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1964, Brésil, Coup d'état militaire, 31 mars Bruno Teissier 1964, Brésil, Coup d'état militaire, 31 mars Bruno Teissier

31 mars : des marches du silence en souvenir des victimes de la dictature brésilienne de 1964

Il y a 60 ans l’armée prenait le pouvoir au Brésil pour instaurer une dictature qui dura deux décennies et fit sa cohorte de victimes auxquelles de nombreux Brésiliens entendent rendre hommage, en dépit du renoncement du président Lula à toute commémoration, de crainte d’une réaction des nostalgiques de la dictature.

 

« Sans mémoire, il n’y a pas d’avenir  », c’était le mot d’ordre de la campagne de sensibilisation, dans le cadre du 60e anniversaire du putsch qui a instauré une terrible dictature au Brésil. À la demande du président Lula, tout a été annulé. Mais, la société civile a pris le relais de l’hommage aux victimes du pouvoir militaire.

Ce week-end, le Brésil marque le 60e anniversaire du coup d'État militaire du 31 mars/ 1er avril 1964 qui a renversé le président  João Goulart, élu démocratiquement en 1961. La dictature militaire d’extrême droite durera 21 ans. Ce régime autoritaire est à l’origine de la mort de plusieurs centaines d’opposants politiques et de milliers d’Amérindiens, déplacés de force. Des dizaines de milliers de personnes ont été détenues, une grande partie d'entre elles a été torturée. Quelque 10 000 Brésiliens ont été forcés de s'exiler…

Les militaires ont lâché le pouvoir en 1985, sans aucune épuration dans leurs rangs. La loi d’amnistie de 1978 qui les protège de toute poursuite n’a jamais été abolie. Une partie d’entre eux, en particulier les haut gradés qui ont commencé leur carrière sous la dictature, restent nostalgiques de cette époque où ils avaient tout pouvoir. Dans les milieux proches de l’ancien président Bolsonaro (lui-même ancien officier), le putsch du 31 mars est désigné comme la « révolution de 1964 ». Comme en Argentine ou au Chili, dans les milieux conservateurs, prévaut l’idée que le pays aurait été sauvé du péril communiste.

Est-ce la peur d’un nouveau coup d’État militaire qui a incité le président Lula à interdire à son gouvernement toute commémoration ? Il a aussi renoncé au projet de musée de la mémoire et des droits de l’homme, centré sur la dictature, il n’a pas rétabli la Commission spéciale pour les morts et disparus politique que Jair Bolsonaro avait, bien sûr, supprimée. Lula a-t-il été traumatisé par la tentative de coup d’État de janvier 2023, quand des milliers de militants d’extrême droite, acquis à la cause de Bolsonao, sont venus s’agacer les institutions de Brasilia ?

Pas de commémoration gouvernementale, mais des marches dans tout le pays à la mémoire des victimes.

Ce 31 mars, à São Paulo, se déroule  la quatrième édition de la Marche du Silence (Caminhada do Silêncio). Elle commence à 16 heures, devant l'ancien siège du DOI-Codi (un centre de torture dépendant de l’armée), transformé en commissariat de police, au sud de São Paulo. Les manifestants se rendent ensuite au Monument en hommage aux morts et disparus politiques, dans le parc d'Ibirapuera. Le lieu où les membres des familles des victimes de la dictature allument des bougies, déposent des fleurs et récitent des prières à ceux qui ont été assassinés par les forces publiques. Le thème de cette année est « Pour que tu n'oublies pas / Pour que ça ne continue plus » (“Para que você não esqueça / Para que não continue mais”).

Ce même jour, une marche quitte Rio de Janeiro en direction de Juiz de Fora, vers Minas Gerais. C’est la Marche pour la démocratie (marcha pela democracia) ou la « marche inversée » ou , car, il entreprend le parcours en sens inverse des troupes dirigées par le général Olympio Mourão Filho, commandant de la 4e région militaire, qui avaient quitté le Minas Gerais pour se diriger vers Rio, pour renverser le régime constitutionnel. Ce 31 mars 2024, les caravanes quittent Cinelândia, au centre de Rio, pour aller à la rencontre de la famille de l'ancien président, João Goulart, mort en 1976, en exil, sans avoir revu le Brésil. Cette marche fera un arrêt symbolique à Petrópolis, où se trouvait la « Casa da Morte » (un centre clandestin de torture et d'assassinat). Un autre centre de torture existait à Parelheiros, dans le sud de São Paulo, il est appelé aujourd’hui, la ferme du 31 mars (Fazenda 31 de Março).

À Salvador de Bahia, la marche du silence aura lieu dimanche 1er avril, elle partira à 17 heures, de Piedade à Campo da Pólvora, où se trouve le Monument aux Bahiens morts et disparus sous la dictature.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 mars 2024

 
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1951, 30 mars, culte afro-américain, Trinidad-et-Tobago Bruno Teissier 1951, 30 mars, culte afro-américain, Trinidad-et-Tobago Bruno Teissier

30 mars : Trinité-et-Tobago célèbre une secte afro-américaine liée au Baptisme

Spiritual Baptists Liberation Day, jour férié de Trinidad et Tobago, est l’anniversaire de la liberté de culte des baptistes spirituels, un courant local du protestantisme

 

Les baptistes spirituels ne sont qu’une minorité dans l’archipel de Trinité-et-Tobago, environ 5% de la population. Ce courant religieux a été interdit de 1917 au 30 mars 1951. C’est l’anniversaire de leur liberté de culte qui est, depuis 1996, marqué par un jour férié. Si on a fait du 30 mars une fête nationale (le Spiritual Baptists Liberation Day) pour l’ensemble du pays, c’est que beaucoup de ses habitants, sans y adhérer, se reconnaissent dans cette religion qui mélange le christianisme, notamment le baptême par immersion, à des pratiques africaines, comme la transe et l’usage de tambour. C’est en raison de ce  syncrétisme qu’elle a été mal vue puis interdite par les autorités coloniales britanniques à la demande des religions établies, notamment les trois autres courants du Baptisme présent dans l’archipel.

Leurs pratiques religieuses étant très bruyantes, les fidèles étaient appelés les shouters (crieurs), terme péjoratif à l’origine, si bien que le Spiritual Baptists Liberation Day (Jour de la libération des baptistes spirituels) est aussi connu comme le Shouters Liberation Day. Pendant plusieurs décennies, les shouters ont pratiqué leur culte la nuit et dans des lieux discrets. Les participants dansaient, criaient, tremblaient et tombaient au sol dans des convulsions. Un tel comportement a été jugé inconvenant par les milieux plus traditionnels et conservateurs de la société. En marge, les shouters ont été influents dans les mouvements syndicaux et les partis politiques de gauche. Beaucoup étaient d'anciens esclaves noirs américains recrutés par les Anglais. La levée de l’interdiction des cultes des batistes spirituels est notamment due au combat d’Elton George Griffith, leur évêque à partir de 1940. Outre à Trinidad et Tobago, ce culte est aussi présent dans plusieurs îles des Caraïbes, notamment à la Barbade et à Saint-Vincent (les shakers), mais aussi aux États-Unis.

Certaines pratiques religieuses de la foi baptiste du crieur spirituel se sont avérées similaires à celles de peuples ou d’anciens royaumes d'Afrique de l'Ouest, en particulier le peuple du Dahomey (aujourd’hui situé au Bénin), le peuple Kongo (maintenant au Congo, RDC et en Angola) et le peuple Yoruba (aujourd'hui principalement au Nigeria, au Bénin, au Ghana et au Togo).

