L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1969, Inde, Maharashtra, 31 janvier Bruno Teissier 1969, Inde, Maharashtra, 31 janvier Bruno Teissier

31 janvier : Amartithi, l’anniversaire de la mort d’un gourou

Chaque année, le 31 janvier, plusieurs dizaines de milliers de fidèles de Meher Baba se rassemblent sur son samadhi (tombeau) à Meherabad, un village du centre du Maharashtra, en Inde. Mort en 1969, Meher Baba déclara qu'il était l’Avatar, autrement dit, une incarnation de Dieu lui-même !

 

Chaque année, plusieurs dizaines de milliers de fidèles de Meher Baba se rassemblent sur son samadhi (tombeau) à Meherabad, un village du centre du Maharashtra, en Inde. D’un simple ashram fondé en 1923, le lieu est devenu un centre de pèlerinage gigantesque pouvant loger jusqu’à 18 000 pèlerins en même temps (c’est gratuit, il suffit de réserver). 

La célébration de ce cinquante-cinquième Amartithi (anniversaire du darshan de l'Avatar Meher Baba) dure deux jours, c'est-à-dire du 30 janvier à midi au 1er février à midi. Le point culminant des célébrations se situe à midi, ce 31 janvier 2024. C’est à ce moment-là précisément que selon ses adeptes  « L'Avatar Meher Baba a laissé tomber son corps physique le 31 janvier à midi à Meherazad pour vivre éternellement dans le cœur de tous ses amants. »  Le gourou est mort le 31 janvier 1969, mais son esprit a survécu pour ses nombreux adeptes. Pendant ces deux jours, trois prières écrites par Meher Baba, la prière du Maître, la prière du Repentir et la prière pour les baba-lovers (c’est ainsi qu’on nomme ses adeptes) sont récitées matin et soir sur son tombeau.

Meher Baba (Merwan Sheriar Irani de son vrai nom) est né en 1894 à Pune (Maharashtra) dans une famille de parsis (zoroastriens). De 1925 jusqu'à la fin de sa vie, Meher Baba a maintenu le silence, et n’a communiqué que par le moyen d'un tableau alphabétique ou par gestes. Sa vie a été une alternance de retraites spirituelles et de voyages pour répandre la bonne parole, notamment en Amérique du Nord et en Europe, où il a conduit des œuvres charitables et lutté contre l’usage des drogues. Son allure de sage et de mystique indien a eu beaucoup de succès à Hollywood, lui a permis de rencontrer des personnalités les plus diverses.

Le 10 février 1954, Meher Baba déclara qu'il était l’Avatar, autrement dit, une incarnation de Dieu lui-même ! Et ne s’exprima  plus que par des signes, ce qui ne l’empêcha pas de voyager à nouveau en Australie et en Amérique, il fut notamment reçu à New York. N’ayant peur de rien, Baba déclarait qu'à d'autres époques l'Avatar avait été connu sous les noms de Zoroastre, Râm, Krishna, Bouddha, Jésus et, dernièrement, Mahomet. Il était donc le dernier de cette prestigieuse liste de messies. Meher Baba n’a pas créé de religion très structurée, ce qui explique pourquoi il n’a pas été attaqué par les religions concurrentes. Il n’en a pas moins quelques dizaines de milliers d’adeptes, les baba-lovers, répartis un peu partout dans le monde, sans forcément de liens les uns avec les autres si ce n’est lors des pèlerinages, comme c’est le cas aujourd’hui. Meherabad, dans le district d'Ahmednagar, est ainsi devenu un centre international de pèlerinage, en particulier chaque 31 janvier, mais aussi le 25 février pour son anniversaire et le 10 juillet, date du début de son fameux silence.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 janvier 2024

https://www.mehercenter.org/

 
Lire la suite
1968, Nauru, 31 janvier, écologie, migrants, indépendance Bruno Teissier 1968, Nauru, 31 janvier, écologie, migrants, indépendance Bruno Teissier

31 janvier : Nauru, État sans avenir, un exemple à méditer

C’est un pays ruiné, à tous les sens du terme, qui fête l’anniversaire de son indépendance obtenue en 1968 avec le départ des Australiens. Ce micro-État du Pacifique a eu pourtant sa courte heure de gloire…

 

C’est un pays ruiné, à tous les sens du terme, qui fête l’anniversaire de son indépendance obtenue en 1968 avec le départ des Australiens. Ce micro-État du Pacifique a eu pourtant sa courte heure de gloire, il fut dans les années 1970, le deuxième État le plus riche du monde par habitant. Sa richesse : l’île unique est un bloc de phosphate, exploité à outrance jusqu’à l’épuisement, au point d’avoir ravagé toutes les terres cultivables. Le centre de l’île n’est plus qu’un désert, aujourd’hui abandonné par les compagnies minières. L’argent a filé, il n’en reste rien, les jeunes n’ont d’autres choix que de s’expatrier en Australie. Il se pourrait qu’un jour la totalité des 9000 habitants de l’île doivent partir faute de pouvoir continuer à vivre sur une île ravagée par le surdéveloppement. Certains voient dans cette triste fin, une parabole adressée à notre planète.

Le projet actuel est de relancer l’exploitation minière, cette fois en s’attaquant aux grands fonds marins. Les premières missions d’exploration ont débuté fin 2022 en dépit des risques environnementaux évidents, surtout quand on sait ce que les Nauruans ont fait de leur île.

