L’Almanach international

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1964, Panama, massacre, 9 janvier Bruno Teissier 1964, Panama, massacre, 9 janvier Bruno Teissier

9 janvier : la Journée de la souveraineté nationale au Panama

C’est un jour férié et chômé, sans alcool ni fête, pour commémorer la mort de 21 étudiants tués le 9 janvier 1964 lors des émeutes au cours desquelles les Panaméens revendiquaient la souveraineté de la zone du canal de Panama. Cette journée est aussi connue comme la Journée des Martyrs.

 

Le 9 janvier est un jour de deuil au Panama, pendant toute la journée, il est interdit de boire de l’alcool et d’organiser des fêtes ou des spectacles publics. C’est un jour férié et chômé au niveau national pour commémorer la mort de 21 étudiants et d’un bébé panaméens tués le 9 janvier 1964 lors des émeutes au cours desquelles les Panaméens revendiquaient la souveraineté sur le canal de Panama. Cette journée est connue comme la Journée des Martyrs (Día de los Mártires) ou la Journée de la souveraineté nationale (Día de la Soberanía Nacional).

À l’époque le pays était divisé en deux zones car les Américains occupaient la zone du canal de Panama qu’il était attribué à perpétuité depuis le début du siècle. Des milliers d'Américains et leurs familles vivaient dans cette zone selon leurs propres lois et coutumes tout en travaillant pour le canal ouvert en 1914. Les États-uniens y avaient aussi installé une importante base militaire. Les Zonians, comme on les appelait, n’avaient pratiquement aucun contact avec le reste du pays et sa population. Laquelle ne pouvait accéder à la zone du canal sans une autorisation spéciale.

Face aux protestations récurrentes des Panaméens, Washington avait fini par faire concessions symboliques, comme la présence conjointe des deux drapeaux américain et panaméen sur les bâtiments officiels de la zone du canal. À partir du 1er janvier 1964. Mais les Zonites ignorèrent l'accord et refusèrent de hisser le drapeau panaméen. Ce fut notamment le cas des élèves américains du lycée Balboa. Après négociation avec la police, il a été convenu qu'un groupe de six étudiants panaméens s'approcherait du mât du drapeau pour hisser leur drapeau et chanter l'hymne panaméen. Zonites tentèrent de les empêcher. Ils ont encerclé les étudiants et une bagarre a éclaté, au cours de laquelle le drapeau a été déchiré en morceaux. Quand cela s’est su dans le reste du pays, des milliers de manifestants ont afflué dans la zone du canal. La police, débordée, a été contrainte de demander l'aide de l'armée américaine, qui a décidé de tirer et d'utiliser des gaz lacrymogènes contre les manifestants. 21 étudiants et 4 membres des forces américains ont perdu la vie au cours des trois jours d’émeute.

Ces événements ont mis en lumière la situation coloniale que subissait le Panama de la part d’un État toujours prompt à dénoncer le colonialisme des Européens. Il faudra malgré tout attendre de nombres années pour que la situation évolue. En 1977, le traité Torrijos-Carter établit la neutralité du canal et la double administration panamo-américaine sur les lieux. Puis, le 31 décembre 1999, les États-Unis ont finalement rendu canal au Panama.

Comme chaque année, le Président Laurentino Cortizo, accompagné de membres du Cabinet, dépose une couronne de fleurs devant le Monument aux Martyrs du Centre de Formation Ascanio Arosemena du Canal de Panama, où se trouve également la « Flamme éternelle », à la mémoire des 21 martyrs qui ont offert leur vie. la lutte pour la souveraineté nationale. Il s’agit de l’ancien lycée Balboa qui porte aujourd’hui le nom d’un étudiant de 20 ans tué d’une balle dans le dos le 9 janvier 1964.

De leur côté, divers mouvements populaires et syndicats panaméens manifestent au parc Santa Ana de la capitale pour rendre hommage aux martyrs mais surtout pour dénoncer le poids de l’influence américaine sur le mouvement actuel de leur pays.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 janvier 2024

 
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1915, Inde, diaspora, 9 janvier Bruno Teissier 1915, Inde, diaspora, 9 janvier Bruno Teissier

9 janvier : l’Inde célèbre sa diaspora

Chaque 9 janvier, une fois tous les deux ans, le gouvernement indien organise la Journée de la diaspora  indienne. La date choisie commémore le retour du Mahatma Gandhi en Inde, le 9 janvier 1915, après vingt années passées en Afrique du Sud. Mais le but de cette journée est surtout d’encourager des Indiens du monde entier, de préférence des entrepreneurs et des décideurs, à renouer avec leurs racines et à travailler pour leur pays d’origine.