Les baptistes spirituels se réfèrent à saint Jean-Baptiste et leur nom vient de la pratique d'immerger leurs fidèles dans l'eau pour les baptiser. Les rituels sont caractérisés par des sonneries de cloches, des chants, des cris et des « visites » du Saint-Esprit. Le terme de « spirituel » indique que le Saint-Esprit est impliqué dans la vie des croyants comme dans leur service religieux. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 mars 2024

 
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1973, États-Unis, anciens combattants, 29 mars Bruno Teissier 1973, États-Unis, anciens combattants, 29 mars Bruno Teissier

29 mars : la Journée des anciens combattants de la guerre du Vietnam

Cette célébration est récente, car les États sont peu enclins à commémorer une guerre perdue. Qui plus est, une guerre au bilan effroyable : 1,7 million de morts, à côté des quels les 56 000 morts américains ont peu pesé dans la mémoire. Il faudra, en effet, attendre une loi de 2017 pour qu’un jour férié annuel soit instauré : La Journée nationale des anciens combattants de la guerre du Vietnam.

 

Cette célébration est récente, car les États sont toujours peu enclins à commémorer une guerre perdue. Et qui plus est, une guerre au bilan effroyable : 1,7 million de morts, trois millions de blessés et de mutilés et 13 millions de réfugiés. Les États-Unis ont largué 7 millions de tonnes de bombes et 75 millions de litres d’herbicide de défoliation de la jungle… Le Vietnam est marqué pour des générations par ce terrible conflit qui a duré deux décennies. À côté de ce désastre, les quelque 56 000 soldats américains tués et les 303 000 blessés avaient été un peu oubliés avec le temps. Beaucoup ont très mal vécus cet oubli.

Cette guerre a pourtant profondément marqué une génération d’Américains : le ministère des Anciens Combattants estime qu'aujourd'hui, à plus de 7 millions le nombre d'anciens combattants américains du Vietnam. Le conflit a concerné plus de 10 millions de familles américaines. Jusque-là, les anciens combattants étaient honorés chaque 11 novembre en même temps que ceux de toutes les guerres auxquelles ont participé les États-Unis. Certains États de l’Union organisaient des célébrations le 29 ou le 30 mars. Mais rien au niveau fédéral, jusqu’à cette journée fériée du 29 mars, annoncée en 2012 pour les célébrations du 50e anniversaire de la fin de la guerre du Vietnam.

Le 29 mars  1973, les dernières troupes américaines combattantes furent retirées du Vietnam et les derniers prisonniers de guerre détenus au Nord-Vietnam arrivèrent sur le sol américain. Le 29 mars fut aussi la date choisie par le président Nixon pour une première Journée des anciens combattants du Vietnam en 1974. Mais il faudra attendre une loi de 2017 pour qu’un jour férié annuel soit instauré : La Journée nationale des anciens combattants de la guerre du Vietnam (National Vietnam War Veterans Day), une célébration officielle qui encourage les Américains à arborer le drapeau américain, mais la journée n’est pas un jour férié chômé.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 mars 2024

Les trois militaires , statue de Frederick Hart, au Mémorial des anciens combattants du Vietnam à Washington, DC

 
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chrétiens Bruno Teissier chrétiens Bruno Teissier

17 avril : le Jeudi saint des chrétiens

Selon les Évangiles, le Jeudi saint est le jour de la Cène, le dernier repas du Christ pris avec ses apôtres la veille de sa mort. C’est en somme la première messe de l’Histoire du christianisme. Ce jour est férié dans le monde hispanique et dans l’Europe nordique.

 

La date du Jeudi saint varie avec celle de Pâques. Selon les Évangiles, c’est le jour de la Cène, le dernier repas du Christ pris avec ses apôtres la veille de sa mort. C’est en somme la première messe de l’Histoire du christianisme. Selon le récit des écritures saintes, Jésus aurait, en signe d’humilité, procédé au lavement des pieds de ses 12 apôtres. Ce geste très transgressif à l’époque, car réservé aux esclaves, est reproduit lors des messes dites le Jeudi saint.

Le Jeudi saint (Jueves Santo) est un jour férié et chômé dans les pays d’Amérique latine de l’Argentine au Mexique (sauf au  Brésil), aux Philippines (Huwebes Santo) bien sûr ainsi qu’en Espagne (sauf en Catalogue et à Valence), à Malte. Il est également férié dans des pays luthériens comme la Norvège, l’Islande, le Danemark et la Finlande. Certains Lander allemand offrent un jour férié à leur fonctionnaire. Au Royaume-Uni, ils avaient une demi-journée jusqu’à ce que le gouvernement Cameron ne la leur supprime en 2012.

Dans certains pays, comme aux Philippines ou à Malte (is-seba' visti), les gens observent encore la vieille tradition de visiter sept églises le soir du Jeudi Saint. Au Kérala, en Inde, la minorité chrétienne en visite quatorze ce soir-là, en vue de Pesaha (പെസഹ). En République tchèque et en Slovaquie, les gens utilisent généralement les premiers légumes verts frais pour préparer les repas de fête. C’est pourquoi le Jeudi Saint (Zelený čtvrtek) est souvent appelé « Jeudi vert » dans ces pays ; Gründonnerstag en Allemagne. En Suède, le Jeudi saint (skärtorsdagen) est associé aux sorcières selon le folklore ancien. Les enfants se déguisent en sorcières et vont de maison en maison pour obtenir des pièces de monnaie ou des bonbons.

Les prochaines dates : jeudi 2 avril 2026, jeudi 25 mars 2027…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2025

La Cène, œuvre de de Dirk Bouts (1464)

Le lavement des pied, par Duccio di Buoninsegna (1311)

 
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1945, Birmanie, Armée Bruno Teissier 1945, Birmanie, Armée Bruno Teissier

27 mars : le jour de l’armée birmane, putschiste et oppressive

Le jour est férié en Birmanie en souvenir du soulèvement général des Birmans contre l’occupation japonaise (1945), occasion de démonstrations de force de la part de l’armée, laquelle détient la totalité du pouvoir depuis le putsch de février 2021, tout au moins dans la portion du pays qu’elle contrôle.

 

Le jour est férié en Birmanie en souvenir du soulèvement général des Birmans contre l’occupation japonaise en 1945. Le 27 mars est le jour où civils et militaires se sont retournés contre le régime fasciste japonais et l’ont chassé du pays. La Journée de la résistance antifasciste (ဖက်ဆစ်တော်လှန်ရေး နေ) a été rebaptisée Jour de l’armée (တပ်မတော်နေ့),  en 1955 par le dictateur, le général Ne Win.

La population se sent peu concernée par cette journée est très controversée qui rappelle l’ancien régime militaire (1962-2016). Elle s'illustre par un grand défilé militaire organisé dans la capitale, Naypyidaw, qui pour l’occasion est coupée du monde. Depuis le coup d’État du 21 février 2021, l’armée détient à nouveau la totalité du pouvoir, tout au moins dans portions du territoire qu’elle contrôle. Le pays vitrants un état de quasi guerre civile, outre les nombreuses guérillas des peuples périphériques, toujours très actives, le gouvernement militaire doit aussi affronter l’insurrection armée lancée par l’administration clandestine du gouvernement d’union nationale qui s’oppose à la junte au pouvoir dans la capitale.

Cette journée est une occasion pour l’armée, appelée Tatmadaw (တပ်မတော်), de montrer qu’elle détient toujours la réalité du pouvoir. Depuis 1989, certains prisonniers sont graciés ce jour-là. Elle est pourtant très loin de contrôler tout le pays : des dizaines de groupes de défense du peuple (People's Defence Forces, PDF) se sont formés en réaction au putsch. Ils ont surpris l'armée par leur efficacité.

En janvier 2024, la junte a prolongé de six mois, reportant une nouvelle fois les élections promises qui n’ont pas lieu tant que le pays est secoué par un sanglant conflit civil qui s’est enlisé.

Sous prétexte d’une "lutte contre les terroristes", les militaires pourchassent les partisans d'un retour à la démocratie dans différentes régions de Birmanie, avec des méthodes violentes qui valent à la Birmanie une mise au ban de la communauté internationale.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 mars 2024

 
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Le général putschiste Min Aung Hlaing, commandant en chef des forces de défense de l'armée, lors du défilé militaire de la Journée de l'armée.

