L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
19 janvier : Hrant Dink, martyr de la liberté de presse
Quelques milliers de personnes défilent dans les rues d’Istanbul, des cérémonies ont lieu aussi à Paris, Lyon, Marseille, Bruxelles, Erevan... à la mémoire de Hrant Dink, ce journaliste turc d’origine arménienne abattu le 19 janvier 2007 par un jeune paumé de 17 ans piloté par une organisation ultranationaliste turque. L’AKP, au pouvoir, a jusqu’à présent, bloqué toute enquête sur ce crime.
Des cérémonies ont lieu aussi à Istanbul, à la mémoire de Hrant Dink, ce journaliste turc d’origine arménienne abattu le 19 janvier 2007 à 15 heures par un jeune paumé de 17 ans piloté par une organisation ultranationaliste turque. Des rassemblements ont également lieu chaque année à Paris, Marseille, Bruxelles, Erevan... à Lyon, c’est rue Hrant Dink dans le 2e arrondissement.
Hrant Dink s'est fait connaître en fondant Agos, un journal paraissant en turc et en arménien, abordant des sujets jusque-là tabous. Il était haï par les nationalistes turcs pour avoir qualifié de génocide les massacres dont les Arméniens ont été les victimes pendant entre 1915 et 1917 sous l'Empire ottoman. Aujourd’hui encore, les autorités turques refusent toujours de reconnaître la réalité génocide. Hrant Dink a été déclaré « héros de la liberté de la presse » par l’International Press Institut (IPI).
Le journal Agos, devant lequel Hrant Dink a été tué de trois balles a aujourd’hui déménagé. Ses bureaux, rue Halaskârgazi district de Şişli à Istanbul, sont devenus un simple lieu de mémoire, ouvert au public depuis juin 2019, sous le nom “23.5 Lieu de mémoire Hrant Dink 23,5” '. Le lieu tire son nom d’un article titré 23,5 Avril publié par Hrant Dink le 23 avril 1996 dans Agos. Le 23 Avril, est la veille du 24 (le fameux 24 avril 1915), jour de sinistre mémoire pour les Arméniens. Hrant Dink s’était marié un 23 avril et le couple avait conçu son premier enfant dans la nuit qui a suivi, d’où le 23,5.
Ailleurs dans le monde, notamment dans les villes où vivent des Arméniens, le combat de Hrant Dink pour la mémoire est toujours célébré chaque 19 janvier. Par exemple, ce dimanche à Bruxelles, après un requiem à la mémoire de Hrant Dink joué en l’Église arménienne, rendez-vous est donné à 13 heures devant le monument dédié au génocide des Arméniens, Square Henri Michaux, 1050 Ixelles. Ou encore à Londres, à 18 heures, St Yeghiche Armenian Church 13b Cranley Gardens, Kensington Londres SW7 3.
Le tireur, Ogun Samast, 17 ans au moment des faits, a avoué le meurtre et a été condamné à près de 23 ans de prison en 2011. Mais l'identité de ses commanditaires continue de faire l'objet de polémiques et spéculation. Le combat n’est pas terminé pour faire éclater la vérité sur les circonstances du meurtre. À l’occasion de ce 16e anniversaire, l'Association des journalistes de Turquie (TGC) a réagis en demandant une enquête. La proposition du HDP (part d’opposition) d'"enquêter sur le meurtre de Hrant Dink sous tous ses aspects" a été rejetée récemment par les votes des députés AKP et MHP (la coalition au pouvoir) à l'Assemblée générale de la Grande Assemblée nationale de Turquie.
Expliquant sa proposition, le député du HDP Diyarbakır, Garo Paylan, a déclaré : (…) « Hrant Dink faisait la une des journaux sur le fait d'affronter le passé. Le 6 février 2004, le journal Agos a rapporté l'allégation selon laquelle Sabiha Gökçe [la fille adoptive de Mustafa Kemal Atatürk] était une orpheline arménienne. L'apocalypse a éclaté dans le pays concernant l'affirmation selon laquelle un orphelin était arménien. Cependant, dans le passé, une personne sur cinq était arménienne, et des centaines de milliers d'orphelins ont été laissés derrière pendant que le peuple arménien était expulsé de ces terres. Il a été affirmé que Sabiha Gökçen pourrait également être une orpheline arménienne. À ce moment-là, tout l'enfer s'est déchaîné. L'état-major général a publié une déclaration très dure et pris pour cible Hrant Dink. L'état-major a considéré l'affirmation selon laquelle Sabiha Gökçen était arménienne comme une menace majeure. Ce n'était pas suffisant, deux jours plus tard, Hrant Dink a été appelé au poste de gouverneur et a été menacé par deux responsables du MİT. Il a été dit : "Attention, marche sur tes pieds". Ce n'était pas assez, Ülkü Ocakları s'est réuni devant la présidence du district de MHP Şişli, Il s'est présenté devant le journal Agos avec un discours de haine. "Hrant Dink est notre cible", a déclaré le président provincial de l'Ülkü Ocakları devant le journal Agos. Ce n'était pas suffisant, la justice a pris des mesures. Le pouvoir judiciaire a intenté une action en justice contre Hrant Dink avec l'allégation d'insulte à la turcité, ce que Hrant Dink n'a jamais voulu ou ne pouvait pas dire dans un article. Hrant Dink a été condamné, bien que certaines personnes aient dit : « Une telle chose ne peut pas arriver ».
Selon eux, Hrant Dink était désormais un ennemi déclaré des Turcs et il visait. Certains acteurs appelés « Ergenekonists » ont ciblé Hrant Dink devant le journal Agos. La presse ciblait Hrant Dink dans le linge, le titre et les gros titres. Hrant Dink a écrit l'article "Mon humeur est un malaise de pigeon" une semaine avant son assassinat le 19 janvier 2007, en disant "Je suis maintenant sur la cible". Il a expliqué dans tous les détails pourquoi il était visé, mais l'AKP était au pouvoir à ce moment-là et n'a rien fait. Il n'a pas protégé Hrant Dink. Bien que toutes les agences de renseignement de l'État savaient que Hrant Dink serait assassiné, elles n'ont pas surveillé Hrant Dink, mais le gang qui est parti de Trabzon Pelitli et les a amenés au journal Agos.» (…) Garo Paylan (député turc d'origine arménienne)
Le site du Mémorial Hrant Dink et celui du journal Argos
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 janvier 2023
18 janvier : l'armée, au pouvoir, parade dans les rues de Bangkok
Le 18 janvier est jour de grande parade militaire à Bangkok, en Thaïlande. Cette Journée de l’armée royale thaïlandaise fait figure d’autopromotion de la part de la junte militaire au pouvoir, appuyée par le roi. Cette journée fait aussi référence à un fait militaire vieux de 430 ans : un combat singulier à dos d’éléphant opposant le roi du Siam au prince héritier de Birmanie, qui s’est déroulé le 18 janvier 1593.
Le 18 janvier est jour de grande parade militaire à Bangkok, la Thaïlande (ou plutôt ses élites politiques) célèbre son armée. Un événement d’importance dans un pays qui a connu 19 coups d’État militaires depuis 1932 (date de l’abolition de la monarchie absolue). Le dernier date de 2014. Certes la junte militaire a cédé la place à un gouvernement civil durant l’été 2019, mais non sans avoir pris toutes les précautions pour continuer à diriger le pays. La constitution a été modifiée en 2016, désormais les membres du Sénat sont tous nommés par l’armée et comme un gouvernement doit être investi par les deux chambres, un parti minoritaire (pro-armée) peut se maintenir au pouvoir. C’est le cas du nouveau gouvernement, qui d’ailleurs a nommé à la tête d’armée le général Apirat Kongsompong, l’artisan du coup d’État de 2014, lequel multiplie les déclarations agressives contre l’opposition.
Cette modification constitutionnelle a été vécue comme un 20e coup d’État militaire inscrivant le pouvoir de l’armée dans la durée. Le roi, comme son défunt père qui a toujours penché du côté de l’armée, en a profité pour accroître ses prérogatives. Désormais, ses décisions n’ont plus à être contresignées par un ministre ! C’est donc une dictature militaire sous commandement royal qui parade aujourd’hui dans les rues de la capitale thaïlandaise.
Quant à la date de cette Journée des forces armées thaïlandaises (วันกองทัพไทย), le 18 janvier, elle fait référence à un combat singulier à dos d’éléphant opposant Naresuan (roi du Siam) au prince héritier de Birmanie. Le second fut tué par le premier à Nong Sarai (province de Suphanburi) le 18 janvier 1593. Le Siam (future Thaïlande) ne payant plus son tribut à la Birmanie, celle-ci avait envoyé une armée pour soumettre son vassal. Non seulement le Siam repoussa l’attaque, mais étendit son influence sur une vaste région. C’est donc un grand roi que vénère ce 18 janvier la Thaïlande. Autrefois, c’était sa date de naissance, le 25 avril qui était célébrée. Mais en 2005, il fut décidé qu’il valait mieux célébrer la fameuse bataille que l'histoire officielle raconte comme un duel à dos d’éléphant (Iuthheete) entre un roi et un prince. Soit le plus prestigieux des combats en Asie du Sud-Est. Désormais aucune armée, pendant longtemps, n’osa plus marcher sur Ayutthaya (la capitale de l’époque). Sous son règne (1590-1605), le roi Naresuan redonna au Siam toute sa puissance : le royaume atteignit son expansion maximale.
Chaque 18 janvier, une cérémonie est organisée au quartier général de l'Armée royale thaïlandaise de 10h00 à 11h30, complétée par une célébration au sanctuaire Phra Chai Mongkhon Phum, rendant hommage au roi Rama V, suivi d’une cérémonie de dépôt de gerbes au Mur du Souvenir et une célébration bouddhiste. Puis, à 13h00, le général Narongpan Jitkaewthae, commandant en chef de l'armée royale thaïlandaise rend visite aux blessés de l'hôpital Phramongkutklao, y compris la visite de soldats blessés à l'hôpital de l'armée. Ce même jour, des soutiens du régime organisent des actions caritatives et bénévoles.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 janvier 2023
Habillés de jaune, couleur de la monarchie, les soutiens du régime se mobilisent, chaque année, le Jour de l’armée royale, pour des actions caritatives bénévoles ou en faveur de l’environnement.
