L’Almanach international

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1988, Irak, Kurdistan, massacre, 16 mars Bruno Teissier 1988, Irak, Kurdistan, massacre, 16 mars Bruno Teissier

16 mars : le génocide kurde d’Halabja, quand un dictateur se sent les mains libres

Comme Poutine en Tchétchénie, Saddam Hussein a eu tout loisir de massacrer des populations totalement à sa merci dans l’indifférence de l’Occident… Les Kurdes commémorent les quelque 5000 morts, hommes, femmes, enfants tués une seule journée par un bombardement de gaz chimique sur le village d’Halabja par l’armée irakienne.

 

Le 16 mars de chaque année, les Kurdes du monde entier commémorent les quelque 5000 morts, hommes, femmes, enfants tués une seule journée par un bombardement de gaz chimique sur le village d’Halabja (هه‌ڵه‌بجه ou Helepçe).

C’était le 16 mars 1988, l’Irak était en guerre contre l’Iran depuis huit ans, une guerre par procuration, soutenu par une bonne partie des pays occidentaux, en particulier les États-Unis, dans l’espoir de faire tomber le régime de Khomeiny à Téhéran. L’Iran a résisté au prix de centaine de millier de morts… Profitant du conflit, les Kurdes d’Irak, soutenus par l’Iran, sont entrés en rébellion contre le dictateur irakien Saddam Hussein. La localité kurde d’Halabja, située tout près de la frontière iranienne, en avait profité pour se libérer par les armes. La reconquête irakienne fut terrible, le 15 mars 1988, la ville était reprise par Bagdad. Le lendemain, des avions de combat irakiens ont survolé la zone pendant cinq heures, libérant des gaz toxiques, notamment du sarin et du gaz moutarde. L'attaque chimique a entraîné la mort d'environ 5 000 personnes, pour la plupart des civils. Le taux de mortalité était particulièrement élevé chez les enfants, car les gaz toxiques sont plus denses que l'air et ont donc tendance à couler au sol. Entre 7 000 et 10 000 personnes ont été blessées et/ou ont subi les conséquences à long terme de l'attaque.

L’émotion fut grande dans les opinions publiques occidentales, mais les réactions des partenaires occidentaux de l’Irak furent insignifiantes à l’époque. Saddam Hussein était vu comme un rempart contre l’Iran révolutionnaire. Dans un premier temps, l’US Defense Intelligence Agency avait même accusé l’Iran du massacre. Mais après enquête, la responsabilité du régime e Bagdad s’est avérée incontestable. Mais l’affaire classée sans suite.

En ce début d’année 1988, le massacre d’Halabja n’était qu’un épisode de la reconquête sanglante du Kurdistan, dite campagne d’Anna, qui fit plus de 180 000 morts en quelques semaines. Saddam Hussein ne sera renversé que 15 ans plus tard, par les Américains, et sous un prétexte fallacieux. L’épisode d’Halabja sera alors déclaré génocide. Ali Hassan Al Majid, un cousin de Saddam Hussein mieux connu sous le nom de "Chemical Ali", a été pendu en 2010 pour avoir ordonné l'attaque. Beaucoup regrettent que les Américains ne l’aient pas livré au tribunal international de La Haye, tout comme Saddam Hussein, le grand ordonnateur du massacre, avec lequel l’Occident a continué à coopérer pendant des années. Lui aussi a été exécuté après un semblant de procès.

La journée du 16 mars est un jour férié au Kurdistan autonome d’Irak. Des cérémonies ont lieu chaque année à Halabja où un mémorial a été construit. La ville a été désignée comme capitale de la paix par le Parlement du Kurdistan irakien en 2015. Aujourd’hui, les survivants réclament toujours réparation.

L’événement est aussi célébré à Erbil, la capitale kurde et dans la diaspora. En 2014, un mémorial dédié aux victimes de l'attaque chimique de 1988 a été édifié à La Haye, dans le jardin du siège de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. Le monument a été inspiré par une photo intitulée "Silent Witness", prise par le journaliste turc Ramazan Ozturk.

#Halabja #Helebce #Halepçe #هەڵەبجە #Helebce #Halepçe #HalepceKatliamı

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 mars 2024

 

Monument commémoratif inspirée d’une photo tragique qui a marquée l’opinion internationale

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Iran, zoroastrisme Bruno Teissier Iran, zoroastrisme Bruno Teissier

14-15 mars : cette nuit en Iran, c'est la fête du feu

Chaharshanbeh Soori est une manifestation qui n’a rien d’islamique mais elle est trop populaire pour être interdite en dépit des débordements qu’elle suscite parfois quand l’opinion est portée à la contestation du régime.

 

Chaharshanbeh Soori ( چهارشنبه‌سوری) est une manifestation qui n’a rien d’islamique mais elle est trop populaire pour être interdite par les autorités, en dépit des débordements qu’elle suscite parfois quand l’opinion est portée à la contestation du régime. Depuis 2023, cette soirée de feux est l’occasion pour les femmes de brûler leur voile en signe de protestation contre le pouvoir.

La tradition remonte à l’époque où la religion zoroastrienne dominait le pays. Des feux sont allumés sur les places publiques, symbole d’espérance en cette fin d’année (le calendrier iranien se termine dans 6 jours). Dans l'ancien Iran, le feu avait une grande importance et il était considéré partout comme un symbole de pureté. Le feu nettoie tout, avec sa chaleur, il réduit les impuretés. Ce mardi soir, après la tombée de la nuit, on saute par dessus les brasiers, on lance des pétards dans les rues, on s’offre des confiseries et on s’échange des vœux sans attendre le Nouvel An, le Nowrouz (le 20 mars, cette année). Cette fête de Tchaharchanbé-Souri qui a lieu à quelques jours de la nouvelle année, est un peu le Noël iranien. Cette fête est aussi marquée par les Kurdes, les Tadjiks et les Azéris, le mardi soir, veille du dernier mercredi de l’année du calendrier persan.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, le 14 mars 2024

 
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2018, Brésil, Femmes, Noirs, 14 mars Bruno Teissier 2018, Brésil, Femmes, Noirs, 14 mars Bruno Teissier

14 mars : en mémoire de Marielle Franco, femme politique brésilienne assassinée

Le président Lula a demandé à l’Assemblée de voter la création d’une « Journée nationale Marielle Franco pour combattre la violence politique basée sur le genre et la race » en mémoire de cette femme politique brésilienne assassinée il y a six ans dans une rue de Rio.

 

Le 14 mars 2018, Marielle Franco, une conseillère municipale de la ville de Rio de Janeiro était assassiné, en même temps que son chauffeur, Anderson Pedro Gomes. Ils sont tués dans leur voiture, prise en embuscade. Son assistante Fernanda Chaves, assise à côté de la parlementaire sur la banquette arrière de la voiture, a survécu et a préféré quitter le pays avec sa famille, pour ne pas devenir une cible.

Noire, bisexuelle militante et femme de gauche, elle enquêtait sur la corruption. Son assassinat a provoqué un grand choc. Dans les mois qui ont suivi, l’État de Rio a instauré, pour chaque 14 mars,  un « Jour de Marielle Franco, Journée de lutte contre la violence politique faite aux femmes noires » (Dia Marielle Franco de Enfrentamento à Violência Política contra Mulheres Negras). D’autres États brésiliens ont fait de même.

Un an plus tard, les assassins ont fini par être arrêtés : Ronnie Lessa et Elcio de Queiro, deux anciens membres de la police militaire. Mais, trois ans après le double assassinat, il reste encore beaucoup d’incertitudes sur l’identité des commanditaires. Sous Bolsonaro l’enquête est resté au point mort, ce que déplorait Marinete Silva, la mère de la victime. Il faut dire que Flavio Bolsonaro, le fils de l’ancien président a été cité dans le dossier… En 2023, le gouvernement Lula a relancé l’enquête, en la confiant à la police fédérale en février et en promettant d’identifier les commanditaires et de prouver l’implication de milices para-militaires. Pour le moment seuls des complices de l’assassinat ont avoué.