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1962, Algérie, France, 26 mars, massacre Bruno Teissier 1962, Algérie, France, 26 mars, massacre Bruno Teissier

26 mars : le jour où les Pieds-noirs ont perdu l’Algérie

Il y a 62 ans des soldats français tiraient sur la foule des manifestants faisant des dizaines de morts parmi les Européens d’Alger qui manifestaient contre l’indépendance de l’Algérie. Ce drame occulté a marqué la fin du rêve d’une Algérie française.

 

Il y a 62 ans des soldats français tiraient sur la foule des manifestants faisant des dizaines de morts. Les victimes de la fusillade de la rue Isly, à Alger, le 26 mars 1962, étaient des Français vivant en Algérie manifestant contre le processus de décolonisation. Quelques jours plus tôt, le 18 mars, les accords d’Évian avaient décidé un cessez-le feu en vue d’accorder son indépendance à l’Algérie, mettant fin à 17 ans d’une sale guerre qui avait débuté le 8 mai 1945. Les appelés étaient enfin démobilisés, ce que la France célèbre chaque 19 mars. Mais pour les Pieds-noirs, tel qu’on appelait à l’époque les Français vivant en Algérie, le conflit n’était pas achevé. Le Cercle Algérianiste et d’autres associations de Pieds-noirs, souhaiteraient que l’on commémore le massacre du 26 mars, et demandent que cette journée soit inscrite prochainement à l'agenda des commémorations officielles. Ce qui n’est pas le cas, il n’y a pas de commémorations récurrentes, sauf des cérémonies ponctuelles et discrètes, dans diverses localités du sud de la France où vivent de nombreux descendants de Pieds-noirs.

Cela n’a pas empêché les autorités de célébrer le 80e anniversaire du drame en présidence du président Macron qui a dénoncé «une page tragique de notre récit national» et un massacre « impardonnable ». Le président français  voulait contrebalancer, dans la mémoire des Pieds-noirs, son qualificatif de « crime contre l’humanité » dont il avait taxé la colonisation, lors d’une visite à Alger en 2017. Une qualification qui n’avait pourtant rien d’exagéré si on se remémore les conditions de la conquête de 1830 et des années qui ont suivi.

Le 26 mars 2022, le président Macron avait rendu hommage aux 800 000 Français d'Algérie, «déracinés au sein de leur propre patrie», mais sans pour autant reconnaître la responsabilité de l’État français dans ce massacre. Il est vrai que les circonstances étaient assez particulières. Quelques jours plus tôt, le 23 mars déjà, des Français avaient tué des Français. Les victimes étaient des soldats du contingent tués par des terroristes français engagés dans l’OAS, la sinistre Organisation de l’armée secrète qui s’était donné pour objectif de saboter de processus d’indépendance de l’Algérie. C’est cette même OAS qui avait appelé la population européenne d’Alger à la manifestation du 26 mars. Malgré son interdiction par le préfet de police, plusieurs milliers de partisans de l'Algérie française ont afflué. Ils se dirigent vers le quartier de Bab-el-Oued, refuge de membres de l'OAS, afin de forcer les barrages installés par l'armée française Le trajet principal passe devant la Grande Poste, à l'entrée de la rue d'Isly. Des soldats du contingent, marqués par la fusillade du 20 mars, étaient chargés du maintien de l’ordre. C’est là que tout a dérapé. Un premier coup de feu est parti. On ne sait d’où, car aucune enquête officielle n’a été faite après le massacre. Soudain, les soldats ont tiré sur la foule perçue comme menaçante. Le bilan officiel est d'une cinquantaine de morts et 150 blessés, sans doute plus, on ne sait pas exactement. Des pieds-noirs se sont aussitôt vengés en lynchant des Algériens du quartier de Belcourt (aujourd’hui Belouizdad)… l’enchaînement de la violence a ruiné tout espoir d’empêcher l’indépendance de l’Algérie. C’est dire si cette date est douloureuse pour ceux qui ont dû quitter un pays où ils étaient établis parfois depuis plusieurs générations, mais établis comme colons, au détriment d’une population autochtone dépourvue de tout droit politique. L'événement a marqué le début de l'exode massif des Européens d'Algérie.

Le soir du 26 mars 1962, le président Charles de Gaulle s'adressait aux Français pour leur demander de voter en faveur de l’indépendance de l’Algérie. Il ne fit aucune allusion à ce massacre occulté pendant des dizaines d’années. En 2010, toutefois, le gouvernement français a finalement décidé d'inscrire les noms des victimes de la rue d'Isly sur le Mémorial de la guerre d'Algérie à Paris, mais l'État français n'a jamais reconnu de responsabilité dans ces événements dans lesquels les terroristes de l’OAS ont aussi leur part. D’autant qu’après le 26 mars, l’OAS fera encore de nombreuses victimes, tant civiles que militaires. L’indépendance de l’Algérie qui arrivait beaucoup trop tard, était dans le sens de l’histoire. L’opinion publique française voulait tourner la page de la guerre d’Algérie. D’où l’occultation de ce drame, comme d’autres, pendant un demi-siècle. Mais voilà que cette date du 26 mars nous revient, avec tout le refoulé sur le bon vieux temps des colonies cultivé de plus en plus ouvertement par l’extrême droite.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 mars 2024

Quelques jours plus tôt, le 23 mars 1962

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

24 mars : la Journée nationale du souvenir des Polonais qui ont sauvé des Juifs

Il y a exactement 80 ans, le 24 mars 1944, les Allemands assassinaient une famille polonaise et des juifs qu’elle cachait. Derrière la célébration parfaitement légitime de l’action des héros polonais qui ont sauvé des compatriotes juifs pendant la Shoah, se cache le souci d’infléchir l’image de la Pologne, pays où la population n’a pas partout été aussi bienveillante.

 

Il y a exactement 80 ans, le 24 mars 1944, les Allemands assassinaient une famille polonaise et les juifs qu’elle cachait. L'exécution, qui a eu lieu à la suite d'une perquisition de la maison Józef et Wiktoria Ulma, était le résultat d'une dénonciation.

Cette célébration a lieu chaque année depuis 2018, à l’initiative d’Andrzej Duda, le président de la république polonaise et militant d’extrême droite. Derrière la célébration parfaitement légitime de l’action des héros polonais qui ont sauvé des compatriotes juifs pendant la Shoah, se cache le souci d’infléchir l’image de la Pologne, pays où la population n’a pas partout été aussi bienveillante. De très nombreux juifs ont été dénoncés, voire assassinés par leurs voisins, avec l’approbation des autorités polonaises sous occupation allemande. Une politique, moins meurtrière, mais toujours franchement antisémite a subsisté sous le régime communiste. Les gouvernements d’extrême droite des années 2010 ont fait voter des lois interdisant la publication de travaux explorant ce versant peu glorieux de l’histoire de la Pologne. Le pays a perdu 90% de sa communauté juive pendant l’occupation. En vertu d’une loi controversée sur l’Holocauste, il est maintenant interdit à quiconque d’accuser la « nation polonaise » de la moindre complicité dans les crimes commis par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Le texte “punit par des amendes ou des peines de prison allant jusqu’à trois ans de réclusion ceux qui attribuent ‘à la nation ou à l’État polonais’ des crimes commis par les nazis allemands en Pologne occupée”. Cette loi a été votée en 2018, l’année où a été instaurée la Journée nationale du souvenir des Polonais qui ont sauvé des Juifs (Narodowy Dzień Pamięci Polaków ratujących Żydów) qui est célébrée aujourd’hui.

La date choisie pour le jour du souvenir fait référence à l'histoire tragique de Józef et Wiktoria Ulma, de leurs enfants (Stanisława, 8 ans, Barbara, 6 ans, Władysław, 5 ans, Franciszek, 4 ans, Antoni, 3 ans, et Maria, un an et demi) et les juifs qui se sont cachés pendant deux ans dans le grenier de la maison Ulma. Il s'agissait de Saul Goldman, de ses quatre fils (Baruch, Mechem, Joachim et Moses), de la petite-fille de Chaim Goldman - Lea (Layca) Didner, de sa fille Resszla et de Genia (Gołda) Grünfeld née Goldman. Cette histoire tragique s’est déroulée dans le village de Markowa, dans la région de Rzeszów, dans les Basses-Carpates.