17 janvier : les animaux s'invitent à l'église pour la Saint-Antoine
Animaux de la ferme, chiens, chats, oiseaux… c’est un peu l’arche de Noé qui se presse ce matin sur le parvis de l’église Sant’ Eusebio de Rome pour y être bénie chaque 17 janvier. Un peu partout dans le monde catholique, on bénit les animaux le jour de la Saint-Antoine.
Animaux de la ferme, chiens, chats, oiseaux, poissons rouges… c’est un peu l’arche de Noé qui se presse ce matin sur le parvis de l’église Sant’ Eusebio de Rome pour y être bénie chaque 17 janvier. En ce jour de la Saint-Antoine, les chevaux des carabiniers ainsi que les chiens de la Protection civile assistent aussi à la cérémonie qui se termine par une procession. C’est une tradition qui perdure depuis 1437, ce mardi les bénédictions ont lieu à 9h30, 11h30 et 18h30, puis, ce sera la messe de Sant'Antonio Abate.
Depuis quelques années, le Vatican organise une cérémonie concurrente une bénédiction des animaux sur la place Pie XII, après un défilé Via della Conciliazione organisé par l’Association italienne des éleveurs qui en profite pour faire connaître ses produits.
La bénédiction de San Antón aux animaux, le 17 janvier, est très populaire en Espagne et surtout à Madrid où elle est célébrée dans l'église de San Antón, rue de Hortaleza. On s’y presse dès 9 heures le matin, accompagné de son animal. Toujours à Madrid, à cinq heures de l'après-midi, a lieu la Vueltas de San Antón, une procession qui parcourt les rues environnantes. Beaucoup d'enfants viennent avec des chiens, des chats ou des cochons d'Inde dans leurs cages. Il n'est pas rare de voir même des iguanes ou des serpents. L'une des images les plus impressionnantes est peut-être celle des faucons de la Garde civile qui, perchés sur un bâton, à l'arrière de la camionnette ouverte et les yeux découverts, regardent le panorama. Dans le cortège participe un escadron à cheval de la police municipale, les unités canines de la police municipale, nationale et de la garde civile et les chiens guides ONCE.
À Mexico, ce 17 janvier, les animaux sont bénis à l’issue de chacune des messes dans la cathédrale : 9h30, 10h30, 12h, 13h et 18h. Dans la paroisse de San Miguel Arcángel Chapultepec, le père José Luis Ávalos bénit les animaux de compagnie à l'occasion de la fête liturgique de San Antonio abad.
Antoine le Grand serait mort le 17 janvier 356, à l'âge de 105 ans dit-on. Il est aussi le fondateur de l’érémitisme qu’il pratiqua en passant sa vie dans le désert égyptien, à proximité de la mer rouge. L’ordre des Antonins, corps hospitalier créé à la fin du XIe siècle, était connu pour élever des porcs utilisés pour nourrir les malades et les affamés. C’est de là que vient peut-être ce culte des animaux pratiqué le jour de sa fête. L’autre hypothèse est la découverte de sa tombe en 561 (200 ans après sa mort) grâce à deux léopards. On dit aussi que les démons qui l’assaillaient durant ses prières apparaissaient sous la forme d’animaux sauvages.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 janvier 2023
16 janvier : Martin Luther King Day / Robert E. Lee Day, les deux visages de l’Amérique
Ce jour férié fédéral, en hommage à Martin Luther King, est encore mal accepté dans les États du Sud et dans les milieux trumpistes qui continuent de célébrer le même jour, Robert E. Lee un général raciste du camp confédéré.
Chaque année, le troisième lundi de janvier, on célèbre aux États-Unis l’anniversaire du pasteur Martin Luther King Jr. (né le 15 janvier 1929). Figure de proue du mouvement afro-américain des droits civiques et le principal porte-parole de la désobéissance civile non violente. Il est notamment connu pour son discours de 1963 "I Have a Dream ». Le même jour, certains États du sud, ainsi que les partisans de Donald Trump célébrent Robert E. Lee, le général sudiste qui s’est battu contre l’abolition de l’esclavage des Noirs aux États-Unis.
Aussitôt après l’assassinat de Martin Luther King, le 4 avril 1963, une campagne a été lancée pour que soit institué un jour férié fédéral en faveur du pasteur, lauréat du prix Nobel de la paix. En 1979, un projet de loi en ce sens présenté par les démocrates n’a pas pu être voté. Finalement c’est à l’occasion du 20e anniversaire de sa mort que ce jour férié a été promulgué par le président Ronald Reagan, lequel pourtant avait toujours milité contre. Il est vrai que six millions de personnes avaient signé une pétition pour faire aboutir le projet. Après quelques atermoiements, la première journée Martin Luther King Jr. (Martin Luther King Jr. Day) a finalement été célébrée le 20 janvier 1986.
Beaucoup d’États ont été retissants. Certains, contraints de la mettre en place, l’ont l’appelé Journée des droits civils ou Journée des droits de l'homme au lieu de la nommer de son nom fédéral, abrégé en MLK Day. Ce n’est qu’en 2000, que la totalité des 50 États ont officiellement observé le troisième lundi de janvier comme la Journée Martin Luther King Jr. .L’Utah a été le dernier État à adopter le nom de Martin Luther King Jr. Day, tandis que la Caroline du Sud a été le dernier État à le reconnaître comme un jour férié chômé mais pour les seuls employés de l'État. #MLKDay
Enfin, ce même troisième lundi de janvier, des États du sud continuent de célébrer le Robert E. Lee Day, en hommage à un général confédéré (sudiste) qui s’est battu pour que l’esclavage ne soit pas aboli. Robert E. Lee est né le 19 janvier 1807. Il a dirigé une armée qui a mené une chasse aux Noirs américains libres et massacrés des soldats noirs de l'Union qui étaient faits prisonniers. Après la guerre, il a continué à lutter contre tout projet de donner des droits aux Noirs américains. Plusieurs États du vieux sud continuent rendre hommage à ce général raciste. Certains comme l’Alabama et le Mississippi, en le mettant sur même plan que Martin Luther King lors d’hommages qui ont lieu le même jour. L’Arkansas a cessé de le faire en 2017. D’autres États se sont contenté de déplacer la date : la Floride au 19 janvier (jour de son anniversaire) et la Géorgie au vendredi qui suit Thanksgiving. Quant au Texas, il a fait du 19 janvier le Confederate Memorial Day… Les élites blanches de ces États n’ont toujours digéré leur défaite de 1865 face aux soldats de l’Union venus leur imposer d’abolir l’esclavage des Noirs. Ce sont les mêmes États qui multiplient aujourd’hui les entraves au vote des Noirs afin de maintenir à leur poste les pires éléments du camp républicain.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 janvier 2023
Martin Luther King (1929-1963) lors de son discours historique de 1963
Le général Robert Edward Lee (1807-1870), icône de l’extrême droite américaine, a eu les honneur de la poste fédérale américaine.
15 janvier : c'est Pongal, la fête indienne des moissons
Particulièrement célébrée par les Tamouls, au sud de l’Inde et en diaspora, ainsi que par les Kéralais, la fête hindoue de Pongal est connue ailleurs en Asie sous d’autres noms…
Avant cette fête hindoue qui dure quatre jours, les extérieurs des maisons ont été repeints et décorés de kolams (en Inde du sud particulièrement), ces motifs géométriques dessinés à même le sol avec de la poudre de riz, enfin offrandes faites à Indra, roi des dieux et divinité des nuages et de la pluie. Demain, on cuisinera le sakkarai pongal à base de riz nouveau, de canne à sucre et de curcuma. Ce plat sucré a donné son nom à la fête, ponga (பொங்கல் ) signifiant « bouillir » (comme l’est le riz) en tamoul.
Vendredi sera entièrement dédié au bétail et aux animaux en général. Les vaches seront spécialement à l’honneur. Elles seront minutieusement lavées, puis décorées de fleurs et de guirlandes, puis nourries. Dans certaines régions, les jeunes filles donnent aux oiseaux des petites boules de riz colorées. Enfin, la tradition veut que l’on organise des courses de taureaux, voire des combats. Le dieu Ganesh et sa mère Parvati sont honorés ce même jour. Enfin, samedi, dernier jour de cette fête, sera l’occasion pour les plus jeunes de rendre hommage à leurs ainés qui les remercient, en retour, d’une pièce de monnaie ou d’une somme d’argent symbolique.
Particulièrement célébrée par les Tamouls, au sud de l’Inde et en diaspora, ainsi que par les Kéralais, la fête de Pongal est connue ailleurs sous d’autres noms : Lohri ( ਲੋਹੜੀ) au Penjab (où elle a débuté lundi dernier ) et en Haryana ; Bhogali Bihu dans l’Assam ; Makar Sankranti (मकरसङ्क्रमणम्e) en Uttar Pradesh, au Bihar et au Népal, ou encore Boghi en Andhra Pradesh.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 janvier 2023
14 janvier : la Thaïlande fête ses enfants… devenus de plus en plus rares
Aujourd’hui, la Thaïlande célèbre ses enfants. De nombreuses animations sont prévues pour eux dans tout le pays… La Thaïlande fait bien de choyer ses enfants car ils sont de plus en plus rares dans le pays. La natalité a baissé continuellement depuis un demi-siècle et a véritablement chuté depuis 2013. Les Thaïlandais n’ont plus d’enfants, aujourd’hui le taux de fécondité est tombé bien en dessous de la moyenne européenne.
