L’Almanach international

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1986, Philippines, révolution, 25 février Bruno Teissier 1986, Philippines, révolution, 25 février Bruno Teissier

25 février : les Philippines célèbrent la chute du père du président actuel, mais qui se souvient de ce dictateur ?

Aux Philippines, c’est Journée du pouvoir du peuple (People Power Revolution) qui célèbre le 36e anniversaire de la révolution de 1986. La révolte populaire qui a conduit à la chute du dictateur Ferdinand Marcos, le père du président actuel qui porte le même nom ! Mais que connaît la jeunesse de cette période sombre de l’histoire philippine hormis les récits enjolivés par la propagande numérique ?

 

Aux Philippines, c’est Journée du pouvoir du peuple (People Power Revolution) qui célèbre le 36e anniversaire de la révolution de 1986. La révolte populaire qui a conduit à la chute du dictateur Ferdinand Marcos, le père du président actuel qui porte le même nom !

Traditionnellement, le 25 février est un jour férié. Mais, c’est un événement spécial qui n'est pas codifié dans la loi philippine, ce qui signifie qu'il appartient à chaque président de décider s'il doit être déclaré jour chômé spécial ou non. On aurait pu imaginer que Marcos junior passe sous silence une célébration qui marque la chute de son père et son propre exil, en même temps que ses parents, le couple honni qui a trouvé refuge aux États-Unis après 20 ans de dictature. Il n’en a rien été et comme cette année le 25 février tombe un samedi, il a même décrété que le 24 février serait également un jour chômé, tout en déclarant que  la célébration pourrait être déplacée « à condition que l'importance historique de l'anniversaire de la révolution du pouvoir populaire de l'EDSA soit maintenue ».

Tous les présidents après Marcos Senior ont commémoré la Révolution EDSA d'une manière ou d'une autre, en déclarant des jours spéciaux (jour chômé ou simple jour férié uniquement pour les écoles), en participant à des programmes commémoratifs ou en publiant simplement un message, comme ce fut le cas de Rodrigo Duterte, qui avait ouvertement exprimé son admiration pour feu le dictateur Marcos.

Comment expliquer alors ce zèle de Ferdinand Marcos Junior ? Aurait-il renié la dictature exercée par son père ? En vérité, l’histoire des Philippines a été largement réécrite par des campagnes de révision en sur les réseaux sociaux qui ont débuté dans le cadre des élections présidentielles de 2016, auxquelles, Marcos Junior était candidat au poste de vice-président. Il a été battu de peu par un peu moins de 300 000 voix. Mais les élections présidentielles de 2022 lui ont  permis à d’accéder à la présidence. Sa victoire a été écrasante, près de 60% des voix, avec  la fille de l'ancien président Rodrigo Duterte comme colistière. Ce succès est largement dû à une campagne de désinformation numérique à grand renfort de vidéos sur TikTok, de pseudo-documentaires sur Youtube, de memes sur Facebook… qui ont fait de l'ère de la loi martiale un « âge d'or » pour le pays sous la présidence Marcos. Cette propagande, qui n’a jamais cessé, dépeint Marcos Sr. comme un leader visionnaire qui voulait une « nouvelle société » où de « bons citoyens » travailleurs et respectueux des lois pourraient avoir une vie digne et épanouie. Toute une génération qui n’était pas encore née en 1986 a été abreuvée de ces messages sans aucune information alternative sur cette époque de dictature, autres que les discours de vieux militants démocrates dénonçant les les violations des droits de l'homme. Cette propagande était totalement en phase avec celle du président Duterte (2016-2022) qui se présentait comme le sauveur du « bon citoyen » tout en menant une « guerre contre la drogue » qui a fait des milliers de morts, en particulier dans les bidonvilles des grandes villes, éliminant ainsi à la fois petits délinquants et opposants politiques. La présidence Duterte, que l’on a comparé à celle de Trump, a cultivé le culte du leader fort et ouvert la voie à son successeur Ferdinand Marcos Jr. dont il admirait le père.

On comprend qu’ayant ainsi préparé l’opinion, le président Marcos junior ait pu sans aucun risque politique marquer de deux jours fériés une célébration vidée de son sens politique. Les militants qui vont profiter de cette journée pour rappeler que la dictature de Ferdinand Marcos Sr. fut une période d’abus en tout genre, des tortures, de disparitions d’opposants et des meurtres, n’aura guère d’écho dans l’opinion, en particulier auprès de la jeunesse qui ne l’a pas vécu. Qui se préoccupe aujourd’hui des milliards volés au budget de l’État par la famille Marcos durant son règne ni des extravagances de Imelda Marcos dont les 3000 paires de chaussures retrouvées dans le palais présidentiel après la fuite du couple ? Qui se souvient que c’est le meurtre de Ninoy Aquino, le leader de l’opposition qui avait déclenché un mouvement populaire qui a conduit à la révolution des 22 au 25 février 1986 ? La plupart des manifestations ont eu lieu sur une longue portion de l’avenue Epifanio de Los Santos, connue à Manille sous l’acronyme EDSA, d’où l’appellation de Révolution EDSA pour désigner les événements commémorés aujourd’hui qui ont mis fin au long règne de Ferdinand Marcos (1965-1986) et de son épouse.