En 1995, Józef et Wiktoria Ulma ont reçu à titre posthume le titre de Justes parmi les Nations de la part de l'Institut Yad Vashem de Jérusalem. Mais l’Église catholique ne voulant pas être en reste, le couple Ulma a été béatifié  par décret du pape Françoi, en septembre 2023, après près de vingt ans de processus de béatification enclenché par le pape Jean Paul II.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 mars 2024

Mémorial de Markowa, installé en 2018

 
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Pologne, Société, 24 mars, femmes Bruno Teissier Pologne, Société, 24 mars, femmes Bruno Teissier

24 mars : la Journée de la vie, journée militante anti-avortement en Pologne

La Journée nationale de la vie a été instaurée à une époque où le Parlement était dominé par les partis conservateurs et l’extrême droite catholique qui ont fait de la Pologne le pays le plus restrictif d’Europe en matière d’IVG. Depuis, le pays a changé et le nouveau gouvernement a promis de faire évoluer la législation en dépit du puissant lobby traditionaliste.

 

La Journée nationale de la vie (Narodowy Dzień Życia) a été instaurée en 2004 par le Sjem (Parlement) à une époque où il était dominé par les conservateurs et l’extrême droite catholique. Cette journée du 24 mars, qui n’est toutefois pas un jour férié, a été placée la veille de la fête chrétienne de la Nativité (25 mars) qui est aussi une journée militante. En effet, une Journée mondiale de la sainteté de la vie est célébrée chaque année le 25 mars a l’initiative du pape Jean Paul II.

Le parti Droit et justice (Prawo i Sprawiedliwość, PiS), nationaliste et ultra-conservateur, qui a dominé le paysage politique polonais de 2004 à 2007 et de  2015 à 2023, est aussi celui du président Andrzej Duda dont le mandat court jusqu’en juillet 2025. Celui-ci dispose d’un droit de veto sur les lois votées. L’interdiction de l’avortement a été l’un des chevaux de bataille du PIS au pouvoir pendant toutes ces années. La législation en la matière a même été nettement durcie en 2017 et à nouveau en 2020.

De fait, la Pologne reste le pays d’Europe où le droit à l'IVG est de loin le plus restrictif d'Europe (si on excepte les très hypocrites principautés du Liechtenstein et de Monaco dont les frontières sont vite franchies en cas de besoin). Cette quasi interdiction ne correspond plus aux attentes d’une population polonaise qui a pris nettement ses distances avec l’Église. En juin 2023, encore, des milliers de manifestants descendaient dans les rues de Varsovie, pour dénoncer le décès d’une femme enceinte, Dorota Lalik, le 24 mai 2023. Alors que sa vie était menacée, les médecins ont refusé d’intervenir tant que la mort du bébé n’était pas confirmée. Le bébé est mort, la mère aussi. Depuis 2020, six autres femmes enceintes ont ainsi péri, faute d’aide médicale.

L'IVG avait été autorisée par les communistes dès 1956, bien avant les pays occidentaux. C'est la chute du mur et le retour de l'Église au pouvoir, sous la présidence de Lech Wałęsa, qui avait entrainé son abrogation en 1993.

Mais depuis les élections d'octobre 2023, un nouveau gouvernement polonais, plus libéral, a déjà approuvé un projet de loi ouvrant l'accès libre à l'IVG médicamenteuse (jusque-là interdit en Pologne) et le nouveau Premier ministre Donald Tusk a annoncé que, conformément à ses promesses électorales, son parti centriste, la Coalition civique (KO), annonce un texte autorisant l'avortement légal et sécurisé jusqu'à la 12e semaine de la grossesse et et supprimant la clause de conscience pour les médecins travaillant dans les établissements publics. Arrachée au camp libéral par les mobilisations féministes, cette promesse continue à faire débat au sein de la nouvelle coalition. Le texte n’a pas encore été voté par le Sjem.

Rien n’est gagné en effet, un membre de la coalition gouvernementale, la Troisième voie (chrétien-démocrate), est opposé à l'idée d'une libéralisation aussi poussée du droit à l'avortement. Ce groupement, composé du parti Pologne 2050 du président de la chambre basse du parlement, Szymon Holownia, et du parti paysan PSL, propose seulement le retour de l'ancienne loi de 1993 qui prévoyait un droit très limité à l'avortement.

Le 24 mars est traditionnellement l’occasion de Marches pour la vie et pour la famille. Mais cette année, cependant, en raison du dimanche des Rameaux, qui tombe le 24 mars, l'événement a été reporté au 14 avril, jour du baptême de la Pologne. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 mars 2024

STRAJK KOBIET ! la grève des femmes

 
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1988, 2009, Angola, RDC, Guerre de libération, 23 mars Bruno Teissier 1988, 2009, Angola, RDC, Guerre de libération, 23 mars Bruno Teissier

23 mars : une date de paix ou de guerre en Afrique méridionale

Le 23 mars dans le sud du continent africain est à la fois symbole de guerre, voire de massacres dans l’est de la RDC, et de paix quand on songe à ce que la fin du conflit postcolonial, il y a 36 ans, a permis de bouleversements géopolitiques comme la paix en Angola, l’indépendance de la Namibie et la fin de l’apartheid en Afrique du Sud.

 

Ce 23 mars 2024, un sommet extraordinaire de la SADC (Communauté de développement de l'Afrique Australe) est réuni à Lusaka, capitale de la Zambie, pour débattre de questions de sécurité dans l’Est de la République démocratique du Congo et à Cabo Delgado, au Mozambique. Kinshasa compte sur la force de la SADC en cours de déploiement dans l'est de la RDC pour l'aider à "récupérer les territoires" occupés par la rébellion du M23 (le Mouvement du 23 mars).

Cette date du 23 mars est brandie par un mouvement rebelle, majoritairement tutsi et soutenu par le Rwanda. Ce mouvement du 23 mars, également appelé M23, est un groupe créé à la suite de la guerre du Kivu. Il est composé d'ex-rebelles réintégrés dans l'armée congolaise à la suite d'un accord de paix signé le 23 mars 2009 avec Kinshasa. Mais, en 2012,  nombre de ses membres se sont mutinés, considérant que le gouvernement congolais n'avait pas respecté les modalités de l’accord de 2009. C’est ainsi qu’est né le M23. Dans l’est de la RDC, les combats ont repris de plus belle depuis 2021. Le M23 est accusé de nombreuses violences contre les populations civiles, par des ONG (Human Rights Watch), par la cour pénale internationale et par le gouvernement américain. C’est de cette situation d’urgence dont on débat aujourd’hui à Lusaka, hôte d’un sommet de la SADC.

Ce même jour, le 23 mars, a une autre signification en Afrique australe, depuis 2018. Cette année-là , on fêtait le 30e anniversaire de la bataille de Cuíto Cuanavale et le 23 mars a été décrété Jour de la Libération de l'Afrique Australe (Dia da Libertação da África Austral) en souvenir de la fin de cette bataille qui s’est déroulée du 15 novembre 1987 au 23 mars 1988 sur le territoire de l’Angola. Ce pays, en particulier, en a fait une célébration nationale qui a lieu chaque année, principalement à Cuíto Cuanavale et à Luanda. Pour le régime de Luanda, issu de ce conflit post-colonial, cultiver la gloire de cette victoire est un moyen de faire oublier l’absence totale d’alternance politique depuis un demi-siècle.

La bataille de Cuíto Cuanavale est décrite comme l’une des plus importantes et l’une des dernières de la guerre froide. Elle opposait l’armée du FPLA, un mouvement de libération angolais, au pouvoir à Luanda depuis l’indépendance du pays, à celle de l’UNITA, un autre mouvement rebelle dirigé par Jonas Savimbi, qui combattait pour le camp adverse, avec le soutien de l’Afrique du Sud (encore sous apartheid) et des États-Unis. Alors que les forces de Luanda bénéficiaient du soutien militaire de Cuba et de l’URSS selon la logique de la guerre froide.