Chaque deuxième samedi de janvier, la Thaïlande fête ses enfants, la journée est connue sous le nom de Wan Dek (วันเด็ก), ou Journée nationale des enfants (Thai: วันเด็กแห่ง ชาติ). Ce jour-là, les grandes institutions font portes ouvertes aux enfants, y compris le bureau du Premier ministre. Les musées organisent des animations, les transports sont gratuits dans les grandes villes. Un peu partout dans le pays, des spectacles leur sont proposés aux enfants. Même l’armée s’y met, dans ce pays dirigé par une junte militaire. Aujourd’hui les casernes sont ouvertes et les militaires connaissent généralement beaucoup de succès en exhibant leur armement aux jeunes visiteurs.
La Thaïlande fait bien de choyer ses enfants car ils sont de plus en plus rares dans le pays. La natalité a baissé continuellement depuis un demi-siècle et a véritablement chuté depuis 2013. Le taux de fécondité est tombé à 1,35 enfant par femme (en 2020), un taux bien en dessous de la moyenne européenne (1,5), et le chiffre de 2022 serait plus bas encore. Ce qui pose des problèmes démographiques majeurs. En 2023, un million de Thaïlandais vont arriver à la retraite (l’âge légal est de 60 ans) alors que selon les projections, le nombre de naissance devrait être de 500 000 tout au plus en 2023. Ce pays de 70 millions d’habitants compte déjà de graves pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs qui sont comblés par plus de 5 millions de travailleurs migrants, principalement d’origine birmane, cambodgienne et laotienne. Dans 10 ans les plus de 60 ans représenteront 28% de la population. La baisse de la natalité touche toute l’Asie, à commencer par la Chine, mais la Thaïlande est un des pays, avec la Corée du Sud et la Japon, à être le plus loin du remplacement de population qui est de 2,05 enfants par femme. C’est en 1991 que la Thaïlande est tombée en dessous de ce taux et depuis, le taux de fécondité n’a fait que baisser.
Les autorités semblent ne pas en avoir vraiment pris conscience. Comme chaque année, le Premier ministre, le général Prayut Chan-o-cha a dévoilé le slogan de la Journée nationale de l'enfant 2023 : « connaître le devoir, la discipline, poursuivre le bien ». Cette année, la ville de Bangkok a prévu d’organiser des événements sur deux semaines, du 6 au 22 janvier dans les deux musées pour enfants de la capitale, 34 centres de jeunesse et la bibliothèque de la ville de Bangkok.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
Le Premier ministre, le général Prayut Chan-o-cha, au milieu d’écolières
13 janvier : il y a 60 ans, Sylvanus Olympio était le premier président africain renversé et assassiné
Journée de deuil et de colère au Togo, le 13 janvier est la date du tout premier coup d’État militaire de l’histoire du continent africain. La victime est Sylvanus Olympio, président du Togo de 1961 à 1963, exécuté dans des circonstances troubles. Une affaire qui n’a jamais été élucidée. Les opposants au régime Gnassingbé profitent de cet anniversaire pour dénoncer une nouvelle fois la dictature familiale qui règne sur le Togo depuis 57 ans. Pendant plus de quatre décennies le 13 janvier a été un jour férié à la gloire du régime.
Le 13 janvier 1963 est la date du tout premier coup d’État militaire de l’histoire du continent africain. Le premier d’une longue série qui ne s’arrête pas. La victime en a été le président du Togo, Sylvanus Olympio, mort dans des circonstances étranges ce 13 janvier. Des soldats qui avaient combattu en Algérie étaient venus le chercher à son domicile où ils ne trouvèrent que son épouse. Le président leur avait refusé une intégration dans l’armée togolaise. On raconte qu’ils étaient venus pour se venger. Olympio, caché, leur échappa et parvient à se réfugier dans un véhicule garé dans l’enceinte de l’ambassade américaine qui jouxte sa résidence. Le lendemain tôt le matin, le 13 janvier 1963, les soldats sont revenus, ils ont extrait le président togolais de l’ambassade des États-Unis, qui n’était pas surveillée, pour l’exécuter devant le portail… selon la version officielle.
En vérité, on ignore tous les détails du déroulé des faits et de l’identité des commanditaires supposés. La famille demande toujours d’avoir accès aux archives officielles de la France qui restent inaccessibles à ce jour. On s’explique mal, également, pourquoi les États-Unis ne l’ont pas protégé, alors que Sylvanus Olympio, en froid avec Paris, était au contraire en très bons termes avec Washington. Les documents du Département d’État sur cette affaire ne sont déclassifiés qu’au compte-gouttes…
Le gouvernement français avait tout intérêt à sa disparition, on lui prêtait l’intention de quitter la zone du franc CFA et de se rapprocher du monde anglo-saxon. Sylvanus Olympio avait longtemps travaillé pour la compagnie anglo-néerlandaise Unilever. Il parlait allemand, anglais, français, portugais, yorouba. Pour le président De Gaulle et Jacques Foccart, son conseiller aux affaires africaines, ce dirigeant africain apparaissait comme totalement indomptable. N’avait-il pas déclaré à l’AFP juste après l’indépendance du Togo : « Je vais faire mon possible pour que mon pays se passe de la France. » ?
Sylvanus Olympio qui avait instauré un régime à parti unique avait été élu président en 1961 sans aucun adversaire. Plusieurs de ses opposants croupissaient en prison. Après son assassinat on a eu vite fait d’annoncer la mort d’un tyran. Certes, Olympio avait trahi la démocratie mais il avait une légitimité historique. En 1946, ce militant indépendantiste avait élu député et président pour 5 ans de la première assemblée représentative du Togo, après que son parti (le CUT Comité pour l’Unité Togolaise) a remporté la très grande majorité des sièges. En 1958, il est nommé premier ministre d’un Togo autonome, en attendant l’indépendance obtenue le 27 avril 1960.
Parmi les soldats venus le déloger et l’éliminer, figurait le sergent Étienne Eyadéma Gnassingbé. Il revendiquera son assassinat devant des journalistes français, puis se rétractera en 1992. Il est vrai qu’entre-temps, il était devenu président du Togo en renversant le successeur d’Olympio (1967). Eyadéma Gnassingbé restera 28 ans au pouvoir (jusqu’à sa mort en 2005) à la tête d’un régime de terreur qui aura malgré tout le soutient constant de la France. Son successeur n’est autre que son propre fils, Faure Gnassingbé qui se maintient au pouvoir jusqu’à aujourd’hui, de manière tout aussi autoritaire. La famille Gnassingbé règne en effet sur le pays depuis 1967.
Eyadéma Gnassingbé avait fait du 13 janvier un jour férié et chômé et décrété une Fête de libération nationale. Célébrée jusqu’en 2013, elle faisait l’objet d’un grandiose défilé civilo-militaire auquel assistaient plusieurs délégations étrangères dont la France et les États-Unis. Pour la famille Olympio et les adversaires politiques du clan Gnassingbé, le 13 janvier est un jour de deuil et de manifestations de protestation contre la dictature.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 janvier 2023
Ce timbre togolais est daté de l’indépendance, il n’était alors que Premier ministre
Ce timbre commémore une visite à Washington juste avant une rencontre avec le président De Gaulle, ce qui a beaucoup irrité Paris.
En 2012, la poste togolaise illustre les relations avec les présidents français successifs. On voit Eyadéma Gnassingbé avec De Gaulle, Mitterrand ainsi que Chirac et Faure Gnassingbé avec Sarkozy.
13 janvier : le Cap-Vert célèbre sa démocratie
Le Cap-Vert fête l’instauration de la démocratie, remplaçant un régime à parti unique, le 13 janvier 1991, l’année où la plupart des régimes marxistes ont dû se réformer. Le Cap-Vert dont on parle très peu est aujourd’hui le pays des alternances politiques pacifiques entre la droite et la gauche. Un pays de la bonne gouvernance en dépit des difficultés de cet archipel qui reste très pauvre. Il mérite des encouragements.
C’est le 13 janvier 1991 qu’ont eu lieu les premières élections démocratiques de l’histoire de ce petit pays insulaire situé au large de l’Afrique occidentale. Le pays a obtenu son indépendance en 1975 grâce à deux décennies de militantisme contre l’occupation portugaise de la part des membres du Parti africain pour l'indépendance du Cap-Vert (PAICV). Comme il était l’usage à l’époque de ma part des mouvements marxistes de libération nationale, le régime politique qui se met en place ne prévoit qu’un parti unique. Tout naturellement, ces partis remportent les élections faute d’adversaires politiques reconnus officiellement.
L’affaiblissement de l’URSS, le lointain parrain, va changer la donne. Plusieurs partis d'opposition cap-verdiens s’unissent pour former le Mouvement pour la Démocratie (MPD) en avril 1990 à Praia, et contestent la légitimité de l'élection présidentielle prévue pour décembre 1990. Finalement, le système à parti unique est officiellement aboli le 28 septembre 1990, et les premières élections libres ont lieu le 13 janvier 1991. En même temps, le Cap Vert connaît sa première alternance politique puisque le MPD remporte largement ces élections avec 73% des suffrages. C’est cet anniversaire qui est célébré chaque 13 janvier comme la Journée de la liberté et de la démocratie (Dia da liberdade e democratia), un jour férié que les Cap-verdiens appellent aussi le Dia D (D comme démocratie).