 

Chaque 9 janvier, une fois tous les deux ans, le gouvernement indien organise la Journée de la diaspora  indienne, connue sous son officiel en hindi : Pravasi Bharathya Divas (प्रवासी भारतीय दिवस). La date choisie commémore le retour du Mahatma Gandhi en Inde, le 9 janvier 1915, après vingt années passées en Afrique du Sud.

La diaspora indienne n’est pas numériquement très importante, compte tenu de la taille du pays (une vingtaine de millions de personnes), mais elle est ancienne. Elle a pris une dimension mondiale grâce à l’administration coloniale britannique qui a envoyé des Indiens partout où eux-mêmes s’étaient établis : Afrique (Afrique du Sud, Tanzanie…), Caraïbes (Suriname, Trinité et Tobago…), Océan indien (Maurice, Sri Lanka), extrême orient (Malaisie surtout, Birmanie, Singapour), Pacifique (Fidji…) et au Royaume-Uni. Ils se sont ensuite établis massivement dans d’autres pays comme les États-Unis, l’Arabie saoudite (les deux premières communautés au monde), EAU, Canada, Oman…

La plupart de ces travailleurs sont des hindous appartenant à des basses castes rurales, les autorités de l’Inde indépendante s’en sont longtemps peu préoccupées. Même si le gouvernement a créé en 1973 la catégorie fiscale des NRI (Non-Resident Indians) pour éviter une double imposition aux émigrés indiens à qui Constitution indienne ne permet pas la double citoyenneté, il faut attendre les années 2000 pour que l’Inde, en particulier la droite nationaliste actuellement au pouvoir, prenne conscience des opportunités que peut offrir une diaspora. Des Indiens ayant un rôle politique ou économique non négligeable dans au moins une vingtaine d’États, il convenait de les mobiliser.

En 2000, est créé la Haute Commission de la Diaspora Indienne et le 9 janvier 2003 est organisé la première convention Pravasi Bharatiya Divas (PBD) pour marquer la contribution de la communauté indienne d'outre-mer au développement de l'Inde. Les premières années, l’événement avait lieu tous les ans, puis devant la lourdeur de l’organisation, on est passé à une année sur deux. Vingt ans après la première, la 17e Convention PBD se tient du 8 au 10 janvier 2023 à Indore, dans l’État du Madhya Pradesh. Le thème de cette édition est « Diaspora : partenaires fiables pour le progrès de l'Inde à Amrit Kaal ». (En terme spirituel, « Amrit Kaal » est la meilleure période pour démarrer toute nouvelle entreprise). PBD est l’occasion de réunir des  entrepreneurs et des décideurs du monde entier que l’on invite à se reconnecter avec leur pays d’origine et à travailler pour lui.

Hier, 8 janvier, le ministre des Affaire extérieures a rencontré les jeunes pravasi pour les encourager à renouer avec leur racine. Aujourd’hui, c’est la journée la plus importante, le Premier ministre Narendra Modi a fait le déplacement pour rencontrer des Indiens d'outre-mer qui ont été sélectionnés. Certains sont même honorés du prestigieux prix Pravasi Bharatiya Samman, décerné chaque 9 janvier.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 janvier 2023

 

Premier ministre Narendra Modi entouré de personnalités de la diaspora.

En 2015, le centenaire du retour du Mahatma Gandhi sur le sol indien après plus de vingt ans passés en Afrique du Sud, fut célébré le 9 janvier à Gandhinagar, la « ville de Gandhi » et capitale de l’État du Gujarat, dans le cadre des journées PBD.

