L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
26 avril : la mémoire de Guernica
Guernica, petite ville du Pays basque a été victime d’un raid de terreur destiné à anéantir une partie de la population et d’en terroriser l’autre. Une stratégie adoptée par Vladimir Poutine en Tchétchénie, en Syrie et aujourd’hui en Ukraine. Et que dire de Gaza que l’armée israélienne s’applique à rayer complètement de la carte au prix de dizaines de milliers de morts ?
Volodimir Zelenski n’avait pas manqué de le faire remarquer quand il s’était adressé aux députés espagnols : ce que la petite ville de Guernica a vécu en 1937, de nombreuses localités d’Ukraine sont en train de le vivre tant l’acharnement des forces russe à tout détruire pour soumettre l’ennemi parait sans limite. L’armée russe a aussi à son palmarès la destruction presque totale de Grozny et d’une bonne partie d’Alep… Dans plusieurs décennies toutes ces villes commémoreront leur anéantissement comme le fait Guernica chaque 26 avril. Et que dire de Gaza que l’armée israélienne s’applique à rayer complètement de la carte au prix de dizaines de milliers de morts ?
Le 8 décembre 2023, la ville martyre du Pays basque espagnole s’est transformée en mosaïque humaine géante aux couleurs du drapeau de la Palestine. Un symbole fort, 86 ans après les bombardements du régime nazi sur la ville de Guernica. Les participants n’avaient qu’un seul mot d’ordre : « Le monde et l’Histoire ne doivent pas accepter un nouveau Guernica ». Ils n’ont, hélas, pas été entendus.
Cet après-midi, 15h45 toutes les cloches de la petite ville de Guernica vont sonner et à 16h15 précise, une sirène retentira en souvenir du terrible bombardement de 1937 qui fit 1650 morts (selon le gouvernement basque) sur les 5000 habitants que comptait la petite ville de Biscaye (Pays basque espagnol).
Pour la Commémoration du bombardement de Guernica (Conmemoracion del bombardeo de guernica) les autorités procèdent à un dépôt de gerbes au cimetière de Zallo pour rendre hommage aux morts et ce soir, à 21h30, une marche silencieuse va parcourir comme chaque année les rues de la ville. En 2022, pour le 85e anniversaire, le président du gouvernement, Pedro Sánchez, avait participé aux commémorations, lui aussi avait cité Vladimir Poutine sans son message.
Ce 26 avril était jour de marché, en deux heures quelque 22 tonnes de bombes ont été lâchées sur la ville par l’aviation allemande venue tester de nouveaux appareils et surtout une méthode de guerre inédite : un raid de terreur destiné à anéantir une partie de la population et d’en terroriser l’autre. Le Pays basque était resté fidèle à la république (voir 14 avril). Sa soumission était une aide appréciable, réclamée par le général Franco en train d’imposer sa dictature à l’ensemble de l’Espagne. Par miracle, l’arbre de Guernica, symbole de l’autonomie du Pays basque, est sorti indemne des bombardements, mais le pays n’allait pas tarder à être soumis par les franquistes. Dès le début du XVIIIe siècle, Guernica était devenue un véritable emblème de la démocratie et de la liberté, surtout après la fin de la Première Guerre carliste (1833-1840). C’est aussi cela que Franco avait demandé à Hitler d’abattre.
Un Musée de la paix a été inauguré en 2003 et l’on décerne, aujourd’hui, un Prix Guernica pour la paix et la réconciliation. En 2020, un hommage particulier avait été fait à José de Laubaria, le maire de la ville à l’époque et à George L. Steer, journaliste sud-africain arrivé à Guernica quelques heures après le bombardement et qui câbla dans la nuit même son reportage de la ville martyre. C’est son article publié le 28 avril 1937, à la une du Times et du New York Times, qui a frappé l'opinion publique mondiale en révélant l'implication secrète de l’Allemagne nazie dans la destruction de la ville. En 2022, Guernica a été reconnu comme un “lieu de mémoire” par le gouvernement espagnol.
Les Allemands, responsables des bombardements, rendent eux aussi hommage à la ville martyre, chaque 26 avril à 11h, Guernica Platz à Berlin.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 avril 2024
Mural reproduisant le célèbre tableau de Picasso, commandé par la république espagnole pour l’exposition de 1937 à Paris.
25 avril : les Australiens et Néo-Zélandais se souviennent de la Grande Guerre
L’ANZAC Day est une journée très importante pour les Australiens et Néo-Zélandais, une date constitutive de leurs identités nationales, d’où la persistance et même l’amplification, depuis plus d’un siècle, des célébrations de la Grande Guerre.
À Villers-Bretonneux, petite localité de Picardie, les autorités australiennes proposent chaque année une grande cérémonie nocturne, retransmise en direct par la télévision, d’où des horaires insolites. En effet, le site du mémorial ouvre à 2h30 du matin. Un pré-programme débute à 4h, avant la fameuse cérémonie, dite du "dawn service", qui se déroule entre 5h30 et 6h30 du matin. Localement la cérémonie a accueilli jusqu’à 6000 personnes certaines années, mais ils sont 100 fois plus nombreux à la suivre sur un écran de la chaîne publique australienne (ABC) ainsi que sur France 3 Picardie.
On célèbre une victoire australienne sur les Allemands : la prise de Villers-Bretonneux, dans la nuit du 24 au 25 avril 1918. À partir de ce moment-là les troupes allemandes commencèrent à reculer, Amiens sera épargnée et on s’orienta vers la fin de la Grande Guerre.
Cette commémoration qui a pris depuis les années 2000 une grande importance, en complète une autre : la mémoire de la bataille de Gallipoli, contre l’armée ottomane, qui a débuté le 25 avril 1915 et qui fut une véritable boucherie. On estime le nombre de morts à 8 700 parmi les Australiens tués et 2 700 chez les Néo-Zélandais. Les deux formaient l’ANZAC : Australian and New Zealand Army Corps (Corps d'armée australien et néo-zélandais).
Cet épisode de la campagne des Dardanelles contre les Turcs a fait des milliers de victimes sans résultat probant. Le choc a été tel que la Journée de l’ANZAC (ANZAC Day) a été célébrée dès 1916. L'esprit de l'ANZAC est devenu un élément important de l'identité nationale australienne et néo-zélandaise. Le 25 avril est un jour férié dans les deux pays. Depuis 2013, si le 25 avril tombe un week-end, le lundi est aussi férié en Australie. C’est dire l’importance de l’événement pour la nation australienne que certains disent être née ce jour-là, en 1915.
Dans les villes et villages d'Australie, des marches d'anciens combattants sont organisées pour commémorer la Journée de l'Anzac. Elles sont suivies de rassemblements entre vétérans (de la Seconde Guerre). La principale cérémonie nationale a lieu au Mémorial australien de la guerre à Canberra.
Une cérémonie se déroule également en Turquie, sur le site de la défaite de Gallipoli (Gelibolu Yarımadası), organisée par la Turquie, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. C’est le 75e anniversaire qui avait relancé les célébrations. Pour le centenaire, en 2015, le président Erdogan et le prince Charles avaient fait le déplacement.
L’Anzac Day est aussi célébré à Ypres (Belgique), à la porte de Menin. À Bullencourt (Pas-de-Calais), où on a créé un musée. À Longueval (Somme) au mémorial national néo-zélandais. Au Quenoy (Nord) également en hommage aux Néo-Zélandais. À Londres, au cénotaphe de Whitehall pour un défilé à 11h. À Auckland, devant me musée-mémorial. Ainsi qu’en Nouvelle-Calédonie, à Tahiti, aux îles Tonga… mais en référence à la Seconde Guerre mondiale. Ce samedi, 26 avril 2025, un concert est donné dans la cathédrale d’Amiens à l’occasion de l’ANZAC Day…
Il est de tradition que les membres de la famille d'un soldat tué ou disparu, visitant les lieux de mémoire, fixent un coquelicot de papier ou de tissu sur la tombe ou à défaut à côté du nom gravé sur un monument.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 avril 2025
Lieu de mémoire à Sydney
Le 25 avril 1916, à Londres, le premier Anzac Day
24 avril : la mémoire de deux génocides
Hasard du calendrier, le 24 avril 2025, l’Arménie et Israël commémorent chacun leur génocide.
Hasard du calendrier, le 24 avril 2025, l’Arménie et Israël commémorent chacun leur génocide. Peut-être que cette journée spéciale dans les deux pays aurait pu être l’occasion pour Tel Aviv de reconnaître enfin la réalité du génocide arménien ?
Ce 24 avril, c’est le 110e anniversaire du déclenchement du génocide des Arméniens. Hier soir a eu lieu la marche aux flambeaux dans les rues d’Erevan :
https://www.bibliomonde.fr/lalmanach/2019/4/23/24-avril-la-date-sacre-des-armniens
En Israël, ce 24 avril, c’est Yom HaShoah, la Journée nationale du souvenir de la Shoah. La commémoration a commencée hier soir :
https://www.bibliomonde.fr/lalmanach/yom-hashoah-commemorer-la-shoah
Le mémorial érigé à Erevan, en mémoire des deux génocides.