Le 13 janvier 1991, António Monteiro (MPD) a remplacé le président Aristides Pereira en place depuis l’indépendance. Le pays va ensuite connaître d’autres alternances. Déjà en 2001, avec l’élection à la présidentielle de Pedro Pires (PAICV). Puis à nouveau en 2011, avec le retour au pouvoir du MPD. En 2021, on assiste à l’élection de José Maria Neve (PAICV), le président actuel, lequel doit finalement cohabiter avec José Maria Neve (MPD), reconduit à la tête du gouvernement… ainsi va la démocratie du Cap-Vert, le pays des alternances pacifiques régulières entre une droite (démocrate-chrétienne) et une gauche (social-démocrate). Un pays de la bonne gouvernance en dépit des difficultés économique et climatiques de cet archipel qui reste très pauvre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 janvier 2023
11 janvier : les Népalais célèbrent le 300e anniversaire du fondateur du pays
Au Népal on célèbre Prithvi Narayan Shah, né le 11 janvier 1723. C’est lui qui a créé le Royaume du Népal au milieu du XVIIIe siècle en réunissant une vingtaine de petits États. Il a également fondé une dynastie qui a régné sur le pays jusqu’en 2008. Aujourd’hui, le Népal est gouverné par une coalition de partis antimonarchistes, qui s’est finalement résolue, avant-hier, à faire cet anniversaire un jour férié.
Prithvi Narayan Shah est né le 11 janvier 1723. C’est lui qui a créé le Royaume du Népal au milieu du XVIIIe siècle en réunissant une vingtaine de petits États. Il a également fondé une dynastie qui a régné sur le pays jusqu’en 2008.
Prithvi est un héros national, pourtant la célébration officielle de cet anniversaire n’était pas acquise, la décision de faire de ce 11 janvier un jour férié ayant été prise seulement… avant-hier. Ce jour a été férié au Népal de 1951 à 2006. Il a été supprimé lors de la révolution anti monarchiste qui a privé le dernier roi de ses pouvoirs et organisé la transition vers une république démocratique. Celle-ci a été instaurée le 28 mai 2008.
Mais, ce jour férié ayant été aboli, le district de Gorkha avait aussitôt proclamé une célébration locale en l’honneur de celui qui avait été son monarque. Prithvi Narayan Shah étaient, en effet, à la tête de ce petit royaume quand il s’est lancé à la conquête de la vingtaine de petits États qui, une fois réunis vont former, en 1768, le Royaume du Népal. À l’époque où le 11 janvier était férié, cette date était connue comme le Jour de l’Unité (नेपाल एकीकरण दिवस).
Il faut dire que cette dynastie d’une incroyable longévité (1768-2008) s’est particulièrement mal terminée. Birendra, l’avant-dernier roi, est mort assassiné en 2001 lors d’un banquet en même temps que la reine, ses enfants, et une bonne partie de la famille. L’auteur du massacre n’était autre que le prince héritier, fils aîné du roi, qui participait au dîner et se suicidera. Très opportunément, Gyanendra, le frère du roi était absent du Palais. C’est lui qui va hériter du trône mais avec le soupçon d’avoir inspiré le massacre. Sitôt devenu roi, Gyanendra a suspendu le Parlement et rétabli une monarchie absolue (le Népal était une monarchie constitutionnelle depuis 1990). Tout cela s’est terminé par une révolution démocratique qui a éclaté en 2006... Malgré tout, cela n’empêche pas une partie des Népalais de rester nostalgique de la monarchie et de militer pour sa restauration. Chaque 11 janvier, pour le Prithivî Jayanti (l’anniversaire du fondateur), les monarchistes organisaient des célébrations, interdites par le nouveau pouvoir, ce qui provoquait des manifestations qui tournaient régulièrement à l’émeute.
Cette année, pour le tri centenaire du fondateur de la nation, la coalition gouvernementale (gauche extrême gauche très antimonarchique) a finalement cédé à la pression populaire qui, d’ailleurs, dépasse largement le cercle des agitateurs royalistes, et accepté de pour célébrer officielement l’événement. Le caractère annuel de ce jour férié, le 27 Poush du calendrier Népalais, qui tombe ce 11 janvier sera-t-il rétabli pour en faire une célébration nationale indépendante de la forme du régime politique ?
Prithvi Narayan Shah (पृथ्वी नारायण शाह), le fondateur du "grand" Népal, est né en 1723 à Gorkha c’était le fils du roi Nara Bhupal Shah et de sa seconde épouse, la reine Kaushalyawati. Après la mort de son père, Prithvi Narayan Shah monta sur le trône de Gorkha à l'âge de 20 ans le 3 avril 1743. Avant que ne commence la campagne d'unification, le Népal était divisé en une juxtaposition de petits royaumes au nombre de 22 et 24 États selon les époques, affaiblis par des rivalités internes et d’incessantes batailles entre eux.
Ayant créé le Népal (du sanskrit nipalaya qui signifie « au pied des montagnes »), Prithvi a fait de Katmandou la capitale du royaume du Népal mais tout en continuant à résider à Gorkha. Longtemps le Népal a continué à être appelé le royaume Gorkha, d’où l’attachement de la population de cette ville à la figure de Prithvi. Le gorkhalî, proche du hindi est devenu la langue commune du Népal sous le nom de népalî .
Prithvi Shah avait également surnommé le Népal « l'Asal Hindustan », ce qui signifie « la vraie terre des hindous », car le nord de l'Inde actuelle était à l’époque gouverné par les Moghols (des musulmans). Il a également conseillé aux Népalais de « ne jamais quitter le dharma traditionnel de leurs ancêtres ». Autrement dit, il a fermé le pays pour deux siècles, coupant le Tibet de tout contact avec l’Inde. Le Népal est resté fermé aux étrangers jusqu’en 1951.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 janvier 2023
Prithvi Narayan Shah, fondateur du Népal
Gorkha, départ de la marche au flambeau, le 9 janvier, pour arriver à Katmandou le 11 janvier
Manifestation royaliste devant la statue de Prithvi Shah, décorée de fleurs
10 janvier : jour férié au Bénin pour célébrer le vaudou
Danses au son des tambours rituels, invocations par les grands-prêtres de leurs esprits tutélaires, scènes de transes... Des milliers d'adeptes se pressent chaque année sur la plage de Ouidah au sud du Bénin mais, aussi à Grand Popo et dans beaucoup de villes et villages du pays pour cette fête du vaudou, devenu un événement international, unique au monde.
Danses au son des tambours rituels, invocations par les grands-prêtres de leurs esprits tutélaires, scènes de transes... Des milliers d'adeptes se pressent chaque année, le 10 janvier, sur la plage de Ouidah au sud du Bénin mais, aussi à Grand Popo et dans beaucoup de villes et villages du Bénin pour ce jour (férié) de la Fête du vaudou (fête du vodoun).
On arrive en masse ici des pays voisins, Togo, Nigéria, Ghana mais aussi du Brésil, des Antilles, des États-Unis depuis 1993, date de son institution comme fête officielle par le président Nicéphore Soglo. Il y a 30 ans, le pays sortait de deux décennies d’un régime marxiste-léniniste sous la férule de Mathieu Kérékou arrivé au pouvoir en 1972 après un coup d’État. Une véritable chasse aux sorcières avait alors été lancée contre les pratiquants de ce culte (vodounon) et leurs adeptes (vodounsi) qui n’épargna pas non plus les catholiques et les musulmans. Si le vaudou n’a pas disparu, durant ces deux décennies, sa pratique demeurait clandestine et dangereuse.
Venu du Nigeria et apparu dès la fin du XVIe siècle à la frontière du Bénin et du Togo actuel, le vaudou sera diffusé via la traite des esclaves dans le reste du monde. Le vaudou haïtien, le candomblé au Brésil, la santeria à Cuba, le quimbois dans les Grandes Antilles… en sont les héritiers. Des représentants de ces pays viennent chaque année participer à cette fête internationale du vaudou, unique au monde.
Le vaudou est de nos jours, pratiqué par les deux tiers des populations togolaise et béninoise, par ailleurs rattachés à une Église officielle, catholique ou musulmane dans un syncrétisme qui semble naturel ici. Pour ceux qui ne pratiquent pas, cette fête du 10 janvier est avant tout une célébration culturelle, voire identitaire. La majeure partie de la population béninoise est aujourd’hui attachée à cette Journée nationale des cultes (son nom officiel) qui n’en est à 30e édition et qui se déroule dans plusieurs villes du pays. La Fête du Vodoun, donne incontestablement au Bénin, une aura internationale dont le Togo entend profiter aussi en proposant, lui aussi, une fête qui s’est déroulée samedi dernier.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 janvier 2023
9 janvier : l’Inde célèbre sa diaspora
Chaque 9 janvier, une fois tous les deux ans, le gouvernement indien organise la Journée de la diaspora indienne. La date choisie commémore le retour du Mahatma Gandhi en Inde, le 9 janvier 1915, après vingt années passées en Afrique du Sud. Mais le but de cette journée est surtout d’encourager des Indiens du monde entier, de préférence des entrepreneurs et des décideurs, à renouer avec leurs racines et à travailler pour leur pays d’origine.
Chaque 9 janvier, une fois tous les deux ans, le gouvernement indien organise la Journée de la diaspora indienne, connue sous son officiel en hindi : Pravasi Bharathya Divas (प्रवासी भारतीय दिवस). La date choisie commémore le retour du Mahatma Gandhi en Inde, le 9 janvier 1915, après vingt années passées en Afrique du Sud.
La diaspora indienne n’est pas numériquement très importante, compte tenu de la taille du pays (une vingtaine de millions de personnes), mais elle est ancienne. Elle a pris une dimension mondiale grâce à l’administration coloniale britannique qui a envoyé des Indiens partout où eux-mêmes s’étaient établis : Afrique (Afrique du Sud, Tanzanie…), Caraïbes (Suriname, Trinité et Tobago…), Océan indien (Maurice, Sri Lanka), extrême orient (Malaisie surtout, Birmanie, Singapour), Pacifique (Fidji…) et au Royaume-Uni. Ils se sont ensuite établis massivement dans d’autres pays comme les États-Unis, l’Arabie saoudite (les deux premières communautés au monde), EAU, Canada, Oman…
La plupart de ces travailleurs sont des hindous appartenant à des basses castes rurales, les autorités de l’Inde indépendante s’en sont longtemps peu préoccupées. Même si le gouvernement a créé en 1973 la catégorie fiscale des NRI (Non-Resident Indians) pour éviter une double imposition aux émigrés indiens à qui Constitution indienne ne permet pas la double citoyenneté, il faut attendre les années 2000 pour que l’Inde, en particulier la droite nationaliste actuellement au pouvoir, prenne conscience des opportunités que peut offrir une diaspora. Des Indiens ayant un rôle politique ou économique non négligeable dans au moins une vingtaine d’États, il convenait de les mobiliser.