Prudemment, le président Ferdinand R. Marcos Jr. ne participe pas aux commémorations de ce 25 février. Ce jour-là, il assiste au festival Tan-ok ni Ilocano, une manifestation locale organisée dans le fief électoral de la famille Marcos, à Iloco Norte et déplacé, cette année, au 25 février pour justifier l’absence à Manille du président des Philippines, celui que l’on désigne aussi sous le nom de Bongbong Marcos (BBM).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Cette révolution fut qualifié de « Révolution jaune » en raison des rubans jaunes arborés par les manifestants

Pièce de monnaie philippines qui a circulé de 1988 à 2020

Dans la foulée de cette révolution, Cory Aquino, la veuve du leader de l’opposition à Marcos Sr. assassiné, est élue présidente des Philippines le 25 février 1986. Lors de ces élections, deux vainqueurs avaient été proclamés, le régime désignait Ferdinand Marcos et l’opposition Cory Aquino. Voyant que l’armée et les États-Unis ne le soutenaient plus, le dictateur Marcos a choisi l’exil, laissant Cory Aquino devenir présidente. Elle est ici photographiée avec son fils Benigno Aquino jr., dit Benigno Aquino jr, qui sera président des Philippines de 2010 à 2016.

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1986, Ukraine, URSS, nucléaire, 14 décembre Bruno Teissier 1986, Ukraine, URSS, nucléaire, 14 décembre Bruno Teissier

14 décembre : la Journée des liquidateurs de Tchernobyl

En Ukraine, on rend hommage à ceux qui ont laissé leur vie ou leur santé pour limiter les conséquences de la catastrophe provoquée par l’incurie du système soviétique, on les appelle les liquidateurs de Tchernobyl.

 

Le 26 avril 1986, la plus grande catastrophe d'origine humaine au monde s'est produite à la centrale nucléaire de Tchernobyl. Elle a contaminé au moins 3,5 millions de personnes dont plus d’un million d’enfants, et rendu inhabitables 54 000 km2, 160 000 personnes ont dû abandonner leur maison… Mais ce n’est pas à eux que l’on rend hommage chaque 14 décembre en Ukraine, mais à ceux qui ont laissé leur vie ou leur santé pour limiter les conséquences de la catastrophe provoquée par l’incurie du système soviétique, on les appelle les liquidateurs de Tchernobyl (Ліквідатори Чорнобиля).

La date de la Journée des liquidateurs de Tchernobyl (День ліквідаторів аварії на ЧАЕС) n'a pas été choisie au hasard, en 2006, par le président Viktor Iouchtchenko. C’est le 14 décembre 1986 que l'installation "Shelter" - le sarcophage, qui assurait le stockage des déchets radioactifs au niveau du quatrième réacteur d'urgence - a été mise en service. Ainsi a été stoppée une catastrophe qui prenait des dimensions mondiales.

Un mois seulement après la catastrophe de Tchernobyl, environ 200 pompiers et employés de la centrale nucléaire sont morts des suites d'une exposition aux radiations. Plus de 350 000 liquidateurs sont passés par le site de Tchernobyl : des conscrits, des travailleurs médicaux, des réservistes et des intérimaires. Ils travaillaient par équipes, recevaient la dose de rayonnement maximale autorisée et étaient remplacés par d'autres. La dernière tâche des liquidateurs qui ont nettoyé le toit de la centrale nucléaire de Tchernobyl des débris radioactifs, a été de hisser le drapeau soviétique à une hauteur de 75 mètres. Les rayonnements y étaient si élevés que seulement neuf minutes ont été allouées aux trois « volontaires » désignés pour l'opération. Pour avoir exécuté cet ordre fou des autorités soviétiques, ils ont été gratifiés d’un jour de congé supplémentaire.

Un nouveau sarcophage a été construit en 2016, à l'aide d'un financement européen, a coûté 1,426 milliard d'euros. Il devrait tenir un siècle. Sa structure métallique recouvre le premier sarcophage de béton et de plomb construit à la hâte par les Soviétiques, destiné lui à durer 30 ans. Tchernobyl a été occupé pendant quelques jours par l’armée russe au début de la guerre de destruction de l’Ukraine lancée le 28 février par Poutine. Le recul de l’armée russe fait que la centrale en ruine se trouve aujourd’hui loin des combats mais l’Ukraine abrite une autre centrale à Zaporijjia, réputée être la plus puissante d'Europe. Occupée par les Russes, elle est située sur la ligne de front, des roquettes sont tombées à proximité au mois de septembre…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Timbre émis par la poste ukrainienne à l’occasion des 35 ans de la catastrophe

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1986, Pérou, Afrique, 19 octobre Bruno Teissier 1986, Pérou, Afrique, 19 octobre Bruno Teissier

19 octobre : journée de l'amitié péruvo-africaine

Une célébration qui rend hommage aux cultures africaines à travers la musique, la gastronomie… mais aussi aux 10% de Péruviens d’origine africaine

 

Au Pérou, c’est la Journée de l'amitié péruvo-africaine (Día de la Amistad Peruano-Africana). Cette célébration annuelle, chaque 19 octobre, est organisée par le ministère des Affaires étrangères du Pérou en collaboration avec une douzaine d’ambassades africaines à Lima. Il rend hommage aux cultures africaines à travers la musique, la gastronomie… 

La date, le 19 octobre, a été choisie en hommage à Samora Machel, ancien président du Mozambique et leaders de la décolonisation de l'Afrique, décédé ce jour-là en 1986. 