23 avril : la Sant Jordi, 30e journée mondiale du livre
L’origine de cette journée est catalane. C’est un peu la Saint-Valentin des Catalans qui fêtent le 23 avril la Sant Jordi (Saint-Georges). La coutume veut que l’on offre une rose à son aimé(e), en retour on reçoit un livre… Cette fête du livre a ensuite été adoptée par l’Unesco.
C’est la Journée mondiale du livre, une célébration visant à promouvoir le plaisir des livres et de la lecture.
L’origine de cette journée est catalane. Le 23 avril est un peu la Saint-Valentin pour les Catalans qui fêtent la Sant Jordi (la Saint-Georges). La coutume veut que l’on offre une rose à son aimé(e), en échange de quoi celui ou celle-ci lui offrira un livre. Cette journée est tout à la fois une fête du livre et des amoureux, ce qui n’aurait pas déplu à Cervantès mort un 23 avril de l’année 1616. C’est aussi un jour où l’on célèbre la langue et les traditions catalanes.
Cette fête du livre catalane a inspiré l’Unesco qui, en 1995, a fait de cette date la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur soulignant la particularité du 23 avril 1616*, jour du décès de trois grands écrivains, non seulement Shakespeare et Cervantès, mais aussi Garcilaso de la Vega, un métis inca-espagnol, le premier grand écrivain péruvien.
* - La coïncidence des dates n’est pas tout à fait vraie. En 1616, l’Église anglicane, en conflit avec Rome, n’avait pas encore adopté le nouveau calendrier proposé par Grégoire XIII (dit calendrier grégorien). De ce fait, l’auteur de Don Quichotte… a précédé de 11 jours dans la tombe le père de Roméo et Juliette dont la date de décès retenue est celle du calendrier julien.
Chaque année, l’Unesco désigne une capitale mondiale du livre. Ce 23 avril 2025, Rio de Janeiro succède à Strasbourg pour un an. Cette désignation a pour objectif, selon Audrey Azoulay, de « permettre un changement social – par le biais, notamment, de l'alphabétisation, de l'éducation et de l'éradication de la pauvreté ».
Dans la continuité de cette journée, le samedi 26 avril 2025, en France, en Belgique et en Suisse – aura lieu la 27e édition de la Fête de la librairie indépendante durant laquelle près de 700 librairies offriront à leurs visiteurs une rose et un livre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 avril 2025
22 avril : la Journée mondiale de la Terre nourricière
Institué par des Américains, Earth Day a été officialisé par l’ONU. Faut-il y voir l’occasion d’une prise de conscience mondiale ou une simple opération américaine de greenwashing ?
Aux États-Unis, des centaines de marches, de piquets de grève et d'événements de nettoyage ont lieu à travers tout le pays à l'occasion de la Journée de la Terre (Earth Day). Ce mardi, des mouvements de défense de l’environnement et du climat intensifient leur résistance à l'autoritarisme de l'administration Trump et à sa « guerre contre la planète ». Des associations pro-démocratie s’associent à eux pour une vague d'actions visant à exiger le droit à une vie libre et saine. Pas sûr que le président Trump et sa poignée de courtisans les entendent.
Cette Journée de la Terre est avant tout nord-américaine mais elle commence à mobiliser en France comme dans d’autres pays. Lancée en 1970 par Gaylord Nelson, un sénateur américain réagissant à une marée noire qui dévasta la Californie en 1969, la journée a été officialisée par l’ONU en 2009 sous le nom de Journée internationale de la Terre nourricière, une journée consacrée à la protection de l'environnement qui a pour le moment un impact limité.
À l’origine, la date ne signifiait rien. Elle a été choisie pour mobiliser le plus d’étudiants nord-américains possible, elle tombe hors vacances et hors période d’examen. Les mauvaises langues ont toutefois fait remarquer qu’elle correspondait à la date de naissance de Lénine, une manière de dénoncer les premiers défenseurs de l’environnement comme de dangereux étatistes, terme très péjoratif aux États-Unis. Au moins peut-on dire que cette journée célébrée chaque année dans beaucoup de pays, est à l’origine des mouvements environnementalistes tels que nous les connaissons aujourd’hui. Elle fait écho à la Journée mondiale de l’environnement (5 juin). Ses détracteurs y voient avant tout une simple opération américaine de greenwashing, ni plus ni moins qu’une mascarade écologique.
Cette journée marque aussi l’anniversaire de la signature de l’Accord de Paris. Le 22 avril 2016, au siège des Nations Unies à New York, l’Accord de Paris sur le climat, adopté à la COP21, était signé par 175 Parties (soit 174 pays et l’Union européenne), ce qui lui a permis d’entrer en vigueur le 4 novembre 2016. Un accord dont les États-Unis se sont retirés le 20 janvier 2025, jour d’entrée en fonction de Donald Trump, un président qui est à la tête du premier État pollueur de la planète. Le 22-Avril est cette année plutôt morose.
Ne pas la confondre avec la Journée de la terre (sans majuscule) des Palestiniens célébrée chaque 30 mars.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 avril 2025
Un timbre-poste tunisien de 1965 transmettant déjà le message “une seule Terre” (une œuvre de Hédi Selmi )
21 avril : les Anglais célèbrent le thé et feu leur reine
La Journée nationale du thé (National Tea Day) au Royaume-Uni est de création récente. Elle coïncide avec le véritable anniversaire de la reine Élisabeth II. Hommage nostalgique à une reine tout en cultivant un élément essentiel de la culture britannique.
La Journée nationale du thé (National Tea Day) au Royaume-Uni est de création récente. Elle a été célébrée pour la première fois le 21 avril 2016, jour des 90 ans de la reine Élisabeth II. Il s’agit bien là de son véritable anniversaire, elle est née à Londres le 21 avril 1926 et on lui fêtera son centenaire l’an prochain. Son anniversaire officiel qui avait lieu le deuxième samedi de juin, n’avait rien à voir avec sa date de naissance. Cette fête cérémonie dite Trooping The Colour, honore aujourd’hui son successeur.
L’idée de relier le thé, dont on sait qu’elle était grande amatrice, à l’ancienne reine d’Angleterre avec une fête qui n’avait jamais été fêtée en public, est un moyen de continuer à lui rendre un hommage, quelque peu nostalgique, tout en cultivant un élément essentiel de la culture britannique. Même si ce sont en réalité les Hollandais qui ont introduit cette boisson en Europe. Le premier salon de thé de Londres fut ouvert par Thomas Twining en 1706. Il est toujours en activité aujourd'hui au 216 Strand, ce qui en fait le plus ancien établissement de Londres. Twinings détient un brevet royal, ce qui signifie qu'il fournit du thé à la famille royale. Au milieu du XVIIIe siècle, le thé devient le principal produit d'importation de la Compagnie britannique des Indes orientales. Les Anglais l’ont ensuite exporté vers d’autres pays qui l’ont adopté, comme le Maroc où un commerçant anglais a déversé sa cargaison qu’il ne pouvait vendre en Europe en raison du blocus continental instauré par Napoléon. Déjà des guerres commerciales. Et de tout temps, goûts et pratiques alimentaires ont voyagé. Le thé a d’abord été une boisson à la mode en Chine au VIIe siècle, puis au Japon et en Corée… presque un millénaire avant que les Européens, en particulier les Anglais, en fasse leur boisson nationale.
Par ailleurs, il existe deux journées internationales du thé. L’une, le 21 mai, célébrée depuis 2019 sous l’égide de la FAO (ONU) et l’autre, depuis 2005, organisée chaque 15 décembre par les pays producteurs de thé que sont Inde , le Sri Lanka, le Népal, le Vietnam, l'Indonésie, le Bangladesh, le Kenya, le Malawi, la Malaisie, l'Ouganda et la Tanzanie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 avril 2025
La tasse de thé (détail), œuvre de Mary Cassatt, 1880
20 avril : Pâques, fête majeure de tous les chrétiens
Cela n’arrive pas tous les ans, presque tous les chrétiens célèbrent Pâques le même jour, une fête qui commémore la résurrection du Christ. Cette célébration a été instituée lors du concile de Nicée dont on fête, cette année, le 1700e anniversaire.
Cela n’arrive pas tous les ans, presque tous les chrétiens célèbrent Pâques le même jour, une fête qui commémore la résurrection du Christ. Seuls ceux qui suivent encore le calendrier julien fêteront Pâques le 5 mai du calendrier grégorien.
Apothéose de la Semaine sainte, la fête de Pâques célèbre la résurrection du Christ et sonne la fin du Carême! Dans les familles qui maintiennent la tradition, les enfants attendent avec impatience le matin pour découvrir les œufs, lapins, poules ou poissons en chocolat déposés, selon la légende, par les cloches qui reviennent de Rome et sonnent à toute volée, ce qui leur était interdit ces trois derniers jours. La tradition d’offrir des œufs, symbole de vie et de renaissance, souvent peints ou décorés, se retrouve dans une grande partie de l’Europe centrale et serait antérieure à l’ère chrétienne. Dans les pays anglo-saxons, surtout en Allemagne, c’est un lapin ou un lièvre qui apporterait les précieux œufs et cette tradition remonterait à d’anciennes fêtes païennes célébrant le printemps, le lapin (en fait, le lièvre) étant associé à la fécondité. Comme dans la tradition juive, l’agneau est un autre animal associé à la fête de ce jour, en référence à la fois au sacrifice d’Abraham, symbole de l’obéissance à Dieu, et à Jésus « Agneau de Dieu » ainsi que l’a désigné saint Jean-Baptiste, symbole de pureté et d’innocence. Il était autrefois servi à la table de Pâques, lors du repas familial mais l’habitude s’est un peu perdue avec la baisse de la pratique religieuse. De même, jusqu’au milieu du XXe siècle, il était d’usage d’effectuer un grand nettoyage de la maison à l’occasion des fêtes pascales et de porter des vêtements neufs le jour même de la fête.