En 2000, est créé la Haute Commission de la Diaspora Indienne et le 9 janvier 2003 est organisé la première convention Pravasi Bharatiya Divas (PBD) pour marquer la contribution de la communauté indienne d'outre-mer au développement de l'Inde. Les premières années, l’événement avait lieu tous les ans, puis devant la lourdeur de l’organisation, on est passé à une année sur deux. Vingt ans après la première, la 17e Convention PBD se tient du 8 au 10 janvier 2023 à Indore, dans l’État du Madhya Pradesh. Le thème de cette édition est « Diaspora : partenaires fiables pour le progrès de l'Inde à Amrit Kaal ». (En terme spirituel, « Amrit Kaal » est la meilleure période pour démarrer toute nouvelle entreprise). PBD est l’occasion de réunir des entrepreneurs et des décideurs du monde entier que l’on invite à se reconnecter avec leur pays d’origine et à travailler pour lui.
Hier, 8 janvier, le ministre des Affaire extérieures a rencontré les jeunes pravasi pour les encourager à renouer avec leur racine. Aujourd’hui, c’est la journée la plus importante, le Premier ministre Narendra Modi a fait le déplacement pour rencontrer des Indiens d'outre-mer qui ont été sélectionnés. Certains sont même honorés du prestigieux prix Pravasi Bharatiya Samman, décerné chaque 9 janvier.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 janvier 2023
Premier ministre Narendra Modi entouré de personnalités de la diaspora.
En 2015, le centenaire du retour du Mahatma Gandhi sur le sol indien après plus de vingt ans passés en Afrique du Sud, fut célébré le 9 janvier à Gandhinagar, la « ville de Gandhi » et capitale de l’État du Gujarat, dans le cadre des journées PBD.
8 janvier : sur London Bridge, la bénédiction de la Tamise
Ce matin, le clergé de l’église St Magnus le Martyr et de la cathédrale de Southwark dont les paroisses se partagent le London Bridge, procède à la bénédiction de la Tamise, le fleuve qui traverse Londres. Une coutume récente qui s’inspire des pratiques des Églises orthodoxes.
Ce matin, le clergé de l’église St Magnus le Martyr et de la cathédrale de Southwark dont les paroisses se partagent le London Bridge, procède à la bénédiction de la Tamise (Blessing of the Thames), le fleuve qui traverse Londres. Le rendez-vous est fixé à 12h20 dans Lancelot’s Link, qui se trouve près de l’entrée de la cathédrale. La procession, ouverte à tous, se dirige ensuite vers le milieu du pont où a lieu la cérémonie.
On commence par des lectures canoniques, le Psaume 46 et des prières pour ceux qui vivent et travaillent sur la Tamise, notamment ceux du Bridge House Trust, du port de Londres, de la police fluviale et ceux qui sont morts dans le fleuve, en particulier ceux qui ont mis fin à leurs jours dans les eaux de la Tamise. Une prière est également prévue pour les victimes des deux attentats islamistes qui ont été perpétrés sur ce pont en 2017 et 2019. L’évêque anglican invoque ensuite la grâce du Saint-Esprit descendant sur le Jourdain. Un brûleur d'encens se balançant, pendant plusieurs minutes, puis on jette une croix de bois dans les eaux en contrebas, celle-ci est bientôt emportée vers la mer. De l’autre côté du pont on entend sonner les cloches de l’église St Magnus, située sur l’autre rive.
Ce baptême de la Tamise qui s’inspire d’une coutume des Églises orthodoxes de lancer une croix dans l'eau comme symbole du baptême du Christ qui est célébré le dimanche qui suit l'Épiphanie. À Londres, le n’est pas une tradition très ancienne. N’imaginez pas qu’elle avait lieu au Moyen Âge sur le vieux pont en bois, c’est une invention du XXIe siècle . En 2009, on avait célébré le 800e anniversaire de l’ancien pont en pierre (remplacé en 1973 par un pont en béton) et une bénédiction avait été prévue. Il fut décidé de procéder à une cérémonie chaque année, le dimanche qui suit le 6 janvier.
Pour les amateurs de bénédictions, il existe aussi une célébration comparable en été, le deuxième dimanche de juillet, plus en amont sur la Tamise, à Teddington. Une tradition encore plus récente, puisque la première a eu lieu en 2017.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 janvier 2023
7 janvier : le Ghana, les 30 ans d’une démocratie africaine
Il y a trente ans, le 7 janvier 1993, une nouvelle constitution entrait en vigueur au Ghana. Elle a permis l'installation d'une démocratie stable, faisant du Ghana un modèle dans une région souvent secouée par des putschs. Le pays célèbre discrètement son Constitution Day. L’évènement mériterait d’être un peu plus médiatisé, au moins pour faire taire ceux qui pensent que l’Afrique et la démocratie ne vont pas ensemble.
Il y a trente ans, le 7 janvier 1993, une nouvelle constitution entrait en vigueur au Ghana. Inspirée du modèle français, elle a permis l’instauration d’un système démocratique unique sur le continent africain. Cette constitution garantit les libertés individuelles, la liberté d’expression, le pluralisme politique et l’indépendance du système judiciaire, autant d’éléments clefs d’un système démocratique. Son texte a été soutenu par toutes les forces politiques du pays et a été approuvé fin 1992 à 92 % des voix. Le Ghana connaît depuis des alternances politiques pacifiques qui ont chaque fois lieu le 7 janvier. Deux partis dominent la scène politique ghanéenne : le Nouveau Parti patriotique (NPP, droite libérale-conservatrice) actuellement au pouvoir et représenté par le président Nana Akufo-Addo qui termine son second mandat, et le Congrès démocratique national (NDC, social-démocrate) de l'ancien président John Mahama. La prochaine élection présidentielle aura lieu en fin d’année 2024 et la prochaine passation de pouvoir se déroulera le 7 janvier 2025, car constitutionnellement l’actuel président ne peut pas se représenter. C’est lui qui avait décidé, en 2018, de faire du 7 janvier un jour férié. On célèbre donc aujourd’hui le 5e Constitution Day.
Cette quatrième constitution du pays, qui instaure donc la quatrième république du Ghana qui fête aujourd’hui ses 30 ans, a été voulue par Jerry Rawling, un ancien militaire putschiste. Auteur de deux coups d’État militaires, en 1979, puis en 1981, il avait instauré un régime autoritaire avant de se convertir à la démocratie et au multipartisme (en 1992). C’est lui qui a organisé le référendum constitutionnel, sur les recommandations d’un comité de neuf juristes, lesquels ont tiré les leçons des échecs des constitutions des trois régimes précédents (1957, 1960, 1969). Cette constitution s’inspire de la cinquième république française, avec un président et un premier ministre, un conseil d’État et un parlement. Elle a permis l'installation d'une démocratie stable, faisant du Ghana un modèle dans une région souvent secouée par des putschs et des crises post-électorales. Comme quoi, il n’y a pas de fatalité, le Ghana est comme ses voisins une mosaïque d’ethnies avec un clivage religieux, des musulmans au nord, des chrétiens au sud… Ces divisions ne sont pas instrumentalisées par la classe politique comme chez ses voisins. Le pays vit aujourd’hui une situation économique difficile au point d’avoir été secouru par le FMI, la préparation des élections de décembre va sans doute agiter le pays… La presse internationale devrait s’intéresser un peu plus souvent au Ghana. Ce pays peut inspirer le continent, ce serait bien d’en parler, au moins pour faire taire ceux qui pensent que l’Afrique et la démocratie ne vont pas ensemble.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 janvier 2023
Mise à jour 2024 : le 8 décembre, Mahamudu Bawumia (Nouveau Parti patriotique) reconnaissait sa défaite électorale à la présidentielle, face à John Dramani Mahama (Congrès national démocratique), élu président du Ghana avec 56% des voix, un poste qu’il avait occupé de 2012 à 2017. Depuis l’avènement de la IVe république, toutes les alternance politique se sont déroulées de manière pacifique.
6 janvier : les Arméniens fêtent la Théophanie, improprement assimilée à Noël
Les Arméniens célèbrent le même jour la nativité et le baptême du Christ. Cette fête, comme chez les orthodoxes, est appelée Théophanie. Elle est, en fait, beaucoup importante que Noël.
Les Arméniens ne fêtent pas véritablement Noël. Les chrétiens des premiers temps ne se préoccupaient pas de la date de naissance du Christ dont on ignore tout, même l’année précise. Seule la date de son baptême était célébrée, l’Épiphanie, placée le 6 janvier. L’Arménie est le premier État à avoir adopté le christianisme de manière officielle, en 301. La fête de Noël n’avait pas encore été inventée. Elle le sera à Rome, au milieu du IVe siècle, et placé le 25 décembre pour remplacer des cultes païens.
C’est en octobre 451, lors d’un concile réuni à Chalcédoine (Kadıköy, aujourd’hui, un quartier de la rive asiatique d'Istanbul) que la fête de la nativité et celle du baptême du Christ ont été définitivement séparées. Il fut décidé que désormais, on fêterait Noël et l’Épiphanie à des dates distinctes (25 décembre et 6 janvier). La seconde des deux fêtes étant, à l’époque, de loin la plus importante. Or, l'Église apostolique arménienne n'a pas pu participer à ce concile. Les Arméniens venaient d’être écrasés par les Perses à la bataille d’Avarayr (ou Vartanantz, mai 451). Constantinople avait refusé de leur venir en aide.