Cette bataille qui gangrenait le sud du continent, s’est arrêtée un 23 mars, en 1988, et a débouché sur les Accords de New York, qui ont donné lieu à la mise en œuvre de la Résolution 435/78 du Conseil de sécurité de l'ONU, conduisant à un retrait des forces cubaines et sud-africaines, puis à l’indépendance de la Namibie deux ans plus tard (presque jour pour jour) et finalement en 1994, à la fin du régime de ségrégation raciale en vigueur en Afrique du Sud. C’est dire l’importance de cette date, même si cette victoire militaire est loin d’être le seul facteur des bouleversements géopolitiques vécus dans la région à la toute fin du XXe siècle.

La décision de faire du 23 mars un jour de commémoration a été approuvée à l'unanimité par 15 États membres de la SADC lors du 38e sommet ordinaire de cette organisation régionale qui s’est tenu en 2018 dans la capitale namibienne, Winddhoek. Sa célébration est variable selon les États. Seule l’Angola en a fait un jour férié et chômé, reporté à lundi puisque cette année, le 23 mars tombe un samedi.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 mars 2024

Le mémorial de la bataille de Cuíto Cuanavale

 
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1280, Allemagne, Berlin, 22 mars, animaux Bruno Teissier 1280, Allemagne, Berlin, 22 mars, animaux Bruno Teissier

22 mars : les Berlinois fêtent Albert l’Ours, symbole de la ville

Cette Journée de l’ours de Berlin fait référence à la première mention de l'animal comme emblème de la ville, mais son origine demeure légendaire. La capitale allemande n’aurait rien à voir avec les ours, mais plutôt à son emplacement marécageux.

 

Aujourd’hui, la ville de Berlin fête l’anniversaire son emblème. Cette Journée de l’ours de Berlin (der Tag des Berliner Bären) fait référence à la première mention de l'animal héraldique de sa ville. L'ours est apparu pour la première fois en 1280 sur une lettre de guilde munie d'un sceau, datée du 22 mars. « Sigillum burgensium de berlin sum » signifie quelque chose comme : « Je suis le sceau des citoyens de Berlin ». Depuis sa découverte, cette lettre de guilde des marchands berlinois est considérée comme la naissance de l'ours de Berlin. L'ours de Berlin fêtera donc son 744e anniversaire en 2024. 

On raconte qu’Albert Ier, fondateur et premier dirigeant du margraviat de Brandebourg, serait à l’origine de ce symbole. Rien n’est moins sûr, on ne sait rien de ce monarque, pas même sa date de naissance. Le Brandebourg a toujours eu pour emblème une aigle et on ne s’explique pas le diminutif, Berlin (“le petit ours”). « Bär », l’ours en allemand, « Ber » en phonétique… Les historiens n’ont pas tardé à remettre en cause la légende.

Cette région, une « marche » germanique a été établie sur une région slave peu hospitalière et couverte de marécage. La ville a été fondée en 1237, longtemps après la mort d’Albert Ier, sous le nom de Cölln. On ignore quand le terme de Berlin s’est imposé. Il viendrait d’un terme slave : « Berl » le marais,  avec la terminaison « in », en somme un lieu au cœur des marécages, des lacs et des marais qui se sont formés de part et d’autre de la rivière Spree. C’est toujours vrai aujourd’hui, « Berlin a plus de ponts que Venise », selon le dicton. La plupart sont très discrets, aucun n’a la renommée du Rialto, mais la capitale de l’Allemagne a tout de même deux fois plus de ponts que celle de la Vénétie.

Ayant chassé l’aigle brandebourgeois en 1935, l’ours figure désormais seul sur le blason de Berlin.  En 1937, pour le 700e anniversaire de la ville, la ville de Bern a offert à Berlin un couple d’ours. La ville les installera en 1939 dans un chenil du parc Köllnischer, non loin du Märkisches Museum. Des ours s’y succéderont pendant huit décennies. Cependant, depuis la mort du dernier animal, Schnute, en 2015, l’enclos des ours est déserté. La ville de Bern dont l’emblème est aussi un ours, en rapport à une légende liée à la fondation de la ville. La capitale de la Suisse entretenait au cœur de la ville, une fosse aux ours depuis le XVIe siècle. En 2009, ils ont été transférés dans un parc des environs.  Mais, comme pour Berlin, l’étymologie est à chercher ailleurs : un mot celte « berna » (gouffre, gorge) qui a donné son nom à la ville suisse.

En dépit d’origines plus que douteuses, comme Bern, Berlin cultive sa mascotte dont l’effigie apparaît un peu partout dans la cité. Elle est même décernée, en or, lors du festival de cinéma.

À l’échelle internationale, une Journée mondiale de l’ours tombe demain,  le 23 mars, c’est le hasard. Mais, l’ours polaire a une date bien à lui le 27 février. S’il est en peluche, ce sera le 9 septembre dans le monde anglo-saxon. Quant au bonbon, l’ours d'or (Goldbär) ou l’ours de gomme (Gummibär) qui a fêté son centenaire en 2022, Haribo lui a inventé un jour de fête pour l’occasion, le 27 avril.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 mars 2024

 
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1990, Namibie, 21 mars, indépendance Bruno Teissier 1990, Namibie, 21 mars, indépendance Bruno Teissier

21 mars : la fête nationale de la Namibie

La Namibie a été un des derniers pays à obtenir son émancipation. La transition de la Namibie vers l'indépendance a commencé en 1989 et s'est terminée le 21 mars 1990, lorsque le pays a officiellement obtenu son indépendance de l'Afrique du Sud. Cet anniversaire est aussi la fête nationale namibienne.

 

La Namibie a été un des derniers pays à obtenir son indépendance. L’ancien Sud-Ouest africain allemand, théâtre du premier génocide du XXe siècle, a été occupé par l’Afrique du Sud en 1915. Après la défaite allemande de 1918, la colonie allemande a été confiée à l’Afrique du Sud par la SDN. Elle a administré le pays jusqu’en 1990. L’ONU avait adopté une résolution en 1978 prévoyant l’émancipation du pays. il a fallu une décennie à l’Afrique du Sud pour accepter de mettre en œuvre la résolution. La transition de la Namibie vers l'indépendance a commencé en 1989 et s'est terminée le 21 mars 1990, lorsque le pays a officiellement obtenu son indépendance de l'Afrique du Sud. Le Jour de l'Indépendance (Indépendance Day) est la fête nationale de la Namibie. La fête est marquée par des défilés, des fêtes de rue, des compétitions sportives et d'autres événements festifs organisés dans tout le pays.

le Dr Sam Nujoma devenant président fondateur d'un État indépendant et souverain, la République de Namibie. Le président Nujoma a démissionné en 2005 après avoir accompli trois mandats. Une transition démocratique en douceur du pouvoir a suivi lorsque Hifikepunye Pohamba a été élu président en novembre 2004. En novembre 2014, le Dr Hage G. Geingob a été élu président alors qu'il était Premier ministre. Le Dr Hage Geingob a été nommé président de la Namibie le 21 mars 2015. Il est mort en février 2024, Nangolo Mbumba, le vice-président, lui a succédé.

Cette année, la célébration du 34e anniversaire de l'indépendance de la Namibie a lieu à Katima Mulilo, une première historique pour la région du Zambèze. En effet, Les célébrations du Jour de l'Indépendance se déroulent à tour de rôle entre les régions. En 2024, l’événement a lieu sous le thème « Un peuple uni pour la prospérité ».

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 mars 2024

 
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20 mars : ce matin l'équinoxe de printemps (ou d'automne)

Aujourd’hui à 04h06 (heure de Paris), le soleil passe au zénith de l’équateur, cela ne lui arrivera que deux fois au cours de l’année. Dans l’hémisphère nord, c’est l’équinoxe de printemps ; au Sud, c’est au contraire le début de l’automne...