Sociologue de 38 ans, Marielle Franco était une enfant du quartier de la Maré. Elue  conseillère municipale en 2016, elle était connue pour son activisme en faveur des femmes, de la cause LGBT, des noirs, et des habitants des favelas, et pour ses critiques à l’égard de la police militaire. Le 10 mars, elle s’en prenait au 41e bataillon de police militaire, qu’elle qualifiait de « bataillon de la mort », pour ses actions dans le quartier d’Acari.

La figure de Marielle Franco a pris une dimension internationale : Paris lui a dédié un jardin public dans le 10e arrondissement. À Berlin, on vient d’inaugurer une fresque murale. Plusieurs villes lui ont donné un nom de rue… Finalement, en juillet 2022, une statue à son effigie, œuvre du sculpteur Edgar Duvivier financée par une souscription populaire, a été dévoilée sur une place du centre de la ville de Rio de Janeiro

En 2023, à la veille du 5e anniversaire de l’assassinat de Marielle, le président Lula a demandé à l’Assemblée de voter la création de la « Journée nationale Marielle Franco pour combattre la violence politique basée sur le genre et la race » à l’échelle nationale. L'objectif, selon le gouvernement, est de "sensibiliser la société aux violences subies par les femmes dans l'environnement politique, en particulier les femmes noires".

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, le 13 mars 2024

Mise à jours 2024 : Le 24 mars 2024 les commanditaires présumés ont été finalement inculpés et arrêtés pour l’assassinat de Marielle Franco. Il s’agit de Rivaldo Barbosa, l’ancien chef de la police, nommé à la tête de la police civile de Rio quelque jours seulement avant le crime ; de Joao Francisco Inacio Brazao, député fédéral de Rio et son frère, Domingo Inacio Brazao, conseiller au tribunal des comptes. Trois figure importante de la vie publique carioca ce qui dénote d’une dérive fâcheuse de la cité.

 
marielle franco - Marcia Foletto | Agência O Globo.png
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1795, Saint-Vincent-et-les Gr., héros national, 14 mars Bruno Teissier 1795, Saint-Vincent-et-les Gr., héros national, 14 mars Bruno Teissier

14 mars : Saint-Vincent-et-les Grenadines se souviennent de leurs racines garifunas

La Journée nationale des héros est l’anniversaire du chef Joseph Chatoyer, héros national. C’est aussi l’occasion de mettre en valeur la culture garinfuna, longtemps méprisée et ignorée.

 

Saint-Vincent-et-les Grenadines célèbre chaque 14 mars, la Journée nationale des héros (National Heroes' Day). La date de cette fête, instaurée en 2002, est l’anniversaire du chef Joseph Chatoyer, mort en 1795 pendant un conflit l’opposant aux Anglais. Ce leader garifuna a été érigé en héros national, une manière de revaloriser la culture garifuna longtemps méprisé par les colons anglais. Aujourd’hui, les Garifuna de Saint-Vincent sont en pleine renaissance culturelle, car tous n’ont pas été déportés. Ils sont encouragés par les visites des membres de la diaspora établis à New York, au Honduras, au Bélize, au Guatemala ou à Los Angeles.

Au fil des siècles, la possession des îles a été contestée par les Britanniques, les Français et les Espagnols et les Caraïbes qui vivaient sur les îles avant l'arrivée des colons ont longtemps résisté. En 1635, l’échouage de deux bateaux négrier a libéré sur l’île toute une cargaison d’esclave africain qui s’est répandu sur l’île et a provoqué un métissage ethnique et culturel original, les Garifunas sont des Caribéens noirs qui n’ont jamais été esclaves.

Lorsque les Britanniques tentèrent d'étendre leur présence sur l'île en 1772, la population indigène montra une fois de plus sa détermination à protéger ses terres en se rebellant lors de la première guerre caribéenne. Dirigés par Joseph Chatoyer, un chef garifuna local, les Caraïbes ont forcé les Britanniques à signer un traité de paix fixant les frontières entre les zones britanniques et caraïbes de l'île.

En 1795, des provocations mutuelles ont provoqué la Seconde Guerre caraïbe. Le 14 mars 1795, Chatoyer tombe dans une embuscade et est tué par les troupes britanniques à Dorsetshire Hill. Si la guerre se poursuit jusqu'en octobre 1796, sous la conduite de son frère, la mort de Chatoyer s'avère être un moment clé. Les Garifunas sont vaincus et la majeure partie d’entre eux sera déportée… Un monument dédié à Chatoyer se dresse sur place, sur la colline du Dorsetshire, où il est mort. Dans le cadre de la célébration de la Journée des Héros, une cérémonie de dépôt de couronnes y est organisée. Chatoyer est aujourd’hui considéré comme le héros national de Saint-Vincent-et-les Grenadines. La Journée des héros nationaux célèbre tous ceux qui ont apporté leur contribution à la nation, Chatoyer n’est pas le seul.

Cette fête est l’occasion de mettre en valeur la culture caribéenne, elle se décline sur plusieurs jours avec la Bequia Regatta, le Gospel Fest, un théâtre de rue, un pèlerinage sur l'île de Balliceaux (où les Garifunas furent déportés par les Anglais après leur défaite)…

Certains vivent aujourd’hui au Bélize où ils sont fêtés chaque 19 novembre.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 mars 2024

 

Festivités du 14 mars aux couleurs nationales des Garifunas

Peinture d'Agostino Brunias (commandée par Sir William Young), représentant des négociations entre des soldats britanniques et des Caraïbes noirs, 1773

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1957, Cuba, 13 mars Bruno Teissier 1957, Cuba, 13 mars Bruno Teissier

13 mars : les prémices de la révolution cubaine

Le régime cubain commémore un attentat raté qui a tourné au désastre. L’objectif était d’assassiner le dictateur Fulgencio Batista et de lancer un appel au soulèvement populaire depuis la radio… Ce ne sera que partie remise deux ans plus tard.

 

Le régime cubain célèbre le 67e Anniversaire de l'attaque du palais présidentiel (Aniversario del ataque al palacio presidencial) en 1957. Une opération ratée qui a tourné au désastre. Le 13 mars 1957, des attaques simultanées ont été lancées contre le palais présidentiel (devenu aujourd’hui le musée de la révolution) et les locaux de Radio Reloj. L’objectif était d’assassiner le dictateur Fulgencio Batista et de lancer un appel au soulèvement populaire depuis la radio.

Cette opération a été menée par un groupe de jeunes révolutionnaires conduits par José Antonio Echeverría. Ils formaient un commando de 50 hommes armés qui a pris d’assaut le palais présidentiel tandis que José Antonio Echeverría investissait les locaux de la radio avec une quinzaine d’hommes. L’opération est un échec : Batista parvient à s’enfuir et la transmission radio est coupée en plein milieu du discours de José Antonio Echeverría sur Radio Reloj. Un grand nombre d’assaillants est tué pendant l’attaque.

Quant à José Antonio Echeverría, il trouve la mort dans un accrochage avec la police près de l’Université de La Havane après avoir quitté les locaux de Radio Reloj. La voiture dans laquelle il circulait a été interceptée par un véhicule de police à côté du campus universitaire et le chef étudiant est décédé mitraillé, il n’avait que 24 ans. Lui vivant, peut-être que Fidel Castro n’aurait eu qu’un rôle de second plan dans la suite de l’histoire.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 mars 2024

 
Hommage à José Antonio Echeverria, celui qui aurait pu être la figure de la révolution cubaine s’il avait survécu au coup raté du 13 mars 1957

Hommage à José Antonio Echeverria, celui qui aurait pu être la figure de la révolution cubaine s’il avait survécu au coup raté du 13 mars 1957

L’ancien palais présidentiel, aujourd’hui musée de la Révolution

L’ancien palais présidentiel, aujourd’hui musée de la Révolution

José Antonio Echeverria (au centre) et ses camarades

José Antonio Echeverria (au centre) et ses camarades

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1925, Chine, Taïwan, arbres, 12 mars Bruno Teissier 1925, Chine, Taïwan, arbres, 12 mars Bruno Teissier

12 mars : la journée de l’arbre en Chine et à Taïwan

L’anniversaire de la mort de Sun Yat-sen, le fondateur la république de Chine, sert aujourd’hui de date de référence pour encourager à la reforestation dans un pays où l’industrialisation à outrance a mis les forêts à mal.