Les Arméniens n’ont pas adopté les décisions de ce concile, auquel ils n’étaient sans doute pas invités. La plus importante portait sur la nature du Christ dont il avait été décidé de faire « une seule personne en deux natures ». Une autre conséquence est que les Arméniens continuent de célébrer le même jour la nativité (Ծնունտ) et le baptême du Christ. Cette fête, comme chez les orthodoxes, est appelée Théophanie (աստվածահայտնություն).
En Arménie, les plus religieux observent un jeûne de sept jours qui se termine le soir du 5 janvier par un repas léger, le khetum ('Խթում’). Un repas plus riche, à base de poisson et de riz pilaf aux raisins secs est préparé pour le lendemain. Les Arméniens éclairent leurs maisons et leurs églises avec des bougies pour illuminer la fin des jours sombres et des longues nuits. Pour la Théophanie, le matin du 6 janvier, le prêtre plonge la croix dans l'eau, qui est censée symboliser la descente de Jésus-Christ dans le Jourdain pour le baptême, et verse de la myrrhe dessus. Ensuite, les fidèles s'avancent pour embrasser la croix. La plupart de ceux qui assistent à la liturgie du matin rapportent de l'eau bénite chez eux parce qu'ils croient en sa capacité à guérir les maux physiques et spirituels.
Demain, 7 janvier, les Arméniens fêteront leurs morts.
À Jérusalem et à Tiflis (Tbilisi, en Géorgie), où l’Église arménienne est restée fidèle au calendrier julien, la Théophanie sera célébrée le 19 janvier du calendrier grégorien.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 janvier 2023
Pour en savoir plus sur l’Église arménienne lire Géopolitique de l’Arménie
6 janvier : le Festival marron de la Jamaïque
Chaque 6 janvier, les Marrons jamaïcains organisent un grand festival. Ces descendants d’esclaves évadés célèbrent cette année le 285e anniversaire d’un accord, arraché aux colons anglais, qui légalisait leurs villages et leur attribuait des terres. Certains de ces villages existent toujours, l’un d’eux organise la fameuse Fête marron.
Le 6 janvier de chaque année, les Marrons jamaïcains organisent un grand festival pour célébrer leur culture. Les Marrons, ce sont les esclaves évadés qui sont parvenus à s’établir dans un coin reculé du pays pour y fonder des villages demeurés indépendants pendant toute l’époque coloniale. Leurs descendants cultivent aujourd’hui des spécificités culturelles mises en avant par lors de cette Fête marron (Maroon Festival). La célébration a lieu dans la localité historique marron d'Accompong, au son de chants, danses, et jeux de tambour traditionnels.
Le marronage a été une réalité dans toute l’Amérique esclavagiste. La Jamaïque a connu des circonstances qui lui ont été favorables. De nombreux esclaves amenés par les Espagnols ont obtenu la liberté lors de l'invasion britannique en 1655. Ils ont établi des communautés libres dans les montagnes et ont parfois attaqué des plantations des colons.
C’est la raison pour laquelle les Britanniques ont enclenché une première Guerre des Marrons en vue d’éliminer ces anciens esclaves devenus libres mais sans y parvenir en raison de la résistance des communautés les plus organisées. L’un des chefs marrons jamaïcains les plus célèbres était Cudjoe, également connu sous le nom de capitaine Cudjoe ou Kojo. Il était le fils de Naquan, un prince africain déporté de l’actuel Ghana en Jamaïque vers 1640 et qui avait soulevé les esclaves de la colonie formant l’une des premières communautés de marrons, alors que l’île était encore espagnole.
Harcelé pendant 40 ans par les Anglais, Cudjoe non seulement ne fut jamais vaincu, mais il mena régulièrement des offensives contre des plantations pour libérer les esclaves. Il terrorisa les colons britanniques au point de faire rembarquer nombre d’entre eux en Angleterre. Faute de pouvoir le vaincre, le gouverneur de la Jamaïque, Edward Trelawney, dut se résoudre à signer un traité avec lui, le 1er mars 1739, reconnaissant les Marrons comme un peuple autonome et leur concédant une petite partie du territoire de la colonie.
Aujourd'hui, quatre de ces villes marrons existent encore en Jamaïque : Accompong Town, Moore Town, Charles Town et Scott's Hall. Elles détiennent des terres qui leur ont été attribuées dans les traités de 1739-1740 avec les Britanniques.
C’est à Accompong Town (du nom du frère de Cudjoe), située dans un coin peu accessible de la région de St-Elisabeth qu’est organisé chaque 6 janvier, le Maroon Festival dans le but de commémorer l’accord signé avec les Anglais il y a 285 ans. Comme, il a lieu en début d’année, il fait aussi figure de « Nouvel An Maroon ». Les autres Jamaïcains et les touristes sont autorisés à assister à bon nombre des événements de ce festival, essentiellement musicaux et gastronomiques. D'autres célébrations considérées comme sacrées sont tenues secrètes et restent entourées de mystère. Le chant, la danse, le jeu du tambour et la préparation d'aliments traditionnels sont au cœur du rassemblement. Une marche traditionnelle, notamment, conduit vers le légendaire arbre de Kindah, où un « porc maroon » est cuit et consommé. La fête dure ensuite toute la nuit, jusqu’à l’aube.
La Jamaïque célèbre aussi parmi ses héros : Nanny of the Maroons, dite la reine Nanny, qui pris la tête au XVIIIe siècle d’un groupe d’esclaves marrons défendant leurs liberté. D’autres pays se souviennent du marronage. C’est le cas du Suriname et du Brésil.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 janvier 2023
5 janvier : les Italiens, petits et grands, attendent la Befana
Ce soir, en Italie, on conseille aux enfants laisser en évidence une chaussette, décorée de préférence, dans l’espoir que la Befana, une sorcière bienveillante, y déposera quelques bonbons et surtout des cadeaux. Une tradition en lien avec l’Épiphanie, fêtée le lendemain, et avec des cultes païens qui remontent au moins à l’époque romaine.
Ce soir, en Italie, on conseille aux enfants laisser en évidence une chaussette, décorée de préférence, dans l’espoir que la Befana y déposera quelques bonbons et surtout des cadeaux. Pour la remercier, on déposera près de la chaussette, une mandarine ou quelques biscuits. Autrefois, on prévoyait même une assiette de soupe. En effet, selon la légende, la Befana munie d’une hotte, à califourchon sur son balai, va de toit en toit pour distribuer des présents aux enfants en cette nuit du 5 au 6 janvier. Mais, cette gentille sorcière est aujourd’hui de plus en plus supplantée par le Père Noël.
Jusqu’aux années 1960, dans une bonne partie de l’Italie, c’était le matin de l’Épiphanie que les enfants découvraient leurs cadeaux et non le matin de Noël. Il fallait donc s’y préparer la veille, le soir du 5 janvier. Cette coutume était très présente à Rome et dans toute l’Italie centrale et septentrionale, même si dans d’autres régions, comme en Vénétie, c’était la nuit, précédant la Sainte-Lucie, le 13 décembre qui jouait ce rôle. Ou encore, celle qui précédait la Saint-Nicolas, le 7 décembre, dans les régions proches de l’Autriche… Mais la popularité mondiale du Babo Natale (le Père Noël) a eu raison de la bonne sorcière. Il est vrai que le soir du 24 décembre arrive avant celui du 5 janvier, l’impatience des enfants aidant.
La tradition a tout de même survécu. Le gros des cadeaux a déjà été offert, mais en Italie, on garde toujours quelque chose censé être déposé dans la nuit du 5 au 6 janvier, comme en Espagne, où le même jour, on raconte aux enfants que ce sont les Rois mages qui leur ont apporté des cadeaux. À Rome, règne toute une ambiance festive tout au long de la journée du 5 janvier. Autrefois, le cœur de la fête était situé autour de la piazza Sant’Eustachio, aujourd’hui, c’est place Navonne bien plus vaste que se tient le principal marché de Noël de la capitale. On y trouve des stands pour adultes et enfants, remplis de friandises, de jeux et d’objets artisanaux, en bien sûr les fameuses chaussettes à déposer le soir même, près de la cheminée si on en a une. Attention, pour les enfants qui n'ont pas été gentils, la Befana remplit les chaussettes de charbon ! Pour avoir un avant-goût de ce que l’on risque on pourra goûter ce charbon sur le marché de Noël. Il s'agit bien sûr de sucre noir comestible ou des morceaux de réglisse qui ressemble à du charbon. L'icône de la petite vieille est présente partout, dans les vitrines des magasins, les publicités… On vend des déguisements, avec les fameux balais de sorcière et même des poupées de la Befana avec les yeux qui clignotent !
L’Église a bien tenté de résister au Père Noël en racontant que c’était le Gesu Bambino (le Petit Jésus) qui apportait les cadeaux. La Befana elle-même a dû être raccrochée à une fête : l’Épiphanie (Befana est d’ailleurs une déformation populaire du nom de la fête). On raconte alors que les Rois mages, avançant sur la route de Bethléem pour offrir des cadeaux à l’Enfant Jésus, demandèrent leur chemin à une vieille femme. Alors qu’ils lui demandèrent de les guider, la vieille dame refusa. Mais rapidement, elle fut prise de remords et pour se faire pardonner, elle prépara un panier rempli de petits gâteaux et de fruits secs et parti à leur recherche. Comme elle ne retrouva jamais la caravane des Rois mages, elle s’en alla de maison en maison distribuer ses friandises aux enfants.