La fête de Pâques (au pluriel quand il s’agit de la fête chrétienne) tient son nom de la Pâque juive (Pessah), commémoration de l’exode des Hébreux hors d’Égypte, une fête qui était célébrée à Jérusalem au moment même de la mort du Christ. Pâques commémore la résurrection du Christ, trois jours après sa crucifixion ainsi que l’annonçait la prophétie et que nous le rapportent les premiers témoins. Elle est le fondement de la foi chrétienne, sans la résurrection, le christianisme n’a pas lieu d’être. Aussi, L’Église a-t-elle choisi très tôt de célébrer cet événement fondateur puis d’en fixer la date. Ce fut fait au Concile de Nicée (325) et la règle est toujours en usage: Pâques a lieu le dimanche qui suit la pleine lune venant après l’équinoxe de printemps, soit entre le 22 mars et le 25 avril (pour les Églises d’Occident qui suivent le calendrier grégorien). Les Églises orthodoxes, même si elles ont adopté le calendrier grégorien, calculent la date de Pâques en fonction de la date du printemps sur le calendrier julien (le 21 mars c’est-à-dire, le 3 avril du calendrier grégorien). Le résultat, c’est que généralement, la date de Pâques date est différente pour les Églises catholiques et orthodoxes mais cette année 2025, qui coïncide avec le 1700e anniversaire du concile de Nicée, toutes les branches du christianisme fêtent Pâques le même jour. Une telle coïncidence n’est pas si rare, elle s’est déjà produite en 2007, 2010, 2011, 2014 et 2017. En janvier dernier, le pape François s’est déclaré en faveur d’une date universelle de Pâques pour tous les chrétiens, vœu qu’avait déjà exprimé le pape Paul VI dans une lettre du 26 mars 1975 destinée au patriarche œcuménique Dimitrios Ier. Le pape de Rome avait prévu de se rendre à Nicée (actuelle Iznik, ville portuaire proche d’Istanbul en Turquie) ce printemps pour rencontrer le patriarche Bartholomée Ier. Mais, étant donné l’état de santé du pape, rien n’est moins sûr.
Le dimanche de Pâques, le pape de Rome prononce traditionnellement un discours dans la basilique Saint-Pierre, puis donne sa bénédiction, Urbi et orbi, et souhaite à tous de joyeuses Pâques.
Pâques est largement fêté par les protestants de toutes obédiences. Toutefois, certains puritains, notamment presbytériens, rejettent cette célébration sous prétexte qu’elle ne figure pas dans la Bible.
En 2026, pâques sera fêté le 5 avril en Occident et le 12 avril pour les orthodoxes (ceux qui suivent le calendrier grégorien) ; en 2027, le 28 mars et le 2 mai ; en 2028, le 16 avril…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 avril 2025
Bénédiction des œufs de Pâques (Święconka), à Ołtarzew, en Pologne (photo : Błażej Benisz - WSD Ołtarzew)
19 avril : le Brésil qui célèbre son armée, peine à lui définir une mission
Les Brésiliens se targuent d’avoir la deuxième armée du continent américain. Mais à quoi bon avoir une telle force quand aucune menace conventionnelle ne pèse sur le Brésil, lequel n'a aucun contentieux frontalier avec ses dix voisins ? Une telle institution ne risque-t-elle pas de vouloir à nouveau peser sur la gestion du pays ?
Les Brésiliens se targuent d’avoir la deuxième armée la plus importante du continent américain et une des plus importantes au monde en termes d’effectif. Mais à quoi bon avoir une telle force quand aucune menace conventionnelle ne pèse sur le Brésil, lequel n'a aucun contentieux frontalier avec ses dix voisins tout au long de ses 17 000 km de frontières terrestres ?
D’ailleurs le Brésil a été bien en peine de trouver une date de victoire militaire pour fêter son armée. La date choisie remonte à 1648. Cette année-là, le 19 avril, l’armée portugaise (et non celle du Brésil qui n’a été fondée qu’en 1822), remportait la première bataille de Guararapes contre l’armée Hollandaise qui faisait face à l'insurrection de Pernambouc (1645-1654). Une révolte menée par des colons luso-brésiliens contre la domination hollandaise à Pernambouc. Cette victoire n’a pas mis fin au conflit mais a suffisamment déstabilisé les Hollandais pour qu’ils finissent par lâcher prise six ans plus tard. C’est en 1994, qu’a été instituée cette Journée de l'Armée Brésilienne (Dia do Exército Brasileiro), célébrée chaque 19 avril.
On notera toutefois que le Brésil est le seul pays d’Amérique latine à avoir épaulé les Alliés durant la Seconde Guerre mondiale avec l’envoi de 25000. C’était l’époque où le Brésil savait encore situer l’Europe sur une carte.
Sinon, le dernier conflit international dans lequel le Brésil a été impliqué, c’est la fameuse Guerre de la langouste qui l’a opposé à la France au début des années 1960. Le conflit débute en 1962 quand le Brésil arraisonne des langoustiers français qui pêchaient dans sa zone exclusive, puis à nouveau l’année suivante. En réplique, la France envoi deux bâtiments militaires pour protéger les pêcheurs français. Après une brève période de tension, le conflit est finalement réglé pacifiquement.
Hormis le fait d’avoir pourchassé une poignée de guérilleros dans la jungle de l’Amazonie, dans les années 1970, l’armée brésilienne, en deux siècles d’existence, n’a guère l’habitude du combat. Les Brésiliens ne peuvent que s’en féliciter quand on sait ce que les guerres ont coûté à d’autres parties du monde sur la même période. Ces dernières décennies, l’armée brésilienne a seulement participé à des missions de paix en Haïti et au Timor oriental.
Mais comme ailleurs en Amérique latine, l’armée s’est crue obligée de se donner un rôle, pour le malheur du pays. Le putsch du 31 mars 1964 a laissé à une majorité de Brésiliens un souvenir amer, d’autant que la dictature militaire a duré jusqu’en 1985. L’ancien président Bolsonaro est resté nostalgique de cette période. Il n’a pas eu le soutien de l’armée pour se maintenir au pouvoir, mais dans la tête de certains généraux, un retour aux affaires ne serait pas exclu. Le président Lula qui chapeaute l’institution militaire a toujours dû marcher sur des œufs, face à une armée qui le surveille en retour et qui coûte au pays plus de 1,2% de son PIB.
Anticipant de trois jours la Journée de l’armée, le président Luiz Inácio Lula da Silva a participé, ce mercredi 16 avril, à une cérémonie célébrant l’armée et le 80e anniversaire des victoires de la Force expéditionnaire brésilienne. L'événement, qui s’est déroulé devant le quartier général de Brasilia. Ce fut l’occasion, comme chaque année, de décerner l'Ordre du mérite militaire, la Médaille de l'armée brésilienne et la Médaille d'hommage à la force expéditionnaire brésilienne.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 avril 2025
17 avril : le vendredi saint des chrétiens
Pour les chrétiens, deux jours avant Pâques, c’est le Vendredi saint ou le Grand vendredi (pour les orthodoxes) qui commémore le jour de la crucifixion et de la mort de Jésus, tel qu’il est décrit dans les Évangiles.
Pour les chrétiens d’Occident et d’Orient c’est Vendredi saint ou le Grand vendredi (pour les orthodoxes) qui commémore le jour de la crucifixion et de la mort de Jésus, tel qu’il est décrit dans les Évangiles. Cette fête fait partie du triduum pascal, qui s'étend du Jeudi saint (commémoration du dernier repas du Christ avec ses apôtres) aux vêpres du dimanche de Pâques. Le Vendredi saint est deux jours avant Pâques, ce qui en fait une fête mobile entre le 20 mars et le 23 avril. Les églises d’Occident et d’Orient le fêtent à des dates différentes ; leur coïncidence, cette année, est un hasard.
Pour beaucoup de chrétiens, en particulier dans le monde hispanique, le Vendredi saint reste le jour du « chemin de croix » et, effectivement, c’est le temps fort de cette journée. La tradition qui voulait que l’on reproduise la Passion telle que la vécut le Christ, en grandeur réelle et tenue d’époque, a progressivement disparu en France, sinon dans le village de Burzet, en Ardèche, et elle reste encore très présente en Italie et en Espagne, en Amérique latine ou aux Philippines, pays dans lequel des chrétiens n’hésitent pas à se faire flageller puis crucifier afin de reproduire au plus près le martyre du Christ et d’expier ses fautes.