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1992, Bosnie-Herzégovine, 9 janvier Bruno Teissier 1992, Bosnie-Herzégovine, 9 janvier Bruno Teissier

9 janvier : les 30 ans d'une république fantoche et le risque d’une nouvelle guerre balkanique

Les Serbes de Bosnie-Herzégovine, célèbrent à Banja Luka, l’anniversaire très controversé de leur république, la Republika Srpska, née le 9 janvier 1992

 

Les Serbes de Bosnie-Herzégovine, célèbrent à Banja Luka, les 30 ans de leur république, la Republika Srpska (RS), née  le 9 janvier 1992, en prélude à une guerre intercommunautaire qui a fait quelque 100 000 morts. Il s’agit, en fait, de la « République serbe de Bosnie », une entité peuplée de 1,5 million d’habitants et composante de la Bosnie-Herzégovine. Cette « fête nationale » a été déclarée anticonstitutionnelle par la justice bosnienne mais le président local, Milorad Dodik, est parvenu à faire valider cet anniversaire de la Republika Srpska (Дан Републике Српске) par « référendum » en septembre 2016. 

Cette journée est chaque année l’occasion de défier la communauté internationale en brandissant le spectre de la sécession. Cette année, on en est peut-être plus proche que jamais. L’annonce, mi-novembre, par le leader de la communauté serbe, Milorad Dodik, de la reconstitution prochaine de son armée démantelée en 1995 a déjà réveillé les fantômes du passé. Il est aussi question de retirer la justice et les impôts des institutions communes de la Bosnie-Herzégovine. Une manœuvre très controversée (y compris parmi les Serbes de RS), qui risque d'affaiblir un peu plus l’État central et fait planer le risque d'une nouvelle guerre dans la région.

L'accord de Dayton de 1995 avait mis fin à un conflit qui avait fait 100 000 morts mais avait consacré la division de la Bosnie-Herzégovine en deux entités, la RS et une entité croato-musulmane, tout en instituant un millefeuille administratif censé prévenir des violences interethniques. La force de Milorad Dodik, qui est en campagne électorale pour sa reconduction en 2022 à la tête de la Republika Srpska, c’est que l’UE ne parle pas d’une seule voix. Il est soutenu dans ses tentations sécessionnistes par la Hongrie et la Slovénie et même la Croatie qui profiterait de l’éclatement de la Bosnie-Herzégovine pour en récupérer une partie, là où les Croates sont majoritaires. Il est aussi soutenu par Belgrade et Moscou, notamment par l’intermédiaire des Loups de la nuit, des extrémistes nationalistes russes pro Poutine qui participent au défilé du 9 janvier… Un anniversaire à haut risque car tout peut basculer en 2022.

Comme chaque année, le défilé est organisé à 12h. sur la place Krajina à Banja Luka. Le même jour, des récompenses sont remises aux institutions et aux personnes méritantes dans le Palais de la République. L'académie solennelle à l'occasion de la fête de la République se tient au Borik Hall, à partir de 14h00.

La veille, le 8 janvier, des couronnes ont été déposées au monument aux soldats tombés au combat de l'armée de la Republika Srpska au cimetière de Sveti Pantelija, sur la place des soldats tombés au combat devant l'hôtel Bosna et au mémorial des ossements et des tombes de douze enfants de Banja Luka au cimetière de la ville.

Lors du défilé, l’un des responsables du génocide, Vinko Pandurević a été placé stratégiquement derrière Milorad Dodik afin qu’il soit bien visible sur les images retransmises par les chaînes de TV. Une manière d’avertissement pour Bosniens qui ne sont pas d’ascendance serbe.

Mise à jour janvier 2023 : Cette année, par provocation, la célébration interdite s’est déroulée non à Banja Luka mais dans une banlieue serbe de Sarajevo (Istočno Sarajevo) en présence des autorités de la pseudo-république et de délégations venues de Belgrade, Moscou, Pékin et Podgorica. Parmi les 2000 personnes qui ont défilé, figuraient des membres du club de motards pro-Kremlin Night Wolves (les louves de la nuit), organisation fasciste connue pour ses liens étroits avec le président russe Vladimir Poutine. Par ailleurs le président des Serbes de Bosnie, le nationaliste pro-russe Milorad Dodik, a décerné l’ordre le plus élevé de cette entité à Vladimir Poutine. Cette annonce a provoqué la vive désapprobation de Bruxelles alors que le statut de candidat à l’adhésion à l’UE venait d’être octroyé à la Bosnie-Herzégovine.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 janvier 2022

 
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