 

Aujourd’hui à 04h06 (heure de Paris), le soleil passe au zénith de l’équateur, cela ne lui arrivera que deux fois au cours de l’année (à nouveau le 22 septembre prochain). Dans l’hémisphère nord, c’est l’équinoxe de printemps (au Sud, c’est au contraire le début de l’automne). À cette date, en principe, la durée du jour est égale à celle de la nuit, c’est étymologie du mot équinoxe. Elle découle d’un calcul théorique. Dans la réalité, l’atmosphère créant un effet de réfraction de la lumière du soleil, même quand celui-ci n’est plus visible, la journée du 20 mars sera un peu plus longue que la nuit. Dans toutes les civilisations, ce phénomène astronomique est symbole de l’arrivée du printemps. Certains en font le début de l’année. Le 16 mars, en Iran et dans tout le monde persan a eu lieu la fête du feu. Comment ne pas faire le rapprochement avec les feux qui chaque année la ville de Valence (sauf en 2021, pour cause de covid). En Alsace, en Suisse, dans le Sud de l’Allemagne, une vieille coutume (la Schiewe­schlawe) fait tournoyer des disques de braises au cours de la même nuit, en formant des ronds lumineux symbolisant le disque solaire. Les Celtes, eux, allumaient des feux à l’aube pour signifier le renouveau de la vie. Quelques mouvements néo-druidriques s’efforcent de nos jours de reproduire ce culte dédié à la déesse Ostrara dont le nom a donné le terme désignant en allemand (Ostern) et en anglais (Easter), la fête de Pâques (4 avril), une fête chrétienne aux origine païenne liée à l’arrivée du printemps et la résurrection de la nature.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 mars 2024

 
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19 mars, Libye, 2011 Bruno Teissier 19 mars, Libye, 2011 Bruno Teissier

19 mars : la commémoration de la victoire sur Kadhafi

Le 19 mars, en principe, est férié en Libye pour commémorer la victoire sur Kadhafi. Un événement qui semble appartenir à un passé lointain.

 

Le 19 mars, en principe, est férié en Libye pour commémorer la victoire sur Kadhafi (إحياء ذكرى الانتصار على القذافي).

Il y a 13 ans, le 19 mars 2011, une coalition emmenée par Paris, Londres et Washington lançait une intervention militaire contre le régime du colonel Kadhafi… Le dictateur est tombé, les forces de l’OTAN ont quitté le pays, laissant la place à une guerre civile qui a fracturé le pays et engendré un chaos dont les répercussions ont largement dépassé les frontières du pays. Aujourd’hui, les combats ont cessé mais la Libye en tant qu’État n’existe plus. Le pays est écartelé entre plusieurs pouvoirs où règne corruption et kleptocratie. La situation paraît très instable mais tout concourt à un maintien durable du statu quo. Treize ans après la chute de la dictature, les fractures sont multiples et ne sont toujours pas surmontées. Aux divergences tribales, s’ajoutent celles des milices, pour la plupart, parrainées par des États étrangers…

La Géopolitique de la Libye de Kader A. Abderrahim dresse un bilan de ses années et fait un portrait du pays tel qu’il est aujourd’hui.

La Libye y est analysée et disséquée dans ses différentes composantes afin de permettre au lecteur d’appréhender les dynamiques à l’œuvre qui obèrent un retour à la stabilité. La diversité des différents protagonistes permet d’analyser le jeu et les stratégies des voisins de la Libye, comme l’Algérie et d’acteurs plus lointains : la Turquie, le Qatar, les ÉAU, les États-Unis, la Russie… Les enjeux du pétrole, les intérêts géopolitiques du Maghreb aux confins du Sahara et de l’Afrique sont décortiqués afin de restituer les réalités de ce pays fort peu connu.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 mars 2024

 
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1921, Mongolie, armée, Homme fort Bruno Teissier 1921, Mongolie, armée, Homme fort Bruno Teissier

18 mars : la journée de l’homme et du soldat en Mongolie

L’anniversaire de la création de l’Armée mongole, en 1921, sert de prétexte à une journée de célébration des hommes, dix jours après la journée des femmes, avec comme en Russie, une coloration militaire et viriliste pour cette journée commémorative.

 

Après avoir fêté les femmes le 8 mars, la Mongolie célèbre la Journée de l'homme et du soldat (Эрэгтэйчүүд, цэргүүдийн баяр) le 18 mars. Cette journée très martiale est calquée sur celle du 23 février en Russie. Sauf qu’en Mongolie, la référence militaire est beaucoup plus évidente puisque c’est l’anniversaire de la création de l'Armée populaire mongole en 1921. À l’époque, elle l’avait été sous l’égide de l’Armée rouge soviétique, mais aujourd’hui la Mongolie est obtenue son indépendance et s’assure à avoir des relations équilibrées avec ses deux voisins, la Russie et la Chine.

Cette journée spéciale a été instaurée en 1946, mais la loi de 2003 sur les jours fériés et les jours commémoratifs désigne le 18-Mars seulement comme la « Journée militaire mongole ». L’habitude ancienne de fêter les hommes, pas seulement les soldats, a été conservée. Ce jour-là, les hommes peuvent recevoir des cadeaux, si toutefois, ils ont eu une attention pour leur conjointe, leurs sœurs, leurs cousines ou leurs collègues, le 8 mars dernier. Différentes compétitions sur le thème militaire sont organisées entre hommes ; par exemple, les écoles peuvent organiser des compétitions de marche entre étudiants. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 mars 2024

 
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1988, Irak, Kurdistan, massacre, 16 mars Bruno Teissier 1988, Irak, Kurdistan, massacre, 16 mars Bruno Teissier

16 mars : le génocide kurde d’Halabja, quand un dictateur se sent les mains libres

Comme Poutine en Tchétchénie, Saddam Hussein a eu tout loisir de massacrer des populations totalement à sa merci dans l’indifférence de l’Occident… Les Kurdes commémorent les quelque 5000 morts, hommes, femmes, enfants tués une seule journée par un bombardement de gaz chimique sur le village d’Halabja par l’armée irakienne.

 

Le 16 mars de chaque année, les Kurdes du monde entier commémorent les quelque 5000 morts, hommes, femmes, enfants tués une seule journée par un bombardement de gaz chimique sur le village d’Halabja (هه‌ڵه‌بجه ou Helepçe).

C’était le 16 mars 1988, l’Irak était en guerre contre l’Iran depuis huit ans, une guerre par procuration, soutenu par une bonne partie des pays occidentaux, en particulier les États-Unis, dans l’espoir de faire tomber le régime de Khomeiny à Téhéran. L’Iran a résisté au prix de centaine de millier de morts… Profitant du conflit, les Kurdes d’Irak, soutenus par l’Iran, sont entrés en rébellion contre le dictateur irakien Saddam Hussein. La localité kurde d’Halabja, située tout près de la frontière iranienne, en avait profité pour se libérer par les armes. La reconquête irakienne fut terrible, le 15 mars 1988, la ville était reprise par Bagdad. Le lendemain, des avions de combat irakiens ont survolé la zone pendant cinq heures, libérant des gaz toxiques, notamment du sarin et du gaz moutarde. L'attaque chimique a entraîné la mort d'environ 5 000 personnes, pour la plupart des civils. Le taux de mortalité était particulièrement élevé chez les enfants, car les gaz toxiques sont plus denses que l'air et ont donc tendance à couler au sol. Entre 7 000 et 10 000 personnes ont été blessées et/ou ont subi les conséquences à long terme de l'attaque.

L’émotion fut grande dans les opinions publiques occidentales, mais les réactions des partenaires occidentaux de l’Irak furent insignifiantes à l’époque. Saddam Hussein était vu comme un rempart contre l’Iran révolutionnaire. Dans un premier temps, l’US Defense Intelligence Agency avait même accusé l’Iran du massacre. Mais après enquête, la responsabilité du régime e Bagdad s’est avérée incontestable. Mais l’affaire classée sans suite.