C’est au XIVe siècle que les Franciscains ont institué le chemin de croix, dans l’esprit des processions de pénitents du Moyen Âge qui défilent également en ce jour, cagoulés, sous les couleurs de leur confrérie, exhibant les instruments de la Passion ou des statues de la Vierge. La Semaine sainte à Séville, en Espagne, est très connue pour le spectacle qu’elle offre dans les rues de la ville. À défaut de procession, les fidèles vont revivre la montée au Golgotha en suivant les quatorze stations du chemin de croix, de sa condamnation à mort par Ponce Pilate (1re station) jusqu’à sa mise au tombeau (14e station) reproduites à l’intérieur des églises ou dans ses abords.
Le jour est férié en Espagne, Portugal, Allemagne, Suisse, Pays-Bas, Finlande, Suède, Danemark, Norvège,Tchéquie, Slovaquie, Hongrie, Lettonie, Bulgarie, Grèce, Moldavie, Roumanie, Serbie, Liban, Brésil, Canada, Chili, Éthiopie, Kenya, Nigeria, Nouvelle Zélande, Hong Kong, Philippines, Inde, Indonésie, Macao… Tous les pays d’Amérique latine sauf le Mexique.
Il n’est pas férié en France, Italie, Irlande, Pologne, Belgique, Luxembourg, Autriche, Slovénie, Lituanie, Chypre, Mexique…
Par provocation, des libres penseurs français organisent, en ce jour de privation pour les catholiques, un banquet républicain. La tradition, qui s’est un peu perdue aujourd’hui, remonte à un dîner « gras » offert le vendredi 10 avril 1868 par Sainte-Beuve à ses amis, Ernest Renan (auteur de La Vie de Jésus et animateur de la revue La Liberté de penser), Gustave Flaubert, Hippolyte Taine, Edmond About… Ce diner a été tant décrié par la presse conservatrice que l’idée a été reprise les années suivantes dans diverses villes de province et diverses associations. La grande époque de ces banquets sera celle du combat anticlérical de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Son maintien au début du XXIe siècle est une réaction à la montée des intolérances religieuses de toutes parts.
Les prochaines dates : vendredi 3 avril 2026, vendredi 26 mars 2027…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 avril 2025
Procession avec Notre-Dame des Douleurs lors des Saintes Représentations du Vendredi saint à Romagnano Sesia, Piémont, Italie (photo : Sarin)
Crucifixion, par Giotto (1304), fresques de l’Église de l’Arena à Padoue
À gauche, Marie effondrée a besoin d’un soutien. Au pied de la croix, Marie-Madeleine en pleurs. À droite, des soldats se disputent le manteau du Christ. Un centurion qui l’a reconnu tente d’attirer l’attention des autres.
17 avril : Verrazzano, la gloire des Italo-Américains
Il y a cinq siècles, le 17 avril 1524, le navigateur florentin, Giovanni da Verrazzano entrait dans la baie de New York. Cette « découverte » était restée dans l’oubli jusqu’au milieu du XXe siècle quand son nom a resurgi et baptiste aujourd’hui un célèbre pont de New York.
Il y a cinq siècles, le 17 avril 1524, le navire français La Dauphine, conduit par le navigateur florentin, Giovanni da Verrazzano entrait dans la baie de New York. L’an dernier, en 2024, la ville de New York a célébré le 500e anniversaire de cette « découverte ». C’était aussi le 70e anniversaire du Verrazzano Day, célébré chaque année par la ville de New York.
Verrazzano, qui avait été chargé par le roi de France François Ier de trouver un passage vers l’Asie, avait touché la côte américaine en Caroline du Nord, puis avait fait route vers le nord jusqu'à Terre-Neuve. Au cours de son périple, il passa devant Sandy Hook, dans le New Jersey, et pénétra dans l'embouchure du fleuve Hudson. Le rapport de Verrazzano à François Ier contenait la première description de la côte nord-est de l'Amérique du Nord et conférait à la France ses droits sur les terres américaines. Mais Verrazzano s’était contenté de planter le drapeau du roi de France et de baptiser Nouvelle-Angoulême, le futur site de New York. Un lieu qu’un siècle plus tard les Hollandais vont baptiser Nouvelle-Amsterdam en s’y établissant. Entre-temps, en 1609, l’anglais Henry Hudson avait lui aussi pénétré dans la baie qui porte aujourd’hui son nom. Ce dernier figurait dans les livres d’Histoire américains comme le découvreur de la baie.
C’est Giovanni (John) LaCorte, un Italo-Américain qui a sorti Verrazzano de l’oubli à une époque où un grand mépris frappait encore les Américains d’origine italienne. Il a d’abord fondé la Société historique italienne d'Amérique, à l’image de celle que possédaient les Irlandais depuis longtemps. L’une des premières réalisations de la société fut la résurrection d’un obscur monument Verrazzano, installé au début du XXe siècle, enlevé en raison de travaux, puis oublié dans une réserve. C'est grâce à l'effort singulier de LaCorte que ce monument fut sorti d’un entrepôt et placé en évidence à Battery Park, à l'extrémité sud de Manhattan, en 1952. Depuis ce jour, la Société organise chaque 17 avril une cérémonie devant ce monument. En 1954, il obtint que le 17 avril soit proclamé « Journée Verrazzano » par le maire de New York, Robert Wagner. Cette initiative fut même suivie en 1957 par l'État de New York. Mais la notoriété du navigateur demeurait très locale.
À cette époque, New York était en train de se doter d’un grand pont pour relier Staten Island au continent. La construction avait débuté en août 1954 et l'étage supérieur sera ouvert à la circulation le 21 novembre 1964. Il restera le plus long pont suspendu du monde jusqu’en 1981. Ce sera la dernière réalisation du célèbre et très influent promoteur qui a remodelé New York, Robert Moses. Celui-ci était très opposé à ce que son œuvre puisse porter le nom d’un Italien. Mais, après des années de négociation, John LaCorte fini par convaincre le maire de New York. La chose était acquise qu’il soit baptisé pont Verrazano-Narrows (narrows : détroit) quand un groupement de New-yorkais a lancé une pétition pour qu’il porte le nom de Kennedy, le président récemment assassiné. LaCorte dut intervenir auprès de Robert Kennedy pour cela ne se fasse pas… finalement c’est cet ouvrage d’art spectaculaire sur lequel passe chaque année le marathon de New York qui a donné sa gloire au navigateur italien. Une vue aérienne du pont Verrazzano apparait sur chaque reportage racontant cette course à pied mythique qui part de Staten Island.
Depuis 2007, un monument commémoratif rend hommage à l'œuvre de John N. LaCorte pour valoriser l’héritage de l’immigration italienne en Amérique du Nord. Il a été érigé dans le parc John Paul Jones, à l'angle de la 99e Rue et de la 4e Avenue à Brooklyn, près du point d'ancrage et de l'entrée du pont Verrazzano.
Cette gloire outre-atlantique a rejailli sur le village natal du navigateur florentin. Chaque année, le 17 avril, la localité de Greve in Chianti, en Toscane, célèbre son plus célèbre « enfant du pays », Giovanni da Verrazzano, né en 1485. L’an dernier les festivités du Verrazzano Day avaient duré trois jours. L’État italien avait même émis un timbre-poste pour célébrer le 500e anniversaire de son voyage.
À Greve in Chianti, la Journée Verrazzano 2025 débute à 10h30 par la présentation d’un ouvrage : Giovanni da Verrazzano, Studi per il Cinquecentenario, publié par Polistampa à Florence. Il est présenté par le professeur Leonardo Rombai et Luigi Giovanni Cappellini, président de la Fondation.
À l'issue de cette présentation, un symposium réunit les auteurs des études, la plupart issus de l’université de Florence, experts reconnus dans le domaine. Le symposium se conclura par une intervention du professeur Formisano, spécialiste reconnu d'Amerigo Vespucci, soulignant l'importance des contributions de Florence à l'ère de l'exploration.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 avril 2025
Sur la place centrale de Greve in Chianti, en Toscane, la statue du célèbre explorateur, né en 1485 dans le château voisin de Verrazzano.
16 avril : hommage à Ben Badis, figure multiforme du nationalisme algérien
En Algérie, le 16 avril, c’est le Jour du savoir mais c’est aussi une journée pour se souvenir d’Abdelhamid Ben Badis, figure mythique et paradoxale du nationalisme algérien qui sert aussi bien à combattre le régime que pour le conforter.
En Algérie, le 16 avril, c’est la Journée du savoir (Youm El Ilm, يوم العلم), l’occasion de réfléchir sur le système éducatif algérien mais c’est aussi une journée pour se souvenir d’Abdelhamid Ben Badis (ou Ibn Badis), dont c’est le 85e anniversaire du décès, le 16 avril 1940, à Constantine.
Ce personnage est une figure mythique du nationalisme algérien d’avant la guerre de libération. Il est chaque année célébré et chacun trouvera une bonne raison de faire référence à Abdelhamid Ben Badis ou de le récuser. Il est né dans une famille de notables qui avaient fait allégeance à la France, la puissance occupante. Mais, Ben Badis s’est très jeune posé en défenseur l’algérianité et de la langue arabe. Il est vu en précurseur du nationalisme algérien mais parfois critiqué pour avoir inscrit sa démarche militante dans le cadre de la démocratie française. En 1936, notamment, il a négocié pour que soit accordé aux musulmans algériens la citoyenneté pleine et entière comme celle qui avait été offerte aux juifs algériens, mais dans le respect d’une identité algérienne qui, à ses yeux, était indissociable de l’islam.