Cette date est aussi une occasion de célébrer les racines africaines du Pérou : 10% de la population du pays descend des esclaves apportés par les conquistadors espagnols et libérés e 1854. 

 
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1986, URSS, Ukraine, Biélorussie, 26 avril Bruno Teissier 1986, URSS, Ukraine, Biélorussie, 26 avril Bruno Teissier

26 avril : il a 35 ans, à Tchernobyl...

L’anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl est l’occasion de s’interroger sur les dangers du nucléaire. Le 26 avril 1986, à 1 h 23, le réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl explosait…

 

L’anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl est l’occasion de s’interroger sur les dangers du nucléaire.

​​Le 26 avril 1986, à 1 h 23, le réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, située à une centaine de kilomètres au nord de Kiev en Ukraine, qui fait alors partie de l’URSS, explosait. Le silence de Moscou a dans un premier temps contribué à minimiser l’événement.

L'incroyable silence des autorités soviétiques, dans les jours qui ont suivi l'"accident", a fait, en même temps, éclater le consensus qui s'était, peu à peu, installé autour du nucléaire civil. On n'oubliera pas de sitôt, à l'Est comme à l'Ouest, que c'est par les Suédois, inquiets de l'augmentation anormale de la radioactivité dans leur atmosphère, qu'a été révélée la plus grande catastrophe de l'histoire de l'atome domestique, déclenchée, quatre jours plus tôt, à 1700 kilomètres de là...  

Plusieurs millions de Biélorusses, d’Ukrainiens et de Russes vivent aujourd’hui sur des territoires irradiés. Le bilan sanitaire de la catastrophe reste toujours controversé. Selon l’OMS, le chiffre « officiel » serait aujourd’hui de 16 000 décès. Selon des estimations moyennes, quelque 30 000 à 60 000 cancers seraient attribuables à Tchernobyl dans le monde. Des associations donnent des chiffres beaucoup plus élevés : entre 600 000 et 900 000 vies perdues.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1986, France Bruno Teissier 1986, France Bruno Teissier

6 décembre : la mort de Malik Oussékine toujours dans les mémoires

Dans l’histoire des bavures policières, il en est une qui a frappé les esprits et qui est régulièrement commémorée. En 2006, Bertrand Delanoë, faisait poser une plaque sur les lieux du « drame ».

 

Dans l’histoire des bavures policières, il en est un qui a frappé les esprits plus que d’autres et qui est régulièrement commémoré. En 2006, Bertrand Delanoë, faisait poser une  plaque sur les lieux du drame, disons plutôt du crime. « À la mémoire de Malik Oussekine / étudiant / âgé de 22 ans / frappé à mort / lors de la manifestation / du 6 décembre 1986 ». La plaque le mentionne pas la qualité de policier en service des agresseurs, lesquels ne seront pas emprisonné pour leur crime. Le ministre de l’Intérieur s’appelait Charles Pasqua. « Je vous vous couvre » avait-il dit aux forces de l’ordre quelques jours plus tôt. Très vite les bavures se sont multipliées. Celle qui coûté la vie au jeune Malik Oussékine sera celle qui fera prendre conscience de cette dérive. 

On était dans une période manifestations étudiantes contre une réforme très controversée des universités. Malik Oussékine ne faisait pas partie des manifestants, ce soir du 5 décembre 1986, il sortait d’un club de jazz. Vers minuit, trois policiers « voltigeurs » le prennent en chasse sans qu’il ait commis la moindre infraction. Il parvient à se réfugier dans un hall d’immeuble, aidé par un habitant qui rentrait chez lui. Malheureusement, l’un des policiers parvient lui aussi à se glisser à l'intérieur et ouvre à ses deux collègues. Les trois CRS rouent de coups de pied et de matraque, dans le ventre et dans le dos, Malik Oussekine, tombé à terre, qui leur dit pourtant qu'il n'a rien fait. La victime, frappée à mort, ne se relèvera pas. Dans ce hall, pas de caméra, mais un témoin qui lui même a reçu quelques coups de matraque et pourra témoigner de la violence de l’intervention policière, laquelle était sans aucun objet. L’émotion a été très forte sur le moment. Les policiers ont été jugés aux assises plusieurs années après les faits et n’ont écopé que d’une peine symbolique. Aucun n’est allé en prison ni avant ni après le procès. Les leçons n’ont pas été tirées.

 
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