvelles initiatives pour le bien-être des filles, à New Delhi, en janvier 2009.

 
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1899, Philippines, république, 23 janvier Bruno Teissier 1899, Philippines, république, 23 janvier Bruno Teissier

23 janvier : la première et éphémère République des Philippines

Cette journée commémore la première république des Philippines qui se croyaient indépendantes. Ce régime n’a duré que quelques mois (1899-1901), occupés à tenter de repousser l’invasion états-unienne qui lui sera fatale.

 

Le Jour de la Première République des Philippines (Araw ng Unang Republika ng Pilipinas) n’est pas un jour férié, mais une commémoration officielle, instaurée récemment, en souvenir de l’entrée en vigueur de la Constitution de Malolos, le 23 janvier 1899. Elle fondait le premier régime républicain dans l’archipel, lequel venait d’échapper à trois siècles et demi de colonisation espagnole.

Conduite par Andrés Bonifacio, une révolution populaire contre l'Empire espagnol avait permis une déclaration d’indépendance, le 12 juin 1898. Plusieurs gouvernements révolutionnaires se sont succédé jusqu’à cette première république instaurée le 23 janvier 1899. Malheureusement l’Espagne vaincue par les États-Unis leur avait cédé les Philippines (traité de Paris, 1898) dans le dos des Philippins qui croyaient pourtant avoir gagné leur indépendance. Les Philippines tentèrent de résister militairement, déclarant la guerre à Washington, le 4 février 1899. Peine perdue de colonie espagnole, elles devenaient une colonie états-unienne pour un demi-siècle. Victime d’un nouvel impérialisme, la première république philippine, présidée par le général Aguinaldo, cessera officiellement d'exister le 1er avril 1901. L’indépendance, la vraie, ne sera obtenue qu’en 1946.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 janvier 2025

(source : OCD, Manille)

 
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1823, Hongrie, hymne, 22 janvier Bruno Teissier 1823, Hongrie, hymne, 22 janvier Bruno Teissier

22 janvier : la Journée de la culture hongroise

La Journée de la culture hongroise est célébrée depuis 1989, en souvenir du jour où le poète Ferenc Kölcsey a achevé le manuscrit de l'hymne national. C’était à Szatmárcsek le 22 janvier 1823.

 

La Journée de la culture hongroise (Magyar Kultúra Napja) est célébrée depuis 1989, en souvenir du jour où le poète Ferenc Kölcsey a achevé le manuscrit de l'hymne national. C’était à Szatmárcsek le 22 janvier 1823. En décembre 2022, le 22-Janvier est devenu une journée de commémoration officielle, pour une première célébration le 22 février 2023 afin de marquer le 200e anniversaire de l’hymne national hongrois.

C’est en effet le 22 janvier 1823 que le poète Ferenc Kölcsey a achevé son grand poème Himnusz (« Hymne ») ou Isten, áldd meg a magyart (« Bénis le Hongrois, ô Seigneur »), tiré des Siècles tonitruants du peuple hongrois, qui est devenu en 1989 l'hymne national de la Hongrie sur une musique de Ferenc Erkel datée de 1844.

Concerts, soirées littéraires, projections de films et expositions. Cette année, de nombreux programmes passionnants ont été préparés dans tout le pays pour la Journée de la culture hongroise. Plusieurs prix sont décernés ce 22 janvier : le prix littéraire Sándor Márai, le prix Csemadok pour la culture publique et l'œuvre de toute une vie, ainsi que les prix István Gyurcsó et Zoltán Fábry.

Bien que signalée dans tous les médias, la Journée de la culture hongroise demeure toutefois assez confidentielle.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 janvier 2025

 
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