Autre sujet de vives controverses : Nauru sert aujourd’hui de prison au service des autorités australiennes en quête de lieux pour parquer, dans des conditions déplorables, les demandeurs d’asile qui ont tenté de chercher un refuge en Australie. Près de 1500 personnes ont été forcées de s'installer sur cette île. Des hommes, des femmes et des enfants qui doivent cohabiter avec les habitants de la minuscule nation, certains y sont depuis plus de 5 ans dans des conditions concentrationnaires. Depuis plusieurs années, Nauru est l'un des piliers de la politique migratoire australienne, en échange de quelque 300 millions d'euros versée au gouvernement de l'île-nation.

On pense que les premiers habitants sont arrivés il y a quelque 2000 à 3000 ans, lors d'une vague de migration vers le Pacifique. L’originalité de la langue nauruane suggère que les Nauruans ont longtemps été isolés des îles voisines. Pendant des millénaires,  ils ont développé un système culturel et social reposant sur 12 tribus.  Le 8 novembre 1798, le baleinier britannique Hunter, sous le commandement de John Fearn, est le premier navire européen à s'approcher de l'île. Des canots ont ramé à la rencontre du navire mais Fearn et son équipage sont restés à bord, tandis que les Nauruans sont restés dans leurs bateaux. Les indigènes ne semblaient pas être hostiles et l’aspect idyllique de la terre a conduit Fearn à désigner l’endroit comme Pleasant Island. À partir de 1830, d’autres Européens ont commencé à visiter l’île, apportant des idées et des coutumes européennes, des armes à feu, de l'alcool, de la nourriture et des maladies. Le commerce a augmenté le nombre d'armes à feu sur l'île, entraînant une guerre civile de 10 ans entre les tribus rivales à partir de 1878.  Pendant ce temps, les commerçants allemands se sont installés sur l'île et, pour protéger leurs intérêts, l'Allemagne a annexé Nauru en 1888. L'exportation la plus lucrative a d’abord été celle du coprah (chair de noix de coco séchée) mais la découverte en 1900 de gisements de phosphate, principalement utilisés comme engrais, a fait de l'île une possession particulièrement précieuse.  Lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté en 1914, l'Australie s'est emparée de Nauru. Très convoitée, l’île a subi des bombardements allemands pendant la Seconde Guerre mondiale puis une brève occupation japonaise. En 1945, c’est le rétablissement de la tutelle conjointe australo-néo-zélandaise, En 1966, l'autonomie gouvernementale a été accordée à Nauru et les négociations ont commencé pour l'indépendance totale, laquelle est entrée en vigueur le 31 janvier 1968. C’était alors la plus petite république du monde.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

Pour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps, vous pouvez le faire sur Tipeee
nauru.png
 
Lire la suite
Inde, Fête des morts, 31 janvier Bruno Teissier Inde, Fête des morts, 31 janvier Bruno Teissier

31 janvier : le peuple Assamais honore ses ancêtres et célèbre ses traditions

L’Assam est un petit État du nord-est de l’Inde a conservé un ancien culte des ancêtres issu de leurs cultes animistes ancestraux : Me-Dam-Me-Phi

 

L’Assam est un petit État du nord-est de l’Inde de quelque 35 millions d’habitants, hindouistes pour la plupart, mais qui ont conservé un ancien culte des ancêtres issu de leurs cultes animistes ancestraux.  Me-Dam-Me-Phi (মে ডাম মে ফি) était une grande fête religieuse du royaume Ahom qui exista du XIIIe au XIXe siècle, avant de tomber sous la coupe des Birmans puis des Anglais. Les Ahoms se sont convertis à l’hindouisme au début du XIXe siècle mais à partir des années 1960, un mouvement de résurgence des cultes anciens a fait resurgir cette fête des ancêtres. Le gouvernement de l’Assam a fini , à la fin du XXe sicle, par fixer une date officielle pour Me-Dam-Me-Phi : le 31 janvier et faire de cette date un jour férié.


Le culte des ancêtres occupe une place importante dans la culture et la religion des Ahoms. Ils croient qu'après la mort d'une personne, son âme devient un  dam (esprit ancêtre) vénéré par sa famille. Après la quatorzième génération, un dam devient un  phi (dieu) vénéré par toute la communauté. Me signifie offrandes, donc Me-Dam-Me-Phi est une fête basée sur des offrandes faites aux esprits et aux dieux des ancêtres.

Aujourd'hui, la plupart des familles Ahom ont un endroit spécial appelé damkhuta dans leur cuisine. Ils l'utilisent pour adorer les esprits de leurs ancêtres décédés en leur offrant du vin fait maison et divers aliments, par exemple, des haricots et des pois chiches ou du riz avec de la viande ou du poisson. Pendant la fête de Me-Dam-Me-Phi, des rituels de vénération des ancêtres sont exécutés par Ahoms dans tout l'Assam et l'Arunachal Pradesh.

Cette fête concerne aujourd’hui l’ensemble des Assamais, pas seulement les descendants des Ahoms (peuple d’origine thaï). Dam-Me-Phi est même en passe de devenir une véritable fête nationale, ce que les hindouistes radicaux ne voient pas d’un bon œil.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 janvier 2022

 
Lire la suite