En ce début d’année 1988, le massacre d’Halabja n’était qu’un épisode de la reconquête sanglante du Kurdistan, dite campagne d’Anna, qui fit plus de 180 000 morts en quelques semaines. Saddam Hussein ne sera renversé que 15 ans plus tard, par les Américains, et sous un prétexte fallacieux. L’épisode d’Halabja sera alors déclaré génocide. Ali Hassan Al Majid, un cousin de Saddam Hussein mieux connu sous le nom de "Chemical Ali", a été pendu en 2010 pour avoir ordonné l'attaque. Beaucoup regrettent que les Américains ne l’aient pas livré au tribunal international de La Haye, tout comme Saddam Hussein, le grand ordonnateur du massacre, avec lequel l’Occident a continué à coopérer pendant des années. Lui aussi a été exécuté après un semblant de procès.

La journée du 16 mars est un jour férié au Kurdistan autonome d’Irak. Des cérémonies ont lieu chaque année à Halabja où un mémorial a été construit. La ville a été désignée comme capitale de la paix par le Parlement du Kurdistan irakien en 2015. Aujourd’hui, les survivants réclament toujours réparation.

L’événement est aussi célébré à Erbil, la capitale kurde et dans la diaspora. En 2014, un mémorial dédié aux victimes de l'attaque chimique de 1988 a été édifié à La Haye, dans le jardin du siège de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. Le monument a été inspiré par une photo intitulée "Silent Witness", prise par le journaliste turc Ramazan Ozturk.

#Halabja #Helebce #Halepçe #هەڵەبجە #Helebce #Halepçe #HalepceKatliamı

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 mars 2024

 

Monument commémoratif inspirée d’une photo tragique qui a marquée l’opinion internationale

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Iran, zoroastrisme Bruno Teissier Iran, zoroastrisme Bruno Teissier

14-15 mars : cette nuit en Iran, c'est la fête du feu

Chaharshanbeh Soori est une manifestation qui n’a rien d’islamique mais elle est trop populaire pour être interdite en dépit des débordements qu’elle suscite parfois quand l’opinion est portée à la contestation du régime.

 

Chaharshanbeh Soori ( چهارشنبه‌سوری) est une manifestation qui n’a rien d’islamique mais elle est trop populaire pour être interdite par les autorités, en dépit des débordements qu’elle suscite parfois quand l’opinion est portée à la contestation du régime. Depuis 2023, cette soirée de feux est l’occasion pour les femmes de brûler leur voile en signe de protestation contre le pouvoir.

La tradition remonte à l’époque où la religion zoroastrienne dominait le pays. Des feux sont allumés sur les places publiques, symbole d’espérance en cette fin d’année (le calendrier iranien se termine dans 6 jours). Dans l'ancien Iran, le feu avait une grande importance et il était considéré partout comme un symbole de pureté. Le feu nettoie tout, avec sa chaleur, il réduit les impuretés. Ce mardi soir, après la tombée de la nuit, on saute par dessus les brasiers, on lance des pétards dans les rues, on s’offre des confiseries et on s’échange des vœux sans attendre le Nouvel An, le Nowrouz (le 20 mars, cette année). Cette fête de Tchaharchanbé-Souri qui a lieu à quelques jours de la nouvelle année, est un peu le Noël iranien. Cette fête est aussi marquée par les Kurdes, les Tadjiks et les Azéris, le mardi soir, veille du dernier mercredi de l’année du calendrier persan.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, le 14 mars 2024

 
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2018, Brésil, Femmes, Noirs, 14 mars Bruno Teissier 2018, Brésil, Femmes, Noirs, 14 mars Bruno Teissier

14 mars : en mémoire de Marielle Franco, femme politique brésilienne assassinée

Le président Lula a demandé à l’Assemblée de voter la création d’une « Journée nationale Marielle Franco pour combattre la violence politique basée sur le genre et la race » en mémoire de cette femme politique brésilienne assassinée il y a six ans dans une rue de Rio.

 

Le 14 mars 2018, Marielle Franco, une conseillère municipale de la ville de Rio de Janeiro était assassiné, en même temps que son chauffeur, Anderson Pedro Gomes. Ils sont tués dans leur voiture, prise en embuscade. Son assistante Fernanda Chaves, assise à côté de la parlementaire sur la banquette arrière de la voiture, a survécu et a préféré quitter le pays avec sa famille, pour ne pas devenir une cible.

Noire, bisexuelle militante et femme de gauche, elle enquêtait sur la corruption. Son assassinat a provoqué un grand choc. Dans les mois qui ont suivi, l’État de Rio a instauré, pour chaque 14 mars,  un « Jour de Marielle Franco, Journée de lutte contre la violence politique faite aux femmes noires » (Dia Marielle Franco de Enfrentamento à Violência Política contra Mulheres Negras). D’autres États brésiliens ont fait de même.

Un an plus tard, les assassins ont fini par être arrêtés : Ronnie Lessa et Elcio de Queiro, deux anciens membres de la police militaire. Mais, trois ans après le double assassinat, il reste encore beaucoup d’incertitudes sur l’identité des commanditaires. Sous Bolsonaro l’enquête est resté au point mort, ce que déplorait Marinete Silva, la mère de la victime. Il faut dire que Flavio Bolsonaro, le fils de l’ancien président a été cité dans le dossier… En 2023, le gouvernement Lula a relancé l’enquête, en la confiant à la police fédérale en février et en promettant d’identifier les commanditaires et de prouver l’implication de milices para-militaires. Pour le moment seuls des complices de l’assassinat ont avoué.

Sociologue de 38 ans, Marielle Franco était une enfant du quartier de la Maré. Elue  conseillère municipale en 2016, elle était connue pour son activisme en faveur des femmes, de la cause LGBT, des noirs, et des habitants des favelas, et pour ses critiques à l’égard de la police militaire. Le 10 mars, elle s’en prenait au 41e bataillon de police militaire, qu’elle qualifiait de « bataillon de la mort », pour ses actions dans le quartier d’Acari.

La figure de Marielle Franco a pris une dimension internationale : Paris lui a dédié un jardin public dans le 10e arrondissement. À Berlin, on vient d’inaugurer une fresque murale. Plusieurs villes lui ont donné un nom de rue… Finalement, en juillet 2022, une statue à son effigie, œuvre du sculpteur Edgar Duvivier financée par une souscription populaire, a été dévoilée sur une place du centre de la ville de Rio de Janeiro

En 2023, à la veille du 5e anniversaire de l’assassinat de Marielle, le président Lula a demandé à l’Assemblée de voter la création de la « Journée nationale Marielle Franco pour combattre la violence politique basée sur le genre et la race » à l’échelle nationale. L'objectif, selon le gouvernement, est de "sensibiliser la société aux violences subies par les femmes dans l'environnement politique, en particulier les femmes noires".

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, le 13 mars 2024

Mise à jours 2024 : Le 24 mars 2024 les commanditaires présumés ont été finalement inculpés et arrêtés pour l’assassinat de Marielle Franco. Il s’agit de Rivaldo Barbosa, l’ancien chef de la police, nommé à la tête de la police civile de Rio quelque jours seulement avant le crime ; de Joao Francisco Inacio Brazao, député fédéral de Rio et son frère, Domingo Inacio Brazao, conseiller au tribunal des comptes. Trois figure importante de la vie publique carioca ce qui dénote d’une dérive fâcheuse de la cité.

 
marielle franco - Marcia Foletto | Agência O Globo.png
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1795, Saint-Vincent-et-les Gr., héros national, 14 mars Bruno Teissier 1795, Saint-Vincent-et-les Gr., héros national, 14 mars Bruno Teissier

14 mars : Saint-Vincent-et-les Grenadines se souviennent de leurs racines garifunas

La Journée nationale des héros est l’anniversaire du chef Joseph Chatoyer, héros national. C’est aussi l’occasion de mettre en valeur la culture garinfuna, longtemps méprisée et ignorée.