Abdelhamid Ben Badis est à l’origine de l’Association des oulémas (savants) algériens, fondée en 1931. D’où la date de son décès choisie par l’État algérien comme Journée du savoir. Le savoir prôné par Ben Badis était avant tout religieux. Il a fondé un réseau d’écoles qui compta, en 1954, jusqu’à 40 000 élèves dans 124 établissements, encadrées par 274 enseignants. En 1947 à Constantine, il a créé l’Institut Ibn Badis, un établissement d’enseignement secondaire, dédié à la formation des enseignants. On y enseignait en arabe et l’islam occupait une place importante. Ce réseau concurrençait l’École française peu ouverte aux indigènes musulmans, comme on les appelait à l’époque.
Cheikh Ibn Badis prônait un islam réformiste qui dénonçait le conservatisme des confréries, accusées de maintenir le féodalisme et pour certaines de collusion avec l’administration coloniale. Si bien qu’on présente Ben Babis comme un modernisateur mais sa vision de l’islam est aujourd’hui revendiquée par le courant salafiste. À partir de 1991, les salafistes du Front islamique du Salut (FIS) se sont réclamé d’Ibn Badis sous prétexte d’un retour à l’islam des origines. Pourtant, Ben Babis n’était pas totalement sur leur ligne, il prônait une liberté religieuse qui, aujourd’hui, n’a plus cours, et a toujours dénoncé l’antisémitisme, notamment celui des petits colons français à l’égard des juifs algériens.
Toute sa vie comme journaliste puis comme pédagogue, Abdelhamid Ben Badis a lutté contre le colonialisme, sans se rapprocher de Messali Hadj, mais en trouvant des points de convergence avec le Parti communiste algérien. Cheikh Ibn Badis a toujours conféré une dimension politique, sociale et culturelle à son projet de réforme en encourageant l’émergence de nombreuses associations culturelles et sportives. Il est mort peu de temps après avoir fondé le club de football de Constantine. Des milliers de personnes ont assisté à son enterrement qui a tourné à la manifestation anticoloniale.
Dès l’indépendance, le journal du FLN, El-Moudjahid, se fait chaque année l’écho des commémorations de sa mort. On met en exergue ses citations comme « La nation algérienne n'est pas la France ; ne peut pas être la France ; ne veut pas être la France », pour en faire un symbole du patriotisme révolutionnaire algérien. Ce héros national est en bonne place dans les manuels scolaires. C’est sous le président Boumédienne, en 1970, qu’est instaurée la Journée de la culture (ou du savoir) (Yawm al-‘ilm), mais pour l’inscrire dans une démarche conservatrice et religieuse, en rupture avec le modernisme de Ben Bella, le premier président algérien. Plus récemment, les 2019, la figure du cheik Ben Badis était brandie par les insurgés du Hirak luttant contre un régime algérien totalement sclérosé… Tous les courants de la vie politique algérienne se sont, à un moment ou à un autre, réclamés de cette figure mythique, peu connue hors des frontières de l’Algérie.
Le 16 avril 2024, à l’occasion de Youm El Ilm, sa bibliothèque personnelle a été donnée à la bibliothèque de Djamaâ El Djazaïr. Elle contient environ un millier d’ouvrages touchant à divers domaines du savoir comme la civilisation islamique, les questions jurisprudentielles, le tafsir, la littérature et la poésie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 avril 2025
15 avril : le Kazakhstan fête ses amoureux et sa culture traditionnelle
Comme d’autres pays, le Kazakhstan cherche à promouvoir une fête alternative à la Saint-Valentin, jugée trop occidentale. Pour cela, on a puisé dans sa culture ancienne et instauré une Journée de l’amour qui s’appuie sur un poème épique populaire, une sorte de Roméo et Juliette, dans la culture kazakhe ancienne.
Comme d’autres pays, le Kazakhstan cherche à promouvoir une fête alternative à la Saint-Valentin, jugée trop occidentale. Pour cela, on a puisé dans sa culture ancienne et instauré une Journée de l’amour (Махаббат күні) appelée aussi fête de Kozy-Korpesh et Bayan-Sulu (Қозы Көрпеш-Баян сұлу күні), en référence au poème épique le plus populaire. Une sorte de Roméo et Juliette, dans la culture kazakhe des XIIIe et XIVe siècles.
Cette journée, placée le 15 avril, a été insaturée en 2011. Il existe différentes versions de cette épopée. L'une d'elles raconte l'histoire de deux meilleurs amis, Sarybai et Karabai, qui s’étaient promis de marier leurs enfants avant même leur naissance. Cette tradition des fiançailles avant la naissance était populaire chez les Kazakhs.
Cependant, le destin en a décidé autrement. Sarybai est mort au cours d'une chasse sans avoir vu naître son fils Kozy. En grandissant, Kozy Korpesh et Bayan Sulu sont tombés amoureux l'un de l'autre. Mais Kozy étant orphelin, le père de Bayan Sulu a changé d'avis et rompu son serment. Il a décidé de marier sa fille à un autre homme nommé Kodar, un homme riche et influent dont il était redevable. Kodar aspirait à l'affection de Bayan Sulu qui le repoussait. Quand il comprit que son cœur appartenait à Kozy, il le tua lors d’une embuscade.
La mort de son bien-aimé attrista tant Bayan qu’elle décida de se venger. Elle promit d'épouser Kodar à condition qu'il creuse un puits pour lui fournir de l'eau. Tout en creusant le trou, il s'accrochait aux longues tresses de Bayan. Une fois qu’il fut descendu assez profondément, la jeune fille coupa ses tresses, causant la mort de Kodar. Désespérée, Bayan Sulu se poignarda avec une dague sur la tombe de son bien-aimé Kozy Korpesh.
Transmise de génération en génération, cette histoire d'amour tragique est devenue un symbole d'amour véritable. Dans l'est du Kazakhstan se trouve un monument du Xe ou XIe siècle, probablement la tombe d’un saint local, mais que, par tradition, on désigne comme le mausolée de Kozy-Korpesh et Bayan Sulu. Il est situé dans le district d'Ayagoz, dans le Kazakhstan oriental, à 7 km au sud-ouest du village de Tarlauly, sur la rive droite de la rivière Ayaguz, et à 11 km à l'ouest de Tansyk. Le lieu a pris aujourd’hui une dimension touristique. Par ailleurs, en 2019, un monument dédié à Kozy-Korpesh et Bayan-Sulu a été inauguré à Ayagoz, une ville du Kazakhstan oriental.
Une série télévisée a récemment popularisé cette histoire de Kozy-Korpesh et Bayan-Sulumais, mais elle est très décriée par les puristes pour son faible niveau de la langue kazakhe et ses infidélités à la culture traditionnelle.
Depuis 2011, la Journée de l'Amour du 15 avril est fêtée de différentes manières à travers le pays, des couples célèbrent leurs fiançailles et leurs mariages ce jour-là. Des puritains y voient l’occasion de mettre en valeur la beauté et la pureté de l'amour véritable, de promouvoir la chasteté et des valeurs prétendument traditionnelles. D’autres la considèrent comme une simple célébration de la culture locale et de sa résurgence après des décennies d’emprise russe et soviétique.
La célébration de cette fête a été proposée pour la première fois dans le sud du Kazakhstan, en 1999, par un homme nommé Darkhan Mynbay, qui a invité les organisations de jeunesse, les établissements d'enseignement et les médias à y participer. Pour trouver une date, il a simplement tenu compte compte des jours fériés importants dans le monde, afin que cette célébration nouvelle ne coïncide avec aucune autre.
D’autres alternatives à la Saint-Valentin : en Chine, en Inde, au Vietnam…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 avril 2025
Le tombeau présenté comme le mausolée de Kozy-Korpesh et Bayan Sulu
14 avril : la Journée de la langue maternelle dans une Géorgie sous emprise russe
Alors que la pression de Moscou est de plus en plus forte sur leur république, les Géorgiens célèbrent la Journée de la langue maternelle, une commémoration très populaire en particulier dans l’opposition au gouvernement pro-russe qui s’est imposé au pouvoir en trafiquant les élections.
Alors que la pression de Moscou est de plus en plus forte sur leur république, les Géorgiens célèbrent la Journée de la langue géorgienne (ქართული ენის დღე). Ce n’est pas un jour férié officiel, mais une commémoration très populaire en particulier dans l’opposition au gouvernement pro-russe qui s’est imposé au pouvoir en trafiquant les élections.
Cette date fait référence à la journée du 14 avril 1978. Des milliers de personnes, principalement des étudiants et des intellectuels, ont manifesté dans les rues de Tbilissi. Suite à ce mouvement de protestation sans précédent, les autorités soviétiques ont dû abandonner les amendements à la Constitution concernant le statut des langues en Géorgie. Le président du Soviet suprême de la RSS de Géorgie, Edouard Chevardnadze, avait décidé de changer l’article 75 de la Constitution pour supprimer le statut de langue officielle du géorgien, ce qui le rabaissait au même niveau que le russe. C’est contre cette décision que la population avait réagi.