Des bonnes fées survolant les maisons et les champs existaient déjà dans l’Antiquité romaine, elles s’appelaient Diane, Satia ou Abundia. Leur passage célébrait la renaissance de la nature en vue du printemps. Elles survolaient les champs cultivés pour favoriser leur fertilité. Selon les cultes païens, c’est la douzième nuit après le solstice d’hiver, que la mort et la renaissance de la nature étaient célébrées à travers Mère Nature. À partir du IVe siècle l’Église a intégré tous ces cultes dans sa propre tradition. C’est ainsi que Noël et L’Épiphanie ont été placés sur le calendrier religieux. Cette nuit du 5 au 6 janvier sera la dernière de celles que l’Église appelle les Douze nuits de Noël. Et la déesse Diane est devenue la Befana. Une figure de femme moins idéalisée, il est vrai. Demain matin, à partir de 10h, aura lieu le traditionnel défilé « Viva la Befana », sur Via della Conciliazione (l’avenue qui conduit au Vatican). Des décors et des costumes colorés sont conçus chaque année par une ville différente pour représenter l’universalité de l’Épiphanie, sous forme à la fois religieuse et folklorique. Cette année c’est la ville ombrienne de Foligno, qui fera défiler de mille personnages costumés avec la célèbre Giostra della Quintana, des porte-drapeaux, des fanfares, des majorettes, des butteri, des chevaux et des décors originaux.
En provinces, il y a des variantes , comme dans la province de Grosseto, où des hommes, les befani (sur l’île d’Elbe, ils s’appellent befanotti), accompagnent les befana dans les rues des villages pour interpréter des chants traditionnels de la Maremme. À Venise, se déroule la 45e Befana Regatta, au cours de laquelle des concurrents habillés en Befana, s’affrontent à coups d’avirons sur le Canal Grande, vêtus de jupe, châle en laine, bonnet et foulard sur la tête. Dans les régions germaniques du Nord, toutefois, elle est en concurrence avec Berchta.
Même la politique s’en est mêlée. En 1928, Mussolini avait institué des célébrations autour d’une « Befana fasciste », en encourageant la distribution de cadeaux aux enfants pauvres. En 1929, dans le Tessin (Suisse) et dans les cercles de l’émigration antifasciste italienne, on a célébré un « Befana rouge » jusque dans les années 1970.
Ainsi se termine en Italie la séquence des fêtes de fin d’année. « L’Epifania tutte le feste si porta via ! »
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 janvier 2023
Aujourd’hui, sous l’influence d’Halloween, la Befana a troqué dans l’iconographie, son traditionnel fichu pour un chapeau pointu.
4 janvier : la Birmanie célèbre le 75e anniversaire de son indépendance
Le Jour de l’indépendance (obtenue le 4 janvier 1948) est célébré cette année dans une ambiance hautement sécuritaire. La Birmanie est dirigée depuis près de deux ans par une junte qui a étouffé toute tentative de démocratisation. Aung San Suu Kyi, la propre fille du père l’indépendance, égérie des démocrates, a été condamnée à 33 ans de prison. Triste anniversaire de l’Union birmane, rebaptisée Myanmar par les militaires.
Le Jour de l’indépendance (လွတ်လပ်ရေးနေ့) est célébré chaque année par un jour férié depuis que le 4 janvier 1948, l’Union de Birmanie devenait un État indépendant après six décennies d’occupation du pays par les Britanniques, excepté de 1942 à 1945, époque où ils ont été remplacés par les Japonais. C’est, d’ailleurs, cette époque d’occupation japonaise qui a permis aux indépendantistes birmans de s’affirmer et de s’organiser. Leur leader, Aung San nationaliste, révolutionnaire et fondateur de l'Armée de l'Indépendance de la Birmanie, a entamé des négociations avec les Britanniques. En 1947, il est devenu vice-président du Conseil exécutif de Birmanie mais il ne verra pas l’indépendance du pays car il a été assassiné le 19 juillet 1947. Aung San reste dans les mémoires comme le père de l’indépendance, mais les autorités actuelles se gardent bien de le mettre en avant. Au contraire, le chef de la junte birmane Min Aung Hlaing rend hommage, ce 4 janvier, au premier dictateur post-indépendance, le général Ne Win et à ses successeurs, le général Sein Lwin et le général en chef Saw Maung. Cette année, il remet à Daw Khin Sandar Win, la fille de Ne Win, les décorations de son père. Ne Win avait pris le pouvoir lors du coup d'État du 2 mars 1962 et provoqué la descente du pays dans la liste des pays les moins avancés du monde, rebaptisé Myanmar par la junte.
Depuis le coup d’État militaire de février 2021, la Birmanie est dirigée par une junte qui s’est acharnée contre celle qui lui apparaissait comme la principale opposante à la dictature militaire : Aung San Suu Kyi, la propre fille de de Aung San. Celle-ci, âgée de 77 ans, croupit actuellement dans une prison de Naypyidaw, le plus souvent à l'isolement. Accusée de multiples crimes imaginaires, elle cumulait plus de 26 ans de condamnation. La semaine dernière, 7 années supplémentaires viennent de lui être rajoutées dans le cadre d’un procès à hui clos totalement inique.
La commémoration du 4 janvier se déroule cette année dans une ambiance hautement sécuritaire, la junte militaire craignant des manifestations de militants pro démocratie. En 2022, des installations militaires de Rangoon, la principale métropole et Naypyidaw, la capitale, avaient été visées par les opposants. Les cérémonies se tiennent cette année pour l’essentiel dans le Palais présidentiel, il s’agit notamment de remises de médaille aux collaborateurs les plus fidèle du régime. En 2022, Min Aung Hlaing avait remis 1 290 titres et médailles le jour de l'indépendance.
Traditionnellement, les grandes villes sont pavoisées aux couleurs nationales (au moins dans la partie birmane du pays), la journée est marquée par des festivités, des foires et des événements sportifs , notamment des jeux et compétitions dans toutes les écoles du pays.
Le 4 janvier 1948, c’est un pays totalement ravagé par la Seconde Guerre mondiale qui devenait indépendant, sans toutefois devenir membre du Commonwealth. Les Anglais qui n’imaginaient pas devoir quitter le pays, n’avaient préparé aucune transition. La Chine était en pleine guerre civile, à la fin de 1949, les communistes allaient s'emparer de Pékin et déclarer la République populaire. Les restes des nationalistes chinois vaincus se sont repliés dans les États Shan (au nord de la Birmanie), déclenchant une nouvelle série de conflits violents. Soutenus pendant des années par les Américains, ils espéraient attaquer le Yunnan communiste depuis la Birmanie. Plusieurs minorités ethniques, hostiles à la domination des Birmans (ou Barmen), ont profité du chaos pour entrer en rébellion le sont restées. Les hautes terres de Birmanie n'ont pas connu de véritable paix depuis. De violents affrontements ont encore eu lieu samedi dernier, en lisière de l’État Karen, dans le canton de Kyainseiggyi. L’armée birmane a perdu deux de ses bases, prises par l’Armée de libération nationale karen (KNLA). Mais quelque 3 000 habitants des villages de la région qui ont fui les combats vers la forêt, souffrent aujourd’hui de pénuries alimentaires. Plus d’un million de personnes ont ainsi été déplacées depuis le dernier coup d’État militaire… Ainsi vit la Birmanie indépendante depuis trois quarts de siècle.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 janvier 2023
Le visage officiel de la Birmanie : sur 75 ans d’indépendance, la Birmanie a vécu 57 ans sous dictature militaire.
Le Jour de l’Indépendance est l’occasion de jeux et de compétitions dans toutes les écoles du pays.
Le gouverneur britannique Hubert Rance et Sao Shwe Thaik, le premier président de l’union, lors de la cérémonie de lever du drapeau le 4 janvier 1948 à Stone Pillar. Celle-ci a été organisée à 4h20, heure considéré de bonne augure par les astrologues.
La banque centrale du Myanmar a émis des pièces d'or commémoratives pour marquer le 75e anniversaire du jour de l'indépendance
3 janvier : l’Estonie se souvient de ceux qui sont tombés pour libérer le pays de l’emprise russe
Aujourd’hui à 10h30 précise, l’Estonie tout entière est invitée à observer une minute de silence en souvenir des soldats morts pendant la guerre d’indépendance (28 novembre 1918-3 janvier 1920) contre l’Armée rouge. Cette année, quelques mois après l’agression de l’Ukraine par la Russie, les Estoniens vivent cette journée avec une émotion particulière.
Aujourd’hui à 10h30 précise, l’Estonie tout entière est invitée à observer une minute de silence comme chaque 3 janvier. Cette année, quelques mois après l’agression de l’Ukraine par la Russie, les Estoniens vivent cette journée avec une émotion particulière.
L’Estonie avait proclamé son indépendance, le 24 février 1918, profitant de la désorganisation de l’empire russe par la révolution d’Octobre et la cessation des combats sur le front est. Mais, le 28 novembre, quelques jours après la défaite de l’Allemagne qui tenait la région, alors qu’un gouvernement estonien clandestin apparaissait au grand jour, la Russie lançait une offensive pour tenter reprendre le contrôle de l’Estonie.
La guerre d’indépendance a commencé par le franchissement de la rivière Narva par l’Armée rouge. Le lendemain, celle-ci prend la ville du même nom qui n’était défendue que par une ligue composée de lycéens. Alors que les combats se poursuivent dans l’est du pays, le gouvernement estonien négocie un traité de paix. Aidés par les Finlandais et les Scandinaves, les Estoniens parviennent à tenir tête au pouvoir bolchevique russe. Un traité est finalement signé à Tartu le 2 janvier 1920, le lendemain le cessez-le-feu entre en vigueur à 10h30. Ce 3 janvier 1920 marque la fin de cette guerre que les Estoniens appellent la Guerre de la liberté (Vabadussõda) car elle a permis l’émergence, pour la première fois dans l’Histoire, d’une Estonie indépendante laquelle se maintiendra pendant 20 ans avant de retomber sous la coupe de Moscou.