 

La date choisie pour cette Journée de l'arbre  (植樹節) est celle de l’anniversaire de la mort de Sun Yat-sen, le fondateur la république de Chine. Ce médecin, devenu président, avait dès 1914, suggéré de copier la fête américaine de plantation des arbres. Très tôt, il avait pris au sérieux la question du reboisement. Ce n’est qu’après sa mort, le 12 mars 1925, que gouvernement chinois a commencé à prêter attention aux projets de reboisement. C’est en 1929 que la Journée de l'arbre fut créée pour célébrer l'anniversaire de la mort du Docteur Sun Yat-sen. Après la prise du pouvoir des communistes en 1949, c’est à Taïwan où le gouvernement chinois s’était réfugié, que cette journée de l’arbre a continué à être observée. Mais, Pékin ne voulant pas abandonner à Taïwan, la mémoire du révolutionnaire Sun Yat-sen, une Journée de l’arbre a finalement été instaurée, en 1980, en Chine populaire. Le gouvernement recommande que chacun replante un arbre ce jour-là, ce que font beaucoup d’écoliers mobilisés pour cela. Aujourd’hui, de nombreux couples choisissent de se marier la veille du 12 mars et plantent un arbre pour marquer le début de leur vie commune et la nouvelle vie de l'arbre.

Cette impulsion est devenu indispensable dans un pays menacé, plus que d’autres, par la pollution et le réchauffement climatique. Lors du « Grand bon en avant », impulsé par Mao, à partir de 1958, des forêts entières ont été détruites pour alimenter les fours artisanaux pour fondre l’acier. Ensuite, au moment de la Révolution culturelle, des millions hectares de forêts ont été transformées en culture de maïs et de blé. Après la mort de Mao, en 1976, sous Deng Xiaoping, les paysans se sont vus attribuer plus de terres, à titre individuel, qu’ils ont déboisées massivement… Après des décennies de croissance effrénée responsable de la destruction d'écosystèmes majeurs, la République populaire promet aujourd’hui de créer des “barrières de sécurité écologiques” (une grande muraille verte, 三北防护林;) et de préserver de l'empreinte humaine jusqu'à un quart de la superficie totale de son territoire. Mais si la Chine protège aujourd’hui ses forêts, elle est devenue le premier importateur mondial de bois, principalement en provenance de pays d’Afrique ou d’Asie du Sud-Est où les forêts sont exploitées illégalement.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 mars 2024

 
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islam Bruno Teissier islam Bruno Teissier

1er ou 2 mars : date du début du Ramadan et rivalités géopolitiques

En Algérie et en Tunisie, le ramadan débute le même jour qu'en France. Comme une évidence, le Maroc, rival géopolitique de l’Algérie, a opté pour une autre date, le 12 mars. Chacun met en avant les observations de la lune, n’empêche que quasiment chaque année, invariablement, l’Algérie et le Maroc commencent le ramadan à des dates différentes.

 

En 2025, le Ramadan a débuté le 1er mars, pour une partie des fidèles, le 2 mars pour les autres.

En France, la Grande mosquée de Paris a réuni les fédérations musulmanes de France au 29e jour du mois de chaabane. Lors de cette Nuit du doute, les spécialistes s’assuraient que le croissant de lune est bel et bien visible dans le ciel, preuve du passage au mois suivant. Si tel est le cas, le ramadan débute dès le lendemain. Cette année, la Nuit du doute débutait un dimanche à 18h. Lors de cette nuit cruciale, la commission religieuse a examiné attentivement la nouvelle lune, ce qui a permis de confirmer les données astronomiques qui fixaient le début du ramadan au 1er mars, comme en Arabie saoudite, au Qatar, en Indonésie ou en Algérie et en Tunisie. Comme une évidence, le Maroc, rival géopolitique de l’Algérie, a opté pour une autre date, le 2 mars, comme en Malaisie. Chacun met en avant les observations de la lune, n’empêche que quasiment chaque année, invariablement, l’Algérie et le Maroc commencent le ramadan à des dates différentes.

La fin du ramadan intervient un mois plus tard, au début du cycle lunaire suivant, soit le 30 ou le 31 mars.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2025

 
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1861, 1865, Ukraine, hymne, 10 mars Bruno Teissier 1861, 1865, Ukraine, hymne, 10 mars Bruno Teissier

10 mars : l’Ukraine célèbre son hymne national

« Ni la gloire ni la liberté de l'Ukraine ne sont mortes » proclame l’hymne national ukrainien. La première représentation publique de la chanson eut lieu en le 10 mars 1865 lors d'un concert dédié à la mémoire de Taras Chevchenko décédé le 10 mars 1861. Le 10-Mars n’est pas un jour férié, mais en raison du sursaut patriotique ukrainien face à l’agression russe, cette journée commémorative a pris une dimension particulière.

 

« Ni la gloire ni la liberté de l'Ukraine ne sont mortes » (Ще не вмерла України ні слава, ні воля) proclame l’hymne national ukrainien, souvent abrégé en « Šče ne vmerla Ukraïny » (« L'Ukraine n'a pas encore péri »). Il est basé sur un poème patriotique écrit par Pavlo Chubynsky, en 1862 et mis en musique par Mykhailo Verbytsky. La première représentation publique de la chanson eut lieu en le 10 mars 1865 à Przemyśl lors d'un concert dédié à la mémoire de Taras Chevchenko décédé le 10 mars 1861. C’est ce double anniversaire qui est célébré aujourd’hui par la Journée de l’hymne national (День державного гімну).

Ce poème bien connu des milieux patriotiques ukrainiens, a été adopté pour la première fois en 1917 comme hymne de la République populaire ukrainienne, puis supprimé par les Soviétiques en 1920. Il restera interdit jusqu’à la fin de l’ère soviétique. Il faudra attendre la perestroïka pour être à nouveau interprété en public par Vasyl Zhdankin, Victor Morozov et Eduard Drach lors du festival Chervona Ruta en 1989 à Tchernivtsi.

L'Ukraine a déclaré son indépendance le 24 août 1991. En janvier 1992, la Verkhovna Rada d'Ukraine (l’assemblée) a adopté la musique de Verbytsky comme hymne national de l'Ukraine, ce qui a ensuite été inscrit dans la Constitution. Cependant, les paroles de Chubynsky (plus exactement, la première strophe et le refrain de la chanson), jugées trop patriotiques par un pouvoir ukrainien qui regardait alors vers Moscou, n'ont été officiellement adoptées que plus de deux décennies plus tard, le 6 mars 2003.

La Journée de l’hymne national avait d’abord été fixée le 6 mars, puis finalement  déplacé au 10 mars, en 2015. Ce qui permettait de rendre aussi un hommage au grand poète national ukrainien, Taras Chevchenko, dont c’est l’anniversaire du décès. Le 10-Mars n’est pas un jour férié, mais en raison du sursaut patriotique ukrainien face à l’agression russe, cette journée commémorative a pris une dimension particulière. Depuis 2022, l'hymne national de l'Ukraine est chanté en se cachant dans les abris antiaériens, pendant les bombardements, sur les lignes de front. 

