L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1917, Femmes, 8 mars Bruno Teissier 1917, Femmes, 8 mars Bruno Teissier

8 mars : la Journée internationale des droits des femmes

L’idée de célébrer une Journée internationale de la femme est à la fois féministe et socialiste. Reconnue par l’ONU en 1977, c’est une journée internationale qui permet d'évoquer les acquis des femmes mais également de prendre la mesure des défis qui restent à affronter et de rappeler que l'amélioration des droits des femmes, leur participation à la vie politique et économique et l'égalité entre les sexes est un enjeu de société global qui nécessite la mobilisation et la contribution de toutes et tous.

 

L’idée de cette Journée internationale des femmes est à la fois féministe et socialiste. Elle aurait été proposée en 1910 par la journaliste féministe allemande Clara Zelkin lors de 2e conférence de l’internationnale des femmes à Copenhague. Mais déjà en 1909, le Parti socialiste américain avait pris l’initiative d’un Woman’s Day qui s’est déroulé le 28 février dans les seuls États-Unis. C’est le 19 mars 1911, que cette journée est devenue vraiment internationale : plus d’un million de femmes manifestaient dans divers pays. Dans les années qui suivent une Journée internationale des femmes est donc organisée un dimanche de la fin février ou de début mars.

La date du 8 mars a été choisie en 1921 par Lénine en souvenir des femmes de Saint-Pétersbourg qui avaient profité, en 1917, de la Journée internationale des femmes (le 8 mars du calendrier grégorien) pour manifester contre la vie chère et leurs conditions de travail. Ce mouvement de protestation allait aboutir à la chute du tsar une semaine plus tard. Cette journée fut donc la première de la Révolution russe. À l’époque, la Russie vivait encore au rythme du calendrier julien si bien que localement, on était le 23 février. Par un curieux cheminement de l’histoire, cette date de l’ancien calendrier russe est devenue en Russie la Journée de... l’homme, en particulier celle des militaires (voir le 23 février).

Cette fête du 8 mars est donc très liée à l’ancien monde communiste. Elle est devenue une commémoration obligatoire à partir de 1946 dans tous les pays qui deviennent des satellites de l’URSS. Si bien que la Tchéquie l’abolira en 2008 comme un mauvais souvenir d’une époque révolue.

La dimension féministe de la Journée de la femme a resurgi en Occident dans les années 1970 et son caractère international a été renforcé par son adoption par l’ONU comme une commémoration officielle en 1977. La France a fait de même après l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, sans pour autant en faire un jour férié comme c’était le cas dans les très conservatrices républiques soviétiques, qui l’avait transformé en fête des mères, ou dans certains pays d’Afrique... En Chine ou au Népal, on accorde qu’une demi-journée chômée aux salariées, seulement aux femmes.

À l’heure où la célébration est devenue mondiale et où la dimension partisane a disparu (en même temps que le monde communiste), certaines voix s’élèvent pour se demander si cette journée a bien lieu d’être, si elle ne produit pas l’effet inverse du but recherché tant le 8 mars est l’occasion de débiter des discours truffés de stéréotypes qui desservent la cause des femmes. Pour d’autres, cette journée est loin d’être un gadget politique, c’est l’occasion de rappeler à l’opinion publi­que qu’un siècle de combat politique n’a pas effacé les inégalités (tant dans le monde du travail que dans la politique), ni les violences faites aux femmes.

La Journée internationale des femmes (selon l'appellation officielle de l'ONU), est également appelée Journée internationale des droits des femmes dans certains pays comme la France (depuis 1982).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 mars 2024

 
Pour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps, vous pouvez le faire sur Tipeee
Lire la suite
1963, Syrie, 8 mars Bruno Teissier 1963, Syrie, 8 mars Bruno Teissier

8 mars : le régime syrien célèbre 60 ans de pouvoir du parti Baas

Ce jour férié syrien célèbre le coup d’État du 8 mars 1963 qui a permis au parti Baas d’accéder au pouvoir et de s’y maintenir depuis 60 ans. La soi-disant "Révolution du 8 mars" a engendré l’État policier aux pratiques sanguinaires que nous connaissons aujourd’hui.

 

Chaque année, le régime syrien commémore la Révolution du 8 mars (ثورة الثامن من آذار) par un jour férié et des cérémonies très martiales. Le 8 mars 1963, il y a 60 ans, un coup d’État  permettait au Parti socialiste de la résurrection arabe dit Ba’th ou Baas d’accéder au pouvoir à Damas. Cette force politique progressiste à l’époque, à la fois laïque et socialiste, s’est peu à peu laissée déborder par sa branche militaire, aux accents beaucoup plus nationaliste et autoritaire que panarabe et humaniste. À partir de 1970, suite à un nouveau coup d’État, interne au parti celui-là, c’est le général Hafez el-Assad qui a pris le pouvoir. Il l’a conservé d’une main de fer jusqu’à sa mort en 2000. Son fils Bachar el-Assad a pris la suite de la dictature sanguinaire que nous connaissons aujourd’hui à la tête de la Syrie.

« La Révolution du 8 mars, qui a représenté l'une des étapes lumineuses de l'histoire contemporaine de la Syrie et a été le résultat d'une longue lutte pour éradiquer l'injustice, la réaction et l'exploitation. » ainsi s’exprime la propagande du régime qui célèbre tous les ans  la présence du clan Assad à la tête d’un État policier qui règne sur la Syrie depuis plus d’un demi-siècle, au prix de centaines de milliers de morts. Chaque 8 mars, le Grand Conseil du parti rend hommage « aux masses du peuple syrien et aux militants du parti socialiste arabe Baas » comme s’il ne s’était rien passé depuis le 15 mars 2011. De l’idéologie bassiste d’origine, il ne reste plus rien. Le régime n’est plus soutenu idéologiquement que par Téhéran et quelques partis d’extrême droite européens.

Depuis 2022, le 8 mars est également un jour férié officiel dans la zone dirigée par l’Administration autonome du nord et l’est de la Syrie (AANES), autrement dit le Kurdistan syrien, région qui échappe au pouvoir de Damas. Ce n’est pas pour célébrer la pseudo-révolution du 8 mars, mais au titre de la Journée internationale des droits des femmes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Les portraits d’Assad, père et fils brandis par les militaires gardiens du régime

Lire la suite