Au total, 74 505 combattants ont participé à cette guerre d'indépendance du côté estonien, 5 540 d’entre eux ont été tués. C’est leur mémoire qui est commémorée par ce Jour commémoratif des morts de la guerre de libération de l'Estonie (Eesti Vabadussõja mälestuspäev). Chaque année, depuis 1991, le 3 janvier, tous les édifices publics accrochent le drapeau national, la population apporte des fleurs au monument de la place de la Liberté, à Tallinn. Les Estoniens sont invités à commémorer les soldats morts avec une minute de silence à 10h30 précise,Une minute de silence est observée à l’heure où les canons se sont tus, le 3 janvier 1920. Puis les cloches se mettent à sonner dans toute l’Estonie. Le 3 janvier, qui n’est pas férié, aurait pu servir de fête nationale, mais on lui a préféré le 24 février 1918, date de la proclamation d’indépendance qui aurait pu rester lettre morte sans la victoire de janvier 1920 sur l’Armée rouge.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 janvier 2023
Combattants du 9e régiment d'infanterie pendant la guerre d'indépendance au bord du lac Erküla
Le mémorial de Tallinn
2 janvier : la Toma de Granada, la fête locale qui divise l’Espagne
Ce 2 janvier, pour la 530e fois, la municipalité de Grenade (Espagne) commémore la conquête de la cité andalouse par les souverains d’Aragon et de Castille. Chaque année, la gauche locale dénonce cette cérémonie aux relents racistes et appelle à manifester contre ce qui est devenu une célébration rassemblant toute l’extrême droite espagnole.
Ce jour est férié à Grenade, en Espagne, pour la 530e Fête de la prise de la ville (Festividad de la Toma de Granada). Chaque année, la municipalité de Grenade commémore la conquête de la cité andalouse par les souverains d’Aragon et de Castille. La reddition de la ville a abouti à l’expulsion d’une partie de ses habitants et à l’éradication de leur culture. Comme tous les ans, la gauche locale a appelé à manifester Plaza del Carmen où se déroule la cérémonie.
Cette cérémonie controversée commence, chaque année, par un dépôt de gerbes sur les tombes de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle de Castille qui reposent dans la Chapelle royale. La ville de Grenade, assiégée depuis le 9 juin 1491, n’a pas été prise par les armes, mais livrée aux Espagnols par le dernier émir de Grenade, Boabdil. Celui-ci, après négociations, a quitté la ville le 2 janvier 1492 contre l’engagement des futurs Rois catholiques de respecter les différents cultes. Cette promesse ne fut jamais tenue, puisque dans les semaines qui ont suivi les musulmans et les juifs n’ont eu d’autres choix que la conversion ou l’exil. S’en était fini de l’Espagne des trois religions évoquée jusque-là par Ferdinand II lui-même, l’Inquisition allait désormais avoir le champ libre. Le souvenir de cette trahison plane sur cette fête traditionnelle que l’extrême droite est en train de transformer en célébration identitaire. Vox, le parti néo-franquiste, a fait son entrée au parlement andalou en 2019, une première depuis le retour à la démocratie en 1976. Il milite aujourd’hui pour que le 2 janvier devienne la fête nationale de l’Andalousie en remplacement du 28 février, peu évocateur ; voire la fête nationale de l’Espagne tout entière. Déjà, la date du 2 janvier se substitue progressivement au 18 juillet, la journée où les nostalgiques du dictateur Franco célèbrent sa conquête du pouvoir, par les armes, en 1936. Les slogans n’évoquent plus Franco, mais une « nueva reconquista».
La cérémonie commence Plaza del Carmen, vers 10h30. Les autorités municipale se rendent ensuite à La Chapelle royale à 11h30, puis assiste à une messe dans la cathédrale à 12h. Après la messe est prévu un défilé militaire de la Légion espagnole. La ville est quadrillée par 500 policiers anti-émeutes pour séparer les militants de l’extrême droite espagnole qui ont fait de cette date l’un de leurs rendez-vous annuels, du reste de la foule qui écoute le plus jeune conseiller municipal crier trois fois « Grenade ! », au son de l’hymne national, après avoir rendu hommage aux Rois très catholiques. En 2009, la municipalité (socialiste) avait invité des musulmans, habillés en costume d’époque, à se joindre au cortège, mais ce symbole n’a pas convaincu les associations espagnoles qui militent pour le rapprochement des trois cultures. Le nouveau maire centriste droit (cuidadanos), élu avec les voix des conservateurs (PP) et de l’extrême droite (Vox) se montre beaucoup moins audacieux. De fait, une manifestation alternative est organisée par la gauche (un défilé de Maures et de chrétiens en costume d’époque) à l’initiative des municipalités voisines de Zujan, Cullar et Benamaurel. La procession abouti à l’ermitage Saint-Sébastien, lieu de la dernière rencontre entre Baobdil et les Rois très catholiques.
Les détracteurs de cette fête régionale sont chaque année plus nombreux. Ils parlent d’un hommage rendu aux bourreaux et de l’oubli des victimes. Cette « Journée de la ville de Grenade » se termine néanmoins par un Festival des cultures où l’accent est mis sur la tolérance. À la suite du rétablissement de la liberté de culte, en… 1978, Grenade avait été, cette année-là, la première ville d’Espagne à inaugurer officiellement une mosquée.
S’il s’agit de trouver une autre date pour la Journée de l’Andalousie, la gauche et les libéraux proposent le 26 mai, en hommage à Mariana Pineda, native de Grenade, exécutée le 26 mai 1831 pour son militantisme en faveur des libertés. Cette célébration du 26 mai a été toutefois ravivée en 2022 après 86 ans d’interruption.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er janvier 2023
mise à jour 2024 : le PSOE (gauche) qui dirige la mairie a voté contre la célébration en tant que telle, mais est il est tout de même présent à la cérémonie prise en charge par le PP (droite) et Vox (extrême droite) qui dirigent le gouvernement andalou.
Pour faire contre-point à la commémoration de la conquête de Grenade, la plateforme Granada Abierta réunit des intellectuels et des artistes à la Fondation euro-arabe, à partir de 11 heures du matin, sous la devise « Pour la coexistence, pas pour la prise de pouvoir » afin de souligner une fois de plus leur rejet de cet événement. Cette réunion rend aussi un hommage au peintre Juan Antonio Díaz, promoteur de l’association Artistes pour la tolérance.
Le drapeau du royaume d’Espagne (rouge et jaune) associé à celui de Vox (vert) et à celui de la Phalange espagnole (en noir) brandi par les nostalgiques du franquisme.
Le drapeau de l’Andalousie (vert et blanc) et celui de la république d’Espagne (rouge-jaune-mauve), symbole de la gauche
1er janvier : le Soudan célèbre 67 ans d’une indépendance qui n’était pas évidente
Le Soudan fête son indépendance le 1er janvier qui est aussi sa fête nationale. Il est né en 1956 de la volonté des Anglais de limiter la puissance de l’Égypte et de la part des Soudanais, de voir partir les Anglais et de ne plus dépendre du Caire. Le pays n’a pas obtenu son indépendance à l’issue d’une guerre coloniale comme beaucoup d’États africains, mais en a déclenché une en devenant indépendant.
L’indépendance du Soudan anglais n’était pas une évidence au milieu du XXe siècle. Le Caire qui secouait la tutelle britannique considérait le pays comme le prolongement de l’Égypte, avec quelques arguments comme la très grande proximité culturelle et religieuse des Égyptiens du sud et des Soudanais du Nord. L’Égypte a toujours considéré que tout se passait au Soudan comme ses affaires intérieures et a toujours favorisé, chez son voisin du sud, les régimes autoritaires.
Le Soudan est né de la volonté des Anglais de limiter la puissance de l’Égypte. L’ensemble des deux pays pèserait aujourd’hui plus de 150 millions d’habitants. En 1953, peu après la libération de l’Égypte de la tutelle britannique, le roi Farouk s’est déclaré roi d’Égypte et du Soudan. Londres qui hésitait a opté pour une émancipation du Soudan et organisé un référendum qui a donné une large majorité en faveur de l’indépendance plutôt qu’un rattachement à l’Égypte. Celle-ci a été effective le 1er janvier 1956. C’est cet anniversaire que célèbre ce Jour de l’Indépendance (عيد استقلال السودان), jour férié qui fait office de fête nationale du Soudan.
Les partisans d’une union avec l’Égypte sont représentés par le Parti unioniste démocratique (DUP). L’un de ses principaux leaders, Mohamed Osman al-Mirghani vient de rentrer à Khartoum, après décennie d’exil au Caire. Cela ne favorisera pas un accord entre les militaires au pouvoir depuis le coup d’État d’octobre 2021 et le gouvernement civil issus de la révolution qui a renversé l’ancien dictateur. Le Caire ne cherche pas à encourager un processus démocratique chez un voisin qu’il considère comme appartenant à son « étranger proche », pour reprendre une formule évoquant une situation comparable. 67 ans après de départ des Anglais, les Soudanais sont toujours en quête de leur indépendance.
Autre singularité, le Soudan, n’a pas obtenu son indépendance à l’issue d’une guerre coloniale comme beaucoup d’États africains, mais au contraire, en a déclenché une en devenant indépendant.
Le Soudan qui est devenu indépendant le 1er janvier 1956, était beaucoup plus étendu qu’aujourd’hui. Les Britanniques qui dominaient la région, avaient en effet pris l’initiative de rassembler en un seul pays des provinces sahéliennes et désertiques du Nord, de culture arabo-musulmanne à la Haute vallée du Nil, chrétienne ou animiste. Cette réunion avait été opérée dix ans plus tôt sans consulter les populations sudistes. En 1956, ils ont vu les colons britanniques remplacés par des administrateurs arabes venus du Nord. Une première guerre d’indépendance a débuté, puis une seconde, qui finalement mènera à l’indépendance d’un Soudan du Sud le 9 juillet 2011, laissant au nord, un Soudan arabo-musulman correspondant à la portion du pays convoité par Le Caire en 1952.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er janvier 2023
La cérémonie officielle qui marqua l'accession à l'indépendance eut lieu le 1er janvier 1956 au Palais du Peuple. Ce jour-là, les drapeaux égyptien et britannique ont été abaissés. Le nouveau drapeau soudanais a été hissé par Ismail al-Azhari, le premier ministre du Soudan.