À l’occasion de la Journée de l’hymne national, divers événements et activités sont organisés dans les villes et villages de toute l’Ukraine : des spectacles publics, des cours spéciaux dans les écoles, des événements culturels dans les bibliothèques publiques, les musées et les centres communautaires... La célébration avait été particulièrement poignante, le 10 mars 2022, lors de l'invasion russe de l'Ukraine, car l'hymne national de l'Ukraine incarne la lutte des Ukrainiens pour préserver leur identité nationale et l'indépendance de leur pays .

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 mars 2024

 
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Italie, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier Italie, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier

9 mars : la bénédiction des automobiles

Depuis les années 1930, une bénédiction des voitures est organisée pour la Sainte-Françoise Romaine, patronne des automobilistes, même si celle-ci n’est plus que symbolique en raison des restrictions de circulation dans le centre de Rome.

 

Autrefois, le 9 mars, un curieux embouteillage se produisait via Teatro di Marcello, à Rome, près du Colisée. Mais, aujourd’hui avec les restriction de circulation dans le centre de Rome, seules quelques voitures bénéficiant d'une autorisation spéciale sont bénies de manière symbolique pour rappeler la cérémonie d’antan. Depuis les années 1930, une bénédiction des voitures est organisée le jour de la Saint-Françoise Romaine, devant l’église du même nom où repose les restes de la sainte. En 1925, la Sainte fut déclarée protectrice des automobilistes. Ses restes sont conservés au le Forum Romain, dans la crypte de la Basilique qui lui est dédiée. Elle est considérée comme la protectrice des automobilistes car la légende raconte que tout au long de sa vie, le chemin de la Sainte fut toujours éclairé par un ange. 

Francesca Romana était une femme de la noblesse romaine qui vécu au XIVe siècle et consacra sa vie aux pauvres. Elle a aussi fondé la congrégation des oblates de saint Benoît pour les dames de sa conditions souhaitant s’adonner à la prière et aux bonnes œuvres. Le couvent, situé via del Mare, fait chaque anné « portes ouvertes » pour l’occasion.

Jadis les animaux de trait et leur conducteurs étaient béni le 17 janvier (c’est d’ailleurs toujours le cas), avec l’apparition des véhicules à moteur, ­l’Église se devait de leur trouver un saint protecteur, saint Christophe, patron des voyageurs, arboré par de nombreux automobilistes, n’ayant en réalité jamais existé. 

 En France, des paroisses, notamment celles qui sont consacrées à saint Christophe, organisent des bénédictions d’automobiles, elles ont généralement lieu en été. Aucune n’a le succès de celle qui se déroule chaque 9 mars et le dimanche qui suit, dans la capitale italienne.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 mars 2024

 
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1917, Femmes, 8 mars Bruno Teissier 1917, Femmes, 8 mars Bruno Teissier

8 mars : la Journée internationale des droits des femmes

L’idée de célébrer une Journée internationale de la femme est à la fois féministe et socialiste. Reconnue par l’ONU en 1977, c’est une journée internationale qui permet d'évoquer les acquis des femmes mais également de prendre la mesure des défis qui restent à affronter et de rappeler que l'amélioration des droits des femmes, leur participation à la vie politique et économique et l'égalité entre les sexes est un enjeu de société global qui nécessite la mobilisation et la contribution de toutes et tous.

 

L’idée de cette Journée internationale des femmes est à la fois féministe et socialiste. Elle aurait été proposée en 1910 par la journaliste féministe allemande Clara Zelkin lors de 2e conférence de l’internationnale des femmes à Copenhague. Mais déjà en 1909, le Parti socialiste américain avait pris l’initiative d’un Woman’s Day qui s’est déroulé le 28 février dans les seuls États-Unis. C’est le 19 mars 1911, que cette journée est devenue vraiment internationale : plus d’un million de femmes manifestaient dans divers pays. Dans les années qui suivent une Journée internationale des femmes est donc organisée un dimanche de la fin février ou de début mars.

La date du 8 mars a été choisie en 1921 par Lénine en souvenir des femmes de Saint-Pétersbourg qui avaient profité, en 1917, de la Journée internationale des femmes (le 8 mars du calendrier grégorien) pour manifester contre la vie chère et leurs conditions de travail. Ce mouvement de protestation allait aboutir à la chute du tsar une semaine plus tard. Cette journée fut donc la première de la Révolution russe. À l’époque, la Russie vivait encore au rythme du calendrier julien si bien que localement, on était le 23 février. Par un curieux cheminement de l’histoire, cette date de l’ancien calendrier russe est devenue en Russie la Journée de... l’homme, en particulier celle des militaires (voir le 23 février).

Cette fête du 8 mars est donc très liée à l’ancien monde communiste. Elle est devenue une commémoration obligatoire à partir de 1946 dans tous les pays qui deviennent des satellites de l’URSS. Si bien que la Tchéquie l’abolira en 2008 comme un mauvais souvenir d’une époque révolue.

La dimension féministe de la Journée de la femme a resurgi en Occident dans les années 1970 et son caractère international a été renforcé par son adoption par l’ONU comme une commémoration officielle en 1977. La France a fait de même après l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, sans pour autant en faire un jour férié comme c’était le cas dans les très conservatrices républiques soviétiques, qui l’avait transformé en fête des mères, ou dans certains pays d’Afrique... En Chine ou au Népal, on accorde qu’une demi-journée chômée aux salariées, seulement aux femmes.

À l’heure où la célébration est devenue mondiale et où la dimension partisane a disparu (en même temps que le monde communiste), certaines voix s’élèvent pour se demander si cette journée a bien lieu d’être, si elle ne produit pas l’effet inverse du but recherché tant le 8 mars est l’occasion de débiter des discours truffés de stéréotypes qui desservent la cause des femmes. Pour d’autres, cette journée est loin d’être un gadget politique, c’est l’occasion de rappeler à l’opinion publi­que qu’un siècle de combat politique n’a pas effacé les inégalités (tant dans le monde du travail que dans la politique), ni les violences faites aux femmes.

La Journée internationale des femmes (selon l'appellation officielle de l'ONU), est également appelée Journée internationale des droits des femmes dans certains pays comme la France (depuis 1982).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 mars 2024

 
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Norvège, Calendrier solaire Bruno Teissier Norvège, Calendrier solaire Bruno Teissier

7 mars : retour du soleil au Spitzberg !

L’apparition du premier rayon de soleil après plusieurs mois d’obscurité est une fête à Longyearbuen, 2000 habitants, la ville la plus septentrionale du monde, capitale du Spitzberg (ou Svalbard).

 

L’apparition du premier rayon de soleil après plusieurs mois d’obscurité est une fête à Longyearbuen, 2000 habitants, la ville la plus septentrionale du monde, capitale du Spitzberg (ou Svalbard, l’île principale d’un archipel situé à mi-chemin entre la Norvège continentale et le pôle Nord). Plusieurs dizaines de personnes viennent le guetter sur les marches d’un ancien hôpital détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. Quand le soleil sera assez haut, c’est le premier lieu de la ville à être éclairé. Quand le jour précis est connu, le rendez-vous est fixé à 12h15.

Chaque année, le soleil se couche vers le 25 octobre pour ne réapparaître que début mars, généralement vers le 6-8 mars. Cette longue nuit n’est pas sans effet sur le moral de la population. En ville une psychologue travaille à plein temps sur les troubles liés à ce manque de lumière. Le retour de la lumière est souvent gâché par un ciel chargé de nuage, mais il reste un jour de fête qui se prolongera toute la semaine. Quelques courts spectacles se déroulent en plein air, ainsi qu’un office religieux si la température le permet. Mais, dans les bars des groupes de musique vont se succéder tous les soirs de la semaine dite du Solfestuka. En 2022, cette fête se déroule du 4 au 12 mars.