Du temps de Staline, né en Géorgie, le statut de la langue nationale avait été relativement préservé. C’est sous Khrouchtchev que la russification a été engagée et a atteint son apogée en 1978. Le Kremlin a finalement reculé. Toutefois, le travail de sape avait été mis en place depuis longtemps par Moscou, déjà sous Staline, avec la création d’entités autonomes à l’intérieur de la Géorgie en valorisant de petites langues locales au détriment du géorgien. Diviser pour mieux régner telle a été la devise de Moscou de Staline jusqu’à Poutine. La valorisation et l’encouragement d’une multitude de petites langues partout en URSS visaient à fractionner linguistiquement la population et faire en sorte que le russe soit la seule véritablement langue de communication entre toutes ces entités bâties sur des bases linguistiques parfois très étroites. Cette politique s’est poursuivie après la disparition de l’URSS. En 1993, 250 000 locuteurs de langue géorgienne ont été chassés manu militari d’Abkhazie un territoire qui abritait alors moins de 100 000 locuteurs de langue abkhaze. En 2008, les 20 à 30 000 locuteurs de langue géorgienne sont chassés d’Ossétie du Sud qui abritait alors moins de 50 000 locuteurs de langue ossète. Dans un second temps, il a suffi d’inciter ces deux minorités linguistiques à proclamer leur sécession à l’égard de la Géorgie et c’est ainsi que Moscou a détaché deux provinces de Géorgie pour en faire des protectorats qui vulnérabilisent fortement la Géorgie. Dans le cas de l’Ossétie, il fallut une guerre pour faire céder Tbilissi. C’était en 2008 et le reste de l’Europe a détourné les yeux. La tactique de Moscou a été reproduite en Ukraine…
Aujourd’hui, c’est dans un pays presque totalement sous l’emprise russe que l’on fête la langue nationale. Les célébrations ont lieu à Tbilissi, notamment, dans le Jardin de la langue maternelle.
Le géorgien aurait pu disparaître plusieurs fois dans son histoire. Il a été sauvé par son Église, mais aussi par la ténacité de ses élites culturelles. Aujourd’hui, il n’est parlé que par quelque cinq millions de locuteurs (dont un million hors de Géorgie). La particularité de cette langue très ancienne, à l’origine obscure, c’est de posséder son propre alphabet : le mkhdruli, composé de 33 lettres.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 avril 2025
Le jardin de la langue maternelle, à Tbilissi, un 14 avril
13 avril : 50 ans d’omerta sur la guerre du Liban
Ce matin, le Premier ministre Nawaf Salam dépose une gerbe au Monument des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth, pour célébrer le 50e anniversaire du début de la guerre civile libanaise (1975-1990). Ce monument des Martyrs ne fait référence à une autre époque. En vérité aucun mémorial n’existe pour entretenir la mémoire de ce conflit qui a fait quelque 200 000 victimes dans un pays de 2,7 millions d’habitants (à l’époque).
Une cérémonie au Palais de Baabda réunit le président Joseph Aoun (un chrétien maronite, en poste depuis le 9 janvier 2025) et Nawaf Salam (un musulman sunnite), qui dirige le gouvernement, depuis le 8 février 2025.
Le 13 avril 1975, un autobus transportant des militants pro-palestiniens, de retour d’une manifestation, traverse le secteur d’Aïn el-Remmané est mitraillé par des membres des phalanges libanaises (Kataëb), après qu'un milicien chrétien a été tué et un autre blessé devant l’église melkite Notre-Dame du Salut, dans la banlieue est de Beyrouth. 22 passagers du bus ont été tués sur une trentaine de passagers. Cet incident est considéré comme le déclencheur de la guerre civile. D’autres incidents meurtriers ou assassinat de personnalités, depuis la fin des années 1960, auraient pu dégénérer de la même manière.
Chaque année, le 13 avril, se déroule une cérémonie du souvenir sur les lieux même où s’est déroulé le massacre du bus de Beyrouth (مجزرة بوسطة عين الرمانة ,مجزرة عين الرمانة), aussi connu sous le nom d'incident d'Ain el-Rammaneh ou encore Dimanche Noir.
Quelques jours plus tôt, Nawaf Salam avait appelé à faire de cet anniversaire « un tournant, et pas seulement un moment de commémoration » et à « revenir à l'accord de Taëf » signé le 22 octobre 1989, qui avait mis fin à la guerre civile, et à « mettre en œuvre l'intégralité de ses dispositions ».
L’ancien Premier ministre Saad Hariri a appelé, à cette occasion, à « sortir de la mentalité milicienne pour aller vers l’instauration d’un État incluant tout le monde, à condition de respecter sa Constitution et de s’engager vis-à-vis de ses lois, de ses institutions et de sa souveraineté ».
Les Libanais plus âgés connaissent tous la date du 13 avril mais l’évènement ne fait toujours pas l’objet d’un récit commun, comme pour l’ensemble du conflit, au point qu’il n’existe aucun livre d’histoire destiné aux lycéens racontant l’histoire récente du pays. Preuve que le projet national libanais reste encore fragile. Même s’il y a consensus aujourd’hui pour ne plus retomber dans la violence des milices qui avaient pris le pouvoir dans les années 1970, face à l’inconsistance de l’État libanais. Pendant 15 ans on a vu, des milices chrétiennes (Phalanges, Forces libanaises), musulmanes (Amal, PSP) et palestiniennes (OLP) s’affronter dans une mosaïque d’alliances instables.
Une loi d’amnistie, votée le 26 août 1991, a absou la plupart des crimes, sauf les assassinats politiques majeurs pour la plupart restés impunis. Un Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a été créé après l’attentat de 2005 contre Rafic Hariri. Rien n’a été prévu pour juger les crimes de la guerre civile. Chaque vendredi, des familles se rassemblent devant le Parlement, tenant des pancartes avec des photos des 17000 disparus dans l’espoir d’avoir es informations. Demain, les écolier et étudiants observerons une minute de silence à la demande de la ministre de l’Éducation. Peut-être auraient plus besoin de paroles sur ce conflit que de silence ?
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 avril 2025
L’autobus criblé de balles, appelé le « Bosta », devenu l’emblème de la guerre civile (photo anonyme d’époque). Ce bus existe toujours, il a été conservé par son propriétaire qui l’avait exposé au public en 2011.
12-13 avril : les juifs célèbrent Pessa’h
Ce soir, 12 avril, à la tombé de la nuit, les juifs fêtent Pessa’h. La fête de la Pâque juive se prolongera jusqu’au 20 avril.
Ce soir, 12 avril, à la tombé de la nuit, les juifs fêtent Pessa’h (פֶּסַח). La fête de la Pâque juive se prolongera jusqu’au 20 avril. Elle commémore l’exode des Hébreux hors d’Égypte. Avec Chavouot (2-3 juin) et Souccot (6 octobre), elle est l’une des trois fêtes dites « de pèlerinage ». Le 13 avril, est un jour chômé en Israël et les écoliers seront en vacances jusqu’au 19 avril.
Pour ceux qui pratiquent, de multiples rituels accompagnent Pessa’h, en tout premier lieu un nettoyage minutieux de toute la maison. Celle-ci doit, en particulier, être débarrassée de tout aliment contenant de la levure (hametz) : pain, pâtes et gâteaux, mais aussi tout aliment ou boisson contenant orge, avoine, épeautre, seigle ou blé ayant fermenté, jusqu’à la moindre miette nichée au fond d’un canapé, dans la voiture, au fond des poches… Seule la composition de pain azyme (matza) est autorisée durant Pessa’h, en souvenir du pain (non levé) que les Hébreux consommèrent lors de leur exode.
Une fois la maison nettoyée et prête, on peut procéder au premier repas de Pessah : le seder, célébré les deux premiers soirs de la fête (seulement le premier soir en Israël). Il obéit, lui aussi, à un rite très codifié et consiste en une succession d’étapes mêlant bénédictions, mets, récits et chants. On commence par disposer au centre de la table une coupe de vin, la coupe d’Élie, le prophète, précurseur du Messie, appelé à participer à la purification de la maison puis on apporte le « plat du seder » qui comporte différents mets, tous symboliques d’un moment de la vie du peuple juif en Égypte : zro’a, un os de poulet ou d’agneau censé rappeler le bras étendu avec lequel Dieu délivra son peuple d’Égypte ; beitsa, un œuf dur, en souvenir de la destruction du Temple ; maror, des herbes amères comme le fut la vie des Hébreux sous le joug égyptien ; harosset composé de dattes, noix, pommes et amandes qui évoque le mortier avec lequel les Hébreux fabriquèrent des briques pour les Égyptiens ; karpas, persil, céleri ou radis trempé dans de l’eau salée en souvenir des larmes versées par les Hébreux. Le plat est accompagné de trois matzot (pain azyme) et quatre coupes de vin. Ce rituel alimentaire s’accompagne d’une autre coutume censée rappeler l’histoire du peuple juif. C’est généralement le plus jeune enfant de la famille qui commence par poser quatre questions auxquelles le chef de famille va répondre, en mêlant lecture et récits. Des chants viennent clore le temps du repas.