 

Saint-Vincent-et-les Grenadines célèbre chaque 14 mars, la Journée nationale des héros (National Heroes' Day). La date de cette fête, instaurée en 2002, est l’anniversaire du chef Joseph Chatoyer, mort en 1795 pendant un conflit l’opposant aux Anglais. Ce leader garifuna a été érigé en héros national, une manière de revaloriser la culture garifuna longtemps méprisé par les colons anglais. Aujourd’hui, les Garifuna de Saint-Vincent sont en pleine renaissance culturelle, car tous n’ont pas été déportés. Ils sont encouragés par les visites des membres de la diaspora établis à New York, au Honduras, au Bélize, au Guatemala ou à Los Angeles.

Au fil des siècles, la possession des îles a été contestée par les Britanniques, les Français et les Espagnols et les Caraïbes qui vivaient sur les îles avant l'arrivée des colons ont longtemps résisté. En 1635, l’échouage de deux bateaux négrier a libéré sur l’île toute une cargaison d’esclave africain qui s’est répandu sur l’île et a provoqué un métissage ethnique et culturel original, les Garifunas sont des Caribéens noirs qui n’ont jamais été esclaves.

Lorsque les Britanniques tentèrent d'étendre leur présence sur l'île en 1772, la population indigène montra une fois de plus sa détermination à protéger ses terres en se rebellant lors de la première guerre caribéenne. Dirigés par Joseph Chatoyer, un chef garifuna local, les Caraïbes ont forcé les Britanniques à signer un traité de paix fixant les frontières entre les zones britanniques et caraïbes de l'île.

En 1795, des provocations mutuelles ont provoqué la Seconde Guerre caraïbe. Le 14 mars 1795, Chatoyer tombe dans une embuscade et est tué par les troupes britanniques à Dorsetshire Hill. Si la guerre se poursuit jusqu'en octobre 1796, sous la conduite de son frère, la mort de Chatoyer s'avère être un moment clé. Les Garifunas sont vaincus et la majeure partie d’entre eux sera déportée… Un monument dédié à Chatoyer se dresse sur place, sur la colline du Dorsetshire, où il est mort. Dans le cadre de la célébration de la Journée des Héros, une cérémonie de dépôt de couronnes y est organisée. Chatoyer est aujourd’hui considéré comme le héros national de Saint-Vincent-et-les Grenadines. La Journée des héros nationaux célèbre tous ceux qui ont apporté leur contribution à la nation, Chatoyer n’est pas le seul.

Cette fête est l’occasion de mettre en valeur la culture caribéenne, elle se décline sur plusieurs jours avec la Bequia Regatta, le Gospel Fest, un théâtre de rue, un pèlerinage sur l'île de Balliceaux (où les Garifunas furent déportés par les Anglais après leur défaite)…

Certains vivent aujourd’hui au Bélize où ils sont fêtés chaque 19 novembre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 mars 2024

 

Festivités du 14 mars aux couleurs nationales des Garifunas

Peinture d'Agostino Brunias (commandée par Sir William Young), représentant des négociations entre des soldats britanniques et des Caraïbes noirs, 1773

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1957, Cuba, 13 mars Bruno Teissier 1957, Cuba, 13 mars Bruno Teissier

13 mars : les prémices de la révolution cubaine

Le régime cubain commémore un attentat raté qui a tourné au désastre. L’objectif était d’assassiner le dictateur Fulgencio Batista et de lancer un appel au soulèvement populaire depuis la radio… Ce ne sera que partie remise deux ans plus tard.

 

Le régime cubain célèbre le 67e Anniversaire de l'attaque du palais présidentiel (Aniversario del ataque al palacio presidencial) en 1957. Une opération ratée qui a tourné au désastre. Le 13 mars 1957, des attaques simultanées ont été lancées contre le palais présidentiel (devenu aujourd’hui le musée de la révolution) et les locaux de Radio Reloj. L’objectif était d’assassiner le dictateur Fulgencio Batista et de lancer un appel au soulèvement populaire depuis la radio.

Cette opération a été menée par un groupe de jeunes révolutionnaires conduits par José Antonio Echeverría. Ils formaient un commando de 50 hommes armés qui a pris d’assaut le palais présidentiel tandis que José Antonio Echeverría investissait les locaux de la radio avec une quinzaine d’hommes. L’opération est un échec : Batista parvient à s’enfuir et la transmission radio est coupée en plein milieu du discours de José Antonio Echeverría sur Radio Reloj. Un grand nombre d’assaillants est tué pendant l’attaque.

Quant à José Antonio Echeverría, il trouve la mort dans un accrochage avec la police près de l’Université de La Havane après avoir quitté les locaux de Radio Reloj. La voiture dans laquelle il circulait a été interceptée par un véhicule de police à côté du campus universitaire et le chef étudiant est décédé mitraillé, il n’avait que 24 ans. Lui vivant, peut-être que Fidel Castro n’aurait eu qu’un rôle de second plan dans la suite de l’histoire.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 mars 2024

 
Hommage à José Antonio Echeverria, celui qui aurait pu être la figure de la révolution cubaine s’il avait survécu au coup raté du 13 mars 1957

Hommage à José Antonio Echeverria, celui qui aurait pu être la figure de la révolution cubaine s’il avait survécu au coup raté du 13 mars 1957

L’ancien palais présidentiel, aujourd’hui musée de la Révolution

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José Antonio Echeverria (au centre) et ses camarades

José Antonio Echeverria (au centre) et ses camarades

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1925, Chine, Taïwan, arbres, 12 mars Bruno Teissier 1925, Chine, Taïwan, arbres, 12 mars Bruno Teissier

12 mars : la journée de l’arbre en Chine et à Taïwan

L’anniversaire de la mort de Sun Yat-sen, le fondateur la république de Chine, sert aujourd’hui de date de référence pour encourager à la reforestation dans un pays où l’industrialisation à outrance a mis les forêts à mal.

 

La date choisie pour cette Journée de l'arbre  (植樹節) est celle de l’anniversaire de la mort de Sun Yat-sen, le fondateur la république de Chine. Ce médecin, devenu président, avait dès 1914, suggéré de copier la fête américaine de plantation des arbres. Très tôt, il avait pris au sérieux la question du reboisement. Ce n’est qu’après sa mort, le 12 mars 1925, que gouvernement chinois a commencé à prêter attention aux projets de reboisement. C’est en 1929 que la Journée de l'arbre fut créée pour célébrer l'anniversaire de la mort du Docteur Sun Yat-sen. Après la prise du pouvoir des communistes en 1949, c’est à Taïwan où le gouvernement chinois s’était réfugié, que cette journée de l’arbre a continué à être observée. Mais, Pékin ne voulant pas abandonner à Taïwan, la mémoire du révolutionnaire Sun Yat-sen, une Journée de l’arbre a finalement été instaurée, en 1980, en Chine populaire. Le gouvernement recommande que chacun replante un arbre ce jour-là, ce que font beaucoup d’écoliers mobilisés pour cela. Aujourd’hui, de nombreux couples choisissent de se marier la veille du 12 mars et plantent un arbre pour marquer le début de leur vie commune et la nouvelle vie de l'arbre.

Cette impulsion est devenu indispensable dans un pays menacé, plus que d’autres, par la pollution et le réchauffement climatique. Lors du « Grand bon en avant », impulsé par Mao, à partir de 1958, des forêts entières ont été détruites pour alimenter les fours artisanaux pour fondre l’acier. Ensuite, au moment de la Révolution culturelle, des millions hectares de forêts ont été transformées en culture de maïs et de blé. Après la mort de Mao, en 1976, sous Deng Xiaoping, les paysans se sont vus attribuer plus de terres, à titre individuel, qu’ils ont déboisées massivement… Après des décennies de croissance effrénée responsable de la destruction d'écosystèmes majeurs, la République populaire promet aujourd’hui de créer des “barrières de sécurité écologiques” (une grande muraille verte, 三北防护林;) et de préserver de l'empreinte humaine jusqu'à un quart de la superficie totale de son territoire. Mais si la Chine protège aujourd’hui ses forêts, elle est devenue le premier importateur mondial de bois, principalement en provenance de pays d’Afrique ou d’Asie du Sud-Est où les forêts sont exploitées illégalement.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 mars 2024

 
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