Le traité de Paris de 1920 qui a attribué la souveraineté de l’archipel Svalbard à la Norvège, mais ce traité prévoit aussi que tous les États signataires de ce traité dont l’URSS à l’époque, peuvent s’y livrer à des activités économiques sur un pied d’égalité. De fait aujourd’hui des entreprises russes sont implantées à Barentsburg afin de maintenir une présence russe dans l’Antarctique. Le Svalbard reste toutefois un sanctuaire naturel totalement démilitarisé.

 
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1788, Australie, Fondation du pays, 6 mars Bruno Teissier 1788, Australie, Fondation du pays, 6 mars Bruno Teissier

6 mars : l'île de Norfolk célèbre l’installation de ses premiers habitants

Chaque 6 mars, l’île de Norfolk, dans le Pacifique Sud, commémore l’arrivée de ses tout premiers habitants, le 6 mars 1788. Ce jour férié est connu sous le nom de Norfolk Foundation Day.

 

Chaque 6 mars, l’île de Norfolk célèbre l’arrivée de ses tout premiers habitants, le 6 mars 1788. Ce jour férié est connu sous le nom de Norfolk Foundation Day.

Les États-Unis, nouvellement indépendants, n’acceptant plus d’accueillir les condamnés au bagne des tribunaux britanniques, Londres a dû trouver de nouvelles destinations pour installer ses bagnards. Les premiers sont arrivés à Botany Bay, sur la côte australienne le 26 janvier 1788, la date est d’ailleurs devenue la fête nationale australienne. Six semaines plus tard, un autre groupe composé de condamnés et d’hommes libres débarque à Norfolk, une île située à l’est de l’Australie, entre la Nouvelle-Calédonie et la Nouvelle-Zélande. Découverte par James Cook en 1774, elle était totalement inhabitée. Elle est devenue l’une des colonies pénitentiaires du Royaume-Uni, certains habitants actuels sont les descendants des bagnards des XVIIIe et XIXe siècles, les « Fist Fleeters ». Leur tâche était d’exploiter les forêts de pins, le célèbre pin de Norfolk qui orne aujourd’hui des jardins dans le monde entier, et de cultiver une variété de lin destinée aux toiles des bateaux.

Chaque 6 mars, pour la fête nationale de Norfolk, on rejoue la scène du débarquement en costume d’époque. L’événement mémoriel est devenu une attraction touristique. Ainsi chaque 6 mars à 10 h 30, les habitants et les visiteurs se rassemblent à Kingston près d'Emily Bay et du moulin à sel pour célébrer le Jour de la Fondation. L’île de Norfolk (2 200 habitants) est aujourd’hui une province autogérée de l’Australie.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 mars 2024

 
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Vanuatu, 5 mars Bruno Teissier Vanuatu, 5 mars Bruno Teissier

5 mars : la Journée des chefs coutumiers au Vanuatu

Les chefs coutumiers du pays sont reconnus dans la Constitution de la République du Vanuatu et se regroupent au sein du Malvatu Mauri : le Conseil national des chefs du Vanuatu. L'objectif principal de cette institution est de conseiller le gouvernement dans les domaines des cultures et traditions du Vanuatu, incluant sa diversité linguistique.

 

La Journée des chefs coutumiers (Custom Chiefs' day) est célébrée chaque année le 5 mars au Vanuatu. Les chefs coutumiers du pays sont reconnus dans la Constitution de la République du Vanuatu et se regroupent au sein du Malvatu Mauri : le Conseil national des chefs du Vanuatu. L'objectif principal de cette institution est de conseiller le gouvernement dans les domaines des cultures et traditions du Vanuatu, incluant sa diversité linguistique. Ce jour férié est l’occasion pour le gouvernement de les remercier pour leurs qualités de dirigeants communautaires et le maintien de l'ordre dans chaque île de l'archipel.

La célébration de la Journée du chef coutumier comprend de somptueuses fêtes, des événements sportifs, des carnavals, des foires agricoles, des festivals artistiques, des chants, des danses et d'autres festivités.

Le 5 mars revêt une importance particulière en tant que seul jour férié reconnu par le gouvernement de l’ancien condominium franco-britannique en vertu de l'ordonnance de réglementation conjointe numéro 78 de 1976. Depuis la création de la République de Vanuatu en 1980, les citoyens ont constamment et fièrement commémoré cette occasion mémorable, célébrant les contributions de leurs chefs à la communauté.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 mars 2024

le Malvatumauri

 
 
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1981, Timor-Oriental, anciens combattants Bruno Teissier 1981, Timor-Oriental, anciens combattants Bruno Teissier

3 mars : le Timor oriental célèbre ses anciens combattants contre l’Indonésie

Ce jour férié a été créé pour honorer ceux qui ont lutté pour la souveraineté de leur pays pendant l'occupation indonésienne du Timor oriental de 1975 à 1999. Ce traitement réservé aux anciens combattants par rapport au reste de la population est critiqué par de plus en plus de Timorais qui dénoncent l’existence d’une caste de privilégiés issue des cadres de la Résistance.

 

Le Timor oriental célèbre la Journée des anciens combattants (Dia dos veteranos). Ce jour férié a été créé pour honorer ceux qui ont lutté pour la souveraineté de leur pays pendant l'occupation indonésienne du Timor oriental de 1975 à 1999.

L'occupation indonésienne du Timor oriental avait duré de 1975 à 1999 et a entraîné la mort d'environ 100 000 à 300 000 personnes. Le Front révolutionnaire pour un Timor oriental indépendant (FRETILIN) avait tenté de résister à l'invasion. En 1978, le leader du FRETILIN Nicolau dos Reis Lobato avait été tué par les forces spéciales indonésiennes et la branche militaire armée du FRETILIN s’était engagée dans une guérilla contre les occupants lors d’une Conférence nationale de la résistance, le 3 mars 1981, c’est le 45e anniversaire de ce sursaut de la Résistance qui est célébré aujourd’hui.

Les célébrations ont débuté le 1er mars par une messe à 9 heures du matin à l'église paroissiale de Balide à Dili. S'ensuit une marche depuis Dili jusqu’au Jardin des Héros et Martyrs de la Patrie, à Metinaro, pour y déposer des fleurs ; suivi d’une fête au siège du Conseil des Combattants de Libération Nationale (CCLN). Le 2 mars, un séminaire s’est tenu au Convention Center (CCD) de Dili, avec des conférences du lieutenant-général à la retraite, Lere Anan Timur, du ministre des Affaires des combattants de libération nationale, Gil da Costa. Monteiro « Oan Soru » et le ministre de la Défense, le commodore Pedro Klamar Fuik.

Enfin, ce 3 mars, Journée nationale des anciens combattants, les célébrations se déroulent au Palais du Gouvernement, à partir de 8h15 avec la levée des drapeaux du RDTL, les discours officiels et la marche des anciens combattants vers le CCD, où un déjeuner de célébration est offert et avec des activités se déroulant jusqu'à 15h30, moment où le drapeau national est abaissé.

Au Timor-Leste, les « héros du pays » disposent de leur propre institution pour défendre leurs intérêts et bénéficient de certains privilèges, comme l'accès aux soins de santé à l'étranger et, pour leurs descendants, d'un régime différent d’admission à l'Université nationale du Timor-Leste. Cette année, l’argent public alloué au ministère des Affaires combattantes et de la Libération nationale (MACLN), à celui prévu pour l’ensemble du secteur de la santé du pays, en l'occurrence le ministère de la Santé. Ce traitement réservé aux anciens combattants par rapport au reste de la population est critiqué par de plus en plus de Timorais qui dénoncent l’existence d’une caste de privilégiés issue des cadres de la Résistance. Alors que cette année, pour le 25e anniversaire de la fin de l’occupation indonésienne, le slogan est « Ensemble, nous marcherons vers l'avenir ».