Dans la religion hébraïque ancienne, Pessah désignait la fête de l’agneau au cours de laquelle l’animal était sacrifié et un peu de son sang badigeonné autour des portes ou de l’entrée des tentes comme rite de protection. C’est ainsi que l’Ange de la mort reconnut et épargna les maisons des juifs lorsque la dixième plaie d’Égypte toucha tous les nouveau-nés du pays. Ce n’est que par la suite que Pessah désignera l’exode du peuple hébreu et la naissance d’Israël en tant que peuple après le don de la Torah à Moïse sur le mont Sinaï.
L'étymologie habituellement donnée au nom de la fête est qu'il vient du verbe hébreu pessa'h qui signifie sauter au-dessus ou passer au-dessus. Ceci rappelle que lors de la dixième plaie d’Égypte, la mort « saute » au-dessus des maisons des Hébreux, pour ne frapper que les premiers-nés égyptiens.
Les fêtes de Pessa’h sont annoncées du dimanche 13 au dimanche 20 avril 2025 ; du jeudi 2 au jeudi 9 avril 2026 ; du jeudi 22 au jeudi 29 avril 2027…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2025
Miniature représentant le seder, célébration de la veille de Pâques par BL Harley
11 avril : la Journée de la poésie hongroise
Cette journée est fêtée en Hongrie depuis 1964. C’est la seule célébration nationale héritée de la Hongrie communiste. Le 11 avril, est l'anniversaire d'Attila József. Un poète qui fut un peu le Rimbaud hongrois, adolescent prodige, mort jeune... Communiste, mais pas trop. C’est aujourd’hui, l’occasion en Hongrie d’un marathon de poésie.
La Journée de la poésie (költészet napja) est célébrée en Hongrie depuis 1964. C’est la seule célébration nationale héritée de la Hongrie communiste. Le 11 avril, est l'anniversaire d'Attila József. Un poète qui fut un peu le Rimbaud hongrois. Né en 1905 dans un milieu très défavorisé, cet enfant précoce a été l’adolescent prodige des milieux littéraires hongrois dès 1922. Il est mort en 1937 à 32 ans écrasé par un train, dans des circonstances qui font penser à un suicide.
Il a été communiste, dès 1919, d’où ce choix de la date à l’époque de Kádár, mais il avait été exclu du parti pour idéalisme, d’où le maintien de cette figure dans le panthéon de la Hongrie post-communiste. Sa statue, réalisée par Marton László, regarde le Danube du pied du Parlement hongrois. L’emplacement, choisi en 2009, est inspiré d’un de ses poèmes fameux, Au bord du Danube.
La poésie joue toujours un rôle particulier dans l’espace culturel hongrois. On ne lit plus des poèmes dans les usines comme à l’époque communiste, chaque 11 avril, mais on organise des soirées de performances littéraires comme le fameux marathon de poésie (Költészeti maraton) organisé depuis 2010, où une centaine d’auteurs (147 en 2022) se relaient pendant 24 heures pour lire des textes en public.
La figure d’Attila Jozsef n’est pas oubliée. Chaque 11 avril, sur la tombe du poète, au cimetière de la rue Fiumei, à Budapest, l'Institut national du patrimoine (NÖRI), organise un événement.
Les expositions de la Bibliothèque centrale présentent des citations d'Attila József et de Péter Esterházy à intervalles réguliers le 11 avril, commémorant le 120e anniversaire de la naissance d’Attila József et le 75e anniversaire de la naissance d'Esterházy. Ce 11 avril, également, à l'occasion du 125e anniversaire de la naissance de Sándor Márai, des comédiens lisent des extraits du journal Lola d'Ilona Márai dans le cadre du Marathon Márai au Salon Víg. Un train de poésie part de la gare de Nyugati le 11 avril à 10h08. Les passagers pourront non seulement lire, mais aussi écouter des poèmes en direct, interprétés par des artistes du théâtre Hevesi Sándor de Zalaegerszeg. Dans tout le pays, des poèmes seront diffusés sur des haut-parleurs ce vendredi pour marquer la Journée de la poésie hongroise.
À l’échelle mondiale, il existe une Journée internationale de la poésie, le 21 mars.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 avril 2025
Timbre émis à l’occasion du centenaire du poète. Son nom est écrit à la hongroise, le prénom après le nom.
Statue du poète installée à Budapest en 2009 : “le poète triste” par Marton László. Derrière, sur la droite de l’image, c’est le Parlement hongrois.
10 avril : Mahavir Jayanti, la fête la plus importante du jaïnisme
Également connue sous le nom de Mahavir Janma Kalyanak, c’est la fête majeure du jaïnisme. Elle célèbre l'anniversaire de Jina Mahavira, son chef spirituel le plus vénéré, un contemporain de Bouddha.
Mahavir Jayanti, également connu sous le nom de Mahavir Janma Kalyanak, est la fête majeure du jaïnisme, une religion minoritaire de l’Inde et de ses 10 millions d’adeptes. Elle célèbre l'anniversaire de Jina Mahavira, chef spirituel vénéré et 24e tirthankara (personne ayant atteint l'illumination, un sage). Les deux écoles du jaïnisme, Digambar et Swetambara se disputent sur l’année exacte de naissance de Mahavira entre 599 av. J.-C. ou 615 av. JC. Mais toutes les deux s’accorent sur la date exacte de sa naissance : le 13 du mois de Chaitra (dans le calendrier hindou). Une date qui tombe en mars ou en avril du calendrier grégorien. L’époque où il aurait vécu, sa biographie telle est racontée et son enseignement sont très proches de celui du Bouddha.
Lors de la célébration, l'icône de Mahavira est portée sur un char lors d'une procession festive appelée Ratha Jatra. Ensuite, celle-ci fait l’objet d’un bain rituel et une onction (abhisheka). Durant la journée, la plupart des Jaïns récitent des mantras et des prières, méditent, assistent à des sermons et participent à des missions caritatives comme sauver des vaches de l'abattoir (les jaïns sont strictement végétariens) ou aider à nourrir les pauvres.
C’est la seule fête jaïne à être reconnue par le gouvernement indien qui en a fait un jour férié national. C'est un jour férié pour le gouvernement et les écoles dans le Maharashtra ainsi que dans les états du Bihar, Chhattisgarh, Delhi, Gujarat, Haryana, Jammu and Kashmir, Jharkhand, Karnataka, Maharashtra, Madhya pradesh, Mizoram, Nagaland, Punjab, Rajasthan, Tamil Nadu, Uttarakhand, Uttar Pradesh.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 avril 2025
9 avril : la journée des Martyrs en Tunisie
C’est un épisode sanglant de la lutte anticoloniale que commémore la Tunisie. Mais, c’est toujours délicat pour un régime autocratique de célébrer un soulèvement populaire réclamant la démocratie. Le président Kaïs Saïed va devoir ce 9 avril se plier à l’exercice.
Un régime autocratique est toujours retissant à commémorer un soulèvement national, même ancien, de crainte que cela en déclenche un nouveau. D’ailleurs dans la suite du Printemps arabe, le 9 avril 2012, la célébration du 9-Avril s’était transformée en émeutes dans les rues de Tunis. En 2023, le 9 avril, des centaines de militants de partis d’opposition manifestaient contre les arrestations arbitraires d’opposant qui se multiplient depuis que le président Kaïs Saïed s’est arrogé les pleins pouvoirs.
Ce 9 avril 2025, le président tunisien tient à honorer les martyrs du 9 avril 1938. La cérémonie a traditionnellement lieu au monument des martyrs de Séjoumi. L’an dernier, il était venu déposer une gerbe de fleurs au pied du mémorial, et avait récité la Fatiha à leur mémoire. La cérémonie se termine par un salut au drapeau tunisien au son de l’hymne national.
La Commémoration des Martyrs (عيد الشهداء), rappelle un épisode sanglant de la lutte anticoloniale. Si la Tunisie n’a pas connu la terrible guerre qui a ravagé l’Algérie, le combat contre l’occupation française a tout de même fait de nombreuses victimes. Le 9 avril 1938, alors que depuis plusieurs semaines des manifestations populaires réclamaient des réformes politiques, notamment l’institution d’un parlement, un mouvement spontané de la jeunesse a pris de court les forces de police qui ont tiré dans la foule. Le bilan est lourd : on relève 22 morts et près de 150 blessés, la majorité d'entre eux n’avaient qu’une vingtaine d’années, trois étaient des enfants. C’est le souvenir des victimes de cet événement tragique qu’entretient chaque année la Journée des Martyrs, jour férié et chômé depuis 1957. Le lendemain, Habib Bourguiba et douze de ses camarades, dirigeants du parti Néo Destour, sont arrêtés, ainsi que des milliers d’autres. Le parti est dissous, la presse nationaliste interdite… L’état de siège tuera plusieurs mois.
C'est sur le site de Séjoumi que sont enterrés les militants nationalistes à partir de l'affaire du Djellaz (1911). La Fête des martyrs y est célébrée chaque 9 avril. En 2001, un Musée de la mémoire nationale y a été inauguré, symboliquement le 9 avril. Il est situé au rez-de-chaussée du mémorial érigé à la mémoire des résistants exécutés sur les lieux mêmes par les autorités coloniales françaises entre 1941 et 1954.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 avril 2025
Mise à jour 10 avril 2025 : Des centaines manifestants sont descendus dans les rues de Tunis ce 9 avril pour défendre les droits et les libertés face à la répression des opposants politiques. Ils ont notamment demandé la libération d’une des principales cheffe de l’opposition, Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre.