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 mars 2024

 
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1484, Lituanie, États-Unis, Pologne, 4 mars, vie de saint Bruno Teissier 1484, Lituanie, États-Unis, Pologne, 4 mars, vie de saint Bruno Teissier

4 mars : un grand marché dédié à saint Casimir, patron de la Lituanie

La foire de Kaziukas se tient à Vilnius depuis plus de quatre siècles. Il y va de l’identité lituanienne. Kaziukas est le diminutif de Casimir, Kaziuko mugé existe depuis 1604. Cette année, c’est la 420e édition.

 

Seul saint catholique à être né en Lituanie, Casimir est célébré chaque 4 mars comme nul autre dans tout le pays et notamment à Vilnius où les célébrations prennent la forme d’un marché artisanal se déroulant dans la vieille ville dont les principales journées seront ce week-end prochain. La foire de Kaziukas se tient à Vilnius depuis plus de quatre siècles. Il y va de l’identité lituanienne. Kaziukas est le diminutif de Casimir, Kaziuko mugé existe depuis 1604. Cette année, c’est la 420e édition d’une foire qui attire chaque année quelque 2 000 commerçants et un demi-million de visiteurs sur trois jours (du vendredi au dimanche)

Prince de Pologne et grand duc de Lituanie, Casimir, né à Cracovie en 1458, était appelé à succéder à son père, Casimir IV, sur le trône de Pologne mais la vie en décida autrement. Homme pieux qui avait fait vœu de célibat et de chasteté et préférait se consacrer à l’adoration du Saint Sacrement ou donner son temps aux plus démunis plutôt que de gouverner, Casimir mourut en 1484, un 4 mars, en Lituanie, des suites d’une tuberculose. Son corps repose actuellement dans la cathédrale Saint-Stanislas de Vilnius et on lui attribue beaucoup de miracles. La Kaziukas permet notamment de trouver les fameux verba, rameaux tressés et multicolores, sans équivalent ailleurs, et qui seront bénis le 5 avril (dimanche des Rameaux).

Au fil du temps, le marché a occupé de différents endroits de la ville : place de Cathédrale, Lukiškės, même le marché Kalvarijų. Suite à la restauration de l’indépendance, toutefois, le marché put reconquérir le centre de Vilnius, s’étendant sur quatre côtés – le Kaziukas occupe actuellement plusieurs kilomètres de rues, places et cours de la vieille ville.

Depuis quelques années, la Kaziukas se décline dans d’autres villes de Lituanie et de Pologne. Casimir est aussi le patron de la Pologne, à l’époque Lituanie et Pologne ne formait qu’un seul État. Hrodna, la ville où il est mort, aujourd’hui en Biélorussie l’honore également.

On observe aussi des répliques de l’évènement aux États-Unis, en particulier dans l’Illinois où vivent beaucoup de descendants de Lituaniens. Dans la région, la Saint Casimir se confond avec la journée dédiée à Casimir Pulaski, un général polonais qui a participé à la guerre d’Indépendance américaine. Le Pulaski Day a cessé d'être un jour férié pour les écoles publiques de Chicago en 2012 afin d'augmenter le nombre de jours dans l'année scolaire, bien que certaines écoles de l'Illinois, comme celle du Wisconsin, continuent d'observer le 4 mars. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 mars 2024

 
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1917, Porto Rico, 2 mars Bruno Teissier 1917, Porto Rico, 2 mars Bruno Teissier

2 mars : le jour où les Portoricains sont devenus des citoyens américains… de seconde zone

Porto Rico n’a pas quitté son statut de colonie. Les Portoricains déplorent une citoyenneté au rabais qui ne leur permet pas de voter pour le président ni pour le Congrès. La majorité d’entre eux sont partisans d’une intégration pleine et entière dans l’union. Laquelle se fait vraiment attendre.

 

À Porto Rico, on célèbre chaque année anniversaire de la loi Jones-Shafroth qui, le 2 mars 1917, accordait aux Portoricains la citoyenneté américaine. Cette commémoration, instaurée en 2017, pour le centenaire, est appelée la Journée de la citoyenneté américaine (Día de la Ciudadanía Americana). Ce n’est un jour férié que pour les employés du secteur public et n’occasionne que des cérémonies limitées.

Pendant un peu plus de quatre siècles, Porto Rico a été une colonie espagnole. À l’issue de la guerre hispano-américaine qui s’est soldée par l’écrasement de l’Espagne par les États-Unis, Madrid a dû céder la majorité de ses colonies à ces derniers (Traité de Paris, 1898), principalement, les Philippines, Cuba, Guam et Porto Rico.

Le 2 mars 1917, les Portoricains nés le 25 avril 1898 ou après ont obtenu la citoyenneté américaine stout en conservant leur citoyenneté portoricaine. Ce qui fait qu’aujourd'hui, les Portoricains sont, de par la loi, des citoyens naturels des États-Unis. Cependant, ils ne jouissent pas de tous les droits constitutionnels. Ils ne participent pas à l’élection présidentielle. Ils ne sont pas représentés au Sénat et à la Chambre des représentants, n’ont qu’un commissaire résident au Congrès, mais sans droit de vote ! Leur accès à Medicaid est limité… les Portoricains ne sont, en effet, que des citoyens américains de seconde zone. Et c’est bien ainsi qu’ils sont traités. Ils l’ont déploré après le passage de l’ouragan Maria, qui avait ravagé l’île, le président Trump avait négligé de leur envoyé les secours adéquats.

Le Commonwealth de Porto Rico (Estado Libre Asociado de Puerto Rico) est un territoire non incorporé des États-Unis. Cela signifie qu’il est contrôlé par le gouvernement américain, mais ne fait pas partie des États-Unis. Arraché à l’Espagne en 1898, Porto Rico demeure une colonie au regard de l’ONU. Lors du référendum de 2012, 61% des Porto Rico se sont exprimés positivement pour que leur île devienne le 51e État de l’Union. Le 11 décembre 2012, l'Assemblée législative de Porto Rico a adopté une résolution demandant « au Président et au Congrès des États-Unis de répondre avec diligence à la demande du peuple de Porto Rico, et de commencer le processus pour admettre Porto Rico dans l'Union en tant qu'État ». La réponse de Washington se fait attendre.

Le décret de 2017, pris par par l'ancien gouverneur de l'époque, Ricardo Rossello, sur la célébration de la citoyenneté américaine établit que la première semaine de mars de chaque année est désormais la « Semaine de la citoyenneté américaine à Porto Rico » et que le 2 mars, le jour commémoratif de l'avènement de la citoyenneté.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er mars 2024

 
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1992, Bosnie-Herzégovine, indépendance, 1er mars Bruno Teissier 1992, Bosnie-Herzégovine, indépendance, 1er mars Bruno Teissier

1er mars : la Bosnie-Herzégovine célèbre son indépendance

Le 1er mars 1992, les habitants de la Bosnie-Herzégovine votaient très majoritairement pour leur indépendance à l’égard de la Serbie, noyau dur d’une Yougoslavie moribonde. Ce vote leur coutera trois années d’une terrible guerre et de multiple massacre. En dépit des mauvais souvenirs, et du boycott des Serbes, cette date a été retenue comme la fête nationale. Cette année, c’est sa 29e édition.

 

La date de la fête nationale est celle du référendum sur l’indépendance de la Bosnie-Herzégovine, république fédérée de la Yougoslavie, alors en pleine décomposition depuis la proclamation d’indépendance de deux autres républiques, la Croatie et de la Slovénie, le 25 juin 1991. Le référendum a eu lieu entre le 29 février et le 1er mars 1992. La question du référendum était de savoir si les citoyens étaient en faveur d'une Bosnie-Herzégovine souveraine et indépendante, où toutes les nations constituantes étaient égales. Les Bosniaques et les Croates ont voté massivement pour alors que les Serbes ont boycotté le scrutin. Au total, 2 073 568 électeurs ont pris part au référendum, ce qui représente un taux de participation de 63,6%. Parmi tous ceux qui ont voté, 99,7 % ont voté pour l'indépendance et 0,3 % contre cette décision. Même sans les Serbes, la majorité des inscrits s’était largement prononcée pour l’indépendance d’un État multiethnique et démocratique composé de peuples égaux.

Les États membres de la Communauté européenne ont reconnu la Bosnie-Herzégovine le 6 avril 1992. Les États-Unis d'Amérique l’ont reconnu un jour plus tard, le 7 avril. Le 22 mai 1992, la Bosnie-Herzégovine a été admise comme membre à part entière des Nations Unies.

Ce Jour de l'Indépendance (Dan nezavisnosti Bosne i Hercegovine) et de fête nationale de la Bosnie-Herzégovine a été célébré pour la première fois le 1er mars 1995. Les festivités sont chaque années ignorées par la Republika Srpska, l’entité illégale serbe qui, elle, fête son anniversaire le 9 janvier.

Cet anniversaire de rappelle pas que de bons souvenir. Dès le 6 avril 1992, les Serbes qui refusaient l’indépendance de la Bosnie-Herzégovine allaient déclencher une terrible guerre qui fera plus de 100 000 morts dont une moitié de victimes civiles. Pour leur volonté d’indépendance à l’égard de la Serbie, les Bosniaques vont payer le plus lourd tribu dans cette sale guerre, avec plus 62 000 morts. Les Serbes qui bénéficient de l’appui de ce qui reste de l’Armée nationale yougoslave, pilotée depuis Belgrade, sont à l’origine des principaux massacres. Tel celui du 11 juillet 1995, quand les forces serbes ont procédé à l’exécution de 8000 Bosniaques désarmés à Srebrenica. Il faudra cet ultime grand massacre pour que la communauté internationale réagisse.

Le 21 novembre 1995, un accord de paix a été signé dans la ville américaine de Dayton, mettant fin officieusement à la guerre en Bosnie-Herzégovine. L'accord final a été signé à Paris le 14 décembre 1995 et les accords de Dayton ont confirmé la Bosnie-Herzégovine en tant qu'État indépendant et souverain au sein de la famille des États européens.

31 ans après les Serbes de Bosnie rejètent toujours l’indépendance et la date de la fpete nationale. Pourtant, le 6 juillet 2017, la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine a rejeté les recours de représentants de l'Assemblée nationale de la Republika Srpska concernant la constitutionnalité du 1er mars comme Jour de l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine et du 25 novembre comme Jour de l'État de Bosnie-Herzégovine, les considérant comme infondés. En revanche, la Cour a déclaré inconstitutionnel le 9 janvier comme Journée de la Republika Srpska.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 février 2024

 
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1582, 29 février, calendrier Bruno Teissier 1582, 29 février, calendrier Bruno Teissier

29 février : une journée rare et particulière

Voilà une date rare puisqu’elle ne tombe que tous les quatre ans. Cela complique la célébration des anniversaires et plus encore la fixation de la date de la majorité…

 

Voilà une date rare puisqu’elle ne tombe que tous les quatre ans. Cela complique la célébration des anniversaires et plus encore la fixation de la date de la majorité des personnes nées un 29 février. Celles-ci deviennent majeures lors d'une année non bissextile, 18 n'étant pas multiple de 4. Quelle date retenir sur le plan légal ? En France, comme au Royaume-Uni, la personne ne devient légalement majeure que le 1er mars, alors qu'en Nouvelle-Zélande ou à Taïwan, par exemple, c'est le 28 février.

Ce jour intercalaire date de l’an 46 av. J.C. quand il fut introduit dans le calendrier dit julien. L’année durant 365 jours plus 0,25, soit un quart de journée, les Romains ont résolu le problème avec un jour supplémentaire tous les quatre ans. Le bis-sextilis, « second sixième jour » venait s’ajouter après le sixième jour précédent les « calendes de mars », soit le 24 février.

Le calage n’est pas parfait car en réalité, l’année astronomiques dure 365,242199 jours. Ce qui provoque encore un décalage de trois jours tous les 400 ans. Pour mieux coller à la réalité solaire, il faut donc supprimer trois années bissextiles tous les quatre siècles. C’est ce que fait le calendrier grégorien, adopté sous l’impulsion du pape Grégoire XIII en 1582. C’est lui qui fixe le 29 février comme jour intercalaire tous les quatre ans à l’exception des années séculaires non divisibles par 400 : 1800 et 1900 ne sont pas bissextiles. En revanche, 1600, 2000 et 2400 l’ont été ou le seront. 2100, 2200 et 2300 ne le seront pas. Malgré cette correction qui fait presque "coller" calendrier civil et calendrier astronomique, il demeure encore un léger décalage de trois jours tous les 10 000 ans rappelle l’Institut de Mécanique céleste et de calcul des éphémérides. Rien n’a encore été prévu pour y remédier !

Peu d’évènements sont commémorés un 29 février. On peut citer le dernier pogrom perpétré sur le territoire français, c’était le 29 février 1848 à Durmenach, dans le Haut-Rhin, au cours duquel 75 maisons habitées par des juifs furent pillées et incendiées. De ce fait, il existe dans cette ville une rue du 29-Février commémorant le triste épisode connu sous le nom de Juden Rumpel. Dans la localité, on rénove aujourd’hui les dernières maisons qui ont été habitées par des juifs. À l’époque la communauté juive représentait la moitié de la population du village.

Au chapitre de l’intolérance religieuse, on peut aussi mentionner, la mort par décapitation du missionnaire normand, Auguste Chapdelaine, à Dingan dans la province chinoise du Guangxi, le 29 février 1856. C’était la peine prévue par le code chinois contre les missionnaires clandestins. Il a été canonisé en 2000, mais sa fête a été placée, prudemment, le 28 février.

Selon des estimations, il y aurait 4 millions de personnes dans le monde qui sont nées un 29 février et qui fêtent donc leur anniversaire tous les 1460 jours. Aux États-Unis, une petite ville a choisi de leur offrir une fête : depuis 1988, Anthony, dans le comté d'El Paso, organise une grande parade chaque 29 février pour fêter les anniversaires de toutes les personnes nées ce jour-là. Des gens de tout le pays et du monde entier viennent y participer, des bébés aux vieillards (même des centenaires). Toute personne née un 29 février est admissible au Club Worldwide Leap Year, moyennant 20 $, à payer chaque année bissextile.

Tous les quatre ans, cela fait une drôle de cadence pour un périodique. C’est pourtant le choix de La Bougie du Sapeur, le seul périodique qui, depuis 1980, paraît en France chaque 29 février. Sa ligne éditoriale proche de l'Almanach Vermot est du "politiquement incorrect", si on se réfère au titre de l’éditorial de son rédacteur en chef, Jean D'Indy. Enfin, disons de l’humour un peu lourdingue, mais une fois tous les quatre ans… Le journal qui tire son nom du Sapeur Camember, né comme on le sait… un 29 février.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 février 2024

 
Le sapeur Camembert

Le sapeur Camembert

À Durmenach, le 29 février 1848, pillage des maisons des juifs, 75 de leurs maisons furent incendiées.

À Durmenach, le 29 février 1848, pillage des maisons des juifs, 75 de leurs maisons furent incendiées.

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1980, Espagne, Andalousie, autonomie régionale, 28 février Bruno Teissier 1980, Espagne, Andalousie, autonomie régionale, 28 février Bruno Teissier

28 février : la Journée de l’Andalousie

La Journée de l’Andalousie commémore le référendum de 1980 qui a rendu région pleinement autonome. Pour cette région du sud de l’Espagne, c’est une véritable fête nationale.

 

La Journée de l'Andalousie (Día de Andalucia), célébrée chaque 28 février par un jour férié, commémore le référendum de 1980 qui a rendu région pleinement autonome. Ce jour-là, les rues des villes et des villages sont pavoisées de vert et de blanc, les couleurs de la région (comunidad) d’Andalousie.