Deux timbres-poste tunisiens émis en 1988 pour le 50e anniversaire de la Journée des martyrs
8 avril : en Israël, c’est le jour de l’Aliyah
Le Jour de l'alya (Yom HaAliyah) est une fête officielle créée en 2016 qui célèbre l'immigration des juifs de la diaspora en Israël. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le contexte actuel n’est pas favorable à ce mouvement qui a fondé le pays, bien contraire.
Le Jour de l'alya (Yom HaAliyah, יום העלייה) est une fête officielle qui célèbre l'immigration des juifs de la diaspora en Israël. Elle a été fixée au 10 Nissan (date du calendrier hébraïque), si bien que sa date varie sur le calendrier grégorien, entre mi-mars et mi-avril.
Cette fête est de création très récente : elle a été instituée par la Knesset (le parlement israélien) en 2016 dans un contexte de déclin de l’immigration vers Israël. L’apport soviétique, fort au début des années 1990-2000, était tari. De plus en plus d’alyoth (pluriel d’aliyah ou alya) en provenance des pays occidentaux avaient conduit à des retours au pays d’origine ou un départ vers ailleurs, faute d’une intégration dans un pays où la vie n’est pas si facile.
La date choisie pour cette fête de l’alya est d’origine religieuse. Selon le Livre de Josué, c’est le 10 Nissan que Josué et les Israélites traversèrent le Jourdain pour entrer en “Terre promise”, après quarante ans d'errance dans le désert. Cette migration mythique est considérée comme la première « aliya ».
L’alya ou aliyah (עֲלִיָּה) est un élément fondamental du sionisme. Ce nationalisme religieux affirme que tous ceux qui, au cours de l’Histoire, ont adhéré au judaïsme ont vocation à venir s’installer sur la terre où est née cette religion. L’objectif du sionisme, comme tous les courants nationaux nés au XIXe siècle était de créer un État. Généralement, les promoteurs de ces États s’appuyaient sur une base ethnique, linguistique ou historique. Dans le cas du futur Israël, c’est sur un substrat religieux, voire culturel (pour ceux qui avaient pris leur distance avec la religion) que le pays a été inventé. Mais, contrairement au Pakistan, un autre État fondé sur une base religieuse, la population qu’il était censé rassembler n’est pas présente sur le territoire choisi ou très marginalement. En 1880, on ne comptait qu’environ 24 000 juifs en Palestine, soit 4,4% de la population (tandis que 10 millions juifs vivaient éparpillés à travers le monde). D’où l’importance de la notion d’alya (vague d’immigration) pour y parvenir. Une série de pogroms perpétrés dans l’Empire russe à l’encontre des juifs va initier le mouvement, à partir de 1881. La prise de conscience en 1945 de l’ampleur de la Shoah, va encore amplifier le processus. En 1945, la population de Palestine était de 1,8 million d’habitants dont un tiers de juifs. Ces derniers ont fondé Israël en 1948. En 1950, est adoptée une loi dite « du Retour » qui garantit à tout juif dans le monde le droit d’immigrer en Israël, de s’y installer et d’obtenir la citoyenneté israélienne presque sans entrave. Cette loi, d’inspiration sioniste et religieuse, ne concerne que les juifs. Aucun des habitants musulmans ou chrétiens, parmi ceux qui ont dû fuir la Palestine lors de la guerre de 1947-48, n’est autorisé à revenir.
Hormis cette loi du retour ouvertement discriminatoire, la déclaration d’indépendance d’Israël offrait toutefois une égalité des droits entre tous ses citoyens : « L’État d’Israël sera ouvert à l’immigration des juifs de tous les pays où ils sont dispersés ; il développera le pays au bénéfice de tous ses habitants ; il sera fondé sur les principes de liberté, de justice et de paix enseignés par les prophètes d’Israël ; il assurera une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe ; il garantira la pleine liberté de conscience, de culte, d’éducation et de culture ; il assurera la sauvegarde et l’inviolabilité des lieux saints et des sanctuaires de toutes les religions et respectera les principes de la charte des Nations unies. »
Tout a changé en 2018 quand la Knesset, inspirée par les suprémacistes juifs, aujourd’hui au pouvoir, vote cette formulation : « Israël est l’État-nation du peuple juif dans lequel il réalise son droit naturel, culturel, historique et religieux à l’autodétermination ». Plus aucune allusion n’est faite aux non-juifs, c’est-à-dire les Arabes israéliens qui représentent 22% des 10 millions d’habitants du pays, sans compter ceux qui vivent en territoires occupés par Israël soit 5,5 millions d’Arabes dits Palestiniens. Vu le contexte de guerre dans lequel vivent aujourd’hui Israël et Palestine, l’alya ne joue plus qu’un rôle marginal dans l’évolution démographique de la région. Au contraire, un mouvement inverse s’intensifie, sans que les autorités israélienne (contrairement à ce qu’elles font pour les alyoth) ne publient aucun chiffre. Dans ce cas on parle de yéridah (יְרִידָה,) le contraire d’aliya (ou aliyah).
Comme toutes les fêtes juives, Yom HaAliyah commence la veille au soir, à la tombée de la nuit, soit ce lundi 7 avril 2025 et se déroule ce mardi 8 avril 2025, jusqu’à la tombée de la nuit. Comme, elle tombe pendant les vacances scolaires, la loi prévoit une autre date pour la célébrer dans les écoles et lycées, où elle est observée les 7 Heshvan (soit le 25 octobre 2025). En 2026, Yom HaAliyah sera fêtée les 27-28 mars (et 17-18 octobre pour les scolaires). En 2027, les 16-17 avril (et 6-7 novembre)…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 avril 2025
Timbre israélien de 1955 évoquant l’alya
7 avril : une révolution d’avril que le pouvoir kirghiz aimerait faire oublier
De la difficulté pour un dictateur kirghiz de commémorer une révolution qui a fait chuter, il y a 15 ans, un régime semblable en tout point au sien.
C’est aujourd’hui, le Jour de la Révolution populaire d'avril, une fête nationale qui commémore la révolution du 7 avril 2010, laquelle a renversé la dictature de Kurmanbek Bakiev. Celui-ci était arrivé au pouvoir en 2005 à la faveur d’une autre révolution, celle dite des Tulipes, que personne ne commémore car elle avait très vite débouché sur une dictature familiale. Le clan Bakiev, en effet, avait mis la main sur toutes les entreprises rentables du pays et avait verrouillé le système électoral pour s’incruster au pouvoir au point que seule une révolution pouvait le renverser. C’est ce qui est arrivé. La corruption, le népotisme et la répression politique ont fini par mobilier l’opposition. En avril 2010, les manifestations se sont intensifiées dans le centre de Bichkek. Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les manifestants, causant la mort de 87 personnes. Mais les manifestants ont fini par prendre d'assaut le bâtiment du Parlement et, le 7 avril, ont renversé Bakiev, qui s'est enfui en Biélorussie.
Le Kirghizistan a connu ensuite quelques années d’un renouveau démocratique qui l’a singularité au sein de l’Asie centrale. Dès 2011, le nouveau régime (parlementaire), avait instauré un jour férié pour célébrer cette révolution. Chaque année, une cérémonie se déroulait sur la place Ala-Too, au centre de Bishkek. En 2016, le 7 avril a été déclaré journée chômé afin de donner plus de solennité à la célébration de la Révolution d’avril (Апрель революциясы) qui se déroule également sur un site commémoratif près de Bichkek.
Cette époque appartient au passé, la fenêtre libérale de l’Histoire kirghize est bien refermée à présent. Le 7 avril est toujours dans la liste des jours fériés, mais le nouveau code du travail, promulgué en 2004, en a fait une journée ordinaire. Le pouvoir essaye d’effacer le souvenir du 7-Avril. Depuis l’arrivée au pouvoir de Sadyr Japarov, en 2021, la vie politique a perdu toute sa substance, la presse d’opposition est à nouveau persécutée. L’exception démocratique du Kirghizistan (2010-2021) appartient aujourd’hui au passé. La république parlementaire a été transformée en une république présidentielle autoritaire. Le pouvoir favorise un cercle étroit autour du président. Lequel se félicite que le Kirghizistan compte « cinq ou six milliardaires en dollars et environ 200 millionnaires ». Le régime de Japarov ressemble totalement à celui de Bakiev, renversé le 7 avril 2010. Comme ce dernier, le président actuel a placé tous les membres de sa famille à des postes clés du pouvoir et de l’économie. Le Kirghizistan est devenu la république d’Asie centrale la plus proche du régime de Poutine, érigé en modèle par Japarov.
On comprend qu’il soit aujourd’hui malvenu de commémorer de manière trop appuyée une révolution que le pouvoir souhaite faire oublier, de crainte d’en susciter une autre. Mais la société kirghize a-t-elle les ressorts suffisants pour à nouveau renverser une dictature ?
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 avril 2025
Le 7 avril 2010, les manifestants prennent le Parlement