La fin de la dictature du général Franco qui permis une transition vers la démocratie et l’annonce de l’autonomie de certaines régions (Catalogne, Navarre, Pays basque et Galice). L'article 2 de la Constitution espagnole reconnaît et garantit le droit à l'autonomie des nationalités et des régions espagnoles. Les Andalous voulurent eux aussi bénéficier de ce nouveau régime. Ainsi, le 4 décembre 1977, autre grande date du peuple andalou, près d'un million et demi d'Andalous dans les huit départements (provincia) andalous descendirent dans la rue pour exiger l'autonomie de l'Andalousie.

Cette manifestation massive avait été convoquée par l'Assemblée des parlementaires. À Malaga, cette journée s'est terminée par une tragédie : la mort de Manuel José García Caparrós, un jeune syndicaliste de CCOO, ouvrier de l'usine Cervezas Victoria, décédé après avoir été abattu par la police pendant la manifestation. Le jeune Caparrós est considéré comme l'un des symboles de la lutte du peuple andalou et de son autonomie. 

La manifestation du 4 décembre a abouti à la convocation du référendum du 28 février 1980, qui a permis la constitution d’un gouvernement local, la Junta de Andalucía en juin 1979. Ce processus a été le premier et le seul référendum en Espagne proposé de cette manière. Toutes les provincia ont voté oui, à l’exception de celle d’Alméria, où l’autonomie a été instituée d’une autre manière.

Le soulèvement révolutionnaire de Topete à Cadix, au XIXe siècle, considéré comme le germe historique de l'autonomie, et la signature du Manifeste andalou de Cordoue (1919), qui décrivait l’Andalousie comme une réalité nationale, auraient pu aussi servir de date au Día de Andalucia. Les autorités ont préféré célébrer un événement contemporain.

Le Statut d’autonomie a été approuvé en 1981 comme la norme la plus importante pour les Andalous après la Constitution espagnole et qui accorde à l'Andalousie le statut de nationalité historique. En avril 1983, le Parlement d'Andalousie a reconnu Blas Infante comme Père de la Patrie andalouse. Vingt-six ans plus tard, en 2007, les Andalous ont ratifié par référendum un nouveau Statut d'autonomie , dont le préambule reconnaît la réalité nationale andalouse telle que décrite dans le Manifeste andalou de Cordoue de 1919. Le texte final compte au total 250 articles, 11 titres, cinq dispositions complémentaires, deux dispositions transitoires, une disposition abrogatoire et trois dispositions finales.

Depuis 1981, les écoles sont fermées à l'occasion du 28F et de la Semaine Blanche dans certaines régions d'Andalousie. Le vendredi précédant la Semaine Blanche est souvent une fête culturelle dans les écoles. Le traditionnel petit-déjeuner composé de pain à l'huile d'olive est servi et une grande variété d'activités culturelles est proposée.

On chante également l' hymne , une composition de José del Castillo Díaz avec des paroles de Blas Infante inspirées du Saint Dieu, un chant religieux populaire que les paysans et les journaliers de certaines régions andalouses chantaient pendant les récoltes.

Depuis 1983, c’est le jour de la remise des médailles d'Andalousie. Lors d’une cérémonie dans le théâtre de la Maestranza de Séville, le gouvernement local nomme les « fils (ou filles) andalous (es) préférés (es) » d’Andalousie. Les noms des personnes récompensées par le titre sont inscrits dans un registre appelé « Livre d'Or de l'Andalousie ». Le prix consiste en une médaille avec l'inscription Fils préféré d'Andalousie et une plaque d'argent gravée expliquant en détail le motif du prix. Dix médailles au maximum sont attribuées annuellement. Les lauréats porteront le titre de Son Excellence Monsieur (ou Madame). Pour 2024, sont notamment distingués : José Mercé, chanteur de flamenco, et Jerez de la Frontera Santiago Muñoz Machado, le directeur de l'Académie royale espagnole.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 février 2024

Le parlement andalou

Remise des médailles d'Andalousie par Susana Díaz (au centre, en rouge) un 28 février, jour de l'Andalousie

 
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27 février : la République dominicaine commémore son indépendance en plein carnaval

Le 27 février est traditionnellement le point culminant du carnaval de Saint-Domingue. Un grand défilé, comprenant l’armée mais pas uniquement, se déroule sur le Malecón jusqu’au coucher du soleil. Il commémore la déclaration d’indépendance de 1844 à l’égard de Haïti.

 

Le 27 février est traditionnellement le point culminant du carnaval de Saint-Domingue. Un grand défilé, comprenant l’armée mais pas uniquement, se déroule sur le Malecón jusqu’au coucher du soleil. Dans la soirée un feu d’artifice marque le Jour de l'indépendance (Día de la Independencia Nacional de la República Dominicana). Cette année, c’est le 180e anniversaire de la déclaration d’indépendance.

C’est de l’occupation haïtienne que Saint-Domingue s’est libérée le 27 février 1844, échappant en même temps aux velléités françaises d’imposer à nouveau son protectorat. L’île d’Hispaniola avait été partagée entre la France et l’Espagne à l’époque coloniale et avait ensuite été réunifiée sous l’égide de la France en 1795. Plus pour très longtemps car la partie occidentale s’était révoltée et avait proclamé son indépendance le 1er janvier 1804 sous le nom de république de Haïti. Et en 1808, Saint-Domingue a été rendu par la France à l’Espagne. Mais, en 1821, secouant le joug espagnol, elle proclamait à son tour son indépendance, mais Haïti en profita pour occuper la partie orientale de l’île et Saint-Domingue a vécu 22 ans sous occupation haïtienne.

La lutte de Saint-Domingue pour l'indépendance à l’égard de Haïti a commencé en 1838, lorsque Juan Pablo Duarte a fondé La Trinitaria, une société secrète qui lutta contre occupation haïtienne et pour établir un État indépendant dans la partie orientale de l’île. De son côté, le commerçant et homme politique Buenaventura Báez entamait des négociations avec le consul de France pour rétablir un protectorat français dans l'ancienne colonie espagnole de Saint-Domingue. C’est pour devancer Báez, que La Trinitaria déclara l’indépendance à l’égard d’Haïti le 27 février 1844. C’est cette déclaration qui est commémorée aujourd’hui bien qu’elle ait débouché sur une dictature qui a final a manœuvré pour céder le pays à l’Espagne.

Haïti écarté, les ambitions françaises découragées, Saint-Domingue devra en effet lutter contre les tentatives espagnoles de reprendre le contrôle de l’île. En mars 1861, à la demande du dictateur Pedro Santana, l’Espagne annexe officiellement la République dominicaine. Cette proclamation marqua le début d'un soulèvement qui conduisit à la guerre d'indépendance dominicaine. Finalement, la reine Isabelle II d’Espagne annulera l'annexion et l'indépendance est restaurée avec le départ des dernières troupes espagnoles le 10 juillet 1865.

Des trois indépendances, celle de 1821, avortée ; celle de 1844, qui débouche sur une dictature qui offrira le pays à l’Espagne ; et celle, définitive, de 1865, c’est la deuxième qui a été retenue pour célébrer l’indépendance de la République dominicaine. Le Jour de l'Indépendance est un jour férié. Il est marqué par le discours du président et des cérémonies de commémoration honorant les héros de la guerre d'indépendance.

Aujourd’hui, la République Dominicaine n’en fini pas de rompre avec sa voisine. Elle a fermé la frontière commune et, depuis février 2022, construit activement un mur la séparant d’Haïti, pays en plein chaos. Saint-Domingue entend ainsi juguler l’immigration clandestine en provenance d’Haïti et les trafics qui prospèrent sur cette ligne de démarcation longue de 380 kilomètres du nord au sud de l’île d’Hispaniola.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 février 2024

 
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